• il y a 11 mois
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Transcription
00:00 Vous écoutez Culture Média tous les jours 9h30 11h sur Rampin et Thomaïl.
00:04 Ce matin vous recevez l'acteur et l'actrice de théâtre Alexis Méchalik pour sa nouvelle création.
00:11 L'acteur donc.
00:13 Il est souligné tout. Il est terrible notre metteur en scène.
00:15 Il est très exigeant notre metteur en scène ce matin.
00:17 Et vous venez nous présenter votre nouvelle pièce qui sera à l'affiche du théâtre de la Renaissance à partir de ce vendredi.
00:22 Donc là vous en êtes au tout dernier réglage.
00:24 On est en filage cette semaine c'est à dire qu'on va jouer la pièce devant un public d'invité pour tester, pour entendre les réactions etc.
00:32 Mais la vraie première c'est vendredi.
00:34 Mais alors le texte de la pièce "Passeport" est déjà disponible chez Albain Michel donc j'ai pu le lire.
00:38 Et je dois dire que c'est assez rare de lire du théâtre tout en ayant l'impression de lire un roman.
00:43 Je me suis vraiment laissé embarquer par votre histoire et puis j'ai hâte de le voir sur scène parce que vu le nombre de lieux,
00:50 le nombre de personnages qu'il y a dans ce texte, je me demande comment vous allez faire.
00:55 Ça c'est un peu ma patte.
00:57 Quand j'écris pour le théâtre, j'écris pas du tout en...
01:00 Faut savoir que pour les gens qui ne connaissent pas le théâtre et qui ne savent pas trop ce que c'est,
01:04 on a une espèce d'image d'épinal du théâtre qui est que c'est des actes avec des chandeliers et puis le décor va changer 4-5 fois.
01:12 Mais la raison pour laquelle il y a cette vision là du théâtre c'est parce qu'à l'époque il n'y avait pas de projecteur.
01:17 On pouvait changer les décors qu'en fonction de la fin des chandelles, c'est-à-dire toutes les 20 minutes quand les chandelles terminaient de brûler,
01:23 on pouvait changer les décors.
01:24 Aujourd'hui c'est un peu un non-sens d'écrire et de faire du théâtre comme ça et donc,
01:28 mis à part les pièces classiques en fait, on n'écrit plus comme ça.
01:31 Là c'est écrit presque comme un scénario de film.
01:33 Exactement, voilà, c'est écrit comme un scénario de film dans le sens où il y a plein de décors, des scènes assez courtes,
01:38 beaucoup de changements, mais tous les comédiens vont interpréter tous ces rôles et puis changer les décors aussi au plateau,
01:44 ce qui est un peu ma marque de fabrique on va dire.
01:47 Donc ils sont 7, cette troupe de brillants comédiens, ils vont interpréter je ne sais pas combien de personnages, une trentaine je pense.
01:53 Mais voilà, il faudra venir pour comprendre comment on fait.
01:57 Alors ça raconte l'histoire d'Issa, c'est un réfugié érythréen qui est laissé pour mort dans la jungle de Calais après une agression
02:04 et qui se réveille complètement amnésique avec pour seule mémoire son passeport
02:09 et on va suivre l'histoire de sa reconstruction progressive et puis son intégration aussi un peu, c'est ça l'histoire ?
02:14 C'est ça en fait, il se rend compte qu'il n'a plus rien comme langage à part quelques mots de français
02:20 et comme il parle quelques mots de français, il va se retrouver, et qu'il n'a aucune idée de son identité,
02:25 donc il ne sait plus qui il allait retrouver en Angleterre, puisque à Calais, tous les réfugiés qui sont à Calais c'est pour passer en Angleterre,
02:32 il va faire le choix de rester en France avec deux camarades, Haroun, un indien tamoul, et Ali, un syrien, ancien professeur d'anglais à l'université de Syrie.
02:42 Et les deux, en fait, ce trio va essayer de s'intégrer et on va les suivre à travers toutes les embûches et tout le parcours que c'est
02:53 pour arriver à rester en France et on va découvrir que c'est pas facile.
02:57 Oui, parce que c'est une pièce qui est très documentée, il y a un passage notamment où Issa va se voir expliquer le parcours administratif
03:03 qu'il attend pour essayer d'obtenir un statut de réfugié, je ne savais pas qu'il fallait passer par l'Aspada, le Gouda, l'Ofi, la Cada, puis l'Ofra.
03:11 Oui, c'est une série de termes barbares, d'acronymes, mais au début de la scène on se dit "oh bah ça va, c'est pas si difficile"
03:19 et puis en fait plus la scène avance et plus le personnage qui raconte à Issa ce qu'il va falloir faire continue, continue, continue,
03:25 et on se dit "ah ouais, non, c'est vraiment compliqué et long" et on a eu quelques assauts qui nous ont envoyé des réfugiés justement
03:32 qui ont vu la pièce et qui nous disent "bah voilà, c'est ma vie, c'est mon parcours, c'est exactement ce que j'ai fait,
03:37 je connais très bien le Gouda, je connais très bien l'Aspada, je connais très bien tous ces termes, l'Ofra c'est vraiment l'organisme, c'est le FBI"
03:44 et puis c'est important de placer l'empathie, non pas de notre côté mais du côté justement de ces personnes déplacées.
03:52 - Et puis il y a en parallèle une histoire d'amour entre Lucas, un jeune gendarme affecté à Calais, et Jeanne, qui est une jeune journaliste française,
03:59 et c'est elle qui s'intéresse à la vie à Calais, elle lui explique notamment d'où vient le nom de "Jungle de Calais"
04:05 et puis que Calais c'est pas juste une jungle, c'est un vrai village. Vous êtes vous-même allé jusqu'à Calais pour éclairer ou pas ?
04:12 - Alors en fait, comme je m'intéresse au camp de Calais, donc la jungle, elle a été démantelée depuis,
04:20 là ça se passe en 2015, c'est le moment du pic de fréquentation du camp, où ils étaient jusqu'à 10 000,
04:27 et donc je me suis plus documenté en lisant des bouquins, en regardant des docus, ou des BD d'ailleurs,
04:33 enfin de plein de manières différentes plutôt qu'en y allant, puisqu'en vrai il n'y a plus de camp. Mais c'est passionnant.
04:39 - Et vous n'écrivez jamais une histoire à partir d'un thème, mais plutôt à partir d'une fin,
04:43 alors évidemment on ne va pas la raconter cette fin parce qu'elle bouleverse tout,
04:46 mais l'idée de votre pièce c'est de questionner l'identité ?
04:50 - Oui, en fait j'ai commencé à me dire "bon je vais raconter cette histoire d'un réfugié",
04:55 et puis en fait je me suis dit "mais j'aimerais bien aussi être de l'autre côté de la barrière",
04:58 et donc on n'a pas précisé qu'effectivement ce gendarme et cette journaliste sont noirs tous les deux.
05:02 Lui, Lucas, il a été adopté par un couple de Calaisiens français-blancs,
05:06 et elle, Jeanne, elle est fille de Malien installée en France, mais elle est née en France,
05:10 et elle a un peu fait tout son travail de déconstruction, et donc elle est en paix avec elle-même,
05:15 elle sait d'où elle vient, etc.
05:17 Et elle va lui poser des questions en lui disant "mais cherche un peu d'où tout vient,
05:20 pose-toi justement ces questions identitaires de qu'est-ce que c'est d'être français noir".
05:24 Et voilà, et donc tous ces aspects, tous ces personnages, toutes ces trajectoires,
05:29 finissent par composer un portrait de qu'est-ce que c'est l'identité française
05:35 quand on est racisé tout simplement.
05:39 Et j'ai essayé de me poser ces questions-là, même si moi-même je ne le suis pas du tout,
05:44 mais de la même manière que quand je raconte une histoire d'amour,
05:47 je parle d'une histoire de femme qui tombe amoureuse et de PMA,
05:50 j'essaie de me mettre à la place des personnages et d'avoir le plus de justesse possible dans les propos.
05:54 Et c'est une pièce qui soulève beaucoup de questions, je pense, pour les spectateurs qui viendront vous voir.
05:59 Passport d'Alexis Michalik, c'est au Théâtre de la Renaissance à partir du 26 janvier.