• il y a 10 mois
Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...

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00:00 Bonjour, j'accueille Maxime Ayache. Maxime Ayache est le président de Domia Group.
00:06 Maxime, savez-vous pourquoi je vous invite ?
00:09 Je vous invite parce que je suis folle de vos publicités.
00:11 Je coupe presque le programme pour aller voir s'il y a d'autres publicités sur les chaînes.
00:15 Donc, racontez-nous d'abord ce que vous faites et ce que c'est effectivement Domia Group.
00:20 Bonjour Sophie, merci beaucoup. Franchement, je prends ces compliments comme ils viennent.
00:25 Alors, Academia est la première enseigne du groupe Domia.
00:30 Academia, c'est de l'accompagnement pour les enfants.
00:33 Et nous avons une façon très positive et très constructive d'accompagner et d'aider nos élèves depuis plus de 30 ans.
00:38 Donc, Academia l'enseigne d'éducation.
00:40 Et puis, au sein de Domia, nous avons une petite nouvelle enseigne qui a quand même 20 ans,
00:45 qui s'appelle Shiva, qui regroupe également, qui est spécialisée dans tous les métiers du service à la personne,
00:52 notamment pour l'entretien de la maison.
00:53 Et puis, nous avons une toute petite dernière enseigne qui s'appelle "Nos Aimés" pour l'accompagnement.
00:57 C'est très bien parce que "Nos Aimés", attention, pas "Nos Aînés", "Nos Aimés", on les aime.
01:02 C'est assez joli comme nom.
01:03 On aime les enfants, on aime nos clients, on aime nos parents et nos personnes âgées.
01:08 Et c'est pour ça qu'on les appelle "Nos Aimés".
01:09 Mais alors, c'est un véritable challenge parce que vous vous attaquez à tout ce qui est impossible en France pratiquement.
01:15 Alors, éduquer les enfants, on ne va pas revenir là-dessus, mais on sait que c'est difficile.
01:18 Il faut qu'ils soient aidés chez eux et c'est compliqué.
01:21 Trouver des gens qui aident à domicile, on sait que c'est horriblement compliqué et qu'on n'arrive pas à recruter.
01:28 Donc, avant qu'on poursuive sur ces métiers, comment vous faites pour recruter ?
01:33 Parce qu'on nous dit sans arrêt, y compris pour du personnel qui aide dans l'entretien, etc.,
01:40 que j'ai l'impression que c'est plutôt le plein d'emplois là-dedans.
01:44 Alors, en fait, d'abord, c'est un métier.
01:46 Dans tous les métiers, si un client vient chez nous, que ce soit pour ses enfants, que ce soit le service qu'on pouvait proposer,
01:52 il a un besoin et nous, notre métier consiste à comprendre ce besoin et apporter la solution.
01:57 Alors, pour y parvenir, il y a des approches.
02:03 La première approche, d'abord, est celle d'être dans l'hyper proximité.
02:06 Donc, vous avez des centres académiens un petit peu partout qui facilitent le recrutement des intervenants et des collaborateurs.
02:11 Vous avez 500 agences Shiva sur toute la France.
02:13 Donc, en fait, en étant très proches dans les territoires, globalement, on est des lieux de recrutement naturel pour les gens qui viennent travailler chez nous.
02:20 Donc, ça, c'est le premier élément.
02:21 Le deuxième élément qui facilite, et effectivement, il y a des tensions parfois d'emplois, mais chez nous, il n'y en a pas tant que ça.
02:28 Je vais vous donner nos deux vrais martingales.
02:31 J'en devine une.
02:32 Non, il y en a trois. La première, c'est la proximité.
02:34 La deuxième, qui est très importante, c'est d'abord de bien payer les gens.
02:39 Et là-dessus, tous nos intervenants, que ce soit les personnels de maison, que ce soit les professeurs, que ce soit les auxiliaires de vie, tous sont bien payés.
02:46 Et l'année passée, il y a eu des augmentations de l'ordre de 20 % pour chacun de ces métiers.
02:50 Alors, on y parvient parce que, globalement, nos clients payent.
02:53 Il n'y a pas de secret, il n'y a pas de miracle.
02:55 Mais à partir du moment où vous êtes en capacité à proposer une vraie qualité de service, que vous pouvez d'ailleurs proposer parce que vous payez bien les gens,
03:04 donc vous pouvez avoir plus d'exigences, on voit bien que dans la chaîne de valeur ajoutée et qualité de service, le client accepte de payer un peu plus.
03:10 Alors, c'est vrai, mais...
03:11 Il y a une troisième martingale, la reconnaissance donnée de la bienveillance.
03:18 Vous avez peut-être vu, chère Sophie, nos communications sur Chiva, où on apporte de la reconnaissance tout simplement aux intervenants qui travaillent avec nous.
03:26 Voilà les trois éléments qui font qu'on a été capable de recruter massivement et finalement de ne pas avoir trop de tension sur l'emploi.
03:33 Mais vous avez réussi quelque chose d'encore plus fort.
03:36 Parce que moi, je me souviens d'Acadomia, au début, où vous aviez en particulier des professeurs d'éducation nationale qui gagnaient de l'argent en plus en allant donner des cours, ce qui était parfait.
03:46 Et d'avoir eu une femme politique en particulier qui trouvait ça scandaleux parce qu'il y avait du privé qui se mêlait d'éduquer les enfants.
03:54 Mais vous avez réussi beaucoup plus fort que ça parce que ces emplois ont été reconnus finalement pratiquement d'utilité publique
04:01 puisque l'État participe, si je puis dire.
04:05 Oui, mais il y a des choses qui sont... La France, c'est un pays qui est parfois étrange.
04:09 C'est un pays qui est parfois assez étrange et on peut avoir des choses épouvantables, mais on peut avoir aussi des choses formidables.
04:14 Alors je vais me parler des choses formidables.
04:16 Dans notre secteur d'activité, le grand problème, et je crois que c'est unique au monde, c'est que dans tous ces métiers de domicile,
04:23 ou dans l'enseignement, de la personne âgée, de l'entretien de la maison avec Chiva notamment, c'est du black, c'est du travail noir.
04:29 Donc tout le monde y participe, tout le monde, le client, et c'est finalement des métiers qui sont très dégradants pour les gens qui travaillent.
04:36 C'est très peu sécurisé, c'est absolument pas valorisant, c'est très peu qualitatif pour les clients.
04:41 Et en France, on a eu conscience, et ça remonte déjà maintenant une bonne trentaine d'années,
04:45 que c'était finalement des gisements d'emploi et des gisements d'activité qui étaient considérables.
04:49 C'est vous qui avez signalé que c'était... Non mais sérieusement !
04:51 Non, c'était pas moi au départ, non, c'est pas moi.
04:53 Moi, vous savez, il y a trente ans, je suis jeune, j'ai trente ans de moins, je lance mon entreprise,
04:58 et finalement, on me dit "Tiens, il y a un crédit d'impôt là-dessus", donc pour moi c'est juste une...
05:02 Ça existait déjà ?
05:03 Il y a trente ans, oui, ça a été mis en œuvre en 1990, donc il y a un effet de Bain quelque part.
05:07 "Tiens, ça c'est super, on te divise ton prix par deux."
05:09 Ce qui est intéressant, c'est qu'avec le temps, on a appris à comprendre, et puis on s'est rendu compte que finalement,
05:13 en divisant le prix par deux, finalement on était compétitif par rapport au travail noir.
05:17 Et puis on a travaillé, et puis on s'est rendu compte que c'est là que c'est fantastique,
05:20 finalement, le client paye deux fois moins cher, mais surtout d'un point de vue macroéconomique,
05:25 c'est très intéressant, parce que ça rapporte finalement beaucoup plus d'argent à l'État
05:29 que ça lui en coûte via le crédit d'impôt.
05:31 Oui, et puis surtout, il y a du black en moins.
05:33 Et oui, et c'est parce qu'il y a du black en moins que vous pouvez mieux payer les gens,
05:36 que vous apportez des cotisations sociales, que finalement, l'État, au final, qu'on fait vraiment en tableau emploi-ressources,
05:41 comme on fait dans nos entreprises, dans le budget de l'État, finalement, ça marche.
05:45 Et c'est la raison pour laquelle l'État a été beaucoup plus loin dans ce dispositif,
05:47 et que finalement, il y a quelque temps, mais quelque temps c'est il y a un an,
05:51 on a mis en place un crédit d'impôt instantané, c'est-à-dire qu'il n'y a même plus aujourd'hui le décalage de trésorerie.
05:55 Et c'est en ce sens-là que le pays est assez…
05:57 Quand vous dites "on a mis en place", c'est vous qui avez fait l'effort de mettre en place un crédit instantané, ou est-ce que c'est l'État ?
06:03 Non, c'est nous qui l'avons mis en place, on a analysé en fait que ce décalage de trésorerie,
06:07 pour beaucoup de gens, notamment des personnes qui sont à pouvoir d'achat plus faible,
06:12 c'était compliqué de payer des cours d'académia, c'était compliqué de payer des interventions de shiva,
06:17 parce que, je vais vous dire, voilà, un cours d'académia, ça coûte 40 euros de l'heure,
06:22 divisé par deux, ça fait 20.
06:24 "Ah, 20, c'est pas cher."
06:25 Oui, mais tu payes 40, vous payez 40.
06:27 Maintenant, c'est toujours 40, divisé par deux, ça fait 20, et on ne paye que 20.
06:32 Et donc, on a proposé ce mécanisme-là, je raccourcis naturellement,
06:37 et on a démontré à l'État que finalement, ça créerait de la croissance dans le secteur.
06:42 On a prévu 30, effectivement, ce sera plus que 30.
06:45 On a prévu une création d'emplois au niveau de la totalité du secteur de 200 000,
06:49 on s'est vraiment trompé, on s'est vraiment trompé, j'en suis désolé.
06:52 Ce n'est pas 200 000 qu'on va créer, c'est 500 000.
06:55 Donc, on a gagné, le parti et l'État, a bien eu raison de nous faire confiance,
07:01 et aujourd'hui, tout le monde se félicite de la mise en œuvre de cette politique.
07:04 - Alors, deux questions rapides.
07:07 D'abord, est-ce que c'est vraiment accessible à tout le monde ?
07:11 Quand je dis tout le monde, quand même, ça paraît un peu du luxe d'être servi d'une part,
07:16 d'une façon ou d'une autre, même si c'est indispensable pour aider les personnes âgées, etc.
07:20 Et de prendre des répétiteurs pour ces enfants.
07:23 Est-ce que ça vous semble aujourd'hui vraiment abordable ?
07:26 - Oui. - Oui ?
07:28 - Oui, je vais vous donner, chère Sophie, je vais vous donner un chiffre.
07:32 20 euros de l'heure pour accompagner son enfant à réussir à l'école,
07:35 ça fait à peu près 800 euros net par an.
07:38 C'est beaucoup, mais ce n'est pas tant que ça.
07:40 - 800 euros net par an pour combien d'heures par semaine ?
07:42 - De consommation, environ 1h30, 2h par semaine, pendant une partie de l'année.
07:45 - Ça suffit ? - Mais oui, ça suffit.
07:47 Avec ça, je ne vais pas vous redonner nos communications,
07:49 mais en fait, plus de 3 points, plus de 4 points,
07:51 donc ça permet d'avoir l'enfant qui se sent mieux à l'école.
07:53 C'est le budget également qu'on a chez Chiva, pour l'entretien de la maison.
07:58 Ça fait 13, 14 euros, après impôts, après tout ça, qu'on paye.
08:04 Ce n'est pas non plus énorme.
08:06 - Dernière question, parce que le temps passe,
08:08 mais dernière question, vous m'avez répondu votre martingale, je suis bien d'accord.
08:12 Cela dit, je ne comprends pas, je comprends toujours difficilement,
08:16 il y a un chômage qui, des gens non qualifiés,
08:19 alors je sais bien qu'il y a un chômage incompréhensible, c'est très difficile,
08:21 mais vous êtes en tension ou pas ?
08:24 Vous arrivez à trouver des gens pour l'emploi ?
08:26 Vous en particulier pour Domia ?
08:29 - Je vais vous donner un chiffre, Sophie.
08:32 Je vais vous donner plus exactement deux chiffres.
08:34 Il y a eu 30 000 nouvelles personnes qui ont travaillé chez Domia.
08:36 Je dis bien 30 000 nouvelles personnes qui ont travaillé chez Domia l'an passé.
08:40 8 000 nouveaux professeurs qui nous ont rejoints,
08:42 et 23 000, 23 000 ou 24 000 personnels de maison qui nous ont rejoints.
08:47 C'est considérable.
08:48 - Comment vous les recrutez ?
08:49 - Je n'ai pas de problème, je vous l'ai dit, je paie bien les gens.
08:52 Les gens sont fiers de travailler.
08:53 - Vous les recrutez où ? Vous allez les chercher où ?
08:54 - Les gens viennent nous voir dans nos agences, ils candidatent sur nos sites.
08:57 Évidemment qu'il y a tout un marketing derrière tout ça, mais les gens viennent.
09:00 Mais vous savez, si je paie les gens...
09:02 - Non, mais c'est très important.
09:04 Ils viennent, j'ai tout compris, et c'est intéressant,
09:07 mais ils ont des contrats qui durent longtemps.
09:10 Par exemple, quelqu'un qui vient pour donner des cours,
09:13 c'est des contrats qui suffisent pour vivre ?
09:16 - Alors, il faut séparer les métiers.
09:20 Quand on travaille chez Academia, la plupart du temps,
09:22 ce sont soit des professeurs en activité, dans le public, dans le privé,
09:24 soit des étudiants en fins de signe qui cherchent à compléter des revenus.
09:27 Ça, c'est du complément de revenu.
09:28 C'est des gens qui cherchent un complément de revenu,
09:30 qui cherchent à transmettre.
09:31 C'est une première motivation.
09:33 Chez Chiva, c'est très différent.
09:35 Là, on va travailler avec des personnes, ou chez nos aimés,
09:38 qui sont des personnes dont le revenu est le moyen principal de subsistance.
09:45 Donc c'est très différent.
09:47 Et donc, à ce moment-là, si vous voulez,
09:49 la notion de rémunération, l'importance de la rémunération,
09:52 l'importance de la formation, l'importance de la considération,
09:55 c'est décisif.
09:57 Mais, encore une fois, moi, je vais vous surprendre.
10:01 Il y a 300 000 personnes qui ont candidaté chez Chiva l'an passé.
10:04 300 000.
10:05 Il y en a 23 000 qu'on a conservées.
10:07 300 000, c'est énorme.
10:09 Ça veut dire qu'il y a des gens qui sont prêts.
10:10 Tous ne sont pas capables de faire ça.
10:11 Je ne pourrais pas envoyer n'importe qui chez vous, chère Sophie,
10:14 mais j'en ai gardé 10 % malgré tout,
10:16 que j'ai recruté, que j'ai formé, que j'ai accompagné,
10:18 et qu'aujourd'hui, ils font un travail remarquable.
10:20 En fait, on a cette main-d'œuvre.
10:22 Ça fait combien de personnes pour les encadrer ?
10:24 Chez Chiva, il y a 500 agences.
10:29 Vous avez 2,5 personnes par agence,
10:31 donc vous avez 1 200, 1 300 personnes
10:33 pour encadrer une équipe d'intervenants
10:35 d'à peu près 40 000 à 50 000 personnes.
10:37 Voilà à peu près les...
10:40 Et qu'est-ce qu'il faudrait, si on avait à conclure,
10:43 qu'est-ce qu'il faudrait de plus et de mieux en France ?
10:47 Je suis sûre que c'est parfait,
10:49 mais qu'est-ce qu'il faudrait pour que ça aille encore mieux,
10:52 pour que vous puissiez encore vous développer ?
10:54 Parce que c'est quasi céréale entrepreneur,
10:56 parce que nous avons nos aimés aussi.
10:58 Qu'est-ce qu'il faudrait de plus ?
11:00 Qu'est-ce qui vous manque, là ?
11:02 Ce qui est très difficile en France,
11:06 c'est l'instabilité des règles.
11:08 On connaît l'instabilité réglementaire, législative,
11:12 mais ce qui est très nouveau, que je découvre,
11:14 c'est l'instabilité des règles administratives.
11:16 Et à un moment donné, ça c'est terrible.
11:18 C'est-à-dire que nous, entrepreneurs,
11:20 on a besoin d'avoir des règles du jeu.
11:22 On les aime, on les aime pas.
11:23 Mais à moitié du moment où les règles du jeu sont fixées,
11:25 si possible celles qu'on aime,
11:26 il faut pas qu'elles bougent.
11:27 Parce qu'on ne sait pas s'adapter.
11:28 On ne sait pas s'adapter au temps réel
11:31 de la vie d'entreprise, de la vie de nos consommateurs,
11:33 de la vie de nos clients.
11:34 Donc on a besoin d'avoir une vraie stabilité
11:36 pour pouvoir se projeter.
11:37 Et donc j'appelle de mes voeux, si vous voulez, moi,
11:39 une stabilité.
11:40 Une stabilité des règles.
11:41 C'est le mot de la fin,
11:42 et j'appelle de mes voeux aussi votre stabilité.
11:44 Parce que c'est vrai que c'est dans beaucoup de secteurs, pareil.
11:48 Merci beaucoup, chère Sophie.
11:49 Merci beaucoup, Benfim.
11:50 Et je vous souhaite beaucoup de réussite.
11:51 Merci.
11:52 [Musique]

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