Lundi 13 mai 2024, SMART TECH reçoit David Lacombled (Président, La villa Numeris) , Jean Coumaros (président, Bleu) et Elise Covilette (cofondatrice, Kokoroe)
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00:00 [Musique]
00:08 Bonjour à tous, aujourd'hui grande interview, on va parler des headtechs,
00:12 on va voir quels sont les apports formidables de ces outils du numérique pour se former autrement.
00:18 Et puis on parlera aussi de l'incroyable besoin en formation pour appréhender la révolution numérique
00:23 et puis celle de l'intelligence artificielle bien évidemment,
00:26 mais aussi des enseignements d'une startup qui a été fondée par deux soeurs jumelles et une amie
00:31 et qui ont opéré un pivot important et déterminant.
00:35 Tout ceci se sera donc dans notre grande interview tout à l'heure.
00:39 On aura aussi une chronique autour de l'intelligence artificielle avec cette question,
00:43 est-ce que c'est un débat d'initié ou faut-il en faire vraiment une grande cause nationale ?
00:48 Mais d'abord on va s'intéresser au cloud avec cette aventureuse quête d'un cloud de confiance,
00:55 c'est tout de suite 3 questions à dans Smartech.
00:57 Il est peut-être le futur géant du cloud annoncé en 2021,
01:07 Bleu est désormais sur les rails avec un président à sa tête et mon invité,
01:11 bonjour et bienvenue Jean-Coumaros.
01:14 Alors à l'origine de cette union qui a donné naissance à Bleu,
01:19 une union entre Capgemini et Orange Business,
01:22 deux entreprises qui détiennent à 50% chacune cette entité Bleu,
01:27 c'était cette volonté de faire émerger un cloud de confiance,
01:31 un cloud souverain pour répondre aux exigences d'immunité extraterritoriale de la qualification Secnum Cloud.
01:39 Mais la technologie qui a été choisie c'est Microsoft, j'ai envie de vous demander déjà pourquoi ?
01:44 Alors parce que c'est une technologie je dirais qui est état de l'art,
01:49 qui est plébiscitée par les clients, qui a fait ses preuves,
01:53 en particulier auprès des organisations qu'on vise,
01:56 à savoir les OIV, opérateurs d'importance vitale, les OSE, opérateurs de services essentiels
02:03 et l'ensemble des services de l'État, des collectivités territoriales et du monde de la santé.
02:08 Donc on a choisi Microsoft parce qu'il nous semblait que c'était des solutions
02:12 qui étaient plébiscitées par les clients qu'on vise, c'est aussi simple que ça.
02:15 Ok, donc on prend une technologie déjà massivement adoptée et on crée autour une structure 100% française
02:22 avec même la création, la fabrique de data center dédié à Bleu.
02:28 Alors Bleu c'est un cloud de confiance, vous l'avez dit,
02:32 qui est totalement autonome juridiquement puisque c'est une société française,
02:37 fondée par deux grands groupes français,
02:41 leader dans le numérique Orange d'une part, Capgemini de l'autre.
02:46 C'est une société qui est autonome dans ses opérations,
02:49 elle a comme vous l'avez dit ses data center, ses serveurs, son hardware, ses équipes,
02:54 son service client, ses équipes de commercialisation.
02:58 Et donc oui, c'est des technologies Microsoft, pardon,
03:02 mais qui sont offertes par un acteur totalement autonome et étanche par rapport à Microsoft.
03:07 Et donc ça c'est ma deuxième question, est-ce que c'est pas juste de la revente finalement,
03:12 d'une manière différente, plus protégée juridiquement, du service Microsoft
03:17 ou est-ce que Bleu va apporter quelque chose d'autre sur le marché ?
03:20 Comment est-ce que vous allez vous positionner en fait sur le marché de la compétition économique ?
03:25 Alors j'ai envie de vous dire, si c'était que de la revente,
03:28 on se serait lancé il y a trois ans déjà, Microsoft a déjà beaucoup de revendeurs,
03:34 Bleu n'a pas vocation à être un revendeur de Microsoft,
03:37 Bleu a vocation à être un cloud autonome sur lequel on opère les solutions Microsoft,
03:44 mais de manière autonome. Donc oui, on va les vendre.
03:46 Et pas seulement si j'ai bien compris, parce qu'il y aura aussi une marketplace ?
03:49 Alors il y aura effectivement la technologie Microsoft, Microsoft Azure, le cloud applicatif,
03:55 il y aura la suite bien connue, collaborative et de productivité, Microsoft 365,
04:01 mais il y aura aussi les solutions qu'on offrira sur une marketplace qui sera instantiée sur notre cloud
04:08 et on se fera fort de mettre, si vous voulez, en vitrine toute une série de solutions,
04:12 y compris françaises et européennes, pour leur donner des débouchés sur le marché qu'on vise.
04:17 Donc c'est ça qui fera la différence ?
04:20 En tout cas, si vous voulez, il y a une marketplace qui existe sur Microsoft Azure également,
04:25 il y a 18 000 solutions qui y sont proposées,
04:29 probablement certaines de celles-là seront offertes sur la marketplace de bleu,
04:33 mais oui, on essayera de mettre sur notre marketplace, y compris des solutions
04:38 qui ne sont pas aujourd'hui sur la marketplace de Microsoft Azure.
04:42 Alors ma troisième question, c'est l'agenda, parce qu'il vient se télescoper finalement avec un agenda européen.
04:48 En ce moment, on discute de l'EUCS, donc cette normalisation de la cybersécurité au niveau européen.
04:56 Le dernier texte auquel on a eu accès nous dit qu'à priori,
05:01 il n'y aura pas d'exigence d'immunité aux lois extraterritoriales
05:06 pour l'hébergement de nos données dans le cloud au niveau européen.
05:10 Alors ma question, c'est est-ce que la naissance de bleu, finalement, aura encore un sens,
05:16 sans mauvais jeu de mots, puisqu'il y a aussi une organisation qui a été montée
05:19 autour de cette même idée d'immunité aux lois extraterritoriales,
05:23 qui s'appelle SANS, mais autour de Google cette fois.
05:26 Donc est-ce que ces démarches vont encore avoir un sens si demain,
05:31 la norme européenne n'exige pas d'être auto-immune aux lois extraterritoriales, et pas européennes ?
05:38 Il y avait une norme française qui s'appelle Sectum Cloud 3.2,
05:42 qui répond à une série d'exigences, des exigences de sécurité informatique, de cybersécurité,
05:48 mais également des exigences d'immunité aux lois non européennes à portée extraterritoriale.
05:55 On avait espéré en effet que le référentiel européen qui s'appelle EUCS embarque également ces exigences d'immunité.
06:04 La dernière version qui circule, un peu sous le manteau, il faut le dire, a exclu finalement ces critères d'immunité.
06:11 Est-ce qu'ils y seront inclus dans la version finale ou pas ? Franchement, on n'en sait rien.
06:16 Mais ce qui me fait penser que oui, l'expérience bleue garde tout son intérêt, toute sa pertinence,
06:22 quelle que soit finalement la copie finale d'EUCS, c'est que je pense que la France attache suffisamment d'importance
06:29 à cette question de l'immunité, de la sécurité juridique, pour la mettre en application d'une façon ou d'une autre.
06:36 Donc soit elle sera encapsulée dans le référentiel EUCS, soit elle ne l'est pas,
06:42 et la France se donnera la capacité d'appliquer ses propres critères d'immunité plus exigeants en complément des critères européens.
06:52 Merci beaucoup Jean Comarus de nous avoir éclairé sur ce lancement de bleu dont vous êtes le président.
06:59 Merci beaucoup.
07:00 Merci à vous.
07:01 La grande invitée de Smartech aujourd'hui s'appelle Élise Covillette.
07:10 Bonjour, merci beaucoup d'être avec nous.
07:13 Vous êtes la cofondatrice de Cocoroe et donc ensemble on va parler de EdTech,
07:17 on va parler aussi de comment on finance une start-up, comment on pivote au moment où les choses peuvent basculer
07:24 en matière de modèles économiques et puis de formation, plus largement de formation aux nouveaux outils.
07:30 Alors Cocorée, plateforme numérique conçue pour se former autrement, bien évidemment,
07:34 sinon on n'aurait pas fait appel à une plateforme numérique.
07:37 Mais justement, c'était ma première question, qu'est-ce que ça change les technologies dans le domaine de l'éducation et de la formation ?
07:44 Qu'est-ce que ça apporte ?
07:46 Ça apporte un changement qui est considérable, effectivement.
07:49 Déjà, ça permet en fait à tout le monde de se former facilement et surtout au moment où il le peut et surtout à moindre coût.
07:59 Nous, on propose effectivement une plateforme de formation qui est accessible à tout le monde,
08:03 qui est très large sur des compétences qui sont à la fois humaines, technologiques et aussi dans ce métier.
08:09 Et pourquoi est-ce qu'effectivement on est parti sur le Digital Learning ?
08:12 Pourquoi est-ce que ça a été notre parti pris ?
08:14 Puisqu'on a eu cette volonté de rendre l'éducation, la formation accessible à tous
08:19 et de faire effectivement qu'un Africain puisse se former très facilement sur une plateforme qui est disponible dans le monde entier.
08:30 Et c'est vraiment effectivement pour cette question d'universalité et d'accessibilité que l'on est parti sur le Digital Learning.
08:37 Et donc, vous avez découvert ce fabuleux marché des EdTech. Qu'est-ce qu'il y a de particulier ?
08:42 C'est un marché qui est déjà très fragmenté et qui est constitué d'un certain nombre d'acteurs, aussi bien en France qu'en Europe.
08:50 Vous avez à la fois des éditeurs de logiciels, des grosses plateformes qui ne sont uniquement de la Tech
08:58 mais qui ne proposent pas du tout de contenu. Et vous avez aussi d'autres acteurs qui ne font que du contenu.
09:04 L'idée c'est d'arriver effectivement à cohabiter ensemble et peut-être, je pense aussi à un moment, à structurer ce marché
09:12 pour faire qu'il y ait peut-être moins d'acteurs, mais vraiment des acteurs qui comptent, qui sont investis,
09:17 qui ont une mission très précise et à donner peut-être plus de visibilité, de lisibilité effectivement à l'apprenant.
09:24 Et comment est-ce que vous voyez tous ces débats autour des écrans, des temps d'écran, cette guerre finalement menée aujourd'hui
09:32 par le gouvernement lui-même aux écrans ?
09:35 C'est un débat très intéressant. Il y a un vrai sujet côté enfants parce qu'effectivement on sait qu'il faut limiter au maximum
09:44 jusqu'à trois ans effectivement le temps d'écran. Néanmoins, on sait tout de même qu'il y a effectivement un apport côté éducation
09:52 qu'il y a quand même tout de même cette volonté de proposer effectivement une formation qui soit complémentaire au présentiel.
10:00 Nous c'est complètement ce qu'on dit, c'est-à-dire que l'idée du numérique n'est pas de remplacer le présentiel,
10:06 mais bien de proposer une approche qui soit complémentaire.
10:09 Donc il y a beaucoup de professeurs qui utilisent notre plateforme Kokoroé en amont de leur cours.
10:15 Un discours qu'on n'en pensait pas être avec moins d'écran en classe.
10:18 Moins d'écran en classe certes, effectivement jusqu'à un certain niveau, mais à partir de la faculté,
10:23 ça peut être effectivement intéressant d'aller sur une approche qui soit encore une fois complémentaire.
10:28 On n'a pas vocation à remplacer, mais l'idée c'est vraiment d'être complémentaire.
10:32 Vous partez à la faculté, là on est au-delà de la majorité numérique. Très bien.
10:36 Mais justement l'école peut-être un niveau plus premier, l'école primaire, l'école maternelle, le collège, le lycée ?
10:44 Est-ce que vous avez essayé d'y entrer ?
10:46 Pas du tout. Nous notre positionnement c'est vraiment le B2B, c'est vraiment les collaborateurs en entreprise.
10:52 Et pourquoi est-ce qu'on a voulu effectivement s'intéresser à ce segment, à cette cible ?
10:57 C'est que l'idée c'est finalement de proposer une formation continue tout au long de la vie
11:03 et de se dire même lorsqu'on est sorti des bancs de l'école, même lorsqu'on a effectivement terminé son parcours de formation classique,
11:10 l'idée c'est de continuer à apprendre toute la vie.
11:12 Donc nous on s'intéresse vraiment aux actifs mais aussi aux demandeurs d'emploi, à toutes les personnes qui ont quitté les bancs de l'école
11:20 et notre volonté c'est de leur mettre à disposition une plateforme en auto-formation
11:26 qui puisse leur permettre de se former en autonomie sur des sujets qui sont des sujets d'actualité.
11:33 Alors il y en a vraiment beaucoup des besoins de formation au numérique,
11:38 et puis maintenant avec l'intelligence artificielle là on nous dit qu'il faut qu'on s'y mette tous.
11:42 Bon bref, est-ce que le numérique pour autant est le bon moyen de se mettre au numérique ?
11:47 Est-ce que ce n'est pas une marche déjà compliquée ?
11:51 Le numérique malgré tout c'est un bon moyen puisque je dirais que typiquement si on prend par exemple l'exemple des nouvelles technologies,
12:01 c'est une matière qui est en constante évolution, qui évolue tellement que le numérique va nous donner la possibilité de créer des contenus
12:09 relativement rapidement et de mettre à jour nos contenus de manière à proposer un contenu de formation qui ne soit pas obsolète.
12:15 Le grand problème avec le présentiel c'est lorsqu'on dit sur ces sujets effectivement d'IA, de blockchain, réalité virtuelle, data et autres,
12:23 la plupart du temps, le temps de construire les modules de formation en présentiel,
12:28 ils sont obsolètes à partir du moment où ils sortent, ils sont déjà obsolètes et effectivement il y a cette nécessité de mettre à jour de manière très régulière
12:37 les contenus de formation et le numérique...
12:39 C'est pas seulement le problème du présentiel parce qu'en présentiel on peut aussi faire appel aux écrans et diffuser des outils de formation qu'on met à jour.
12:45 Le problème du présentiel c'est que typiquement pour proposer un contenu qui est un contenu qui est robuste,
12:50 il y a quand même un temps de préparation qui est quand même assez long et donc effectivement on va sortir une formation, proposer une formation à un instant T
13:01 mais très vite il faudra l'actualiser et donc du coup il y aura toujours effectivement une nécessité de courir après le temps.
13:10 Alors il y a aussi cette idée que grâce à l'intelligence artificielle on va pouvoir proposer des formations beaucoup plus personnalisées.
13:18 Est-ce que ça, ça vous semble un mythe ou c'est vraiment pertinent ?
13:23 Alors ce que va permettre l'intelligence artificielle c'est de proposer beaucoup plus de formations sur des contenus qui sont effectivement techniques.
13:33 Après lorsqu'on parle de formation personnalisée qu'on appelle vraiment sur mesure, ça nécessite tout de même de faire appel à des experts,
13:40 que ce soit des experts en entreprise, en association et c'est vrai que l'intelligence artificielle ne remplacera jamais tout de même cette expertise qui est finalement très humaine.
13:52 L'intelligence artificielle va nous permettre de créer des contenus qui sont des contenus de sensibilisation très rapidement
13:58 mais par contre sur des niveaux vraiment de personnalisation sur mesure, on ne pourra pas effectivement faire l'économie d'un expert qui nous apportera son savoir et son expérience.
14:07 Donc le formateur, la formatrice restent dans la boucle ?
14:11 Tout à fait, c'est complètement notre conviction.
14:14 Y compris chez Cocoré, comment ils s'intègrent en fait dans le process ?
14:18 Alors nous on a notre propre équipe d'ingénierie pédagogique, notre propre studio de production
14:23 et effectivement on va faire appel à des experts sur des sujets qui sont effectivement des sujets extrêmement pointus comme l'intelligence artificielle
14:30 mais aussi tous les sujets relatifs à la diversité et l'inclusion.
14:33 Pour fabriquer le programme ?
14:35 Oui, on pourrait effectivement venir apporter leur lecture.
14:37 C'est-à-dire que c'est nous qui fabriquons le programme, c'est nous qui rédigeons les scripts, faisons les travaux de recherche
14:42 puisqu'on a nos propres journalistes et ingénieurs pédagogiques.
14:44 Néanmoins, on va toujours demander l'œil d'un expert pour apporter effectivement ce regard complémentaire,
14:50 venir apporter des précisions ou des compléments d'information.
14:54 Alors, je voulais aussi qu'on parle des enseignements d'une start-up comme la Vaud, qui n'est quand même pas commun, qui a été créée par deux sœurs jumelles.
15:01 Un exemplaire aujourd'hui, un plateau et une amie aussi.
15:06 Comment ça se passe déjà, ce ménage à trois ?
15:09 Et puis parlez-nous du pivot qui a été opéré parce qu'au départ, Cocoroi, c'était du bitoussi, vous avez été au grand public.
15:15 Oui, Cocoroi, c'est une aventure folle, c'est une aventure d'amitié extrêmement forte puisque, comme vous le dites,
15:21 j'ai créé Cocoroi avec ma sœur jumelle, Raphaëlle, et Béatrice, notre amie d'enfance.
15:25 C'est une entreprise qui existe depuis 2014 et notre idée initiale était effectivement de faire du bitoussi, à savoir vraiment de s'adresser au grand public.
15:34 On était en relation, vous croyez que vous élèves directement.
15:37 Exactement. Donc, on était parti sur une plateforme d'intermédiation où l'idée, c'était de pouvoir prendre un cours avec un professeur de cuisine, de guitare, d'italien ou autre,
15:47 et de pouvoir, je dirais, partager son savoir très facilement.
15:51 Nous réalisons une première levée de fond avec des bisettes sangelles français comme Xavier Miel, Daniel Marie-Lille, fondateur de Deezer et autres.
15:59 Et nous en sommes très très contentes, mais très rapidement, nous nous rendions compte qu'il y a beaucoup de sous la table.
16:07 C'est-à-dire qu'une fois que vous avez trouvé votre professeur de cuisine, vous n'allez pas repasser par la plateforme pour réserver à nouveau votre…
16:15 Vous voulez dire des dessous de table, l'argent qui circule.
16:18 C'est ça. Et c'est vrai qu'il est très difficile de remettre en cause des usages.
16:22 On s'est rendu compte qu'on avait beau proposer des fonctionnalités assez abouties, forcés de constater que nous ne pouvions pas effectivement remettre en cause ces usages.
16:31 Donc, très vite, on comprend que nous sommes en train de créer un modèle qui ne sera pas un modèle viable, ne sera pas rentable.
16:39 Et du coup, en fait, nous décidons de pivoter en 2017.
16:43 Donc, en 2017, pivot vers l'entreprise.
16:48 Au passage, j'oublie de préciser qu'on avait intégré l'accélérateur de Microsoft et cet accélérateur nous avait permis d'échanger avec un certain nombre d'acteurs de la formation, notamment des directeurs de formation, des DRH.
17:03 Et en fait, grâce à ces échanges, on comprend effectivement quel est le vrai problème de la formation, quel est le besoin auquel répondent.
17:12 Et on comprend qu'il faut finalement plutôt s'adresser aux entreprises et que le vrai problème pour les collaborateurs, c'est de pouvoir suivre de la formation qui soit sexy, qui soit attrayante.
17:25 Donc, nous, notre positionnement, notre idée, c'est vraiment de proposer des modules de formation avec un ADN assez innovant.
17:34 On fait pas mal de références à de la pop culture, à des séries, à des films.
17:39 Et l'idée, c'est vraiment de remettre du plaisir dans la formation.
17:42 C'est pas du tout du "serious game".
17:43 Non, non, c'est pas du tout du "serious game".
17:45 Parce que ça aussi, c'est une autre tendance dans le domaine de la formation.
17:48 C'est-à-dire qu'on utilise finalement du jeu vidéo, du ludique pour former et ça donne plus de résultats.
17:54 Nous, on utilise vraiment le micro-learning.
17:56 C'est-à-dire qu'en fait, on va vraiment se positionner sur des modules de sensibilisation très courts.
18:01 Et notre idée, c'est de se dire, ben voilà, en 20 minutes, on veut que le collaborateur puisse, enfin, sache ce qu'est l'intelligence artificielle.
18:09 Connaisse les grands défis, les grands enjeux, les bénéfices.
18:13 Comment effectivement appliquer quelques outils dans son entreprise.
18:17 Donc, nous, on se positionne vraiment sur le micro-learning avec cette volonté d'expliquer très simplement, de rendre accessible des formations qui sont techniques.
18:26 Donc, toute la thématique de la nouvelle technologie en fait partie.
18:30 Mais on va aussi sensibiliser à des thématiques comme la diversité et l'inclusion, la RSE.
18:35 Mais aussi certains nouveaux concepts, certains nouveaux outils à connaître, par exemple, pour les managers.
18:42 Et les clients, donc aujourd'hui, sont plutôt des grands groupes, j'imagine ?
18:45 Tout à fait. On accompagne à peu près la moitié des entreprises du K40 et du SBF 120.
18:50 Et effectivement, on a notre plateforme qui est disponible en 12 langues.
18:55 Donc voilà, on a vraiment cette envergure.
18:57 Et donc, vous n'avez plus besoin de lever de fonds alors ?
18:59 Non, nous n'en avons plus. Alors, on a beaucoup de propositions en ce sens.
19:05 Mais c'est vrai que notre stratégie a été toute autre.
19:07 C'est-à-dire que nous, pourquoi est-ce qu'on s'est lancé dans l'entrepreneuriat ?
19:11 Plus besoin et plus envie, non plus ?
19:13 Plus besoin, plus envie. Donc, plus besoin parce qu'on est rentable et autonome depuis à peu près 4 ans.
19:19 Et plus envie parce qu'effectivement, ça n'a pas été, je dirais, l'idée de départ.
19:25 Nous, si on s'est lancé dans l'entrepreneuriat, c'était parce qu'on avait envie d'être libre,
19:30 parce qu'on avait envie d'être notre propre patronne.
19:33 Et en réalité, lorsqu'on lève des fonds, c'est juste, finalement,
19:38 c'est juste reporter le problème et avoir d'autres types d'employeurs.
19:44 Alors, vous avez Niel a été votre patron à un moment, c'est ça ?
19:47 À un moment, mais il est très en dehors et nous laisse complètement prendre toutes nos décisions et heureusement.
19:55 Donc, ça c'est le pivot, non seulement de décider de se réorienter vers le B2B,
20:00 mais en plus de garder son indépendance, de ne plus réaliser de levée de fonds.
20:04 Vous fermez la porte aux investisseurs, vous nous dites.
20:07 Il y en a qui aimeraient bien leur ouvrir la porte, donc c'est un luxe.
20:10 Mais comment ça se passe alors aussi, cette vie entre trois cofondatrices aussi proches depuis autant d'années ?
20:17 Oui, ça fait effectivement plus de dix ans que Kokoroé existe.
20:20 C'est une force de créer une entreprise avec des gens qu'on aime.
20:26 On sait que l'entrepreneuriat, c'est clairement les montagnes russes.
20:30 On a eu beaucoup de haut, mais aussi beaucoup de bas.
20:33 Et le fait de créer une entreprise avec des gens qu'on connaît, avec des gens avec qui on a l'habitude de communiquer,
20:42 c'est clairement une énorme force.
20:44 C'est comme un mariage, c'est comme un couple.
20:46 Ce qui fait la pérennité de l'entreprise, c'est la capacité à communiquer, à parler des problèmes,
20:53 à parler des grands défis et à s'aligner lorsqu'on n'est pas d'accord.
20:56 Je vous donne une petite anecdote.
20:58 On a institutionnalisé tous les mardis une heure, qu'on appelle « Brainstorm Business ».
21:02 C'est un moment à toutes les trois uniquement, où on va se parler de tout ce qui s'est passé dans la semaine,
21:08 à la fois des grands sujets et des grandes problématiques qu'on a à gérer,
21:11 mais aussi nos coups de gueule, nos éventuelles peurs, craintes ou autres.
21:18 C'est toujours le moment où on va se réajuster.
21:20 Alors, Élise, on va passer à l'interview express.
21:23 Question assez binaire, mais je vous laisse répondre comme vous l'entendez.
21:26 Oui ou non, les formations numériques se passent aisément de formateurs et de formatrices ?
21:30 Non.
21:32 Pour ou contre les mesures d'interdiction d'écran au moins de 3 ans,
21:36 des téléphones portables au moins de 11 ans, du smartphone avec Internet au moins de 13 ans,
21:42 des réseaux sociaux au moins de 15 ans ?
21:44 Est-ce que vous êtes pour ou contre ces nouvelles interdictions qui sont proposées pour l'instant ?
21:48 Je suis archi pour ces nouvelles interdictions.
21:52 Pour avoir moi-même une fille de 10 ans et une autre de 4 ans et demi,
21:56 je me rends compte que l'interaction humaine, c'est clé.
21:58 Et je pense qu'à un moment donné, chaque âge a son temps.
22:01 Donc, ne sautons pas les étapes.
22:04 Vrai ou faux, l'école est réfractaire au HeadTech ?
22:09 C'est assez mitigé.
22:11 Il y a une volonté d'y aller, mais c'est encore très frémissant.
22:17 Nous, on est très souvent contactés par des écoles et même par des facultés.
22:23 Ils ont envie d'y aller, mais les process sont tellement lents.
22:27 Les process de décision sont tellement compliqués.
22:30 On est face à des administrations qui sont très lentes,
22:32 qu'en réalité, on n'y arrive pas.
22:34 Alors, j'y crois ou j'y crois pas à la révolution des IA génératives ?
22:38 J'y crois.
22:39 Dans votre domaine, qu'est-ce que ça peut donner ?
22:41 Ça veut dire arriver à créer des formations plus rapidement sur des sujets qui sont peut-être plus vastes.
22:47 Donner aussi la possibilité aux entreprises de créer elles-mêmes leurs formations.
22:52 À nouveau, c'est faire que la formation soit plus accessible et plus efficace également.
23:01 Alors, mieux ou moins bien, je voulais que vous nous donniez un conseil pour réussir sa formation.
23:05 Et puis, peut-être nous pointer une erreur à éviter, que vous constatez qui est classique.
23:10 Alors, un conseil à faire, c'est déjà d'aller jusqu'au bout.
23:14 De prendre, ça c'est la base, mais il faut vraiment le faire.
23:18 Et surtout, de penser à l'ancrage.
23:20 C'est-à-dire d'essayer d'y revenir deux semaines après.
23:23 Une nouvelle compétence, voilà, ça prend du temps.
23:28 Et il faut aussi laisser le temps à son cerveau d'ingurgiter effectivement toute la matière.
23:36 Donc, il ne faut pas hésiter effectivement à prendre son temps et à revenir effectivement sur la formation.
23:41 Et l'erreur à éviter ?
23:42 L'erreur à éviter, c'est survoler.
23:45 Penser qu'on a tout compris et en fait, survoler effectivement la formation.
23:50 Merci beaucoup Élise Covillet, tu étais ma grande invitée dans Smartech, cofondatrice de Koko Rohe.
23:56 Merci beaucoup Delphine.
23:57 Merci.
23:58 On termine cette édition avec le regard du président du Think Tank, la Villa Numéris.
24:08 Bonjour David Lacombelaine.
24:09 Bonjour Delphine.
24:10 Alors, le Think Tank justement vient de publier un plaidoyer pour une IA à impact positif.
24:15 L'intelligence artificielle, on en parle quand même matin, midi et soir à peu près.
24:19 Et pourtant, vous appelez les pouvoirs publics à en faire une grande cause nationale.
24:24 Est-ce-à-dire que pour l'instant, il vous semble que c'est encore un débat d'initiés ?
24:29 C'est vrai que les intelligences artificielles sont servies à volonté à toutes les sauces.
24:35 Il y a en veux-tu, en voilà. C'est un peu comme cette série, on appelait ça un feuilleton à l'époque,
24:42 les envahisseurs, ils sont là.
24:45 Et même certains les ont vus effectivement au risque de surenchère entre des enthousiasmes passagers
24:52 et des prophéties apocalyptiques, entre émerveillement et crainte, avec effectivement un débat d'initiés.
24:58 D'ailleurs, il suffit de voir le succès des conférences, des colloques, des émissions de télé qui sont consacrées.
25:04 Avec néanmoins un grand public qui n'est peut-être pas encore complètement au rendez-vous,
25:09 même s'il y a eu une entrée fracassante de Tchad GPT avec OpenAI, de Barde avec Google ou de Yama avec MetaFacebook.
25:19 Même si les IA sont déjà très présentes, il suffit de prendre son portable pour s'en convaincre
25:24 et de faire une annonce vocale pour saisir une application.
25:29 Mais néanmoins, effectivement, ça n'a pas encore franchi la rampe des applications concrètes qu'on pourrait y voir.
25:37 Et ne nous laissons pas endormir finalement par un sujet de colloque.
25:42 Il est encore temps de s'y préparer.
25:45 Et effectivement, les technologies imposent de se préparer à l'avance pour au mieux enfourcher son destin.
25:53 Mais de là à en faire une grande cause nationale ?
25:55 Il faut prendre les rênes du changement.
25:59 Et effectivement, tout retard nous serait préjudiciable parce que ça annonce des déclassements, tant personnels ou de sociétés.
26:07 Est-ce qu'on imaginerait aujourd'hui une entreprise sans email ? Disparue.
26:12 Est-ce qu'on imaginerait un dirigeant d'entreprise sans téléphone mobile ?
26:17 Ça n'existe pas. Ou il passerait vraiment pour quelqu'un très original.
26:22 Et en matière de data, à un moment où les données sont devenues un des principaux actifs des entreprises,
26:29 ce qui ouvre la porte aux intelligences artificielles, ne serait-ce que par l'anticipation, la prédiction que cela va apporter.
26:37 Effectivement, il faut s'y préparer parce qu'on voit bien que les IA savent se loger dans tous les interstices de temps,
26:43 ne serait-ce que pour améliorer la productivité.
26:46 Et il y a un effort majeur d'acculturation à faire pour éviter de nouvelles fractures numériques.
26:53 Nous avons notre destin entre nos mains. Faut-il encore le prendre pour rester dans la conversation mondiale ?
27:01 Avec quelles actions concrètes ?
27:03 Très clairement, de l'éducation et de la formation.
27:07 Sur le volet formation, les entreprises, en tout cas pour les plus grandes, ont pris en main des cycles de formation.
27:13 On risque d'ailleurs parfois un peu de la répétition, mais après tout, la répétition, c'est fait partie de l'intelligence artificielle.
27:19 Maintenant, il va falloir quand même passer aux travaux pratiques parce qu'on ne fait pas de l'IA pour de l'IA.
27:24 C'est bien pour résoudre des problèmes, pour simplifier des tâches.
27:29 Et très certainement, allons-nous gagner du temps ?
27:32 Et ce temps devra-t-il être consacré à de la formation, précisément ?
27:35 En revanche, en matière d'éducation, là, c'est tout un programme à revoir, me semble-t-il,
27:40 avec très certainement des pratiques collaboratives à améliorer et très certainement un esprit critique à développer,
27:48 avec une prise en main des intelligences artificielles qui auront le mérite de montrer que les écrans peuvent servir à autre chose
27:56 qu'aller sur des réseaux sociaux ou regarder des vidéos pour faire le lien avec un autre des débats très récents.
28:03 Je le vois bien, le lien. Dans ce rapport, vous écrivez également qu'on a un manque de ressources.
28:09 Alors, que faudrait-il faire ?
28:11 Les ressources existent, mais faut-il encore y passer du temps pour aller les chercher en matière éducative, stratégique, technologique, économique ?
28:18 Mais il n'y a pas un lieu qui les réunit. C'est pour ça que nous proposons, au sein de la Villa Numeris,
28:23 d'ériger un portail web dans lequel toutes ces ressources seraient accessibles, comme ça se fait d'ailleurs aux États-Unis.
28:30 Si vous faites ai.gov, vous tomberez sur ce portail américain d'accès à toutes les ressources.
28:36 Et c'est bien le rôle de la puissance publique de donner toutes les chances à tout le monde au même moment pour éviter les décrochages.
28:45 Et je pense qu'on peut faire des choses simples, sympas et pas trop rébarbatives, ludiques, avec de la vidéo, voire même des technologies immersives.
28:53 Merci beaucoup, David Lacombele, président de la Villa Numeris. Merci à tous de nous suivre avec une grande fidélité sur la chaîne Bismarck,
28:59 et puis en podcast et sur les réseaux sociaux. À très bientôt.
29:02 [Musique]