Mardi 1 octobre 2024, SMART TECH reçoit David Lacombled (Président, La villa Numeris) , Lionel Chaine (directeur des Systèmes d'Information, BPI France) et Florian Douetteau (fondateur, Dataiku)
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00:00Bonjour à tous, grande interview aujourd'hui dans Smartech, je reçois Florian Douetteau
00:13qui est le CEO et co-fondateur de Dataiku, une pépite, une licorne, même française
00:18dans le domaine de l'intelligence artificielle, donc grande interview dans quelques instants.
00:22On aura également dans cette édition un rendez-vous sur l'économie numérique avec
00:26cette question de la rémunération des contenus justement qui servent à entraîner les intelligences
00:31artificielles.
00:32Mais d'abord, trois questions sur l'événement BIG, c'est tout de suite dans Smartech en
00:37ouverture.
00:38Je reçois un grand DSI aujourd'hui, bonjour Lionel Chen, vous êtes à la tête de la
00:48direction des systèmes d'information de la Banque Publique d'Investissement Française
00:52pour faire court BPI France, un peu la star finalement dans notre domaine, je suis très
00:57honorée de vous recevoir, DSI de l'année en 2019, DSI Innovateur en 2023, et à la
01:02tête d'une DSI de plus de 1000 personnes.
01:04Tout à fait, on est à peu près 1500 personnes actuellement au service de BPI France et surtout
01:09au service des entrepreneurs.
01:10Bon alors, mais ce n'est pas notre sujet, moi je vous ai invité pour nous parler d'un
01:13événement qui aura lieu dans quelques jours, BPI France InnoGeneration, BIG là aussi pour
01:19faire court, et puis BIG parce que c'est un événement très très important qui aura
01:24lieu le 10 octobre 2024, ce sera la dixième édition d'ITEN donc, en général lors de
01:30ce rassemblement on vient chercher un peu des sujets de perspective, comprendre les
01:36enjeux de demain, capter les tendances technologiques, sociétales, il y a souvent des témoignages
01:41très inspirants, cette année vous avez choisi comme thème le progrès, pourquoi ?
01:47Le progrès c'est quelque chose qui est important et on pense que c'est important d'en parler,
01:52c'est surtout important de dialoguer, moi j'appelle ça braser autour du progrès,
01:57parce que le progrès c'est quoi ? C'est de se mettre en marche avant pour imaginer
02:02un futur, on espère que ce futur est plutôt désirable, donc globalement, et c'est de
02:07se questionner sur le cheminement, parce que le progrès ce n'est pas une utopie, le progrès
02:11c'est un futur désirable sur lequel on cherche à trouver un cheminement, et on sait bien
02:16qu'aujourd'hui on est souvent dans la réaction, dans l'innovation, et d'ailleurs je ne vous
02:20pose pas le progrès à l'innovation, mais l'innovation c'est souvent...
02:23C'est ce que j'allais dire, mais ça ne va pas forcément de pair.
02:25Tout à fait, donc voilà, l'iPhone 7 va ressortir, c'est une innovation, est-ce que c'est un
02:30progrès ? On voit bien que la notion de temps est portée, j'irais presque d'histoire,
02:35donc globalement dans cette notion de progrès on se projette à 2005 ans, et l'idée c'est
02:40un effort intellectuel de se projeter et de débattre, parce qu'en fait le progrès est
02:44souvent un commun, c'est-à-dire que ce désir de futur désirable, il faut qu'il soit commun
02:48pour qu'on parte tous ensemble, et on pense que les entrepreneurs bien sûr sont au cœur
02:53de cette évolution et donc de porteurs de progrès.
02:56Et donc après on aborde ça sur plein de sujets, donc il y a 500 conférences à Big,
03:01il y a déjà 54 000 inscrits alors qu'on est encore à...
03:05Voilà, donc c'est plein de matières pour aider à réfléchir, parce qu'on croit beaucoup
03:12que le progrès ça se partage, c'est de la réflexion, donc c'est prendre un peu du temps
03:17pour le faire, et c'est pour ça qu'on fait venir tous nos entrepreneurs, tous les entrepreneurs
03:21de France, mais aussi les étudiants...
03:22Et on aura qui alors comme personnalité inspirante qui va se risquer sur ce sujet du progrès
03:26qui n'est pas simple ?
03:27Tout à fait.
03:28On a donc un exercice que moi j'adore et que je vous conseille de venir voir, soit
03:33en vrai soit en replay, parce que tout ça ça sera en replay, donc là on appelle ça
03:37le Bang, le Big, il y a un espace, le Bang, et vous avez des personnes identifiées qu'en
03:417 minutes pour partager leur vision du progrès.
03:44Et donc là on a des artistes, on a des youtubeurs, on a bien sûr des chefs d'entreprise, petits,
03:50on a des gens, des chercheurs qui sont en train de devenir des entrepreneurs, on a un
03:56casting qui est incroyable, vous avez ça...
03:58Avec quelques noms.
03:59Donc là, donc Xavier Zéniel est toujours là pour être le premier.
04:02Ah, donc il revient.
04:03Donc là, et après je vous laisserai la surprise, je pense que ça fait partir...
04:07Allez regarder le site de BPI.
04:09Ah bah moi j'ai déjà regardé, mais c'était pour donner quelques...
04:12Oui, je pense que tout le monde retrouvera de quoi aiguiser sa réflexion, aiguiser son
04:19appétit d'avenir, puisque BPI on est là pour servir l'avenir, et avec ce thème du
04:23progrès moi que j'adore.
04:24Il y a les DSI qui assistent à cet événement, j'imagine, vous leur conseillez de venir
04:31pour quelles raisons précisément ?
04:32En fait, il y a des thématiques très particulières, pour l'information, j'animerai deux débats
04:38dans des espaces, et tout ça est retransmis en ligne sur l'intelligence artificielle.
04:43Par exemple, on va se poser avec des chercheurs, avec des entrepreneurs, c'est quoi l'IA de
04:48demain ? Et donc je pense que c'est toujours intéressant, on a la chance d'avoir des
04:53speakers, des intervenants vraiment très très intéressants.
04:55Et l'idée c'est de prendre un temps, j'irai de réflexion, les DSI comme en particulier
05:01toute l'entreprise a besoin de ce temps de réflexion, de se projeter devant.
05:05Et après on a des choses très pratiques aussi, très opérationnelles, toujours si
05:09je prends le thème de l'IMA, de l'IA, comment déployer l'IA maintenant, aujourd'hui dans
05:13l'entreprise ? Donc vous voyez qu'on peut réfléchir sur les deux niveaux, et c'est
05:17pour ça que tout le monde peut trouver, sur les 500 conférences, vous avez des choses
05:22à la fois très opérationnelles, et à la fois du Think for South, au niveau de la pensée
05:28demain.
05:29Donc on a les deux niveaux, et je pense que c'est ces deux choses-là qui sont demandées
05:31aujourd'hui aux DSI, il faut opérer, il faut gérer, il faut faire en sorte que l'ASI
05:36soit performant, et en même temps il faut penser l'avenir, aider à préparer les nouveaux
05:40modèles économiques sur lesquels la technologie peut disrupter nos entreprises, et on aura
05:45les deux.
05:46Merci beaucoup Lionel Chen, directeur des systèmes d'information DSI de la BPI, BPI
05:51France.
05:52Merci.
05:53Merci beaucoup.
05:59Mon invité, mon invité spécial aujourd'hui s'appelle Florian Duetto, bonjour Florian.
06:03Bonjour.
06:04Vous êtes le CEO co-fondateur en 2013 de Dataiku, l'icône française, pépite de l'intelligence
06:11artificielle.
06:12Merci beaucoup, bienvenue sur le plateau de Smartech.
06:14En plus vous faites un détour, je le sais, parce qu'en ce moment vous êtes en plein
06:17dans un grand événement, qui s'appelle l'Everyday AI Summit, voilà je vais y arriver.
06:25Oui, on voulait l'appeler l'intelligence artificielle quotidienne mais c'était trop
06:28long.
06:29Bon, du monde pour ce rendez-vous à Paris ?
06:32Oui, c'est un événement qu'on fait toute la semaine, et on a un millier de personnes
06:38à peu près, et oui c'est un bel événement parce qu'on fait un événement.
06:41Mais c'est un roadshow parce que vous faites Paris mais vous faites d'autres localités.
06:44Ah oui, on en fait une vingtaine dans le monde, on fait Paris, Londres, Singapour, Dallas,
06:49New York, San Francisco, enfin on fait des petits événements.
06:52Et quel est l'objectif ?
06:53C'est de connecter les gens surtout, en fait à Paris par exemple on a fait une journée
06:57par industrie, une journée banque et assurance, une journée industrie plus lourde, une journée
07:06plus commerce, et en fait ça permet aux gens du métier de la donnée, du métier de l'intelligence
07:11artificielle de se rencontrer.
07:12Je pense qu'à Paris, dans les derniers jours, je pense que j'ai vu la majorité des décideurs
07:18et des directeurs de data et d'intelligence artificielle du CAC 40.
07:22En fait ça fait une bonne occasion pour ces gens-là qui ont le même métier de se rencontrer.
07:25Mais oui, ils se déplacent parce que Dataiku, on rappelle, éditeur de logiciels qui aide
07:30les entreprises à accélérer sur l'analyse de leurs données, à créer leurs propres
07:34agents intelligents, construire leurs outils de prédiction, d'optimisation.
07:37Mais vous vous situez comment, si je veux être un peu plus précise, dans le paysage
07:41de l'IA ?
07:42On est une entreprise qui permet aux autres entreprises, c'est souvent des grandes entreprises,
07:49à démocratiser l'intelligence artificielle dans leur sein tout en gardant un contrôle.
07:54Il s'agit pour elles de développer des agents intelligents, de développer des analyses
08:00de données avancées, de développer des modèles qui vont permettre de prévoir les comportements
08:05des clients.
08:06Mais tout ça avec toutes ces technologies émergentes qui n'arrêtent pas de changer,
08:10mais tout en gardant un contrôle fort et en permettant plus aux métiers de comprendre
08:15comment ça marche, de le développer par eux-mêmes le plus possible et de comprendre
08:20les impacts de chacune de ces actions.
08:22Ça, vous nous réexpliquez effectivement votre métier.
08:24Moi, je voulais savoir, dans cette nouvelle géographie économique autour de l'intelligence
08:30artificielle, vous vous situez où parmi ces grands acteurs ? Parce qu'on parle beaucoup
08:34d'OpenAI, de Google, de Microsoft, d'Apple aussi.
08:38Vous vous situez où par rapport à eux ? Sur la chaîne ?
08:42Sur la chaîne de valeur, on se positionne comme quelque chose qui permet de connecter,
08:47d'orchestrer un peu toutes ces technologies émergentes.
08:49Parce que pour faire quelque chose d'intelligent avec de la data, il ne suffit pas d'avoir
08:53une base de données comme celle que fournissent Amazon ou Microsoft.
08:58Il ne suffit pas d'avoir des modèles intelligents comme ceux d'OpenAI, mais aussi Mistral ou
09:04Anthropik.
09:05Il faut connecter toutes ces choses-là ensemble.
09:06Il ne faut pas juste les connecter au sens d'écrire une ligne de code pour les connecter
09:10entre elles.
09:11Il faut orchestrer au niveau d'une entreprise qui a le droit d'accéder à quoi ? Quand
09:15est-ce que cette chose-là va s'exécuter ? Comment, par qui elle a été fabriquée ?
09:19Est-ce qu'on a effectivement qualifié tout cela avant de le passer en production et
09:25de changer le processus métier ?
09:26Vous êtes l'intermédiaire finalement.
09:29Oui, l'intermédiaire.
09:30C'est la plateforme dans laquelle les entreprises conçoivent ces nouveaux process métiers.
09:36Et vont pouvoir créer de la valeur.
09:37Et vont pouvoir créer de la valeur.
09:38Alors, ça m'a amusé.
09:40Dataiku, Movalis qui allie Data et Haiku, les poèmes courts japonais.
09:44Ça m'a amusé parce que plus récemment, on a vu la naissance du laboratoire Kyutai,
09:49qui veut dire sphère en japonais, qui a dévoilé son modèle Moshi, en référence à Moshi
09:54Moshi qui veut dire allo en japonais.
09:56Pourquoi le japonais est au centre des acteurs de l'IA ? Qu'est-ce qui se passe ?
10:01Je pense que c'est une fascination pour les cultures insulaires similaires à la
10:08nôtre.
10:09Mais je pense que c'est la consonance du japonais qui est très attractive pour créer
10:18des mots.
10:19Mais en même temps, parce qu'on peut créer des mots qui à la fois sonnent bien et ont
10:22du sens.
10:23Et je pense que quand on parle d'Haiku, quelque chose qui a finalement plein de sens, tout
10:27simple, qui se reconnecte souvent à la nature, c'est intéressant comme contraposé à la
10:33data qui nous fait parfois peur, à nous tous.
10:36Depuis 2016, votre siège est à New York.
10:40Pourquoi ?
10:41Ça fait en effet plus de 8 ans qu'on a voulu positionner Dataiku comme étant un acteur
10:47mondial, pas juste un acteur français.
10:49On ne peut pas le faire depuis Paris ça ?
10:51On peut le faire depuis Paris, mais l'enjeu c'est en termes à la fois de financement
10:55et en termes de commercialisation, il faut apparaître comme étant un acteur du marché,
11:00un acteur du marché mondial.
11:02Et de fait, les plus gros acteurs du logiciel sont des acteurs qui ont une présence forte
11:07aux États-Unis.
11:08Et du coup, pour ça, on a effectivement ouvert un bureau à New York et positionné la société
11:14là-bas.
11:15Même si Dataiku, c'est une société qui a 20 bureaux dans le monde et ses plus gros
11:17bureaux sont à Paris, à Londres et à New York.
11:20En fait, les sociétés modernes, de toute façon, sont distribuées et doivent opérer
11:23de partout.
11:24Bon, ça a quand même eu un effet parce que décembre 2019, Google est entrée au capital
11:29de Dataiku.
11:30C'est Capital G, le fonds de Google, qui est entré au capital.
11:32Tu valorises la société à ce moment-là 1,4 milliard de dollars.
11:35En 2019, oui.
11:37Donc, ça a été quand même un gros booster, ce voyage transatlantique.
11:42Ça nous a surtout permis de recruter les meilleurs talents.
11:45En fait, je pense que quand on va aux États-Unis, l'enjeu principal, c'est d'arriver à
11:50recruter des talents partout et du coup, des talents américains pour pouvoir commercer
11:55les solutions, la faire connaître, la déployer chez les clients.
11:58Est-ce que ça donne un accès privilégié d'avoir Google parmi ses soutiens financiers
12:03à justement à l'AMA, à leur développement, en tout cas, à leur intelligence artificielle ?
12:11Ça nous permet de créer des partenariats avec Google.
12:13Après, l'AMA, c'est fait par Meta.
12:15Oui, c'est ça.
12:16Pardon.
12:17C'est pour ça que j'ai mis l'AMA.
12:18Alors, c'est l'enjeu.
12:19C'est qu'en effet, 4 ou 5 sociétés entre Apple, Microsoft, Google, ils sont tous dans
12:23la même...
12:24Moi aussi, je fais de l'erreur.
12:25Et en plus, tout a des noms en A, c'est affreux.
12:28Ils sont tous dans la même course.
12:30On a Chad Gipty qui, quand même, se fait remarquer.
12:33Exactement.
12:34Et c'est OpenAI, c'est CarbonARM.
12:36Et donc, ils sont tous dans la même course, vers l'intelligence artificielle.
12:40Et en effet, l'enjeu pour nous, c'est d'avoir les bons partenariats, les bonnes connexions,
12:47de permettre à nos clients d'intégrer le plus vite possible toutes ces technologies.
12:49Mais pas de partenariats privilégiés par rapport à d'autres ?
12:54On est partenaires avec les plus gros acteurs de la data et de l'IA actuellement.
12:58Donc, ça va être en effet les 3 vendeurs de cloud, c'est-à-dire Amazon, Microsoft
13:02et Google.
13:03Ça veut dire aussi les grands acteurs de la base de données dans le cloud, c'est-à-dire
13:07Snowflake, c'est-à-dire Databricks, qui sont des sociétés peut-être moins connues du
13:10grand public, mais qui sont en forte croissance.
13:12Parce que c'est finalement le socle d'infrastructure de la data moderne.
13:16La data, il y a 10-15 ans, pour beaucoup de gens, c'était quelque chose d'assez ancien.
13:22C'était des choses que les gens faisaient sur leur ordinateur portable.
13:25En fait, tout ça passe dans le cloud juste parce qu'il faut.
13:28J'ai lu dans un papier canadien que c'était fini, le marché était totalement fermé
13:35sur les grands modèles de langage parce que l'accès pour les nouveaux entrants a coûté
13:41trop cher.
13:42Finalement, vous êtes d'accord avec ça ?
13:43Oui, je pense que surconstruire un nouveau modèle original, c'est probablement des
13:49coûts qui sont un peu élevés, c'est-à-dire en quelques dizaines de millions, voire centaines
13:52de millions, pour être compétitif, et où du coup, il y a déjà beaucoup d'acteurs installés.
13:57Il y a Mistral, il y a Anthropik, il y a Poney High, il y a Cohir, il y a Meta, et en effet...
14:05Vous citez Mistral, qui est français-européen, mais il y a une grosse dépendance quand même
14:12américaine.
14:13Ça peut poser un problème, ça ?
14:15Je pense que l'enjeu et la compréhension, c'est de savoir quelle est la place.
14:19Je pense qu'il y a une dépendance potentiellement sur le modèle, je pense qu'il y a des enjeux
14:24qui sont forts sur l'infrastructure et le fait d'avoir des infrastructures de calcul
14:29puissantes en Europe pour la mise en œuvre par les entreprises européennes en toute
14:33sécurité.
14:34Et je pense que finalement, l'enjeu principal potentiellement et la chance de l'Europe,
14:38c'est entre autres ce qu'a fait Meta et le fait qu'il y ait un écosystème d'open
14:42market, ouvert, qui soit fort sur la construction de modèles et qui garantit un accès à ces
14:48technologies.
14:49Comment vous la voyez cette révolution de l'IA dans la transformation que ça peut
14:53apporter dans les entreprises ?
14:54La transformation dans les entreprises, elle est de plusieurs ordres, parce qu'il y a
14:59une transformation dans les entreprises qui est une partie qui est assez similaire à
15:02la transformation qu'on voit nous en tant que consommateurs, utilisateurs du quotidien,
15:06qui est des chatbots, des assistants qui permettent de retrouver l'information peut-être plus
15:11rapidement, par exemple.
15:12Mais il y a aussi une transformation plus profonde qui peut être le changement complet
15:16d'un processus métier, des choses qui nécessitaient quelques heures, voire quelques jours de
15:21travail et qui se transforment en quelques minutes.
15:23Et ça, c'est des bouleversements qui peuvent être profonds, parce que ça veut dire que
15:27la nature du travail va changer pour certains d'entre nous.
15:31Quand ces processus vont être mis en place et que d'un coup, le processus de deux semaines
15:34devient quelques minutes, il y a la nature du travail, le changement, qu'est-ce que
15:38ça veut dire ?
15:39Qu'il va être un changement profond.
15:40Et sur la Gen AI, les IA Génératives, vous voyez ça comme un moment un peu amusant
15:47en ce moment ou une tendance de fond ?
15:49Je pense que c'est une tendance de fond parce que l'IA Générative, c'est amusant dans
15:53le sens que ça permet de créer des images amusantes, par exemple, c'est très, très,
15:56très amusant.
15:57Mais c'est une tendance de fond parce que c'est un des socles qui permet cette accélération
16:01des quelques jours à quelques minutes, parce que beaucoup du travail qui reste très manuel,
16:07enfin manuel intellectuel à vrai dire, mais fait par des humains, c'est du travail qui
16:13consiste à récupérer des informations dans plein de sources différentes, les lire pour
16:18comprendre quelle est l'information suivante à aller chercher, vérifier que telles et
16:22telles choses sont en cohérence et écrire un rapport et le donner pour validation.
16:28Et potentiellement, on est en train d'imaginer des systèmes, il y a certains de nos clients
16:33qui ont fabriqué sur DataEco des systèmes dans lesquels les premières étapes que j'ai
16:36mentionnées deviennent faites par la machine.
16:39Du coup, ça veut dire que l'humain reste juste en validation.
16:41Il y a quelqu'un qui a fait la recherche de l'état de l'art pour lui, il y a quelqu'un
16:45qui a fait le calcul complexe des coûts pour lui en allant chercher dans tous les documents
16:50et les descriptions, etc.
16:51Et ça, c'est un changement complet du travail.
16:54Donc ça, c'est un saut technologique évident.
16:59Vous voyez le prochain saut arriver ?
17:01Avant de parler de saut, je pense que dans l'approche actuelle ou dans la perception
17:09par les entreprises et même par nous tous de l'IA, on a toute cette idée de « alors
17:12est-ce que la Gen AI, ça va être un flop parce qu'en fait, ça ne marche pas vraiment
17:16? »
17:17C'est-à-dire qu'on s'est tellement emballé, c'est normal qu'on soit un petit peu déçu
17:20finalement des résultats aujourd'hui.
17:22Oui, mais je pense que dans les quelques, un petit nombre d'années à venir, en effet,
17:28il y avait cette découverte, c'est quoi les cas d'usage qui marchent, comment on
17:31met en œuvre dans les entreprises, les premières frictions associées à ces mises en œuvre,
17:34etc.
17:35Et très vite, en fait, la question pour plein d'entreprises, ça va être presque
17:38la situation inverse.
17:39Il va commencer à y avoir tellement de nouveaux processus avec des agents qui vont remplacer
17:44nos applications d'entreprises traditionnelles par des nouvelles choses qui vont apparaître
17:48qu'il y aura une question de « comment on fait pour gérer tout ce désordre ? »
17:50Parce que maintenant, il y a plein d'agents qui, au lieu de parler de manière très structurée
17:54par des API très prédictibles, échangent avec du texte, tout ça est probabiliste.
18:00Comment est-ce qu'on gère ce désordre, potentiellement, et ces nouveaux risques ?
18:02En fait, il y aura presque cette peur de l'IA.
18:04Ces agents qui vont travailler même entre eux ?
18:06Qui vont travailler entre eux, oui.
18:08Et plus nous parler.
18:09Oh là là !
18:10Et c'est ça les enjeux.
18:11C'est comment on gère, du point de vue d'une entreprise, ce nouveau parc d'intelligence.
18:15Qu'est-ce que vous attendez, ou est-ce que vous en attendez quelque chose, d'ailleurs,
18:19du grand sommet de l'intelligence artificielle qui va se tenir à Paris en février ?
18:23Il y a-t-il une initiative du gouvernement ?
18:26Je pense que ça peut…
18:27En tout cas, du président.
18:29Je pense qu'il y a deux aspects.
18:30Je pense que ça peut être une occasion pour la France de se remettre au centre, finalement,
18:37de cet échiquier IA en mettant et en explicitant, finalement, la capacité française d'avoir
18:43de l'ingénierie de pointe.
18:44Qui étonne, en fait, aux États-Unis.
18:45À chaque fois que je parle à un Américain, il me dit « Ah, mais en fait, il y a des
18:47start-up en France. »
18:48Je dis « Oui, oui.
18:49Et en fait, vous avez des ingénieurs qui font de l'IA ? Ah ouais ! »
18:52Oui, oui, en effet.
18:53Et il y a d'abord ça, et repositionner ça.
18:56Et je pense qu'une deuxième chose, c'est clarifier et expliquer quelle peut être la
19:03position européenne qui reste dans l'action par rapport à l'IA, et qui fait cette synthèse
19:09avec cette logique de…
19:10Dans l'action versus la réglementation ?
19:12Versus la réglementation.
19:13C'est-à-dire expliquer comment la réglementation européenne, en fait, s'inscrit dans l'action.
19:17Parce que pour l'instant, du point de vue externe ou même interne en Europe, il y a
19:21une forme de peur que la réglementation empêche finalement à la fois les entreprises
19:27finales d'adopter l'IA, les entreprises qui sont dans l'innovation de la mettre
19:31en œuvre ou de créer des nouvelles choses.
19:33Je ne vous ai pas vu, je crois, dans les signataires de la lettre ouverte qui a été
19:37publiée il n'y a pas très longtemps, il y a quelques jours, justement pour alerter
19:40sur le risque de la réglementation sur la croissance des entreprises dans le domaine
19:46de l'IA.
19:47Mais est-ce qu'aujourd'hui, vous diriez que la réglementation pose un problème pour
19:50grandir en Europe ?
19:51Je pense que le risque principal de cette réglementation, c'est un problème très
19:57européen.
19:58C'est un problème d'opérationnalisation.
19:59C'est-à-dire qu'on a des principes de réglementation qui sont peut-être à priori
20:04justes.
20:05Il y a des idées là-dedans qui sont pertinentes.
20:07Potentiellement, aux États-Unis, il y aura les mêmes idées qui vont être mises en
20:10œuvre au niveau de certains États, comme par exemple en Californie.
20:13Mais l'enjeu principal pour l'Europe, c'est d'avoir une clarté dans la mise en
20:19œuvre et une uniformité.
20:20Parce que le principal problème des entrepreneurs, ce n'est pas forcément la réglementation.
20:23C'est l'incertitude associée à la réglementation.
20:26C'est le fait de ne pas avoir un cadre de travail dans lequel on peut se projeter sur
20:28cinq ou dix ans.
20:29Parce que les start-up ou les entrepreneurs, ils ont souvent 15 ou 20 ans avant de trouver
20:36le fruit de leur travail.
20:37C'est-à-dire que l'entreprise met vraiment beaucoup de temps à grandir.
20:39Alors, si le temps politique est de cinq ans et que ça change tous les ans, alors
20:43que l'entrepreneuriat est sur 15 ans, c'est là où il y a une friction et un conflit.
20:48Et donc, avoir cette clarté de vision sur qu'est-ce qu'effectivement, très précisément,
20:53dans le détail, qu'est-ce qui sera permis ou pas permis en Europe dans les cinq années
20:55à venir serait très intéressant.
20:58– Et vous attendez quelque chose en particulier de la nouvelle secrétaire d'État à l'IA
21:02et au numérique ?
21:03C'est quand même la première fois qu'on voit l'IA rentrer dans un gouvernement.
21:06– Je pense qu'elle peut porter cette voie.
21:09Je pense que les enjeux à la fois du numérique et de la French Tech dans les 10 ou 15 dernières
21:15années, c'était de faire exister l'idée de start-up française, autant l'idée dans
21:22les cinq ou dix prochaines années, c'est d'expliciter comment la France prend le
21:29tournant de l'IA.
21:30– Allez, on passe à l'interview express.
21:32On va essayer d'être donc un petit peu plus… en tout cas, moi je serais très binaire,
21:37je vous laisse répondre.
21:38Oui ou non, il y a une French Touch dans l'IA ?
21:41– Oui.
21:42– Vrai ou faux, le marché est déjà totalement fermé aux nouveaux entrants pour les grands
21:46modèles de langage ?
21:47– Oui.
21:48– J'y crois ou j'y crois pas à l'adoption de l'IA en entreprise, s'en cassent sur
21:54les emplois ?
21:55– Non.
21:56– C'est mieux ou moins bien d'avoir l'IA acte en Europe ?
22:02– C'est mieux.
22:03– J'aime ou j'aime pas la lettre ouverte publiée le 19 septembre qui dit « avec une
22:09réglementation fragmentée, l'UE prend le risque de passer à côté de l'ère
22:12de l'IA ».
22:13– Oui.
22:14– Rêve ou cauchemar, l'intelligence artificielle générale, capable donc de se contrôler elle-même,
22:21d'effectuer n'importe quelle tâche, est-ce que ça vous fait peur ou est-ce que ça vous
22:24fait rêver ?
22:25– Ça me fait rêver depuis que j'ai 6 ans.
22:29– Et pour ou contre la rémunération des contenus qui servent à entraîner les IA,
22:35d'ailleurs ce sera le sujet d'une chronique juste à suivre après votre interview.
22:39– Pour une clarification, je pense que le droit de la propriété intellectuelle n'est
22:43plus du tout compris maintenant du coup.
22:44– D'accord, donc il faut l'adapter.
22:46– Il faut l'adapter.
22:47– Est-ce que vous avez une idée fixe ?
22:49– La démocratisation de l'IA, donner le pouvoir aux gens pour qu'ils puissent
22:55contrôler ces technologies quand elles sont mises en œuvre.
22:57– Merci beaucoup Florian Doueteau d'avoir été mon invité.
23:00Je rappelle que vous êtes le CEO co-fondateur de Dataiku et à suivre, donc je vous l'ai
23:05annoncé juste après votre interview, on va parler justement de rémunération de tous
23:08ces contenus qui servent à entraîner les intelligences artificielles.
23:12– Fantastique, merci.
23:13– Je vous propose un nouveau rendez-vous avec David Lacombled, le président de la
23:23Villa Numéris.
23:24Bonjour David.
23:25– Bonjour Delphine.
23:26– Un nouveau rendez-vous qui sera régulier autour des questions, des sujets d'économie
23:29numérique.
23:30Alors aujourd'hui on va s'intéresser parmi tous ces défis d'économie numérique
23:34à, je ne dirais pas le plus simple, mais en tout cas qui est vraiment sur le devant
23:38de la scène en ce moment, la rémunération des contenus qui servent à entraîner les
23:42intelligences artificielles.
23:43Je dis complexe, mais on ne va pas dire insoluble quand même.
23:45– Non, les journalistes pour la plupart ont fait vœu de pauvreté.
23:49– C'est vrai, confirme.
23:50– Ce n'est pas une raison pour autant pour ne pas les payer.
23:54Alors la rémunération des artistes, des journalistes, des chanteurs et donc de ce qu'ils produisent
24:01des contenus est aussi ancienne que le web et internet et donc le numérique.
24:07Souvenez-vous, il y a 25 ans il y avait plusieurs moteurs de recherche, alors les plus jeunes
24:11ne s'en souviendront peut-être pas, Altavista, voilà, Yahoo qui a périclité depuis, aujourd'hui
24:18il reste Bing et surtout Google vers lesquels d'ailleurs la plupart des producteurs de
24:25contenus se tournent parce qu'on ne prête qu'aux riches et on leur demande aussi beaucoup.
24:31Alors c'est vrai qu'historiquement ce moteur de recherche référençait des contenus pour
24:37envoyer de l'audience vers des sites web qui tentaient soit de vendre leur contenu dans
24:43une économie qui est quasiment gratuite en tout cas pour les utilisateurs ou soit qu'il
24:51est financé par la publicité.
24:52Il s'avère que Google est une régie publicitaire, une grosse régie publicitaire, deux tiers
24:57du marché publicitaire est fait par les grandes plateformes et donc effectivement les médias
25:03traditionnels, historiques ont le sentiment d'avoir une perte de valeur et c'est pour
25:07ça qu'ils se retournent vers les plateformes pour tenter d'aller négocier quelques subsides
25:12parce qu'ils considèrent que leur contenu c'est le sel, c'est le moteur, le combustible
25:18de ces moteurs de recherche et rien de mieux que des journalistes ou des auteurs pour les
25:23écrire.
25:24Bon ils sont quand même rémunérés ?
25:25Alors ils sont rémunérés par des éditeurs qui aujourd'hui effectivement les financent
25:30soit par la publicité, soit par les abonnements, soit par des contrats qu'ils négocient de
25:36gré à gré avec des diffuseurs.
25:38Il y a aussi un système en Europe depuis 2019 de droits voisins, c'est ainsi qu'on
25:47les appelle, où les plateformes en ligne redistribuent par des organismes de gestion
25:53collective un certain nombre de financements auprès des médias.
25:57Et donc ce dispositif de droits voisins peut s'étendre au contenu qui sert à entraîner
26:03les solutions d'intelligence artificielle générative comme ChatGPT, Gmini, Lama, DeMetta
26:09par exemple ?
26:10Alors ces solutions d'intelligence artificielle générative ne valent que si elles sont très
26:15performantes.
26:16Et pour l'être il faut s'entraîner, c'est un peu comme Léon Marchand, une course assez
26:20courte tous les 4 ans et le reste du temps au bassin pour s'entraîner, c'est le même
26:26cas pour les intelligences artificielles génératives et pour cela il faut des données, beaucoup
26:31de données.
26:32Alors ça tombe bien, il y a des réservoirs à donner, je vous enverrai vers Common Crawl
26:36qui est une fondation américaine, les contenus y sont gratuits et Common Crawl ratisse, écume
26:42l'ensemble du web très régulièrement et vous pouvez d'ailleurs y aller, vous serez
26:47surprise de ce que vous y trouverez, équipez-vous d'un ordinateur avec quelques teras de mémoire
26:52pour pouvoir aspirer ce que vous souhaitez et c'est là que se servent les solutions
26:57d'intelligence artificielle, c'est la mémoire du web qui est une représentation assez significative
27:03de l'humanité pour ne pas dire très représentative.
27:07On a fait une étude avec AD qui montre que les contenus en langue française c'est 5%
27:12de cette masse-là et les contenus qu'on peut estimer de qualité produits par des
27:18journalistes c'est 3%, 3% des 5%, je voulais se faire le calcul Delphine, et donc les médias
27:24c'est une infime partie mais qui vaut de l'or.
27:27Mais donc ça devrait être simple finalement d'en tirer un revenu ?
27:31Alors c'est simple, si vous savez authentifier et tracer vos contenus pour en réclamer la
27:39paternité et in fine la rémunération.
27:42C'est un peu comme un robot ménager cette affaire, vous mettez des ingrédients, vous
27:47les mêlez, vous les mixez, vous les malaxez et au final quand vous servez le plat préparé,
27:52compliqué de dire d'où vient la farine, le sucre et qui l'a fabriqué.
27:56Et donc la seule solution qui est technologique pour valoriser ces contenus c'est de créer
28:00des registres, de les marquer pour les authentifier, les tracer et demain vous donner tous les
28:06moyens d'y mettre des droits et donc une valeur et de la négocier.
28:10Merci beaucoup David Lacombe pour vos éclairages sur ce sujet, je rappelle que vous êtes le
28:14président de la Villa Numéris.
28:15Merci à vous de nous suivre sur la chaîne Bismarck for Change à la télé mais aussi
28:20en podcast on est disponible, vous cherchez Smart Tech et je vous dis à très bientôt
28:25pour de nouvelles discussions sur la tech.