Mardi 16 janvier 2024, SMART BOSS reçoit Benoist Lombard (Président, Maison Laplace)
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00:00 *Générique*
00:08 Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Boss, le rendez-vous des patrons et des patronnes.
00:13 Et je suis ravie d'accueillir aujourd'hui Benoît Lombard. Bonjour.
00:16 Bonjour.
00:17 Alors tu es président de La Place, un spécialiste de la gestion privée.
00:21 Maison La Place.
00:22 Maison La Place, oui c'est vrai. Merci pour la correction.
00:26 Au sommaire de l'émission, on va avoir la première séquence qui est David rencontre Goliath.
00:30 Ouh là, tu vas faire face à une start-up et vous parlerez de vos sujets en commun.
00:34 La deuxième partie, ce sera donc la séquence en coulisses.
00:37 Ouh là, on va vraiment parler plutôt de ton quotidien de dirigeant, qui tu es, comment tu fonctionnes.
00:41 Et après on aura la dernière séquence, l'interview chrono, qui comme son nom l'indique, est une série de questions réponses très rapides.
00:47 Voilà.
00:48 Merci beaucoup d'avoir encore accepté cette invitation.
00:51 Et on peut passer tout de suite à la séquence David rencontre Goliath.
00:55 [Générique]
01:00 Donc la start-up qu'il y a de faire face, c'est Odonatech.
01:03 Je suis ravie d'accueillir son PDG, Stéphane Dotté. Bonjour.
01:06 Bonjour.
01:07 Merci à vous d'avoir accepté cette invitation.
01:09 Alors Odonatech, ça développe des technologies d'intelligence artificielle pour les institutions financières, les conseillers financiers.
01:16 Est-ce qu'on peut donner concrètement un petit peu des exemples de ce que vous êtes capable de faire ?
01:21 Alors en fait on propose une plateforme digitale d'aide au coaching financier.
01:26 Le coaching financier, ça vise pour un conseiller en gestion de patrimoine à aider son client à utiliser son argent pour améliorer sa vie.
01:33 Tout simplement.
01:34 Est-ce que vous connaissiez ou pas déjà ?
01:38 De réputation, Stéphane, puisqu'il travaille avec la CNCGP, dont j'étais président, donc je suis toujours très proche de la Chambre.
01:45 Et puis on a besoin, nous, d'outils technologiques.
01:47 On a besoin d'intelligence autre que la nôtre.
01:50 Et d'avoir des start-up, alors je ne sais pas qui est David, je ne sais pas qui est Goliath, mais en tout cas il n'y a pas de fonds.
01:54 Donc c'est plutôt une bonne chose.
01:56 L'objectif est de travailler en complémentarité avec des intelligences extérieures.
02:00 Et on a beaucoup parlé pendant pas mal d'années, je me souviens bien plutôt 2010 à 2019 de RoboAdvisor.
02:09 Bon le mot a un petit peu changé.
02:11 Ça n'a pas vraiment eu un énorme succès, tu me diras si je me trompe.
02:15 Est-ce que cette abroche B2C justement est trop compliquée ?
02:19 Et tu te dis forcément qu'il faut passer plutôt par les conseillers.
02:23 Oui, je ne sais pas si elle est compliquée.
02:25 En tout cas, notre croyance chez Odonatec, c'est qu'il y a une chose à faire dans ce domaine-là, c'est donner de la valeur aux conseillers.
02:31 C'est ce qu'on cherche à faire pour, j'allais dire, offrir un meilleur service aux épargnants.
02:37 Donc il n'y a pas du tout de volonté de notre part d'aller directement sur le signe du B2C.
02:43 Mais plutôt d'aider les conseillers à valoriser leur métier.
02:47 Et la valorisation du métier, elle passe par la technique qu'ils ont déjà, le savoir-faire, l'expertise qu'ils ont déjà et qui est fabuleuse.
02:56 Et puis si on y rajoute une couche de compréhension de la psychologie, de la personnalité financière,
03:03 en fait on arrive à sublimer la relation puisqu'il y a la partie technique.
03:06 Et puis on y ajoute la partie vraiment compréhension de l'humain.
03:09 Et là on aide vraiment les gens à utiliser leur argent pour améliorer leur vie.
03:15 Donc ça va bien au-delà du robot de Weiser.
03:18 Tu es plutôt d'accord sur cette vision ?
03:20 Oui, c'est un objectif. De toute façon aujourd'hui, on a besoin d'outils digitaux.
03:24 On a besoin d'outils digitaux parce qu'en plus on va utiliser ces données dans nos outils propriétaires.
03:29 Et on a besoin d'aller chercher, ou en interne ou en externe, des compétences qui peuvent nous permettre de faciliter en réalité la vie du CGP, du conseiller.
03:37 À notre groupe, on a 271 conseillers. Ces 271 conseillers, ils auront besoin de libérer de l'espace-temps pour qu'ils puissent délivrer eux leur espace-temps
03:46 à réaliser des opérations commerciales, des opérations de suivi, des opérations de conseil auprès de leur clientèle.
03:52 Et le conseiller, il est 100% automatisé, donc ça n'existera jamais ?
03:57 Je ne sais pas. C'est difficile de lire dans une boule de cristal. En tout cas, ce n'est pas la projection qu'on fait.
04:03 Parce qu'à mon avis, l'humain dans le domaine de l'argent reste au cœur.
04:10 Et que du coup, il y a le bien fondé, le métier de conseiller, j'allais dire, à tout pour exister, pour continuer à exister.
04:20 Après, il faut qu'il se transforme. Effectivement, il y a beaucoup de techno qui arrive, beaucoup de digitalisation.
04:27 Les habitudes et les exigences des clients évoluent aussi, mais il reste au cœur, à mon avis, du système.
04:33 Est-ce qu'il y en a des conseillers qui peuvent être réfactaires ou pas du tout ?
04:38 La vision va être similaire à celle qui vient d'être décrite par Stéphane. En réalité, le conseiller, c'est un conseiller augmenté.
04:46 Ce sont des outils. On n'est pas le robot exceptionnel, mais il y a les exosquelettes pour les militaires.
04:53 Le digital est une partie de cette exosquelette. Ça nous permet d'être plus performants, d'être plus efficaces,
04:59 et on n'a jamais supplié la compétence humaine. Notre métier repose sur la psychologie, sur la connaissance de l'autre,
05:08 sur du temps qu'on peut passer quand on le voit, quand on sent l'autre.
05:12 Et cette perception qui s'inscrit dans le temps, elle est nécessaire par le contact humain.
05:16 Donc plus on a de contact humain, mieux ça vaut.
05:18 Ce qui veut dire que pour se libérer de cet espace tant humain, que je rappelle comme étant fondamental,
05:24 on a besoin d'outils technologiques tels que celles que délivre notre ami.
05:29 Je suis obligée de parler un moment de chats de GPT. Forcément, on se dit que ça peut avoir pas mal d'impact dans votre secteur respectif.
05:37 Alors aujourd'hui, est-ce que vous avez commencé à regarder un petit peu ce que vous pouvez en faire ?
05:41 On a vu des grandes institutions financières, notamment HIP et Morgan, qui sont en train à conquer carrément des produits aujourd'hui. Et vous ?
05:47 Tu ne le savais pas parce que je ne l'ai pas dit en préparant l'émission, mais effectivement on travaille sur ce sujet.
05:53 Alors pas du tout pour remplacer le conseiller, on revient au même, mais du coup pour augmenter le conseiller.
05:58 C'est-à-dire, imaginons un robot dans notre plateforme qui est alimenté par l'intelligence artificielle.
06:06 Le conseiller peut l'interroger sur l'analyse de la personnalité de son client, comment son client réagit en fonction de certaines situations.
06:13 Et le robot va aider le conseiller soit à préparer son entretien, soit à communiquer avec son client.
06:19 Donc oui, moi j'y crois très fort, l'IA générative. De toute façon, le mouvement est en marche, donc ce serait quand même difficile de dire que ça n'existe pas et que non, non, c'est nul.
06:30 Surtout que quand on l'utilise, c'est quand même hyper puissant. Mais par contre, à mon avis, au service du conseiller et peut-être pas directement au service du client.
06:40 Et toi, tu y crois ?
06:42 Oui, bien sûr. Sur l'IA, j'ai testé Chad GPT pour lui demander une allocation d'actifs efficace.
06:47 Alors, ce qui est formidable, c'est la data. Et puis, ils synthétisent toutes ces datas. Il y a de l'intelligence, des algorithmes, toutes sortes de choses que je ne connais pas.
06:53 Mais je vois à peu près comment ça peut fonctionner. Ils font la synthèse pour se projeter. Mais c'est extrêmement difficile, délicat de projeter l'évolution des marchés financiers.
07:02 Ça, il n'y a pas de data du passé. Et ça, la data du passé n'existe pas. Là, on a besoin d'avoir une intelligence haute que l'IA.
07:09 Et tant qu'aujourd'hui, l'IA n'arrive pas à résoudre ce problème, on a toute vocation d'exister.
07:13 Bon. Pas tout de suite, alors ?
07:15 Je pense tout de suite, mais au service du conseiller. Imaginons, par exemple, un client qui a une personnalité particulière, dont on a analysé les différentes facettes,
07:27 et qui va voir le conseiller, l'appeler. Il y a de la volatilité sur le marché. Il veut tout vendre alors qu'il était sur un profil plutôt risqué et qu'il a une allocation d'actifs plutôt risquée.
07:37 Comment réagir par rapport à ça ? Il y a un savoir-faire du conseiller qui sait répondre aujourd'hui.
07:42 On peut imaginer que l'IA vient augmenter le conseiller, non pas sur l'allocation d'actifs qu'il faut faire, ça je suis d'accord,
07:49 mais sur la façon d'appréhender la discussion avec le client, sur la façon de coacher le client pour le reporter vers son objectif à long terme, etc.
07:56 Des choses qui sont déjà faites, mais avec l'aide de l'IA, et en particulier de comment il faut parler au client en fonction de sa personnalité.
08:04 On a tous notre personnalité qui est différente, et il ne faut pas nous parler de la même façon, ça n'aura pas le même impact.
08:11 Et rapidement, chaque GPT va tout résoudre, effectivement. Est-ce que, d'un point de vue de l'éducation financière, toujours très compliquée en France,
08:18 on ne va pas refaire toute l'histoire, ça ne peut pas aider du tout ? Pourquoi on a encore cette grosse carence ?
08:25 L'éducation financière, pour moi, il faut que les gens aient envie d'apprendre. Dispenser des super contenus d'éducation financière, c'est bien,
08:36 mais encore une fois, je pense qu'il y a de la valeur à ce que ce soit le conseiller qui fasse l'éducation financière,
08:41 et pourquoi pas adapter son message, encore une fois, en fonction de la personnalité de son client.
08:46 Et c'est comme à l'école, je dirais, livrer des blocs d'éducation financière à tout le monde de la même façon, ce n'est pas efficace par contre.
08:52 Tenir compte de qui on a en face et savoir lui expliquer les choses en fonction de qui il est ou qui elle est, ça, ça a plus de sens, me semble-t-il.
08:58 Merci beaucoup Stéphane d'être venu échanger avec nous. Avec grand plaisir.
09:02 Et maintenant, on va pouvoir passer à la séquence en coulisses.
09:05 On va remonter un petit peu dans le temps, 1996, et là, tu fondes WITA, donc c'est un multifamilial office.
09:17 Est-ce que comme tout entrepreneur, tu te dis "Allez, j'ai identifié un problème et puis je vais le résoudre".
09:23 Oui, bien sûr. On a toujours l'impression lorsqu'on crée son entreprise qu'on va essayer de résoudre un problème qu'on n'avait pas résoudu,
09:29 du temps où on était salarié. Ça, c'est un des points qui est important.
09:32 Mais aussi dans notre domaine singulier de la gestion de la gestion privée, il y avait la volonté d'être indépendant,
09:39 et puis de ne pas être, dans le cadre du conseil, uniquement le faire valoir de la vente de produits financiers.
09:46 Et donc ça, il n'y avait pas d'objectif commercial en tant que tel. Il y en a un, bien évidemment, parce qu'on crée une entreprise,
09:51 et donc on doit réaliser un chiffre d'affaires. Mais ce chiffre d'affaires pouvait se faire, sur la base, déjà à l'époque, d'honoraires
09:56 qui permettait de justifier des prestations intellectuelles qu'on délivrait.
10:00 Et je rappelle que dans la gestion de patrimoine, il y a l'aspect juridico-fiscal, ce qu'on appelle l'ingénierie patrimoniale,
10:06 et puis il y a l'aspect concrétisation d'investissement. Et ils ne peuvent être que de deux ordres.
10:10 Ou c'est du mobilier, donc du financier, par hypothèse, ou c'est de l'immobilier.
10:14 Et donc là, il y a la vente de produits, il y a la sélection de produits, il y a le choix de produits.
10:18 Et donc le fait de créer mon entreprise me permettait à la fois de pouvoir vendre des honoraires,
10:22 ce qui était délicat dans le groupe où j'étais auparavant, puisque ça ne se faisait pas.
10:26 J'étais le patron de l'ingénierie patrimoniale de la Banque Vente et de l'UAP, ça ne se faisait pas.
10:30 Et puis je ne vendais pas les produits. Donc de la Banque Vente et de l'UAP, j'étais libre d'aller chercher
10:34 toute la palette de solutions que nous offrait la place financière.
10:38 - Je fais un bond là, en avant. Vraiment, tu as fondé en 2011 la société de gestion,
10:44 je ne sais pas si on dit Wise AM, tu proposes là une gamme complète de solutions patrimoniales.
10:50 Est-ce que c'est à ce moment-là que tu te dis déjà, ça y est, j'ai envie de construire quelque chose de gros,
10:54 un gros groupe dans la gestion privée ?
10:56 - Non, c'était vraiment pour répondre à des besoins. À chaque fois, les créations des entités
11:00 que j'ai pu fonder au fil des années reposaient sur un besoin qui existait
11:06 par rapport à une demande de mes clients. Et puis dans le secteur financier, on est extrêmement régulé.
11:12 Alors moi, j'avais un statut qui n'était pas celui de conseiller en investissement financier,
11:16 qui est venu après, mais qui était de conseiller en gestion de patrimoine.
11:19 On a toujours eu une multicasquette, une multi-accréditation.
11:22 Mais en revanche, l'AMF, l'Autorité des marchés financiers, qui était notre régulateur,
11:26 qui est notre régulateur, demandait un agrément spécifique de société de gestion de portefeuille
11:31 dès l'instant où des clients voulaient nous confier des liquidités que l'on puisse piloter
11:36 sous mandat discrétionnaire, c'est-à-dire sans leur signature.
11:39 Et là, il fallait avoir une société de gestion de portefeuille, raison pour laquelle,
11:42 avec mon associé à l'époque, François Jubin, nous avons créé cette entité afin de répondre à ce besoin.
11:48 - Rien à voir, mais 2013-2019, tu as présidé la Chambre nationale des conseils en gestion de patrimoine.
11:56 Est-ce que c'est complètement différent d'être à la tête de ça que de gérer une société de gestion ?
12:01 - Mais tout ça a un lien.
12:03 En 2011-2012, le régulateur européen, les 28 États de l'Union à l'époque,
12:09 ils ont dit qu'il fallait essayer d'harmoniser, il fallait mettre des règles communes.
12:13 Et l'Europe se crée par un consensus.
12:15 Et le consensus faisait au détriment du mode opératoire que nous avions en France,
12:19 c'est-à-dire de vendre des produits financiers sur lesquels on pouvait avoir des rétrocessions
12:23 à partir du moment où elles sont transparentes.
12:26 Et on voulait nous enlever cette faculté-là.
12:28 Et la tête de la Chambre à l'époque, il y a un élement qui se faisait tous les 3 ans,
12:34 devait être modifiée.
12:36 Et personne ne portait un projet qui visait à défendre le modèle économique original
12:41 qui était le modèle français et qui fonctionnait bien.
12:44 Et donc, je suis devenu président de la Chambre nationale des CGP
12:48 dans l'objectif de défendre les intérêts de nos compatriotes, de nos épargnants,
12:52 par le biais bien sûr de conseillers qui pouvaient toujours avoir un modèle économique
12:56 parfaitement vertueux, parfaitement transparent,
13:00 mais qui aurait pu être interdit par la Commission européenne.
13:04 Et alors pourquoi après être parti, au bout de 6 ans, t'avais envie de remettre les mains,
13:08 aller dans le grand bruit ?
13:09 Il y a un point qui est important, c'est syndical.
13:11 Donc c'est un engagement auprès des autres, c'est un engagement bénévole.
13:13 Et c'était 100% de ma tête pour 50% de mon temps.
13:17 Et il fallait naturellement que cet instrument aussi puisse me survivre.
13:21 Et puis qu'il puisse aller au-delà des mandats pour éviter qu'on devienne un potentat,
13:27 si je puis dire en la matière.
13:28 Et donc on avait modifié les statuts à l'époque pour qu'il puisse y avoir 2 mandats, maximum de 3 ans.
13:34 Et donc à l'issue de mon deuxième mandat, je me suis représenté en 2016, j'étais réuni en 2016,
13:38 et en 2019, eh bien j'avais fait le temps pour lequel, statutairement,
13:42 j'étais à la limite, j'allais dire, de cette faculté.
13:48 Et donc après Laplace, Maisons Laplace, est-ce qu'il y a une scification, quelque chose derrière ce nom ?
13:53 Oui bien sûr. Alors Laplace c'est quoi ?
13:55 Laplace c'est la concentration de différents CGP qui était associée avec moi, pour certains dans Moïse Haem.
14:00 Et puis on s'est associé avec le groupe Ristal en créant un groupe qui s'appelait Victoire,
14:04 et qui est devenu Laplace.
14:05 Et on s'est associé ensemble pour mutualiser des problématiques communes.
14:09 Et Laplace pourquoi ? Eh bien il a fait trouver un nom disruptif,
14:12 on ne voulait pas s'appeler gestion de patrimoine ou gestion de conseil,
14:16 enfin quelque chose qui puisse changer.
14:17 Et Laplace a un élément qui est important, c'est qu'on est au carrefour des échanges.
14:20 A chaque fois on arrive sur une place, on se promène, on se promène dans la gestion du patrimoine,
14:24 on se promène dans le patrimoine de nos clients,
14:26 et puis on arrive à un moment donné à une intersection, où est-ce qu'on va ?
14:28 On arrive à une place, il faut trouver une autre direction,
14:30 alors on prend un bout de chemin, et puis on arrive à une autre place.
14:32 Et de place en place, on arrive à aller à la décision finale, mais notre décision n'est jamais finale.
14:37 Donc on se retrouve toujours dans des places.
14:39 Et puis un autre élément, c'est Pierre-Simon de Laplace,
14:41 Pierre-Simon de Laplace qui est un français, un savant français, un héroïdie français,
14:45 qui était ministre sous Napoléon,
14:49 et qui était un scientifique qui avait développé une théorie post-newtonienne qui est assez intéressante,
14:55 et qui repose sur le principe suivant,
14:58 c'est que le poids des preuves doit être proportionné à la réalité des faits.
15:03 Et ça, cette phrase m'a toujours plu.
15:05 Et alors je me suis dit, appeler cette entité, du nom de ce savant Pierre-Simon de Laplace,
15:09 dont le nom était inscrit au frontaison de la tour Eiffel, parmi les autres 71 savants,
15:14 et bien donner une signification qui était aussi un hommage à cette théorie des français.
15:19 Alors on voit là, je suis partie de 1996, là, à aujourd'hui,
15:23 donc ça fait très longtemps que tu es dans ce milieu,
15:25 on a l'impression que tout le monde te connaît, quand on te regarde un peu.
15:28 Est-ce que c'est satisfaisant de se dire, je suis un peu le taulier,
15:32 ou alors ça t'apporte vraiment, c'est du héroïne ?
15:36 Non, je ne suis pas le taulier, je suis un acteur engagé,
15:39 au point d'un métier qui, lorsque j'ai commencé en 1996, n'existait quasiment pas.
15:43 Et aujourd'hui, l'univers de la gestion privée indépendante,
15:46 ça représente un peu plus de 15% de parts de marché, ça grossit.
15:49 Lorsque je suis parti de la Chambre, il y avait à peu près 4 500-4 600 conseillers,
15:53 4 500 entités, cifres immatriculés en tant que tels.
15:56 Aujourd'hui, on est à plus de 5 500, donc ça grossit.
15:59 Et donc, bien évidemment, comme je suis un acteur, malheureusement, de plus en plus âgé,
16:04 donc j'ai 56 ans, et bien il est évident que je suis plus connu que quelqu'un qui commence.
16:08 Et puis j'ai toujours eu un engagement auprès des autres, ça c'est un point qui est fondamental.
16:12 La construction du groupe La Place avec Cristal, c'est aussi un engagement envers les nouveaux acteurs,
16:17 c'est-à-dire ceux qui se sont associés avec nous, les plus jeunes d'entre nous,
16:20 à qui on donne la faculté de pouvoir travailler avec des plus anciens, des seniors,
16:25 qui ont un peu d'expérience, dont je fais partie.
16:28 - Tu sais d'ailleurs comment tu fais, oui, parce que tu as dit ton âge, je ne demande jamais l'âge de mes invités,
16:33 mais de se retrouver comme ça, c'est quoi ton rapport aux jeunes générations qui arrivent ?
16:38 - La pâtisserie dans le passage, j'étais enseignant à Subdeco au Paris pendant 13 ans, 14 ans,
16:44 donc j'ai toujours aimé faire basculer les savoirs et transmettre.
16:49 Moi j'ai appris beaucoup d'anciens à moi de transmettre,
16:53 aussi à nous de transmettre, à notre groupe de transmettre auprès des plus jeunes en décédant.
16:57 Et puis ce sont eux qui vont poursuivre l'activité qu'on a commencé,
17:00 et l'objectif de notre groupe, il est de se poursuivre après,
17:05 évidemment à partir duquel les dirigeants partiront à la retraite.
17:08 Donc, et ça, cette pérennité, s'inscrire dans le temps, le temps long, ça a du sens pour moi, beaucoup,
17:14 et c'est aussi toujours été un peu en filigrame l'engagement que j'avais auprès des plus jeunes générations.
17:20 - Alors toi aussi, tu présides aussi l'UCGP, l'Union des conseils en gestion du patrimoine,
17:25 on a parlé tout à l'heure de la Chambre aussi nationale, est-ce que ces milieux-là,
17:28 associations, syndicats, professionnels, pour toi c'est des endroits aussi,
17:33 une façon de se faire un réseau pour les gens, on parle toujours beaucoup de réseau pour les dirigeants.
17:36 - Bien sûr, mais c'est un réseau réel ça, le réseau réel, l'UCGP, l'Union des conseils en gestion du patrimoine,
17:41 ça regroupe aujourd'hui 17 grosses entités, ça représente plus de 1000 conseillers,
17:46 plus de 53 milliards d'actifs conseillers, avec une collecte de l'ordre de 10 milliards par an,
17:50 c'est énorme, c'est beaucoup d'argent, c'est plus important que la majorité des banques privées
17:54 et des banques privées indépendantes, donc ce sont des professionnels qui se réunissent,
17:59 et que je préside, donc je pilote aussi avec eux, comme étant un think tank, un espace de réflexion,
18:04 et puis aussi un espace de lobbying pour essayer de préserver notre modèle économique,
18:10 considéré comme étant parfaitement idéal pour nos clients qui sont tous satisfaits,
18:14 toutes les enquêtes de satisfaction le confirment, et ça c'est un point qui est important.
18:18 Et puis c'est un lieu d'échange, on échange nos problématiques, on a parlé d'informatique,
18:22 donc le digital pour nous est un élément important, ça permet de confronter des opinions,
18:27 des points de vue, des problématiques communes, et puis d'essayer de résoudre communément,
18:31 même si ce sont des confrères, et parfois aussi des concurrents, mais on est dans le même bain,
18:37 on a 15% de part de marché, il y a 85% de part de marché qu'on n'a pas,
18:40 et donc on essaye aussi ensemble, communément, d'oeuvrer pour capter cette part de marché.
18:45 Alors tu as parlé de think tank, tu as parlé de lobbying,
18:48 est-ce qu'un dirigeant dans ce secteur-là, ça doit aussi être un politique ?
18:54 Mais naturellement, c'est quoi la politique ? La politique c'est l'engagement dans la cité,
19:00 et moi c'est pas la cité au sens administratif du terme, mais dans la cité, dans l'axe,
19:07 dans l'atmosphère, dans l'écosystème financier, et donc moi j'ai toujours voulu être un acteur engagé,
19:12 je n'ai jamais voulu qu'on décide à ma place, je veux bien qu'on décide à ma place
19:15 à partir du moment où je participe à la discussion, et à partir du moment où on arrive à chacun défendre des points de vue,
19:23 j'ai aucun problème pour suivre le point de vue commun, mais je veux être un acteur de points de vue qui sont mis sur la table.
19:30 Et comment est-ce que tu fais pour rester encore passionné par ce secteur ?
19:35 On le savait aussi longtemps, ici on reçoit aussi des entrepreneurs, des dirigeants,
19:40 qui ont changé pas mal de secteur, mais alors toi pourquoi ?
19:44 Ce secteur est extrêmement varié, la gestion de patrimoine, c'est du juridique, du fiscal, du financier, de l'immobilier,
19:50 c'est aussi des engagements syndicaux qui sont importants, le lobbying, les affaires publiques,
19:54 les discussions avec Bercy, à la DGT, à Bruxelles, tout cet univers là est quand même extrêmement varié,
19:59 c'est pas monolithique, c'est un des événements où on bouge beaucoup,
20:03 on a des clients qui sont partout en France, sur le territoire français, mais aussi à l'international,
20:07 on a mené à se déplacer, on a mené à bouger, donc il est extrêmement vaste, riche, complet, dense,
20:11 et extrêmement satisfaisant à une finée, donc j'ai jamais voulu changer de métier depuis le temps où,
20:18 35 ans maintenant, 34 ans, où je travaille dans cet univers.
20:22 Et comment est-ce que tu restes à la page et tu progresses en tant que dirigeant dans ce secteur ?
20:27 Je me remets en cause, d'abord on me dit beaucoup, la lecture c'est un point qui est important,
20:33 et puis la curiosité, être cet acteur de la cité, cet acteur politique, au sens noble du terme,
20:41 c'est d'être toujours à l'écoute de ce qui se passe, et puis de prendre un peu parfois les devants,
20:48 pour aller au-delà de ce qui existe.
20:51 Et ça c'est l'appétit qu'on peut avoir aussi, de la curiosité, et comme je suis un être curieux,
20:59 donc j'arrive moi-même à m'étonner encore tous les jours de ce qui existe, et à m'amuser,
21:04 parce qu'en fait il faut s'amuser, si on ne s'amuse pas, il n'y a pas de sens,
21:07 moi si jamais je ne m'amusais pas, je n'aurais pas du tout bien dans mon activité, je m'amuse,
21:11 et ça c'est un point qui est fondamental, et il faut s'amuser, je dis moi,
21:15 tous ceux qui veulent créer une boîte, tous les jeunes créateurs, t'as envie de t'amuser,
21:19 t'as envie d'être moteur, t'as envie d'être acteur, tu peux te planter, c'est pas grave,
21:22 mais tu fonces, tu poursuis, tu t'engages, et l'échec c'est jamais une difficulté, donc au contraire.
21:26 - Tu t'es déjà toi planté ? - Oui, bien sûr, j'ai eu des échecs,
21:29 j'en ai eu dans des investissements que j'ai pu réaliser, j'en ai eu dans des projets,
21:32 j'en ai eu dans des filiales qui n'ont pas pu fonctionner comme je voulais,
21:34 j'en ai eu aussi dans des projets qui n'ont pas abouti, mais c'est pas grave,
21:37 donc si on ressaisissait à chaque fois, ce serait même pas marrant, donc on apprend de ses échecs.
21:42 - Et c'est quoi aujourd'hui ton style de management ?
21:45 - C'est extrêmement, alors moi j'étais toujours avec mes équipes, on se réunit autour,
21:49 lorsqu'il y a des choses qui sont extrêmement structurantes pour l'heure demain,
21:54 pour le devenir, le devenir commun, et bien il faut l'unanimité.
21:57 Donc on doit décider ensemble et on sortira de cette pièce que dès l'instant où on aura une position commune, unanime.
22:02 Chacun doit pouvoir adhérer à une opinion qui est le fruit de l'émergence commune,
22:09 mais où chacun peut bien évidemment apporter sa dose, influer la pensée,
22:14 et puis on doit arriver à ce consensus qui permet d'avancer, on est tous d'accord.
22:18 Et donc le fait de l'engagement commun repose sur l'idée d'arriver à une solution,
22:26 ou à une trajectoire qui est adoptée par tous, ça c'est un point qui est fondamental.
22:31 - Ok, donc le collectif, et d'ailleurs je vais venir un petit peu à ça,
22:37 aujourd'hui alors, Maison Lapa, ça fait partie d'un gros cristal,
22:40 on va pas non plus rentrer dans les détails de la structure,
22:43 mais aujourd'hui en gros tu n'es plus tout seul à bord, si j'ai l'héritature,
22:46 mais est-ce que alors tu préfères être, c'est quoi la différence d'être "seul" à tout gérer,
22:51 et puis là de pouvoir être délégué, accompagné ?
22:54 - J'ai toujours dit qu'un chef d'entreprise, en réalité, il sait moins bien faire chacune des facettes
23:00 qui sont nécessaires à l'entreprise, que les patrons de chacun des pôles.
23:05 Eh bien, on a différents patrons, et j'apprends beaucoup de dirigeants des mandats intersociaux
23:11 avec qui je pilote le groupe président, mon président, mon directeur général,
23:14 moi je suis directeur général délégué, donc je suis numéro 3,
23:16 donc j'apprends beaucoup d'eux, et eux apprennent de moi.
23:19 Et c'est cet échange-là qui nous permet de nous enrichir mutuellement,
23:22 en me laissant un espace-temps, un métier technique quand même,
23:25 qui permet de déployer le savoir-faire que j'ai pu écrire au fil du temps.
23:30 Donc la collégialité dans la direction est un point aussi qui est fondamental
23:36 pour pouvoir progresser mieux, et puis pour pouvoir ne pas être seul lorsqu'on a des difficultés.
23:40 - Est-ce que tu rencontres encore beaucoup de clients ou pas ?
23:43 - Ah bien toujours ! Donc moi je veux rencontrer,
23:45 ma légitimité repose sur le fait que je rencontre des clients.
23:47 Alors je m'occupe, mes soins de la place c'est un multifamily office,
23:50 donc je m'occupe de clients premium, des clients exigeants,
23:52 qui sont généralement des chefs d'entreprise,
23:54 donc qui ont "cache-à-outer", comme on dit, c'est-à-dire ont réalisé leur actif,
23:57 donc ou encore sur la tête de leur société, et sont extrêmement exigeants.
24:01 Et je suis en front line avec eux, je les rencontre, je les vois,
24:05 juste après cette interview où j'ai rendez-vous avec un client,
24:08 donc je suis ravi de les voir, ça me permet toujours d'être confronté à la réalité,
24:12 je ne suis pas dans ma tour d'ivoire.
24:14 - Et est-ce que, alors si j'ai vu que tu participais,
24:18 tu vas nous en dire plus aussi, avec des activités philanthropiques,
24:22 t'as engagé notamment, j'ai vu la Fondation Signature,
24:25 qui soutient des créateurs et des projets innovants pluridisciplinaires,
24:28 c'est quoi pour toi, c'est un moment aussi pour sortir de ce monde-là,
24:33 c'est vraiment aussi encore une fois, tu dis beaucoup le mot "engagement" ?
24:37 - L'engagement vers les autres, et la Fondation, en l'occurrence la Fondation Signature,
24:41 qui a été créée par Mme Smalto, qui m'a donné la confiance de pouvoir être administrateur aux côtés d'elle,
24:48 et bien un engagement auprès des personnes qui n'ont pas eu la chance de pouvoir être nées
24:53 dans un endroit où ils ont suffisamment d'espace financier pour pouvoir faire éclore leurs talents.
24:58 Et bien cette fondation a ça pour objectif, donc ça a beaucoup de sens aussi,
25:02 j'ai un engagement auprès d'une association, ASE, auprès d'enfants qui sont à Madagascar,
25:08 et qui malheureusement, là encore, c'est un pays pauvre,
25:11 donc n'ont pas la faculté de pouvoir poursuivre des cursus scolaires, et bien on les aide.
25:16 Et donc cet engagement auprès des autres, auprès des plus faibles d'entre nous,
25:20 des enfants, de femmes qui sont parfois auprès de la Fondation Signature, notamment, seules,
25:25 et qui ne peuvent pas faire éclore leurs talents dans le pays d'où elles viennent,
25:30 et bien l'engagement financier, mais aussi l'engagement, l'appui des réseaux, des réseaux réels,
25:35 est un point qui est important et qui donne du sens aussi à sa vie,
25:39 "Qu'est-ce que je fais de ma vie ?" me dirais-je le jour où je serai, la veille du grand départ,
25:43 sur mon lit de mort, juste avant.
25:45 Donc, "Qu'est-ce que j'ai fait de ma vie ? J'ai essayé de contribuer à ce que notre monde soit un peu meilleur."
25:50 Et là cet engagement, il est très important.
25:52 Et tu arrives à avoir assez de temps pour ça ? Comment tu fais ?
25:55 Oui, bon, l'espace-temps, c'est pas 35 heures par semaine, c'est plus ou moins 5 heures tous les deux jours.
26:00 Ok, écoute, merci beaucoup d'avoir répondu à toutes ces questions,
26:05 et puis on va pouvoir passer à l'interview chrono.
26:09 Alors si tu devais créer ou rejoindre une autre entreprise, en dehors de la gestion de patrimoine, ça serait dans quel secteur ?
26:20 C'est une bonne question, ça serait certainement dans le secteur d'affaires publiques.
26:26 Tu es plutôt LinkedIn, Instagram ou TikTok ?
26:29 Surtout pas TikTok, c'est pas mon truc, je suis plutôt LinkedIn.
26:34 Oui, très professionnel. Est-ce que tu peux me citer un chiffre qui concerne Maison Laplace ?
26:39 Un chiffre qui concerne Maison Laplace ?
26:44 Ça peut être... Beaucoup sortent le nombre de salariés, collaborateurs, c'est un bon indicateur.
26:50 Oui, mais c'est pas l'infini.
26:53 L'application que tu utilises le plus ?
26:56 Oues, parce qu'à Paris c'est compliqué de se déplacer.
26:59 Est-ce que tu peux me citer une entrepreneuse ou une dirigeante française que tu apprécies ou qui t'inspire ?
27:06 Certainement Annette Roux, la patronne du groupe Beneteau, un groupe vendéen séculaire,
27:12 qui a fait transformer une petite entreprise familiale en un groupe international leader dans son secteur d'activité.
27:18 J'étais élevé en Vendée et j'ai toujours suivi le groupe Beneteau, j'aime la voile,
27:22 et Annette Roux est une dirigeante inspirante.
27:25 Le dernier livre que tu as lu ?
27:28 Benoît Coquille, c'est "Les petites choses", c'est une histoire exceptionnelle de la découverte d'un champignon hallucinogène
27:37 qui a révolutionné le monde et Gordon Wasson qui a découvert avec son épouse ce champignon magique mexicain
27:44 était par ailleurs, et c'est très amusant, un des dirigeants de la banque JP Morgan.
27:49 Est-ce que tu as déjà investi dans des start-up ?
27:51 Oui, beaucoup, beaucoup trop peut-être.
27:55 Plutôt télétravail ou au bureau ?
27:57 Plutôt bureau, j'aime le contact physique.
27:59 Et tes dernières vacances ?
28:01 La voile, donc faire du bateau et naviguer.
28:05 Merci beaucoup d'avoir répondu à toutes ces questions,
28:09 et merci à vous encore une fois d'avoir regardé cette émission,
28:14 et puis je vous retrouve prochainement avec un nouvel invité, merci, au revoir.
28:19 [Musique]