Le congé solidaire permet aux salariés de réaliser un volontariat de deux semaines sur le terrain, pendant leurs congés, la mission étant financée par leur entreprise. Un dispositif créé par l’association Planète Urgence, qui donne l’occasion par exemple de se mettre au service de la biodiversité et des forêts en épaulant les communautés locales en Afrique, Asie, Amérique Latine ou encore en Europe.
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00:00 (Générique)
00:06 - On découvre le congé solidaire tout de suite avec Amandine Ersang.
00:10 Bonjour, vous êtes la directrice générale de Planète Urgence.
00:14 Christelle Roger, bonjour.
00:15 - Bonjour.
00:16 - Bienvenue à vous aussi, directrice exécutive en charge des ressources humaines chez BPI France.
00:20 Allez, on présente Planète Urgence pour commencer.
00:22 Une ONG qui s'occupe de quoi ?
00:24 - Alors, une ONG qui protège les forêts, les forêts là où il y a urgence.
00:28 Donc, on est présent en Amazonie, dans le bassin du Congo et en Asie du Sud-Est.
00:32 Et l'enjeu, c'est que sur tous ces écosystèmes, la forêt disparaît,
00:36 mais que les humains ont du mal à trouver les solutions pour la protéger.
00:41 Donc, notre métier, c'est de vraiment réconcilier l'humanité et les forêts.
00:44 - Depuis quand Planète Urgence existe ?
00:47 Et est-ce que vous voyez un appauvrissement, finalement, des forêts et de la biodiversité qui va avec ?
00:52 - Ah, mais c'est très clair.
00:54 On existe depuis 2000.
00:56 Et depuis 2000, on n'a fait que perdre des surfaces forestières de la taille de l'Irlande tous les ans.
01:01 Et donc, ce sont des forêts tropicales qui disparaissent.
01:04 À chaque fois qu'une forêt tropicale disparaît, c'est tout son écosystème qui part en feu.
01:10 Et on a aujourd'hui un million d'espèces en voie d'extinction. Un million.
01:14 - Et donc, ce congé solidaire qui est l'un des dispositifs,
01:16 vous en avez beaucoup, un que vous proposez, mais on va se concentrer sur celui-là.
01:20 Je veux bien que vous nous le définissiez pour commencer.
01:22 Et puis ensuite, vous nous direz pourquoi BPI s'y engage.
01:25 C'est quoi un congé solidaire ?
01:26 - Alors, le congé solidaire, c'est un des leviers qu'on utilise dans l'association.
01:29 C'est un dispositif d'engagement de salariés qui permet d'apporter des compétences,
01:34 d'apporter de l'énergie sur des terrains d'intervention.
01:36 On a beaucoup de partenaires dans le monde qui travaillent sur les forêts,
01:40 avec qui on va faire des projets, et beaucoup de partenaires qui sont assez fragiles sur le terrain.
01:45 On voit qu'il manque de compétences, il manque parfois de légitimité sur nos terrains d'intervention.
01:52 Et donc, les volontaires vont venir avec tout ça et vont aider les acteurs locaux à se développer.
01:57 - Oui, on est dans une logique de mécénat d'entreprise, d'une certaine façon, Christelle Roger.
02:01 - Oui, on est dans cette logique-là, mais pas que,
02:02 parce qu'ils ne vont pas forcément déployer leurs compétences directement sur le terrain.
02:06 Ils peuvent aussi intervenir sur des sujets très terre-à-terre,
02:11 très suivi de la faune, de la flore, recensement, etc.
02:15 Donc, ce n'est pas uniquement du mécénat de compétences, c'est un peu plus large.
02:18 - Ils ne viennent pas forcément et uniquement avec leur domaine d'expertise ou leur domaine de compétences.
02:22 Pourquoi BPI s'y engage dans un dispositif comme celui-là ?
02:26 - Parce que BPI, déjà, on est une entreprise très engagée par nature.
02:29 On a beaucoup d'impact sur la société, etc.
02:32 C'est ce qui guide nos salariés pour venir chez nous aussi.
02:35 C'est ce qui les intéresse particulièrement, le sens qu'on donne à leur mission.
02:38 Et ça fait partie intégrante de nos valeurs et de ce qu'on souhaite déployer et apporter à nos collaborateurs.
02:43 Donc, ça leur permet d'aller au-delà de leur mission propre à l'intérieur de la société
02:48 et de toucher encore plus largement l'ensemble des sujets.
02:51 - Depuis quelques années, c'est ça, 2019, je crois ?
02:54 - Alors, on a commencé en 2019, société et temps.
02:57 Enfin, on a créé l'adhésion en 2019. 2020, Covid.
03:00 - Comment dire qu'il n'y a pas eu beaucoup de missions ?
03:02 - Il n'y a pas eu beaucoup de missions. 2021, ça a repris.
03:04 Et là, on est à peu près à une quinzaine de missions depuis que l'on a fait le partenariat.
03:09 C'est 6 missions maximum par an, à peu près.
03:12 - D'accord. Pourquoi Planète Urgence ?
03:14 - Alors, pourquoi Planète Urgence ?
03:15 Parce qu'en fait, on les a connues à travers des collaborateurs chez nous
03:19 et on s'est orientés vers eux pour pouvoir travailler avec.
03:22 - D'accord. C'est venu de certains de vos collaborateurs.
03:25 - Oui, oui. - Intéressant.
03:26 Ce sont des missions qui doivent durer relativement longtemps.
03:28 Ça dure combien de temps, une mission ?
03:29 - Alors, ça dure 2 semaines.
03:31 - Forcément ? - Forcément.
03:32 En fait, on a testé, ça fait quand même plus de 20 ans,
03:34 donc on a testé plein de formats différents.
03:36 Et 2 semaines, c'est ce qui est le plus efficace
03:39 parce que ça nous permet de bien préparer en amont la mission,
03:42 que ce soit une mission qui soit cadrée pour avoir le plus d'impact possible
03:46 et qu'on ne crée pas non plus de dépendance derrière.
03:48 On ne veut pas se substituer aux acteurs locaux.
03:51 L'idée, c'est l'impact et donc c'est d'être la goutte
03:54 qui va faire que la rivière va pouvoir couler derrière,
03:57 mais ne pas être la rivière.
03:59 Et donc, tous les salariés vont arriver avec un cadre de mission,
04:03 vont se concentrer pendant 15 jours et auront ensuite cet impact-là.
04:07 - Et ça leur demande beaucoup de temps de préparation ?
04:10 - On a une préparation.
04:11 - Parce qu'on est là pour 15 jours, mais j'imagine que ça ne s'improvise pas.
04:15 Si on veut être efficace, ça s'évite.
04:16 - Alors, ça dépend des missions.
04:17 Donc une mission de compétence, ça peut être gestion de projet,
04:20 comptabilité, etc., ça va demander la préparation
04:23 parce qu'on va préparer ces contenus.
04:25 Souvent, ce sont des experts, donc ils maîtrisent déjà leurs sujets
04:29 et donc ils vont surtout être accompagnés sur les outils de formation.
04:33 Après, quand on est sur du recensement de la biodiversité,
04:35 aider des acteurs scientifiques à légitimiser l'écosystème,
04:41 là, il y aura moins de préparation.
04:43 Nous, on va aussi les former pendant deux jours.
04:44 On va déconstruire la vision du héros qu'on peut avoir
04:47 quand on va partir sur ces missions-là
04:49 et on va reconstruire une mission de professionnel du développement
04:53 au service de l'impact.
04:54 - Christelle Rogé, vous avez des exemples de missions,
04:57 de missions récentes ?
04:58 - Oui, en mission récente, on a Mathis qui est parti, par exemple, au Bénin
05:03 et qui a travaillé sur la transmission de compétences
05:07 avec des collaborateurs.
05:09 On a Marie, elle, qui est partie et qui a travaillé aussi
05:12 sur comment apprendre l'espagnol à des femmes d'une association sur place.
05:17 Et puis, on a des gens qui sont partis, comme Edouard,
05:20 eux, ils sont partis faire de la mission sur la biodiversité au Cameroun
05:24 et du recensement d'espèces locales, en fait.
05:26 - Ah oui, donc ils participent à un programme scientifique ?
05:29 - Ah oui, oui, oui, oui, oui.
05:30 C'est ce que je disais tout à l'heure, en fait.
05:32 On n'est pas uniquement sur la transmission de compétences.
05:35 - C'est quoi leur retour d'expérience ?
05:36 Est-ce qu'ils en reviennent changés, d'une certaine façon ?
05:38 - Ah oui, alors, forcément.
05:40 Je pense qu'on ne revient pas sans avoir quelques étoiles
05:43 dans les yeux de ce type de mission.
05:45 Déjà, il faut savoir que c'est eux qui le choisissent.
05:47 Nous, on les envoie dans un cadre très sécurisé.
05:49 C'est aussi tout l'avantage qu'on a de travailler avec Planète Urgence.
05:52 C'est qu'ils sont pris en charge dès le départ et qu'ils sont accompagnés.
05:56 Donc, ils savent qu'ils vont partir dans un cadre très sécurisé.
05:59 Pour eux, ils reviennent avec l'impression d'avoir fait quelque chose d'hyper utile.
06:03 Ça leur permet d'acquérir des compétences également,
06:05 puisqu'ils acquièrent aussi une ouverture d'esprit
06:08 qui est hyper intéressante en tant qu'employeur,
06:10 des façons d'appréhender les sujets de manière totalement différente
06:14 et également une prise de recul qui va être différente.
06:17 Donc, c'est gagnant-gagnant, tant pour le collaborateur
06:19 que pour l'entreprise qui envoie ses collaborateurs.
06:21 - Vous avez employé un mot que je pense qu'il est très important,
06:24 c'est le mot "utilité", parce que le risque d'une mission comme ça,
06:26 c'est que finalement, le salarié ne se sente pas vraiment utile
06:30 quand il arrive sur le terrain. Vous voyez ce que je veux dire ?
06:32 - Complètement. Et on n'a pas le droit de ne pas être utile sur le terrain.
06:36 Vu tous les besoins qu'on a au quotidien,
06:38 vu les demandes de nos partenaires, il faut être utile.
06:41 Et c'est aussi notre rôle chez Planèteurgence.
06:43 On est une association qui a envoyé 10 000 volontaires en plus de 20 ans.
06:48 Et c'est du coup notre rôle de bien préparer ses missions,
06:51 de connaître les partenaires, de s'assurer que le volontaire
06:54 vient au bon moment et avec la bonne posture.
06:56 Et donc du coup, c'est pour ça que c'est important pour nous
06:58 d'avoir des relations de confiance avec les entreprises
07:01 pour aller ensemble chercher les volontaires.
07:04 - Mais quand on parle, par exemple, mission de biomonitoring,
07:07 je lis ça en haut bénin, pour recenser des espèces de mammifères
07:10 dans une forêt classée, ça aurait pu se faire sans eux ?
07:14 Ça a été plus rapide grâce à eux ?
07:15 Expliquez-moi pourquoi ils ont été utiles,
07:18 les salariés ou le salarié de BPI France sur cette mission ?
07:22 - Alors soit ça n'aurait pas pu se faire sans eux,
07:26 c'est-à-dire il n'y a pas d'argent sur place,
07:29 et sur les zones classées au Bénin,
07:31 il n'y a pas d'argent pour faire de la recherche scientifique.
07:34 Soit ça va développer un potentiel supplémentaire,
07:39 typiquement en Équateur, il y a eu des volontaires
07:41 qui ont fait des études pendant 4 ans sur des espaces spécifiques,
07:45 sur un écosystème, ça a permis de racheter des terres
07:49 et de lever 500 000 euros à l'acteur qu'on accompagnait.
07:54 Donc ça a vraiment des utilités fortes.
07:56 Aujourd'hui on a une COP 15 qui nous dit
07:58 qu'il faut 30% de protection des écosystèmes terrestres.
08:02 - Donc ça c'était la COP biodiversité, pour être bien précis.
08:05 - Tout à fait, la COP biodiversité, c'est un super mouvement,
08:09 mais il faut savoir ce qu'on veut protéger en termes d'écosystèmes,
08:14 quelle est la biodiversité qu'il faut protéger en priorité,
08:17 donc pour ça il faut avoir de la data.
08:19 - Il y a certainement des patrons ou des cadres dirigeants
08:21 qui nous regardent et qui disent "super, congés solidaires",
08:23 mais combien ça coûte ?
08:24 Ça coûte combien à mes pays France de faire ça ?
08:26 - Concrètement c'est 3000 euros par collaborateur,
08:29 on verse 3000 euros à Planète Urgence,
08:32 Planète Urgence s'occupe de l'intégralité des sujets sur place,
08:35 et nous on contribue en plus au billet d'avion,
08:37 ça c'est nous qui avons pris cette décision-là,
08:39 donc on donne 500 euros par collaborateur
08:42 pour couvrir une partie des frais du billet d'avion,
08:45 et c'est tout, parce que le collaborateur lui
08:46 va poser ses congés, donc il prend sur ses congés en propre,
08:50 pour pouvoir partir sur les 15 jours nécessaires.
08:52 - Il y a aussi une notion de sensibilisation aux enjeux
08:57 de révolution climatique, de transformation climatique,
09:03 environnementale, sociétale, de la biodiversité,
09:05 on a dit tout ça.
09:06 Est-ce que c'est plus efficace par exemple qu'une fresque du climat ?
09:09 - Mais nous on fait la totale !
09:11 - Je suis sûr que vous avez fait la fresque du climat chez mes pays France,
09:13 c'est pour ça que je vous pose la question ?
09:14 - C'est complémentaire,
09:16 c'est aussi de la mise en application directe,
09:18 et puis on va plus loin que ce qui est terre à terre chez nous,
09:22 puisqu'on touche à l'international, à l'étranger,
09:25 des sujets qu'on ne toucherait absolument pas
09:27 si on n'avait pas un recours à des situations comme Planète Urgence
09:31 pour pouvoir le faire.
09:33 - Est-ce que vous avez, puisque vous nous disiez
09:35 il y a une vingtaine d'années d'expérience,
09:37 je reste sur ce thème de la sensibilisation,
09:40 c'est-à-dire des salariés qui ont participé,
09:42 s'ils l'ont fait déjà il y avait une sensibilisation,
09:44 mais qui sont revenus avec des messages
09:46 à faire passer dans leur entreprise.
09:47 Vous voyez ce que je veux dire ?
09:48 - On a plein de belles histoires,
09:50 et c'est ça je pense la force aussi pour les entreprises,
09:53 c'est parce qu'on a des salariés qui souvent sont déjà impliqués,
09:57 ils osent faire ces missions-là,
10:00 ils peuvent aussi les faire à distance d'ailleurs, en e-volontariat,
10:02 quand c'est compliqué d'aller à l'international
10:05 ou quand il n'y a pas besoin de ces déplacements-là.
10:07 Donc ils sont déjà engagés,
10:09 mais quand ils reviennent, ils ont vécu pendant 15 jours
10:11 dans des écosystèmes qui n'ont rien à voir avec ce qu'ils connaissent.
10:14 Ils voient la pauvreté, ils voient le changement climatique,
10:18 ils voient les inondations,
10:20 ils voient potentiellement plein de choses sur le terrain.
10:22 Est-ce qu'on est dans la brousse ou on est à côté d'une mangrove ?
10:25 Et donc du coup ils vont se rendre compte,
10:27 ils vont l'intégrer.
10:28 Moi j'adore la presse que du climat,
10:30 j'adore tous les engagements qui peuvent y avoir
10:32 et qui sont super, qui sont complémentaires.
10:34 Cet engagement-là, la spécificité c'est l'immersion,
10:37 c'est qu'on est sur le terrain, on le sent,
10:39 et alors j'ai des expériences de vie
10:41 de gens qui, 20 ans après, des premiers congestionnaires,
10:44 m'ont dit "C'était une des expériences les plus marquantes
10:47 de ma vie professionnelle.
10:48 Je ne remercierai jamais à si moins d'entreprises
10:50 d'avoir permis de faire ça."
10:52 Mais ma question c'était, est-ce qu'ils reviennent
10:54 et est-ce qu'ils changent les pratiques dans leur entreprise ?
10:56 Vous voyez ce que je veux dire ?
10:57 C'est plein de cas différents.
10:58 Alors on en a chez BOTC par exemple,
11:00 une agence de communication,
11:02 on a un jeune qui était parti, qui est revenu,
11:05 et qui dans son job du quotidien
11:07 a créé une formation, a engagé le reste de son équipe,
11:11 et puis après il y a eu un département qui s'est créé,
11:13 qui était connecté à ces sujets d'impact.
11:15 - Christelle Rogé, est-ce que vous nous avez parlé
11:17 de la recherche de sens ?
11:19 C'est aussi pour BPI France un argument,
11:23 tout simplement, pour recruter, pour fidéliser, ça joue.
11:26 - Oui, ça joue forcément, puisqu'en fait,
11:29 on voit quand même que les collaborateurs aujourd'hui
11:32 recherchent le sens dans le travail.
11:33 C'est la première motivation qu'ils ont.
11:35 Alors en rentrant chez BPI, on a plein de sens
11:38 sur l'impact qu'on peut avoir,
11:40 mais ça contribue complètement à la fidélisation
11:43 et au recrutement de nos jeunes en fait.
11:46 Bon, alors il n'y a pas que les jeunes qui y vont,
11:48 on a toute une population qui contribue
11:51 sur le congé solidaire, mais on est une entreprise jeune,
11:54 on a une moyenne d'âge qui est de 38 ans.
11:56 - Ah oui ?
11:57 - Oui, on est assez jeune, et du coup,
11:59 on a beaucoup de jeunes collaborateurs qui y participent,
12:02 et ça fait partie intégrante de notre marque employeur.
12:04 - Merci beaucoup, merci à toutes les deux.
12:07 - Merci.
12:08 - Et à bientôt sur BISMARQ,
12:09 on passe à notre rubrique Start-up tout de suite.
12:11 Startup tout de suite.