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Fatiha Boudjahlat, essayiste et principale adjointe dans un collège de Bourgogne, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils reviennent sur la tentative d'agression au couteau d'une élève de 12 ans sur sa professeure ce mercredi à Rennes.
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Fatiha Boudjahlat, essayiste et principale adjointe dans un collège de Bourgogne, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils reviennent sur la tentative d'agression au couteau d'une élève de 12 ans sur sa professeure ce mercredi à Rennes.
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NewsTranscription
00:00 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin les séistes Fatiha Boudjalat.
00:05 Bonjour Fatiha Boudjalat.
00:07 Bonjour Dimitri.
00:08 Bienvenue sur Europe 1.
00:10 Hier à Rennes, une collégienne de 11-12 ans a menacé sa professeure d'anglais avec un couteau.
00:14 « Je suis folle aujourd'hui, j'ai envie de tuer quelqu'un », aurait-elle murmuré
00:18 avant de sortir une lame de 17 centimètres et d'annoncer à sa prof « ça s'est passé à Arras, je vais faire pareil ».
00:24 Alors le personnel de l'établissement, on parle d'un collège qui est classé REP+
00:28 en grosse difficulté sociale, heureusement la désarmée a tant, il n'y a pas eu de blessés.
00:32 Mais enfin, Fatiha, vous écrivez, mais vous êtes aussi principale adjointe dans un collège
00:36 en réseau d'éducation prioritaire, un établissement qui socialement ressemble un peu à celui où ça s'est passé à Rennes hier.
00:42 Cette histoire, qu'est-ce qu'elle nous dit selon vous de l'école aujourd'hui, Fatiha ?
00:47 Déjà, elle nous dit qu'on a développé une vraie culture de la sécurité et de la sûreté, qu'on a des bons réflexes.
00:54 L'enseignante a eu le bon réflexe de protéger d'abord les élèves, de les faire sortir, puis de se protéger.
01:00 Et chaque année, on doit mener au moins deux exercices de mise en sécurité.
01:05 On a tous élaboré des plans de mise en sécurité particulière.
01:09 On vit avec le risque terroriste, on vit avec le risque de la malveillance.
01:14 Donc voilà, on a une vraie culture de la sécurité, ça c'est plutôt positif.
01:18 Pour le reste, c'est une jeune comme pour l'assassin de la collègue dans le Pays Basque, qui avait des problèmes psychologiques.
01:27 Et ça, moi j'y vois surtout la conséquence de l'obsession de l'inclusion.
01:32 On n'a pas de vrais psychologues.
01:35 On a des conseillers d'orientation qu'on a rebaptisés psychologues de l'Éducation nationale.
01:39 Et on doit accepter tous les élèves, même ceux qui ont des profils psychiatriques qui relèveraient d'un autre type d'établissement.
01:47 Donc on réduit les places dans les instituts où ils devraient être, comme les instituts médico-éducatifs ou instituts thérapeutiques.
01:54 Et on parle d'inclusion. Voilà, c'est censé leur bénéficier.
01:57 Nous, l'année dernière, on avait un élève qui entendait des voix et qui devait même passer le brevet seul dans une salle.
02:04 Avec une AESH et un enseignant pour le surveiller.
02:08 Donc au bout d'un moment, il faut se poser la question de l'inclusion.
02:11 J'ai bien compris que ça faisait faire des économies, mais résultat, on garde des enfants aux profils très compliqués, voire dangereux.
02:18 Oui, parce qu'il arrive qu'il y ait des alertes et qu'elles ne soient pas vraiment entendues.
02:21 En l'occurrence, cette jeune fille de 12 ans à Rennes, elle avait été exclue d'un autre collège au mois de juin dernier.
02:28 Parce qu'on avait justement trouvé un couteau dans son sac à quel avait menacé une prof.
02:33 Déjà, j'ai envie de vous dire, Fathia.
02:35 Je dois vous dire que quelquefois, la passation des informations quand un élève change de collège ne se fait pas toujours.
02:43 Il y a peut-être même souvent des choses qui sont mises sous le tapis.
02:47 Je le vois ici avec les services sociaux qui ne nous disent pas vraiment tout ce que les enfants ont fait.
02:53 Les enfants ont le droit à l'éducation, donc de toute façon, on doit les recevoir.
02:57 Mais quand il y a des profils comme ça, qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse ?
03:00 On met en danger les autres élèves, on met en danger les adultes.
03:04 Mais voilà, l'inclusion, les parents ont le droit de mettre les enfants dans un établissement scolaire ordinaire.
03:09 Mais qu'est-ce qu'il faudrait faire ? Parce que vous remettez en question cette notion d'inclusion, ces enfants.
03:14 Il faudrait les mettre à l'écart, les psychiatriser, les mettre à l'hôpital.
03:17 Qu'est-ce que vous imaginez pour eux ?
03:19 La difficulté est là. Nous, on fait de la pédagogie, on ne fait pas du soin.
03:23 On ne fait pas du soin, contrairement à ce que certains aimeraient penser.
03:27 Donc, il y a au maximum un jour par semaine un psychologue d'éducation nationale qui doit gérer énormément de dossiers.
03:35 Dans mon collège, il y a 8,5% de personnes qui ont un dossier MDPH, c'est-à-dire reconnu porteur de handicap.
03:43 La moitié, c'est des troubles du comportement.
03:46 Donc, on n'est pas équipé pour, on n'est pas des soignants.
03:49 Or, on a des parents qui sont dans le déni ou alors qui sont simplement dans le confort
03:54 et qui veulent que leurs enfants soient hors de chez eux du lundi 8h au vendredi 17h.
04:00 Ils demandent une aide, mais ils refusent le soin.
04:03 Moi, je veux qu'il y ait du soin pour aider les gamins, quitte à ce que ce soit de la camisole chimique.
04:08 Il ne faut pas avoir de tabou à ce niveau-là.
04:10 Moi, je ne veux plus qu'on mette en danger des enfants et des adultes.
04:14 Alors, ceci dit, le procureur de Rennes a dit à ce stade des opérations concernant cette gamine,
04:20 il n'y a pas de radicalisation de djihadistes, le parquet antiterroriste ne se saisira pas de l'affaire.
04:25 On est plutôt sur un cas psychiatrique, mais enfin quand même, elle passe à l'acte.
04:29 Elle dit faire comme à Arras deux mois pile après Dominique Bernard.
04:33 Tout de même, on a ça en tête.
04:36 Il y a cette autre affaire à Issou la semaine dernière avec ce choc culturel.
04:41 Vraiment, on peut parler comme ça à propos d'une enseignante qui montre un tableau de maître
04:46 montrant des femmes nues à des élèves musulmans qui refusent de regarder ça
04:50 parce que c'est contraire à leur religion.
04:52 En fait, on se rend compte que ça n'arrête pas les incidents en ce moment avec l'ingrédient de la violence
04:56 et comme archétype, ce choc culturel entre l'école républicaine et l'islam, Fatia Boudjalata.
05:02 Là, au moins, on vous fait remonter ce genre d'incidents,
05:05 mais effectivement, il y a de plus en plus de violence entre élèves.
05:08 Et cette violence entre élèves, la multiplication des balayettes,
05:13 des coups dans un collège de Gennevilliers,
05:16 c'est une barre de fer utilisée qui a brisé la jambe d'un élève dans un collège.
05:20 Ça, ça ne remonte pas par contre.
05:22 Effectivement, il y a de la violence.
05:24 Notre clôture n'est pas hermétique à la violence qui vient du quartier.
05:28 On n'est pas des îlots protégés.
05:31 Et puis, il y a des contestations, des contestations d'enseignement
05:34 et beaucoup ont cru que seuls les profs d'histoire géo étaient des profs de laïcité,
05:39 qu'ils étaient les seuls à être concernés.
05:41 Maintenant, c'est les enseignants, enseignement par exemple, apprendre à nager.
05:45 Il n'y a pas d'enjeu nationaliste, patriotique, républicain derrière le fait de savoir nager.
05:50 Mais certains pensent qu'il doit y avoir un statut d'exception
05:53 si ma religion m'interdit de le faire,
05:57 ou plutôt si ma pratique orthodoxe de la religion m'interdit de voir quelque chose.
06:02 J'ai le droit de contester, ça fait effet boule de neige,
06:05 ça fait du scandale, ça plaît aux élèves, et surtout,
06:08 et c'est ça le problème, ils ont le soutien des parents.
06:11 Parce que c'est censé être un acte de foi,
06:13 donc c'est flatteur pour leur narcissisme, que ce soit celui des parents et des élèves.
06:18 Et moi j'en veux aux parents.
06:20 J'étais contente de voir que le ministre s'était déplacé,
06:23 il a tenu des propos fermes, il faut des sanctions.
06:26 Et je vois qu'il y a un changement, parce qu'il y a trois ans à Toulouse,
06:29 par exemple, un élève qui avait fait de l'apologie du terrorisme en classe,
06:32 qui contestait systématiquement et harcelait une prof d'arts plastiques,
06:37 il a fallu que le procureur s'en mêle pour que le principal accepte
06:40 de convoquer un conseil de discipline,
06:42 et bien, quelle a été la sanction décidée ?
06:45 Cet élève, fils d'un imam, a été dispensé des cours d'arts plastiques
06:49 jusqu'à la fin de l'année.
06:51 C'est ça qui est plus possible.
06:53 Maintenant, faut pas, il faut oser cliver, on n'est plus dans la pédagogie.
06:56 Avec ces gens-là, il ne faut pas être dans la pédagogie,
06:59 il faut être dans la fermeté.
07:01 Votre gosse, il va aller dans un collège qui est situé à 50 km,
07:04 il se lèvera à 5h du mat, et il sera seul, il ne sera plus avec ses copains.
07:07 Vous n'êtes pas d'accord ? Rendez-vous chez le procureur pour le rappel à la loi.
07:11 Il nous faut de la fermeté, et cette fermeté doit s'incarner à tous les échelons.
07:17 Le ministre semble être dans cette logique, j'en suis contente,
07:20 maintenant il faut les recteurs, il faut les directeurs académiques
07:23 et les personnels de direction.
07:25 - Merci beaucoup, Fatia Agakboudjalat.
07:27 J'en appelle le titre de votre dernier ouvrage,
07:30 "Laïcité, l'avenir ensemble".
07:32 C'est un thème qu'on ne pouvait pas trouver plus à propos en ce moment.
07:36 C'est aux éditions privates.
07:37 Bonne journée à vous, Fatia, merci à vous.