Category
🦄
Art et designTranscription
00:00 *Musique*
00:19 Place à la critique et place aujourd'hui à deux films avec de l'action, de la vengeance, du complot
00:25 mais aussi de l'amour, des bons sentiments et du drame. Bref, l'esprit de Noël est bien là
00:30 entre déchirement et résilience, entre la suite des Trois Mousquetaires et le film Winter Break.
00:36 On va voir si l'esprit de Noël reste là avec nos chroniqueurs, nos débatteurs.
00:40 Adrien Denouette, bonjour. Bonjour.
00:41 Vous êtes critique de cinéma et auteur. Face à vous, Thierry Chesse. Bonjour Thierry. Bonjour.
00:45 Journaliste critique de cinéma et vous êtes le directeur de la rédaction du magazine 1ère.
00:48 Soyez tous les deux les bienvenus dans les médias de culture.
00:51 *Musique*
00:56 Et on commence avec Les Trois Mousquetaires, Milady de Martin Bourboulon.
01:01 *Musique*
01:03 Tu crues à la liberté.
01:05 Les hommes, depuis que je suis femme, leurs mains m'ont prise, souillée, trahie.
01:13 *Musique*
01:15 Ma vie a été la leur, ma mort sera la mienne.
01:19 *Explosion*
01:21 *Musique*
01:24 Tout ce que j'ai fait, ou que je vais faire, je l'ai fait pour la grandeur de la France.
01:34 *Musique*
01:36 Ça y est, on y est. Voici la suite des aventures des Trois Mousquetaires, version année 2020.
01:41 Après d'Artagnan, l'on suivait l'arrivée du jeune Gascon à Paris, découvrant ses compagnons mousquetaires.
01:46 Athos, Aramis et Portos, mais aussi toutes les intrigues politiques entre catholiques royalistes et protestants républicains.
01:52 Voici donc Milady, la dangereuse.
01:55 Dont on ne comprend pas trop, enfin en tout cas c'est mon cas, peut-être que vous m'expliquerez les intentions, si ce n'est celles de se venger à tout prix.
02:01 D'Artagnan devra donc l'affronter, Milady, que ce soit pour sauver sa dulcinée Constance,
02:06 ou pour sauver le royaume parcourant les territoires de la Rochelle à l'Angleterre.
02:10 Moins sombre à l'écran, mais plus tragique dans ses destinées individuelles, plus elliptique dans les intrigues, mais plus approfondie dans les psychologies.
02:17 Est-ce que vous validez cette suite des Trois Mousquetaires, Thierry Chez ?
02:20 Oui, je valide. Je valide plutôt. Moi je trouve que l'exercice est à chaque fois impossible.
02:24 Même s'il y a deux films, on imagine plus une série.
02:28 Puisque comme à chaque fois, il y a tellement de personnages, qu'on va se dire "ah mais pourquoi il n'y a pas plus les Valets ?"
02:33 Ou telle intrigue !
02:35 Et pourquoi on fait autant de sous-intrigues, quitte à ne pas se concentrer sur les intrigues principales ?
02:40 Je pense que c'est impossible d'être totalement convaincu.
02:45 Mais il se trouve qu'au moins ça respecte le titre de ce deuxième volet, Milady.
02:50 On est sur elle, on espère !
02:52 C'est déjà bien !
02:53 C'est déjà bien, ça ne ment pas.
02:55 Et que dans cet ensemble de personnages, et dans ce film qui a un côté très classique,
03:01 voir débouler Eva Green et la proposition qu'elle fait, qui est un peu plus décalée,
03:07 presque à côté, la lettreur lui disait "il faut que tu joues droit".
03:11 Et je trouve que justement, elle ne joue pas droit.
03:13 Elle ne joue pas non plus contre le film, mais elle permet des petits virages qui amènent.
03:18 Et moi je trouve qu'elle a un charisme, une puissance, et qu'on a rarement l'occasion de l'avoir jouée en français
03:23 où elle exprime pleinement quelque chose.
03:25 Donc grâce à Milady, ça balaye beaucoup de méritissances.
03:28 Adrien Desnouettes ?
03:30 Alors, je suis très partagé sur ce film.
03:33 Parce que le premier volet m'avait complètement laissé sur ma faim.
03:38 Non pas des déçus, parce que je n'en attendais pas grand chose non plus.
03:41 Mais je faisais partie de ceux qui...
03:43 J'avais l'impression que le film me laissait le choix d'aimer ou pas.
03:45 Qu'il me laissait la responsabilité de choisir si c'était bien ou pas.
03:47 Alors qu'est-ce que tu en penses toi ?
03:48 Débrouillez-vous !
03:49 Débrouillez-vous avec votre avis critique.
03:50 Qu'est-ce que tu penses de ce qu'on a fait, de ce qu'on a retenté de faire,
03:53 à savoir du blockbuster français et tout ça.
03:55 Et je faisais vraiment partie du lot de ceux qui étaient déçus.
03:58 Je trouvais que c'était lait, vraiment à la croisée de...
04:00 Vraiment visuellement lait.
04:01 C'est un gros sujet, il faudra qu'on en reparle d'ailleurs.
04:04 Je reviens et après je reviendrai sur mes défis.
04:06 Mais à la croisée du Pacte des loups, qui est le dernier grand exemple de blockbuster de KPDP.
04:10 À la croisée aussi de Sergio Leone un petit peu.
04:12 Mais aussi de la direction artistique de Desigual.
04:14 Je trouvais ça vraiment très très moche.
04:16 Alors Desigual...
04:17 Desigual, une marque...
04:18 Pardon, pas si tout le monde sait ce que c'est Desigual.
04:20 Desigual est devenu lait d'un point de vue proverbial.
04:22 C'est bon, je sais pas comment m'expliquer.
04:24 Je sais pas ce que ça veut dire.
04:25 Et du coup, je trouvais que le film était un peu abandonné de ce point de vue là.
04:27 Abandonné à sa vitesse, abandonné à des ambitions autres.
04:30 Qui ne me satisfaisait pas tant que ça.
04:31 Là, oui.
04:32 C'est-à-dire que le film prend un parti pris qui est celui de la vitesse et de l'énergie.
04:35 On essaie de mettre de l'énergie dans des gros films français qui en manquent la plupart du temps
04:38 quand on essaie de faire du drame et de l'aventure.
04:40 Et ça marche.
04:41 Je trouve que le film est vraiment emporté dans sa vitesse.
04:43 Je suis d'accord avec Thierry, c'est plutôt dû au fait, assez paradoxalement,
04:47 c'est plutôt dû au fait qu'on recentre sur Milledi.
04:49 Paradoxalement parce qu'en fait, la promesse de recentrer sur Milledi, c'est la promesse
04:53 de recentrer sur l'aspect du livre d'origine qui est celui de la conspiration et du complot.
04:57 Or en fait, tout ça est complètement balayé.
04:59 C'est-à-dire qu'on ne comprend rien.
05:00 Je suis d'accord avec votre intro.
05:01 L'intention de Milledi, c'est son nom, c'est elle qui mène, c'est un fil rouge.
05:05 Mais qu'est-ce qui la meut ?
05:07 La vengeance.
05:08 Oui, d'accord, mais la vengeance, les vengeances des autres pourraient très bien aussi être…
05:12 Il y a d'autres vengeances en jeu.
05:14 Oui, mais c'est elle qui va aspirer un petit peu toute cette intrigue.
05:16 Surtout qu'on va essayer de la faire rentrer…
05:18 En fait, vous savez, c'est un peu de notre époque, on essaie de féminiser les intrigues.
05:22 C'est comme ça, on essaie de mettre des personnages féminins au centre de l'intrigue.
05:25 Aucun problème là-dessus.
05:26 Le problème, c'est que la forme que ça prend, et notamment dans le cinéma américain,
05:29 que le film regarde quand même beaucoup, c'est qu'on va faire rentrer des personnages
05:32 féminins dans des intrigues viriles.
05:33 Toujours aussi rapides, toujours aussi bastonnes, bagarreuses et tout ça.
05:36 Ça m'aurait posé problème si le film avait choisi quelqu'un d'autre qu'Eva Green.
05:39 Or Eva Green, je trouve que c'est un très bon choix.
05:41 Parce qu'Eva Green, il faut quand même rappeler qu'il est l'actrice francophone
05:44 la plus comic book de notre répertoire.
05:46 J'ai même envie de dire la seule, tout sexe confondu, c'est la seule qui a joué
05:49 dans des films comme 300, qui a joué de manière extrêmement convaincante,
05:52 qui a travaillé la physicalité de son jeu.
05:54 Et en fait, pourquoi j'en viens là ? Parce que paradoxalement, ça ne respecte pas du tout
05:57 le côté complot de Milady dans le Duma.
05:59 Mais Eva Green incarne et crédibilise les ambitions, je dirais, films d'action,
06:05 vraiment grands spectacles à l'américaine.
06:08 Que ce soit à l'américaine, que ce soit du côté du blockbuster, mais aussi de la série,
06:11 elle crédibilise ça. C'est-à-dire que je crois plus en Eva Green qui fait des scènes de baston
06:15 qu'en Pio Marmaille. Et d'ailleurs, le film l'a mise la moitié du temps.
06:18 Ça c'est intéressant aussi, parce que le premier volet, c'était vraiment un volet d'exposition,
06:22 d'Artagnan arrive, on voit comment il se lie d'amitié avec les trois autres mousquetaires.
06:26 Là, les autres mousquetaires, ils sont presque absents.
06:30 Pio Marmaille et Romain Duris, Aramis et Portous.
06:34 Et le film est beaucoup moins drôle, en tout cas, il joue moins sur cette veine-là,
06:39 il est beaucoup plus tragique.
06:40 Et parce qu'il y a moins Louis Garel aussi, parce que celui qui a apporté l'humour dans la première partie,
06:43 c'était le roi que Campé-Louis Garel, qu'on voit là maintenant dans deux ou trois scènes.
06:47 Parce que Pio Marmaille et Romain Duris n'étaient pas très présents dans le premier, ni très présents...
06:50 Un peu plus quand même, il y avait l'esprit de groupe.
06:52 Mais parce qu'il fallait présenter les personnages.
06:54 Mais ce qu'ils avaient à faire, alors que Louis Garel avait vraiment quelque chose à jouer,
06:58 je pense que comme Eva Green, c'est quelqu'un aussi qui a pris en charge son personnage
07:02 et qui a un peu dépassé ce qu'on lui avait demandé.
07:04 Et c'est complètement ça, c'est-à-dire que...
07:08 Comme on fait Milady à fond, on ne peut pas en deux heures de temps faire autre chose.
07:14 Et donc, on les élimine et on sent aussi qu'il y a plus une envie de réalisateur
07:19 de filmer Eva Green de par tout ce qu'on vient de dire, de par tout ce qu'elle amène.
07:23 Donc oui, on peut être frustré à partir de là.
07:27 On voit moins aussi la reine qu'un Kandil Kikrips,
07:29 on voit évidemment moins le personnage de Constance qu'un Kandil Kikrips,
07:32 parce qu'elle est capturée.
07:34 Donc, il y a un re-basculement.
07:36 C'est-à-dire que la première partie, on nous disait "voilà, tous ceux qui sont là,
07:39 choisissez ce que vous préférez".
07:41 Et là, non mais nous, on va mettre en avant elle.
07:44 C'est le très beau paradoxe du film, qui à mes yeux, par rapport à ce qu'il voulait faire,
07:48 à savoir Renaud et Claventure, le grand spectacle, la bagarre aussi,
07:51 on va dire, des 27 bons combats,
07:53 plutôt, moi je l'ai trouvé, j'étais déçu.
07:55 Mais c'est le grand paradoxe de ce deuxième volet que j'aime bien,
07:57 c'est qu'en fait, je le trouve plus viril que le premier.
07:59 Et justement pour cette raison-là.
08:01 Parce que c'est Milledy.
08:03 Non, en fait, c'est pas Milledy, c'est Eva Green.
08:05 Enfin, c'est vraiment, j'insiste.
08:07 C'est pas Milledy, c'est Eva Green.
08:09 C'est-à-dire qu'on va chercher cette actrice de film d'action
08:11 qui a joué dans le cinéma américain, qui est très plastique, qui est très figurale.
08:14 Et je trouve qu'elle est plus virile que tous les autres acteurs.
08:17 Mais ce qui est paradoxal, c'est que Martin Bourboulon
08:19 a tourné les deux films pratiquement en même temps.
08:21 Il a travaillé ce deuxième volet, il le dit, à partir des retours d'expérience,
08:25 c'est un mot beaucoup rire ce terme, dans des rétextes de spectateurs en salle
08:29 qui l'ont fait des remarques sur le premier volet en disant que l'image était trop sombre
08:33 ou alors trop jaune, que l'intrigue était trop touffue.
08:37 Donc il a voulu recentrer, mais paradoxalement,
08:39 le côté approfondi, tragique de trajectoire individuelle,
08:44 on le ressent pas tant que ça.
08:46 C'est-à-dire la dimension psychologie, tragique et tout, elle est pas du tout là.
08:49 Non, pas du tout.
08:50 Le film est tellement emporté dans sa vitesse
08:52 et dans sa volonté justement de satisfaire ce désir-là du spectateur.
08:54 Ça se sent vraiment le côté fan-service.
08:56 Le côté "qu'avez-vous pensé du film il y a 9 mois,
08:58 mine de rien 9 mois c'est le temps d'une gestation de montage,
09:00 ah on va réajuster".
09:02 Et on comprend que le parti pris qui a pris le film, c'était tout pour l'énergie,
09:05 tout pour l'action, la dynamique.
09:08 Ce qu'il arrive plutôt à faire.
09:09 Et du coup, il survole tout.
09:10 Il survole les émotions, il survole aussi sa substance tragique.
09:13 Il y a des élites qu'on croit en soirée dans Jason Bourne à un moment,
09:15 qui a pris le TGV, qui a pris un avion.
09:17 On passe de l'enveloppe à la rochelle Thierrichette justement.
09:20 Sur le côté éthropéliptique.
09:22 C'est le bon et le mauvais critère.
09:24 La vitesse, c'est qu'on ne s'ennuie pas pendant 2 heures.
09:26 Mais on se dit "mais comment, pourquoi, qu'est-ce qu'il s'est passé ?"
09:31 Vous réfléchissez trop.
09:33 La logique à un moment donné s'impose.
09:35 Il y a quelque chose qui ne marche pas.
09:37 On coupe, on coupe, on coupe.
09:38 Ça je regrette.
09:39 Par contre, je trouve que l'image c'est quand même mieux.
09:42 D'ailleurs, les toutes premières images qu'on avait vues,
09:45 la première photo, c'était vraiment très Pacte des loups.
09:47 Et on se disait "tiens, ça va être un peu un film".
09:50 Le Pacte des loups étant inspiré par les films de Kung Fu.
09:52 C'est cet esprit-là.
09:54 Et en fait, c'était l'image Pacte des loups mais sans ce qu'il y a derrière.
09:57 C'est très sombre.
09:58 Là, on revient à quelque chose de différent et ça, j'ai plutôt apprécié.
10:01 Par contre, le côté vivacité, on se dit "mais..."
10:03 Et de la même manière, sans réveiller la fin, on se dit "bon, et donc ?"
10:07 "Ah ben, rendez-vous dans 9 mois."
10:09 C'est assez étonnant.
10:11 Il va tellement vite qu'il ne prend le temps de rien.
10:13 Y compris de nous faire ressentir ses émotions.
10:16 Il y a quand même des drames qu'on ne va pas inventer.
10:18 Enfin, si vous connaissez un peu l'histoire.
10:20 Il y a quelque chose de tragique qui se passe à la fin.
10:22 Et il se trouve que le film ne prend même pas le temps d'infuser cette émotion-là.
10:25 Qui est quand même le minimum.
10:27 Ça manque quand même un petit peu.
10:28 Non, ça ne manque pas.
10:29 C'est là que je vous dis que c'est paradoxal.
10:30 C'est une impression paradoxale.
10:31 Moi, je trouve que ça manque.
10:32 Par exemple, sur le fait quand même de défendre un film.
10:35 Même si on oubliait le texte, le discours de Martin Bourboulon sur le fait qu'il veuille s'intéresser à des tragédies individuelles.
10:41 Il y a quand même un côté où ça manque de ne pas s'installer.
10:44 Un moment donné, avec Milady, avec Constance et aussi en fait avec d'Artagnan.
10:49 Qu'est-ce qui le pousse à suivre, à rechercher Constance ?
10:53 D'accord, l'amour, d'accord, la vengeance pour Milady.
10:55 Mais ce n'est pas assez.
10:56 C'est presque trop frais.
10:57 Ça manque si on avait été capable de faire un très grand film, un chef-d'œuvre.
11:00 Ce qui n'était pas…
11:01 Oui, bien sûr, on essaie toujours de faire un très grand film.
11:03 Surtout quand c'est très bien produit.
11:04 Mais je pense qu'ils ont resserré des intrigues.
11:06 Ils ont resserré des enjeux et des parties prises autour des retours spectateurs.
11:10 Et moi, ça ne me manque pas.
11:11 Parce que le résultat, je préfère un film qui échoue sur quelques aspects pour vraiment réussir sur sa colonne,
11:17 plutôt que quelque chose qui m'aurait ennuyé.
11:19 Alors le film est très divertissant.
11:21 La colonne, on est d'accord, c'est du divertissement.
11:24 C'est du grand spectacle.
11:25 Je trouve que même les scènes de combat sont mieux que dans le premier.
11:29 Y compris dans…
11:30 Alors c'est bizarre parce qu'on a un film très rapide et je trouve qu'on arrive sur ces scènes-là
11:36 à ne pas faire quelque chose d'ultra, ultra découpé.
11:39 On fait des plans, on serrerait des planches.
11:41 C'est presque là où à certains moments, ça prend le plus le temps.
11:44 Et du coup, la scène de la rochelle par exemple…
11:46 Voilà, j'aimerais en parler.
11:47 Moi, je trouve que c'est un morceau de bravo.
11:49 Elle vient en plus assez tôt dans le film, on ne sait pas.
11:51 Et puis, il y en aura une autre à la fin avec l'incendie.
11:53 Mais donc, moi, j'ai l'impression quand même que ça, cet aspect-là, est pris en compte,
11:58 est mieux pris en compte que dans le premier.
12:00 Peut-être parce que justement, on ellipse tout le reste.
12:03 On se dit bon, ben voilà, on va évacuer tout l'aspect psychologique.
12:07 Et on va vite et on va vous donner du combat.
12:10 Alors sur cette scène justement, la prise de la rochelle, où sont les protestants
12:15 et donc les mousquetaires au service quand même du roi vont défendre le territoire,
12:23 le royaume français.
12:24 Cette scène-là, elle est quand même assez incroyable, non ?
12:27 Adrien Desnouëlles, parce que vous étiez un petit peu mitigé sur le côté…
12:30 Bon, les scènes de combat, ce n'est pas génial.
12:32 Si, si, oui, elle me plaît, mais elle va tellement vite, je ne saisis pas tout être déçue.
12:35 Elle s'installe un peu, la pour le coup.
12:38 Oui, elle s'installe un peu, par rapport au reste.
12:40 En fait, j'ai vécu tout avec une espèce de vitesse accélérée.
12:44 J'ai eu l'impression que le film s'excusait presque d'exister en me disant
12:46 « t'inquiète pas, la fin arrive, regarde la porte des sorties par là-bas ».
12:48 Non, pas sur cette scène, non !
12:50 C'est pour ça que je dis que j'ai une appréciation paradoxale.
12:52 On dirait que c'est raté quand j'en parle, mais en fait non, c'est très divertissant.
12:55 Et c'est ce que je demandais en premier lieu à un blockbuster français, de ne pas m'ennuyer.
12:59 Parce que c'est peut-être mon problème, mais je m'ennuie souvent devant les films.
13:01 Celui-ci ne m'a pas ennuyé.
13:03 Et je pense que c'est le résultat de ses calculs.
13:05 C'est un très bon critère.
13:06 Mais j'aimerais revenir sur une chose pour finir, que vous avez souligné tous les deux.
13:09 A la fois sur le premier volet et sur ce deuxième volet, c'est que c'est vrai que c'est un film,
13:13 des films, dont on a du mal à dire s'ils sont bons ou pas.
13:18 C'est-à-dire qu'il y a quelque chose où il ne nous laisse…
13:21 Il n'y a pas vraiment de parti pris en fait.
13:23 Ceux qui veulent y voir un peu de tragédie en trouveront,
13:25 ceux qui veulent de l'action en trouveront.
13:27 Il y a vraiment une ligne.
13:29 Moi mon hypothèse c'est qu'on sait ce qu'ils ne sont pas et ce qu'ils essaient de ne pas être.
13:31 A savoir le seul grand spectacle de cinéma français qui marche,
13:34 à savoir de la grosse comédie populaire.
13:36 Et on essaie de faire autre chose qui marcherait.
13:38 Or, pardon, mais moi quand je sors d'un film comme ça,
13:40 que j'apprécie assez, je vous le dis une fois encore, c'est pas ennuyeux,
13:43 je reste sur l'idée que, pardon, mais désolé,
13:47 les deux meilleurs films de KPDP qu'on ait faits,
13:49 ça reste un Rapneau qui n'allait pas vite du tout,
13:52 à savoir Cyrano, et ça reste Les Visiteurs.
13:54 On n'arrive pas à transcender...
13:56 Ah, de KPDP Les Visiteurs, je suis d'accord, j'aime beaucoup les visiteurs.
13:58 On n'arrive pas à transcender... Alors de KPDP de costumes, pardon.
14:00 Donc on est vraiment restés bloqués dans les années 90, ça va.
14:02 Mais l'idée du blockbuster français qui tutoierait les sommets américains,
14:06 ça vient de là, ça vient des années 80-90,
14:08 Canal, tout ça, qui avait essayé de le faire.
14:10 Et de Claude Berry, qui est d'Ibrahim Sarrasam et donc de sa famille.
14:14 Et d'Ibrahim Sarrasam, quand il se lance dans ça,
14:16 il a Cyrano en tête, qui n'est pas produit par Berry,
14:18 mais il a Jean de Flaurette, maman des sources.
14:20 Et je pense que les critiques à l'époque sur Jean de Flaurette, maman des sources,
14:23 disaient un petit peu les mêmes choses.
14:25 Moi je trouve qu'en tous les cas, il y a quelque chose qui a réussi,
14:28 c'est qu'il y a une actrice qui convient au personnage,
14:32 et il y a un côté divertissement.
14:35 Ce divertissement qui était quand même l'ambition première de Dimitri Rassam,
14:39 moi je trouve que ça se posera.
14:41 Qui est le producteur.
14:42 Qui est le producteur et qui est vraiment l'initiateur de ce projet.
14:44 Oui il y a Martin Bourboulon, oui il y a les deux scénaristes de La Portée d'un Patelier,
14:47 mais c'est Dimitri Rassam qui fait que ce film est là, produit.
14:50 Bourboulon qui vient de la comédie, qui vient de papa et maman,
14:52 qui était une bonne comédie pour Berry.
14:54 Très bonne, deuxième volet très bon aussi.
14:56 En tous cas, allez-y pour Evagri.
14:59 Il me dira où elle est ou je jure de le tuer.
15:01 Prends garde Artagnan, cette femme t'a enjouté.
15:03 Nous sommes des tueurs, Artagnan, que cela vous plaise ou non.
15:06 Que chaque hérétique du royaume sache ce qu'il en coûte de défier le roi.
15:12 Mousquetaire.
15:14 Vous êtes soldats pour mourir ?
15:18 Je vous emmène là où on meurt.
15:21 Les trois mousquetaires.
15:26 Les trois mousquetaires.
15:28 Milady de Martin Bourboulon.
15:30 Je crois qu'Eva Green joue dedans, si j'ai bien compris.
15:32 C'est donc en salle aujourd'hui.
15:34 12h-13h30, les midis de culture.
15:38 Géraldine Mosna Savoie, Nicolas Herbeau.
15:42 Et on parle à présent de Winter Break d'Alexander Payne.
15:45 Monsieur, je ne comprends pas.
15:53 Ça saute aux yeux en effet.
15:54 Mais je ne peux pas être recalé.
15:55 Oh, ne soyez pas modeste, monsieur Koontz. Vous le pouvez tout à fait.
15:58 Monsieur Hannam.
16:00 Bonsoir, Marie.
16:01 Vous vous coltinez le babysitting de Noël cette année, alors comment ça se fait ?
16:04 Tu sais qu'il a fait ses études ici ?
16:06 Oui, c'est pour ça qu'il sait comment s'y prendre pour nous faire souffrir un maximum.
16:08 Ce sera votre rubicon. Je vous interdis de franchir le rubicon.
16:15 Winter Break.
16:20 Oh, merde ! Monsieur Hannam !
16:24 C'est l'histoire d'un prof d'histoire antique, bourru, antipathique, détesté de ses collègues et de ses élèves.
16:30 Mais c'est aussi l'histoire d'un élève, brillant mais insolent et isolé.
16:34 Et c'est aussi l'histoire d'une femme, cantinière, endeuillée par la mort de son fils au Vietnam.
16:39 Ces histoires sont la même, trois personnages qui se retrouvent dans un lycée privé huppé et déserté pendant les fêtes de fin d'année et qui vont devoir faire ensemble.
16:47 Alors évidemment, ils se détestent. Mais l'esprit de Noël, de réconciliation et de bienveillance, saura bien y faire.
16:53 Voici donc un film spécial 25 décembre, dans l'avène vintage des années 70 et des gentils mélos des années 90.
17:00 Est-ce que c'est le parfait conte de Noël ? Adrien Desnouettes.
17:03 Alors là, pour le coup, comme rarement, j'ai eu deux ressentis. Le film fait à peu près deux années.
17:09 Habituellement, vous avez combien de ressentis ?
17:11 D'habitude, j'en ai un. C'est-à-dire que j'ai un avis sur un film et puis voilà, c'est fini, je l'argumente et c'est terminé.
17:15 Là, j'ai vraiment eu deux. Très schizophrène.
17:17 Il nous dit tout aujourd'hui.
17:18 Ah oui, je vous livre vraiment les coulisses de ma folie.
17:20 Le rétexte de Adrien.
17:22 J'ai eu deux ressentis. Le premier, je suis absolument charmé. Mais vraiment charmé au bon sens du terme. Je suis séduit.
17:28 Alors, tout est fait pour me séduire aussi. Le logo de la Universal des années 70, dans sa patine vintage, un très très beau poudlard.
17:36 Un lycée, un établissement scolaire privé avec des acteurs qui sont plutôt vraiment tous assez bons.
17:41 Un niveau de jeu qui est d'emblée assez haut. Paul Djamati qui n'est quand même pas un manchot de l'interprétation.
17:47 Qui interprète le prof bourru.
17:48 Qui interprète ce fameux prof bourru. Cette espèce de Scrooge. C'est un peu le programme dixien.
17:54 Je ne sais pas comment on dit. Bref, le Christmas Carol.
17:56 Et je suis vraiment, absolument... Tous les chakras sont ouverts pour que j'accepte, que je l'adore et que tout marche.
18:04 J'avais envie de ce conte de Noël. On arrive à l'approche des fêtes. On a envie de quelque chose de très réconfortant.
18:09 Et pendant la première heure du film, en gros jusqu'à une soirée au milieu, je suis hyper charmé.
18:15 Et puis à un moment, il me plaît jusqu'à ce que... Quand je dis que c'est charmé, c'est qu'il y a vraiment un enjeu de reconstitution des années 70.
18:22 Et donc l'enjeu de ce truc-là, cinématographiquement, c'est d'avoir envie d'y être. D'avoir envie de vivre dedans.
18:26 Ce n'est pas le premier à le faire. D'ailleurs, dernièrement, on a eu beaucoup de films comme ça.
18:30 Quels que soient les sujets. Once Upon a Time in Hollywood de Quentin Tarantino nous donnait envie de se retrouver en 69.
18:34 Richard Linklater aime beaucoup ça aussi. Nous plonger dans les années 80 de son enfance. Dans des internats. Il adore ça.
18:40 Et ça marche bien. Jusqu'à ce que je comprenne qu'en fait, le fond du film est beaucoup plus conformiste que ce qu'il promettait.
18:45 Donc deuxième ressenti, là ?
18:46 Deuxième ressenti, je comprends qu'en fait, depuis le début, on est à Boston. On est dans une platine vintage des années 70.
18:51 On regarde beaucoup du côté du cinéma de cette époque-là. Notamment Alhaby. Alhaby, pour rappeler, c'est Harold Emode.
18:57 Alhaby, c'est Goodbye Mr. Chance. Que j'apprécie plutôt. C'est une grande référence des années 70.
19:05 Et je me dis bon, très bien, très bien. Emmène-moi sur le terrain mélancolique de Alhaby. Sauf qu'il n'y va pas.
19:09 Le film n'a pas le courage de sa mélancolie. Le film n'a pas le courage de sa misanthropie.
19:12 La misanthropie des personnages n'est jamais épaissie. Je ne crois pas une seconde à la misanthropie du personnage principal,
19:19 joué par Paul Giamatti, qui à chaque fois qu'il va se rendre coupable de quelque chose de sadique, va tout de suite, mais très vite,
19:24 être contrebalancé par une espèce de touche d'humanité.
19:27 C'est Noël !
19:28 Oui, c'est Noël. Mais pour ça, il faut qu'il y ait un conte. Si vous voulez un conte, il faut qu'il y ait d'abord des traits méchants.
19:31 Il faut qu'on creuse les personnages dans leur...
19:32 La cruauté !
19:33 Oui, exactement, la cruauté du conte. Je ne crois pas une seconde à la cruauté de ce personnage-là.
19:37 Je ne crois pas non plus énormément au désespoir du jeune garçon...
19:40 Angus ?
19:41 Angus. Je ne crois même pas à l'intérêt du film pour ce troisième personnage, qui est cette cantinière,
19:46 qui porte un peu toutes les casquettes des minorités, raciales, sexuelles, puisque c'est les seules femmes du film,
19:51 et minorités qui est en deuil. Et minorités sociales, évidemment. Parce que c'est plutôt un univers riche.
19:57 Je ne crois pas du tout dans le film. Et le film s'embourbe dans quelque chose de beaucoup plus...
20:02 Comme s'il était hyper pressé de montrer à quel point tous les personnages étaient...
20:06 Finalement très gentils.
20:07 Très gentils et qu'on pouvait les sauver, en fait.
20:09 Thierry Chez, combien de ressentis ?
20:11 En fait, deux. Mais moi, c'est le contraire. Moi, Alexander Payne, c'est un réalisateur que je peux aimer,
20:17 mais qui a toujours pour moi une dose de cynisme dans chaque film. C'est-à-dire qu'il y a un ton doux amer,
20:23 où quand même l'amertume l'emporte sur la douceur.
20:25 Pour les auditeurs qui...
20:27 On peut rappeler, c'est Sideways, c'est Monsieur Schmitt avec le sexagénaire que jouait Jack Nicholson,
20:34 totalement dépressif. C'est le personnage de George Clooney dans The Descendants,
20:38 qui est un avocat un peu dépassé, avec ses chemises à la magnum.
20:41 Il y a toujours chez lui quelque chose qui... Et à chaque fois, j'ai un doux ressenti qui me fait plutôt marrer.
20:46 Et puis qui, à l'arrivée, me gêne un peu parce que j'ai l'impression que je me marre contre quelque chose,
20:50 et pas avec. Et ce qui m'a, moi, séduit, c'est que justement, il y a un côté là, pour la première fois,
20:56 où, en effet, moi j'ai hâte... En fait, j'ai presque vécu comme Monsieur Spence,
21:00 à quel moment va arriver la saloperie, la méchanceté, le cynisme ?
21:05 À quel moment on va aller trop loin ? Et c'est parce qu'on ne va pas aussi loin que, du coup,
21:09 moi j'ai vécu le film d'une autre manière, en me disant "Ok, donc il va vers le Côte de Noël".
21:15 Je pense aussi que, moi, si j'ai aimé ce film-là, c'est parce que c'est des films qu'on ne voit plus
21:19 depuis un petit moment. - Alors voilà, c'est ce qu'il a aussi voulu faire.
21:22 - On est sacrément conscients. - Voilà, c'est ce qu'il a voulu faire,
21:24 c'est des films des années 90, avec des grands sentiments, Will Hunting par exemple.
21:29 - Où le sable n'est pas disparu. Et ça c'est vrai, parce que, évidemment, lui, sa référence c'est à l'âge bi,
21:34 et c'est les années 70, mais que nous et lui-même ramènent vraiment vers ça.
21:39 Le sable n'est pas disparu, et sa fameuse scène finale, où on s'aperçoit que ce professeur,
21:43 qui est mis dehors, et finalement une moitié des élèves... Et c'est ça qui fait
21:48 qu'il y a un attachement, comme une espèce de Madeleine de La Prousse qui revient.
21:53 Ce qui fait que ce n'est peut-être pas le plus grand défi, mais que moi j'y ai pris un attachement,
21:57 et j'ai accepté le côté un peu guimauve, d'aller jusqu'au bout de ça, et de ne pas avoir en effet,
22:03 un truc où on peut se dire "Ah, c'est quand même un peu lisse". Oui, c'est un peu lisse.
22:06 - Mais c'est marrant, parce que justement vous, Adrien, vous reprochez presque le fait de ne pas être assez loin.
22:11 Pas que dans la cruauté, mais aussi dans la mélancolie. Donc en fait, ce côté guimauve-là,
22:16 qu'a trouvé Thierrichès, vous ne l'avez pas trouvé finalement. On aurait pu aller encore plus loin
22:20 dans les bons sentiments. - Bien sûr, et c'est pour ça que je parlais de Alhambi tout à l'heure.
22:23 N'oublions pas que la mélancolie, ce n'est pas simplement une teinte, une gamme, ou un choix,
22:27 un parti pris, tiens on va faire un truc mélancolique. - Avec une photographie un peu matinée.
22:30 - La mélancolie, c'est un sentiment de vide, et quelque chose qui peut frayer même avec le morbide.
22:33 Donc des choses qui ne sont pas du tout sympathiques. Des enjeux qui doivent nous être ressentis.
22:37 Et d'ailleurs, dans des contes de Noël vraiment pour enfants, vraiment, une fois encore,
22:41 il est vraiment dans cette espèce de... Il est à la fois sur le body movie, c'est-à-dire l'idée d'appareiller des contraires
22:45 et de faire une espèce de récit comme ça de duo. Et il regarde très très fort sur les contes de Noël,
22:50 et donc sur A Christmas Carol de Dickens, et donc sur l'idée de Scrooge, c'est-à-dire l'idée du Grinch si vous voulez.
22:54 Un espèce d'acariâtre profondément misanthrope, dont on doit croire à la misanthropie.
22:59 Donc la vraie misanthropie, c'est-à-dire la haine. C'est-à-dire qu'il n'y a aucune haine dans ce film-là.
23:02 Et la mélancolie que je pouvais trouver par exemple dans Harold et Maude, qui n'est pas beaucoup citée
23:06 par le réalisateur, alors que je trouve que c'est ce vers quoi il regarde le plus en fait. Il regarde vers cette
23:11 espèce de couple transgénérationnel. Donc là c'est un jeune garçon et un père de substitution en fait,
23:17 qui vont se retrouver comme deux béquilles, qui vont comprendre qu'elles ont des terrains communs.
23:20 Harold et Maude, c'était beaucoup plus dérangeant. Il y avait une substance beaucoup plus morbide,
23:23 c'était un jeune garçon qui simulait des suicides. On allait très très loin dans ce que la mélancolie
23:28 peut avoir de profondément dérangeante. Et ça, c'était l'esprit des années 70. S'autoriser à faire ce qu'on s'interdisait
23:33 à faire avant, dans le cadre classique du cinéma américain. Et je trouve que là où le film est plutôt faux cul,
23:39 c'est qu'en nous promettant avec sa patine vintage des années 70, et même en citant Al HB, en nous promettant
23:45 de retrouver pas simplement le vernis ou la patine, mais aussi l'état d'esprit, la complexité des années 70,
23:51 en fait on surfe complètement là-dessus. Et on se retrouve effectivement plutôt sur des films de programme
23:55 années 90, mais qui ne sont pas... Pardon, moi j'aime bien le cercle des poèmes disparus, et surtout Good Will and Thing.
24:00 Déjà, il y avait Robin Williams qui est... - Qui était un peu le représentant de ce genre de film.
24:06 - De la mélancolie. Robin Williams, on sent la dépression intérieure. Et ça, Paul Giamatti, on fait des caisses.
24:10 - Donc il manque Robin Williams. Bon là, rien n'y faire. - C'est peut-être lié en effet à l'incarnation de Paul Giamatti,
24:16 que moi j'aime beaucoup, mais qu'on a du mal aussi à détester et à voir en totale misanthrope, quoi qu'il arrive.
24:21 - Il a presque un visage drôle en fait, burlesque. Parfois il a les yeux un peu arrondis, il lève les...
24:26 - C'est pas grave. - Non mais, William, ça fait... - Il est plus burlesque que mélancolique.
24:30 - Ça fait monstrueux, et la monstruosité ça peut être très très bien lié avec la mélancolie.
24:34 - Il y a un truc chez lui, qui fait qu'en effet, alors on a beau lui... On a beau montrer qu'il est rejeté par tout le monde,
24:40 qu'il a des problèmes de maladie qui fait qu'il a... D'un seul coup, il sent le poisson quand...
24:46 Il y a, c'est malgré Giamatti. Et en effet, quand on parlait de Robin Williams, que ce soit dans le cercle des poèmes disparus
24:51 ou dans le film "The Hunting", il y a un plan sur son visage et ça crée plus de choses. C'est pas que Giamatti est mauvais,
24:56 c'est pas du tout ça. Mais il n'arrive pas à transcender le rôle par rapport à ce que Robin Williams pouvait faire
25:04 sur un personnage classique comme le cercle des poèmes disparus. - De même que tout à l'heure, on a parlé d'un
25:07 "Eva Green movie", en fait c'était un Robin Williams movie, sans Robin Williams. - Voilà, c'est ça.
25:11 Alors, qu'est-ce qui se passe justement ? Alors, une question quand même sur ce genre de film, pourquoi ils ont disparu ?
25:16 Parce que Robin Williams a disparu aussi en fait ? Est-ce que cette veine-là, en fait, elle ne plaît plus parce qu'elle était
25:23 finalement un peu trop lisse, un peu trop conformiste, elle tombait un peu trop dans la guimauve ? On est dans une époque
25:27 de cynisme ? - Non, c'est clairement un manque de courage. On ne fait plus confiance aux auteurs indépendants,
25:31 de la part de l'industrie hollywoodienne, je veux dire. - Et aux sentiments aussi ?
25:34 - On est quand même dans un moment de crise pour le cinéma américain, qu'il soit indépendant ou industriel.
25:39 On est plutôt sur de l'indé. Il y a un moment de crise où en fait, les studios qui, avant, distribuaient les films
25:45 indépendants, n'osent plus partir sur des propositions aussi, non pas radicales, mais auteuristes.
25:50 - Exactement. Tous les studios, les grands studios, toutes leurs filiales auteurs sont arrêtées. Miramax, on sait ce qui s'est passé,
25:59 c'est quand même eux qui produisaient énormément de films en 1990. Bon, ben, Miramax est terminé depuis Feinstein.
26:03 Et que, en fait, ce qui marche aux Etats-Unis normalement, c'est les suites et les super-héros. Et ces films-là,
26:09 qui étaient un peu la norme, ont disparu. - Et ce qui est terminé par exemple, je ne sais pas si on peut clore là-dessus ou quoi,
26:14 mais en fait, ce qui faisait exister ces films, on parlait de Robin Williams, mais c'était des locomotives acteurs.
26:17 Or, ce qui s'est passé ces 20 dernières années, c'est la fin du star system. C'est-à-dire que Robin Williams a certes disparu,
26:21 mais Jim Carrey aussi, Eddie Murphy aussi. Il n'y a plus que Tom Cruise qui fait des films tout seul en solo, là, sur sa comète.
26:26 Mais sinon, on ne peut plus monter un film, on ne peut plus faire un Robin Williams movie. Parce que, en fait,
26:30 c'est les franchises qui ont complètement pris le pas là-dessus. - Winter Break d'Alexander Payne, donc sans stars,
26:35 en salle aujourd'hui. Mais un bon conte de Noël à vous de voir. Merci à tous les deux, Adrien Desnouettes et Thierry Chesse.
26:42 On vous lit dans le magazine. Première, toutes les références sont sur le site de France Culture, à la page de l'émission et sur l'application Radio France.