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Les Editos Philosophiques de Pascal Dolhagaray, Semaine 02/2024

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Amusant
Transcription
00:00 *Musique*
00:17 *Son de cloche*
00:20 Bonjour, bienvenue sur 300 secondes maxi, je vous propose 12 détours d'une même durée, autant de parenthèses éphémères,
00:27 ponctuons l'espace inclus entre les deux grandes qui nous contiennent, juste des clins d'oeil sonores,
00:32 une autre façon de vous décrire un détail dans ce paysage qui défile à cette même vitesse que notre vie passe.
00:38 Bonne émission à vous !
00:40 *Musique*
00:44 Evidemment, il serait de ma part des plus banales de prétendre que ceux qui sont sensibles à l'art,
00:52 sont sensibles à ce qui ne saurait être.
00:55 Ceux-là, en eux, ont la prétention, prétention inconsciente, de tenir tête au néant qui nous occupe toutes et tous,
01:05 de lui tenir tête en lui donnant de ses formes, de ses constitutions diverses et souvent échevelées que l'art autorise,
01:16 sans parfois même s'en rendre compte, ces mêmes prennent ce qui est en otage pour donner corps à ce qui ne saurait être,
01:26 sans considérer pleinement ce à quoi ils ont ouvert la porte en agissant ainsi.
01:34 Evidemment, en l'autre sens, ceux qui sont insensibles à l'art sont ces mêmes qui veulent rester concentrés sur ce qui est.
01:46 Ceux-là sentent bien en eux que cette réalité proposée en ce monde, confrontée au néant qui nous occupe,
01:55 sans précaution de notre part, ne saurait faire long feu.
01:59 Ces mêmes redoutent en ce monde l'ingérence de ce qui ne saurait être, le néant paradoxalement,
02:08 sachant être à la fois infini et à court terme, infini pour être en lui dépourvu de limites à court terme,
02:17 à travers ses expressions parvenant à lui faire prendre pied dans la réalité,
02:24 nous délivrant par ce constat une réalité rattachée à cette réalité principale, réalité de base,
02:34 nous prévenant en nous invitant à la fois à considérer comme art ce qui est,
02:41 et en renvoyant au néant cet art qui déniche en nous, comme par nous, ce nécessaire pour se répandre en dévorant ce qui est.
02:52 Maintenant se distingue cette différence de goût, d'appréciation à l'égard de nos créations artistiques.
03:00 Certains préfèrent Mozart, à Beethoven ou le contraire.
03:04 Cette différence-là exprime de la part du néant qui nous occupe une assistance.
03:10 Par ses préférences, par ses oppositions, il gagne par nous et en nous en prépondérance.
03:18 Nous laissons croire que ces préférences-là nous font plus existants,
03:24 sans comprendre que ce néant qui nous occupe, par ses préférences-là, existe en dévorant ce qui est,
03:33 plus que nous ne réussissons à exister à travers elle.
03:40 Le révolt
03:44 Ce que je vais prétendre en révoltera plus d'un, en révoltera plus d'une.
03:57 Ce manque d'officialisation par laquelle on peut se dire philosophe de façon plus légitime ne jouera pas en ma faveur.
04:08 Comment un autodidacte de mon acabit, autodidacte à ce point,
04:16 au-delà d'avoir tort, pourrait ne pas, au regard de ce qu'il ose prétendre,
04:22 à défaut d'affirmer bel et bien, déblatérer en proportion aux tandanneries ?
04:30 Entre nous, entre certains du moins, il y a opposition en termes de préférences touchant à l'art.
04:39 Ce néant en eux, comme ce néant en chacun d'entre nous,
04:45 pour incarner une impossibilité absolue en termes de finalité,
04:51 leur commandant de s'habiller pour paraître quelqu'un,
04:55 il est vrai que de ce côté de nous-mêmes, la lumière de ce qui est ne perce pas.
05:03 Elle ne s'y risque pas d'ailleurs, de peur d'être déverrée par cette obscurité,
05:10 exprimant mieux que tout autre reflet ce néant occupant ces lieux même.
05:17 Ainsi en ces lieux autant qu'en nous, les températures à force d'être basses,
05:25 par ce négatif sans fin qui les caractérise, semblent ne pas en être.
05:32 Aussi nous devons nous emporter par cette panique nous insinuant que nous pouvons,
05:42 si nous demeurons sans réaction, être gelés de l'intérieur, nous revêtir.
05:48 Mais de l'autre côté de nous-mêmes, à cet endroit même où ce qui est, est,
05:55 nous ne remarquons rien qui puisse nous aller, qui puisse nous couvrir.
06:02 Une guerre semble se distinguer entre ces deux dimensions,
06:07 entre ce néant d'autant nous et ce qui est en dehors de nous,
06:13 faisant de nous-mêmes, nous autres humains, autant de champs de bataille,
06:20 voire même faisant de nous, nous autres humains, autant de no man's land,
06:27 non pas de mort vivante, un terme de vie.
06:32 Notre corps s'est revendiqué avec conviction, cette même vie qui le permet.
06:39 Alors oui, certains préfèrent Mozart, d'autres Beethoven, ou le contraire.
06:45 Comme l'on tient à ce qui nous habille, de façon tronquée,
06:50 pour oublier que ces habits-là, précipités en ce sens, par nos conditions d'existence,
06:58 comme nous fûmes en proportion à notre tour précipité,
07:03 furent les premiers venus, premiers venus et bienvenus à la fois.
07:11 Bien sûr, on opposera que l'art, par définition, est l'expression d'une différence,
07:36 une différence d'ailleurs sans fin et sans fond, une différence infinie,
07:43 à l'image de ce néant au sein duquel se répandent ces racines qui alimentent l'art,
07:51 ces mêmes racines, synonymes pour ce même néant de conducteur,
07:57 de porte ouverte pour atteindre ce qui est, pour lui faire concurrence,
08:05 non pour vouloir le dissoudre explicitement.
08:09 Le néant, pour être néant, n'exprime pas de volonté,
08:14 mais néanmoins pour générer sans intention, sans plan préétabli, cette dissolution-là.
08:24 L'art, en général, est l'expression d'une fragmentation,
08:30 pour puiser sa raison d'être par notre intermédiaire,
08:34 principal auprès de ce néant qui nous occupe.
08:38 À son tour, l'art exprime une sorte de dissolution
08:42 qui le fait se fragmenter en morceaux toujours plus infimes.
08:47 La subjectivisation de l'art contemporain témoigne
08:52 toujours davantage ce même néant-cause à travers lui,
08:57 en le faisant ressembler toujours davantage,
09:01 non seulement à ce qui n'est pas, mais toujours davantage à ce qui ne saurait être.
09:09 À partir de là, cette fragmentation rend plus précaire encore l'existence même
09:17 de ces créations dites artistiques.
09:21 Seul ce qui est en ce monde détient la profondeur existentielle voulue pour exister,
09:28 sans qu'il soit joint à sa reconnaissance,
09:32 autant de différence et plus encore d'opposition de goût.
09:37 Sans l'adhésion de quiconque en guise de reconnaissance,
09:41 un lion, une gazelle, un gorille,
09:44 que vous les appréciez ou que vous ne les appréciez pas, continueront d'être.
09:50 Par contre, nos œuvres d'art,
09:54 lorsqu'elles sont selon de même façon désappréciées,
09:59 sont condamnées à ne pas faire long feu.
10:03 Ce ne sont pas nos œuvres d'art qui suscitent nos goûts,
10:07 mais nos goûts qui suscitent nos œuvres d'art.
10:11 Mozart comme Beethoven semblent par leurs notes de musique fersenées en qui nous habitent plus crédibles.
10:19 Nous sentons inconsciemment que nous pouvons par eux,
10:24 comme par quelques autres, tout en étant humains,
10:28 tenter d'être à notre guise,
10:31 sans se soucier de ce qui est pour de bon, de ce qui est pour de vrai.
10:38 Mais le fossé se creuse,
10:40 et ce qui est pour de bon, pour de vrai, perd du terrain,
10:44 sans témoigner notre environnement naturel,
10:47 comme témoin de ce qui est,
10:50 témoin en souffrance, souffrance grandissante,
10:54 et l'art contemporain comme témoin,
10:57 témoin envahissant de ce qui ne saurait être.
11:02 L'art parait être sans danger.
11:23 Il est vrai que la musique a pour réputation d'adoucir les mœurs,
11:28 réputation intentinée orientée.
11:32 La musique pouvant aussi, sur le plan de l'énervement,
11:36 être ce genre d'accélérateur de particules
11:39 qui vous entraîne et vous emporte bien plus pour le pire que pour le meilleur,
11:46 pouvant sans mal précipiter ce qui vous reste de raison,
11:50 dans les bras d'une démence prompte à vous dévorer tout cru.
11:56 L'art n'est pas aussi inoffensif qu'il y paraît.
12:01 Pour être, par notre concours, une esthétisation de ce qui ne saurait être,
12:08 en usant de l'art comme en usant de nous,
12:12 ce néant qui nous occupe parvient à mettre au pas,
12:16 parvient à s'initier au sein de ce qui est.
12:21 L'art, contrairement à ces idées reçues, à présent indéboulonnable, est un danger.
12:27 Pour nous assurer qu'il fait bon croire
12:30 qu'on peut s'émerveiller de la sorte sans risque,
12:34 et le plus souvent à force de l'être,
12:37 au devant des créations de toute espèce qu'il permet.
12:41 Se forcer, bien sûr, car l'art appréhendé d'une minute à l'autre par un être humain
12:47 n'ayant connu pour toute représentation
12:50 que ce que le réel lui délivre,
12:52 l'art, alors, pour celui-là,
12:55 apparaîtra comme une sorte d'expression à ce point détachée
12:59 qui lui semblera qu'à travers l'art, à défaut de folie,
13:04 les êtres humains qui lui vouent un culte parfois absolu,
13:08 parfois sans retour,
13:10 se sont laissés happer hors nœud par ce néant nous occupant toutes et tous.
13:16 Concevant ce néant, concevant ce vide
13:19 comme la manifestation d'une liberté même étendue,
13:23 en oubliant qu'il n'existe de liberté
13:27 que dans l'opportunité à travers la liberté
13:30 de se poursuivre à partir de ce que l'on est,
13:34 non de se poursuivre à partir de ce qu'on ne saurait être.
13:40 Cette liberté-là reproduisant alors à travers nous
13:44 ce que ce néant qui nous occupe lui insuffle.
13:48 Cette liberté-là, par le biais de ce même néant à travers nous,
13:54 dénicheant de quoi être plus libre encore.
13:59 L'Histoire du culte
14:04 Sartre fut de ceux qui prétendent dire
14:21 que l'être humain n'est jamais ce qu'il est.
14:24 Et lorsqu'il semble se dégager de l'être humain une identité,
14:30 cette identité-là est en réalité une identité d'emprunt.
14:36 Pour étayer son propos, Sartre prend pour exemple un garçon de café.
14:41 Ce faisant garçon de café au-delà d'un certain raisonnable,
14:46 jusqu'à ce point de non-retour caricatural et paradoxal à la fois,
14:53 mettant en évidence cette absence d'identité véritable
14:58 à travers une identité d'emprunt trop appuyée.
15:03 Sartre parle d'être et de néant.
15:07 Cette précision n'est pas exacte.
15:09 L'être en question, puisqu'il s'agit en priorité,
15:13 priorité absolue de nous autres humains,
15:16 l'être en question est avant tout non seulement celui qui n'est pas,
15:21 mais celui qui ne saurait être.
15:24 Pour ceux et celles qui en doutent encore qu'il compare en termes d'être
15:29 ces deux manifestations du monde,
15:32 ces deux représentations, à savoir le monde lui-même et nous autres humains,
15:38 se distingue là de notre part une insistance
15:42 pour parvenir à être autant que le monde
15:46 et condamné par avance.
15:49 Et cette insistance non seulement se montre autant sans avenir que sans lendemain,
15:56 mais cette insistance n'est qu'insistance,
15:59 elle n'est qu'une baudruche qui se dégonfle
16:03 dès qu'on cesse un peu de la gonfler,
16:06 qui se dégonfle à un rythme bien plus effréné
16:09 que ce rythme atteint avec peine au cours de son gonflement.
16:14 Sartre décela aussi entre l'être et le néant
16:20 un espace duquel se dégage une liberté potentielle.
16:24 Nous offrons, selon ce principe, de nous choisir.
16:28 Cette liberté-là n'est que liberté d'elle-même.
16:31 Nietzsche a son égard par une volonté se voulant elle-même.
16:37 Cette énergie gagne de plus belle en énergie à travers nous,
16:41 se nourrit de nous pour gagner en ampleur.
16:45 Cette liberté-là se veut libre et se trouve paradoxalement bridée,
16:50 contenue par nos décisions.
16:54 Cette liberté-là est à l'image du néant qui la génère,
16:58 un élan aveugle, juste bon à se poursuivre à partir de lui-même,
17:04 pour lui-même, sans fin et sans fond.
17:10 L'homme-néant
17:14 L'on pourra dire, comme certains penseurs le prétendent dire,
17:28 qu'entre l'être et le néant, entre nous autres humains et ce même néant,
17:33 au sein de cette absence tellement absente,
17:37 tellement sans fin et sans fond, qu'elle se fait absence d'elle-même,
17:42 se loge là, se tient là, à notre portée,
17:45 comme à notre disposition, une liberté potentielle.
17:50 Pour être liberté, une liberté réelle au sens propre du terme,
17:56 cette liberté-là doit se montrer au service de ce qu'elle alimente.
18:01 Cette liberté-là est celle qui délivre au lion
18:06 l'opportunité correspondante à son état, à son statut de lion,
18:11 de s'emparer d'une gazelle.
18:14 Cette liberté-là, très spécifiquement, est au service de ce qu'elle autorise.
18:20 À l'égard de nous autres humains,
18:23 cette liberté très à proximité de ce néant qui nous occupe,
18:28 trop à proximité de ce néant qui nous occupe,
18:32 ne nous autorise pas à travers elle,
18:36 comme elle autorise à travers un lion de se faire lion.
18:39 Cette liberté, à travers nous, s'autorise elle.
18:44 Cette liberté s'autorise juste à travers nous
18:48 d'être et de se montrer plus libre encore.
18:52 Et comme elle n'est pas rattachée à un genre déterminé,
18:56 qu'il soit lion, gazelle ou gorille,
18:59 qu'il soit détenteur d'une identité finalisée,
19:03 cette liberté apprécie en toute priorité de se poursuivre elle-même,
19:09 pour savoir, sans le savoir pour autant,
19:12 cette liberté ne sachant rien,
19:14 pour être par définition dépourvue d'intention.
19:18 Cette liberté se poursuit elle-même en détestant se rattraper,
19:24 notamment lorsqu'il nous prend un temps durant,
19:28 un temps donné de choisir.
19:32 Ce néant qui nous occupe par définition est un puits sans fond,
19:37 et nous lui conférons par cette liberté
19:40 que nous croyons récupérer à son contact,
19:44 un sens qui n'est pas le sien.
19:47 Ce puits sans fond s'abandonne sans cesse à ce fond qu'il ne possède pas,
19:52 et la liberté qu'il nous insuffle n'est qu'un retour ininterrompu,
19:59 absorbé en continu par ce même puits sans fond.
20:19 Souvent, si vous vous calez à la réalité,
20:23 réalité de fond et de base,
20:26 on vous taxera de cynisme.
20:29 Les êtres humains que nous sommes considérons ce néant,
20:33 au nom, comme au regard de cette absence de limite
20:37 qui le caractérise comme une sorte de champ opératoire synonyme
20:41 d'opportunité sans borne,
20:44 sans admettre que cette pseudo-liberté est avant tout gourmande d'elle-même,
20:50 gourmande de cette liberté qu'elle recherche,
20:54 qu'elle poursuit à travers elle en usant de nous.
20:58 Aussi, et cela se remarque dans nos agissements,
21:02 dans nos entreprises, comme dans nos initiatives,
21:05 pour céder, pour nous croire libres à tout ce qui nous traverse l'esprit,
21:11 et qui, à nouveau, pour nous croire libres,
21:14 résonnent en nous comme autant de choix authentiques,
21:17 nous générons sans cesse et sans fin
21:20 des agissements les uns à l'égard des autres contradictoires.
21:24 Contrairement à ce que l'on considère à ce propos,
21:28 ce ne sont pas nos possibles qui retardent notre écroulement final,
21:33 mais nos impossibilités réciproques
21:37 qui, par leur opposition, retardent l'échéance.
21:42 Nous sommes des lions qui, pour se dire lions,
21:46 non selon leur goût, mais ce regard des opportunités en lice,
21:51 au dehors comme au dedans d'eux-mêmes,
21:54 décideraient pour les uns de chasser des gazelles,
21:57 les autres de les protéger,
21:58 les autres de chasser des lions qui chassent des gazelles,
22:01 les autres de chasser des lions qui ne chassent pas des gazelles.
22:04 Tous tributaires en eux d'un indéfini rédhibitoire et sans appel,
22:11 ramenant toute définition en l'occurrence décidée pour tenter de donner le change
22:17 à cette même et toujours indéfinition de départ.
22:23 Nous nous débattons au sein d'une espèce de combat perdu par avance,
22:28 et ce combat-là, en tant que combat, nous le sentons bien,
22:32 reste et demeure la seule victoire possible.
22:36 Mais une victoire épuisante, une victoire inaccessible,
22:40 une victoire seulement au service de ce combat,
22:44 ce même combat en capacité de la sous-entendre,
22:48 sans jamais parvenir à la faire advenir.
22:53 Si l'être est tributaire du néant, comme nous le sommes,
23:13 cet être-là doit au plus tôt prendre conscience qu'il ne saurait être,
23:19 voire même qu'il ne peut être qu'à travers cette acceptation,
23:25 celle consistante à ce qu'il admette pour de bon qu'il ne sera jamais.
23:31 Sans vouloir enjoliver cette période, celle en l'occurrence de l'Antiquité,
23:37 les êtres humains de cette époque-là,
23:40 pour être en contact avec un environnement naturel en pleine forme,
23:45 pouvaient en conservant ce contact, ce contact intantiné objet,
23:51 les êtres humains de cette époque-là,
23:53 ne pouvant faire autrement que de composer avec leur environnement naturel,
23:58 par cette obligation parvenait à contenir ce néant en eux,
24:03 ce même néant en nous.
24:06 Mais cette mise à distance de ce même néant ne se fit pas de façon consciente.
24:12 Ce qui est en ce monde disposait encore de quoi rappeler alors nous autres humains.
24:21 À fur et à mesure nous prime un ascendant sur notre environnement naturel,
24:25 ce qui est pâti de distorsions grandissantes,
24:30 de distorsions exponentielles.
24:33 Nos prétendus progrès furent en réalité une porte toujours plus ouverte
24:38 en faveur de ce néant en nous.
24:41 Au détriment de ce qui est,
24:43 aujourd'hui l'état de notre environnement naturel en témoigne.
24:49 Bien évidemment, les générations humaines avant tout,
24:54 à la différence de toutes les espèces de ce monde,
24:57 apprécient de remettre les compteurs à zéro,
25:01 ou plutôt imposent des compteurs prétendus inédits à ce même zéro de toujours.
25:07 Sans cesse, nous nous rangeons à ces certitudes qui parviennent à nous persuader
25:12 que nous sommes bien plus que ce qui est.
25:16 Ce néant qui nous occupe pour n'être rien,
25:20 s'avère à ce point dépourvu d'avis,
25:22 que ses avis en moi, en lui, le font plus convaincant.
25:28 Toujours davantage nous glissons vers l'être pas,
25:31 ce même être pas à notre égard originel,
25:35 pour ressembler à tous sans cesse davantage,
25:38 par le biais paradoxalement de différences de surface qui nous font semblables,
25:44 nous ne ressemblons à rien.
25:46 Et ce silence qui nous occupe,
25:49 par lequel s'entend de toutes parts comme à tout va ce néant qui nous occupe aussi,
25:54 par notre intermédiaire occupe l'espace ici-bas,
25:58 par le biais d'un vaincarme où ce qui est ne s'entend plus.
26:04 [Musique]
26:17 La relativité restreinte nous apprend
26:22 que ne se remarque pas dans notre dimension
26:26 de simultanéité de temps
26:29 pour chaque espace en l'occurrence visé.
26:33 Chaque espace ayant et possédant son temps propre.
26:39 Évidemment, cette absence de simultanéité nous heurte
26:45 sur le plan de la compréhension de ce qui nous entoure.
26:50 Nous apprécions, en épousant pour se faire autant d'évidence
26:55 sur un plan scientifique des plus expéditifs,
27:00 de céder à autant de facilités.
27:04 À l'image de la chute des corps mise en avant par Galilée,
27:08 démontrant que chaque corps d'abord ne tombe pas en tant que tel,
27:14 mais est ramené à notre planète par les effets de la gravitation.
27:19 Chaque corps donc est ramené selon une vitesse égale
27:23 et s'y se distingue une différence de vitesse
27:27 lors de cet autre rapatriement.
27:30 Cette différence est le résultat d'une résistance à l'air
27:35 plus marquée pour certains corps
27:38 plutôt que pour certains autres.
27:42 En guise de représentation,
27:47 la relativité restreinte peut se remarquer en nous observant,
27:53 nous autres humains.
27:55 J'ai écrit à de nombreuses reprises
27:58 que l'être humain n'est pas un animal de troupeau,
28:02 qu'il est souhaitable même qu'il ne le devienne jamais.
28:06 La réflexion que je vais me permettre est promise
28:10 à nous faire chacun un peu plus seul, un peu plus isolé,
28:15 parmi tous les êtres humains composant les rangs de l'humanité.
28:21 Aussi souvent, sur un plan temporel,
28:26 nous référons-nous les uns à l'égard des autres
28:30 en tenant compte de l'âge de chacun.
28:33 Et à partir de ces âges, nous nous disons plus jeune ou plus vieux.
28:39 Cette notion est trop sommairement juste pour être suffisante.
28:45 Nous ne sommes pas plus jeunes ou plus vieux explicitement.
28:50 Nous sommes seulement nés avant ou après certains,
28:55 faisant que ce positionnement dans l'espace et dans le temps
29:00 nous confronte à notre tour
29:03 à une espèce de relativité restreinte à caractère humain.
29:11 Etienne Klein, qui possède cette faculté de faire accessible
29:17 des combinaisons scientifiques et par répercussions intellectuelles
29:23 relativement corpulentes,
29:26 souvent précise que nos difficultés à les assimiler par la nature
29:31 sont les mêmes que celles de l'humanité.
29:35 Souvent précise que nos difficultés à les assimiler proviennent de nos idées reçues.
29:42 En termes de remise en cause, instinctivement,
29:47 nous appuyons des deux pieds sur cette pédale de frein spécifique
29:52 susceptible de freiner cette espèce de compréhension générale
29:57 qui, une fois enclenchée,
30:00 pourrait semer le doute bien au-delà de ces domaines scientifiques
30:05 desquels elle s'est extirpée
30:08 pour atteindre, en l'occurrence,
30:11 de ces domaines plus personnels,
30:14 voire de ces domaines plus intimes.
30:17 Nous prétendons que nous ne sommes pas la personne que nous prétendons être,
30:24 la personne même que nous revendiquons,
30:28 que nous sommes en nous un étranger,
30:31 un étranger à nous-mêmes,
30:34 un genre d'indéterminé perpétuel égaré en lui-même
30:40 comme on s'égare à des terres
30:43 qui ne détiendront jamais de quoi nous constituer à partir d'elles-mêmes.
30:49 Ainsi, se remarque,
30:54 dans cette perception que nous avons de nos âges respectifs,
30:59 des éléments semblables qui nous fuirent
31:03 et continuent de nous faire à distance de la réalité.
31:07 Formuler autrement,
31:09 cette incompréhension spécifique
31:12 rattachée à la chute des corps se poursuit ailleurs.
31:16 Nos âges respectifs à l'interprétation des uns à l'égard des autres
31:22 à son tour se poursuit.
31:25 Nous nous appréhendons à partir de nos âges
31:29 plus que nous nous appréhendons en tenu compte
31:33 de ce lieu et de ce temps qui nous vit naître
31:37 et qui resteront tout au long de notre vie
31:41 une signature indéfectible.
31:44 Ainsi, nous ne sommes ni vieux ni jeunes.
31:50 Cette reconnaissance-là nous associe trop à un temps commun
31:55 voire même nous associe trop à des lieux communs.
32:00 Nous sommes seulement nés avant, seulement nés après
32:04 et nous incarnons par cette spécificité à l'espace et à un temps vivant
32:11 tout constitué de chair comme de sang.
32:15 Nous incarnons ainsi une différence par définition indépassable.
32:41 Lorsque l'on intègre dans nos interprétations
32:45 certaines données éclairées par la physique moderne
32:50 on intègre aussi que nos corps ne sont que des finalités momentanées
32:56 en apparence seulement composées de chair et de sang
33:01 mais présentant en réalité une complexité
33:05 bien plus puissante au sens propre du terme.
33:10 Si l'on s'arrête au sujet de notre corps à sa masse réelle
33:14 comme à l'énergie qui lui correspond
33:17 et qu'on admet que cette énergie spécifique
33:21 rattachée au calcul de cette même masse
33:24 est sans comparaison bien plus conséquente
33:28 que celle que nous manifestons avec plus ou moins d'entrain
33:33 lorsque le matin au réveil nous nous décidons
33:37 de créer ou de force à nous lever
33:41 se distingue là une sorte de disproportion abyssal
33:47 ce que notre corps permet en termes d'énergie
33:51 s'avérant sans comparaison avec l'énergie
33:55 composante en réalité la quasi-totalité de notre masse réelle.
34:03 Evidemment, à ce constat, on ne peut se retenir d'émettre une hypothèse
34:10 intentinée et chevelée
34:12 pouvant même, si vous êtes de ceux qui se risqueront à l'énoncer
34:17 être de ces hypothèses qui vous feront passer pour fous.
34:22 Mais si mon intelligence, mon esprit
34:27 dépend en guise de performance
34:30 de l'énergie que lui délivre mon organisme
34:34 on pourrait être tenté, après avoir intégré comme donné
34:39 que la masse de mon corps possède une autre énergie
34:43 que mon propre corps en tant que tel ne saurait me délivrer
34:48 on pourrait être tenté donc, tenté jusqu'à portée plainte
34:54 de réclamer à mon corps cette énergie
34:58 pouvant être dite cachée
35:01 cette énergie composant à elle seule la quasi-totalité
35:05 de cette masse correspondante à mon corps
35:09 et à l'égard de laquelle mon corps démontre une totale incapacité
35:13 de récupération comme d'exploitation.
35:17 Un corps pouvant apparaître en toute conclusion
35:23 comme une finalité bien pauvre
35:26 ne pouvant se retenir de dire
35:30 par une conclusion de plus
35:33 tout cela pour ça.
35:37 Pour ne pas être un physicien
35:52 pour même me situer à des années-lumière
35:55 de ce que la physique moderne exige pour être maîtrisé
35:59 je vais me risquer à une extrapolation déraisonnable par définition
36:06 d'ailleurs à ce propos, ne faut-il pas être déraisonnable
36:10 pour ramener en usant de plus de raison
36:14 sa raison à la raison
36:17 notre raison ayant tendance
36:20 à faire cela par des instructions de tout genre
36:24 n'ayant pas pour réputation de prendre des gants
36:28 à nous faire accepter autant d'évidence à dessous
36:33 jouissant d'une validation consentie par nos sens
36:37 notre vue dans ce processus occupant la pole position.
36:43 Ainsi
36:46 si je décompose, si que me permet en trois pôles
36:50 d'abord cette masse associée à son énergie
36:54 correspondante à mon corps, mon corps lui-même
36:57 et l'énergie dont il est capable
37:00 et moi, représenté par mon esprit
37:03 c'est-à-dire cette faculté de mot sapiens, sapiens particulière
37:07 m'offrant de pouvoir dire que je sais que je suis
37:12 au moins temporellement
37:14 pouvant face à une pendule
37:17 et tout en me pinçant en un temps donné
37:20 préciser par avance
37:22 assurer que cette vie que je me reconnais
37:25 n'est pas une reconnaissance pour des prunes.
37:29 Maintenant
37:32 je vais m'autoriser une hypothèse
37:35 si mon corps
37:37 est dans l'incapacité de récupérer
37:40 cette énergie composant la quasi-totalité de sa masse
37:44 lorsque mon corps
37:47 cessera son pauvre fonctionnement
37:50 un temps ténébrant, lent et douteux
37:53 au regard de cette énergie produite par lui
37:57 mon corps, en conservant sa masse
38:00 ne me récupérera-t-il pas autrement ?
38:04 Mon esprit, même mon corps ayant cessé sa fonction
38:09 mon esprit
38:11 ne sera-t-il pas récupéré par cette masse
38:14 correspondante encore à mon corps
38:17 même malgré son arrêt définitif ?
38:21 Admettez que l'éventualité serait cocasse
38:24 il ne manquerait plus
38:26 que mon esprit
38:28 mon corps arrêté pour de bon
38:31 et récupéré par sa masse
38:33 jouisse d'une énergie
38:35 jamais au grand jamais
38:37 communiquée par mon corps
38:40 en ces heures où l'on me disait vivant.
38:44 Dans la suite de l'édito
39:00 et moi, et moi, et moi
39:02 je me doute bien
39:04 que ma réputation de philosophe
39:07 déjà fragile
39:09 par les extrapolations auxquelles je me risque
39:13 ne va pas par elle s'en trouver solidifiée
39:17 notre savoir devient et se fait contre-productif
39:21 lorsqu'on le fige
39:23 à ce propos
39:25 se tient à cette remarque
39:27 une réalité générale
39:29 qui paraît en capacité de la valider
39:32 à savoir que rien n'est figé dans notre dimension
39:36 l'immobilisme en tant que tel n'existe pas
39:41 tout ici comme ailleurs
39:44 est tributaire d'un mouvement
39:46 qui le fait se déplacer
39:48 du voyageur dans son train
39:51 à notre système dit solaire dans notre galaxie
39:54 à notre galaxie elle-même
39:56 à l'univers lui-même peut-être
39:58 mais à ce propos
40:00 au delà de mes pauvres yeux
40:02 mon imagination même se montre
40:04 à l'égard de cette donnée éventuelle
40:07 aussi bigleuse que mes yeux même
40:11 aussi un savoir doit être bougé
40:14 à coups d'épaule
40:16 jusqu'à si nécessaire pour qu'il se bouge
40:19 que ses fesses soient bottées
40:22 un savoir
40:24 se disant savoir et refusant d'être dépassé
40:27 incarne une anomalie
40:30 pour tout savoir quel qu'il soit
40:33 peu importe les justesses qu'il exprime
40:37 ce genre d'arrêt sur image
40:40 traduit une mort cette fois pour de bon
40:44 de ces morts justement considérés comme morts
40:48 pour refuser à la vie
40:51 toute vie après
40:53 ou toute vie digne de ce nom
40:56 échappant par cette mort qui la désintègre
40:59 justement à cette autre rationalité
41:03 lui offrant de quoi se poursuivre autrement
41:07 en guise de mouvement là aussi
41:10 nous sommes transportés par un flux intemporel
41:14 c'est-à-dire par un flux
41:17 pouvant faire par lui que l'espace-temps
41:20 sur cette longueur-là
41:22 perde de ses attributs trop établis
41:25 qui leur offre de quoi être considéré comme donné
41:30 mais cet édito est déjà consommé
41:35 pour les écrire tous
41:37 je ne leur concède qu'une page
41:40 correspondant ainsi à un temps prescrit calculé autrement
41:45 ainsi je me permets en guise de rendez-vous
41:49 de vous convier à me rejoindre au fil de la page à venir
41:54 [Musique]
42:10 ainsi suis-je content de vous retrouver au fil de cette page-là
42:16 cette page par les mots qu'elle contient
42:20 associée à votre vitesse de lecture
42:24 vous délivrant un temps relatif
42:27 à nouveau l'espèce de relativité restreinte
42:30 se remarque encore par l'intermédiaire de ces quelques lignes
42:36 dans la suite de l'édito, n'importe quoi
42:39 je ne peux me retenir d'émettre une hypothèse
42:43 non avare en surréalisme
42:46 je me dois bien de l'admettre
42:48 sous-entendant qu'entre ces trois éléments
42:52 la masse de mon corps, énergie comprise évidemment
42:56 mon corps tel qu'il est
42:59 ce corps qui m'offre une certaine présence
43:02 d'une autre dimension appelée vie et mon esprit
43:05 me permettant avec plus ou moins de bonheur
43:09 de considérer ces deux premiers éléments juste cités
43:14 je ne peux m'empêcher d'en conclure que mon corps
43:17 celui appelé à me faire vivant selon l'expression
43:22 est parmi ces trois éléments le maillon faible
43:28 toujours en s'aidant à un surréalisme
43:33 laissant entrevoir de la part d'un philosophe
43:36 un manque de sérieux proportionnel
43:40 je ne peux me retenir de penser que cette énergie
43:44 composant l'essentiel de cette masse
43:47 correspondante à notre corps
43:50 doperait mon esprit bien mieux et bien plus
43:54 que l'énergie produite par le corps en question
43:58 enfin que mon esprit en guise d'énergie
44:01 aimerait disposer d'une source d'énergie aussi conséquente
44:07 que cette énergie composant la quasi-totalité du corps
44:11 lui offrant d'être
44:14 nous avons à faire là un genre de trait d'union
44:19 qui associerait les deux mots qu'il prétend joindre
44:22 avec plus de bonheur
44:25 s'il se décidait à passer la main
44:29 en laissant les deux mots concernés se fondre l'un à l'autre
44:34 afin d'admettre un sens plus concentré
44:40 par cette union paradoxalement séparée
44:43 pour être dite permise
44:46 après tout, lorsque notre corps cessera d'être ce trait d'union là
44:52 devons-nous peut-être nous attendre à des retrouvailles puissantes
45:00 "La montagne a accouché d'une souris"
45:04 Vous connaissez sans doute l'expression
45:17 disons que la montagne a accouché d'une souris
45:22 ne peut-on pas dire que notre corps
45:24 au regard de sa masse et de l'énergie
45:27 compose l'essentiel à son tour
45:30 en permettant notre corps
45:33 comme l'énergie qu'il est en capacité de produire
45:37 à accoucher à son tour d'une souris
45:41 c'est un peu comme si nous concevions une centrale
45:44 de la taille de dix départements
45:47 de laquelle résulterait une pile électrique lambda
45:52 juste capable de nous éclairer au mieux
45:55 bien avant que la nuit ne tombe
45:58 avec pour conséquence cette obscurité qui la caractérise
46:04 mais si vous accolez à cette constatation
46:10 une seconde constatation
46:13 par laquelle à de nombreuses reprises
46:16 j'ai précisé que nous autres humains
46:19 détenions un entendement capable
46:22 de supposer l'infini comme l'éternité
46:26 sans que cette supposition-là valide pour de bon
46:30 l'existence de l'infini
46:32 comme l'existence de l'éternité
46:35 on pourrait imaginer et imaginer seulement
46:38 sans prendre ce qui résulterait de cette imagination
46:42 comme argent comptant
46:44 en tenant compte évidemment
46:46 que notre entendement voit sa portée contrariée
46:50 par notre espérance de vie
46:52 nous pourrions imaginer et je dis bien imaginer
46:55 imaginer seulement
46:57 mais imaginer est notre fort
46:59 pour nous autres humains
47:01 que notre corps ne soit que ce qui permet notre esprit
47:06 et que celui-ci se retire plus ou moins gentiment
47:10 de cette affaire atroce
47:12 pour laisser se rejoindre et se confondre
47:15 l'aval à l'amour
47:17 le plein d'une communion encore tributaire du corps
47:21 tant que sa masse ne se sera pas intégralement décomposée
47:26 mais alors
47:28 cette éventualité comme prolongement
47:31 pourrait chez ceux rêvant d'une suite donnée
47:35 leur dernier souffle consommé
47:38 passer la chose
47:41 intextualisée juste un peu
47:43 passer d'un banneur fugace à une tristesse sans fond
47:48 car si notre esprit dispose de quoi ?
47:51 se poursuivre sous cette forme
47:53 par le biais de cette énergie
47:55 rattachée à notre masse
47:57 de quel esprit alors parlons-nous ?
48:00 lorsque nous parlons d'un esprit
48:03 rattaché à une vie
48:06 la vie en moi
48:10 L'esprit de l'homme
48:14 Si Kant associé à quelques autres
48:27 parvint à susciter une révolution
48:30 en prétendant entre autres
48:32 que l'homme n'était pas une idée de Dieu
48:35 mais Dieu une idée de l'homme
48:38 il sut
48:40 car les temps qui furent les siens l'en empêchèrent
48:43 se retenir de prétendre
48:46 que l'homme de façon étrange
48:49 nécessitait en nécessitant Dieu
48:52 une idée de ce genre
48:54 Kant s'est arrêté en chemin
48:57 il est vrai aussi que l'époque
48:59 à notre égard
49:01 qui que nous soyons
49:03 représente un élan général
49:06 et qu'on peut être en soi porté
49:08 par une intelligence hors norme
49:10 il est complexe
49:12 même pour un génie
49:14 de dénicher en lui un élan particulier
49:18 capable de dépasser
49:20 cet élan général et commun
49:23 J'écris à plusieurs reprises
49:27 que 1905
49:29 qui est entendu en termes d'année
49:33 comme cette année où la laïcité
49:35 prit un ascendant sur l'église
49:38 ascendant apparent
49:40 en réalité
49:42 l'état ou la république
49:44 écarta l'église des affaires du pays
49:47 pour épouser les manières de l'église
49:51 d'ailleurs cette même église
49:53 des siècles auparavant
49:55 joua à son tour des épaules
49:58 en envoyant dans le décor les rites païens
50:01 tout en prenant en possession
50:03 des rites en question
50:05 et en habillant ces mêmes rites
50:07 de ses propres convictions
50:09 afin qu'elles furent plus aisément acceptées
50:13 par les foules de l'époque
50:15 d'ailleurs
50:17 si vous doutez
50:19 de ce que j'avance
50:21 concernant 1905
50:23 observez les monuments de la guerre de 14
50:26 de l'ossuaire de Douamont
50:29 et ses reliques vulgairement exposées en tas
50:33 aux soldats inconnus poussant
50:35 plus encore dans l'anonymat
50:38 des millions d'anonymes tombés
50:41 vous remarquerez ces mêmes trucages
50:43 un tantinet grossier
50:46 qui aident et contribuent
50:48 à ce que les esprits par définition fébrile
50:51 croient plus aisément
50:54 mais surtout
50:56 peu importe vers quoi elles nous dirigent
51:01 en nous ce besoin de croyance persiste
51:05 transformant nos organisations en châteaux de cartes
51:11 à travers une lucidité en nous indépassable
51:16 nous apprend
51:18 que nous ne pouvons croire en nous à ce point
51:22 qu'il nous faut nous inventer de quoi croire
51:26 croire sans cesse jusqu'à ce que mort s'en suive
51:30 croire en ce qui n'est pas nous
51:33 nous installons toujours davantage dans un monde
51:37 qui d'abord ne saurait être
51:40 qui ensuite au fil d'une répercussion somme toute logique
51:45 ne saurait nous convenir
51:48 à nous pas moins qu'à tout autre
51:52 se constate en nous un ineffable peur rassurant
52:12 peur rassurant concernant notre avenir
52:16 nous autres humains sommes de ces calculs
52:19 qui ne savent pas tomber juste
52:22 et qui se poursuivent jusqu'à épuisement dans leurs opérations
52:27 se cherchant un résultat en capacité de les faire aboutir
52:31 et qui les repoussent toujours plus loin
52:35 dans leur inexactitude intrinsèque
52:39 toutes les espèces de ce monde, elles
52:44 restent à ce propos reposées
52:47 sans être perturbées comme nous le sommes
52:50 sur l'état qui les incarne
52:53 comme si en l'occurrence ce même état incarnait
52:57 incarnait à la fois les concernant une opération aboutie
53:02 tombant juste à ce point
53:05 qu'elle nécessite à son égard d'être plus encore calculée
53:10 des calculs que nous nécessitons incarnant à leur tour
53:15 une remise en cause perpétuelle synonyme d'épuisement
53:20 pour nous calculer sans cesse
53:25 nous usons de nos facultés à croire
53:29 nos capacités à produire une certaine justesse scientifique
53:34 contribuant à faire que nos croyances à notre esprit
53:39 ne soient pas reconnues comme telles
53:42 pourtant, si vous nous entendez causer
53:46 vous entendrez sans cesse et sans fin se répéter le verbe croire
53:52 ne faut-il pas selon l'expression croire avant tout
53:56 pour avant tout parvenir à ses fins ?
54:00 si seulement au fil de cet édito
54:04 vous chassez de votre esprit ce que le verbe croire autorise
54:08 pour le remplacer par le verbe voir
54:12 vous constaterez que nombre de nos initiatives
54:16 si elles ne sont pas ce petit jeu à mettre toutes dans un même panier
54:22 si nos initiatives donc pour être vues
54:27 sans ajouter à cet effort de lucidité un cynisme malvenu
54:31 synonyme de surenchère
54:34 sont encore en capacité de tenir debout
54:38 pour l'heure, le verbe croire comme dopant grossier contribue
54:44 à ce que nos vessies soient encore appréhendées comme des lanternes
54:50 prises sous le prisme d'une lucidité pleinement honnête
54:54 rien de ce que nous produisons ne saurait faire long feu
54:58 et le plus étonnant
55:00 c'est qu'aucun d'entre nous en son fort intérieur
55:05 ne possède pas déjà cette conclusion là
55:09 lorsque nous réfléchir à l'origine du cynisme
55:29 on constate de lui qu'il provient d'une déception
55:33 déception synonyme de retour de bâton
55:37 lorsque pour avoir trop cru
55:40 pour nous être laissé entraîner par nos croyances
55:44 celle-ci par défaut
55:47 pour nous avoir induit en erreur
55:50 nous renvoie à plus de lucidité
55:54 alors souvent, comme pour rétablir le tir
55:58 voire même pour nous punir d'avoir cru à ce point
56:02 nous faisons montre d'une lucidité tellement extrême
56:07 qu'elle ne parvient paradoxalement pas à se faire lucide vraiment
56:12 pour avoir trop cru
56:15 nous nous faisons en retour plus lucide
56:19 que ce que la lucidité par définition exige
56:23 et c'est à cet instant que ce cynisme en nous potentiel apparaît
56:29 formuler autrement
56:31 ce même cynisme est l'expression d'une déception
56:36 visant ceux qui ne savent se constituer sur un plan existentiel
56:42 qu'à partir de leur faculté à croire
56:46 et qui à l'égard de cette nécessité de lucidité qui les rattrape
56:52 cède un désir de vengeance
56:55 à l'égard de cette même lucidité
56:59 leur goût ineffable pour toute croyance
57:03 n'étant pas décidé à baisser les armes si facilement
57:07 dit autrement
57:10 ceux qui ne savent pas composer avec le réel
57:13 le coiffement de possibilités, d'éventualités surréalistes
57:18 qui ne sauraient être les siens
57:21 lorsque le réel les rattrape
57:23 lorsque le réel les rappelle à l'ordre
57:26 se venge de lui
57:28 en le faisant paradoxalement plus vrai
57:31 que ce qu'il ne saurait être
57:35 nous avons à faire là une sorte de croyance
57:38 vécue en l'autre sens
57:42 celle qui nous projeta
57:44 en nous communiquant en enthousiasme vers l'avant
57:48 rattrapée par une sorte de lucidité nécessaire, obligée
57:54 usant de cette même lucidité
57:57 pour exclimer toute notre déception
58:00 en nous projetant cette fois vers l'arrière
58:04 cette balance qui caractérise les croyants
58:07 trop partis d'un bord
58:09 sermonnés par un équilibre
58:12 qui leur présente son peu de justesse
58:15 et qui s'empresse d'envahir le bord opposé
58:18 le siennisme ainsi n'est que l'expression
58:22 par le biais d'une lucidité retrouvée
58:24 même de façon succincte et déformée
58:28 d'autant de croyances
58:30 pour n'être que croyances déçues
58:36 Le temps nous a imposé sa loi
58:38 en nous entraînant dans nos vies respectives
58:40 une heure plus loin
58:42 j'ignore où vous vous trouverez la semaine prochaine
58:44 mais si le coeur vous en dit
58:46 je vous donne rendez-vous pour renouveler l'expérience
58:48 en vous souhaitant d'ici là plein de bonheur
58:50 et de bonne santé
58:52 au revoir
58:54 Sous-titres par Jérémy Diaz
58:56 Abonnez-vous !
58:59 Abonnez-vous !
59:01 Je vous donne rendez-vous pour renouveler l'expérience en vous souhaitant d'ici là plein de hasards heureux. Bien à vous !
59:07 [Musique]
59:26 [SILENCE]

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