Les 4 vérités - Boris Vallaud

  • l’année dernière
Jeff Wittenberg reçoit Boris Vallaud, député et président du groupe PS à l'Assemblée nationale sur le plateau des 4 vérités. 

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Transcript
00:00 Bonjour à tous, bonjour Boris Vallaud.
00:03 Merci d'être avec nous ce matin.
00:04 On le disait dans le journal, on a appris cette nuit la mort de l'otage franco-israélien Eliad Toledano.
00:10 Il reste trois otages disparus selon l'appellation franco-israélien encore détenu dans la banque de Gaza.
00:16 Quelle est ce matin votre réaction, la réaction du parti socialiste que vous représentez ?
00:21 Beaucoup de tristesse.
00:22 Vous savez, on espère la libération des otages et on a toujours cette crainte.
00:26 Et quand elle se réalise, c'est un grand manœuvre pour tous.
00:30 Donc j'ai une pensée pour sa famille, pour ses proches, évidemment pour lui.
00:35 Voilà, beaucoup de peine ce matin.
00:36 La guerre à Gaza, dans ce territoire, pourrait durer, c'est ce que disait le Premier ministre israélien il y a quelques heures,
00:44 peut-être plusieurs mois encore.
00:45 Quelle est votre position ?
00:47 Est-ce que vous faites bloc finalement avec ce que disent les autorités françaises dans ce conflit,
00:52 à savoir la demande d'un cessez-le-feu ?
00:54 De la fois, puisqu'on vient de l'évoquer, la libération de tous les otages et puis un cessez-le-feu.
00:59 Parce que la situation humanitaire à Gaza est catastrophique.
01:04 On en a des témoignages quotidiens.
01:06 Les bombardements ont fait des milliers, des dizaines de milliers peut-être, de victimes, des femmes, des enfants.
01:13 Et nous avons besoin, l'Assemblée générale des Nations unies s'est prononcée très largement en cette faveur,
01:18 de ce cessez-le-feu le plus vite possible.
01:20 Pas seulement une treize, un cessez-le-feu.
01:22 Et puis demain, un chemin de paix, c'est important avec une solution à deux États.
01:27 Vous êtes le président, donc, on le disait, du groupe socialiste à l'Assemblée nationale.
01:30 On va bien sûr parler du cheminement chaotique, c'est le moins qu'on puisse dire,
01:34 du projet de loi sur l'immigration de Gérald Darmanin.
01:38 On a envie de poser un peu une question abrupte.
01:40 Pendant ce temps, que fait la gauche, puisque vous comptez les points en quelque sorte
01:45 dans cette négociation qui est en train de se jouer entre le gouvernement et la droite.
01:50 Elisabeth Borne reçoit notamment les chefs des Républicains
01:53 avant la commission mixte paritaire de lundi prochain pour aboutir à un texte.
01:57 Qu'est-ce que vous allez faire, vous ? Vous êtes simple spectateur dans cette affaire ?
02:01 Non, on demande le retrait de ce texte.
02:03 On dit qu'il va trop loin, on dit qu'il n'est pas équilibré,
02:06 on dit qu'il est un grand mensonge fait aux Français parce qu'il ne réglera aucune des questions qu'il prétend solutionner.
02:12 Qu'il n'a d'intégration que le mot dans le titre.
02:16 Et puis il y a d'autres chemins pour cela, d'intégration par le travail,
02:19 de remise en bon ordre du grand bazar de la politique migratoire.
02:22 Mais quand vous posez la question de qu'est-ce qui est en train de se passer,
02:25 et qu'est-ce qui se passe depuis des mois, et bien la réalité c'est que Emmanuel Macron
02:29 maintenant écrit une loi sous la dictée d'Éric Ciotti et des Républicains.
02:33 C'est une forme de cohabitation qui est en train de s'installer.
02:36 C'est la fin du "en même temps".
02:38 Et rien n'oblige ce gouvernement, j'allais dire, à tout céder à la droite sénatoriale qui elle-même s'est jetée...
02:44 - Vous pensez qu'il est en train de tout céder ?
02:46 - Il cède beaucoup, il a déjà cédé.
02:48 Regardez ce qu'a été l'attitude du ministre de l'Intérieur depuis des mois.
02:52 D'abord rentrer en négociation exclusive avec Éric Ciotti, décider de l'introduction de ce texte au Sénat...
02:57 - Vous n'avez jamais été consulté sur ce texte ?
02:59 - Mais écoutez, vous savez... - Vous n'avez pas tout à fait, vous avez été reçu vous aussi.
03:01 - Il se trouve que moi, à titre personnel, je n'ai pas été reçu.
03:04 Mais si vous pensez que mon téléphone a sonné des appels incessants du gouvernement ou du ministre de l'Intérieur,
03:10 je vous dis, en aucun cas, en aucune manière.
03:13 Nous avons avancé les propositions, elles n'ont jamais été entendues.
03:17 En réalité, je vous le dis, c'est la fin d'une forme d'impossibilité, et la majorité doit se poser la question de savoir
03:25 si elle est prête à tout céder.
03:27 Est-ce qu'elle a des lignes rouges ? Je suis témoin, malheureusement, qu'elle n'en a pas beaucoup.
03:31 - Boris Vallaud, vous venez de dire "nous avions des propositions".
03:33 Pourquoi avez-vous refusé ce débat en votant cette motion de rejet,
03:37 alors que ces propositions, vous auriez pu les faire s'il y avait eu un véritable débat ?
03:43 Je termine juste en vous mentionnant ce que dit Delphine Bateau.
03:47 Elle était socialiste, elle fait partie de la gauche.
03:49 Elle, elle n'a pas voté la motion de rejet parce qu'elle dit "finalement, on va avoir un texte",
03:53 et vous le dites ce matin vous-même, "plus à droite que celui qu'on aurait eu dans l'hémicycle si on n'avait pu en discuter".
03:58 - Non, je veux dire, je pense que, j'aime beaucoup Delphine Bateau, c'est une femme sincère,
04:02 je pense qu'elle se trompe.
04:04 D'abord parce que le débat a eu lieu, c'est depuis 18 mois qu'il a eu lieu.
04:07 Il a eu lieu dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale à plusieurs reprises,
04:10 et sur plusieurs textes, il a eu lieu au Sénat, il a eu lieu la semaine dernière en Commission des lois,
04:16 ce sont des dizaines d'heures.
04:17 Le débat a eu lieu, tous ceux qui prétendent l'inverse disent des carabistouilles,
04:21 comme dit le Président de la République.
04:22 Et puis, je vais vous dire, le texte en séance aurait été durci.
04:27 À la fin, il n'aurait pas eu de majorité.
04:28 Il serait allé en CMP. La CMP de lundi a la même composition que la CMP dans 15 jours.
04:34 Les exigences de la droite sont les mêmes.
04:36 - Mais au moins, vous seriez vous exprimer, M. Ballot.
04:38 - Nous sommes exprimés à beaucoup de reprises, et vous m'offrez encore l'occasion de le faire.
04:41 C'est un grand barrage, un grand bazar, pardon, dans la politique migratoire,
04:44 nous pourrons le remettre en bon ordre.
04:46 L'intégration par le travail de femmes, des hommes, qui, dans les BTP,
04:49 dans les services d'aide à la personne, dans les ouvriers de l'agroalimentaire,
04:52 dans le nettoyage, font tourner des pans entiers de l'économie,
04:55 qui parfois payent des impôts, payent des cotisations,
04:57 eh bien, il est juste qu'ils puissent être régularisés.
05:00 - Eh bien, c'était dans le projet de loi, les régularisations.
05:02 - Non, ça n'était pas dans le projet de loi.
05:03 Ça l'était de façon cosmétique, ça l'était de moins en moins,
05:06 et là, on verra si le gouvernement, en réalité, y tient tant que ça.
05:09 J'ai la crainte que ça ne soit pas le cas.
05:11 - Sur le fond, par rapport à ce qu'attendent les Français, l'opinion publique,
05:15 que pensez-vous lorsque le ministre de l'Intérieur dit qu'avec sa loi, par exemple,
05:19 il pourrait aujourd'hui expulser des délinquants étrangers,
05:22 ce qu'il ne peut pas faire aujourd'hui ?
05:24 Il a dit ce nombre à 4 000.
05:26 - Non, non, on n'a pas dit...
05:28 Il a dit 4 000. J'ai lu l'étude d'impact de la loi.
05:32 - Mais juste une question.
05:34 Est-ce que vous pensez que ça ne trouve pas un écho dans l'opinion publique,
05:36 même lorsqu'elle ne vote pas à droite ou à l'extrême droite ?
05:38 - Je vais vous répondre de façon extrêmement claire.
05:41 Il y a aujourd'hui déjà la possibilité, sous certaines conditions,
05:45 d'expulser tout étranger, y compris ceux qui sont arrivés avant 13 ans.
05:49 Il faut évidemment qu'un certain nombre de conditions de gravité soient réunies.
05:53 Est-ce que tout cela est d'ores et déjà reconduit ?
05:56 Peut-être pas.
05:58 Et d'ailleurs, on voit le nombre de ces expulsions qui ont augmenté.
06:01 Et je ne prétends pas qu'il n'y aura pas d'expulsions.
06:03 Je ne prétends pas que dans un certain nombre de situations,
06:05 il faut être dur avec ceux qui ont enfreint, j'allais dire,
06:08 un certain nombre de règles essentielles.
06:11 Il y a toujours besoin de trouver un équilibre
06:13 et de se poser la question de savoir de l'efficacité des mesures proposées.
06:16 Est-ce que vous pensez qu'on aurait plus de laissé-passer consulaire,
06:20 vous savez, pour pouvoir expulser ou pour pouvoir reconduire quelqu'un à la frontière,
06:23 il faut que le pays dont on pense ou qu'il a la nationalité l'autorise ?
06:27 Nous regardons aujourd'hui accablé le nombre des refus en réalité.
06:31 Donc ce que dit Gérald Darmanin, ce n'est pas réaliste.
06:34 Vous savez, est-ce qu'avec cette loi, il contrôle mieux l'immigration,
06:38 un phénomène mondial ?
06:40 Est-ce qu'il s'est posé la question des pays d'origine
06:42 et des relations avec les pays d'origine ? Non.
06:44 Est-ce qu'il s'est posé la question de l'intégration,
06:46 de la qualité de l'intégration, des moyens de l'intégration ?
06:48 Est-ce qu'il se pose la question de l'intégration dans tous les secteurs ?
06:51 Parce que le secteur de l'hôtellerie et de la restauration,
06:53 qui fonctionne avec beaucoup de travailleurs étrangers,
06:55 n'est pas considéré aujourd'hui comme un métier en tension.
06:58 Donc être dur avec ceux qui méritent qu'on le soit à l'endroit,
07:02 oui, il est là aujourd'hui.
07:03 Méchant avec les méchants, gentil avec les gentils,
07:05 disait Gérald Darmanin.
07:06 Aujourd'hui, il est méchant même avec les gentils.
07:08 Vous voyez le déséquilibre.
07:09 C'est la fin du en même temps, c'est le début de la coalition avec la droite.
07:12 Puisque vous dites que c'est la fin du en même temps,
07:14 est-ce que ce ne sont pas les électeurs qui l'ont imposé
07:16 avec une majorité relative à l'Assemblée nationale,
07:18 né des élections législatives de 2022 ?
07:20 Vous, vous n'avez jamais été prêt, quelque part,
07:24 à apporter votre soutien au gouvernement,
07:26 notamment sur cette question.
07:28 Vous dites qu'il penche à droite,
07:29 mais vous ne lui proposez pas de solution alternative.
07:31 Alors, écoutez, moi je vais vous dire,
07:32 depuis un an et demi presque,
07:34 nous avons joué le jeu du parlementarisme de fait.
07:37 C'est-à-dire que nous nous sommes préoccupés de savoir
07:39 comment nous prenions en compte cette nouvelle donne issue des urnes,
07:41 c'est-à-dire ce pluralisme et l'absence de majorité.
07:43 J'ai écrit, je l'ai dit à plusieurs reprises,
07:45 à la présidente de l'Assemblée nationale,
07:47 proposer un mode d'emploi,
07:48 parce qu'il y a une situation inédite.
07:49 Je n'ai même pas eu un accusé réception.
07:51 J'ai demandé au gouvernement à quel compromis il était prêt,
07:53 dans la mesure où il n'avait pas de majorité,
07:55 pour appliquer son programme.
07:56 Il n'est prêt à aucun compromis.
07:57 Il en fait la démonstration avec effet de manche,
08:00 enflure du ton et coup de menton.
08:01 Ce n'est pas possible.
08:02 Nous, nous avons essayé d'amender chacun des textes
08:05 qui ont été proposés au gouvernement.
08:07 Nous avons des niches parlementaires
08:08 où nous proposons des lois.
08:09 Nous avons accompagné certaines lois
08:11 qui nous paraissent importantes,
08:13 comme sur le développement des énergies renouvelables,
08:15 que nous avons voté.
08:16 En réalité, l'intransigeance,
08:18 et la bascule vers la droite,
08:20 elle est du côté du gouvernement.
08:21 Bascule vers la droite,
08:22 pendant ce temps, quelle est la situation
08:23 chez vous, au Parti socialiste ?
08:24 Est-ce que vous vous sentez en quelque sorte libéré,
08:26 depuis que vous avez posé, je cite,
08:28 un moratoire de votre participation à la NUPES,
08:31 à cause notamment des déclarations de Jean-Luc Mélenchon ?
08:34 Est-ce que ça va mieux chez vous ?
08:35 Je crois à la nécessité d'une union de la gauche.
08:37 Et je crois à la nécessité que cette gauche soit utile
08:39 à la vie quotidienne des Françaises et des Français.
08:41 Tu en as ras le bol que nous ne parlions que nous-mêmes et d'Ibisby.
08:45 Quand je dis "être utile", qu'est-ce que ça veut dire ?
08:47 Vous l'avez évoqué tout à l'heure dans votre journal,
08:48 il y a depuis mercredi le versement de la prime de Noël.
08:51 Et bien sur la proposition des socialistes,
08:53 les familles monoparentales,
08:55 les papas solos, les mamans solos,
08:56 et bien vont voir, pour un enfant,
08:58 leur prime de Noël augmenter de 80 euros.
09:00 100 euros quand on a deux enfants.
09:01 - C'est ce que Clédavier proposait.
09:02 - 120 euros. Nous l'avons proposé.
09:03 C'est ça, être utile à la vie quotidienne des Français.
09:04 - Mais Clédavier, elle n'est pas sur la NUPES.
09:05 Elle est morte, vous avez dit un moratoire.
09:07 Vous pouvez vous rabibocher avec Jean-Luc Mélenchon, oui ou non ?
09:09 - Mais écoutez, en tout cas,
09:11 nous continuons de travailler avec un certain nombre de partenaires à gauche.
09:15 Nous le faisons dans le respect des uns et des autres.
09:18 Et nous, nous voulons être respectés.
09:19 Et nous voulons être utiles.
09:20 - Mais vous ne nous répondez pas.
09:21 Est-ce que vous êtes fâchés définitivement avec Jean-Luc Mélenchon ?
09:23 - Avec Jean-Luc Mélenchon, oui, je vous confirme
09:25 que c'était assez compliqué.
09:26 Ça ne vous aura pas échappé.
09:27 C'est ce qui nous a conduits à cette suspension de la NUPE
09:30 qui ne nous interdit pas d'avoir des combats communs.
09:32 Vous l'avez vu.
09:33 - Mais c'est définitif ?
09:34 - Avec Pourrier, on a besoin d'une union de la gauche.
09:36 Il faut qu'elle se fonde sur de nouvelles bases.
09:38 - Merci beaucoup Boris Vallaud,
09:39 président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale.
09:41 - Merci à vous.
09:42 - On vous entendait ce matin.