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Mardi 19 septembre 2023, SMART BOSS reçoit Nicolas Doucerain (Président, Valumen)

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00:00 [Musique]
00:08 Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Boss, le nouveau rendez-vous dédié aux patrons.
00:13 Je suis ravie de présenter cette toute nouvelle émission et je suis ravie d'accueillir mon premier invité, Nicolas Dousserin. Bonjour.
00:20 Bonjour Charlie, c'est un honneur.
00:22 Merci en tout cas d'avoir accepté cette invitation.
00:24 C'est le fondateur et PDG de Valumen, un cabinet de conseil spécialisé en transition de management.
00:30 Oui, exactement.
00:31 Et bien encore merci beaucoup. Je sais que vous êtes un habitué de cette chaîne.
00:36 Je vais compter beaucoup sur vous pour ce premier numéro. J'espère qu'il va être une réussite.
00:42 Alors je vais vous expliquer rapidement le sommaire.
00:45 Première partie, ça va être la séquence en coulisses.
00:48 On ne va pas vraiment parler des sujets que vous connaissez très bien au quotidien.
00:53 C'est-à-dire vraiment parler de votre cœur de métier.
00:56 On va plutôt s'intéresser un petit peu à des éléments de votre parcours.
01:00 Que ce soit à la fois vie professionnelle, un petit peu de vie personnelle quand même.
01:03 Et après, deuxième partie, on fera la séquence l'interview chrono qui sera là des questions assez courtes.
01:10 Voilà un petit échange en ping-pong.
01:12 Une petite partie de ping-pong.
01:13 Voilà, ce sera plutôt tranquille pour terminer.
01:16 Et donc tout de suite, je vais lancer la séquence en coulisses.
01:20 [Musique]
01:25 Alors pour la séquence en coulisses, on va vraiment parler de votre job de dirigeant.
01:30 C'est quoi aujourd'hui un patron ? Parce qu'il y a plein de patrons différents.
01:34 Et là donc c'est la rentrée, c'est un petit peu la question classique.
01:37 Mais est-ce qu'un patron, ça prend des vacances ?
01:40 Il faut. C'est vrai que beaucoup de patrons, quand ils se lancent dans l'aventure,
01:44 c'est quelque chose qui est extrêmement prenant.
01:46 Et parfois, on a tendance à délaisser un petit peu la famille, délaisser un peu l'environnement personnel.
01:52 Parce que finalement, le professionnel empiète un petit peu sur le personnel.
01:58 Et je pense que l'une des qualités qui arrive avec l'âge, quand on prend un peu d'expérience,
02:04 c'est d'arriver à se réserver ce que j'appelle des espaces temps qui sont nécessaires pour respirer,
02:10 prendre de la hauteur, profiter de ses proches, profiter de ses siens.
02:13 Et généralement, on arrive beaucoup plus fort après quand on revient justement après les congés.
02:17 Donc là, vous avez pris vos vacances d'été ?
02:20 Oui, j'ai pris trois semaines à l'autre bout du monde.
02:22 Je suis reparti sur les chapeaux de roue, mais par contre, j'ai pris trois semaines avec ma famille
02:27 pour lesquelles j'ai complètement coupé le travail, tout simplement.
02:30 Ça a toujours été le cas ?
02:32 D'ailleurs, quand on démarre peut-être une boîte, on va se dire pendant deux ans, pas de vacances ?
02:36 Ou c'est un peu l'école des fois ?
02:38 Alors non, ça n'a pas toujours été le cas.
02:40 Et d'ailleurs, je me souviens quand j'étais tout jeune dirigeant, quand j'avais 19 ans au début,
02:44 je mélangeais tout. Je travaillais quasiment autant en vacances quand je n'étais pas en vacances.
02:49 Quand je disais avec un brin d'humour, c'est l'expérience, c'est vrai que l'expérience m'a appris à prendre ces espaces temps.
02:55 C'est notamment la crise de 2008-2009 que j'ai traversée, où il y a un moment donné,
03:00 même quand on est en pleine crise, même quand on est parfois au bord du gouffre,
03:04 il faut se réserver ces espaces temps parce qu'on est amené à prendre des décisions très rapidement,
03:08 en très peu de temps. Il faut essayer de prendre les meilleures décisions possibles dans son activité.
03:13 Et pour ça, il faut être lucide, il faut être reposé et il faut avoir les idées claires.
03:17 Et c'est là où, avec l'expérience, on apprend justement à scinder les deux.
03:21 Ça permet d'être tout simplement plus performant lorsqu'on est dans le travail, dans le monde de l'entreprise.
03:26 Alors donc là, vous m'avez dit, c'est rentrer sur les chapeaux de roue.
03:30 Alors c'est un petit peu le cas, on le voit dans l'actualité, notamment l'actualité économique.
03:35 Ce n'est pas très très positif ce que je vais aborder là, mais on voit beaucoup en ce moment
03:40 de procédures collectives, de redressements judiciaires, de liquidations dans certains secteurs,
03:44 je pense notamment à l'habillement, le secteur je pense à la tech ou aux start-up,
03:48 où c'est un petit peu la catastrophe. Alors moi, je m'adresse à vous sur cette question
03:52 parce que vous, vous avez vécu un redressement judiciaire lors de votre première boîte,
03:57 on va nous en parler, et je me demandais, voilà, quand on arrive, un dirigeant arrive à ce moment-là,
04:02 il découvre tout un univers, les mandataires judiciaires, les administrateurs,
04:06 les juges du tribunal de commerce, enfin, vous, c'était complètement inconnu à ce moment-là ?
04:11 Complètement inconnu, et ça l'est toujours d'ailleurs pour un grand nombre de dirigeants,
04:15 même si maintenant on a quand même beaucoup progressé depuis la crise de 2008.
04:19 Mais c'est vrai qu'on rentre dans un monde que l'on ne connaît pas.
04:22 D'abord, ce que l'on oublie souvent, c'est que quand on rentre en procédure judiciaire,
04:26 évidemment, on l'oublie, mais c'est un acte de gestion du dirigeant.
04:31 D'alerter suffisamment tôt pour éviter de se retrouver dans une situation qui est encore plus critique.
04:39 C'est ce qu'on appelle notamment quand on arrive en période de cessation des paiements,
04:43 c'est quelque chose qui demande justement d'avoir cette clairvoyance.
04:47 Pour ça d'ailleurs, il faut avoir les bons indicateurs, il faut bien maîtriser sa trésorerie,
04:51 il faut être en capacité évidemment d'avoir ce que j'appelle les phares et les anti-brouillards,
04:55 c'est-à-dire les différents capillailles nécessaires au bon pilotage d'une entreprise
04:59 pour être justement en mesure de prendre les meilleures décisions possibles.
05:04 Et c'est vrai que ce monde-là, il est extrêmement inconnu.
05:07 Alors, il y a eu des progrès considérables de faits depuis dix ans.
05:10 D'abord, les tribunaux ont beaucoup communiqué depuis la crise de 2008.
05:13 On peut rentrer en période dite de conciliation.
05:16 Les acteurs, évidemment les avocats, les juristes, même les conseils externes,
05:22 aujourd'hui, anticipent beaucoup plus.
05:24 Même les écoles de commerce d'ailleurs donnent aujourd'hui des cours, des formations
05:28 pour justement préparer les dirigeants et les futurs dirigeants à cette éventualité
05:32 parce que ça peut, à un moment donné, être une étape dans la vie d'une entreprise.
05:37 On le voit, vous venez de le citer, aujourd'hui, on est en train d'avoir une accélération très forte
05:41 des mises en redressement judiciaire.
05:43 Alors, il y a un phénomène bien particulier, c'est que pendant le Covid,
05:47 il y a eu un soutien massif de la part de l'État avec des sommes considérables qui ont été allouées.
05:53 Je ne vais pas dire à n'importe qui, ce serait un peu méchant de ma part,
05:57 mais en tout cas avec beaucoup de facilité, ce qui veut dire que les entreprises
06:01 qui étaient malades avant la crise de la Covid-19,
06:05 elles ont été tenues pendant 18 à 24 mois grâce aux fonds fournis par l'État et par les banques.
06:13 Mais si on n'a pas guéri la maladie, évidemment, deux ans après,
06:16 là on se retrouve à nouveau dans les difficultés parce que la dette, il faut la rembourser.
06:20 Et c'est la raison pour laquelle on a un grand nombre d'entreprises
06:23 dans pas mal de secteurs que vous avez cités, qui aujourd'hui sont en train de partir
06:27 et qui malheureusement devront partir parce qu'elles le devaient déjà précédemment, il y a deux ans.
06:32 C'est un rééquilibrage qui se fait au niveau de notre économie
06:35 et avec des projets extrêmement importants sur le plan RH.
06:38 Et vous, à l'époque, comment est-ce que vous avez été accompagné ?
06:41 Puisque, comme vous venez de le dire, c'était beaucoup plus compliqué en tout cas.
06:46 Vous n'étiez pas sorti de cette fameuse école de commerce avec toutes les clés en main.
06:49 Non, ça c'est sûr, je n'étais pas sorti de l'école de commerce.
06:51 Alors, c'est un des avantages, c'est qu'en étant autodidacte,
06:55 il y a une chose que j'ai toujours su faire et pour laquelle on m'avait un peu recommandé ça.
06:59 Quand vous êtes autodidacte, vous n'avez pas toute cette formation, j'allais dire, initiale,
07:03 qui vous donne des repères, qui vous cloisonne finalement avec un certain nombre de repères.
07:07 Et quand on est autodidacte, je trouve que ça développe une qualité assez exceptionnelle,
07:11 c'est qu'on est un peu une éponge, on a besoin de tout apprendre.
07:15 La finance, le juridique, le social, les ressources humaines.
07:19 Et le fait de devoir tout apprendre, ça nous impose aussi à bien s'entourer.
07:23 Je dis toujours que la première qualité d'une dirigeante, d'un dirigeant d'entreprise,
07:27 c'est sa capacité à bien s'entourer.
07:31 Quand on est patron de TPE, PME, il faut quasiment aimer tout et savoir tout faire.
07:35 Mais on ne peut pas être bon et excellent dans tous les domaines.
07:39 On nous demande finalement d'être stratège, d'être visionnaire, d'être commercial,
07:43 de s'occuper des ressources humaines, de s'occuper du juridique, du ressources humaines.
07:47 On a des prédispositions, on a des qualités généralement naturelles.
07:51 Je dis toujours à un dirigeant de consacrer 99% de son énergie là où il l'excelle,
07:55 et au contraire de bien s'entourer là où il est plus fragile,
07:59 pour que l'entreprise puisse avancer durablement.
08:03 Durant la crise de 2008, il y a une chose, c'est comme je ne connaissais pas du tout cet environnement-là,
08:09 immédiatement je me suis rapproché de mon conseiller,
08:13 un fiscaliste, enfin pas un fiscaliste, un avocat en droit social,
08:17 qui m'a mis en relation avec un expert du redressement judiciaire,
08:21 et c'est cette personne qui s'appelle Yves Bodineau, à l'époque,
08:25 qui m'a accompagné conseiller, qui m'a présenté qu'est-ce qu'un tribunal de commerce,
08:29 comment ça fonctionne, quelles sont les procédures, quelles sont les différentes options,
08:33 comment est-ce qu'on prépare un dossier pour se donner une chance de rebondir.
08:37 Et toutes ces étapes-là m'ont permis de bien préparer mon dossier pour pouvoir affronter cette épreuve,
08:42 et derrière laisser une chance à mon entreprise de rebondir.
08:45 Et j'imagine tout ça, en tout cas vous l'avez évoqué dans un livre que vous avez publié il y a quelques années,
08:50 "Ma petite entreprise a connu la crise", d'ailleurs pourquoi ce livre,
08:55 pour un petit peu démocratiser ce sujet un peu tabou ou pas dans l'entreprenariat ?
09:00 Non, alors pour être très honnête, l'idée du livre, quand je suis sorti du tribunal,
09:05 le 30 juin 2009, le tribunal de commerce de Nanterre prononce la mise en redressement judiciaire de mon entreprise,
09:12 et j'arrive in extremis à faire valider ce qu'on appelle une période dite d'observation de 6 mois,
09:17 ça veut dire que j'avais 6 mois pour démontrer au tribunal ma capacité à restructurer l'entreprise,
09:22 regagner de l'argent, et surtout présenter ce qu'on appelle un plan de continuation,
09:28 c'est-à-dire être en capacité de pouvoir rembourser la dette qui avait été accumulée les années passées
09:34 et qui a été gelée à un instant donné. Et j'ai fait ce plan, le plan de continuation a été validé immédiatement,
09:42 puis je suis sorti du redressement judiciaire au bout de 6 mois, donc il y a eu une charge émotionnelle extrêmement importante,
09:48 parce que là vous voyez le coup près, c'est la décision quand même du président qui d'une signature peut décider de la vie ou de la mort de l'entreprise,
09:57 et quand j'ai eu ce soulagement extrêmement important parce qu'il a validé en fait mon plan,
10:03 lorsque je suis sorti du tribunal de commerce, je me suis dit j'ai deux options, soit je vais aller voir un psy et je vais faire une thérapie de 2 ans,
10:09 parce que là il y a quelques chapitres que je n'ai pas bien compris dans ma vie et dans tout ce qui venait de m'arriver,
10:14 soit de cette histoire je vais en faire un bouquin. Et comme je suis un bon autodidacte,
10:18 et que j'ai la chance d'avoir embauché plein de jeunes diplômés dans mon entreprise, j'ai appelé mon ami, enfin salarié,
10:25 Florent Papin, qui est devenu ami après, je lui ai dit écoute Florent, je l'ai appelé à la sortie du tribunal,
10:29 je lui ai dit la nature t'a donné des qualités exceptionnelles, t'as fait Hippocagne, Cagne, Sciences Po Paris, t'as fait Normal Sup A Hulme,
10:37 t'as toujours rêvé d'une chose c'est d'être écrivain, je dis ton seul problème c'est que tu n'as rien à raconter.
10:42 Moi je suis autodidacte, j'ai une histoire exceptionnelle à raconter, c'est celle qu'on vient de vivre,
10:48 et ce que je te propose c'est qu'on fasse un bouquin ensemble pour raconter l'histoire de Solic.
10:53 Et il m'a dit banco, et c'est comme ça qu'on a sorti le bouquin.
10:57 Et alors vous avez écrit celui-là, et il y a aussi beaucoup de gens maintenant qui écrivent beaucoup de choses sur LinkedIn,
11:03 vous avez remarqué c'est un petit peu le nouveau réseau social professionnel,
11:07 au lieu d'écrire un bouquin on raconte "sa vie" alors pro ou perso sur LinkedIn,
11:12 là vous c'est quoi un petit peu votre stratégie là-dessus, en tout cas j'ai vu que vous publiez assez régulièrement,
11:19 mais surtout pour promouvoir Val Humaine, c'est quoi un petit peu derrière l'idée,
11:24 je vois aussi que vous faites aussi un petit peu par contre de temps en temps un peu de perso dessus,
11:29 comment ça vous vient, c'est venu spontanément, c'est pour créer un peu une marque, une brande comme on dit aujourd'hui ?
11:36 Oui c'est vrai, c'est-à-dire que moi ce que j'apprécie énormément dans un réseau comme par exemple LinkedIn,
11:41 c'est d'animer ce que j'appelle une communauté,
11:45 cette communauté j'ai construite au travers de toute ma carrière professionnelle depuis maintenant 28 ans,
11:50 voilà je ne suis plus à combien, je dois avoir 13 000 ou 14 000 abonnés aujourd'hui,
11:54 et cette communauté elle reste fidèle, elle communique, elle partage,
11:59 parce que derrière il y a une ligne directrice pour laquelle je ne me détache pas et pour moi c'est l'humain.
12:04 Voilà, je n'ai pas créé Val Humaine par hasard, je pense que c'est la quintessence de mes 28 années professionnelles,
12:11 d'ailleurs c'est Val Humaine l'humain comme valeur parce que j'accompagne les entreprises pour mener des grands plans de transformation,
12:17 et au travers du réseau LinkedIn, toute cette communauté que j'anime,
12:21 elle a pour vocation de faire passer des valeurs, des messages autour des transformations,
12:27 d'ailleurs tant sur le plan personnel que sur le plan professionnel,
12:31 que dans l'organisation du travail, la transformation des entreprises,
12:36 et c'est pour ça que je lis un petit peu toujours les deux,
12:38 je peux reprendre un poste qui a eu un petit succès durant l'été, j'ai mes deux filles.
12:44 - J'allais le citer, il m'a marqué sur vos deux filles, Julie et Lucie.
12:48 - Exactement, elles m'ont dit papa parce qu'elles voient beaucoup leur papa travailler,
12:53 et j'ai dit quand vous serez en vacances, vous allez faire un petit stage d'une journée, deux journées chez Val Humaine,
12:58 et je les ai emmenés le matin et je les mets au même rythme que moi,
13:01 c'est-à-dire qu'elles se sont levées à 6h du matin,
13:04 elles sont arrivées, il était 6h30 au travail, je leur ai fait le petit déjeuner,
13:10 et je leur ai montré dans quel environnement je travaillais pour leur transmettre l'esprit d'entreprendre, l'envie d'entreprendre.
13:16 Alors entreprendre, ça ne veut pas seulement dire créer une entreprise de main,
13:21 on peut entreprendre, d'abord il faut déjà entreprendre pour sa vie,
13:24 construire sa vie personnelle, donner de son temps à une association,
13:28 travailler, faire du sport auprès d'un collectif, c'est entreprendre,
13:32 et donc moi mon objectif c'est de transmettre cette envie d'entreprendre et de montrer comment est-ce qu'on développe.
13:37 Bon, apparemment elles n'ont pas été trop effrayées, puisqu'à chaque fois elles veulent revenir pendant les vacances
13:43 pour venir travailler dans l'entreprise de papa, donc ça fonctionne plutôt bien.
13:46 Alors c'est intéressant toute cette notion d'entrepreneuriat qui est très présente chez vous,
13:53 vous avez un fort engagement, en tout cas on le ressent si en plus vous amenez de temps en temps vos filles au bureau.
13:59 J'ai trouvé aussi que vous avez un fort engagement au niveau peut-être citoyen,
14:04 puisque vous avez pendant un temps été président du parti politique Nous Citoyens.
14:09 Alors je ne vais pas vous faire la question, est-ce que pour faire bouger les choses c'est mieux d'être chef d'entreprise ou alors d'être politique,
14:15 mais en tout cas à ce moment-là, quand vous dites je vais m'embarquer dans cette aventure, faire ça à côté,
14:20 qu'est-ce qui vous est passé par la tête de dire, allez je me rajoute ça en plus ?
14:24 Oui, alors bon, il y a une raison à ça quand même, il faut revenir à l'origine,
14:28 c'est qu'à l'origine je suis un enfant dyslexique et hyperactif,
14:35 donc je dors 4 heures par nuit, et quand on dormait 4 heures par nuit, il faut occuper ses journées,
14:41 c'est le propre de l'hyperactivité.
14:43 C'est vrai qu'à l'époque en 2012, j'étais en plein essor, j'avais une espèce de rancœur contre les politiques,
14:53 je trouvais que notre pays prenait franchement une très mauvaise direction,
14:58 qu'on avait globalement, je dis bien globalement parce que tous les politiques ne sont pas comme ça,
15:02 mais une espèce de pensée unique, avec un mode d'action très stéréotype,
15:09 et je trouvais qu'en fait les politiques ne représentaient pas la France et ce que ce pays incarne.
15:17 Et donc j'en ai eu ras le bol et je me suis dit maintenant il faut arrêter de râler, il faut arrêter de contester,
15:21 il faut agir, il faut créer son mouvement.
15:23 Donc j'ai créé un premier mouvement qui s'appelait à l'époque "Entreprendre pour la France",
15:26 que j'ai monté quand même à pas loin de 17 000 adhérents, en partant d'une feuille blanche, en partant de zéro,
15:31 avec une ligne directrice qui était sociale pour l'homme, libérale pour l'entreprise et écologique pour tous,
15:37 c'était la grande ligne directrice, et l'idée était de faire émerger des citoyens,
15:42 toutes les bonnes idées sur des grands chantiers, autour de l'économie, du social, du libéralisme, de l'entreprise, de l'écologie bien évidemment,
15:51 pour construire un projet, pour créer une grande vague citoyenne, renverser tout le système et puis créer un parti 3.0.
16:01 C'était un projet fantastique, je pense que l'idée était très bonne,
16:05 je pense que ce qu'on a réussi à faire est assez exceptionnel,
16:09 c'est pour ça que j'ai rejoint après nous Citoyens, qui avait été créé par Denis Paire quasiment en parallèle.
16:14 Maintenant dans l'exécution, dans le système actuel, c'est très très très compliqué de faire les deux.
16:20 Et pour répondre un peu à votre question, on ne peut pas être entrepreneur et homme politique au sens noble,
16:28 à côté c'est pas possible, parce que les deux prennent considérablement beaucoup de temps, finalement.
16:34 Et j'en ai, ma conclusion en 2018, d'ailleurs à l'élection d'Emmanuel Macron,
16:40 puisque j'ai arrêté mon mandat en 2018, c'était que je ne pouvais pas faire les deux,
16:44 donc je suis reparti sur l'entreprenariat.
16:46 Je dirais que la politique ça doit être un engagement à temps plein,
16:50 parce que c'est très prenant, parce qu'il faut faire beaucoup de pédagogie,
16:53 beaucoup de communication et c'est ça, mais c'était passionnant.
16:56 Et pendant cette période-là, vous avez rebasculé dans le monde du salariat,
17:04 vous avez intégré des cabinets de conseil, c'était voilà 2016 par là.
17:09 C'était comment cette transition, après avoir pendant des années porté une boîte,
17:15 et hop on se retrouve à devoir obéir à des gens, à suivre ce qu'on nous dit de faire un petit peu ?
17:21 Alors c'est un petit mix entre les deux, c'était en 2017 jusqu'à fin 2019.
17:28 J'ai effectivement intégré un cabinet, alors c'est pour une autre raison.
17:32 J'étais autour de la quarantaine, la crise de la quarantaine chez moi,
17:36 elle a duré deux ans, j'ai été très casse-pieds, mon époux s'en souvient encore.
17:42 Et à l'époque je me posais beaucoup de questions, je suis un entrepreneur dans l'âme,
17:45 mais il y avait toujours, malgré le bouquin, malgré les années, une cicatrice sur le fait d'avoir à un moment donné
17:53 mis en redressement judiciaire mon entreprise.
17:56 Et il y a un moment, vous vous posez à 40 ans, vous avez 25 ans de vie professionnelle,
18:00 j'ai une chance exceptionnelle d'être marié, d'avoir 4 enfants,
18:03 mais qu'est-ce que je vais faire de ma vie finalement pour les 20 ans qui suivent ?
18:07 Et donc à un moment donné je me posais trop de questions,
18:10 et je me suis dit, j'ai besoin d'un peu de repos, je vais plutôt intégrer un cabinet,
18:14 d'ailleurs deux managements de transition,
18:16 donc c'est là où j'ai intégré un cabinet qui s'appelle Delville Management,
18:19 et je me suis dit, je vais intégrer ce cabinet, je vais apporter tout mon savoir-faire,
18:23 mon expérience, mon réseau.
18:25 Alors il y a une particularité, j'ai refusé d'être salarié dans le cabinet,
18:29 je me suis mis quand même en indépendant,
18:31 d'ailleurs je l'avais bien dit aux deux dirigeants de l'époque, Patrick et Anthony,
18:35 je leur ai dit écoutez, j'accepte de vous rejoindre, mais il me faut deux choses,
18:38 il me faut de la liberté d'entreprendre, et je ne veux pas être salarié.
18:43 Voilà, je ne veux pas rendre de compte.
18:45 Donc j'ai passé deux ans et demi dans cet écosystème-là, dans cet environnement-là,
18:49 pour ensuite recréer un projet entrepreneurial, effectivement, trois petites années après.
18:54 - Vous avez le 31 décembre, c'est ça ?
18:57 - Oui, alors la création exacte, j'ai quitté effectivement Delville fin 2019,
19:02 et j'ai créé réellement Vallumen le 6 mars 2020,
19:06 alors vous allez me dire, j'étais en pleine crise,
19:09 puisque nous étions à quelques jours avant le premier grand confinement,
19:12 la grande guerre annoncée par Emmanuel Macron, et c'est là où j'ai créé Vallumen.
19:16 - Et là quand vous recréez Vallumen, vous vous dites c'est bon,
19:21 là j'ai essuyé assez de peau cassée, ça va être beaucoup plus facile cette fois,
19:25 ou non, au contraire, c'est une nouvelle aventure, il faut quand même faire super attention ?
19:29 - Alors nouvelle aventure, le grand paradoxe c'est que je crée Vallumen le 6 mars 2020,
19:34 effectivement un jour après Emmanuel Macron annonce,
19:38 on écloîterait chez nous, terminé, interdiction de sortir, bon sur le sujet,
19:42 ma femme vient me voir, elle me dit non mais c'est pas possible là,
19:45 on va pas recréer une entreprise en pleine crise avec le contexte,
19:48 et je me souviens très bien de ce que je lui ai dit, je lui ai dit écoute, ne t'inquiète pas,
19:51 autant la première crise m'a tétanisé, c'était une première, j'étais inquiet,
19:55 ça a été une crise terrible, et j'étais par moments même tétanisé, c'est le bon terme,
20:01 autant celle-là, sans doute le fruit de l'expérience, du bouquin, des connaissances,
20:06 je sais exactement comment je vais l'affronter,
20:10 et pendant que tous les autres vont être tétanisés, moi je vais investir,
20:14 travailler et lancer le projet, et en fait ça a été un départ assez fulgurant,
20:18 parce que ce confinement m'a permis de trouver le nom, de créer le site internet,
20:22 de prospecter mes premiers clients, d'appeler mes managers,
20:25 d'utiliser la Visio pour lancer toute l'activité,
20:28 et ça a été un démarrage, très honnêtement, comme jamais j'aurais pu l'imaginer,
20:33 et en plus on est rentré dans le dernier classement Les Echos,
20:37 le top 500 La Croissance, à la 9ème place cette année encore,
20:42 avec des performances assez incroyables.
20:44 Et on pourrait dire, c'est quoi le style de Nicolas, en termes de management ?
20:50 Alors si vous interrogez mes collaborateurs, mes associés,
20:55 ils vous diront que Nicolas, je suis d'une énergie débordante,
21:01 parfois trop, c'est la limite, bien sûr,
21:05 c'est-à-dire que je vais parfois trop vite, trop de projets,
21:08 mais j'ai cette chance maintenant à 47 ans,
21:11 j'ai une directrice générale déléguée remarquable,
21:14 qui est un peu ce que j'appelle mon ange gardien chez Valumen,
21:17 et quand je vais trop vite, et que ça commence à dépasser un peu les bornes,
21:21 elle me rappelle et elle me dit, là Nicolas, tu vas beaucoup trop vite,
21:24 on redescend de deux étages et on va faire une petite pause.
21:27 Voilà, ça c'est l'énorme avantage de prendre en expérience par définition,
21:31 donc j'ai toujours cette même énergie, cette envie de développement,
21:36 de développer les compétences.
21:38 Je le dis à tous mes collaborateurs, j'ai cette chance-là chez Valumen,
21:42 j'ai un seul et unique objectif, c'est que chacun de mes salariés
21:46 doit prendre un maximum de plaisir au travail.
21:49 On passe deux tiers de sa vie à travailler,
21:52 mon objectif c'est qu'ils viennent le matin avec le sourire,
21:55 avec de l'envie d'investir, et je suis très heureux
21:59 parce qu'aujourd'hui c'est une magnifique réussite au sens,
22:02 je vais dire sur le plan humain, j'ai des jeunes collaborateurs,
22:05 le plus jeune a 18 ans, c'est un jeune, Charles,
22:09 qui est arrivé pour un stage d'une semaine,
22:11 il a décidé d'arrêter, enfin de mettre entre parenthèses
22:14 ses études après le bac, il a tout blaqué,
22:16 il avait qu'une seule envie, c'était de rejoindre Valumen.
22:19 Et puis vous avez un Thibaut, à l'opposé,
22:22 qui a 62 ans, 63 ans, il est à la retraite depuis maintenant 3 ans,
22:27 il était venu pour travailler une journée par semaine,
22:30 aujourd'hui il a temps plein, il ne veut plus partir,
22:33 il est pleinement épanoui, donc on arrive à gérer justement
22:36 des hommes et des femmes de 18 à 66 ans, même pour le plus senior,
22:40 et à partager un projet entrepreneurial,
22:43 et c'est ça ma vocation aujourd'hui en tant que dirigeant
22:45 et animateur de cette communauté.
22:47 - J'avais commencé l'émission par un sujet pas très drôle
22:50 sur les procédures collectives, redressement judiciaire,
22:53 donc on va finir quand même par une note plus positive,
22:56 et vous avez mentionné que vous faites partie
22:58 des champions de la croissance de ce classement,
23:01 qu'est-ce que c'est l'hyper-croissance,
23:04 comment est-ce que vous l'avez vécue,
23:06 c'est-à-dire s'il y a des entrepreneurs,
23:08 évidemment des dirigeants qui nous regardent,
23:10 c'est quoi un peu les 3 décisions,
23:12 en tout cas les 2-3 questions qu'il faut se poser
23:15 quand tout d'un coup tout ça, ça arrive,
23:17 parce qu'on pourrait avoir tendance à se dire
23:19 "Allez, je vais recruter à fond, puis on verra après".
23:22 - Oui, c'est une très bonne question et c'est important,
23:25 parce qu'en plus de ça, dans ce que j'appelle l'hyper-croissance,
23:28 vous avez des paliers.
23:30 Vous allez pouvoir pendant un an faire de l'hyper-croissance,
23:32 tout va très bien fonctionner, puis à un moment,
23:34 vous allez atteindre un palier, et ça va être
23:36 beaucoup plus compliqué, parce que vous avez
23:38 un peu plus d'effectifs, parce que l'hyper-croissance
23:40 demande beaucoup de cash, donc on pourrait reparler
23:42 du sujet de la trésorerie, c'est bien l'hyper-croissance,
23:44 mais si derrière ça ne suit pas,
23:46 ça peut vite, j'ai vu des entreprises faire
23:48 de l'hyper-croissance et s'effondrer,
23:50 et aller au dépôt de bilan.
23:52 Donc dans l'hyper-croissance, ce qui est très important,
23:54 c'est que le dirigeant ou la dirigeante
23:56 doit parfaitement bien construire ses fondations,
23:59 quand les fondations sont solides,
24:02 sur le plan RH, sur le plan ressources humaines,
24:06 sur le plan technologique, sur le plan financier,
24:10 d'avoir des ressources, c'est-à-dire une trésorerie
24:12 qui est capable de suivre.
24:14 Si vous commencez à faire de l'hyper-croissance,
24:16 que vous ne relancez plus vos clients,
24:18 donc que l'argent ne rentre plus,
24:20 si un moment vous vous retrouvez en panne de liquidité,
24:22 l'hyper-croissance va s'arrêter immédiatement.
24:24 Donc en fait, les fondations, les fondamentaux
24:26 de l'entreprise doivent être extrêmement solides,
24:28 ça c'est un élément. C'est surtout avoir
24:30 les bonnes personnes au bon poste,
24:32 hyper important, que chacun soit dans son rôle,
24:35 et que les maillons, comme ça, puissent se compléter
24:38 les uns les autres, pour que l'ensemble
24:40 puisse bien fonctionner. Et ça, c'est un élément
24:42 important pour pouvoir gérer l'hyper-croissance.
24:44 - Super, et bien merci pour tous ces anecdotes,
24:50 c'était super intéressant, et maintenant on va passer
24:52 à la séquence "l'Interview top chrono".
24:54 [Musique]
24:58 Et maintenant on va passer à la séquence
25:00 "l'Interview chrono". Alors vous êtes prêt Nicolas ?
25:04 - Je suis prêt.
25:05 - Alors je vais vous poser une série de questions,
25:07 alors ça appartient un peu dans tous les sens,
25:09 vous me répondez assez spontanément,
25:11 et puis bien sûr vous pouvez un petit peu
25:13 quand même justifier vos réponses.
25:15 On a parlé de parti politique tout à l'heure,
25:17 donc si vous deviez aujourd'hui rejoindre
25:19 un parti politique, ça serait lequel ?
25:21 - Le mien, nous citoyens.
25:23 [Rires]
25:25 - Vous aidez beaucoup les entreprises,
25:27 les entrepreneurs, vous avez parlé de ça,
25:29 de tout votre engagement, et en particulier
25:31 les entreprises en difficulté, via votre livre,
25:34 et d'ailleurs vous en aviez publié un autre,
25:36 "L'état ça", donc qui était que ma petite entreprise
25:38 a encore connu la crise.
25:40 Il y aurait une société aujourd'hui
25:42 que vous auriez peut-être aimé sauver,
25:44 on en a vu beaucoup partir au tapis,
25:46 ou en ce moment qui va mal et que vous aimeriez beaucoup sauver ?
25:48 - Il y en a plein, mais j'en fais tous les jours,
25:51 mais des entreprises dans le secteur aujourd'hui
25:56 de l'industrie, une entreprise qui allait
26:03 me poser une colle là.
26:06 - Mais dans l'industrie, c'est déjà pas mal.
26:08 - Oui, il y en a beaucoup.
26:10 - Oui, et surtout avec aujourd'hui France 2030,
26:13 il y a beaucoup de sujets là-dessus.
26:16 Est-ce que vous pouvez me citer, alors moi c'est un sujet
26:18 que j'aime beaucoup, c'est l'entrepreneuriat féminin,
26:20 est-ce que vous pouvez me citer le nom d'une
26:22 entrepreneuse ou d'une dirigeante française ?
26:24 - Ah oui, Victoria Benahim.
26:27 - Qui est ?
26:29 - Qui est une jeune startupeuse
26:31 qui a connu un échec, qui avait créé des bracelets
26:34 connectés autour de la santé,
26:37 qui a connu une mauvaise association,
26:41 qui a dû se mettre en redressement judiciaire,
26:43 que j'ai accompagnée et qui a brillamment rebondi
26:47 dans le domaine de la restauration collective.
26:50 - Oui, récemment, j'ai échangé avec elle il y a deux semaines.
26:53 - Et bien voilà, Victoria Benahim.
26:55 - Oui, oui, oui.
26:57 - Est-ce que vous êtes plus télétravail, présentiel, hybride ?
27:01 - Je suis présentiel mais je suis beaucoup sur le terrain.
27:04 - Si vous deviez changer quelque chose au code du travail,
27:07 ça serait quoi ?
27:09 - L'intégralité du code du travail.
27:11 Plus agile, plus souple, plus dans l'air du temps.
27:13 - Vous êtes plutôt, allez, LinkedIn, Instagram ou TikTok ?
27:17 - Non, LinkedIn.
27:19 - Une idée de boîte là, que vous aimeriez monter aujourd'hui,
27:23 une autre ?
27:25 - Alors peut-être dans l'industrie,
27:28 parce que j'ai toujours fait du service,
27:31 et c'est vrai que le côté industriel, fabriquer quelque chose,
27:34 je suis toujours passionné de voir des usines de fabrication,
27:37 peu importe, mais aller dans l'industrie,
27:39 c'est quelque chose qui me motivera énormément.
27:41 - Allez, l'application que vous utilisez le plus ?
27:44 - Waze, pour mes déplacements.
27:46 - Ça arrive, moi aussi, je crois.
27:49 Et le GAFA, peut-être, qui vous impressionne le plus ?
27:53 - Amazon.
27:56 - Allez, Amazon.
27:58 - Franchement, Amazon, c'est success story incroyable.
28:02 - Merci, c'est déjà terminé, c'est un peu longtemps.
28:05 L'interview chrono, elle porte bien son nom.
28:09 Merci beaucoup encore, Nicolas, d'être venu pour ce premier numéro.
28:13 Ça a été super enrichissant, et puis je pense que ça a été une réussite,
28:16 en tout cas, on l'espère, et que ça donnera envie à d'autres
28:19 de venir sur ce plateau pour parler de son travail de dirigeant,
28:24 son quotidien. Merci encore.
28:26 - Merci beaucoup, c'était un plaisir.
28:28 - Merci.
28:30 (indicatif musical)
28:33 ♪ ♪ ♪