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Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mardi 3 décembre 2024 : l’humoriste, comédien et réalisateur Kad Merad. Il est à l’affiche du film d’Alexandra Leclère, "Les boules de Noël", aux côtés de Valérie Bonneton.
Transcription
00:00Bonjour, Cane Merade.
00:01Bonjour, Élodie.
00:03Suigo.
00:03Voilà, Merade, Suigo, Suigo.
00:06Suigo.
00:07Pour beaucoup, vous êtes avant tout un acteur, notamment Philippe
00:09Abrams, ce fameux receveur des Postes indissociables du succès du
00:12film Bienvenue chez les Ch'tis de Danny Boon.
00:15Pour certains, vous êtes humoriste lié à Olivier Barou au début de votre
00:18carrière à travers le duo incontournable de Cade et Olivier.
00:21On pense aussi à la chaîne Comédie.
00:23Pour d'autres, vous êtes également réalisateur et scénariste, le père
00:25des films Mais qui a tué ou retué Pamela Rose et Marseille,
00:29ce qui fait l'unanimité, c'est que vous aimez tenter des expériences
00:33différentes à chaque fois.
00:34Vous amusez, rire, distraire, jouer la comédie en la réhaussant d'un
00:37grand C parce que la comédie, pour vous, c'est sacré.
00:40En 30 ans de carrière, votre nom, Merade, est devenu incontournable
00:43dans le monde du cinéma.
00:44Celui-là même que votre père, Algérien, vivait en France à l'âge de
00:4716 ans, avait tendance à cacher, tout comme son prénom d'ailleurs, à
00:51une époque où, quand on s'appelait Mohamed Merade, il était difficile
00:55de pouvoir donner des ordres.
00:57C'est bien, jusque là, c'est vrai.
00:58Aujourd'hui, force est de constater que vous avez réussi à transformer
01:02l'essai, portant haut et fort votre héritage familial.
01:04Et ça tombe bien parce qu'on parle de la famille dans ce dernier
01:07film, qui s'intitule Les Boules de Noël, aux côtés de Valéry
01:11Bonneton et Noémie Lovski, un film signé Alexandra Leclerc.
01:14C'est l'histoire d'une famille qui, à chaque réveillon,
01:18vit un cauchemar.
01:19Il y a soit des disparitions, soit des accidents dramatiques.
01:22Et pour contrecarrer cette malédiction, la mère, incarnée par Valéry
01:25Bonneton, décide de ne pas fêter Noël.
01:27Et ce n'est pas vraiment du goût de votre famille, de vos enfants.
01:34Vous tentez justement de lutter.
01:36C'est drôle. Et encore une fois, Kad, on se rend compte que la famille,
01:39elle est encore au cœur du film dans lequel vous êtes.
01:43Alors, moi, je n'y suis pour rien.
01:44Je n'ai pas...
01:45Non, mais je vous remercie déjà de ce préambule, toujours très agréable.
01:52Je n'ai pas choisi le film parce que ça parlait de famille, même si
01:56c'est toujours un sujet qui m'intéresse, bien sûr, comme tout le monde.
02:01En plus, là, il s'agit de Noël, donc c'est incontournable, les réunions
02:04de famille. Moi, nous, c'était indispensable de fêter Noël en famille.
02:07Quand mes parents étaient encore là, c'était évident qu'on se retrouvait
02:11à Noël avec les enfants, les petits-enfants, etc.
02:14Aujourd'hui, c'est moins le cas parce qu'il y a moins d'enfants.
02:16Mais pour le film d'Alexandra Leclerc, moi, j'ai surtout aimé le ton du film
02:20et le ton qui est véritablement trash, quand même.
02:26Très... Je lis même des critiques qui s'offusquent même, d'ailleurs,
02:32du niveau de trashitude, puisque ça va loin, effectivement.
02:37Ça va loin, jusqu'au drame, jusqu'à des disparitions, comme vous dites.
02:40Mais moi, c'est ce qui me plaisait aussi, c'est ce côté...
02:42Parce que faire une comédie de Noël, voilà, où la bûche, elle est en retard,
02:46où les parents ne viendront pas parce qu'ils ont la grippe,
02:49ça va, oui, pourquoi pas ?
02:51Mais moi, j'avais vraiment envie, quitte à faire un film à Noël,
02:53de quelque chose qui soit un peu... qui provoque quelque chose.
02:55Et là, on voit bien que ça provoque.
02:58Et pour avoir assisté à quelques projections, ça provoque des rires,
03:02ça, c'est sûr, mais aussi parfois des...
03:04Oh non ! Voilà, des choses comme ça, parce que ça va loin.
03:06C'est parti, justement, d'un moment de bonheur, cette envie de devenir acteur.
03:10Vous étiez au collège.
03:11Vous avez joué un texte de Frédérico Garcia Lorca en espagnol.
03:15En espagnol, oui.
03:16Et à la fin, tout le monde clamait votre prénom.
03:20– Ouais. – Kadour, Kadour, Kadour.
03:21– Même dans la politique, dans les sujets les plus graves,
03:26l'humour peut désamorcer, peut dévier, peut...
03:30Voilà, moi, j'ai réussi à éviter, comme je raconte parfois,
03:35les corrections de mon père qui étaient très dures,
03:38parce que je le faisais rire, en fait.
03:40Il n'a jamais réussi vraiment à avoir... à l'emprise sur moi,
03:42parce que j'étais marrant et...
03:44Enfin, j'étais marrant, je ne sais pas si c'était marrant,
03:45mais lui, voilà, il ne pouvait pas.
03:47Ça le désarçonnait complètement.
03:50Et c'est vrai que c'est...
03:51Et je me suis rendu compte que dans toutes les situations,
03:52mais même parfois, par exemple, pour un découvert à la banque,
03:55quand j'étais jeune, j'étais toujours un découvert,
03:58j'arrivais quand même à faire rire le banquier qui était là pour m'engueuler,
04:03pour me dire, donnez-moi votre chéquier, parce que vous arrêtez maintenant.
04:06– Quand vous avez eu cette notoriété incroyable, vous aviez 40 ans, Kad.
04:11– Je sais, mais arrêtez de me dire ça comme ça.
04:13– Ça faisait 20 ans que vous étiez dans ce milieu.
04:16– 20 ans que je... oui, je traînais, oui.
04:18– Est-ce que ça vous a permis aussi de déguster davantage le succès ?
04:24Je ne parle pas des paillettes, là.
04:26Je parle le plaisir de vous dire que vous êtes dans un film
04:29qui cartonne et qui parle au français.
04:32– À 40 ans ? À 40 ans, j'ai commencé avec les choristes.
04:35– Oui, pardon, avec les choristes.
04:37– Vous avez dit quoi ?
04:37– J'ai dit... Bienvenue chez les...
04:39Non, avec les choristes, pardon.
04:40– En fait, il y a eu d'abord les choristes,
04:41ce qui a été d'abord un grand succès, un phénomène de société, les chorales, etc.
04:47Un truc inouï, une rencontre avec Christophe Baratier, le metteur en scène, à 40 ans, oui.
04:54Mais je n'ai jamais eu l'impression non plus, Élodie, d'attendre quelque chose.
04:59En fait, j'ai toujours fait quelque chose, que ce soit à la radio d'abord,
05:03même dans l'ombre, avec Olivier dans l'ombre avant.
05:06Après, on a été repérés par Jean-Luc Delarue
05:09parce qu'on faisait parler de nous, parce qu'à force, vous savez ce que c'est la radio,
05:14même si c'est une radio locale, à force, on entend parler.
05:17Il n'y avait pas les réseaux sociaux, il n'y avait pas tout ça, c'était vraiment...
05:21Et puis, je n'ai jamais non plus...
05:23J'ai toujours travaillé avec plus ou moins de réussite financièrement,
05:27parce que quand j'étais musicien, c'est pareil, je faisais de musicien le soir,
05:30j'étais au théâtre le matin, je faisais de la radio le matin, le théâtre le soir.
05:34Enfin, c'était une vie, mais c'est la vie que j'avais choisie.
05:37Je ne me disais pas vivement que je sois une vedette.
05:41Ce n'est pas ça qui m'intéressait.
05:42Moi, je voulais faire le métier d'acteur, je ne voulais pas être Kad Merad.
05:47J'ai entendu ça un jour, quelqu'un qui a dit
05:49je voulais être acteur, mais je ne voulais pas être Alain Delon ou un truc comme ça.
05:52C'est vrai, je ne voulais pas forcément être Kad Merad,
05:54parce qu'à la fin, on ne vous pardonne plus grand chose, finalement,
05:57quand vous êtes aussi, autant populaire et autant sollicité.
06:03Fier aujourd'hui, Kad, que ce nom Merad résonne,
06:07de représenter cette famille qui s'est battue,
06:10qui a dû quitter son pays pour arriver en France, pour une autre vie.
06:15Fier, parce que j'aurais pu changer de nom, en fait.
06:17J'y ai même pensé, puisque quand mon père, qui se faisait appeler Rémi,
06:23pour que ça soit plus facile, moi, quand j'ai commencé
06:27mon premier rôle, je m'appelais encore Kadour Merad.
06:30C'était le rôle, dans une série pour TF1, qui s'appelait Tribunal.
06:37J'ai fait un casting, le rôle s'appelait Ahmed Ben Mabrouk.
06:40C'était pour jouer un rôle d'éducateur d'MJC.
06:45Tout de suite, je me suis dit, OK, je serai
06:49un acteur avec des origines qui va…
06:53Et donc, j'ai pensé à un moment, je vous dis la vérité, à changer de nom.
06:55Je voulais prendre le nom de ma mère, qui s'appelle Béguin.
06:58C'est joli, Béguin, en plus.
06:59Je voulais m'appeler Jean Béguin, comme mon oncle, ou François Béguin,
07:04parce que j'aimais bien le nom François.
07:05J'ai essayé, même une journée.
07:06Je l'ai raconté, déjà, cette histoire, mais je me suis mis devant la glace
07:10et je me suis appelé, comme ça.
07:11Et puis, j'ai pensé à mon père, en fait.
07:13Je me suis dit, ça va, on ne va pas recommencer.
07:16Ça, c'était avant, c'était le Moyen Âge.
07:18Finalement, on se rend compte qu'à ce niveau-là, rien n'a changé.
07:21Avec des prénoms, des visages, des couleurs, la vie, elle est plus difficile, quand même.
07:26Il faut vraiment s'en rendre compte, c'est plus difficile.
07:29Moi, aujourd'hui, je suis un acteur.
07:32Les gens, je n'ai même plus d'origine.
07:35Moi, je n'ai pas de...
07:36Mais ce n'est pas le cas pour tous les gens qui sont...
07:39Vous savez, il y a des avocats, il y a des médecins, il y a des chercheurs
07:42qui ont un visage, une origine, un prénom, un nom, qui, aujourd'hui, est toujours un des cas.
07:49Moi, je pensais, quand mon père faisait ça, que ça allait finir, ça allait s'arrêter.
07:53Voilà, qu'on avait intégré, ça y est, tout le monde est intégré, on n'en parle même plus.
07:57Mais apparemment, ça se corse, même.
08:02Désolé pour ce petit passage un peu...
08:04Vous n'avez pas le nom Béguin, mais le public a le Béguin pour vous.
08:08C'est une certitude, maintenant, mais c'est une réalité.
08:11Je ne sais pas, vous savez, je ne sais pas.
08:13Vous vous doutez encore de ça ?
08:15Non, mais je vois bien que les gens ont plutôt une approche toujours sympathique avec moi.
08:19Mais vous savez, les gens, le cinéma, c'est un détail dans leur vie, quand même.
08:26On a toujours l'impression qu'on est très important, mais on est peut-être, oui, un visage connu,
08:31un artiste qu'on aime bien, oui, c'est sûr.
08:33Mais ça me va, ça me va très bien.
08:35Pour terminer, est-ce que votre force cadre,
08:37c'est pas que vous avez conservé vos yeux d'enfant, finalement ?
08:41Finalement, l'argent n'avait pas d'importance, finalement.
08:47C'est la chanson que je chante dans Finalement.
08:49Non, j'ai gardé, je crois, le...
08:52L'insouciance ?
08:53Oui, surtout, oui, toujours de la dérision, de l'insouciance et...
08:57Oui, l'insouciance d'enfance et d'être toujours un peu émerveillé,
09:01d'avoir toujours envie de quelque chose, en fait.
09:04Parce qu'il n'y a rien de pire que d'avoir tout.
09:07On reprécise que vous attendez le scénario, là.
09:09J'attends le prochain.
09:11J'espère que vous êtes une radio qui a un peu d'auditeurs,
09:14parce que j'attends mon prochain film.
09:16Je l'attends, je vous assure.

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