Salhia Brakhlia publie "Essentielles", un hommage aux femmes d’aujourd’hui qui travaillent dans l’ombre : "C'est un peu de moi, beaucoup d'elles"

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Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mercredi 20 décembre 2023 : la journaliste Salhia Brakhlia. Elle publie "Essentielles" aux éditions Clique - franceinfo.

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00:00 Bonjour Salia Brachlia.
00:01 Bonjour Elodie.
00:02 Vous êtes journaliste politique depuis trois ans, vous officiez ici sur France Info avec
00:06 la coprésentation de l'interview du 8/30 et depuis la rentrée vous êtes aux commandes
00:10 du 9/10.
00:11 Le public français a fait votre connaissance à travers le petit écran, notamment avec
00:15 quotidien, inévitablement.
00:17 Le décryptage est donc l'une de vos spécialités, ce qui implique souvent un franc-parler très
00:21 très assumé.
00:22 C'est bien dit comme ça.
00:24 Vous venez de publier Essentiel chez Clic, édition avec France Info.
00:28 Ce livre est une rencontre en tête à tête avec 13 femmes que vous avez interviewées.
00:32 Ces femmes exercent des métiers, ce qu'on appelle des métiers de l'ombre, mais qui
00:35 sont évidemment essentiels.
00:37 Comment elle est née cette envie de mettre en lumière ces femmes de l'ombre ?
00:41 Elle est née de l'actualité.
00:42 On a été marqués par la réforme, la mobilisation contre la réforme des retraites et nous en
00:48 tant que journaliste, on voyait remonter les infos sur le monde du travail et la place
00:54 des femmes, peu importe le poste, peu importe les qualifications.
00:59 La femme gagne moins qu'un homme.
01:02 La femme, quand elle est enceinte, elle risque de perdre son emploi, c'est-à-dire quand
01:07 elle revient, de ne pas revenir à son emploi, alors qu'un homme lui est considéré beaucoup
01:11 plus responsable quand il devient papa.
01:13 Donc lui, il aura une évolution dans sa carrière.
01:16 Et c'est ces différences-là qui ont créé le déclic dans ma tête.
01:20 Et je me suis dit, les femmes, en fait, elles morflent trop.
01:23 Donc il faut en parler, il faut les mettre en valeur parce que je trouve qu'on ne les
01:26 met pas assez en valeur dans les médias.
01:28 Vous êtes née à Condé-sur-les-Scônes, dans le Nord.
01:32 Un petit village du Nord.
01:33 Voilà, vos parents sont originaires d'Algérie.
01:35 Est-ce que cette envie de comprendre davantage l'autre, celui qui se lève le matin, vous
01:40 qui avez été élevée avec cette valeur mérite, a été ce moteur essentiel pour
01:47 faire ce métier ?
01:48 Ah bah moi, mes parents, ils m'ont toujours dit, d'ailleurs ils l'ont dit à tous mes
01:52 frères et sœurs, c'est par le travail qu'on arrive à s'insérer dans la société.
01:58 J'ai le souvenir, étant gosse, que ma mère se réveillait très très tôt, vers 3-4
02:02 heures du matin et elle rentrait hyper tard pour aller bosser.
02:05 Alors oui, il y a la notion de mérite.
02:07 Il faut bien travailler à l'école, il faut bien travailler aussi tout court quand on
02:11 a un job.
02:12 Et donc oui, elle nous a transmis ça, mon père aussi nous a transmis ça.
02:15 Et moi, j'ai une chance folle, c'est que je fais un métier en plus que je souhaitais
02:19 faire depuis l'âge de 12 ans.
02:20 Donc vous imaginez, évidemment, le mérite, il n'est même pas là, c'est juste le fait
02:25 que plaisir.
02:26 Je crois qu'on revient sur un événement, on est le 1er mai 2013, vous êtes dans la
02:30 rue en train de faire un reportage.
02:33 Il y a une sympathisante du FN qui vient vous voir et qui dit "moi parler français, moi
02:37 parler à toi".
02:38 Ça, ça vous a énormément touché.
02:41 Est-ce que ça a été justement l'un des éléments fondateurs du fait que vous vous
02:45 êtes dit "je ne lâcherai pas et je vais justement aller jusqu'au bout de ce que j'ai
02:49 envie de faire pour combattre ça"?
02:51 C'est vrai que ça a été un petit traumatisme.
02:54 Il y en a d'autres, c'était de l'intimidation, qui venaient me parler à l'oreille pendant
02:59 que je faisais des interviews et qui disaient "t'as rien à faire là, dégage de là".
03:04 Et le truc le plus flagrant en fait, qui m'a vraiment touchée, c'est quand je faisais
03:09 un duplex et il y a des militants du Front National qui sont arrivés derrière moi, mais
03:15 qui ne se sont pas adressés à moi, qui se sont adressés à mon équipe, à mon caméraman
03:18 et à mon enginneur du son, en disant "vous êtes en train de filmer une arabe qui a volé
03:23 le travail d'une française".
03:25 Et là, j'étais en fait tellement choquée que je n'ai rien dit, j'étais vraiment estomaquée.
03:30 Mais ouais, ça a été quand même violent, là, a posteriori, même si j'ai beaucoup
03:37 appris.
03:38 Et vous avez raison, je me suis dit "je ne lâche pas".
03:40 Et la meilleure des choses, c'est que quand j'ai Jordan Bardella, Marine Le Pen sur le
03:44 plateau du 8.30, je les interroge sur le fond.
03:46 C'est là qu'on voit que le discours n'est pas tout à fait net.
03:49 Essentiel, est-ce que ce n'est pas justement, Salia, tout ça, toute cette histoire que
03:55 vous avez, qui vous appartient d'ailleurs, qui vous a construite, et puis celle de ces
04:01 femmes que vous mettez en lumière ?
04:03 C'est un peu beaucoup de moi, beaucoup d'elles.
04:06 Et de dire que, regardez, ces parcours-là, ils sont exceptionnels.
04:10 Et il faut juste prêter un peu d'attention.
04:12 Merci beaucoup, Salia Abraklia, d'être passée dans le monde des laudits sur France Info.
04:16 Merci beaucoup, il a dit "fido".
04:17 Ce qui s'appelle Essentiel, chez Clique Édition, avec évidemment le soutien de France Info.
04:21 On vous retrouve donc au 8.30 et à 9 heures.
04:23 Merci beaucoup.

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