SMART BOURSE - Marchés : panorama des flux 2023

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Jeudi 21 décembre 2023, SMART BOURSE reçoit Alain Guélennoc (Directeur général, Federal Finance Gestion)

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00:00 [Musique]
00:10 Le dernier quart d'heure de Smart Bourg chaque soir c'est le quart d'heure thématique.
00:14 Le thème ce soir c'est celui des flux, des flux de marché 2023.
00:19 Une manière effectivement très intéressante de regarder ce qui s'est passé en 2023 sur les marchés,
00:24 du côté des performances des actifs financiers mais plutôt en termes de flux.
00:30 Où sont allés les intérêts des investisseurs par grande classe d'actifs, par grande stratégie d'investissement ?
00:37 Et c'est Alain Guelenocq qui nous propose ce panorama, le président du directoire de Fédéral Finances Gestion.
00:41 Bonsoir Alain.
00:42 Bonsoir.
00:43 Merci beaucoup. Effectivement je trouve que c'est une clé de lecture très intéressante
00:45 qui autorise quand même de s'intéresser à ce qui s'est passé en 2023.
00:50 Qu'est-ce qu'on peut dire effectivement des grandes classes d'actifs et des intérêts qu'elles ont pu susciter ou non chez les investisseurs ?
00:57 Oui alors effectivement c'est une année très intéressante en termes de flux.
01:02 Bon pour rappel on a quand même un changement énorme, c'est là aux taux d'intérêt court terme et là aux taux d'intérêt globalement.
01:09 Avec la BCE qui en 2023 a encore monté ses taux de 200 points de base, la réserve fédérale de 100 points de base qui fait un taux,
01:15 un estère aujourd'hui pratiquement à 4%. Donc déjà ça fixe le sujet. La base est élevée.
01:23 Donc ça, ça s'est traduit effectivement par des flux importants sur les fonds monétaires.
01:27 Globalement la collecte sur les OPCVM en 2023 c'est à peu près 40 milliards d'euros.
01:34 La moitié, 20 milliards d'euros pardon, sur les monétaires c'est 43 milliards d'euros de collecte.
01:41 Donc ça veut dire que les monétaires ont été vraiment un gros pourvoyeur de flux.
01:45 Les grandes entreprises sont revenues sur les fonds monétaires, les compagnies d'assurance notamment sont revenues sur les fonds monétaires
01:51 pour garder de la liquidité et pour être rémunérés à bon compte. Donc ça c'est un axe très fort.
01:57 C'est historique, je ne me rends pas compte, parce que le monétaire j'en parle depuis un an.
02:01 C'est plus un retour à une ancienne logique, les fonds monétaires étaient plébiscités.
02:08 Après l'absence du monétaire pendant des années, on a eu un retour d'un seul coup qui s'est fait.
02:13 Il n'y a pas que le monétaire, les dépôts à terme des banques ont été aussi plébiscités, les certificats de dépôt etc.
02:20 En gros toute la classe monétaire a bénéficié de flux très importants et donc les OPCVM monétaires aussi.
02:27 Donc ça c'est la première chose. Le deuxième thème à succès de l'année, c'est les fonds obligataires paradoxalement.
02:34 Alors dans des moindres proportions, j'ai le chiffre sur les fonds obligataires, c'est à peine 8 milliards d'euros de souscription net.
02:40 Donc nettement moins que sur les fonds monétaires, mais ce ne sont pas non plus les mêmes souscripteurs.
02:45 C'est-à-dire que sur les fonds obligataires, on a beaucoup drainé d'épargne dans les fameux fonds à échéance.
02:50 Les fonds sur lesquels on loque un taux sur un horizon donné.
02:54 Avec des taux qui se sont étiagés entre 3,5 et 7, 8, 9 % pour les fonds les plus risqués.
03:02 Sur des maturités de 3 à 5 ans. Et donc ça, ça a été plébiscité par les réseaux, notamment là aussi les réseaux bancaires pour l'assurance vie.
03:10 C'est un bon support, une belle alternative aux contrats en euros et ça permet de figer un taux.
03:16 Ça c'est pour les fonds à échéance. Les fonds obligataires classiques, eux, ils ont plutôt continué à subir une légère décollecte.
03:22 Après les mauvaises performances liées à la hausse des taux, les clients étaient un peu désespérés et donc se sont réorientés sur ce type de fonds.
03:30 Et d'ailleurs on peut constater les mêmes flux sur des obligations classiques.
03:34 Les réseaux bancaires ont revendu des obligations classiques qui viennent financer la banque et dans d'excellentes conditions pour les épargnants.
03:41 Donc on peut dire d'ailleurs qu'en vue de la baisse des taux qu'on vient de connaître récemment, en général ce sont vraiment de bons achats.
03:47 Ce sont de bons placements pour les épargnants qui ont choisi ce type de support parce que les fonds monétaires par définition sont très court terme.
03:55 Bien sûr, quand les taux baisseront, le rendement monétaire baissera.
03:58 Alors que là on a figé des taux sur une échéance.
04:01 Et comment vous expliquez le fait que les fonds obligataires classiques de bond picking, comme on dit, qu'ils aient pas retrouvé quand même ?
04:08 Parce que c'est la mémoire de 2022 qui a fait qu'il n'y a pas eu d'intérêt pour ces gestions-là.
04:13 Parce qu'on était prêt à aller sur de l'obligataire quand même, vous le dites, à travers des fonds à échéance qui apportent de la visibilité, un rendement, etc.
04:19 Mais le fonds agile peut aussi naviguer dans ces marchés-là ?
04:24 Oui. Moi j'attribue ça à deux raisons principales. La première, c'est un peu la déception.
04:30 La mémoire du passé.
04:32 La mémoire du passé. On sait qu'on gère souvent... Les épargnants réagissent aussi avec un rétroviseur et on peut les comprendre.
04:38 Ils n'avaient pas anticipé ce niveau de risque. Après on avait eu une hausse d'auto historique.
04:42 Mais il y a une part de déception, de volonté de se replacer justement sur des rendements sûrs.
04:48 Et la seconde raison, c'est quelque part, et ça va rejoindre le deuxième thème, c'est-à-dire la capacité à expliquer les performances.
04:56 C'est-à-dire que les épargnants, on le voit aujourd'hui, reviennent vers des choses simples, des choses qu'ils comprennent bien.
05:03 Il faut que l'épargnant, son chargé de compte, le commercial qui le suit, soit bien aligné.
05:11 C'est-à-dire qu'il comprenne bien là où il mette leur épargne, que ce soit d'une simplicité presque enfantine, mais en tout cas, que ce ne soit plus un sujet.
05:20 En tout cas lisible. On peut avoir des stratégies plus ou moins complexes.
05:24 Et puis le client peut avoir un niveau de sophistication plus ou moins élevé.
05:27 Mais le client a besoin de comprendre aujourd'hui la stratégie dans laquelle il investit.
05:32 Je crois que le client a besoin d'une certitude. Je me fixe un horizon.
05:37 A cet horizon, à combien je peux m'attendre comme performance ?
05:41 Ça c'est vraiment un point de base.
05:43 Et d'ailleurs, pour faire le lien avec les autres classes d'actifs, on constate que par exemple les fonds d'allocation, les fonds diversifiés, les fonds flexibles sont en décollecte.
05:51 Les fonds actions de conviction sont en décollecte. Les fonds actions classiques, là on a de la décollecte.
05:56 A contrario, la gestion passive basée sur des fonds indiciels, des ETF, ça collecte.
06:02 Pourquoi ? Parce que l'épargnant voit l'indice qui baisse, donc il sait que son fonds va baisser, puisque l'indice de référence baisse.
06:08 Donc c'est facile, c'est simple. Il entend le message. Et donc il peut lire, il peut très bien lire et comprendre la performance.
06:16 Ça c'est pour l'épargnant. Mais même pour le professionnel de la finance.
06:20 Le professionnel de la finance, il fait des allocations.
06:23 Cette année, entre les small mid-cap en France qui font à peine 2% de performance depuis le début de l'année et le CAC 40 qui est quasiment à 20% depuis le début de l'année, c'est énorme.
06:36 Et je ne parle pas du Nasdaq qui fait 50, 50% depuis le début de l'année.
06:40 Il y a des gros écarts sectoriels. Et donc le gérant qui va faire du stock picking, on peut avoir un très bon gérant qui va faire du stock picking,
06:50 mais aussi un gérant qui va malheureusement se tromper, avoir les mauvaises valeurs en portefeuille.
06:55 Donc il va y avoir des gros écarts de performance.
06:57 Et expliquer à un client que je suis désolé, vous êtes sur des actions françaises, mais vous avez fait une performance de 10%.
07:05 Il a entendu que le CAC 40 faisait plus de 20%. Il faut travailler pour lui faire comprendre sa performance.
07:11 Donc on a, nous aussi dans nos allocations, une recherche de simplicité.
07:16 Et le régulateur nous y pousse parce que le régulateur a institué value for money, c'est-à-dire qu'il y a aussi la chasse aux frais.
07:22 Et donc ça pousse à aller vers des choses relativement simples, robustes et très facilement explicables et transparentes.
07:31 Intéressant parce que c'est vrai que la gestion active a un vent de face depuis longtemps, mais il y a des choses structurelles aussi
07:38 qui expliquent aussi peut-être qu'il y a moins d'appétit pour la gestion active aujourd'hui.
07:44 Sur le marché actions, ETF, ça d'accord, ça fait 10 ans que je suis le rouleau compresseur des ETF.
07:50 La grande nouveauté quand même des dernières années, c'est aussi la montée en puissance de la gestion thématique.
07:55 Censé là aussi apporter quand même une forme de lisibilité, voire de sens comme on dit, sur des grands thèmes compréhensibles, facilement accessibles, etc.
08:06 Est-ce que là ça fonctionne dans une année comme 23 ?
08:09 Et bien c'est compliqué, c'est compliqué.
08:11 Bon, ça fonctionne, il y a vraiment des beaux succès.
08:16 Le problème des thématiques, c'est qu'on se retrouve souvent sur une allocation sectorielle qui est un peu dans un entonnoir.
08:22 C'est-à-dire qu'on va se retrouver sur des secteurs très ciblés et qui peuvent certaines années décevoir.
08:29 Cette année, un exemple, les énergies alternatives, c'est -36%.
08:33 Catastrophique.
08:34 Voilà, -36%. Dans le même temps, les techs font +48% au niveau mondial.
08:39 Donc si vous êtes sur la thématique des énergies alternatives, vous prenez un gros gadin cette année.
08:46 C'est aussi qu'on a construit peut-être des thématiques trop étroites d'une certaine manière.
08:52 Donc je pense que ce qui risque de se passer dans les prochaines années, ça fait partie des tendances, c'est qu'on va essayer de raisonner en multithématiques.
09:00 C'est-à-dire qu'on pourra faire appel à des gérants spécialisés sur un thème spécifique.
09:06 Mais le travail justement du gérant, de l'allocataire, c'est d'assembler certaines thématiques, brick par brick,
09:12 et de surpondérer l'une ou l'autre des thématiques en fonction de la conjoncture, en fonction des éléments qu'il voit dans le marché, du niveau de valorisation, etc.
09:19 Voilà. C'est pas pour autant que les énergies alternatives ne vont pas mieux performer dans les années qui viennent.
09:25 Mais c'est vrai qu'en 2023, c'est très négatif parce que tout simplement, ce sont des valeurs très endettées,
09:30 et pour lesquelles le niveau des taux d'intérêt est très pénalisant.
09:33 Moi, ce que me disent les gérants thématiques que j'écoute, effectivement, c'est "attention aux thématiques washing".
09:38 Parce que mettre un ou deux secteurs dans un portefeuille et vous dire que c'est une gestion thématique, ça ne fait pas tout.
09:44 La gestion thématique, ça répond aussi à des règles de diversification multisectorielle, transversale, globale, y compris sur le plan géographique, etc.
09:53 Donc attention à ne pas tomber dans des stratégies trop concentrées et pas assez diversifiées, d'une certaine manière.
09:59 Ça fait sens. Ça fait sens. Mais je pense que ce serait excessif de vouloir mettre tous ses œufs sur une thématique.
10:06 Il faut qu'on parle du non-coté également, Alain. Qu'est-ce qu'on peut dire ? Il y a un push. Ça, je le sens. Il y a réellement un push.
10:15 Il y a un push. D'abord parce que c'est dans l'air du temps. Ce sont des fonds qui réellement donnent un sens à l'épargne.
10:21 C'est-à-dire qu'on investit dans l'économie réelle. On est incité. Les assureurs le font depuis de nombreuses années.
10:28 Alors le private equity, très clairement, c'est une année compliquée parce que là aussi, la hausse des taux est un nouveau facteur
10:36 qui met en doute certains niveaux de valorisation. Est-ce que l'ajustement a été fait en termes de valorisation ?
10:41 C'est réellement une question. Mais bon, ça reste quand même un secteur attractif à long terme.
10:46 La dette privée, là réellement, je pense que c'est un bon créneau. Après, on a du mal, on doit reconnaître, on voit que ça frémit.
10:56 Mais que pour l'instant, c'est des flux qui sont très marginaux. Mais on commence à voir des offres qui fleurissent sur les marchés.
11:02 Et je pense que ça devrait faire partie des thèmes pour 2024 qui devraient se développer.
11:07 Pourquoi ? Tout simplement parce que les rendements sont particulièrement attractifs pour le compte des assureurs vie.
11:14 Notamment, il y a un regain d'intérêt parce qu'il y en a eu une en 2023 assez compliquée en termes de flux. J'y reviendrai.
11:22 2024, on sent que là, vraiment, il y a un renouvellement du gisement avec des niveaux de taux qui sont de 7, 8, 9, 10 % et donc réellement un intérêt.
11:32 Il faut vraiment choisir les bons gérants. Mais c'est très diversifié. Il y a une bonne dose extra financière, un sens fort qui est donné.
11:42 Oui, on est sur des projets d'infrastructures, de construction d'actifs tangibles, etc. Donc, il y a vraiment quelque chose de lourd derrière.
11:49 Je pense que c'est intéressant. Mais on ne peut pas dire que pour l'instant, ce soit des gros flux. Et pourquoi ce ne sont pas des gros flux ?
11:55 Il y a aussi une raison. C'est qu'on a un secteur immobilier – je pense que j'enfonce une porte ouverte – qui a souffert énormément en 2023.
12:03 Donc, beaucoup de sorties sur l'immobilier. Et cette souffrance de l'immobilier a des impacts sur les autres classes d'actifs.
12:10 C'est-à-dire que les gens – et ça, ça fait partie aussi – ça bloque un peu parce que les gens se disent « sur l'immobilier, je n'ai pas la liquidité que j'aurais aimé avoir.
12:18 Donc, je viens sur les actifs liquides ». Donc, retour à ce qu'on disait. Les fonds monétaires, les fonctions, les OTF, etc. Ça, c'est aussi de la liquidité.
12:26 Il y a un attentisme aujourd'hui vis-à-vis des actifs non-côtés du fait notamment de la souffrance de l'immobilier qui bloque un peu, qui gèle un petit peu les décisions de ce point de vue.
12:34 Ça inhibe beaucoup les gérants, évidemment. Voilà.
12:36 30 secondes, Alain, pour conclure sur votre message 2024 en matière d'allocations, de stratégie.
12:43 Quatre, quelques grandes tendances. La volonté de simplicité. Ça, ça va continuer. La gestion active risque de continuer à décollecter.
12:53 On aura une baisse des taux de directeur. Donc, je pense que ça va atténuer la pression sur les secteurs en difficulté, les utilities, les énergies, etc.
13:02 Ça devrait quand même baisser la pression. L'immobilier qui a énormément souffert. J'en ai pas parlé, mais enfin bref.
13:07 On l'a vu, les fonds sur les marchés liquides. On a vu les fonds sur les marchés liquides.
13:10 La santé, qui est aussi un secteur qui a souffert. Ça devrait revenir. Les sommeliers de mid-cap devraient aider.
13:15 Et puis, le non-côté, ça devrait continuer. Donc voilà. Je pense que c'est là-dessus que l'épargne devrait revenir.
13:21 On peut construire là-dessus un peu moins de flux sur le monétaire parce que les taux vont finir par baisser.
13:26 Merci beaucoup, Alain. Alain Guelenocq qui venait nous voir avec ce panorama 2023 des flux.
13:30 Le président de Fédéral Finance Gestion, l'invité du quart d'heure thématique de SmartBank.
13:34 Merci.
13:36 Sous-titrage Société Radio-Canada

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