Le sujet des différentes typologies de rémunération du dirigeant est souvent source d'interrogations. Se verser un petit salaire mais de conséquents dividendes, serait-ce une erreur ? Hugues Chanteau, associé-gérant pour PNG consulting group gestion privé, revient sur cette question dans l'Œil du CGP.
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00:04 Et nous enchaînons à présent avec l'œil du CGP, un œil du CGP qui va se focaliser sur la rémunération du dirigeant
00:11 et sur les choix que peut faire le dirigeant sur les différents types d'entreprises ou différentes typologies de rémunération.
00:17 A sa disposition pour en parler, nous avons le plaisir de recevoir sur le plateau de Smart Patrimoine, Hugo Chanteau.
00:22 Bonjour Hugo Chanteau.
00:23 Bonjour Nicolas.
00:23 Bienvenue sur le plateau de Smart Patrimoine, vous êtes associé gérant de PNG Consulting, gestion privée.
00:28 Et alors, vous allez battre en brèche une idée reçue, il est coutume d'entendre, les dirigeants ou en tout cas entrepreneurs
00:34 ont pour coutume d'entendre que la meilleure manière de se rémunérer, c'est de créer une SAS, de se rémunérer au minimum avec un salaire
00:44 et par contre de toucher en fin d'année des dividendes et ceci essentiellement pour une question fiscale.
00:50 Est-ce que c'est comme ça que vous voyez les choses, Hugo Chanteau ?
00:54 Pas du tout, moi je pense que c'est souvent une erreur de raisonner comme ça, c'est vraiment le petit bout de la lorniette,
01:01 fiscale généralement puisque la loi de 2018 a effectivement consacré la flat tax à 30%
01:07 et de nombreux investisseurs ou de nombreux chefs d'entreprise se sont dit "tiens, de la rémunération avec seulement 30% d'impôt, ça peut faire plaisir".
01:14 En revanche, ce qu'il faut voir c'est qu'il y a quand même des impacts sur au moins 4 points,
01:17 il y a le côté fiscal, le côté social, le côté de disponibilité et le côté risque.
01:23 D'accord.
01:24 Voilà, ce sont un peu ces 4 points qui sont primordiaux.
01:27 Le côté fiscal, on en a parlé, 30% d'impôt, on se dit...
01:30 C'est le plus avantageux.
01:31 C'est bien, c'est bien 30% d'impôt.
01:32 Parce qu'en SAS, ça peut allurer jusqu'à 80% de cotisation sociale ou de fiscalité sur une rémunération de dirigeant
01:38 et je crois que dans la SARL, ça doit être aux alentours de 45% ou quelque chose comme ça.
01:41 Alors un peu moins que ça mais c'est vrai que si on se dit "je me prends un gros salaire, charge sociale, ça coûte très cher"
01:47 et puis après il y a l'impôt sur le revenu alors qu'on se dit "je prends des dividendes, c'est 30%".
01:50 Il ne faut pas oublier que les dividendes avant ça, ils ont subi l'IS, l'impôt sur les sociétés.
01:53 Bien sûr.
01:54 Donc c'est 25%.
01:55 Donc c'est-à-dire que si j'ai 200 000 euros de résultats distribuables, on me dit que je garde des réserves,
01:59 200 000 de distribuables qui seraient taxés à 25% d'IS, il reste 150 000 euros.
02:03 Bien sûr.
02:04 Je me les verse sous forme de dividendes.
02:05 On enlève encore 30%.
02:06 On enlève 30%, il me reste 105 000 euros.
02:07 Bien sûr.
02:08 Je me mets dans la SARL à côté et je me dis "tiens, je vais me verser une rémunération".
02:11 J'ai 200 000 euros de budget, c'est 200 000 euros de budget, je vais payer 50 000 euros de cotisation sociale,
02:15 je me verse 150 000 euros de salaire.
02:17 Bien sûr.
02:17 Si je suis célibataire sans enfant, donc le meilleur actionnaire de Bercy, je paye tout ce qu'il faut.
02:20 Oui, c'est ça.
02:21 Je paye 40 000 euros d'impôt et finalement il m'en reste déjà 110 000.
02:24 D'accord.
02:24 Donc avec mes dividendes, il m'en reste 105.
02:26 Avec ma rémunération de gérance, il m'en reste 110.
02:28 Donc déjà finalement, le côté fiscal, même le petit bout de la lorniette,
02:31 n'est pas forcément le mieux disant pour les dividendes versus la rémunération.
02:36 Et ça, ça n'est que le premier point.
02:37 Et ça, c'est que le premier point.
02:38 Le deuxième point, c'est le point social.
02:39 Le point social, ça va être tout ce qui est prévoyance, indemnité, maladie, jour d'arrêt, etc.
02:45 Et puis la retraite.
02:47 Parce que si vous vous versez des dividendes, vous payez 12,8 d'impôt et 17,2 de prélèvement social.
02:51 Mais vous ne cotisez pas pour l'argent.
02:52 Mais vos 17,2, ils ne servent à rien.
02:53 Enfin, ils servent, mais pas pour vous.
02:55 Vous voyez ?
02:55 Oui, bien sûr.
02:56 Ils n'ont aucun intérêt.
02:57 Alors que les charges sociales que vous payez en tant que gérant de SARL,
03:02 vous donnent des droits à la retraite, vous donnent des droits de prévoyance, d'indemnité journalière, etc.
03:07 Oui, bien sûr.
03:08 Pas très élevés, c'est vrai.
03:09 Moins que pour un salarié normal, mais c'est normal, il y a moins de cotisations.
03:12 Donc effectivement, dividendes, oui, mais ça ne sert à rien les dividendes.
03:17 En tout cas pour la retraite.
03:18 Oui, exactement.
03:19 Donc ça, c'est le deuxième point.
03:20 Il y a encore deux autres points que vous mentionniez.
03:22 Il y a encore deux autres points qui sont peut-être un peu moins prégnants.
03:24 Mais d'abord, il y a la question de la disponibilité de l'argent.
03:28 Parce que les dividendes, c'est une fois par an.
03:29 Vous l'avez rappelé en introduction.
03:31 Oui, bien sûr.
03:32 C'est bien de se faire des dividendes, mais quand on a un train de vie, il faut pouvoir avoir l'argent disponible.
03:36 Oui, il faut alors avoir des dividendes suffisamment gros pour avoir la trésorerie jusqu'au prochain versement de dividendes.
03:41 Tout à fait.
03:42 Et après, il faut réussir à faire accepter aux banques que vos dividendes sont de la rémunération.
03:45 Si vous voulez faire un emprunt pour acheter une maison, ce n'est pas sûr que ça marche.
03:49 Et ça, les banques aujourd'hui le considèrent comme tel ou il faut, j'imagine, quelques années d'ancienneté de dividendes réguliers pour considérer effectivement que c'est un revenu fixe ?
03:58 Il faut des années d'ancienneté d'abord, effectivement.
04:00 Il faut une régularité dans les dividendes.
04:01 Et puis, il faut négocier avec votre banque.
04:03 C'est-à-dire que ce n'est pas automatique si vous voulez.
04:05 Et puis, ces dividendes aussi, c'est pareil.
04:07 En termes de prévoyance, si vous avez une prévoyance en cas d'accident grave en tant que chef d'entreprise, vos dividendes, souvent, ne sont pas compris dans votre prévoyance.
04:14 Donc, si vous arrêtez de bosser, si votre entreprise repose essentiellement sur votre travail à vous, il risque d'y avoir beaucoup moins de dividendes.
04:20 Il y avait donc quatre points.
04:22 Il y avait la fiscalité, la disponibilité dont on vient de parler, également la préparation à la retraite.
04:26 Et alors, le dernier point, c'était le risque.
04:28 Le risque, oui.
04:29 Le risque, c'est un peu pour la fine bouche.
04:30 Mais c'est vrai que parfois, on voit des montages où on fait de l'exclusivité ou du quasi-exclusif aux dividendes et pas de rémunération ou alors quelque chose vraiment de ridicule.
04:39 Oui, juste pour dire qu'on se verse une rémunération.
04:43 1 euro ou à peine.
04:44 Et c'est vrai qu'il est déjà arrivé que l'Ursaf requalifie en fait les dividendes comme de la rémunération.
04:50 L'Ursaf vous dit « mais attendez, vous avez un rôle de chef d'entreprise.
04:53 Ce que vous faites, ce n'est pas uniquement un rôle d'actionnaire.
04:55 Ce que vous touchez sous forme de dividende, en fait, il y en a une partie que j'estime,
04:59 qui j'estime correspond à de la rémunération.
05:01 Et donc, je vais vous mettre des charges sociales.
05:03 Et là, vous vous retrouvez finalement dans le cas où vous avez voulu optimiser votre impôt, optimiser les charges.
05:07 Et vous avez payé l'IS, la flat tax et les charges sociales.
05:10 Et ça, ça arrive souvent ou c'est dans les cas les plus extrêmes ?
05:14 Ce sont dans les cas les plus extrêmes.
05:15 Ça reste bien entendu marginal.
05:16 Et c'est pour ceux qui jouent le plus, on va dire, ceux qui vraiment vont chercher le dividende à tout crin et l'absence même totale de rémunération.
05:24 En fait, ce qu'il faut garder en tête, c'est que chaque situation mérite d'être regardée de manière attentive en fonction de l'entreprise, du chef d'entreprise et des besoins du chef d'entreprise.
05:35 Il ne faut pas partir bille en tête sur 30%.
05:38 C'est magique.
05:39 Merci beaucoup, Hugo Chanteau, de nous avoir accompagné sur le plateau Smart Patrimoine.
05:42 Je rappelle que vous êtes associé gérant chez P&G Consulting, gestion privée.
05:45 Merci beaucoup.
05:46 Et quant à nous, on se retrouve très vite sur Bsmart.
05:48 Merci.
05:49 [Musique]