Indiens d'Amérique, un peuple corrompu par l'Oncle Sam
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00:00 Au pied de la Sierra Nevada en Californie.
00:07 - Bonjour tout le monde.
00:12 Comment ça va cette journée magnifique ?
00:15 Je voudrais rendre hommage à tous les gens qui, pendant des années,
00:22 ont oeuvré pour l'ouverture de ce casino.
00:27 Et maintenant, j'aimerais solennellement ouvrir les portes du Red Oak Casino.
00:31 Ce jour-là, on inaugure l'un des plus gros casinos de la région.
00:38 10 000 personnes sont là pour participer à la fête.
00:42 La presse est venue de toute la Californie pour couvrir l'événement.
00:50 - Bonjour.
00:53 - Bonjour.
00:55 Ça, c'est le Café des 2 rivières, ouvert 7 jours sur 7, 24 heures sur 24.
00:59 Pour manger un hamburger, des crevettes ou juste une salade,
01:02 c'est ici qu'il faut venir.
01:03 On propose 73 tables de jeux.
01:09 On a tous les jeux de cartes que proposent la plupart des casinos,
01:12 comme le poker.
01:13 On a aussi 2 200 machines à sous.
01:16 Je crois que notre prévision, c'est d'avoir 14 000 clients par jour.
01:25 Excusez-moi, vous connaissez les propriétaires de ce casino?
01:28 - Oui, attendez, les Shingles Spring...
01:35 J'arrive pas à le dire.
01:36 Les Shingles Spring Band of Miwok Indian.
01:39 Le casino est à eux.
01:40 Un propriétaire au nom imprononçable, les Shingles Springs Band of Miwok Indian.
01:50 Une petite tribu indienne de 400 personnes issues d'une dizaine de familles.
01:55 Ils ont bâti le casino sans leurs réserves.
01:56 - On a travaillé tellement dur pour en arriver là.
02:02 On le mérite, ce casino.
02:04 Moi, oui, je suis une membre de la tribu.
02:06 C'est un grand moment dans l'histoire de notre tribu.
02:10 Je voulais être ici pour partager ce moment avec les autres membres.
02:13 C'est super, on est béni des dieux.
02:17 Est-ce que l'on va faire fortune?
02:22 Bien sûr, on est là pour ça.
02:25 Le patron du casino, le voici.
02:27 Il s'appelle Nick Fonseca.
02:29 C'est le chef de la tribu.
02:30 - Salut Nick, félicitations.
02:32 - Merci.
02:32 - Hé, chef, moi, j'ai déjà gagné.
02:36 - Ah bon, déjà?
02:37 Mais t'es pas censé dépenser ton argent dans les machines à sous.
02:40 - C'est un des membres de ma tribu.
02:44 Il a joué de l'argent au casino.
02:46 - Il a gagné de l'argent?
02:48 - Il a gagné, mais moi, je peux pas jouer.
02:52 - Pourquoi? Vous n'êtes pas autorisé à jouer, vous?
02:56 - Si, mais je veux pas jouer.
02:59 Je pense que c'est pas très éthique de jouer quand on est chef de tribu.
03:03 Il se veut un patron exemplaire dont le business va avant tout
03:07 profiter au bien être de sa tribu.
03:09 - Historiquement, les Indiens d'Amérique sont très pauvres
03:15 et le taux de chômage est très élevé.
03:19 Par exemple, à l'heure où je vous parle, la moitié de ma tribu
03:22 vit en dessous du seuil de pauvreté.
03:24 Aujourd'hui, ce casino va nous donner l'opportunité de devenir autonome.
03:29 Ça va apporter du business.
03:32 Nous allons pouvoir donner du travail aux membres de ma tribu.
03:34 Ça va être génial. Pour nous, c'est une nouvelle ère qui commence.
03:38 Une fois leur emprunt remboursé, ils pourront partager les bénéfices
03:43 du casino entre tous les Indiens de la tribu.
03:45 Chacun espère toucher au moins 3000 dollars par mois.
03:49 Et ce met à rêver.
03:50 - Moi, j'aimerais ouvrir deux magasins.
04:00 Un garage pour laver les voitures et un magasin de vêtements.
04:04 - Moi, je vais donner à des associations caritatives.
04:07 - Oui, puis j'en donnerai à mes enfants et à tous mes amis.
04:11 Les casinos, c'est le nouveau rêve des Indiens d'Amérique.
04:18 Mais parfois, la belle histoire peut se transformer en malédiction.
04:45 Notre enquête sur les casinos des Indiens d'Amérique commence
04:48 au sud de la Floride, dans la tribu Seminole.
04:51 Une tribu composée d'une trentaine de familles, en tout 3000 membres.
04:55 Il y a 30 ans, c'est eux qui ont ouvert le premier casino indien.
04:59 Leurs réserves se trouvent à quelques kilomètres de Miami.
05:05 Fini les grands espaces sauvages.
05:08 Leur territoire est devenu une vraie petite banlieue,
05:13 comme il y en a partout en Amérique.
05:15 Aujourd'hui, comme la plupart des Indiens,
05:19 ils habitent dans des maisons en dur et vivent à l'américaine.
05:22 Les chefs de la tribu, comme Max Oseola,
05:29 roulent en moto customisée et sont devenus des chefs d'entreprise.
05:33 Max Oseola et les Seminole sont à la tête d'un empire des casinos
05:41 estimé à plus d'un milliard de dollars.
05:44 Les Seminole, c'est la tribu indienne la plus riche des Etats-Unis.
05:51 Les chasseurs cueilleurs du sud de la Floride sont devenus
05:57 de redoutables hommes d'affaires.
05:59 - Vous avez d'autres motos?
06:06 - Oui, j'ai aussi une Harley Davidson.
06:08 Pour le moment, elle est en révision, alors je conduis celle là.
06:13 - Et vous avez des voitures aussi?
06:14 - Oui, j'ai aussi des voitures.
06:15 Venez, je vais vous montrer le Hard Rock.
06:19 Regardez, ici, il y a les 4 Beatles qui vous accueillent à l'entrée.
06:31 Vous avez Ringo Starr, John Lennon, Paul McCartney et George Harrison.
06:40 - Oui.
06:41 Ici, on a des jeux de cartes, le Black Jack et tous les types
06:48 de machines que vous trouvez à Las Vegas.
06:50 Des casinos comme celui-ci, les Seminole en possèdent 8.
06:58 - En ce moment, on a un événement.
07:02 C'est un moyen d'attirer les clients.
07:05 Ils peuvent gagner une Rolls Royce et rouler comme des riches.
07:09 Un business, c'est des signes de richesse à première vue,
07:15 bien loin des traditions indiennes.
07:17 Mais pour Max Oseola, cette aventure s'inscrit
07:21 dans la continuité historique de sa tribu.
07:23 - Pour que vous compreniez, je vais vous montrer une peinture.
07:28 Au 19e siècle, lorsque nous étions en guerre contre les Américains
07:37 et qu'il a fallu signer des traités de paix, mon ancêtre Oseola,
07:40 qui était un chef de guerre, il a dit aux Américains,
07:44 "Regardez comment je le signe, votre traité."
07:47 Allez, regardez.
07:49 Il l'a signé avec un couteau.
07:51 Depuis, on nous appelle la tribu invaincue parce qu'on n'a
07:54 jamais perdu la guerre.
07:55 On n'a jamais signé de traité de paix.
07:57 Cette histoire est très importante.
08:01 Elle explique pourquoi on en est là aujourd'hui.
08:05 Ces hommes se sont battus et ils ont donné leur vie.
08:07 La moindre des choses, c'est de leur rendre hommage
08:10 et de réussir dans le business.
08:12 Pendant deux siècles, les Indiens d'Amérique ont fait la guerre
08:17 contre les colons venus d'Europe.
08:19 Des chefs de tribu comme Geronimo ou Sitting Bull
08:23 s'illustrent au combat, mais perdent la guerre.
08:25 Au 19e siècle, on les parque dans des réserves.
08:28 Pendant des années, ils vivent coupés du monde moderne.
08:31 La chasse et la pêche constituent leur seule ressource.
08:35 Mais il y a 30 ans, les séminoles ont une idée.
08:40 Profiter du statut particulier des réserves indiennes garanties
08:44 par la Constitution pour y implanter des casinos interdits
08:48 dans la plupart des États américains.
08:50 Pour la criminalité, les réserves dépendent des lois
08:58 des États-Unis, mais en matière économique, elles appliquent
09:02 leurs propres règles.
09:03 Elles sont souveraines.
09:04 C'est une sorte d'État dans l'État.
09:06 En 1979, les séminoles ouvrent le premier casino indien
09:14 sur leurs réserves.
09:15 Les machines à sous vont faire leur fortune.
09:17 En 2006, c'est l'apothéose Max Oseola, le chef séminole,
09:24 parade avec sa tribu à Times Square, en plein cœur de Manhattan,
09:27 pour savourer sa revanche sur l'histoire.
09:32 - Nos ancêtres ont vendu Manhattan pour des broutilles.
09:34 Aujourd'hui, nous allons racheter Manhattan, un burger
09:38 après un burger.
09:39 Ce jour-là, grâce à leurs casinos, ils rachètent
09:45 pour un milliard de dollars la marque Hard Rock Café
09:48 et deviennent propriétaires de six hôtels et 250 restaurants
09:53 à travers le monde.
09:54 Leur réussite fait rêver tous les Indiens d'Amérique.
10:00 Aujourd'hui, sur leurs réserves, il ne manque de rien.
10:02 Des cliniques dernier cri, fait extrêmement rare aux États-Unis.
10:07 Tous bénéficient gratuitement d'une assurance maladie
10:09 qui couvre tous leurs soins médicaux.
10:11 Ils ont aussi leurs écoles privées et des bourses pour étudier
10:14 gratuitement dans les meilleures universités américaines.
10:17 Tous possèdent une ou plusieurs voitures de luxe.
10:24 Désormais, les danses traditionnelles, avec tambour
10:35 et parure de plumes, sont surtout réservées aux touristes.
10:38 Le chiffre d'affaires de leurs casinos n'est pas public.
10:54 Ce que l'on sait, c'est qu'en plus des services sociaux,
10:57 la tribu verse tous les mois un revenu à chaque séminole.
11:01 - Avant, on vivait dans des villages et quand le chasseur
11:07 revenait avec de la viande, tout le monde en profitait.
11:09 Aujourd'hui, c'est pareil, sauf qu'au lieu de ramener des serfs,
11:12 on ramène de l'argent pour toute la tribu.
11:14 - Et c'est combien par personne ?
11:15 - C'est suffisant pour tout le monde afin d'assurer l'avenir.
11:18 Je ne veux pas vous donner de chiffres en dollars.
11:21 Ça, c'est les histoires de la tribu.
11:23 - Vous partagez les dividendes ?
11:24 - Écoutez, tous les membres de la tribu touchent la même
11:27 somme d'argent, du plus jeune au plus âgé.
11:29 Tout cela est équitable.
11:31 Officiellement, tous les revenus sont partagés équitablement
11:35 entre chaque séminole.
11:37 Nous avons voulu vérifier cette affirmation, mais sortir
11:43 la caméra sur leur terre sans la présence d'un chef tribal
11:46 se révèle un exercice compliqué.
11:50 C'est la police fédérale qui assure la sécurité sur la réserve.
11:53 - Qu'est-ce que vous faites ?
11:55 - Je fais un documentaire sur les séminoles.
11:58 - Vous ne pouvez pas faire cela.
12:01 Ici, vous êtes sur une terre privée.
12:02 C'est une nation souveraine.
12:03 - Mais ils m'ont déjà donné une interview.
12:05 Je ne comprends pas.
12:07 Pourquoi je ne peux pas continuer à travailler ici ?
12:09 - Vous savez, ils sont très discrets.
12:13 Donc maintenant, plus d'interviews et plus d'images.
12:18 Chez les séminoles, on communique sur les succès du casino,
12:21 mais pas question de s'intéresser en détail aux affaires de la tribu.
12:24 Pour avoir un autre discours que celui des chefs,
12:29 nous avons pris rendez-vous avec Sam Thomy, un membre de la tribu
12:33 qui critique la répartition des richesses.
12:36 À 51 ans, comme tous les séminoles, Sam Thomy touche chaque
12:44 mois un chèque de 10 000 dollars grâce aux bénéfices des casinos.
12:48 Une très belle somme qui lui permet de vivre confortablement.
12:52 Malgré cela, Sam Thomy est un homme en colère.
12:55 - Chez les séminoles, tout est devenu beaucoup trop grand.
13:03 Tout est allé beaucoup trop vite et cela crée de plus en plus de problèmes.
13:08 Pour lui, les chefs détourneraient de l'argent de la tribu à leur profit.
13:14 La distribution des bénéfices des casinos ne serait pas équitable.
13:17 Pour nous aider à comprendre, ils nous emmènent survoler la réserve.
13:22 - Regardez là bas, c'est la réserve.
13:32 Là, vous avez la maison de David Cypress, l'un des chefs.
13:37 Comme vous pouvez le voir, c'est une très grosse maison.
13:42 Je suis incapable de vous dire combien il y a de chambres, mais c'est très grand.
13:49 Il y a même un espace de jeu.
13:51 C'est pour ses petits enfants.
13:53 Un peu plus loin, avec le toit vert, vous avez la maison de Michel Cypress,
13:59 le grand chef de la tribu séminole.
14:01 On peut voir un terrain de basket.
14:05 Une très jolie allée.
14:08 Il y a aussi un bassin avec des fontaines.
14:11 Un très beau front d'eau dans le front.
14:13 Beaucoup, beaucoup d'argent a été dépensé dans ces maisons.
14:19 Comparé ça avec les habitations des autres séminoles, elles sont beaucoup plus petites et plus modestes.
14:29 La question, c'est d'où vient cet argent?
14:34 Qui paye pour tout cela?
14:36 Où vient tout cet argent?
14:38 Qui paye pour tout cela?
14:39 Ces maisons luxueuses posent un problème légal.
14:43 Théoriquement, les chefs ne peuvent pas dépenser n'importe comment les bénéfices du casino.
14:48 Une loi américaine encadre ces dépenses.
14:50 Tout doit être consacré aux infrastructures de la communauté.
14:53 Les revenus des casinos ne peuvent être utilisés que pour le bien-être général de la tribu et pour promouvoir son développement économique.
15:00 En aucun cas des fins personnelles.
15:05 Au Sun Sentinel, un quotidien de Floride, une journaliste d'investigation, Sally Castine, a montré que chez les séminoles, c'est loin d'être le cas.
15:14 En décembre 2007, elle publie une enquête fouillée où elle accuse les chefs séminoles de détourner d'énormes sommes d'argent de la tribu à leur profit.
15:22 Ce que l'on a découvert après plusieurs mois d'enquête, c'est que les énormes sommes d'argent de la tribu étaient sous le contrôle total des cinq chefs tribaux.
15:35 Un chef en particulier a eu accès en quelques années à plus de 160 millions de dollars.
15:42 Et avec cet argent, ils ont payé pour des opérations de chirurgie esthétique, des voitures, des achats de terrain.
15:50 On a pu établir que la plupart de ces dépenses ont été effectuées avec l'argent de la tribu.
15:59 En tout, Sally Castine affirme que ces huit dernières années, les chefs séminoles ont détourné à leur profit 280 millions de dollars.
16:07 Sur ces documents, elle a répertorié une partie des sommes détournées du budget de la tribu.
16:12 Selon elle, rien que pour l'année 2006, la famille de Max Oseola aurait utilisé 593 000 dollars pour son usage privé.
16:22 Les chefs tribaux pensent que l'argent de la tribu leur appartient et qu'ils n'ont pas à rendre de compte devant la loi.
16:35 Nous avons demandé au chef Oseola ce qu'il pensait de ces accusations.
16:43 Les journaux racontent souvent n'importe quoi.
16:50 Ils ne disent pas la vérité. N'importe qui peut faire des allégations.
16:54 Historiquement, les Indiens ont toujours été maltraités par ceux qui ne sont pas indiens.
16:59 Dans cette affaire, il y a eu une enquête de la Commission nationale des jeux indiens, une agence fédérale qui vérifie que les tribus respectent la loi en matière de dépense d'argent provenant des casinos.
17:15 Dans le cas des séminoles, la commission a établi que cette loi avait été violée.
17:20 Nous sommes allés à Washington pour interviewer le patron de la commission des jeux indiens.
17:24 Phil Hogan est un Sioux.
17:27 On ne peut pas le suspecter de faire du racisme anti-indien.
17:29 Qu'est ce que vous avez fait ?
17:33 Vous les avez poursuivis devant la justice ?
17:35 Écoutez, j'ai rencontré le chef tribal.
17:40 J'ai tapé du poing sur la table en disant vous ne devez plus faire cela.
17:43 Vous ne pouvez pas gérer vos affaires d'aujourd'hui comme vos spectacles d'alligators de l'époque.
17:49 Vous devez mettre en place des programmes, tenir des comptes.
17:52 Il y a eu beaucoup de réticences car ils font cela depuis des générations.
18:00 Mais ils ont reconnu qu'ils avaient tellement d'argent aujourd'hui qu'il fallait faire cela plus équitablement et dans les règles.
18:07 Attendez, ce n'est pas légal et vous n'avez entamé aucune poursuite ?
18:15 Vous n'avez rien fait ?
18:19 Vous savez, les indiens ont ce que l'on appelle une immunité grâce à leur souveraineté.
18:23 Vous ne pouvez pas poursuivre la France devant une cour des États-Unis.
18:29 Les séminoles, c'est la même chose.
18:31 Ils sont souverains.
18:33 Leur statut unique fait que c'est beaucoup plus difficile de les poursuivre dans ce genre de cas.
18:42 Ce n'est pas un système parfait, mais les casinos indiens, c'est le meilleur développement économique que les tribus indiennes ont connu.
18:49 Les chefs séminoles n'ont pas été poursuivis par la justice.
18:55 Seule une pétition a circulé dans la tribu.
18:57 Elle n'a été signée que par 30 membres sur 3000.
19:00 Les États-Unis comptent 560 tribus indiennes.
19:09 Une sur deux possède un casino.
19:11 Aujourd'hui, c'est la clé de leur développement économique.
19:15 Au total, les établissements de jeux indiens pèsent 26 milliards de dollars par an.
19:20 C'est quatre fois plus que Las Vegas.
19:23 Une fortune qui attise toutes les convoitises et qui a déclenché un scandale retentissant jusqu'au Congrès de Washington.
19:36 Tout a commencé ici, en Louisiane, dans le sud des États-Unis.
19:46 À deux heures de route de la Nouvelle Orléans.
19:51 La réserve des Kutchata, une tribu indienne de 850 personnes, une vingtaine de familles.
19:59 Pendant des années, ils ont élevé des bisons.
20:03 Aujourd'hui, ils sont propriétaires de ce casino.
20:07 Un établissement avec son parcours de golf, son hôtel de luxe et ses indispensables machines à sous.
20:18 Leur clientèle vient principalement du Texas voisin.
20:22 Chiffre d'affaires estimé du casino, 350 millions de dollars par an.
20:27 Autant dire une belle réussite.
20:32 David Siké est l'un des chefs des Kutchata.
20:34 Il y a quelques années, la fortune de sa tribu a bien failli disparaître dans la plus grande escroquerie dont ont été victimes les casinos indiens.
20:43 - Vous savez, il y a deux siècles, les tribus indiennes ont dû faire face au déferlement des colons.
20:53 Ils voulaient s'emparer des ressources naturelles des Indiens.
20:59 A l'époque, ils nous ont pris nos terres, nos pierres précieuses, toutes nos ressources.
21:04 Aujourd'hui, nous devons faire face à des opportunistes, des escrocs qui en veulent à nos dollars.
21:13 Et malheureusement, nous avons été victimes de ça récemment avec Jacques Abramoff, un lobbyiste de Washington.
21:21 Il a arnaqué non seulement notre tribu, mais aussi d'autres Indiens du Sud et du Michigan.
21:27 - Tout le long de la Chine, tout le long de la Chine, tout le long de la Chine, tout le long de la Chine, de Michigan.
21:33 Jacques Abramoff, le voici.
21:38 C'est un lobbyiste de 43 ans.
21:40 Avec son réseau de contacts au plus haut niveau des Etats-Unis, c'est l'un des hommes d'influence les plus en vue de la capitale.
21:47 Il a même fait la une du Time, qu'il a surnommé l'homme qui a acheté Washington.
21:55 Le premier acteur de l'histoire, le premier lobbyiste, Michael Scanlon.
21:59 Ensemble, ils vont monter une redoutable escroquerie pour soutirer d'énormes sommes d'argent à plusieurs tribus indiennes propriétaires de casinos.
22:07 Les Kutchatas sont riches. Ils ne connaissent rien de lobbying.
22:10 Abramoff sent qu'avec eux, il y a de l'argent à se faire.
22:13 - Lorsqu'il est venu nous voir, il avait tout de ces hommes travaillant à Washington.
22:21 Il avait tout de ses affaires, il avait tout de ses affaires.
22:25 Il avait tout de ses affaires.
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24:14 Il avait tout de ses affaires.
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24:16 Il avait tout de ses affaires.
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24:18 Il avait tout de ses affaires.
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24:39 Il avait tout de ses affaires.
24:40 Il avait tout de ses affaires.
24:41 - Pour justifier ces énormes facturations,
25:07 Abramov invente une usine à gaz.
25:09 Avec des sociétés-écran et des organismes bidons,
25:14 les tribus pensent que leur argent sert à défendre
25:16 leur intérêt à Washington.
25:18 En réalité, la plus grosse partie finit dans les poches
25:23 de Scanlon et Abramov.
25:25 - En fait, ils se partageaient ces énormes sommes d'argent
25:29 payées par les tribus.
25:30 Et ça, les tribus ne le savaient pas.
25:34 C'est illégal.
25:35 Ces types embobinaient les tribus.
25:39 Ils les arnaquaient.
25:40 Mike Scanlon vivait de façon extravagante.
25:45 A l'époque, c'était un jeune type qui, officiellement,
25:48 était encore étudiant.
25:49 Mais il louait des hélicoptères pour aller dans sa maison
25:51 à 5 millions de dollars au bord de la mer.
25:53 Ils ont claqué tout leur argent.
25:57 Plus tard, Abramov et Scanlon seront poursuivis pour escroquerie.
26:03 Mais l'arnaque des tribus indiennes ne s'arrête pas là.
26:06 Les 2 escrocs vont faire coup double.
26:07 Au Texas, leur lobbying a entraîné la fermeture
26:11 du seul casino autorisé dans cet état.
26:13 Un casino indien, celui de la tribu des Tiguas, à El Paso.
26:19 Avec cette fermeture, les 800 membres de la tribu
26:21 perdent leur seul revenu, 60 millions de dollars par an.
26:25 Avec les Tiguas, Abramov et Scanlon sentent
26:28 qu'ils ont trouvé de nouveaux pigeons.
26:29 Ils veulent toujours plus d'argent, comme en témoignent
26:32 leur courrier électronique que nous nous sommes procurés.
26:34 - Tu peux sentir leur argent ?
26:36 - Je veux tout leur argent.
26:39 J'adore ces mecs, ils sont complètement stupides.
26:47 Je veux un rendez-vous avec ces singes.
26:53 Dès le lendemain de l'interdiction du casino des Tiguas,
26:58 Abramov frappe à leurs portes et propose de les aider
27:02 à réouvrir leur établissement.
27:04 L'avocat de la tribu, Tom Diamond, s'en souvient encore.
27:09 - On ne savait absolument pas qu'il avait travaillé
27:18 avec la tribu des Cuchata pour faire interdire
27:21 les casinos au Texas.
27:23 Si on l'avait su, on l'aurait tout de suite foutu dehors.
27:32 Vous savez, c'est le genre de type qui vous fait croire
27:34 qu'il est tellement indispensable que vous lui dites oui.
27:37 Car de toute façon, vous avez besoin de lui.
27:41 Alors, ils vous prendront ses filets.
27:42 Abramov fait signer aux Tiguas un contrat de 4 millions de dollars.
27:48 Objectif, faire réautoriser le jeu dans la ville.
27:51 Comme avec les Cuchata, Abramov surfacture ses services.
27:55 Mais il est trop gourmand et va commettre un faux pas.
27:57 - Il y a une chose qu'il ne nous avait pas dite.
28:02 C'est ce qu'il faisait passer sous la table.
28:03 Il payait des gens.
28:05 Il corrompait le système.
28:07 Pour faire changer la loi, Abramov va acheter des députés du Congrès.
28:13 Avec l'argent des Tiguas, il les emmène en voyage de golf en Écosse.
28:18 Les invite à des événements sportifs et à de grands dîners
28:22 dans le restaurant qu'il s'est payé à deux pas du Capitol.
28:26 Aux Etats-Unis, tout cela, c'est de la corruption.
28:31 Une enquête du FBI va révéler le scandale.
28:33 Le casino des Tiguas ne sera jamais réouvert.
28:36 Et en 2004, l'arnaque Abramov devient une affaire d'Etat.
28:42 - Je crois que 17 ou 18 personnes ont été accusées au pénal dans l'affaire Abramov.
29:08 À Washington, l'affaire Abramov a déclenché un énorme scandale.
29:17 En fait, ça a bouleversé la donne politique.
29:27 Au Congrès, la majorité a changé.
29:29 Les Républicains ont perdu le pouvoir.
29:32 Tout cela à cause de l'affaire Abramov.
29:35 En 2004, Jack Abramov est mis en accusation et plaide coupable.
29:41 - Levez la main droite et répétez après moi.
29:45 Je jure devant Dieu de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.
29:49 Cette affaire a aussi bouleversé les règles du lobbying aux Etats-Unis.
29:55 Désormais, un député n'a plus le droit d'accepter un cadeau de plus de 50 dollars.
29:59 En 2006, Abramov est lui condamné à 50 prisons pour fraude et corruption.
30:05 Il purge sa peine dans un pénitencier du Maryland.
30:08 Aucune interview ne nous sera accordée.
30:10 Il ne s'est exprimé qu'une seule fois à ce sujet sur une télévision américaine avant son incarcération.
30:17 - Cette histoire a été terrible pour moi sur le plan financier, social, personnel et politique.
30:25 À l'écouter, c'est lui qui est victime de cette affaire.
30:29 Mais pour Susan Schmitt, c'est bien évidemment les tribus qui sont perdantes et pas que sur le plan financier.
30:34 - Aujourd'hui, avec cette histoire, les tribus indiennes sont considérées comme des parias, au compris les Américains.
30:45 Moi, ce que je pense, c'est qu'elles sont devenues un peu maudites.
30:50 Désormais, elles ont toutes les difficultés à faire valoir leurs problèmes,
30:54 car beaucoup de gens ont aujourd'hui peur d'être associés aux tribus indiennes
30:59 à cause de cette affaire Abramov et de tout le scandale qui en a découlé.
31:03 En tout, Jack Abramov a escroqué plus de 80 millions de dollars à 8 tribus indiennes.
31:11 Un député a déjà été condamné à deux ans et demi de prison.
31:14 D'autres pourraient suivre.
31:16 L'enquête n'est pas terminée.
31:17 La fortune des casinos fait aussi tourner la tête des Indiens eux-mêmes.
31:24 Aujourd'hui, l'ennemi le plus redoutable vient de l'intérieur des tribus.
31:29 La distribution des dividendes du jeu déchire les Indiens.
31:33 Pour le comprendre, il faut aller en Californie, l'état où il y a le plus de casinos indiens.
31:41 En tout, 57 établissements.
31:43 Direction la tribu des Reading Rancheria, à deux heures de route de Sacramento.
31:50 Une tribu de 250 membres massacrée par les chercheurs d'or au 19e siècle.
31:56 Les casinos ont bouleversé la vie des foreman.
32:03 En 2004, les 75 membres de la famille sont exclus de la tribu et chacun perd ses 3000 dollars mensuels de dividendes des casinos.
32:18 Depuis, toutes les semaines, ils viennent se recueillir sur les tombes de leur grand-mère et arrière-grand-mère.
32:42 En 2004, pour tenter de prouver qu'ils étaient Indiens et membres de la tribu, ils ont été obligés de commettre un sacrilège.
32:49 Ils ont déterré leurs deux ancêtres.
32:51 - C'est probablement le jour le plus dur de ma vie.
33:06 Imaginez un peu, on a dû la déterrer.
33:11 Je n'arrive toujours pas à croire que l'on en soit arrivé là.
33:14 Pour être Indien, il faut être le descendant biologique direct d'un membre de la tribu.
33:21 Depuis le 19e siècle, la famille Foreman est membre incontesté de la tribu des Reading.
33:28 Mais en 2002, le Conseil tribal remet en cause cette appartenance.
33:33 Il affirme que Lorena, leur grand-mère, a été adoptée et n'est donc pas la fille biologique de Virginia, l'arrière-grand-mère.
33:41 Plus de lien du sang, ils sont exclus de la tribu.
33:45 - Après que le Conseil tribal ait rejeté tous les documents prouvant que nous étions membres de la tribu, ils nous ont dit qu'ils avaient besoin d'un test ADN.
34:01 Ce qui veut dire qu'on a dû exhumer ma grand-mère et mon arrière-grand-mère.
34:04 En septembre 2003, deux laboratoires spécialisés procèdent à l'excavation des deux cercueils.
34:14 De l'ADN est prélevé sur les os des deux défuntes afin de les comparer et de voir si elles sont bien mère et fille.
34:21 Pour les Foreman, c'est une humiliation.
34:30 - Un des anciens de la tribu nous a dit "déterrez-la, ce n'est qu'un sac d'os".
34:36 - Penser que quelqu'un peut violer votre intimité à ce point, c'est bestial, c'est inhumain.
34:52 C'est contre les croyances des tribus.
34:58 Dans notre tradition, il faut respecter les morts et les laisser reposer en paix.
35:02 Cinq mois après l'excavation, les Foreman ont reçu les résultats du test ADN.
35:14 Les conclusions des deux laboratoires indépendants sont sans appel.
35:26 - Les deux tests concluaient qu'il y avait 99,89% de chances qu'elles soient mère et fille selon les standards scientifiques américains.
35:34 Mais la tribu a rejeté ces deux résultats.
35:38 - Pourquoi ?
35:41 - C'est une bonne question.
35:45 - Tout ça, c'est à cause de l'argent et de la cupidité.
35:50 Ils ne respectent rien ni personne.
35:54 - Vous savez, quand vous expulsez une grosse partie de la tribu, en l'occurrence 30% avec notre famille,
36:01 c'est 30% de dividendes des casinos en plus pour ceux qui ne sont pas virés.
36:05 C'est évident que l'argent est à l'origine de tout cela.
36:10 - Et combien vous perceviez par mois à l'époque ?
36:14 - À l'époque, c'était 3000 dollars par mois et par personne.
36:21 Et maintenant, les membres restants de la tribu touchent 5 à 6 000 dollars par mois.
36:25 - En fait, notre tribu nous fait subir ce que le gouvernement américain nous a fait subir il y a quelques années.
36:38 Quand ils nous éliminaient, cette tribu fait exactement la même chose.
36:43 Ils nous éliminent.
36:44 Ils n'ont pas le droit.
36:46 Ce n'est pas juste.
36:50 Hier, on devait lutter contre le gouvernement fédéral des Etats-Unis.
36:53 Et aujourd'hui, on lutte contre notre propre tribu.
36:57 Dans le cadre de leur souveraineté, ce sont les chefs tribaux qui fixent les règles d'appartenance à la tribu.
37:04 Nous avons fait de multiples demandes pour rencontrer les chefs des readings.
37:11 Toutes ont été refusées.
37:13 Nous décidons d'aller frapper à leur porte en laissant tourner discrètement la caméra.
37:20 Nous souhaitons savoir pourquoi les résultats ADN des Forman ont été rejetés.
37:24 Le frère de la chef a son explication.
37:27 - Quand ils ont fait le test ADN, ils n'ont pas utilisé la bonne méthode scientifique.
37:37 En plus, ils ont envoyé directement les résultats du laboratoire chez eux.
37:43 Ils auraient dû les faire parvenir d'abord à la tribu.
37:46 Le processus n'a pas été respecté.
37:50 - Le test ADN n'était pas bon.
37:51 - Allez, ta gueule, tu dégages maintenant.
37:54 Visiblement, nos questions dérangent.
37:59 Un peu plus loin, nous tombons sur un autre membre de la tribu un peu plus loquace.
38:05 - Moi, je faisais partie des gens qui voulaient que les Forman ne soient pas expulsés.
38:10 Parce qu'ils ont toujours été considérés comme membres de la tribu.
38:13 Mais il y a beaucoup de jeunes et eux l'ont certainement fait pour l'argent.
38:19 - Vous, vous êtes membre de la tribu ? - Oui.
38:21 - Donc maintenant, vous touchez plus d'argent puisqu'il y a moins de membres.
38:27 - Oui, c'est vrai, nous avons plus d'argent.
38:30 Il y a toujours la même somme à partager.
38:33 Alors, comme nous sommes moins nombreux, nous avons une plus grosse part du gâteau.
38:36 - Vous pourriez nous le dire en interview, cela ?
38:39 - Non.
38:41 - Pourquoi ?
38:43 - On ne s'oppose pas au conseil tribal.
38:47 Ça ne se fait pas de parler contre sa tribu.
38:49 Les expulsions, c'est le nouveau mal des Indiens d'Amérique.
38:54 Aujourd'hui, ils sont près de 3000 à avoir été bannis de leur tribu.
38:59 Être expulsé, cela veut dire tout perdre.
39:02 Assurance maladie, bourse d'études, dividendes des casinos.
39:07 Mais c'est surtout perdre son identité.
39:10 Un déracinement insupportable pour beaucoup d'Indiens.
39:15 Toujours dans le nord de la Californie, à 2 heures de route des Redding,
39:19 la tribu des Robinson Rancheria, 300 membres et son inévitable casino.
39:26 Ici, l'histoire s'écrit au présent.
39:31 Plus de 70 personnes sont sur le point de se faire bannir par leur conseil tribal.
39:36 Marion Quitiquit fait partie des Robinson Rancheria depuis toujours,
39:43 comme le prouve sa carte de membre de la tribu.
39:46 Mais il y a quelques semaines, le conseil tribal lui envoie cette lettre.
39:51 - Ça, c'est une lettre du conseil tribal concernant le processus de bannissement.
39:59 Il y est écrit que je vais bientôt ne plus être membre de la tribu.
40:10 Selon le conseil tribal, sa mère, Mary Bogue, a été enrôlée dans la tribu par erreur il y a près de 100 ans.
40:16 Marion et sa femme ont tous les documents prouvant le contraire.
40:20 - Regardez, c'est un document du Bureau des affaires indiennes de 1928.
40:27 Le grand-père de Marion, le père de sa mère, là, sur la photo,
40:30 a bien été enregistré comme un Indien de Californie avec ses enfants.
40:38 La mère de Marion est enregistrée ici.
40:40 Cela prouve qu'elle est indienne, que Marion est indienne,
40:44 que toute la famille est indienne.
40:47 Problème, lors du dernier recensement de la tribu en 1965,
40:55 la mère de Marion a oublié de se faire enregistrer.
40:58 Aujourd'hui, le conseil tribal exploite cet oubli pour expulser Marion et 70 parents,
41:04 un cinquième de la tribu.
41:06 Là aussi, une histoire d'argent, mais pour Marion, le problème n'est pas là.
41:10 - Sans identité, comment faites-vous pour savoir qui vous êtes ?
41:18 D'où vous venez ?
41:21 Les dividendes, l'argent, tout cela, ce n'est pas important.
41:35 Mais pour les anciens qui ont vécu toutes ces années ici,
41:37 et à qui, soudainement, on enlève leur passé,
41:42 c'est vraiment traumatisant.
41:47 Pour moi, c'est extrêmement dur.
41:55 Ma mère était membre de la tribu.
41:58 Je suis son fils et on est obligés de vivre tout cela.
42:04 Toute la famille était d'ici.
42:06 Si elle était encore là, elle aimerait que je m'occupe de cette affaire
42:12 comme on faisait à l'époque.
42:14 - C'est-à-dire ?
42:15 - En combattant.
42:18 Je suis très énervé.
42:19 Ils n'ont pas le droit de faire cela.
42:23 Ici aussi, toutes nos demandes d'interview avec les responsables de la tribu ont été refusées.
42:33 Nous décidons d'aller directement chez la chef tribale.
42:35 Elle nous répond cachée derrière la porte.
42:39 - Pourquoi avez-vous expulsé des membres de la tribu ?
42:46 - Pourquoi vous me posez cette question ?
42:48 Ça ne vous regarde pas.
42:48 - Pourquoi ?
42:49 - Parce que je m'intéresse juste à cette histoire.
42:51 - Écoutez, il y a plusieurs tribus qui ont déjà fait ça.
42:55 C'est un problème interne, ça ne regarde personne d'autre.
42:57 - Vous pourriez ouvrir la porte, s'il vous plaît ?
43:00 - Non, je ne peux pas.
43:01 Et je ne le ferai pas.
43:02 Si vous ne partez pas maintenant, je vous fais arrêter pour violation de propriété privée.
43:06 Si vous filmez sans notre permission, on appellera nos avocats et la police locale.
43:11 Si on veut, on peut vous confisquer votre matériel.
43:14 - Mais les gens disent que vous êtes...
43:19 - Je me fous de ce que les gens disent.
43:20 - OK, chérie, appelle la police.
43:23 Appelle-la maintenant.
43:24 Face à leur tribu, les expulsés n'ont aucun recours juridique.
43:31 Tout ce qui leur reste, c'est d'investir la rue pour se faire entendre du reste de l'Amérique.
43:37 A Temécoula, dans le sud de la Californie, une cinquantaine d'Indiens expulsés de 6 tribus de la région sont venus manifester leur colère.
43:49 - Qu'est-ce que c'est ?
43:53 - C'est de la sauge.
43:55 C'est avec ça qu'on prie.
43:59 Merci, Créateur, pour nous avoir tous réunis ici.
44:02 Je prie pour que nos voix résonnent jusqu'à Washington.
44:07 Je sais que la victoire est proche pour tous ceux d'entre nous qui ont été victimes et dont les droits ont été violés.
44:15 Merci, Créateur.
44:18 Selon la tradition indienne, les ancêtres sont honorés pour se protéger avant le combat.
44:27 Car tous ces manifestants sont en lutte, mais contre leur propre tribu.
44:33 A la tête de ce combat, John Gomez, il y a cinq ans, lui aussi a été expulsé de sa tribu.
44:46 Depuis, il a créé une association pour essayer d'empêcher les expulsions.
44:50 - Si on est ici, c'est à cause des casinos.
44:55 Les chefs veulent nous virer, mais nous, on n'est pas prêts d'abandonner.
44:59 Pour John Gomez et les manifestants, les expulsions ne sont pas qu'un problème d'Indiens.
45:07 Elles concernent toute l'Amérique, car selon eux, ce sont les droits civiques qui sont bafoués.
45:12 - Les tribus font ce qu'elles veulent.
45:19 Elles bafouent nos droits civiques.
45:21 Elles se séparent même des anciens.
45:23 C'est comme dans les dictatures.
45:27 Et cela est inacceptable aux Etats-Unis.
45:31 - Ils ne nous tuent pas physiquement, mais d'une certaine façon, ils nous éliminent.
45:37 Ils changent notre statut et nous ne sommes plus considérés comme des Indiens par le gouvernement fédéral.
45:42 Pour les manifestants, les expulsions sont arbitraires,
45:48 mais aucune autorité américaine ne veut s'emparer de ces dossiers.
45:52 Même le Bureau des affaires indiennes à Sacramento,
45:55 c'est l'agence fédérale responsable de la question des Indiens aux Etats-Unis.
46:00 - Quand des Indiens se font expulser de leur tribu,
46:06 généralement, on n'est pas mis au courant.
46:08 On ne nous donne pas les raisons de ces décisions.
46:11 Cela est géré en interne par les tribus.
46:15 On ne peut rien faire, car la Cour suprême nous interdit d'intervenir.
46:20 Les questions d'appartenance à une tribu,
46:24 c'est probablement l'un des pouvoirs les plus sacrés des Indiens d'Amérique.
46:28 Tout cela est lié à leur souveraineté.
46:32 La seule autorité qui puisse faire quelque chose,
46:38 c'est le Congrès des Etats-Unis, qui a les pleins pouvoirs.
46:41 Faire changer la loi au Congrès,
46:48 c'est ce qu'espère bien obtenir ce jour-là John Gomez,
46:51 le leader des Indiens expulsés des tribus.
46:53 Après plusieurs années de combat, accompagné de son avocat,
46:58 John a réussi à obtenir un rendez-vous au Capitol
47:02 avec une députée du Congrès américain.
47:04 Représentante démocrate de Californie, très proche du président Obama,
47:11 une femme sensible à la question des Indiens.
47:14 Elle s'appelle Diane Watson.
47:17 Ils espèrent bien la convaincre de faire bouger les choses.
47:19 - Écoutez, les droits de l'homme, c'est plus important que tout,
47:27 même en cas de crise économique.
47:29 Ça pourrait même être encore plus important,
47:32 maintenant qu'il y a la crise.
47:33 Je vous présente John Gomez.
47:37 - Bonjour, content de vous rencontrer.
47:39 Asseyez-vous.
47:41 - OK.
47:42 Et Dorinda, vous pouvez venir à la table.
47:45 - Une des raisons pour lesquelles nous sommes ici avec John,
47:50 c'est qu'il a été banni de sa tribu et il a...
47:53 - Pourquoi ?
47:53 - Pourquoi ?
47:55 En fait, on s'est rendu compte qu'en Californie et ailleurs,
48:01 les expulsions étaient liées à la corruption des chefs tribaux.
48:03 - Ils ne veulent pas partager ?
48:05 - Non, ils ne veulent pas partager.
48:09 - Vous savez, en Californie, il y a près de 25 tribus
48:12 qui ont banni des Indiens depuis l'expansion des casinos.
48:15 - Écoutez, la loi, c'est la loi.
48:21 Personne ne peut y échapper.
48:24 Ce que l'on pourrait faire, on pourrait écrire une loi
48:29 qui dirait qu'aucune aide publique ne sera versée aux tribus
48:31 qui font de la discrimination vers leurs membres.
48:34 Je ne sais pas, mais on pourrait faire quelque chose comme cela.
48:39 La députée est vite convaincue.
48:43 Elle promet d'évoquer la question avec le ministre de la justice.
48:47 - Vous savez, la cupidité, c'est une chose terrible.
48:55 Les tribus qui sont propriétaires des gros casinos
48:59 et qui ont fait beaucoup d'argent ne veulent pas partager avec leurs membres.
49:02 Nous, nous disons que cela ne peut pas se passer comme ça.
49:08 Pas dans ce pays.
49:09 - Pourquoi pas dans ce pays?
49:12 - Parce que les Etats-Unis sont censés garantir unité,
49:19 justice et égalité pour tout le monde.
49:22 - C'est difficile de garantir cela avec la souveraineté des Indiens?
49:27 - Ils se servent de la souveraineté en disant que le gouvernement
49:32 des Etats-Unis n'a aucun droit pour déterminer qui est membre ou non d'une tribu.
49:37 Mais nous, on dit que ce n'est pas une histoire de souveraineté.
49:40 Vous ne pouvez pas ignorer la Constitution.
49:44 Vous savez, Barack Obama s'est engagé à combattre les injustices dans ce pays,
49:52 à en discuter, à y réfléchir.
49:55 C'est le bon moment pour agir.
49:58 - Merci.
50:01 Désormais, la balle est clairement dans le camp des députés et du président Obama.
50:06 - Merci.
50:13 - Merci beaucoup.
50:16 Mais le problème des Indiens expulsés est loin d'être résolu.
50:20 Le Congrès américain légifère très rarement au sujet des tribus indiennes.
50:23 La dernière fois, c'était il y a plus de 20 ans.
50:27 - Merci.
50:28 - Merci.
50:29 [Musique]