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Emission Radio

Les Editos Philosophiques de Pascal Dolhagaray, Semaine 01/2024

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Amusant
Transcription
00:00 *Musique*
00:17 *Son de cloche*
00:20 Bonjour, bienvenue sur 300 secondes maxi, je vous propose 12 détours d'une même durée, autant de parenthèses éphémères,
00:27 pour que tu aies l'espace inclus entre les deux grandes qui nous contiennent, juste des clins d'oeil sonores,
00:32 une autre façon de vous décrire un détail dans ce paysage qui défile à cette même vitesse que notre vie passe.
00:38 Bonne émission à vous !
00:40 *Voix de l'écran* "Les quelques éditos avant celui-ci, intitulés Apparences Trompeuses, ont en quelque sorte préparé le terrain.
00:56 Nos autres philosophes se voient reprocher leurs répétitions, reproches non formulées aux religions,
01:04 comme si n'être que répétition, n'être que radotage, vous exemptez de ces remarques par lesquelles on vous reproche à la fois de vous répéter, de radoter.
01:18 Ainsi, notre monde s'est vu pousser, propulsé d'un bord par un certain élan, élan généré par l'ensemble de ses possibles,
01:30 le constituant de façon embryonnaire, et qui, en se rejoignant pour se confondre, afin d'être plus possible encore,
01:41 généraient cet élan qui les propulsa de plus belle heure.
01:46 Notre monde aussi se vit opposer une pente.
01:51 La rencontre, l'union de ses possibles, pour être conforté devait se rendre à une forme d'évidence un tantinet contrariée.
02:02 Les efforts pour se réunir, pour que ses possibles communient, servant alors de ciment à ces communions-là.
02:12 Les communions, pour s'unir dans la durée, ne pouvaient céder à trop de facilités,
02:18 ces facilités-là étant à l'égard de ces mêmes unions, synonyme de brièveté, d'union à court terme.
02:29 Arrivé à terme, notre monde s'est figé, et nous autres humains sommes apparus.
02:37 Notre inadaptation en témoigne, notre adaptation potentielle pour être acté a manqué d'un surplus de souffle, d'un geste d'élan de plus.
02:52 Sans doute, sans y avoir fallu de peu.
02:55 Ainsi, nous autres humains incarnons ce moment où le monde s'est figé, en panne d'élan,
03:03 au fil d'une pente qui lui promettait alors, pour réfuter tout immobilisme, une course en sens inverse, une course échevelée, signe de déliquescence.
03:18 Nous autres humains incarnons ce monde où le monde s'arrêta, où le monde partit en sens inverse.
03:28 Ainsi, cette inadaptation que nous incarnons, nous, est une inadaptation correspondant à un monde toujours en évolution,
03:39 tout en étant une inadaptation paradoxale, pour être adapté à un monde en rupture d'évolution,
03:48 adopté à un monde adoptant sa déliquescence.
04:14 Si vous nous observez, vous admettrez sans trop de peine, sans trop de difficulté,
04:21 que nous n'avons de cesse à l'égard de ce que nous concevons, toute conception comprise de rétablir le tir.
04:31 Nos conceptions sont bancales, je dirais même naturellement bancales.
04:37 Dans les idétaux précédents, je sous-entendais qu'en panne de possible, privée de cet élan que ces mêmes possibles génèrent lorsqu'ils s'épousent,
04:49 notre monde, en termes d'évolution, à son tour, s'interrompit.
04:54 Et dans notre dimension, on ne peut s'interrompre pour aller dans un sens, sans dans l'immédiat, pour s'être interrompu, repartir en sens opposé.
05:08 Formule autrement, seule une évolution constante, un progrès constant, promet de se maintenir paradoxalement en l'état.
05:20 Je sous-entendais aussi que nous autres humains incarnions peut-être, parce que nous sommes, cette perte d'élan.
05:27 Ce même élan qui fit de tous les autres êtres vivants de ce monde, des êtres aboutis, des finalités vivantes abouties, rendues.
05:40 Nous autres humains avons manqué de cet élan. Peut-être aussi détenions-nous une complexité particulière, réclamant pour atteindre ce fameux aboutissement plus d'élan que pour les autres espèces.
05:56 L'évolution à travers nous s'est peut-être vue trop grande, trop belle, trop puissante, justement à ce moment où sa puissance perdait de son entrain.
06:10 Puissance qui d'ailleurs n'était pas explicitement de son fait. Cette puissance-là étant le fait de tout ce qui est possible et en trouver entre les uns à l'égard des autres vient de cause.
06:25 Cette puissance-là correspondait au nombre de possibles enlis au sein de cette évolution-là.
06:32 Ainsi, il manque à titre à notre égard de puissance nous laissant inachevés et inadaptés, nous laissant nous débrouiller avec ce que nous sommes pour suivre cette inaccompli qui nous caractérise et se remarque dans toutes nos initiatives.
06:53 [Musique]
07:16 Le terme d'inaccompli nous traduit au mieux, nous correspond au mieux. Les plus indélicats à notre égard, tout en étant humains comme nous, prétendent que ce que nous entreprenons,
07:30 jaugé en prenant pour se faire un recul minimum, c'est même prétendre que ce que nous entreprenons n'est ni fait ni à faire.
07:40 Comme quoi, on peut être indélicat et avoir raison. D'ailleurs, cette indélicatesse est d'autant plus rude si vous avez raison.
07:50 Oui, ce que nous entreprenons n'est ni fait ni à faire, car nous sommes nous, nous autres humains, ni fait ni à faire.
08:01 Nous incarnons une espèce inaboutie, une espèce non finalisée. Nous incarnons cet instinct où l'évolution en ce monde dut déclarer forfait, dut non pas déposer des armes,
08:15 mais déposer le bilan pour se retrouver sur le plan de l'énergie non solvable, à découvert, dépourvu des moyens nécessaires pour conduire une espèce comme la nôtre à sa toute finalité.
08:30 Certains disent de nous que nous incarnons une erreur de la nature, une erreur de l'évolution. L'évolution en ce monde, comme partout, ne commet pas d'erreur.
08:45 En termes de carburant, d'énergie, dès lors elle se nourrit de la communion des possibles.
08:51 C'est même possible, s'il s'avère possible, s'il s'avère possible à l'égard d'autres possibles, communier, se gratifier les uns les autres, jusqu'à devenir davantage.
09:04 C'est possible qu'il nous concerne ne puions générer à notre égard une sorte de communion aboutie.
09:14 L'évolution de ce monde s'arrêta, cette évolution aurait pu céder à une sorte de déliquescence passive, si nous n'avions pas manifesté, revendiqué même, cette inaccompli qui nous caractérise,
09:30 ce même inaccompli qui nous fit sentir nous plus à l'aise au sein de cette déliquescence promise au monde, jusqu'à refuser au monde cette déliquescence tranquille,
09:45 en la faisant plus active, plus tonitruante à travers nous, en l'accélérant, jusqu'à la promettre au final apocalyptique.
09:57 La philosophie est un état d'esprit.
10:17 Tout gamin j'admis que nous ne serions jamais nous autres humains suffisants pour pouvoir et savoir affirmer pour de bon.
10:28 Bien sûr, nos capacités nous offriraient d'établir des réalités partielles, mais il nous manquerait à l'égard de ces mêmes réalités, cette totalité qui les possède,
10:40 comme déjà précisé, nous serions juste, juste, mais jamais à l'égard de la réalité dans son ensemble, suffisant.
10:50 D'ailleurs, observez nos pérégrinations, vous vous rendrez compte que cette obligation de correction, celle qui nous contraint sans cesse à l'égard de nos initiatives à rétablir le tir,
11:02 ces pérégrinations là sont assez juste pour tenir debout, mais pas suffisante au point de tenir la route.
11:12 À partir de là, la réalité fut pour moi un genre de pierre angulaire.
11:19 Très vite, cette résolution m'empêcha de croire, de croire pour de bon, de croire à tout va.
11:26 Je considérais les décisions prises par d'autres, comme au temps de Paris un peu fou,
11:33 comme l'expression d'une nécessité, nécessité sous-entendant à ses mêmes, que pour se dire quelqu'un, il se devait de décider.
11:44 Cette nécessité les amenant à se caler à ces multiples réalités partielles, réalités justes, mais réalités insuffisantes.
11:56 Réalités ne pouvant faire un pas sur ces grains de sable déjà inclus en elles,
12:04 pour revendiquer une justesse d'autant plus revendiquée qu'insuffisante, d'autant plus insuffisante que revendiquée.
12:15 Je trouvais que la validation d'une certitude considérée comme telle,
12:21 transitée en priorité par son passage à l'acte correspondant,
12:27 déjà je nous considérais, au nom de cette incertitude de fond, nous possédant à défaut de nous constituer
12:37 comme des êtres pour être, des êtres d'incertitude, des êtres devant se faire théorique.
12:46 Nous nous fîmes pratiques, au nom d'une justesse voulue, convaincante,
12:52 à partir de là, cette insuffisance en nous nous promettait à la faillite.
13:17 Souvent je dis de Dieu qu'il n'existe pas.
13:21 Moi qui réfute toute affirmation pour prétendre que nous autres humains
13:27 ne détenons pas à partir de nous de quoi affirmer, de quoi affirmer pour de bon,
13:33 je commets là une bien belle contradiction performative.
13:38 Une contradiction performative consistant par exemple à dire de soi que l'on était sur un bateau,
13:45 que ce bateau a coulé, que ce bateau a sombré sans qu'aucun survivant ne se distingue.
13:52 La question étant, si j'étais sur un bateau et que sur ce bateau personne n'a survécu,
13:58 comment puis-je encore parler de cette catastrophe-là pour m'être trouvé sur ce bateau-là très précisément.
14:06 Ainsi, si je dis que Dieu n'existe pas, c'est pour prétendre que si Dieu existe,
14:13 je ne vois pas comment nous pourrions nous autres humains le décrire.
14:18 Plus encore, dire de Dieu qu'il est à notre image, c'est nous prendre pour le centre de tout.
14:25 Tout simplement pour être en capacité de constater ce qui est.
14:30 Se loge dans cette affirmation un mélange des genres,
14:34 celui qui désigne du doigt n'est pas à l'origine de ce qu'il désigne.
14:41 Ce serait plutôt le contraire.
14:44 L'objet désigné donne encore par l'intermédiaire de la curiosité qui l'habite à celui qui désigne du doigt.
14:54 Nous avons affaire là à une maladie humaine bien humaine.
14:59 A force de pouvoir désigner les choses, nous nous sommes sentis à l'origine de ces mêmes choses.
15:07 Le processus est un tantinet simpliste.
15:11 Nous avons décelé à travers les choses désignées d'abord une création,
15:17 puis les traces d'un créateur.
15:20 Et comme nous avions par nous-mêmes, sans le concours de quiconque,
15:25 décelé la création et le créateur,
15:28 nous nous sommes sentis avec le créateur des liens de filiation, puis de parenté.
15:34 Motivant à dire le créateur à notre image.
15:38 Ce processus nous le situons surtout, surtout,
15:44 par les conclusions qu'il exprime en dehors de ce monde,
15:49 voire en dehors de nous-mêmes.
15:53 L'image de Dieu
15:57 Dans l'édito même Dieu, je commençais cette réflexion.
16:15 Si Dieu existe, en m'abstenant surtout de le décrire,
16:20 de décrire son apparence,
16:22 j'imagine, je me permets d'imaginer ce vaste personnage se refuser à toute décision.
16:30 Ainsi, pour mettre en route des mondes,
16:34 loger dans un espèce de checker de taille conséquente,
16:39 ses particules propres à toutes les finalités,
16:43 secouer le checker avec force et laisser faire le tour.
16:48 En abandonnant les responsabilités de ce tout là éventuel,
16:53 quoi qu'il incarne au hasard.
16:56 Le hasard étant sur le plan de l'identité,
16:59 sur le plan d'une possible identification plus vaporeuse que Dieu lui-même.
17:07 Cette réflexion d'abord m'amuse.
17:10 Dieu se refuse à toute décision décidée par lui.
17:16 Dieu se refuse à se brûler les doigts en décidant.
17:20 Comme si l'enfer nous guettait,
17:23 usant pour se faire de notre volonté à vouloir décider.
17:28 Cette volonté signifiant une forme d'impudence
17:32 strictement proportionnelle à la volonté de cette volonté là,
17:38 à vouloir imposer ses propres décisions.
17:42 Dieu est pour le laisser faire.
17:45 Que les possibles se débrouillent entre eux,
17:49 qu'en se reconnaissant, qu'en s'épousant,
17:52 ils génèrent cette énergie, cet élan,
17:55 qui les conduiront à une finalité si pour eux,
17:59 comme pour tous les autres, de totalité.
18:03 D'une totalité les installant par rapport à eux-mêmes
18:08 au sein d'une sécurité
18:11 générée justement par cette totalité là.
18:15 Formule autrement, Dieu se méfie de lui-même.
18:20 Dieu se méfie de Dieu.
18:23 Pour trop décider d'un monde,
18:26 il ne voudrait pas, par l'intermédiaire de ce monde,
18:31 se retrouver face à ses humeurs,
18:34 face à lui-même, face à ce qu'il est.
18:37 Dieu ne voudrait pas être confronté à ses limites,
18:41 limites paradoxales,
18:43 provenant de cette illimité qu'on lui reconnaît.
18:48 Dieu ne veut pas être à l'origine d'un monde
18:52 qui, généré par cette illimité,
18:55 se poursuivrait sans fin.
18:58 Un monde qui ne parviendrait jamais à s'obtenir lui,
19:03 à se posséder lui, à être lui de façon arrêtée, définitive,
19:09 peuplée d'êtres vivants de même genre,
19:12 illimités à leur tour, sans limites à leur tour,
19:17 tout en étant limité par cette même absence de limites.
19:24 Le monde est un monde.
19:28 Il n'y a pas de monde sans Dieu.
19:32 Il n'y a pas de monde sans Dieu.
19:36 Il n'y a pas de monde sans Dieu.
19:40 Il n'y a pas de monde sans Dieu.
19:44 Bonjour à vous.
19:46 Je me prénomme Pascal
19:49 et je viens vers vous en tant que philosophe.
19:53 Comme le sous-entend s'est intitulé, rattaché à mon email,
19:58 la philosophie et la radio sont faites pour s'entendre.
20:03 La radio propose, par sa nature, une grande liberté d'action
20:08 que la télévision vous refuse,
20:11 par cette fixité qu'elle réclame.
20:14 La philosophie aime le mouvement
20:17 parce qu'il ne saurait y avoir de vie sans mouvement.
20:23 La radio propose une grande liberté d'action
20:28 que la télévision vous refuse.
20:31 L'immobilisme exigé par la télévision est déjà un conditionnement.
20:37 Inconsciemment, on se retrouve dans cette position sous contrainte
20:41 alors que la radio accompagne vos initiatives,
20:45 accompagne vos actes.
20:48 Aussi, au fil de votre activité du moment,
20:52 sans vous empêcher dans vos agissements,
20:55 quelques sous-entendus sonores de tout genre vous interpellent
20:59 et parfois certains d'entre eux s'avèrent à caractère philosophique.
21:05 La philosophie est une dame bien élevée et attentive.
21:10 Le respect qui est le sien lui affirme
21:13 qu'on ne peut être persuadé pour de bon que de son plein gré,
21:18 de force ou par le biais de quelques stratagèmes à la fois malins et grossiers.
21:24 La pseudo-persuasion qui s'ensuit laisse à désirer.
21:30 La philosophie se veut de passage.
21:33 Une insistance trop rigide ne lui convient pas.
21:38 Elle apprécie de se supposer,
21:41 d'être perceptible paradoxalement à ces moments où nous paraissons ne pas l'entendre.
21:48 Voilà pourquoi philosophie et radio font bon ménage.
21:53 Cette espèce d'omniprésence légère proposée par la radio correspond à la philosophie.
22:00 Notre inconscient osagué, soudain, une allusion nous parle.
22:05 Elle est comme ces traits de lumière qui là aussi,
22:09 sans réclamer de nous que nous restions figés à les attendre,
22:13 éclairent un aspect de la vie qui à cette seconde nous surprend
22:18 et s'empare de nous par sa pertinence.
22:23 Aussi, je vous offre de vous rendre sur mon site intitulé Gratos.
22:29 Là aussi l'intitulé choisit, exprime mes intentions.
22:33 Sur Gratos, pour l'heure, cent éditos vous sont proposés.
22:39 Vous pourrez les écouter, les lire, les télécharger, les diffuser même.
22:45 C'est le partage auquel je vous invite,
22:48 vous incite à votre tour une initiative de même genre.
22:54 Je vous remercie par avance pour votre attention.
22:59 A bientôt.
23:01 [Musique]
23:17 Kant assura une inversion radicale,
23:21 sans doute inspirée par les avancées en termes de science de Newton comme de Galilée,
23:28 peut-être même, sûrement même, inspirée par les conclusions du Seigneur Descartes
23:35 et notamment de sa théorie des chocs, disant avec justesse, par exemple,
23:42 qu'une boule de billard sur une table de billard ne peut se déplacer d'elle-même,
23:49 se déplacer seule, sans qu'une autre boule ne vienne l'entrechoquer.
23:55 Aujourd'hui, cette remarque nous fait sourire,
23:59 cette remarque nous fait hausser des épaules,
24:02 mais à cette époque, cette même remarque généra ce genre d'impact propre aux révolutions.
24:11 Cette remarque-là fit voler en éclat la cause première.
24:15 Cette cause devant être cause d'elle-même, cause à partir de rien,
24:21 cette remarque fit voler Dieu à son tour en éclat,
24:26 au regard de cette conception justement rattachée au dit personnage.
24:32 Ainsi Kant inversa une tendance sur laquelle reposaient nombre d'idées majeures.
24:39 L'être humain, à partir de cette inversion-là, ne serait plus une idée de Dieu,
24:46 mais Dieu, par cette inversion, devenait une idée de l'être humain.
24:52 Évidemment, Kant, comme nombre d'intellectuels de son époque,
24:57 comme nombre d'intellectuels de nos jours,
25:00 furent et sont ravis, enthousiasmés, transportés par cette prise de pouvoir,
25:07 l'être humain, par cette inversion, tombait entre les mains de l'être humain.
25:13 L'être humain n'aurait plus en guise de commandement qu'à obéir à ses propres commandements.
25:20 L'être humain deviendrait pour l'être humain sa propre projection.
25:26 Sans concevoir que cette projection-là, à force d'autarcie,
25:32 enclencherait un régressus par définition exponentielle,
25:37 commençant par anéantir, par réduire notre environnement naturel,
25:43 avant que ce même régressus ne nous réduise et ne nous anéantisse à notre tour.
25:52 L'État est un acte de Dieu.
25:56 L'État est un acte de Dieu.
26:00 L'État est un acte de Dieu.
26:04 L'État est un acte de Dieu.
26:08 Dieu nous fut nécessaire, comme Dieu continue pour beaucoup d'entre nous d'être nécessaire,
26:16 pour parler en nous un manque, pour parler en nous un vide, une absence.
26:25 Comme je l'ai écrit mille fois, nous sommes, nous autres humains, dépourvus de nature.
26:29 Il n'existe pas de nature humaine.
26:32 Et ce manque, cette absence, ce vide, nous inspira Dieu.
26:38 Dieu cocha en nous toutes les cases manquantes.
26:43 On l'imagina même pour le faire en nous plus performants,
26:48 comme à l'origine de cette cause première.
26:51 Cause première, cause fondamentale,
26:54 qui permet en ce monde soi-disant, comme partout ailleurs, ce qui est,
27:00 sans paraître comprendre, sans paraître admettre,
27:05 que ce qui se tenait en amont de Dieu,
27:09 ce néant auquel, à partir de rien, à partir de lui-même,
27:14 Dieu devait surgir, comme devait surgir tout ce qui est,
27:18 se tenait là, pile en amont de Dieu, ce même vide se tenant en nous,
27:24 ce même vide continuant encore et toujours de se tenir en nous,
27:30 ainsi ce même vide ressenti en nous, nous inspira Dieu.
27:36 Lorsque Kant exprima cette inversion des valeurs,
27:41 il ne parut pas se rendre compte qu'il ramenait en nous ce vide de façon paradoxale,
27:48 pour n'avoir jamais en nous changé de place.
27:52 Ainsi l'homme ne fut plus une idée de Dieu, mais Dieu une idée de l'homme,
27:58 mais quelle idée de l'homme pouvait surgir de l'homme à partir de cette inversion ?
28:05 A partir de cette inversion, l'homme retira cette parole à Dieu
28:11 pour donner cette même parole à ce vide, depuis toujours logé en nous.
28:16 Cette absence en nous, qui se caractérise en nous par notre absence de nature, prie la parole.
28:24 Dieu-même, s'il ne fut jamais qu'invention,
28:29 ne fut plus cette invention capable de contenir cette absence,
28:35 et cette absence alors enclencha ce tourbillon exponentiel,
28:40 n'ayant de cesse de nous entraîner encore et encore en elle-même.
28:49 L'être humain est celui qui n'est pas, et pour n'être pas,
28:55 cet état qui est le sien et qui de façon paradoxale lui confirme qu'il est,
29:02 qu'il est malgré tout, pour n'être pas, l'être humain est premier,
29:07 et pour n'être pas, l'être humain est le premier,
29:11 et pour n'être pas, l'être humain est le premier,
29:14 qu'il est malgré tout, pour n'être pas, l'être humain est promis à disparaître.
29:20 L'être humain, pour n'être pas, est promis à se soustraire sans cesse à lui-même,
29:26 est promis à se désagréger à partir de lui-même.
29:31 Nietzsche qui fit remarquer la mort de Dieu, plus qu'il annonça la mort de Dieu d'ailleurs,
29:38 parlant à ce propos du nombre grandissant de s'abattant sur l'Europe,
29:43 Nietzsche appela à ce qu'on trouva à Dieu au plus tôt un remplaçant.
29:49 Dans son Zaratostra, il prétendit que se logeait en nous un chaos, erreur funeste.
29:56 En nous justement ne se loge rien.
29:59 Dieu reposait sur un vide, ce même vide logé en nous.
30:05 Dieu ne pouvait exister comme certains le croient pour représenter,
30:09 pour incarner cette même absence logée en nous.
30:13 Mais Dieu, par notre intermédiaire, par cette crainte inconsciente
30:19 générée justement par cette absence en nous,
30:22 absence ressentie par nous, au plus profond de nous-mêmes,
30:27 Dieu se fit aussi menaçant que cette absence en nous sût et s'élètre.
30:34 Dieu dut et demeure en priorité la représentation de cette absence-là.
30:40 Dieu fut une mise en garde.
30:43 L'être humain, en usant pour se faire de l'intermédiaire de Dieu,
30:47 se prétendit pécheur, par l'intermédiaire de Dieu,
30:52 l'être humain avertissait l'être humain,
30:55 qui ne saurait être à la hauteur pour être un être seulement vivant,
31:01 seulement respirant, mais vivre et respirer, dont son cas
31:06 ne saurait lui procurer, ne saurait lui promettre et lui permettre une identité.
31:11 Toute notre histoire témoigne de cette impossibilité.
31:15 Toutes nos identités témoignent en elles d'une absence récurrente, d'une absence de fond.
31:21 Nous sommes, nous tentons d'être, sans jamais, au grand jamais y parvenir.
31:28 [Musique]
31:45 Nietzsche insista sur ce chaos logé en chacun d'entre nous.
31:50 Nietzsche le vit en dedans de nous.
31:54 Alors que ce chaos a visage multiple, ce chaos presque comme un nouvel infini,
32:01 pourrait être aussi nombreux que nous pouvons l'être,
32:05 ce chaos se remarque et ne peut se remarquer qu'en dehors de nous.
32:10 Ce chaos est l'expression de cette absence qui nous habite, qui nous occupe,
32:16 qui nous occupe paradoxalement sans partage.
32:21 Ce chaos remarqué par Nietzsche est l'expression même de cette absence,
32:27 chaos comme tentative à partir de nous-mêmes, d'identification.
32:32 Identification pour un être, lorsqu'elles en deviennent,
32:37 identification à l'extrême foncièrement ridicule, foncièrement grotesque.
32:44 S'il vous faut des exemples, regardez, remarquez tout ce nécessaire, nécessaire
32:50 pour que les plus remarqués d'entre nous parviennent à se faire remarquer.
32:55 Les rois réclament des dorures, des palais, des trônes et des carrosses,
32:59 nos présidents, des élections pour légitimer cette identification extrême
33:05 qui les font plus visibles, nos artistes, des prestations de tout genre
33:11 vouées de plus en plus à capter l'attention,
33:14 la capter à tout prix, à la manière des phares d'une voiture,
33:20 en cédant pour se faire à autant de recours grossiers, caricaturaux,
33:24 recours à la fascination, à ce qui fait qu'on ne dispose plus de quoi s'interroger,
33:32 plus qu'à ces efforts par lesquels on vous distingue aussi,
33:37 on vous identifie aussi, mais qui vous excusent
33:41 pour ressentir cette ambition puérile,
33:44 pour être en vous l'expression d'une absence plus tonitruante
33:48 que celle ressentie par tant d'autres,
33:51 moins occupée que vous, moins sensible à cette absence-là,
33:56 au point de sacrifier leur vie à faire contrepoids,
34:00 à l'aide d'apparences extérieures aménagées par eux et pour eux
34:04 et revêtues pour se dire à eux-mêmes présents,
34:08 grâce en retour au regard des autres,
34:11 décidés à les voir comme à les reconnaître.
34:15 Hitler en est l'incarnation extrême, absolue.
34:19 Cette absence immense en lui exigea pour qu'il apparaisse à ses yeux,
34:25 pour qu'il soit à ses yeux, synonyme d'identité,
34:29 l'absence de tous les autres, de tous ces autres pour eux-mêmes,
34:34 ces autres incarnant pour qu'il apparaisse à lui-même,
34:38 pour qu'il soit à lui-même,
34:41 cette même absence logée en lui.
35:01 Si mon chat pouvait t'employer pour s'exprimer de ces mots que j'emploie,
35:07 à son regard parfois, j'ai l'impression qu'il me dirait
35:11 "Mon pauvre, tu n'es pas rien, juste tu n'es pas,
35:17 juste tu ne peux pas être, et tout le mal que tu te donnes
35:21 pour afficher une identité met en avance cette même incapacité."
35:26 Sans doute me dirait-il aussi, cette même incapacité qui t'occupe,
35:31 qui te terrorise, non seulement te conditionne à te raconter des histoires,
35:37 mais en toi, tu ne peux pas ne pas savoir que ces histoires ne sont que des histoires.
35:44 Et ces mêmes histoires, pour ne plus être que des histoires,
35:50 te contraignent à leur égard à passer de la théorie à la pratique.
35:56 Ainsi, pour ne plus voir ce qui se loge en toi,
36:01 tu t'évertues à croire à tout va.
36:04 Tu t'évertues, comme tu t'épuises d'ailleurs, à exister en pure perte.
36:10 Alors, au nom de cette lucidité qui le caractérise,
36:16 lui qui n'attaque que des proies dont il sait par avance, d'elles, qu'il s'en emparera,
36:22 lui me conseillerait sans doute, pour être humain,
36:26 pour appartenir à cette triste famille,
36:30 incarnant en priorité ceux qui ne sont pas,
36:34 pour tenter d'être un peu, un minimum,
36:38 pour tenter d'être sans danger, sans retour de bâton, en pure perte,
36:43 de se mettre au service de ce qui est.
36:47 Car ce qui est, le monde, le monde par son état premier,
36:52 celui non de toujours, mais provenant dans le temps de si loin,
36:57 ce monde, par son identité, identité aboutie, identité presque absolue,
37:04 ce monde, si l'être humain se décide à se mettre à son service,
37:10 ce monde, justement, au nom de ce service rendu,
37:16 prendra en lui la place de cette absence qui l'occupe.
37:21 Les hommes, un jour, s'éloignèrent du monde pour se rapprocher de Dieu,
37:27 puis s'éloignèrent de Dieu pour se rapprocher d'eux-mêmes,
37:31 puis de force, pour n'être pas,
37:34 s'éloignèrent d'eux-mêmes pour rejoindre ce néant,
37:38 cette absence logée en eux depuis leur origine.
37:44 En tant que philosophe, je recherche cette réalité correspondante à ce que nous sommes.
38:03 Pour ce faire, je mets carte de ces histoires que nous nous racontons,
38:08 histoire grandeur nature, il va sans dire.
38:11 Pour y parvenir, je m'abstiens de croire,
38:15 pour considérer qu'un plus un faisant deux fait partie de ces réalités que je recherche,
38:23 mais pas besoin pour cette réalité-là d'y croire pour que je la considère comme réalité.
38:30 Par contre, dans cette dimension où j'évolue,
38:35 dimension constituée par nous autres humains,
38:39 pour adhérer à ce qu'elle me propose et afin de combattre mon scepticisme,
38:45 scepticisme quasi-immédiat, quasi-réflexe,
38:49 je me dois de me forcer à y croire.
38:52 Évidemment, pour devoir y croire, je devine,
38:57 derrière cette nécessité-là, déception qui me guette,
39:01 qui nous guette derrière elle.
39:04 Aussi faut-il pour échapper à cette déception-là,
39:07 y croire sans cesse, voire plus encore,
39:10 jusqu'à ce que mort s'en suive,
39:13 notre environnement naturel en témoigne.
39:17 Maintenant, il nous faut bien admettre
39:21 que nous sommes les enfants de nos propres croyances,
39:24 nous nous sommes même positionnés, et cela depuis belle lurette, à leur service.
39:30 Ainsi, la lucidité n'est pas notre fort.
39:34 Bien sûr demeure en second plan notre justesse scientifique.
39:38 Ce que nous concevons à travers elle fonctionne.
39:42 Mais à quel service se rend cette justesse-là ?
39:46 Notre irréalisme quasi-génétique, à présent,
39:50 a placé sous ses ordres une réalité pleinement exacte.
39:55 A l'image de nos églises,
39:58 ces bâtiments élevés il y a des siècles témoignent de la justesse,
40:02 du réalisme, de ceux qui les ont permis.
40:06 Mais ce réalisme-là est au service d'un irréalisme de fond,
40:10 d'un irréalisme de base,
40:13 qui impose une fonction à ce qui le permet.
40:18 Ainsi, pour ne pas être intrinsèquement,
40:22 nous nous faisons sans cesse et sans fin
40:26 au service de ce qui n'est pas.
40:45 Nous autres humains sommes positionnés entre deux précipices.
40:50 Le premier est rattaché à cette absence en nous,
40:54 et le second est rattaché, lui, à cette réalité qui nous caractérise.
41:00 En nous se remarque une absence,
41:03 c'est-à-dire l'expression d'une finalité impossible.
41:06 Nous pourrions nous poursuivre en tant que races pendant des siècles,
41:11 jamais nous ne parviendrions à incarner une espèce aboutie, finalisée.
41:18 Ce processus qui permet, et permet peut-être
41:22 toutes les autres espèces de ce monde,
41:25 qui permet et permet leur finalité, finalité absolue,
41:29 en nous se poursuit et s'égare,
41:33 tout en se poursuivant,
41:35 et pour tenter, pour tenter en vain de se rattraper,
41:39 opère-t-il une accélération croissante ?
41:44 Ce gain de vitesse lui laisse croire, lui laisse imaginer
41:48 qu'il parviendra enfin à atteindre ce qui le fera pour de bon aboutir,
41:54 sans admettre que cette accélération croissante,
41:58 cette recherche de vitesse-là l'épuise,
42:02 et qu'on peut, sur cette route
42:05 sur laquelle il accélère sans fin et sans cesse,
42:09 sur cette route dépourvue de destination,
42:13 n'arriver nulle part,
42:16 tout en pouvant, malgré tout,
42:18 par le biais d'une vitesse trop grande, incontrôlable,
42:22 sortir de cette route-là.
42:26 La description de ce processus,
42:29 sa volonté de vitesse,
42:32 décrit à la fois cette manière première
42:35 qui nous inspire en tout, nous autres humains.
42:38 Nous comptons, nous croyons qu'une finalité nous sera offerte
42:43 en usant pour se faire d'un gain de puissance,
42:46 sans cesse croissant.
42:49 Gain de puissance paradoxal,
42:52 pour obéir à un irréalisme de fond, comme de base.
42:57 Gain de puissance nous affaiblissant
43:00 à fur et à mesure qu'il se fait plus fort.
43:04 Plus par lui nous parissons
43:07 à obtenir de moyens,
43:09 plus par lui nous perdons en moyens propres.
43:14 Nous ne pouvons être intrinsèquement,
43:17 et cette volonté à vouloir être, malgré tout,
43:21 transforme cette impossibilité à être
43:25 en une disparition accélérée.
43:29 [Musique]
43:45 On attend souvent de la philosophie
43:48 qu'elle nous apporte des solutions.
43:51 Solutions individuelles,
43:53 solutions collectives.
43:56 Mais la philosophie auquel je m'aligne,
43:59 même si à son tour elle nous cherche des solutions, des parades,
44:04 cette philosophie en guise de solutions
44:07 refuse de s'aligner à celles en place,
44:10 de crainte, crainte justifiée.
44:13 Que ces solutions-là soient en réalité
44:17 au service des problèmes qu'elle prétend de régler,
44:20 en s'évertuant pour mieux servir ces mêmes problèmes
44:25 à faire diversion.
44:27 Comme exemple, je mettrai en avant ces soins nouveaux, inédits,
44:32 qui savent nous guérir,
44:34 tant pouvoir empêcher pour de bon ce qui nous rend malade.
44:38 Le tabac peut générer nombre de pathologies,
44:42 aussi graves qu'elles peuvent être définitives.
44:46 Cela ne nous empêche pas de fumer.
44:49 Cela n'empêche même pas de permettre un tabac en vente libre.
44:54 Ainsi, ce meilleur censé nous soigner,
44:58 censé nous guérir,
45:00 se montre presque au service de ce qui génère de ces dégâts
45:05 qui se doit d'éradiquer.
45:08 La médecine moderne colle matent les brèches,
45:11 et plus elle les colle matent,
45:13 plus ce qui provoque ces brèches gagne en ampleur.
45:17 À l'image d'un barrage voulu sans cesse plus conséquent,
45:21 tout en empêchant cette eau,
45:23 qui justement empêchait de la sorte,
45:25 accentue sa pression sur ce même barrage,
45:29 devant par répercussion se faire plus conséquent encore
45:32 pour tenter de la contenir,
45:35 jusqu'au jour où l'eau, ainsi retenue,
45:37 trop dominante, emporte le tout.
45:41 Si j'ai pris pour exemple notre santé, à toutes et tous,
45:45 c'est parce qu'à travers cet exemple-là
45:48 se remarque un barrage de même genre.
45:51 Nous tentons de nous guérir de ces maladies
45:54 par nous-mêmes générées,
45:56 par des solutions au service d'un problème
45:59 tellement en amont de ces solutions-là
46:02 qu'il ne nous apparaît plus.
46:05 Et plus nous guérissons selon cette stratégie,
46:08 plus nous perdons en santé,
46:11 plus nous perdons en force,
46:13 plus cette réalité qui nous détermine
46:16 s'éloigne de nous
46:19 en nous faisant disparaître à nous-mêmes.
46:23 Évidemment, ce que je vais sous-entendre sera mal pris.
46:40 Voilà pourquoi je vais m'évertuer à nos sous-entendres.
46:43 On peut être philosophe comme je le suis
46:46 sans prendre de plaisir à se vouloir masochiste.
46:50 Même si en fonction de ce que nous sommes devenus,
46:54 la philosophie,
46:57 cette philosophie à laquelle je me réfère
46:59 et qui ne mâche pas ses mots,
47:01 pour répondre par exemple deux,
47:03 lorsqu'on lui demande ce que font un plus un,
47:06 s'expose à cette susceptibilité,
47:10 susceptibilité d'autant plus maladive
47:14 qu'on a cédé en proportion
47:16 à autant de facilités de tout genre.
47:20 Les évangiles d'abord associés à un dieu,
47:23 les révolutions,
47:25 la révolution française ensuite,
47:27 ce même dieu en moins,
47:29 mirent en avant une égalité calculée
47:32 ou admise à partir de qualités dites morales.
47:37 Sans concevoir que beaucoup se firent gentils tout doux
47:42 pour ne pas avoir en eux la force,
47:44 non de se faire méchants, mais autoritaires.
47:48 D'ailleurs, ce recours devint à ce point d'actualité
47:53 et surtout au sein de nos sociétés dites avancées,
47:56 qu'on taxa par réflexe toute autorité
48:00 comme autant de recours fascisants.
48:02 Il suffit alors de taper du poing sur la table
48:06 pour être dit mauvais.
48:08 Nietzsche ressentit tout le danger d'un tel recours
48:13 et lut d'autant plus raison
48:16 que cette facilité soulignée par lui
48:19 était déjà adoptée par nous à ce point
48:22 que des individus faibles, par définition,
48:25 dépourvus en eux d'une force réelle,
48:28 force bienveillante,
48:30 d'une constance de cet akabie en eux véritable
48:34 pour se dire et se faire autoritaires,
48:37 cédèrent en priorité la méchanceté.
48:40 Les nazis à ce propos en apportèrent
48:43 une parfaite illustration.
48:45 Cet ordre moral,
48:48 voulant s'aligner à une certaine faiblesse
48:51 pour se dire meilleur,
48:53 à défaut d'être meilleur,
48:55 permis à cette faiblesse de se répandre à tout va,
48:58 contribuant à ce que des faibles
49:01 en guise de force exprimée
49:04 se firent méchants pour obtenir gain de cause,
49:07 condamnant l'autorité à être vue
49:10 comme l'expression d'une méchanceté
49:13 par définition indépassable.
49:16 Dieu, cette conception du moins
49:29 que nous avons de lui,
49:32 eut le mérite d'habiller cette absence en nous,
49:35 ce vide abyssal en nous.
49:38 Dieu, en n'étant pas,
49:41 Dieu, en ne pouvant être,
49:43 nous ramena à la fois à ce que nous n'étions pas,
49:47 à ce que nous ne pouvions être.
49:50 En laissant ce Dieu de côté,
49:52 sans doute inspiré en ce sens
49:54 par un savoir plus conséquent,
49:56 incarné par quelques individus
49:59 comme Galilée, Newton, Leibniz,
50:01 Descartes, Kant et quelques autres.
50:04 Habillés par cette justesse scientifique nouvelle,
50:08 nous nous sommes sentis suffisamment vêtus
50:11 pour tenter de ressembler à nous-mêmes,
50:14 pour tenir par cette même justesse scientifique
50:18 cette absence en nous,
50:20 ce vide en nous, en respect.
50:22 Ce libertin de Pascal dut peut-être se réjouir
50:25 que ces silences générés par ces espaces infinis
50:29 furent compensés par un tintamarre incessant,
50:33 un tintamarre grandissant,
50:36 susceptible de donner le change.
50:39 Certains provocateurs prétendent de Jésus
50:43 qu'il parla plus aisément d'amour
50:46 pour s'avérer être plus crédible
50:49 en mettant en avant l'amour
50:51 qu'il ne parvint à l'être
50:53 si à la place de cet amour brandi,
50:56 il lui avait pris de brandir un glaive.
51:00 Nietzsche mit en avant une force
51:04 qui, pour être reconnue comme force,
51:07 se devait d'exprimer une forme d'excellence entière.
51:11 Au XXe siècle, la force aidée en ce sens
51:15 par des recours mécanisés,
51:18 pour se dire force d'abord,
51:20 se fit plus brutale et de l'autre.
51:23 Pour ne pas disposer de quoi se faire brutale,
51:26 se fit force en usant pour se faire d'arguments contraires.
51:31 Ainsi, la faiblesse à ce propos
51:35 incarna une fin en soi.
51:37 Les forts, soi-disant forts,
51:39 aidés en cela par des moyens mécanisés,
51:42 se firent plus brutales que forts à moindre coût.
51:45 Les faibles, eux, élevèrent leur faiblesse
51:48 en la revendiquant comme une fin en soi,
51:51 comme esprit dit charitable,
51:54 tout imbibé de pitié,
51:56 d'une pitié voulue culpabilisatrice
51:59 à l'égard de leurs opposants,
52:02 d'une pitié comme excuse pratique,
52:06 nous transformant, toutes et tous,
52:09 peu importe le camp choisi,
52:12 sur le plan d'une force ligne de ce nom,
52:16 comme autant de tonneaux sans cesse plus percés.
52:20 L'autre soir, j'écoutais Mozart,
52:33 et au-delà de ce ressenti généré en moi,
52:37 nous valons de dire, de ce ressenti-là,
52:40 que nous le trouvons beau,
52:42 même s'il me semble que ce « beau-là »
52:46 est en priorité histoire d'exactitude,
52:49 histoire de cohérence,
52:51 qu'il paraît à ce point à nos entendements
52:54 comme à nos sensibilités tombées,
52:56 juste que par répercussion,
52:59 nous considérons en retour cette même justesse
53:03 comme une forme de beauté à part entière.
53:07 Ainsi, au-delà de le trouver beau,
53:10 je m'interrogeais sur la provenance,
53:13 par notre intermédiaire, de l'art en général,
53:17 expression particulière,
53:20 expression spécifique,
53:22 n'étant pas le lot des autres espèces de ce monde.
53:27 Plus que d'être inadapté,
53:30 nous en sommes nous occupés par un néant,
53:34 synonyme en termes de constitution finale,
53:37 réellement abouti d'impossibilités notoires.
53:42 Comme le démontrent nos insistances diverses à ce sujet,
53:47 nous pourrons nous dire qu'à l'quelqu'un revendiquer une identité,
53:51 cette identité n'en sera jamais réellement une pour de bon.
53:57 Pour la raison simple qu'un être humain vivant
54:01 ne peut se retenir d'épouser un genre,
54:04 ses autres vêtements qu'il passe sont semblables à ces vêtements
54:08 que l'on passe à notre tour lorsqu'un froid nous saisit,
54:12 qu'il nous faut nous couvrir,
54:15 et que nous passons par nécessité et dans l'urgence
54:18 les vêtements alors à notre portée,
54:21 sans les choisir vraiment pour autant.
54:25 Ainsi, nous autres humains,
54:28 sommes-nous autant d'intermédiaires vivants
54:31 que d'intermédiaires humains,
54:34 et nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
54:38 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
54:42 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
54:46 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
54:50 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
54:54 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
54:58 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
55:02 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
55:06 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
55:10 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
55:14 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
55:18 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
55:22 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
55:26 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
55:30 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
55:34 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
55:38 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
55:42 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
55:46 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
55:50 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
55:54 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
55:58 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
56:02 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
56:06 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
56:10 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
56:14 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
56:18 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
56:22 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
56:26 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
56:30 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
56:34 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
56:38 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
56:42 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
56:46 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
56:50 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
56:54 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
56:58 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
57:02 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
57:06 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
57:10 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
57:14 Nous sommes tous les deux des intermédiaires humains.
57:18 Ainsi, l'art est, mais l'art aussi est surtout est l'expression de ce qui ne saurait être.
57:26 Ainsi, l'art est un mélange d'états,
57:32 plus précisément de deux états,
57:36 de deux mondes qui nous occupent, nous autres humains,
57:40 plus que nous les occupons.
57:42 L'art ainsi, associé à ce qui est,
57:46 pour être vérifiable, constatable dans la réalité,
57:50 à ce qui ne saurait être,
57:52 nos fictions retransmises sous forme d'images sonorisées en témoignent.
57:58 Passifs, nous nous baladons face à nos écrans sur une crête infime,
58:04 sans qu'aucune comparaison entre ces deux bords ne puisse être établie.
58:10 Se tient, côte à côte, un néant, sans fond et sans fin.
58:15 Accolé à une réalité par notre intermédiaire, sérieusement en danger.
58:23 [Musique]
58:31 [Son de cloche]
58:34 Merci pour votre attention.
58:36 Le temps nous a imposé sa loi,
58:38 nous entraînant dans nos vies respectives une heure plus loin.
58:41 J'ignore où vous vous trouverez la semaine prochaine,
58:43 mais si le cœur vous en dit,
58:45 je vous donne rendez-vous pour renouveler l'expérience,
58:47 en vous souhaitant d'ici là plein de hasards heureux.
58:50 Bien à vous.
58:53 [Musique]
59:10 [SILENCE]

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