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Des terres sculptées par les eaux _ Australie _ l'odyssée sauvage (3_3) _ ARTE

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00:00 Les premières traces de vie sur Terre remontent à plus de 3 milliards d'années, quand notre
00:22 jeune planète était encore un lieu hostile à l'atmosphère toxique.
00:26 Il a fallu 1 milliard d'années pour que cette vie soit capable de produire de l'oxygène
00:34 et ouvre ainsi la voie à un monde d'une extraordinaire diversité.
00:38 Bien plus tard, une espèce est parvenue à aller dans l'espace et a pris cette photo
00:49 de la Terre.
00:50 Devenue célèbre sous le nom de la bille bleue, ce cliché a révélé les richesses,
00:55 mais aussi les fragilités de notre planète.
00:58 Une planète sur laquelle l'élément fondamental pour la faune et la flore est l'eau.
01:08 Sur l'ensemble du globe, les écosystèmes obéissent tous aux mêmes principes fondamentaux
01:16 et l'Australie offre un modèle idéal à qui veut explorer la science du vivant.
01:20 Car cet île-continent renferme à la fois des forêts tropicales humides, des massifs
01:30 alpins, des déserts arides et des savannes inaltérées.
01:34 Laissez-vous embarquer dans une odyssée sauvage à travers l'Australie.
01:40 Nous irons à la découverte des secrets de la nature et des liens invisibles qui rendent
01:46 la vie possible à toutes les échelles et verrons les nouveaux défis auxquels ces
01:50 écosystèmes sont confrontés.
01:52 Chaque étape de notre voyage dévoilera un rouage de cette formidable mécanique qui
02:00 nous maintient tous en vie.
02:01 De toutes les ressources nécessaires à la survie des créatures terrestres, aucune
02:25 n'est plus essentielle que l'eau douce.
02:26 Une grande partie de cette eau finit sa course hors de notre portée.
02:44 Elle s'infiltre silencieusement à travers les fissures de la roche et entre les grains
02:49 de sable et s'accumule en profondeur.
02:52 En Australie, ces nappes souterraines alimentent des arbres aux racines profondes, des oasis,
03:05 des animaux et des êtres humains à travers une série d'aquifères dissimulées sous
03:09 la surface du continent.
03:11 Et partout où l'eau rencontre la surface, la vie s'épanouit.
03:16 Notre périple d'aujourd'hui remonte le cheminement de l'eau sous les déserts d'Australie
03:23 occidentale jusqu'à sa source, dans le nord-ouest, alimenté par les pluies des moussons.
03:27 Notre voyage commence à l'extrémité sud du pays, sur les falaises calcaires de Gagaundiri,
03:35 la plaine de Nullarbor.
03:37 Au pied des falaises, les nappes d'eau émergent de leur parcours souterrain.
03:46 Chaque année, des centaines de baleines parcourent le long chemin depuis leur zone d'alimentation
03:54 en Antarctique pour venir mettre bas et élever leurs petits dans les eaux plus chaudes de
04:02 la côte de Nullarbor.
04:03 Et chaque année, depuis des dizaines de milliers d'années, la tribu des Murning les accueille
04:12 avec une cérémonie et des chants.
04:14 Bena Lorry, un aîné de la tribu des Murning, est chanteur de baleines.
04:24 Les Murning racontent que l'Australie a été créée par Jidara, une baleine blanche géante
04:34 envoyée des étoiles par le grand esprit créateur pour façonner la terre et la mer
04:39 et montrer aux créatures comment en prendre soin.
04:42 "Vous voyez la queue de la baleine ? C'est un lieu du rêve, issu du voyage de création
04:50 de Jidara, la baleine géante qui est venue au temps du rêve.
04:56 Elle a placé ce rocher ici pour ses compagnons, Iaominia, les deux grands aigles pêcheurs,
05:05 pour qu'ils puissent veiller sur cet endroit."
05:09 Le peuple de Bena vit des richesses de la mer, une ressource qu'il partage avec une
05:16 grande variété d'animaux.
05:20 L'océan est riche dans ce coin reculé du monde.
05:23 Plus de 20 espèces de mammifères marins visitent la région, ce qui est le signe d'un
05:33 écosystème océanique sain et généreux.
05:35 "L'océan pourvoie nos besoins, c'est pour ça qu'on l'appelle Bilyam Mokalba,
05:48 le grand océan.
05:49 Ça fait plus de 65 000 ans que notre peuple prospère grâce à cette abondance de ressources,
05:56 crustacés, ormeaux, pétoncles.
05:59 Elles sont abondantes parce qu'on prend juste de quoi nourrir nos familles.
06:06 Nous sommes un peuple de protecteurs et de gardiens.
06:10 C'est ce que j'ai appris de mon grand-père et de mes aînés.
06:14 Mer Nature est incroyable.
06:19 Elle ne cesse de nous prodiguer ses dons et de nous nourrir.
06:23 Nous ne mordons pas la main qui nous nourrit et n'oublions jamais d'où ça vient,
06:30 ni ce que c'est.
06:31 Notre famille, Bilyam Mokalba."
06:37 D'après les ancêtres, Jidara, la grande baleine blanche, a créé les falaises, les
06:46 côtes et les îles de Nullarbor en se frayant un chemin à travers l'eau et la roche,
06:51 sous l'œil protecteur de Yaominia, l'aigle pêcheur.
06:54 Un mythe fondateur qui se reflète dans la façon dont la science occidentale explique
07:04 la formation de ce paysage.
07:06 Il y a des millions d'années, cette plaine aride était le plancher d'un océan peu
07:25 profond.
07:26 Plusieurs milliards d'organismes, gastéropodes, coraux et planctons, ont vécu et sont morts
07:34 ici.
07:35 Leurs coquilles en carbonate de calcium se sont déposées au fond de l'océan.
07:43 A l'échelle du temps géologique, leurs restes ont formé le plus grand massif calcaire
07:49 du monde.
07:50 Certains clans autochtones appellent cette région Undiri, la plaine sans eau.
07:59 Mais il arrive parfois que le sol aride s'ouvre, révélant un monde souterrain façonné par
08:13 l'écolement de l'eau.
08:16 A l'intérieur de ces grottes rocheuses, des créatures évoluent tranquillement dans l'obscurité
08:22 depuis des siècles.
08:23 Autour des vestiges momifiés d'animaux piégés ici, il y a très longtemps.
08:30 Ces grottes étaient importantes pour les Mörnings, car elles étaient souvent la seule
08:44 source d'eau.
08:45 Chaque fois que le nord est inondé par des pluies très fortes, l'eau remplit toutes
08:53 les cavités et circule comme le sang dans nos veines, ou la sève dans les racines d'un
08:57 arbre, créant de la vie non seulement pour nous, les humains, mais aussi pour tous les
09:03 animaux et les végétaux.
09:05 On a besoin de cette eau dans nos veines, elle est très importante.
09:10 C'est l'eau de la vie.
09:13 L'eau qui a façonné ces grottes continue à creuser son chemin à travers le calcaire,
09:21 loin sous la surface.
09:23 Une équipe de plongeurs s'apprête à explorer la plus profonde d'entre elles, Weebubi.
09:39 Bien reçu, je vous attends en bas, terminé.
09:46 Arrivé à 400 mètres de profondeur, ils atteignent la nappe d'eau qui se cache sous le plateau
09:52 et découvrent un lac souterrain.
09:54 Équipés de matériel spécialisé, les plongeurs partent alors explorer les tunnels inondés.
10:02 Au fur et à mesure qu'ils progressent, ils posent une ligne de vie pour retrouver leur
10:16 chemin hors de ce labyrinthe.
10:18 Il n'y a pas de place pour l'erreur.
10:20 Celui qui perd sa ligne, ses repères ou sa lampe a peu de chances de ressortir.
10:25 Il est difficile de déterminer l'origine exacte de cette eau, mais dans beaucoup d'endroits,
10:40 l'eau souterraine parcourt des milliers de kilomètres sur plusieurs millions d'années
10:45 en creusant patiemment son chemin jusqu'à la mer.
10:47 Les nappes souterraines constituent 99% des réserves en eau douce liquide de la Terre
10:59 et jouent un rôle important dans le cycle de l'eau.
11:02 Elles alimentent des écosystèmes et des milliards de gens partout à travers le monde.
11:07 Les eaux qui circulent sous le désert remontent occasionnellement à la surface.
11:31 Là, elles créent des oasis où viennent s'abreuver tous les animaux à la ronde.
11:36 Au nord du plateau de Nullarbor s'étendent certains des déserts les plus arides du
11:44 continent.
11:45 Sans ces eaux souterraines, beaucoup d'animaux ne pourraient pas survivre.
11:49 Les perruches ondulées ont besoin de boire quotidiennement pour digérer les graines
11:57 dégraminées du désert.
11:58 Beaucoup d'aborigènes les appellent les découvreuses d'eau.
12:03 Ces gigantesques groupes parcourent chaque année des milliers de kilomètres à la recherche
12:10 de graminées et d'eau.
12:13 Mais ces oasis attirent aussi les prédateurs.
12:17 Le plus grand rapace du pays, l'aigle d'Australie, peut parcourir des milliers de kilomètres
12:35 pour en trouver une.
12:36 Simon Gerryman est un biologiste spécialiste de l'aigle d'Australie.
12:56 Il vient de faire 1000 kilomètres à travers le désert d'Australie occidentale pour se
13:01 rendre sur l'un de ses sites d'études.
13:03 Là, regardez, il y a un aigle.
13:07 Attendez, je vais jeter un oeil.
13:09 Il faut que je l'examine de plus près pour en savoir plus.
13:12 Simon suit et inventorie les aigles d'Australie à travers le continent depuis près de 20
13:20 ans.
13:21 Elle a dû se percher là-haut hier soir au coucher du soleil.
13:26 C'est un excellent poste d'observation pour repérer une preuve en mouvement dès le
13:31 lever du jour.
13:33 Je pense que c'est une femelle adulte.
13:37 Les femelles sont nettement plus grandes et elle est noire, ce qui veut dire qu'elle
13:41 est âgée.
13:42 Il leur faut environ 7 ans pour avoir leur plumage adulte.
13:45 Cet oiseau peut tout aussi bien avoir 7 ans que 57 ans.
13:48 On ignore jusqu'à quel âge ils vivent dans la nature.
13:51 Vous voyez comme elle se penche en avant ? Au moment de s'envoler, il s'ébouriffe.
14:00 Leurs plumes se hérissent.
14:02 Les recherches de Simon ont révélé des détails incroyables sur la vie du plus grand
14:10 rapace d'Australie.
14:13 Ses traceurs GPS montrent que certains individus montent jusqu'à 6000 mètres d'altitude.
14:22 Et l'un des rapaces qui le suit a parcouru plus de 4000 kilomètres au cours de sa première
14:28 année de vie.
14:29 Sa passion pour les aigles remonte à son enfance près de Perth, bien loin de ses sites
14:35 d'études dans le désert.
14:36 J'avais toute une collection de petits nids dans ma chambre d'enfant.
14:42 Et mon but ultime, c'était le nid d'aigle, cet énorme assemblage de branches dans les
14:47 arbres.
14:48 Partout où j'allais, je cherchais des nids d'aigle.
14:52 Pour étudier le comportement et le cycle de vie de ces oiseaux, Simon passe de longues
14:58 heures à les observer en se postant à un endroit stratégique.
15:02 Quelle vue ! Je m'assure, ça fait plaisir à la famille.
15:25 La vue est pas mal hein ?
15:29 On s'est grappé, il ne reste plus qu'à voler.
15:35 C'est impossible de filmer des aigles à découvert.
15:45 Ils ont trop peur de nous, il faut se cacher.
15:48 La lumière commence à être bien, elle tombe pile sur l'aiglon là-bas.
15:52 Je vais installer la tente d'affût.
15:55 D'ici une demi-heure, les parents devraient revenir pour la routine du soir.
15:58 J'espère qu'on les verra nourrir les petits.
16:00 Il y a beaucoup de choses qui me fascinent chez l'aigle d'Australie.
16:19 A commencer par le contraste entre son rôle de super-prédateur, d'arme surpuissante
16:25 dans le paysage, et cette façon qu'ont les femelles de rétracter leurs cerfs pour ne
16:30 pas abîmer leurs œufs lorsqu'elles se déplacent dans le nid.
16:33 Elles s'occupent des petits avec un soin et une tendresse extraordinaire à voir,
16:38 surtout à travers l'œil d'une caméra.
16:40 C'est vraiment un animal prodigieux.
16:45 Simon bague les juvéniles juste avant qu'ils apprennent à voler pour étudier leurs déplacements
17:03 à long terme.
17:04 Le moment est d'ailleurs venu de rendre visite à un oisillon qu'il observe depuis
17:09 plusieurs semaines.
17:10 « Regardez ça, je vois du blanc.
17:14 Il est magnifique.
17:17 Dans ce nid, il y a un oisillon qui doit avoir huit semaines.
17:22 Il a encore la tête blanche.
17:24 J'ai préparé une bague.
17:26 Je vais lancer une corde, monter à l'arbre et mettre l'aiglon dans un sac pour le descendre.
17:31 Il y a du blanc.
17:38 C'est clairement une femelle.
17:40 Elle est énorme.
17:41 Elle a des pattes immenses.
17:45 Allez ma belle, viens voir par ici.
17:57 Je vais la descendre.
18:05 Coucou, je sais que tu as peur de moi.
18:13 Tout va bien.
18:15 Tout va bien.
18:17 Je la coince sous mon bras pour avoir accès à sa patte.
18:22 Je mets ça vers le haut.
18:27 C'est le 89e aigle d'Australie juvénile que je marque dans cette région.
18:33 Maintenant, je vais mesurer sa patte.
18:36 On va commencer par l'écart des serres.
18:39 C'est mieux.
18:40 151,1.
18:41 C'est grand.
18:42 Ses plumes de vol sont en train d'émerger.
18:53 Elles pointent hors de l'aile comme des pailles.
18:56 On a du mal à imaginer qu'un jour, cette aile lui permettra de s'élever à plusieurs
19:02 centaines de mètres dans les airs et de parcourir des milliers de kilomètres à travers l'Australie.
19:07 Chaque fois que je vois un de ces oiseaux au nid, à cet âge-là, je pense aux endroits
19:12 où ces ailes magnifiques le porteront un jour.
19:15 Et ça change ma vision du paysage.
19:16 Ils sont incroyables.
19:20 Je vais pouvoir la remonter dans son nid.
19:22 J'ai pris toutes les mesures.
19:23 Je la remets dans le sac et je ferme.
19:25 Ça ne la perturbera pas plus que ça.
19:28 Elle se demandera juste pourquoi elle a été brièvement kidnappée par des extraterrestres.
19:32 Quand tu vois un oiseau grandir et s'envoler, c'est comme si tu voyais ton enfant quitter
19:40 la maison.
19:41 Tu t'attaches à lui, tu espères que tout se passera bien et qu'il pourra survivre.
19:47 Les recherches de Simon ont montré qu'après avoir quitté le nid, les jeunes aigles d'Australie
20:02 peuvent sillonner le continent pendant près d'une dizaine d'années.
20:05 Chaque année, ils parcourent des milliers de kilomètres, d'abord en quête de nourriture,
20:12 puis d'un partenaire et d'un territoire à eux.
20:16 Au cours de leur pérégrination, ils sont parfois menacés et persécutés par les êtres
20:22 humains.
20:23 Il y a cet oiseau, Jurabidi, qui a rejoint le Kimberley depuis Perth, avant de revenir
20:32 dans le sud-ouest en passant par le Pilbara.
20:34 Il a survolé la plus grande partie des monts Stirling, une région très touristique, et
20:40 ensuite il s'est fait abattre dans une ferme.
20:42 J'étais désespéré, j'ai encore du mal à en parler.
20:46 Quand j'ai trouvé cet oiseau, il n'avait qu'une semaine.
20:48 C'était un tout petit oisillon blanc, je me souviens de sa tête qu'il peinait à tenir
20:52 droite avec son petit cou dépassant du nid.
20:54 Tout se passait bien pour lui et boum, quelqu'un l'a abattu.
21:02 Ça a été terrible.
21:03 On me dit qu'en tant que scientifique, je devrais être objectif, ne pas leur donner
21:10 de noms ni m'attacher aux espèces que j'étudie.
21:12 Mais ce n'est pas humain de ne pas s'attacher aux créatures vivantes qui nous entourent.
21:17 En tant que superprédateurs, les aigles jouent un rôle essentiel dans la plupart
21:32 des environnements australiens.
21:33 Et les voyages au long cours de leur juvénile créent des liens entre les différents écosystèmes.
21:39 Aucun écosystème ne fonctionne en vase clos.
21:43 La protection d'un animal comme l'aigle d'Australie requiert des efforts de conservation
21:48 sur tout le continent.
21:49 Pour trouver la source des grands courants souterrains de l'eau, nous devons poursuivre
22:04 notre périple vers le nord.
22:05 L'eau de surface est rare dans cette région du monde.
22:17 Mais il suffit d'observer le paysage depuis le ciel pour repérer la présence d'eau
22:23 souterraine.
22:24 À la saison sèche, les arbres profondément enracinés avec des feuilles vertes révèlent
22:30 la présence d'humidité à proximité de la surface.
22:33 Quant aux montagnes, aux ravins et aux lits des rivières, ils ont été sculptés par
22:39 l'écoulement de l'eau.
22:40 C'est donc là qu'il faut venir chercher à boire.
22:42 Ces gorges spectaculaires, ce sont celles du parc national de Karijini.
23:11 Des crevasses profondes creusées par l'eau dans des roches anciennes sur des dizaines
23:20 de millions d'années.
23:21 Le paléontologue et climatologue Tim Flanery est venu ici pour explorer le centre de la
23:34 Terre.
23:35 Pas au sens littéral, bien sûr, simplement c'est comme ça qu'on appelle cette gorge.
23:38 Un nom qui évoque un monde secret, plein de créatures du passé.
23:42 Et ce n'est pas si loin de la vérité, car les roches exposées dans ce canyon racontent
23:49 comment notre planète a pu accueillir des formes de vie complexes comme nous.
23:53 La paléontologie, c'est l'étude de la vie passée.
24:01 J'ai toujours aimé les fossiles.
24:02 Vers 8 ans, j'en ai trouvé un sur une plage de Melbourne et je me revois encore avec ce
24:07 truc dans la main en train de me demander ce que ça pouvait bien être.
24:11 C'est à ce moment-là que j'ai su ce que je voulais faire.
24:15 J'entends parler de Karijini depuis que je fais ce métier, mais c'est la première fois
24:21 que je viens.
24:22 Et voir ça en vrai, c'est une expérience incroyable.
24:25 Tout ce que j'ai lu et étudié apparaît dans ces roches.
24:28 Elles retracent en détail ce qui s'est passé il y a 2,2 milliards d'années.
24:33 On a ici certains des dépôts de fer les plus riches du monde.
24:47 Je le sais parce que si je prends cet aimant et que je le passe au-dessus du sol, il attire
24:54 des particules de fer.
24:56 Si bien qu'on se retrouve avec une petite forêt de cristaux.
24:59 Sous l'effet de la polarité magnétique, les grains de poussière se dressent comme
25:05 des cheveux.
25:06 Les roches rouges du Pilbara font partie des plus anciennes roches visibles sur Terre.
25:14 Elles datent d'avant la formation des plaques continentales, il y a plus de 2 milliards
25:19 d'années.
25:20 Le sol doit sa couleur à la concentration extrêmement élevée de fer dans la roche.
25:26 Ces gigantesques réserves de minerais de fer à haute teneur sont une rareté sur la
25:31 surface de notre planète.
25:32 Elles ont fait de l'Australie le premier exportateur de minerais de fer au monde.
25:38 Elles racontent aussi l'histoire incroyable des origines de la vie sur Terre.
25:50 Ailleurs sur la planète, la plupart de ces roches ont fondu et coulé dans les profondeurs
25:57 de la Terre.
25:58 Mais ici en Australie occidentale, la croûte continentale est si épaisse qu'elles ont
26:03 pu survivre.
26:04 C'est vraiment une des merveilles cachées de l'Australie.
26:07 Quel endroit incroyable.
26:09 J'ai hâte de descendre voir ce qu'il y a au fond.
26:12 On remonte le temps.
26:18 On descend dans une des gorges principales du parc national de Karijini.
26:24 Soyez vigilants, on est dans la partie supérieure du parc.
26:29 C'est là qu'on a le plus d'accidents.
26:31 C'est fantastique.
26:39 Très paisible.
26:40 Je me tiens dans ce canyon incroyable formé de roches qui ont 2,2 milliards d'années.
26:50 La Terre a beaucoup de chance.
26:53 Toutes les planètes autour de nous sont mortes.
26:56 C'est la seule planète vivante qu'on connaisse.
26:59 Et elle est vivante parce qu'elle a tout ce qu'il faut pour ça.
27:02 Elle a des nutriments, une source d'énergie et surtout elle est couverte de ça.
27:07 C'est de l'eau, le solvant universel.
27:12 On dit de l'eau que c'est le solvant universel parce qu'elle dissout à peu près tout.
27:16 Et on en a besoin parce que toutes les réactions chimiques nécessaires à la vie ne se produisent que dans l'eau.
27:31 Dans le parc national de Karijini, le fer se présente sous une forme dite rubanée.
27:36 Elle est posée sur un ancien plancher marin il y a plus de 2 milliards d'années.
27:49 A l'époque, une nouvelle forme de bactérie est devenue capable d'utiliser la lumière solaire pour dissocier le carbone du CO2,
27:57 en fixant le carbone et en libérant de l'oxygène pur.
28:01 C'était la première photosynthèse.
28:07 Réagissant au contact du fer dissous dans l'eau de mer, l'oxygène a provoqué une pluie de minuscules particules d'oxyde de fer.
28:15 Et au fil du temps, ces couches de rouille ont créé d'immenses lits de minerais de fer.
28:23 Pendant des centaines de millions d'années, les bactéries ont enrichi l'atmosphère de la Terre en oxygène,
28:29 ouvrant la voie à l'évolution des végétaux et de la myriade d'autres formes de vie qui ont peuplé la planète depuis.
28:45 - Je suis prêt à descendre.
28:49 C'est vraiment incroyable.
28:51 Regardez tous ces rubans.
28:55 Je descends plus bas.
28:57 - À mi-chemin. - Génial.
29:02 - C'est très exaltant. J'ai les yeux rivés sur la roche, à la fois par sécurité et parce qu'en descendant cette paroi, je remonte très loin dans le temps.
29:11 Chaque couche correspond à un événement qui s'est produit dans cet ancien océan,
29:16 quand la Terre a rouillé et que l'oxyde de fer s'est déposé sur le plancher marin.
29:20 Et vous avez vu combien il y en a.
29:23 Ce sont les traces du premier souffle de la Terre.
29:26 Sans cette grande oxydation, il n'y aurait pas de vie complexe.
29:30 C'est absolument fondamental dans l'histoire de la Terre.
29:34 Ce qui est intéressant, c'est que les cyanobactéries qui ont créé l'oxygène sont des organismes modestes.
29:40 C'est cette substance verte, un peu visqueuse, qu'on voit parfois dans les cours d'eau.
29:45 Mais sans elle, l'Australie ne serait pas ce pays prospère, avec des exportations florissantes.
29:51 Pour moi, ça souligne l'importance de la biodiversité et la nécessité de respecter la nature et la planète,
29:58 par exemple quand on extrait le minerai de fer de ces roches.
30:02 On essaiera de traverser.
30:19 Regardez ça.
30:21 C'est fantastique.
30:24 Ça y est, c'est ce qu'ils appellent le centre de la Terre.
30:34 On se sent tout petit quand on voit ce vaste empilement de roches,
30:40 et qu'on pense au temps qu'il a fallu à ces sédiments pour se déposer.
30:44 Et il y a sans doute encore dix fois ça sous nos pieds.
30:49 Je crois que lorsqu'on visite un lieu aussi grandiose, on en ressort forcément un peu différent.
30:55 On en porte avec soi une leçon d'humilité sur la puissance de la Terre, et c'est très important.
31:01 Ça montre qu'il faut adopter un mode de vie plus durable si on veut maintenir la vie sur Terre.
31:12 Tous les peuples autochtones le savent, et aujourd'hui, on a les moyens de le faire.
31:17 Il y a quelque chose de profondément philosophique à se retrouver dans les entrailles de la Terre,
31:25 cernée par le témoignage d'un temps presque infini.
31:28 Des processus si formidablement lents et puissants qu'on peut à peine les concevoir.
31:37 Ça vous incite à réfléchir à la nature profonde de la Terre, de la vie et du temps.
31:42 Ce lieu m'émeut beaucoup.
31:45 L'eau est un des éléments qui nous permettent de voir la Terre.
32:04 L'eau façonne notre monde.
32:07 Et la plus grande partie de l'eau qui fait vivre Karijini provient de pluies diluviennes tombées 1000 km plus au nord,
32:16 dans un vaste territoire inaccessible appelé le Kimberley.
32:22 Nous voici à la source des aquifères qui alimentent d'immenses régions du continent australien.
32:29 Ici, les fortes pluies de la mousson ont modelé des paysages stupéfiants.
32:34 Les dômes striés des mondes Bungle Bungle ont été sculptés dans le gré par l'écoulement de l'eau sur plusieurs millions d'années.
32:54 Les mêmes crues anciennes ont traversé ce récif corallien vieux de 400 millions d'années pour former les incroyables gorges de Winjana.
33:01 La météo oscille ici entre pluies torrencières et nuages de neige.
33:22 La météo oscille ici entre pluies torrencières et sécheresses extrêmes.
33:26 Et comme partout ailleurs dans le monde, le climat façonne l'écosystème.
33:31 Les savannes herbeuses comme celles-ci recouvrent 20% de la masse terrestre de la planète.
33:38 On les trouve dans des régions chaudes où sévissent des sécheresses occasionnelles.
33:43 Comme tous les autres écosystèmes, la savanne du Kimberley est le théâtre de chaînes alimentaires complexes
33:51 qui garantissent la survie de nombreux habitants des lieux.
33:54 Mais contrairement à d'autres savannes, on n'y voit pas de grands troupeaux d'herbivores broutant la végétation.
34:02 Ici, cette tâche revient à un insecte.
34:08 Ses plaines abritent jusqu'à 10 000 termites au mètre carré.
34:19 Il existe très peu d'animaux capables de digérer le bois, mais les termites ont une arme secrète.
34:25 Ils mâchent les fibres ligneuses pour les réduire en petits fragments
34:32 et les transmettent ensuite à une armée de micro-organismes hébergés dans leurs intestins, les protistes.
34:43 Les protistes et les bactéries ont des super-pouvoirs biochimiques.
34:48 Dans le système digestif de chaque termite, des centaines d'organismes unicellulaires digèrent le bois
34:55 et nourrissent les termites de leurs déchets.
34:57 À l'intérieur des protistes, des termites se déchirent et se déchirent en les déchirant.
35:07 Les termites se déchirent et se déchirent en les nourrissant.
35:11 Les termites se nourrissent de leurs termites et se nourrissent de leurs termites de leurs déchets.
35:17 À l'intérieur des protistes, des bactéries encore plus petites produisent de puissants enzymes
35:25 qui contribuent à dégrader les fibres.
35:27 Ce sont des mondes qui s'imbriquent.
35:32 Les termites transfèrent ainsi des masses d'énergie depuis les végétaux jusqu'aux animaux situés au-dessus d'eux dans la chaîne alimentaire,
35:39 ce qui permet à l'écosystème de fonctionner tout au long des saisons.
35:43 Le Kimberley abrite une vaste variété de petits mammifères endémiques
35:55 qui occupent des niches habituellement réservées à de plus gros animaux.
35:59 Le planigal à longue queue est le plus petit marsupial du monde.
36:04 Mais ne vous fiez pas à sa taille miniature.
36:06 Il a beau ne peser que 4 grammes, c'est un véritable lion dans le monde microscopique.
36:12 Ses prairies recèlent toutes sortes de créatures énigmatiques qui évoluent dans l'ombre.
36:21 Le Kimberley est un vivier de biodiversité.
36:24 Protégé du monde moderne par son relief accidenté et son climat extrême,
36:29 le Kimberley est un vivier de biodiversité.
36:32 Il est un vivier de biodiversité qui est un peu comme un pétrole.
36:36 Il est un vivier de biodiversité qui est un peu comme un pétrole.
36:39 Il est un vivier de biodiversité qui est un peu comme un pétrole.
36:42 Il est un vivier de biodiversité qui est un peu comme un pétrole.
36:45 Protégé du monde moderne par son relief accidenté et son climat extrême,
36:50 c'est un des derniers territoires sauvages de la planète.
36:53 C'est aussi l'avant-poste d'un projet de conservation extraordinaire
36:58 qui vise à préserver cette pléiade unique de végétaux et d'animaux.
37:02 C'est vraiment fou.
37:04 On est au paradis des écologues ici.
37:07 Il n'y a pas d'autre endroit en Australie, voire dans le monde,
37:12 où l'on peut travailler dans un environnement aussi sauvage et riche en biodiversité.
37:16 On continue à y faire de nouvelles découvertes en ce moment même.
37:20 Ça vous prend en tripes. C'est fou.
37:30 Skye Cameron est l'écologue en chef du Kimberley,
37:35 au sein de Australian Wildlife Conservancy,
37:38 une ONG qui œuvre à la protection de la biodiversité dans la région.
37:42 L'hélico sera là d'ici 20 minutes. Préparez-vous.
37:48 Pour faire de la conservation, il faut comprendre ce qui se passe.
37:54 On emploie 25 personnes à plein temps, dont de nombreux écologues et des spécialistes des sols.
38:01 C'est ici qu'on peut protéger l'ultime frontière de notre biodiversité et lui donner de l'espoir.
38:08 Les scientifiques de cette organisation étudient cet écosystème depuis plus de 20 ans.
38:13 Avec leur partenaire, ils utilisent ces connaissances pour préserver les végétaux et les animaux sur plus de 60 000 km².
38:21 Ils travaillent avec les propriétaires autochtones pour empêcher l'extinction des espèces et restaurer les écosystèmes endommagés.
38:33 Cette approche scientifique de la conservation à très grande échelle fonctionne.
38:38 Certains animaux en danger critique, comme le diamant de Gould, ont été sauvés après avoir frôlé l'extinction.
38:45 Beaucoup d'autres reçoivent désormais les soins nécessaires pour prospérer dans ce paysage.
38:51 Avoir une vaste biodiversité d'espèces adaptées à leur environnement, c'est la clé d'un écosystème en bonne santé.
39:01 Chaque individu a un petit rôle à jouer.
39:04 Certains pollinisent les plantes, d'autres creusent le sol, les termites dégradent le bois.
39:09 Sans eux, les systèmes s'effondrent et l'écosystème ne fonctionne plus.
39:14 Non seulement ça, mais ce sont les animaux, le monde et la nature qui nous rendent humains.
39:28 Sans ce lien, on perd une partie de nous-mêmes.
39:31 Chaque fois qu'une espèce s'éteint, les humains perdent quelque chose de très important.
39:35 Rien ne menace davantage notre survie future sur la planète que la perte de biodiversité.
39:41 Protéger les dernières zones sauvages et restaurer les écosystèmes abîmés devrait donc être considéré comme une priorité absolue.
39:49 C'est magnifique !
39:53 Oui !
39:54 Voici venu à nouveau le moment où les nuages arrivent de l'océan et où de fortes pluies commencent à arroser le Kimberley.
40:11 La terre reverdit, les ruisseaux se transforment en rivières et les chutes d'eau rejaillissent avec fracas.
40:23 La grande sculptrice de paysages entame une nouvelle année de travail.
40:27 L'eau qui s'infiltre dans le sol recharge aussi les aquifères.
40:35 Les courants souterrains la transporteront sous les savanes et les déserts,
40:44 jusqu'au jour où cette précieuse molécule ressurgira dans un nouveau monde pour alimenter la vie.
40:50 L'eau que nous buvons circule autour de notre terre depuis plus de 4 milliards d'années.
40:55 Elle nous a été transmise par tous les êtres vivants qui nous ont précédés
41:00 et nous devons la transmettre à tous ceux qui nous suivront.
41:04 Ça fait 65 000 ans que nos grands-parents ont construit cette terre.
41:16 Ça fait 65 000 ans que nos grands-pères et nos arrière-grands-pères veillent sur ce pays et cet océan.
41:23 Il s'agit de permettre à nos enfants de continuer à raconter cette histoire
41:31 et à bénéficier de cette sagesse et de ces connaissances.
41:35 Parce que le jour où il n'aura plus cette sagesse et ces connaissances pour survivre
41:39 ou jouer son rôle de gardien, l'homme mènera une vie solitaire.
41:45 Bilyam Mokhalba, la grande terre-mer.
41:48 Mokhalba Bilyam, le grand océan.
41:53 La connaissance et la sagesse sont conservées.
41:56 Je suis "Murning", ça signifie écouter, apprendre, observer.
42:00 Quand on comprend ça, on vit en harmonie avec ce que vous voyez là.
42:06 Bilyam Mokhalba, la grande terre-mer.
42:11 Bilyam Mokhalba, le grand océan.
42:15 (Chant)
42:18 (Chant)
42:45 Parlez-vous comme des baleines. Et voilà !
42:48 Ciao !
42:48 [Bruit de moteur]
42:50 [Bruit de moteur]

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