Mardi 9 janvier 2024, SMART TECH reçoit Jean-Paul Smets (PDG, Rapid.Space) , Michel Hassan (cofondateur, SWYTOUCH) , Willy Toureau (mainteneur, HA Proxy) , Philippe Esling (chercheur, IRCAM) et Faustine Fleuret (Présidente et Directrice Générale, Adan)
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00:00 [Musique]
00:08 Bonjour à tous. Il y a ces logiciels qu'on utilise sans vraiment le savoir et puis il y a ceux qu'il faudrait qu'on utilise parce qu'ils s'avèreraient indispensables une fois qu'on les aurait testés.
00:18 Voilà, on va faire un gros focus sur les logiciels libres dans le domaine de la création de contenu pour tous les créatifs. Ce sera notre grand sujet aujourd'hui.
00:25 Et puis on partira du côté des cryptos. Regardez comment s'annonce 2024. Mais d'abord, je propose de découvrir une innovation pour rendre tous ces contenus justement générés
00:35 et bien encore plus interactifs qu'ils ne le sont aujourd'hui. Ces trois questions à tout de suite dans Smartech.
00:41 [Musique]
00:46 Comment faire de chaque contenu une expérience immersive ? Et oui, c'est le rêve de tous les créateurs de contenu. Et bien il y a des technos qui peuvent nous y aider.
00:54 Je vous propose cette innovation, cette innovation pour tous les producteurs de contenu. C'est Michel Hassan qui va nous en parler.
01:00 Il est connecté avec nous à distance qu'au fondateur de SwyTouch. Bonjour Michel.
01:05 Bonjour, bonjour.
01:06 Alors vous, votre promesse c'est de rendre ces vidéos qu'on produit mais aussi ces retransmissions d'événements en direct davantage interactifs.
01:14 Comment est-ce que vous comptez vous y prendre pour cela ?
01:18 En fait, on a développé une technologie qui permet justement de rendre toutes les images ou tout ce que vous voyez interactif.
01:25 En fait, concrètement, que vous regardez un film, une émission de télévision ou que vous alliez voir un concert ou un défilé de mode ou un spectacle vivant,
01:33 quand vous voyez quelque chose qui vous plaît, vous allez pouvoir ou cliquer sur l'écran ou dans le deuxième écran, à savoir dans votre téléphone,
01:40 apparaîtra tout ce qui est sur scène ou tout ce qui est dans votre écran et ça vous permettra d'y accéder directement.
01:46 Alors d'ailleurs, vous avez repris un extrait de Smartech de notre émission pour montrer un petit peu à quoi ressemblerait l'interface.
01:54 Donc on va regarder ça ensemble, on va voir ça défiler.
01:57 Mais est-ce que l'idée, c'est de relancer le concept de télé interactive parce que ce n'est quand même pas nouveau cette idée de vouloir faire de la télé interactive ?
02:04 Pourquoi est-ce que ça fonctionnerait aujourd'hui ? Pourquoi est-ce qu'on vous suivrait sur cette techno ?
02:08 En fait, la télévision interactive, c'est un vieux rêve.
02:11 Mais en fin de compte, aujourd'hui, quand vous regardez la télévision, qu'est-ce qu'il y a d'interactif ?
02:16 À part de faire stop, marche avant et marche arrière, vous ne pouvez rien faire de plus.
02:20 Là, aujourd'hui, par exemple, là, nous sommes en train de regarder une émission à vous.
02:25 Vous constatez qu'on pourrait cliquer, par exemple, sur votre veste bleue ou on pourrait cliquer sur vous pour en savoir plus sur vous.
02:32 Ou alors, comme vous pouvez le voir, il y a des boutons sur le côté, des hotspots qui sont apparus.
02:37 On pourrait cliquer dessus et ça vous permettrait d'y accéder et d'avoir plus d'informations.
02:42 On voit des filets jaunes aussi autour des personnages. Ça veut dire qu'on peut accéder à de l'information sur eux également ?
02:49 Exactement. Ça, c'est une suggestion. Le filet, on peut l'adapter et le personnaliser, évidemment.
02:55 Mais surtout, si vous êtes au fond de votre canapé, par exemple, évidemment, votre écran n'est pas interactif.
03:00 Donc, vous avez vu, en bas à droite, il y avait un petit QR code qui a été généré.
03:05 Donc, il suffira à ce moment-là, du fond du canapé avec votre téléphone, de flasher le QR code et vous verrez apparaître toute la liste de ce qui était interactif à l'écran dans votre téléphone,
03:15 tout en regardant votre programme sur la télévision.
03:18 D'accord. Alors, on ne voit qu'un petit bout du QR code, mais on a compris le principe.
03:22 Je vous posais la question, pourquoi ? Est-ce que ce serait le bon moment ?
03:25 Est-ce que, déjà, cette technologie que vous proposez, elle n'est pas encore tout à fait sur le marché ?
03:30 Si, elle est sur le marché depuis maintenant un mois et notre technologie est archi-prête.
03:35 Très bien. Et elle est destinée à qui ? Alors, à qui vous allez la proposer en premier ou qui se l'est déjà appropriée ?
03:41 Alors, en fait, aujourd'hui, nous, on la propose à tous les diffuseurs ou producteurs d'images.
03:46 Ça, c'est le basique, c'est-à-dire autant une chaîne de télévision, vous, par exemple, vous pourriez être intéressé,
03:51 mais il y en a d'autres avec qui on est en discussion à l'heure actuelle,
03:54 pour pouvoir l'intégrer dans leur programme de télévision que vous voyez dans le courant de votre journée ou de votre soirée.
04:01 Mais également, on le propose sur tous les événements live. Je le redis.
04:05 Imaginez deux secondes que vous alliez voir un concert, Beyoncé ou ce que vous voulez,
04:10 et que, lors du concert, elle propose de mettre des informations à disposition.
04:15 Ça va de la tenue qu'elle décide de mettre en vente, comme les images qui sont derrière elle, ou n'importe quel événement.
04:21 Et bien, donc, cet élément apparaîtra dans votre téléphone, et vous pouvez cliquer dessus pour y accéder à la fin du programme.
04:28 Voilà. Ça permet, en fait, d'enrichir et de permettre interactivement d'accéder à toutes les données qu'on veut et qui sont derrière ce que vous voyez.
04:36 Donc, c'est plutôt un usage publicitaire que vous imaginez dans un premier temps, pour ces vidéos interactives ?
04:42 Non, non, parce que, justement, on est en discussion avec certains diffuseurs de télévision.
04:46 Pour enrichir, c'est ce qu'on a fait dans le cadre de votre émission.
04:49 C'est-à-dire qu'en fait, sur le côté, il y a des boutons qui sont apparus.
04:53 Et imaginons deux secondes que vous vouliez en savoir plus sur tel ou tel événement ou tel ou tel élément.
04:58 Et bien, vous pouvez cliquer dessus parce que vous avez accès à des données complémentaires et qui enrichissent votre programme lui-même.
05:05 Donc, c'est-à-dire que, oui, ça permettrait non seulement d'arriver à cette ère de la télé délinéarisée,
05:10 ce qui, ça, ça y est, c'est fait avec les plateformes de streaming, mais aussi d'arriver à une télé beaucoup plus personnalisée, finalement.
05:17 Exactement. Imaginons deux secondes, vous regardez un JT ou on regarde votre programme,
05:22 et puis vous donnez une information et vous voulez en savoir plus.
05:25 On parle de SwiTouch, parlons-en directement.
05:27 Vous posez des questions à l'heure actuelle, elles sont ciblées, et vous parlez d'un truc précis, SwiTouch.
05:33 Mais si, moi, j'étais un producteur d'images, je veux en savoir plus,
05:37 je vais pouvoir cliquer sur un bouton qu'on a décidé de rendre apparent.
05:41 Vous allez cliquer dessus et vous allez arriver directement chez SwiTouch ou sur la vidéo SwiTouch
05:47 et obtenir toutes les informations que vous voulez.
05:49 Écoutez, on verra, Michel Hassan, on verra bien si ce sera l'année ou pas des vidéos interactives en 2024.
05:56 Michel Hassan, au fondateur de SwiTouch. Merci beaucoup.
05:59 On passe à la découverte des logiciels. Des logiciels libres pour les créatifs.
06:08 Et c'est l'heure de notre grand rendez-vous avec le monde du libre et Jean-Paul Smets, PDG de Rapid Space.
06:13 Bonjour Jean-Paul. Bonjour.
06:14 Une année qui commence fort, la 2024. On a deux grands invités avec nous pour cette édition, nouvelle édition de la nouvelle année.
06:22 Willy Tarrou, mainteneur de HAProxy, qui est en plateau. Bonjour. Bonjour.
06:27 Et Philippe Hessling, qui est chercheur à l'IRCAM, à distance, lui, connecté,
06:31 qui va patienter encore un petit peu parce qu'on va commencer par Willy, si vous le voulez bien, Philippe.
06:36 Je disais donc deux figures quand même importantes, majeures du logiciel libre dans le domaine de la création des contenus.
06:42 On va voir pourquoi. Et donc on commence avec HAProxy. Donc un poids lourd. Pourquoi ?
06:47 En fait, c'est un logiciel libre dont on a le créateur sur le plateau, qui a été créé en France, qui continue à être développé en France principalement,
06:56 et dont les utilisateurs sont Alibaba, Godaddy, Free, GitHub, Bitbucket, Stackoverflow, Instagram, Tumblr, Twitter,
07:04 Wikipédia et plein d'autres. C'est un logiciel qui sert à véhiculer les contenus des plus gros sites web du monde,
07:12 qui sert aux banques à rendre hautement disponibles leurs infrastructures. C'est un logiciel qui permet aux clouds de passer à l'échelle.
07:19 Et c'est un logiciel libre qui a 22 ans et dont les développeurs tiennent de temps en temps à Paris des conférences
07:26 où viennent des centaines de développeurs. Alors quand tu nous présentes les choses comme ça, on a l'impression que tu parles de Linux, en fait.
07:32 C'est pas Linux qui est finlandais, mais c'est aussi un logiciel d'infrastructure qui est vraiment au cœur de tout le web.
07:40 Alors pour comprendre à quoi il sert, je vais un peu expliquer comment marche le web.
07:46 Quand vous êtes en France et que vous cherchez à vous connecter à un site web en Chine ou en Chine à un site web en France,
07:52 à cause de la vitesse de la lumière qui fait 200 000 km/s dans les fibres optiques, 300 000 km/s dans le vide.
08:00 C'est pas le même chiffre, c'est pour ça. Et dans la fibre, c'est un peu moins rapide.
08:03 L'aller-retour entre la France et la Chine, c'est environ un quart de seconde.
08:07 Et comme on fait des connexions sécurisées, HTTPS, il faut faire plusieurs échanges de clés, jusqu'à 4.
08:13 Et donc 4 fois un quart de seconde, ça fait une seconde. Donc la page va commencer à arriver au bout d'une seconde.
08:19 Et puis là, la page va dire "Allez me chercher une centaine d'images de CSS, de JavaScript".
08:24 Qu'on va chercher, hélas, encore dans la plupart des systèmes 4x4.
08:29 Donc on va avoir 100 images à chercher, 4x4 divisé par 4, ça fait 25, divisé par 4, parce qu'un quart de seconde, on est à 7 secondes.
08:38 Donc la page va mettre 8 secondes à s'afficher pour passer d'un continent à l'autre.
08:43 Mettrait, puisque c'est pas le cas.
08:45 C'est le cas si vous utilisez les sites du gouvernement français en Chine ou du gouvernement chinois en France.
08:50 Parce que justement, ils n'utilisent pas un logiciel qui s'appelle un proxy, plus précisément un reverse proxy.
08:57 Et ce que fait ce logiciel, c'est que si on est un site gouvernemental, par exemple chinois, et qu'on installe en France un reverse proxy,
09:05 le reverse proxy va agir comme une sorte de relais vers le site, le vrai, en Chine.
09:11 Et la connexion va s'établir non pas en un quart de seconde, mais en un quart de seconde divisé par 10, donc très rapidement.
09:17 Et va même également être capable, parfois quand deux utilisateurs demandent la même chose, de faire une seule demande.
09:22 Ce qui va permettre de sauver de la bande passante, de l'énergie.
09:25 Donc ça va plus vite, c'est bon pour la planète.
09:28 Et c'est comme ça que marche la plupart des grandes infrastructures dans le monde, comme par exemple celle de Facebook.
09:33 Donc si on regarde comment fonctionne Facebook, c'est une infrastructure avec plusieurs étages.
09:40 Donc tout en haut de Facebook, on a en fait le data center qui contient vos données.
09:47 Et Facebook n'a que 15 data centers dans le monde, c'est très peu.
09:51 Ensuite, un peu plus bas, on a ce qui s'appelle les points de présence.
09:54 Ce sont des sites qui servent à fluidifier les échanges internet entre opérateurs qui ne sont pas toujours d'accord entre eux.
10:01 Par exemple, Frii et Orange.
10:03 Donc on va créer un point de présence connecté d'un côté à Frii, de l'autre côté à Orange,
10:07 en espérant que comme ça on va fluidifier leurs éventuelles disputes qu'on a pu voir quelques fois dans le passé.
10:12 C'est pareil en Chine entre China Mobile et China Unicom.
10:15 Ensuite, il y a le fournisseur d'accès internet, ensuite il y a l'utilisateur.
10:19 Et l'utilisateur, quand il se connecte à Facebook ou qu'il croit se connecter à Facebook,
10:23 en réalité se connecte à ce qui s'appelle un reverse proxy,
10:27 qui a été placé par Facebook ou un autre chez le fournisseur d'accès internet.
10:32 C'est le principe du CDN ?
10:34 C'est comme le CDN.
10:37 Comme un Akamai.
10:39 Comme un Akamai qui a fait ça à la fin des années 90.
10:42 Sauf qu'aujourd'hui, tout le monde crée son CDN, Facebook, Google, absolument tous les opérateurs.
10:48 Et donc on se connecte en réalité au reverse proxy qui est chez votre fournisseur d'accès internet.
10:54 La connexion s'établit rapidement, les pages sont téléchargées très rapidement,
10:58 et le logiciel de reverse proxy le plus utilisé au monde par toutes les sociétés comme Github et autres dont on a parlé,
11:05 ça s'appelle HachaProxy et c'est fait par Willy Taro.
11:09 Qui est donc avec nous. Merci beaucoup Willy d'être sur le plateau de Smartech.
11:13 Donc vous avez créé ce logiciel, visiblement incontournable,
11:17 donc en quelque sorte une porte d'entrée vers nos sites web.
11:22 Comment est-ce que c'est arrivé ? Comment vous êtes arrivé à produire, à concevoir ce logiciel ?
11:27 C'est une longue histoire, mais je vais essayer de la résumer et de faire bref,
11:30 parce que j'ai pris l'habitude à force de la synthétiser.
11:33 En 2001, je travaillais en prestation pour une grande banque française,
11:38 et on avait des équipements de répartition de charges qui étaient plus orientés réseau, on va dire.
11:44 Ils marchaient très bien sur les couches basses au niveau réseau,
11:47 mais ils marchaient très très mal quand il fallait monter dans les couches et faire du HTTP.
11:51 Et comme on rencontrait pas mal de problèmes, moi j'ai proposé de dépoussiérer un vieux proxy
11:57 que j'avais fait quand j'étais étudiant, qui me servait à compresser sur des liens modem à bas débit,
12:01 et puis de commencer à faire des modifs dedans, et d'implémenter ce qu'on appelle de la persistance,
12:05 ou stickiness en français, pour délester...
12:07 En anglais plutôt.
12:08 En anglais, merci.
12:11 Pour délester les répartiteurs en place, et de ce fait ils allaient traiter un centième du trafic applicatif.
12:18 Donc on a mis ça en place, et d'ailleurs je l'avais fait uniquement pour la haute disponibilité,
12:23 c'est ce qu'a donné le nom au logiciel, HA pour High Availability.
12:26 En me jurant que je ne ferais jamais de répartition de charges parce que c'est trop compliqué,
12:30 il faut faire des tests de bonne santé sur les serveurs et tout, et puis il n'est pas question que je me lance là-dedans.
12:34 Et puis ça a tellement simplifié les choses, et tout s'est mis à marcher tellement mieux,
12:38 que finalement un mois plus tard j'ai quand même implémenté la répartition de charges.
12:41 Ça a commencé comme ça, et puis c'était utilisé essentiellement au sein de cette entreprise au départ,
12:48 et puis j'ai continué à enrichir les fonctionnalités et tout,
12:51 et comme c'était un logiciel libre au départ, dont je suis parti, qui était celui que j'avais créé,
12:54 donc il est resté libre, et il a continué à évoluer comme ça.
12:57 Des gens ont commencé à s'en servir petit à petit, à l'adopter, comme Free, par exemple,
13:01 qui a été un des tout premiers utilisateurs de grosse taille, on va dire, qui m'ont fait pas mal de retours.
13:07 Et puis suite à ça, moi j'avais cofondé d'ailleurs avec deux autres amis une société qui s'appelait ExoSec,
13:15 et on faisait du service consulting, de l'ingénierie, enfin bref.
13:19 Et des gens nous contactaient régulièrement pour nous demander de l'assistance,
13:22 pour optimiser HAProxy sur leur machine.
13:24 C'était souvent compliqué, on avait des vieux noyaux de cadre qui ne permettaient pas de faire certaines choses,
13:29 enfin donc on leur filait des patches, on repackageait certains services et tout, c'était un petit peu pénible.
13:35 Et on s'est rendu compte que c'était pas tenable comme situation,
13:38 parce qu'en plus on leur laissait un système dans un état qui était plus supporté,
13:40 même par les éditeurs des distributions Linux.
13:43 Donc on a fini par faire notre propre produit, une appliance, toute packagée,
13:47 avec nos softs tels que nous, on voulait les faire fonctionner.
13:51 Et puis on a fait ça sous un autre nom, on a créé une marque qui s'appelait Excellience,
13:55 juste pour séparer, parce que quand vous êtes juge et partie, c'est pas terrible quand même sur le terrain.
13:59 Donc on avait vraiment deux casquettes complètement différentes.
14:02 Et en 2012, on a été approché par une grosse boîte américaine qui fait énormément d'hébergement
14:11 pour des sites à très fort trafic, qui était intéressée en fait de pouvoir faire des...
14:16 déjà d'avoir une meilleure compétence sur HAProxy, qu'ils utilisaient énormément,
14:19 et de pouvoir aussi l'enrichir pour mieux répondre à certains de leurs besoins.
14:23 Donc on leur a dit, bah en fait, toute l'équipe est ici, donc c'est peut-être ça la solution.
14:28 Donc ils ont racheté la partie produit, Excellience, donc on était quatre développeurs à cette époque dedans.
14:35 Et la question s'est posée de comment appeler la société, on a dit,
14:39 bah vu que ce qui t'intéresse c'est le logiciel HAProxy,
14:42 et que personne ne connaît la relation entre Excellience et HAProxy,
14:45 c'est peut-être le moment de donner ce nom-là à la boîte, c'est devenu HAProxy Technologies.
14:48 Donc ça s'est fait en 2013, et ça continue d'exister maintenant.
14:51 Et vous continuez à développer ?
14:53 Je continue à développer, j'ai moins de temps pour ça, mais en fait c'est une bonne chose.
14:58 Dans le sens où la raison pour laquelle j'ai moins de temps, c'est que maintenant qu'on a l'air insolide,
15:03 parce qu'on est passé d'une petite boîte à une boîte quand même beaucoup plus grosse,
15:05 on est à peu près 130 je crois, grosso modo à l'échelle de la planète,
15:08 et de ce fait on a pu embaucher pas mal de développeurs,
15:11 donc maintenant je passe plus de temps à discuter avec les gens qu'à coder.
15:15 C'est important aussi.
15:16 Mais c'est même plus important, c'est pour la bonne cause.
15:19 Sinon ça ne fonctionne pas.
15:20 Exactement.
15:21 Et pour l'autre, comment ça peut être ?
15:23 Est-ce que tu es un fan de l'outil ?
15:25 Oui, je suis un fan, j'adore l'outil, ça fait des années que je l'utilise, c'est génial.
15:29 Je me demandais, est-ce que vous allez continuer toute votre vie à développer ? Jusqu'à quel âge ?
15:35 Je ne me suis pas fixé de limite, je fais toujours des choses qui m'intéressent.
15:38 Je suis obsédé par l'optimisation, l'économie de ressources et ces choses-là,
15:42 et de ce point de vue je dirais qu'Achaproxy c'est un petit bijou pour faire ça.
15:46 On trouve toujours à améliorer des choses dedans, donc c'est vraiment intéressant.
15:49 C'est une modèle pour tous les jeunes qui nous écoutent et qui développent leur logiciel pendant leurs études.
15:53 C'est exactement ça.
15:54 On va passer à notre second invité parce que le temps passe très vite.
15:58 Chercheur à l'IRCAM, je le disais, donc l'Institut de Recherche Scientifique et d'Innovation en Acoustique et en Création Musicale,
16:04 une référence mondiale, Jean-Paul, l'IRCAM.
16:06 Oui, il n'y a que deux autres instituts d'informatique musicale de ce niveau, en tout cas à ma connaissance,
16:11 le Media Lab au MIT à Boston et le ZKM à Karlsruhe.
16:15 L'IRCAM s'était fondée par Pierre Boulez sur une demande du président de la République, Georges Pompidou.
16:22 C'était annoncé au théâtre de la ville en 1974.
16:25 Ce qui est intéressant c'est que l'IRCAM est à l'origine d'un des synthétiseurs les plus mythiques au monde, la 4X,
16:32 qui a été créée par Roberto Di Giugno sous l'impulsion du compositeur Luciano Berio.
16:38 L'une des premières oeuvres répond de Pierre Boulez, donc c'est une énorme machine à l'époque.
16:44 Mon oeuvre préférée c'est une oeuvre qui s'appelle Jupiter de Philippe Manouri, avec une flûte qui joue.
16:50 Le son est ensuite analysé par la 4X dans un modèle avec des transformateurs Fourier ou quelque chose qui s'en approche.
16:58 Puis resynthétisé avec des changements de paramètres où la flûte se répond à elle-même mais avec un autre timbre.
17:03 Donc on a une des premières oeuvres interactives où on joue et où le synthétiseur est une sorte d'écho à moitié intelligent par rapport à l'interprète.
17:13 Maintenant on commence à voir ça de plus en plus souvent.
17:18 L'IRCAM en fait c'est un endroit où énormément de concepts d'informatique moderne ont été inventés.
17:23 Les langages de programmation graphique, on tire des fils entre des objets, les patchers.
17:28 Max de Miller Pluckett qui a aussi fait Pure Data, ou Open Music de Gérard Assaillague et Carlos Agon ainsi que Jean Bresson.
17:35 Aujourd'hui quand vous allez par exemple dans un festival de musique électronique, comme à Bangkok,
17:41 vous voyez des gens en train de pianoter sur des PC dans la salle de concert et créer des visuels pendant que la musique joue.
17:49 Donc tout ça, ça vient de l'IRCAM.
17:51 Et donc vous avez invité Philippe Hessling, chercheur à l'IRCAM, qui est avec nous depuis Tokyo.
17:57 Merci beaucoup d'être resté connecté.
17:59 Philippe, est-ce que vous pouvez nous parler des logiciels, des logiciels d'IA j'imagine, que vous avez créés, développés ?
18:08 Oui, alors absolument. On s'intéresse énormément à ce qui est, on va dire, de transgresser les possibilités actuelles en termes de production, de génération de matériaux sonores.
18:23 Donc la musique est souvent vue comme une suite de notes, donc beaucoup de gens pensent aux mélodies, etc.
18:29 Mais depuis des années, comme très justement souligné Jean-Paul, on s'intéresse de plus en plus à la couleur musicale,
18:38 c'est-à-dire vraiment quel est le contenu fréquentiel qui est responsable de notre manière de distinguer des sons qui sont joués à la même hauteur.
18:48 Et donc moi c'est ce qui me passionne, parce que je suis passionné de synthétiseurs.
18:52 Et je pense que les synthétiseurs en soi ont des capacités qui sont phénoménales, mais le gros problème des synthétiseurs c'est vraiment leur prise en main.
19:04 C'est-à-dire que c'est quand même des machines qui nécessitent énormément d'expertise.
19:07 Et en fait, moi ce que je m'attaque à développer depuis dix ans maintenant avec du machine learning et de l'IA, mais principalement des modèles probabilistes,
19:17 c'est vraiment trouver des nouvelles manières de permettre de contrôler le son, donc de générer des sons qui sont inatteignables avec des instruments traditionnels.
19:27 Donc notamment, on a créé beaucoup de preuves de concepts.
19:34 On a un système qui permet de faire de la traduction instantanée de couleurs, c'est-à-dire on va pouvoir jouer du violon juste en chantant ou en sifflant.
19:45 Donc en fait, c'est un système qu'on appelle de transfert de timbre, c'est-à-dire qu'on va prendre un son d'origine et on va analyser ses caractéristiques.
19:53 Et en temps réel, on va transférer ses caractéristiques, c'est-à-dire qu'on va pouvoir piloter un violon à partir de la voix ou des petits chats à partir de la voix.
20:04 On va écouter un extrait tout de suite de ce que peut faire Rave.
20:09 * Extrait de Rave *
20:28 Et puis je voudrais qu'on écoute aussi un extrait de ce que peut faire Flow Synthesizer.
20:32 * Extrait de Flow Synthesizer *
20:48 Alors là, j'ai cité deux logiciels, ce sont des logiciels libres. Pourquoi des logiciels libres, Philippe ?
20:53 Alors, bon juste un petit détail, la dernière vidéo, c'était pas Flow Synthesizer, c'était le Neuro Rock, mais c'est pas grave, ça rentre un peu dans la même direction de recherche.
21:06 On me dit en régie qu'on l'a Flow Synthesizer, on va quand même écouter.
21:10 * Extrait de Flow Synthesizer *
21:24 Voilà, donc je posais la question, pourquoi des logiciels libres, Philippe ?
21:28 Alors en fait, pour plein de raisons, déjà, je sais pas, ça me paraît tellement évident en fait que le logiciel libre, c'est le futur, on le voit dans l'évolution même du savoir.
21:43 Le savoir est parti en fait à la base de certains érudits qui étaient des personnes qui avaient un mécénat, et donc c'était en fait l'apanage de l'élite, le savoir.
21:55 Et ce qu'on voit depuis des années, c'est qu'on a cette ouverture, cette démocratisation du savoir, et pour moi justement dans les technologies, cette démocratisation elle est fondamentale.
22:08 Et dans la science, essentiellement, il y a un problème énormément de reproductibilité, c'est-à-dire on avance énormément de résultats, c'est-à-dire on dit qu'on a réussi à réaliser certaines choses.
22:22 Et l'important c'est la capacité à d'autres gens de reproduire nos résultats pour aller encore plus loin.
22:27 Et pour moi, ces avancées-là seraient impossibles, et c'est ce qu'on voit maintenant dans beaucoup de domaines, énormément d'avancées seraient vraiment impossibles sans le logiciel libre.
22:40 Donc ça me paraît être vraiment un outil fondamental pour la recherche scientifique.
22:45 Merci, un grand merci Philippe Hessling de vous être connecté avec nous dans Smartech. Je rappelle que vous êtes chercheur à l'IRCAM.
22:51 Et merci également à Willy Tharo d'avoir été avec nous en plateau, mainteneur de HAProxy.
22:55 Et un grand merci Jean-Paul pour ses invités de prestige dans le monde du libre.
23:00 Allez, à suivre, c'est notre rubrique sur le Web3, on va voir ce qu'il va se passer en 2024.
23:12 Le rendez-vous des cryptos aujourd'hui c'est avec Faustine Fleuret, la directrice de l'ADAN qui fédère les acteurs du Web3 en France, en Europe,
23:19 directrice générale, présidente aussi de l'association.
23:23 Bonjour Faustine.
23:24 Bonjour.
23:25 Notre sujet aujourd'hui ça va être que va-t-il se passer en 2024 dans ce secteur du Web3, mais peut-être déjà revenir sur 2023.
23:30 Un petit peu, effectivement on a eu une année déjà très intense, on va dire, de structuration, d'institutionnalisation, de réglementation.
23:38 Donc le visage du Web3 début 2023 et celui de la fin d'année est extrêmement différent.
23:43 Et justement cette institutionnalisation et cette vague réglementaire va se poursuivre en 2024.
23:48 En France et en Europe, sachant que la France a décidé de préempter toutes les réflexions européennes sur la professionnalisation ou sur la réglementation du Web3.
23:58 Donc en France il y a peut-être trois sujets qui peuvent donner une illustration de ce que le Web3 doit attendre,
24:05 sachant que le Web3 c'est beaucoup d'usages différents.
24:08 Si on doit prendre trois exemples, les marchés de cryptoactifs, il y a eu renforcement de la réglementation française en 2023,
24:14 qui est entrée en application au 1er janvier.
24:17 Donc pour les entreprises qui doivent devenir PSAN, prestataires de services sur actifs numériques,
24:21 les conditions ont changé depuis quelques jours et sont plus importantes au niveau français.
24:27 Sachant qu'à la fin de l'année, on a l'entrée en application de la réglementation européenne,
24:31 qui est encore une fois une étape supplémentaire dans la réglementation de ces marchés.
24:36 Donc c'est un énorme effort d'adaptation pour la mise en conformité de ces acteurs,
24:40 mais aussi pour les autorités qui vont avoir besoin finalement d'autoriser de plus en plus d'acteurs.
24:45 Et quand on parle de réglementation européenne, on parle aussi de marché européen et de passeport européen.
24:50 Et on s'attend avec le positionnement de la France de leader du Web3 à ce qu'il y ait un afflux important de dossiers d'entreprises
24:56 qui veulent en fait s'installer en France pour se développer à l'Europe.
24:59 Mais est-ce que cette stratégie ou cette vision de la France sur le Web3,
25:03 de devenir le champion, le centre finalement en Europe, est-ce qu'elle est payante ?
25:07 Est-ce qu'elle a fonctionné ? Est-ce qu'il faut continuer sur la même ligne ?
25:11 Alors par rapport aux annonces de grands acteurs l'an dernier,
25:14 de grands acteurs internationaux qui cherchent à se développer sur la scène internationale,
25:20 le fait que la France ait développé un cadre précurseur et donc clair, c'est clairement un avantage.
25:26 C'est un avantage d'avoir cette réglementation, d'avoir donc de l'expertise,
25:30 que ce soit au niveau des autorités mais aussi de toutes les structures qui vont accompagner,
25:34 les conseils, les avocats. On a cette expertise en France qui est plus fine qu'ailleurs.
25:39 On a des talents dans des matières informatiques, mathématiques, finance, à l'intersection finalement du Web3
25:45 qui sont aussi très prisés de ces acteurs-là.
25:49 Donc oui, effectivement, pour l'instant c'est une stratégie payante,
25:52 même s'il faut qu'on reste vigilant parce qu'on a beaucoup avancé sur la réglementation des marchés.
25:57 Mais il y a d'autres sujets, je pense aux jeux vidéo, je pense aux métaverses, où il y a encore beaucoup à faire.
26:02 Et donc si on veut finalement capitaliser sur ce que l'on a fait, il faut continuer dans...
26:07 Et continuer à réglementer ?
26:09 Alors à réglementer de la bonne façon.
26:11 Parce que je parlais de clarté, effectivement avoir de la réglementation,
26:15 c'est bénéfique pour la lisibilité, pour que les business puissent se projeter.
26:20 C'est vrai que ce qu'on voit par rapport aux Etats-Unis,
26:23 le fait qu'il n'y ait pas de réglementation claire,
26:25 qu'il y ait plutôt des décisions des autorités, un peu au cas par cas,
26:31 et qu'on n'apporte pas des réponses qui permettent aux acteurs d'anticiper,
26:35 c'est très néfaste pour le développement des business.
26:39 Alors qu'en France, sur les marchés de crypto-actifs, ce qu'on est en train de faire sur les jeux vidéo,
26:43 ça permet aux entreprises de savoir à quelle sous elles vont être mangées.
26:47 Ce qui est plutôt une bonne chose.
26:49 La réglementation quand elle existe, c'est une bonne chose.
26:51 Quand elle existe et qu'elle est proportionnée, est adaptée.
26:54 Ça c'est effectivement la deuxième condition sine qua non.
26:57 Parce que interdire par exemple des cas d'usage,
27:00 comme il y a eu des réflexions au niveau européen à un moment,
27:02 d'interdire la finance décentralisée par exemple,
27:04 ça c'est une façon de réglementer qui n'est a priori pas très pro-Web3.
27:10 Donc heureusement que vous êtes vigilant à la DAN.
27:13 J'imagine que vous le resterez sur 2024,
27:15 qui est une année où on va continuer à parler de réglementation,
27:19 parce que là ça va se jouer au niveau européen, donc encore plus important.
27:22 Merci beaucoup Faustine Fleuret, présidente directrice générale de la DAN,
27:26 pour ses éclairages réguliers sur le Web3.
27:28 Vous revenez évidemment très vite pour nous raconter la suite de l'actu.
27:31 Et merci à vous de suivre Smartech régulièrement sur la chaîne Bismarck,
27:35 et puis également de nous suivre en podcast et sur les réseaux sociaux.
27:37 À très vite pour de nouvelles discussions sur la tech.
27:39 [Musique]