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Les Editos Philosophiques de Pascal Dolhagaray, Semaine 48/2023

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Amusant
Transcription
00:00 *Musique*
00:17 *Son de clavier*
00:20 Bonjour, bienvenue sur 300 secondes maxi.
00:23 Je vous propose 12 détours d'une même durée, autant de parenthèses éphémères,
00:27 pour que tu aies l'espace inclus entre les deux grandes qui nous contiennent.
00:30 Juste des clins d'oeil sonores, une autre façon de vous décrire un détail dans ce paysage qui défile
00:36 à cette même vitesse que notre vie passe. Bonne émission à vous.
00:40 *Musique*
00:46 Il est quand même complexe, intellectuellement complexe, de faire abstraction de ce qui n'existe pas.
00:55 Ce qui n'existe pas, comme ce qui ne saurait exister, malgré tant d'assistance,
01:03 tant de contexte élevé et mis à leur seul service pour qu'ils donnent le change.
01:11 Bénéficiant, exploitant ces preuves impossibles à formuler comme à établir,
01:17 comment prouver que ce qui n'existe pas, n'existe pas ?
01:22 Tellement que de cette volonté à vouloir démontrer que ce qui n'existe pas, n'existe pas.
01:32 Au-delà de ces preuves, preuves forcément manquantes,
01:37 demeure juste à cette tentative impossible, cette volonté de départ,
01:45 volonté jugée comme intention, intention dissimulée,
01:52 disant en vous que si vous démontrez tant de volonté à vouloir que ce qui n'existe pas
02:02 soit considéré comme une chose qui n'existe pas, c'est avant tout parce que vous ne voulez pas qu'elle existe.
02:11 Dites autrement, il suffit d'accepter l'existence de Dieu pour qu'il existe.
02:20 Et si Dieu pour vous n'existe pas, c'est avant tout parce que vous en refusez l'existence que vous vous refusez à Dieu.
02:34 Ce constat paraît simpliste, mais justement, cette simplicité le fait redoutable
02:44 et motive grand nombre d'entre nous à céder à ce qui n'existe pas, à ce qui ne saurait exister,
02:54 qu'il faille passer par ce qui n'existe pas pour atteindre ce qui existe.
03:02 Ainsi, si Dieu est amour et si vous refusez Dieu parce que Dieu ne saurait exister,
03:12 pour ceux considérant que Dieu existe et qu'il est amour et qu'il est l'amour,
03:20 vous vous refusez à Dieu comme à l'amour, constatation faisant de vous, à ces esprits-là,
03:29 une personne peu aimable par définition comme par réflexe.
03:52 Les êtres humains que nous sommes, sommes des inventeurs de contexte,
03:59 des inventeurs de vérités subalternes, de vérités subalternes afin que ce à quoi on croit,
04:10 que ce que l'on imagine et que l'on envisage advienne.
04:16 Tous ces procédés, tous ces stratagèmes sont non seulement chargés de mettre la réalité au pas,
04:26 chargés de faire abstraction de cette même réalité comme chargés de faire abstraction de nous.
04:37 J'ignore si les chats, les lions, les gazelles et tous les autres êtres vivants
04:46 ressentent cette ambition, cette intention, intention comme nécessité,
04:54 consistant à ne pas se vouloir chat quand on est chat, lion quand on est lion,
05:02 gazelle quand on est gazelle et ainsi de suite.
05:06 Pourquoi les êtres humains ne se veulent pas humains comme ils peuvent l'être,
05:13 non comme ils doivent l'être, il n'existe pas de devoir à ce niveau,
05:20 si devoir il y a alors, le hasard est en réalité quelqu'un.
05:27 Maintenant, si les êtres humains que nous sommes veulent passer outre ce qu'ils sont
05:36 pour devenir ce qu'ils envisagent de devenir, à cette intention va se présenter un problème,
05:46 un problème de fond comme de base, comment devenir ce quelqu'un souhaité
05:54 en ne tenant pas compte de ce que nous sommes à l'origine.
06:00 Selon ce constat, plus l'être humain voudra devenir humain à sa façon,
06:07 moins il parviendra à devenir ce qu'il peut être.
06:13 Selon cette approche, selon cette constatation,
06:18 devenir humain au regard de la méthode employée,
06:24 si le projet pour nous est de devenir humain, est le pire projet qui soit,
06:32 non pour que nous devenions humains, mais pour que nous devenions ce que nous pouvons devenir.
06:41 L'humain est un objet.
06:47 L'humain est un objet.
06:53 L'humain est un objet.
06:59 L'humain est un objet.
07:03 L'on désire, l'on ambitionne,
07:07 à ce propos, nos ambitions sont trop souvent au service de nos fantasmes,
07:14 et nos fantasmes sont trop souvent fâchés avec ce que nous sommes.
07:21 Ce que nous sommes pour de vrai, un nous en nous, en visage,
07:27 et désire être nous en se passant de nous,
07:32 et ce nous là, au regard du nous visé, nous paraissons être de trop dans cette affaire.
07:41 Ainsi, l'on désire, l'on ambitionne, viser un amour qui ne serait qu'amour,
07:50 un amour qui ne tiendrait pas compte de cette haine,
07:56 cette même haine qui n'est pas en capacité de le faire advenir,
08:02 cette même haine pouvant au sujet de l'amour, pour qu'enfin on le constate,
08:10 se faire plus discrète, plus discrète sans fin et sans interruption,
08:18 jusqu'à disparaître parfois, parfois et de façon très momentanée.
08:27 Alors, si l'amour est seulement de la haine en moins, l'amour n'existe pas.
08:37 Et cette nouvelle, celle annonçant sa non-existence,
08:44 cette nouvelle là n'est pas aussi mauvaise qu'on pourrait le croire, qu'on pourrait en conclure.
08:53 Cette haine en moins incarne une paix,
08:58 une paix qui ne nécessite pas pour être instaurée qu'une guerre soit gagnée.
09:06 L'amour, lui, est une déclaration de guerre à ce qui est,
09:13 à ce qui est vrai et constatable.
09:17 Une déclaration de guerre pour l'amour constatable.
09:22 Une déclaration de guerre pour l'amour nécessaire.
09:27 Guerre nécessaire pour que l'amour donne l'impression de l'emporter,
09:34 d'être victorieux, d'user de cette guerre nécessaire et déclarée
09:42 de ses victoires pour être admis comme étant.
09:48 Nous autres humains sommes plus capables de haine que d'amour.
10:10 En considérant que la haine est ce qu'elle est,
10:15 que la haine correspond au mot "haine" et qu'il ne s'agit pas d'autre chose,
10:22 la haine, cette haine en nous, est peut-être l'expression d'un trop-plein,
10:30 d'un trop-plein de souffrance cumulée, de frustration cumulée.
10:38 Cette haine qu'on nous reconnaît, que nous nous reconnaissons,
10:44 est peut-être un enseignement, enseignement mal interprété,
10:51 enseignement nous avertissant à nous-mêmes qu'il n'est pas si simple d'être humain,
10:59 voire même, au regard de ce qui est rattaché là aussi de nous-mêmes,
11:06 par nous-mêmes, au titre "humain", nous ignorons si à partir de nous,
11:14 nous pouvons épouser, adopter les caractéristiques que ce titre,
11:20 que ce qu'être humain signifie.
11:25 Mais enfin, si nous autres humains sommes plus capables,
11:32 sommes plus capables de haine que d'amour,
11:36 il serait peut-être raisonnable pour atteindre cet amour tant visé,
11:42 de commencer par viser, par désirer et vouloir moins de haine,
11:49 pour atteindre plus d'amour, plus encore.
11:53 Il n'est pas sûr que de vouloir plus d'amour,
11:58 en ne visant que l'amour vous en procure davantage.
12:04 Peut-être même que cet impasse sur cette haine qui nous possède,
12:11 pour viser un amour plus fort, qui userait de ce qu'il est,
12:17 et de ce qu'il est seulement, ne nous propulse déçus vers plus de haine encore.
12:43 Ce nécessaire vital que nous devons à chacun,
12:48 ce nécessaire vital là, incarne un avoir absolu,
12:54 à partir duquel toute notion de propriété doit être arrêtée.
13:01 Car détenteur de ce nécessaire vital là,
13:07 nécessaire vital considéré comme avoir absolu,
13:12 tous les acquis potentiels changent de nature.
13:17 Ce qui est susceptible de nous rapporter, se trouve déjà en nous.
13:24 Cette autre valeur ajoutée, est une valeur ajoutée, ajoutée à elle-même.
13:32 C'est à ce niveau où notre curiosité intrinsèque entre en jeu.
13:38 En nous présentant en guise de défis de savoir.
13:44 Le premier savoir, passant par une connaissance sans cesse développée de qui nous sommes,
13:52 pour être davantage.
13:55 Nous ne pouvons être davantage pour de vrai qu'à partir de ce que nous sommes.
14:01 Pour cela, nos limites sont autant de façon paradoxale, de façon cocasse,
14:10 autant d'encouragement, d'encouragement par défaut.
14:16 Le second savoir passe par ses connaissances extérieures à nous,
14:23 connaissances illimitées,
14:26 et cette illimité que ces connaissances incarnent nourrit ce rapport particulier,
14:35 ce rapport compliqué que nous détenons avec l'illimité,
14:41 illimité entre autres d'espace, entre autres de temps.
14:48 Ce nécessaire vital considéré comme avoir absolu,
14:53 avoir défini et arrêté.
14:56 Ce nécessaire vital considéré ainsi,
15:00 inquin un frein à tout désir d'appropriation supplémentaire.
15:07 Ces appropriations n'étant pas, comme on le dit, appropriations de soi,
15:14 ces appropriations extérieures,
15:18 nous privant de ces appropriations intérieures
15:22 par lesquelles on devient quelqu'un et quelqu'un d'abord au regard de soi.
15:48 On ne peut réclamer à un être humain de tenir compte de ses responsabilités
15:54 qui lui incombent, qui lui incombent personnellement,
15:59 sans assurer à ce même être humain ce nécessaire vital qui banalement permet la vie.
16:07 Tout être humain n'a pas choisi de venir au monde,
16:11 d'être vivant en ce monde, de pâtir du froid, de la faim.
16:17 La naissance, au regard de ce nécessaire dévoyé,
16:21 la naissance ne peut, à la sensibilité de celui qui naît à travers elle,
16:28 devenir, par rapport à ce nécessaire vital manquant,
16:33 une sorte d'injustice proportionnelle.
16:37 Les efforts auxquels un être humain se doit sont d'un autre ordre.
16:43 Ces efforts-là ne peuvent correspondre à ce qu'un nécessaire vital réclame pour être maintenu.
16:51 Les animaux sont voués en termes d'efforts à ce nécessaire vital
16:57 se nourrir, lutter contre les intempéries, lutter contre le froid, la chaleur,
17:04 les épisodes météorologiques dantesques, se reproduire,
17:09 veiller à la pérennité de l'espèce,
17:13 incarne ce nécessaire auquel ils se doivent.
17:17 On ne peut résoudre des êtres humains à ces efforts-là.
17:21 Les résoudre à ces efforts-là, ces vouloirs,
17:25 ces fers en conclusion qui se conduisent comme des bêtes,
17:29 pour s'assurer de ce nécessaire justement manquant.
17:34 Souvent ai-je écrit que l'être humain n'est pas un animal de troupeau.
17:40 L'être humain est un monde à lui seul, un monde dans le monde.
17:46 Il faut ainsi lui fournir ce nécessaire vital
17:50 pour qu'il s'applique à mieux s'occuper de lui,
17:54 car mieux il sera s'occuper de lui, mieux il sera s'occuper des autres.
18:01 Cette paix tant courue ne passera jamais par autant de guerres gagnées.
18:08 Elle passera par une paix trouvée en chacun d'entre nous,
18:13 à partir de nous-mêmes, en requérant pour ce faire
18:18 autant d'humilité que d'anonymat, de façon strictement proportionnelle.
18:27 [Musique]
18:47 Celui qui veut ordonner à tous les autres,
18:51 celui qui veut commander à tous les autres,
18:55 celui-là se refuse à ses ordres qui lui signifient une obéissance
19:02 qui le décrit autant qu'elle lui ordonne.
19:06 Cette obéissance en lui est un passage obligé,
19:10 car on ne peut progresser qu'à partir de ce que l'on est en nous.
19:17 Cette obéissance est à la fois ligne de départ et ligne d'arrivée.
19:23 Il est dit à juste titre que nos seules victoires sont celles qu'on emporte sur soi.
19:32 Alors, ces victoires que l'on récupère et qui incarnent le sacrifice de tant d'autres,
19:40 ces victoires sont en réalité la victoire de cette maladie de départ qui vous occupe.
19:48 Et plus vous vous sentez guéri par elle, plus en réalité vous cédez à cette même maladie de départ.
20:00 Une société avancée doit se calculer à l'unité.
20:06 Une société avancée se doit de reconnaître l'excellence individuelle,
20:13 même associée au nom d'une cause commune.
20:18 Ces excellences-là doivent être soulignées à l'unité.
20:24 Mais surtout, ces excellences-là, si elles sont susceptibles d'ordonner,
20:32 ne peuvent ordonner qu'en usant de cette excellence qui les caractérise
20:39 et des exemples qui lui sont rattachés.
20:44 En aucun cas, pour la sécurité de toutes et de tous, ce processus ne saurait être inversé.
20:53 L'excellence ne saurait être tributaire, tributaire avant tout d'une volonté de commandement.
21:03 Tout ordre, avant de commander, se doit d'obéir.
21:09 Tout ordre se doit d'obéir à un exemple, exemple rattaché à une excellence,
21:18 synonyme avant tout et en priorité, priorité absolue, de volonté de progrès à l'égard de soi.
21:29 Le pouvoir de l'humanité
21:34 Que cela, oui en réalité, il ne s'agit que de cela, de rien d'autre.
21:48 Hitler ne peut devenir Hitler de lui-même à partir de lui seul.
21:54 Hitler devient un être humain en conflit et pour venir à bout de ce conflit-là,
22:01 Hitler se doit de composer avec ce qu'il est.
22:06 Mais ce qu'il est ne le satisfait pas.
22:09 Aussi disperse-t-il ce conflit installé tout en lui, en le dispersant tout autour de lui.
22:19 Comme il ne se reconnaît pas de responsabilité à l'égard de ce qu'il est,
22:25 ce qu'il est est alors la responsabilité de tant d'autres,
22:31 de ses autres qu'on désigne de coutume, lorsque ces mêmes responsabilités sont nécessaires, sont recherchées.
22:40 Alors plus il tente de se dédouaner de ce qui lui incombe,
22:45 plus pour se persuader lui de son bon droit à se dédouaner,
22:51 plus il en persuade d'autres qu'il contamine,
22:56 non comme l'on contamine d'ordinaire en ingérant chez cela un mal qui ne s'y trouvait pas.
23:05 En contaminant, en éveillant, en suscitant un mal déjà en place,
23:13 ces millions se refusant à ces responsabilités qui vous renvoient à ce que vous êtes
23:22 et à partir desquels vous pouvez progresser.
23:27 Ces millions-là se reconnurent en Hitler, forcément,
23:33 ce qu'ils étaient incarnés avant tout la faute de quelqu'un.
23:38 Les guerres, pour être déclarées, réclament la faute d'un tiers,
23:44 ce même tiers qui vous accuse à son tour,
23:48 accusation générant de telles conséquences que ces conséquences-là en deviennent cause à la fois,
23:58 amenant la guerre à se suffire à elle-même pour être déclarée, pour être poursuivie.
24:07 [Musique]
24:25 Mais si, tout au contraire, il est bien plus simple de faire la paix que de faire la guerre,
24:33 il est bien moins coûteux de construire, bien moins coûteux que de détruire.
24:41 Cette destruction opérée, une reconstruction s'impose.
24:47 La guerre, qu'on se le dise à un terme de ridicule,
24:52 exprime une apogée humaine trop humaine, une apogée signe de maladie.
25:00 Mais aussi, certains d'entre nous ne savent exister que par défaut,
25:07 ne savent exister, non en s'adhérant davantage par rapport aux autres,
25:14 mais en voulant que ces autres, par rapport à eux, paraissent vaincus,
25:20 afin qu'eux paraissent en retour plus qu'ils ne le sont.
25:26 Évidemment, nos guerres obéissent à cette nécessité.
25:31 Ceux qui gagnent les guerres sont ceux qui les déclarent et qui ne les font pas.
25:37 Ceux qui les font, s'ils n'en meurent pas, n'existent pas davantage ces guerres déclarées.
25:44 Oui, il est bien plus simple de faire la paix,
25:48 mais la paix exprime une espèce de quotidien qui nous révèle à l'unité toute paix confondue.
25:58 Voilà pourquoi la paix terrorise intérieurement ceux qui lui préfèrent la guerre,
26:05 car la paix, banalement, les ramène à ce qu'ils sont,
26:11 ce qu'ils sont à leur propre égard, comme à l'égard de tous.
26:16 Une société avancée, réellement avancée, doit veiller à ramener chacun à ce qu'il est,
26:25 afin qu'il se considère à la fois comme problème et comme défi, et à la fois comme solution.
26:36 La paix est une solution
26:41 Parfois, ce qui est dit démagogique, parfois, est sévèrement refoulé.
26:59 Pour mettre en avant, par les solutions proposées, l'intuition exacte du problème traité.
27:07 Alors, cette même démagogie refoulée, cette démagogie soi-disant,
27:14 cette réflexion dite démagogique et intitulée comme telle, se verra coiffée de phrases toutes faites,
27:22 résumées en une seule, ô combien symptomatiques,
27:27 voulant que les dites solutions, des solutions dites vraies, ne soient pas si simples.
27:34 Alors, par exemple, pour éradiquer un différent entre deux nations, au lieu de calmer le jeu,
27:44 à ce propos, les autorités vraies sont celles qui calment le jeu.
27:50 Les autorités qui l'enveniment de plus belle manquent cruellement d'autorité.
27:56 Au lieu donc de calmer le jeu, de dépenser 100 millions pour réparer et faire plus performantes
28:05 ces structures, toutes structures confondues, à savoir écoles, hôpitaux, bibliothèques,
28:11 structures sportives et culturelles diverses, on dépensera 100 milliards pour les détruire.
28:19 Au lieu d'améliorer la vie avec 100 millions, là aussi, on dépensera 10 milliards pour l'anéantir.
28:27 Mais bien sûr, je suis démagogique, nous ne sommes pas chez les bisounours,
28:33 et pensez-vous, rien n'est aussi simple.
28:37 Ce bon sens, dit démagogique, ce bon sens en appelle à la volonté de chacun,
28:45 à savoir améliorer ce monde tout en lui, pour améliorer, comme il se doit, ce monde en dehors de lui.
28:56 Ce bon sens est avant tout anonyme, et avoue qu'il n'est plus, qu'il ne sait plus être ce qu'il est,
29:06 lorsqu'il se doit de parader, de prendre la lumière en dehors de lui,
29:12 pour se faire et se dire plus éclairé, soi-disant en dedans de lui.
29:35 En amour aussi, devons-nous aimer ce que nous aimons, ce que nous préférons,
29:43 sans savoir de parfois, sans savoir de souvent, qui ils sont, nos préférences devenant références.
29:53 Ces illusions emboîtent le pas à nos préférences, voulant obtenir gain de cause en forçant le passage.
30:02 Ou bien, en amour aussi, devons-nous aimer ce qui nous aime, et si nous aimons cela,
30:11 devons-nous paradoxalement nous abandonner à ces préférences,
30:16 qui les incitent à nous préférer d'abord, à nous aimer ensuite.
30:22 Ces mêmes illusions rattachées à ces mêmes préférences, doivent-elles en nous être appréhendées comme réalité ?
30:32 Comme réalité, parce que les illusions en question ne sont pas les nôtres.
30:39 Cet amour-là, si amour il y a, n'incarne-t-il pas une responsabilité qu'on se refuse à prendre ?
30:48 Cet amour-là n'est-il pas qu'une patate chaude ?
30:56 En amour aussi, lorsque l'amour n'est que préférence, préférence soudaine, n'est-il pas urgence à la fois ?
31:07 Cette urgence, générée par une nécessité de même ordre, ne traduit-elle pas une angoisse, une panique,
31:17 disant « si j'aime, l'on m'aimera peut-être ? »
31:22 Peut-être aime-t-on pour être aimé ensuite ?
31:27 L'amour à ce point désiré vous motivant à désirer quelqu'un, un quelqu'un coûte que coûte,
31:35 n'est-il pas qu'intérêt, ce qui justement peut le faire tourner court,
31:41 lorsque cet amour ne présente pas ce retour sur investissement souhaité ?
31:48 Pire encore, le seul amour souhaitable, envisageable et durable,
31:56 est peut-être entre nous autres humains, cette révolution consistant à ne pas nouer.
32:25 Nous ne sommes pas nous, nous à l'origine, nous depuis notre naissance, nous pour nous plaire.
32:34 Le hasard associé à ce qui permet la vie, avant de nous permettre, ne tient pas compte de nos goûts.
32:42 D'ailleurs, comment le hasard pourrait se référer au goût de celui qui n'est pas, qui n'est pas encore ?
32:51 Peut-être, je dis bien peut-être, nos goûts ont-ils histoire d'alignement,
32:58 d'alignement à ce que nous sommes, à ce qui nous compose, et non alignement à nos préférences,
33:07 surtout si nos préférences, inconsciemment, si nos préférences sont histoire de compensation,
33:16 si nos préférences, pour être préférences, se vèlent au-dessus, supérieur à ce qu'en nous, nous préférons le moins.
33:25 Le plaisir ainsi n'est peut-être pas le plaisir qu'il est, le plaisir qu'il semble être.
33:33 Ainsi, prendre du plaisir, c'est peut-être ne pas être pris par lui, pris par le plaisir,
33:41 et qu'il ne peut, nous concernant, exister de plaisir qu'en prenant de ces plaisirs non considérés comme plaisir.
33:52 Le plaisir n'est-il pas un genre d'insistance maladive, nous poussant à vouloir faire de nous ce que nous ne sommes pas,
34:04 plus encore, certains plaisirs, plaisirs destructeurs, plaisirs consommés pour obéir aux plaisirs qui les signifient,
34:14 qui les signifient plus qu'à nous-mêmes, ces plaisirs-là,
34:18 ne sont-ils pas des plaisirs synonymes à leur manière de phase terminale,
34:24 quand être ce qu'on n'est pas n'est pas possible et qu'on s'oppose de façon destructrice à ce que l'on est ?
34:35 [Musique]
34:56 Si vous ne proposez pas à un être humain un minimum vital,
35:01 un minimum vital considéré comme avoir absolu, comme base absolue,
35:08 laissant entrevoir, pour ne pas être contesté, une rationalité proportionnelle,
35:16 offrant à celui à qui il est attribué l'opportunité de se consécrer à ce qu'il est,
35:25 à ce qu'il est sur un plan personnel, sur un plan humain,
35:31 afin de s'attaquer à ses limites,
35:36 limites devant être considérées et admises comme autant de promesses,
35:42 promesses exigeantes, promesses imposant une exigence au prorata de ce qu'elles promettent justement.
35:52 Si vous ne proposez pas à un être humain ce minimum vital-là,
35:57 celui-ci comme beaucoup jugera sa propre naissance,
36:03 sa propre arrivée en ce monde comme une injustice,
36:08 ce même sentiment d'injustice l'incitant à se dénicher des coupables.
36:15 Et celui-là, celui-là comme beaucoup entraîné, influencé en lui par ce sentiment d'injustice,
36:24 ne sera considéré ses victoires que dans ses défaites qu'il affigera aux autres,
36:33 ne sera considéré son bonheur que dans le malheur qu'il constatera chez autrui.
36:40 Pour s'en trouver par cette constatation soulagée,
36:46 soulagée de cette injustice ressentie, ressentie au tout départ de sa vie,
36:55 à ce moment-là, alors ses limites, ses limites que nous possédons toutes et tous,
37:01 ne seront pas combattues, mais dédouanées des limites exprimées par elles,
37:09 en se référant, en tenant compte pour se faire des limites plus conséquentes affichées par d'autres,
37:18 alors les êtres humains eux-mêmes, chacun de leur côté,
37:24 se tireront par le bas en entraînant par le bas le monde tout entier.
37:33 [Musique]
37:49 À nos tous débuts, les êtres humains que nous sommes,
37:54 durent composer avec un environnement, dit environnement naturel, considéré et admis comme un environnement hostile.
38:07 Ainsi, ils combattirent cette réalité-là pour s'aménager une réalité plus clémente, mieux disposée à leur égard.
38:20 Au fil du temps et des siècles, voire des millénaires,
38:25 cette réalité aménagée prit non seulement l'ascendant sur cette autre réalité, réalité de départ, réalité hostile,
38:37 mais elle devint plus qu'une réalité de référence, pour prendre non seulement un ascendant
38:44 sur cette réalité d'avant et d'origine, mais pour prendre un ascendant sur nous autres humains,
38:51 à ce point que cette réalité actuelle ne semble plus être développée par nous,
38:58 mais semble nous influencer à ce point qu'elle nous motive inconsciemment à la développer sans cesse et plus encore.
39:11 Ainsi, nous autres humains sommes passés d'une réalité de base difficile,
39:18 une réalité que nous avons exploité sans parvenir à la maîtriser, son état actuel en témoigne,
39:26 pour une réalité de remplacement, réalité dite meilleure, qui aujourd'hui nous dicte sa loi.
39:33 Cette réalité, par son propre concours, nous a pris au piège,
39:39 puisqu'à présent nous ne saurions évoluer sans elle, nous ne saurions non plus évoluer au sein de cette réalité d'origine.
39:48 Ainsi, nous pouvons-nous à présent nous poursuivre au sein de cette réalité actuelle,
39:55 réalité peu apte à pouvoir se poursuivre elle-même, ainsi sommes-nous à la fois écartés du passé,
40:03 de l'avenir, voire même pour nombre d'entre nous, du présent.
40:30 Si nous sommes passés d'une réalité difficile à une réalité paraissant nous convenir davantage,
40:38 l'on doit bien considérer que dans cette affaire nous perdons sur les deux tableaux.
40:45 Cette réalité de base, réalité d'origine, par son âpreté, nous a poussés à la révolte,
40:53 révolte qui ne fut pas, par cette réalité-là, décidée.
40:58 Le hasard profite de tout et pour mieux profiter de tout, ne décide de rien.
41:06 Cette révolte se manifesta en nous, parce que nous ne détenions pas en nous les arguments voulus
41:15 pour nous harmoniser à cette réalité-là, ou parce qu'en ce monde, sur cette planète,
41:24 nombre d'êtres humains s'égaraient en des lieux, en des endroits qui ne pouvaient les convenir,
41:33 lieux qui les poussèrent à la faute, lieux qui pour les contrarier les conditionneraient à réagir de travers.
41:47 Ainsi, nous perdons sur les deux tableaux.
41:52 Un, en nous éloignant de cette réalité d'origine, tout en saccageant cette réalité d'origine.
42:01 Deux, en ayant aménagé un genre de réalité de substitution,
42:07 une réalité alimentée par une volonté de refus, une volonté farouche, farouche jusqu'en devenir aveugle,
42:16 cette réalité-là fut élevée pour chasser cette autre réalité, dite réalité d'origine,
42:25 et se remarque dans cette réalité actuelle, cette réalité de substitution,
42:31 nos incapacités, incapacités à nous fondre dans cette réalité d'origine,
42:38 à composer avec elle, à devenir elle.
42:43 Ces mêmes incapacités, par refus, ont saccagé cette réalité d'origine,
42:49 en élevant une réalité de substitution, se remarquant pour mettre en avant,
42:56 comme autant de signatures, ces mêmes incapacités, ces mêmes refus.
43:05 [Musique]
43:23 Sur cette planète, nous autres humains avons démontré deux cas de figure.
43:30 Soit, nous avons été de ces êtres humains évoluant en des endroits sur cette planète,
43:37 à défaut d'être des endroits hospitaliers, au moins ne furent-ils pas des endroits hostiles,
43:45 et nous avons, au sein de ces endroits dits hospitaliers, évolué en parvenant à contenir
43:54 cette inadaptation de base qui nous caractérise en ce monde en tant qu'êtres humains,
44:02 et qui nous inspire un refus synonyme d'autodestruction.
44:08 Soit, nous nous sommes retrouvés en des endroits sur cette planète,
44:14 endroits peu disposés à nous convenir, et ce refus viscéral qui nous habite
44:22 ne se contenta pas de nous habiter, mais prit possession de nous,
44:28 au point qu'aujourd'hui, nous habitons davantage au sein de ce même refus
44:36 que ce même refus habite en nous.
44:42 Aujourd'hui, ce refus, par notre intermédiaire, impose sa loi en ce monde,
44:50 en mettant à mal cette réalité de base, réalité d'origine,
44:56 notre environnement naturel en témoigne, mais aussi en ne nous ménageant pas.
45:03 Voir ce refus se veut tellement refus qu'il en est devenu refus de lui-même.
45:10 Ce refus de lui-même se remarque par cette autodestruction à l'égard de laquelle
45:18 nous interprétons les relais.
45:23 Ainsi, par ce refus, à présent, nous ne sommes pas plus aptes à évoluer
45:31 avec cette réalité d'origine, réalité mal en point,
45:37 mais ce même refus, à moyen terme, voire à court terme,
45:43 ne nous offre pas de condition de vie plus pérenne.
45:48 Par ce refus, nous nous sommes refusés à cette réalité d'origine,
45:54 nous nous refusons à nous-mêmes, nous nous refusons même à ce même refus.
46:02 Comment nommer des êtres vivants qui réussissent dans ce monde qui a priori les a vu naître,
46:26 voire dans ce monde qui les a conçus, à réussir à peine à s'adapter à des conditions,
46:35 des conditions qui à défaut d'être favorables vraiment, au moins ne sont-elles pas hostiles,
46:42 et qui lorsque dans ce même monde se retrouvent en des endroits
46:48 où les endroits non seulement ne lui sont pas favorables, mais deviennent des endroits hostiles
46:55 et génèrent chez ces mêmes êtres vivants une hostilité non pas proportionnelle,
47:02 une hostilité non pas équivalente, mais une hostilité croissante et grandissante,
47:10 hostilité qui ira jusqu'à développer à son propre égard, à son tour,
47:16 une hostilité croissante et grandissante, une hostilité sans fin.
47:25 Les êtres humains que nous sommes paraissons à ce sujet être d'une susceptibilité qui provoquée,
47:34 paraît être une sensibilité qui se nourrit d'elle-même,
47:39 une sensibilité qui provoquée se fait sans cesse plus sensible,
47:45 jusqu'à ne plus supporter sa propre sensibilité.
47:51 Les êtres humains que nous sommes paraissons correspondre à un processus de ce genre.
47:57 D'abord, nous ne supportons pas certaines conditions, ce processus enclenché,
48:04 nous supportons moins encore ces conditions de départ,
48:08 tellement que nous cédons sans cesse à ce processus chargé de nous en écarter,
48:15 tellement que ce processus parvient à faire que nous ne nous supportons plus nous-mêmes,
48:23 nos guerres entre nous, comme la force grandissante de nos moyens de destruction
48:31 à ce propos en témoigne.
48:35 Lorsque l'on prend la peine de nous observer, de nous observer depuis l'origine,
48:59 nous donnons l'impression de témoigner d'une susceptibilité non seulement à fleur de peau,
49:09 mais d'une susceptibilité quasi calée sur elle-même.
49:15 Et sans entrevoir à l'égard de cette contrariété pouvant la provoquer,
49:21 pouvant provoquer cette susceptibilité, une incapacité à passer outre.
49:28 Tellement qu'on pourrait se demander, nous concernant,
49:34 si par l'intermédiaire de cette susceptibilité qui nous caractérise tant,
49:41 la contrariété à notre égard n'est pas un carburant.
49:46 Un carburant à l'égard d'un moteur incarné dans ce cas par notre susceptibilité.
49:53 Plus encore, si tout ce qui nous distingue est en priorité notre inventivité,
50:01 ne réclame pas d'être contrarié pour se montrer performante.
50:08 Se montrer performante d'autant plus qu'elle s'avère contrariée.
50:18 Si tel est le cas, cette particularité pourrait expliquer, nous concernant, nombre de dérives.
50:29 Si la contrariété nous sert de carburant, sert de carburant à cette susceptibilité,
50:38 nous servant, elle, de moteur.
50:41 Si nous fonctionnons de façon plus décidée selon ce principe,
50:47 si ce principe est à sa manière ce carburant qui optimise nos capacités,
50:53 il n'est plus étonnant alors que la guerre entre nous, à sa manière,
50:58 alimente aussi ces mêmes capacités.
51:02 La contrariété nous étant si nécessaire que nous nous contrarions les uns les autres,
51:10 nous nous contrarions mutuellement pour faire effective cette performance potentielle découlant
51:19 de cette contrariété, peu importe par elle la forme empruntée.
51:25 Nous sommes, pour le hasard, cette remise en cause potentielle, exponentielle,
51:33 l'empêchant de pouvoir dormir sur ses lauriers.
51:39 Le hasard décide de tout en ne décidant de rien.
51:59 Lui, le hasard, use de tous les possibles le possible,
52:05 jusqu'à conduire à des finalités où ces possibles-là s'essoufflent,
52:12 pour ne plus démontrer à partir d'eux de possibilités supplémentaires.
52:18 On pourrait dire de ces possibles qu'ils sont arrivés en quelque sorte à destination.
52:26 Évidemment, si le hasard n'a plus de possibles,
52:31 de possibilités à se mettre sous la main, à se mettre sous la dent,
52:36 lui-même en arrive à s'essouffler, finalement comme on tombe en pâle sèche.
52:42 Alors peut-être, et je dis bien peut-être, existe-t-il, réclame-t-il un élément perturbateur,
52:50 susceptible au combien d'enrayer ces harmonies dont le hasard est capable,
52:58 ces harmonies tellement parfaites, tellement réussies,
53:03 qu'il ne se passe plus rien à partir d'elles.
53:07 Que le hasard lui-même, le hasard en personne,
53:10 perde sa prépondérance pour être trop obéi.
53:15 Lui, le hasard, qui répugne toute autorité pour se refuser,
53:21 afin de conserver sa productivité insatiable, à devenir quelqu'un.
53:30 Alors peut-être, et je dis bien peut-être,
53:33 le hasard intègre-t-il dans sa productivité un élément perturbateur,
53:40 afin qu'il ne tombe d'ici, de là, en pâle de possibles,
53:46 pour donner corps à ce point à des harmonies tellement harmonieuses,
53:52 qu'elles ne s'abandonnent plus au hasard,
53:55 élément perturbateur donnant un bon coup de pied dans la fourmilière,
54:00 quitte à anéantir la fourmilière et l'élément perturbateur.
54:06 Pouvons-nous être cet élément perturbateur là ?
54:11 Est notre monde cette fourmilière en question ?
54:33 Eh oui, les êtres humains que nous sommes ne peuvent être que des éléments perturbateurs.
54:42 Élément perturbateur prolifique, paradoxalement.
54:47 Élément perturbateur prolifique, mais prolifique par défaut.
54:54 Le hasard ne peut se satisfaire d'une finalité tellement aboutie,
55:01 aboutie à ce point,
55:03 que cette finalité puisse se satisfaire de sa propre finalité,
55:10 pour être une finalité rendue, arrivée.
55:15 Aussi, le hasard réclame une redistribution des cartes.
55:22 Un élément, non seulement capable d'enrayer cette harmonie, mais de l'anéantir,
55:29 afin que de cet anéantissement s'élève un contexte nouveau,
55:35 à nouveau plein de possibles possibles,
55:39 que le hasard se rempressera de rendre possible, sans en négliger un seul, ou presque.
55:48 Nietzsche, avec qui, l'âge venant, je partage de moins en moins de choses,
55:56 nous invita à penser, à réfléchir par-delà bien et mal.
56:03 La citation me paraît justifiée,
56:06 même si « par-delà bien et mal » représente un dépassement de ce qui n'existe pas,
56:15 dépassement qui contribuera à le faire exister,
56:20 au cours de cette manœuvre où on envisagera de le faire disparaître.
56:27 Nous ne sommes ni bons ni mauvais, nous sommes ce que nous sommes.
56:34 Et ces impressions de bon, et plus encore, et surtout de mauvais,
56:40 proviennent du fait que nous nous subissons.
56:45 Nous sommes ici bas cet élément perturbateur.
56:50 Ce monde était parvenu à une finalité trop statique, trop figée à l'appréciation du hasard.
56:59 Le hasard commençait à trouver le ton.
57:02 Parmi ces millions de finalités définitivement abouties,
57:07 s'en remarquerait une inaboutie à jamais,
57:12 un genre d'antinature, parmi toutes ces natures, l'être humain.
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