• l’année dernière
Transcription
00:00 *Musique*
00:19 Place à la critique ! Aujourd'hui, on va rire, on va s'esclaver, se taper des barres ou pas !
00:26 Deux spectacles d'humour sont à l'affiché, on en parle, Sophia Aram, Le Monde d'Après et le duo Dava avec Davanoff.
00:33 Un autre duo pour en débattre ce midi, Adrien Denouette, bonjour !
00:36 Bonjour !
00:37 Critique de cinéma et auteur, et face à vous un nouveau que nous accueillons avec plaisir, Guillaume Aurignac, bonjour !
00:42 Bonjour !
00:43 Critique de cinéma également réalisateur, soyez tous les deux les bienvenus dans les midis de culture !
00:47 *Musique*
00:51 Et on commence avec le spectacle de Sophia Aram, Le Monde d'Après.
00:56 Ségolène Royal, elle a quand même toujours été à la politique, parce que la sodomie est à la reproduction.
01:02 Divertissante, mais totalement inutile.
01:06 Est-ce qu'on peut rire de la gauche ?
01:09 *Rires*
01:11 Non, non, les gens de droite, taisez-vous !
01:13 *Rires*
01:15 Qu'est-ce qu'on a fait ?
01:16 La gauche, Zemmour, les féministes non-binaires, hétéro, cis, non-racisées, les anti-vax, Cyril Hanouna, Ségolène Royal, on l'a entendu,
01:24 les complotistes, aucun timbré n'échappe à Sophia Aram qui met tout le monde dans le même sac,
01:29 rayant dans ce cinquième spectacle, Le Monde d'Après, ceux-là même qui mettent leurs principes au-dessus de l'autodérision.
01:36 L'humoriste, mais se définit-elle encore ainsi, qui officie tous les lundis matins sur France Inter,
01:41 reprend ce principe des billets d'humeur, mais élargi à 1h10 de seule en scène et ponctué de sketch avec personnages.
01:48 Est-ce que vous avez ri, Adrien Desnouettes ?
01:51 Alors non, pas forcément, ou alors pour des raisons qui je pense n'étaient pas voulues de la part de l'humoriste.
01:58 En tout cas, j'ai envie de rebondir sur ce que vous disiez, est-elle encore humoriste ou a-t-elle définitivement dérapé sur autre chose ?
02:04 C'est déjà une question qu'on se posait en vérité à propos de Sophia Aram.
02:07 Sophia Aram, pour rappel, c'est quand même quelqu'un qui intervient sur France Inter depuis maintenant plus de 10 ans.
02:11 Depuis 2010.
02:12 Enfin, bientôt 15 ans. Avec des billets humoristiques fortement teintés de politique, qui de plus en plus, et notamment tout dernièrement, je trouve, sont de plus en plus teintés de politique et de moins en moins humoristiques.
02:22 Je dirais que ce spectacle-là, qui est une espèce de seule en scène qui prend pour prétexte un bilan d'étapes, Sophia Aram nous dit qu'elle a passé la quarantaine,
02:29 qu'elle se sent un peu ringardisée par l'évolution de la gauche, de la droite, de son positionnement personnel.
02:34 Je dirais que ce spectacle-là est l'occasion pour elle d'acter le fait qu'elle passe de l'humour à une sorte de profession de foi néo-conservatrice,
02:43 et donc à des partis-pris politiques qu'elle assume, dont elle a envie de nous faire part.
02:47 Le problème de ça, c'est que, d'humour, je ne vois plus exactement où on en est, de quoi il s'agit.
02:53 C'est bien que je n'ai pas énormément ri devant ce spectacle.
02:56 J'ai plus eu l'impression d'être dans une espèce de, vous savez, ces espèces de faux spectacles d'humour d'avant-meeting.
03:03 Vous savez qu'on voit parfois pendant les campagnes présidentielles, ça m'a un peu donné cette impression-là.
03:07 Tout en étant aussi quand même dans une espèce de chronique France Inter d'une heure, d'une heure trente.
03:11 Guillaume Aurignac hoche la tête, et je précise quand même que c'est Sophia Aram elle-même, à travers des interviews,
03:16 qui dit qu'elle a perdu un certain sens de l'humour, qu'elle se sent moins drôle et qu'elle s'en fout.
03:22 Et c'est arrivé notamment après 2015 et les attentats de Charlie Hebdo, et aussi les attentats du Bataclan.
03:29 Guillaume Aurignac, vous hochez la tête sur des sketchs de pré-meeting.
03:33 Oui, alors en fait, il faut quand même dire que ça se présente quand même comme un spectacle humoristique.
03:37 C'est un peu le problème, c'est de savoir où se nifle l'humour en fait dans le spectacle du coup.
03:41 Alors moi quand je l'ai vu, dans la file d'attente, il y avait un éditeur réaliste économique et un ancien directeur de l'OMC.
03:48 Alors ça, pourquoi dire cela en fait ? C'est parce qu'en fait, c'est un vrai intérêt pour la suite du spectacle.
03:54 C'est qu'on a un petit peu l'impression qu'on est dans une sorte de conférence humoristique au Rotary Club.
04:00 Et qu'il y a une espèce d'entre-soi des gens qui sont tous d'accord sur le fond politique de ce spectacle-là.
04:07 Et qu'on est venu un petit peu ironiser. C'est ça le principe de l'humour du spectacle.
04:11 C'est qu'on ironise sur les cibles que se donne Sophia Aram.
04:15 Je trouve que l'ironie quand elle vise des cibles aussi évidentes, en fait ce n'est pas très drôle.
04:25 C'est juste simplement des gens qui se réassurent. C'est une entreprise de réassurance je trouve.
04:30 Ça conforte des gens qui pensaient déjà comme elle-même. Ça ne va pas bousculer les a priori.
04:34 Ça ne bouscule rien du tout. Alors que le principe justement du rire, de l'humour, c'est de bousculer ses opinions.
04:38 C'est de bousculer les clichés, de bousculer ses préjugés. Et là c'est vraiment l'inverse.
04:42 C'est une entreprise de réassurance. Et c'est là où vraiment l'ironie n'est pas drôle du tout.
04:46 Mais en même temps ça, ça peut marcher pour plein d'humoristes.
04:48 Ce que vous dites, c'est que quand on va voir un humoriste qu'on aime, qu'on écoute, dont on suit les sketchs,
04:53 on a envie de l'entendre lui, avec un certain style, avec des certaines idées.
04:58 On est bousculé au tout début et puis quand on est accroché à l'humoriste, on est content de le retrouver.
05:03 Alors là si je peux me permettre, on est quand même dans une tradition qui est celle de l'humour politique.
05:07 Tradition très française. Dans la modernité que tout le monde connaît, on peut citer des gens comme Guy Bedos,
05:11 comme Christophe Alevec, Pierre-Emmanuel Barré. Elles s'inscrivent vraiment dans cette tradition-là.
05:16 Or, tout l'intérêt de ces spectacles-là, c'est évidemment que vous savez que vous avez un public acquis.
05:21 C'est-à-dire que vous êtes politisé, vous le savez.
05:23 Elle a son public qui vient la voir, qui l'écoute.
05:25 Gauche, sociale, démocrate, disons depuis une dizaine d'années.
05:28 Et elle se rend compte que ce programme-là a forcément évolué. Et qu'elle n'a pas forcément évolué avec.
05:32 Or, ce qu'il se passe c'est que le rôle de l'humoriste politique, c'est d'entraîner son public dans une remise en question.
05:37 D'entraîner presque son public dans une espèce de mise en absurde de ses propres convictions.
05:41 C'est là tout l'intérêt de l'humoriste.
05:43 D'aller chercher l'absurde là où son public ne l'aurait pas forcément vu.
05:46 Et surtout, surprendre son public.
05:48 Or, Sophia Aram, ce qui se passe pendant 1h30, et une fois encore j'y arrivais sans la moindre attente ou même opinion préconçue,
05:55 pendant 1h30, Sophia Aram ne fait que reflater son public et même, j'ai envie de dire...
06:00 Se reflater elle-même aussi.
06:01 Alors se reflater elle-même parce que le spectacle manque énormément d'autodérision.
06:04 Mais peut-être qu'on y reviendra un peu plus loin.
06:06 Selon moi c'est quelque chose de très important.
06:08 Je vais vous faire un comparatif très simple.
06:10 J'ai été voir dernièrement, alors que c'est pas du tout ma cam' en vérité,
06:12 mais j'ai été voir dernièrement Christophe Alevec.
06:14 Qui fait en fait à peu près le même humour, c'est-à-dire du seul en scène politique avec un public acquis.
06:18 Et bien j'avais trouvé que le spectacle de Christophe Alevec, qui était exactement sur le même programme,
06:21 c'est-à-dire "Je me sens vieux, je me sens ragardisé" par toute cette époque où ce qui était de gauche est devenu de droite,
06:25 et ce qui était de droite est devenu de gauche.
06:27 Christophe Alevec s'en mettait des caisses en fait.
06:29 Montrait à quel point il était devenu ringard et s'en mettait lui-même à son propre personnage.
06:33 S'en mettait je veux dire, se moquait de lui-même.
06:35 - Alors allons-y sur le... Vas-y.
06:37 - Non juste ça rééquilibrerait s'il y avait cette autodérision.
06:39 - Mais c'est même plus qu'un rééquilibrage, c'est nécessaire.
06:41 - C'est plus que de l'autodérision.
06:43 Enfin le problème c'est que moi, il me semble que le spectacle est un peu vicié dès le départ.
06:47 Pour une simple et bonne raison.
06:49 C'est qu'en fait les cibles qu'elle attaque c'est donc la partie mal séante de la société française.
06:53 Donc ça va être les gilets jaunes, ça va être les extrémistes, les antivax, les complotistes.
06:58 Et donc du coup, elle défend quoi ?
07:00 Elle défend le cercle de la raison.
07:02 Or le problème de l'humour, c'est de toujours faire trébucher la raison.
07:05 Toujours faire un pas de côté, de faire un glissement de la raison, de se rendre déraisonnable.
07:09 Et elle fait exactement l'inverse.
07:11 Puisqu'elle défend ce cercle de la raison avec des raisonneurs qui sont contents de raisonner.
07:16 Et donc l'humour est complètement bloqué.
07:18 C'est impossible d'avoir un spectacle drôle à partir de ce principe-là.
07:22 - Donc c'est là où on est sur le sujet de l'autodérision.
07:24 Mais aussi sur ce sujet que vous avez évoqué Guillaumoriniac, c'est-à-dire l'ironie.
07:28 Est-ce qu'on peut dire qu'un spectacle d'humour très politique peut se satisfaire uniquement de l'ironie ?
07:34 Pourquoi en fait l'ironie, comme elle le fait, ne serait pas à la hauteur d'un spectacle d'humour en tant que tel ?
07:39 - Parce que l'ironie c'est intéressant et ça marche.
07:42 Et effectivement c'est accompagné d'autodérision, d'ironie sur soi.
07:45 Or là c'est une ironie sur les autres.
07:47 Donc c'est des cibles qu'on se donne et sur lesquelles on va se moquer gentiment.
07:51 Gentiment, parce que c'est une sorte d'ironie très conventionnelle, très tranquille, très apaisée, très polie presque.
08:01 Donc elle se donne ces cibles-là, elle n'ironise jamais sur elle-même.
08:05 Et du coup ça bloque un petit peu tout son système.
08:08 Alors dans le stand-up il y a quelque chose qu'on appelle le punch-down et le punch-up.
08:12 - Expliquez-nous.
08:13 - Alors pour expliquer, le punch-up c'est quand on s'attaque au dominant.
08:16 Et le punch-down c'est quand on s'attaque au dominé.
08:18 Et là clairement son spectacle c'est du punch-down.
08:21 Sauf qu'il n'y a pas le punch. Il n'y a même pas le punch dedans en fait.
08:24 - Mais en fait elle dit, elle assume, Sophia Aram, de dire pourquoi le mépris social devrait-il concerner uniquement ceux d'au-dessus.
08:29 Il y a de quoi faire sur toute l'échelle sociale.
08:31 Moi je trouve qu'elle s'attaque aussi à ceux d'au-dessus.
08:34 Mais effectivement c'est ceux d'au-dessus de manière assez facile.
08:37 C'est-à-dire Ségolène Royal, Philippot, Zemmour.
08:40 C'est-à-dire en fait les personnes avec des politiques.
08:42 - Controversés.
08:43 - Et surtout déjà détruites.
08:44 - Et surtout déjà détruites par tout le monde.
08:46 Le travail de destruction de l'humoriste, elle ne le fait pas.
08:48 Elle ne fait que conforter les opinions de son public.
08:50 Et pour rebondir sur ce que disait Guillaume à l'instant sur l'autodérision et l'ironie dont l'ironie doit faire preuve à son propre chef.
08:56 Il y a quelque chose de plus important et je dirais même problématique par rapport au spectacle de Sophia Aram.
09:00 C'est que certes elle ne se moque pas d'elle-même.
09:02 Mais j'irais plus loin que ça, elle ne nous dit pas du tout qui elle est.
09:05 C'est-à-dire qu'elle se contente de ce personnage sur scène.
09:07 Elle se contente de débiter un texte qu'elle a co-écrit avec son mari.
09:10 Qu'elle débite, selon moi, un peu trop rapidement.
09:12 Mais surtout elle ne nous dit pas qui elle est.
09:14 Or c'est très intéressant de savoir qui est Sophia Aram.
09:16 - Je ne suis pas complètement d'accord avec vous Adrien, on doit te continuer mais...
09:18 - Bah Sophia Aram c'est quand même quelqu'un qui le revendique et qui l'assume dans son spectacle.
09:22 Mais qui est une représentante d'une communauté en France.
09:24 Particulièrement sur lesquelles il y a des sujets constants dans les médias.
09:27 Qui est la communauté d'origine maghrébine en France.
09:30 Or, Sophia Aram va se présenter pendant tout son spectacle comme une espèce d'émanation exemplaire de l'ascension sociale.
09:37 Et là où je dirais l'humour atteint quelque chose de problématique.
09:40 C'est que non seulement elle ne va pas se moquer d'elle-même.
09:43 Non seulement elle ne va pas se prendre d'elle-même comme sujet d'étude.
09:45 Mais elle ne va rien dire d'elle-même.
09:47 Elle va simplement se contenter, j'ai presque envie de dire, et c'est là que c'est très problématique.
09:50 Elle va se contenter de reprocher à cette communauté-là dont elle parle.
09:53 Avec beaucoup de clichés, que j'ai presque envie de qualifier de zémoristes, on pourra y revenir.
09:57 Mais elle va presque se contenter de dire à cette communauté-là.
09:59 "Je ne comprends pas pourquoi vous n'avez pas suivi mon chemin, pourquoi vous n'avez pas suivi mon modèle."
10:02 Et donc cette exemplarité-là, non seulement elle n'est pas drôle.
10:04 Mais j'ai envie de dire qu'elle est anti-comique.
10:06 Alors vous allez loin, là vous allez nous approfondir cette idée, d'ailleurs, Adrien Desnoëlles.
10:11 Mais là où je ne suis pas d'accord avec vous, c'est que Sophia Aram, elle retrace quand même son parcours.
10:15 Et elle fait presque un aveu, un aveu d'échec.
10:18 Elle ne cesse de dire "j'aurais voulu être de gauche, j'avais tout pour être de gauche, mais je n'y suis pas arrivée parce que moi je n'ai pas changé à la fin".
10:25 Elle fait un aveu d'échec, de non-transformation, de non-évolution de l'homme.
10:30 Elle en dit beaucoup quand même.
10:31 C'est un aveu d'opinion, c'est un aveu politique.
10:33 Ce n'est pas du tout un aveu de qui elle est.
10:35 Or, moi ce qui m'intéresse, c'est quand elle nous dit "je viens de Trappes".
10:38 Et qu'elle nous sert en fait une vision du Trappes qu'elle a connue.
10:41 Vision qui, si vous l'écoutez, correspond quand même à un fantasme très très travaillé dans la fiction française grand public.
10:48 Très travaillé aussi dans certains discours politiques.
10:50 Elle répond à ça dans son spectacle avec Adrien Desnoëlles.
10:51 Elle dit "quand je raconte ça, on me dit que je me trompe, on revient me dire que je n'ai pas vécu ce que j'ai vécu".
10:56 Elle reproche en fait à ces gens-là qui lui disent de dessiner un Trappes un petit peu idéalisé, que pour elle c'était vraiment sa réalité.
11:03 Peut-être.
11:04 Toujours est-il qu'elle ne fait que servir une soupe d'opinion, un tableau qu'on connaît très bien.
11:09 On sait très bien quelles opinions il sert.
11:11 Je n'ai rien contre l'idée de faire de l'humour de droite.
11:14 Si c'était poussé à l'extrême, si c'était poussé jusqu'à l'absurde, si justement elle allait me surprendre là-dedans.
11:19 Aucun problème.
11:20 Simplement, elle se contente de ce cliché-là.
11:21 Qu'elle ne remet pas en question.
11:22 C'est exactement ce qu'on disait tout à l'heure.
11:23 Elle prend des proies faciles, des cibles faciles, elle ne détruit rien.
11:26 Et certainement pas elle-même.
11:27 Il y a un moment très intéressant dans son spectacle, qu'elle effleure sans jamais approfondir, c'est qu'elle cite un moment une mère maltraitante.
11:34 Elle parle de sa mère maltraitante, sans jamais rien nous en dire.
11:37 Ce qui est pourtant, non pas forcément une obligation, un passage obligé d'un spectacle d'humour.
11:42 Mais si vous prétendez être exemplaire de quelque chose, ou du moins vous faire la voix de quelque chose, d'une opinion, d'un point de vue,
11:49 la moindre déshonnêteté comique, c'est d'aller nous expliquer en quoi vous êtes une anomalie.
11:54 En quoi votre point de vue mérite d'être...
11:56 Il y a aussi de la pudeur, j'imagine.
11:58 Oui, mais cette pudeur, je n'en ai rien à faire dès lors qu'on monte sur une scène et qu'on tente de faire de l'humour.
12:01 La pudeur dans un spectacle comique, effectivement, ce n'est pas l'endroit.
12:05 Et sur la question du biographique, de l'autobiographique, chez Sophia Aram,
12:11 effectivement, le spectacle est encore un croisement de spectacle politique et de spectacle autobiographique.
12:16 Le problème, c'est que les deux s'annulent l'un l'autre, en fait.
12:19 Parce que le spectacle autobiographique ne sert que son opinion politique.
12:23 Et à un moment, elle va utiliser le personnage de sa tante, Fatia...
12:27 Qu'on connaît, en plus, que les auditeurs d'Inter connaissent.
12:31 Mais il n'est utilisé que pour justifier son opinion politique. Il ne raconte rien de son enfance à elle.
12:35 Justement, parlons de la forme très rapidement. On a quand même deux minutes.
12:39 Ça alterne entre des notifications de téléphone, donc elle s'assoit sur un tabouret,
12:44 elle regarde ses notifications Twitter ou d'actualité.
12:48 D'ailleurs, il faudrait revenir, je pense qu'il faudrait faire toute une émission sur le rapport des humoristes à Twitter,
12:51 parce qu'ils ne parlent que de ça. C'est presque insupportable.
12:54 Les moments où elle fait des sketchs à personnage. Donc, Fatia, il y a Lorraine aussi.
12:58 On pense évidemment à une féministe qui porte ce prénom de Lorraine,
13:01 qui serait au croisement du véganisme non-binaire, enfin tous les traits un petit peu caricaturaux d'une féministe.
13:08 Et donc, des moments politiques.
13:10 Et effectivement, ces moments-là presque d'insert téléphonique, ces moments de personnage,
13:15 semblent presque même parfois mal tissés entre eux.
13:18 C'est quelque chose que j'ai envie de porter à son compte.
13:22 Elle assume complètement la forme ringarde.
13:25 Pas ringarde, pardon.
13:26 Vraiment ?
13:27 Non, je vais vous dire. Ringardisée par l'émergence spectaculaire du stand-up ces dix dernières années.
13:31 Mais ringardisée quand même. Elle assume complètement ce seul en scène,
13:33 qui consiste, comme vous l'avez très bien décrit, à une espèce de spectacle à la première personne,
13:37 où on n'oublie jamais qu'on a affaire à un personnage et à un texte,
13:39 dans lequel s'insèrent des petits sketchs, c'est-à-dire des personnages qu'on va plus ou moins bien faire.
13:42 Là-dessus, si on porte un jugement esthétique sur la qualité de la performance, je dirais que c'est inégal.
13:48 Et plutôt...
13:50 En fait, là où elle m'a le plus convaincu, c'est dans les sketchs.
13:53 Non, mais assez bizarrement, où elle m'a le plus convaincu.
13:55 Oui, certains personnages m'ont convaincu.
13:57 Lorraine, vous trouvez que c'est convaincant ?
14:00 Vu le nombre de critiques humoristiques qu'on a de féministes, c'est trop caricatural.
14:06 Pourquoi ? Pour ne pas dire qu'elle est végane ?
14:08 J'avais envie de nuancer par l'indulgence.
14:10 Mais je trouve que, oui, au moment où elle joue Lorraine,
14:13 c'est-à-dire une espèce de militante woke extrêmement hystérique,
14:16 non-binaire, un espèce de personnage très gratiné,
14:19 c'est le moment où Sophia Aram devient à la limite le plus monstrueux.
14:22 Or, pendant tout le spectacle, elle a tellement été exemplaire et angélique,
14:25 elle a tellement vendu l'angélisme de sa grande raison dont elle est la défenseuse,
14:29 que ce moment où elle déchire un peu son masque par l'excès, ça m'intéresse un peu.
14:34 Plus d'outrance. Guillaume Morignac, un dernier mot sur ces moments de sketch ?
14:38 C'est vous qui avez lancé cette idée-là. Comment vous en parlez ?
14:41 Effectivement, je pense que c'est la part la plus intéressante de son spectacle,
14:44 les moments de sketch, même si, encore une fois, c'est très affadé.
14:47 Et notamment sur le personnage de cette jeune militante woke.
14:50 En fait, ce ne sont que des clichés très attendus dans sa critique.
14:53 Et c'est un peu dommage. Parce qu'il ne faut pas s'interdire de critiquer,
14:57 de caricaturer les féministes, les woke. Il n'y a aucune raison de se l'interdire.
15:00 Mais il faut le faire de manière outrancière, délirante, faire un peu délirer la langue, la performance.
15:06 Et là, il n'y a rien de tout ça. C'est quand même très, très, très, très sage.
15:09 Donc, plus d'outrance sur les féministes.
15:11 Il y a des racisés dans la salle. Je suis hyper contente.
15:15 Non, mais il y a plein de racisés. On me les a mis devant. Je suis trop contente que vous soyez là ce soir.
15:19 Namasté.
15:21 Cœur sur vous et vagin avec les doigts.
15:28 Sophia Aram, le monde d'après. C'était la comédie des Champs-Elysées jusqu'au 29 novembre prochain.
15:32 Et puis en tournée à partir de janvier 2024 dans toute la France.
15:35 Et maintenant, Sacha, Béart et Augustin.
15:47 Chakel Popoulos, mieux connu sous le nom de Davaneuf.
15:51 Moi, je n'ai pas peur. Évidemment, l'islam, je pourrais dire mille blagues dessus.
15:58 Là, en ce moment, je n'ai pas de blague sur l'islam. Mais si j'en avais, j'en ferais plein, plein, plein, plein, plein de blagues sur l'islam.
16:06 Mais là, je n'en ai pas. En fait, voilà, je n'ai pas de blague sur l'islam actuellement.
16:11 Mais si j'avais une blague sur l'islam, je la dirais sans réfléchir.
16:18 Mais là, je n'en ai pas. J'ai pas de blague en ce moment. Enfin, j'ai pas de blague sur l'islam. Mais si, voilà, tu as compris.
16:25 Dava, pour divertissement, Ad Vita et Ternam est un duo composé de Sacha Béart et Augustin Chakel Popoulos.
16:32 Se présentant, je cite, comme les deux éditorialistes préférés des Français, hors Corse et hors Domtom.
16:38 Se situant au carrefour, je cite encore, du journalisme et de la rave party.
16:42 Volontairement gênant et bras sans large dans leur spectacle, Pédophobie, Météo et Gafave.
16:48 Dava revient donc avec Dava 9.
16:50 Et je m'arrête là, pour éviter de tomber dans les clichés et de dire qu'ils sont un duo pop, fluo et acide, faisant voler en éclats la novlangue sociétale.
16:58 Guillaume Aurignac, alors on en pense quoi de Dava ?
17:01 Pour les avoir suivis depuis 10 ans, ça fait donc 10 ans qu'ils opèrent dans les différentes salles de spectacle.
17:08 Il faut d'abord expliquer ce que c'est, parce que ce n'est pas très évident.
17:12 C'est un duo, Augustin Chakel Popoulos et Sacha Béart, qui met en scène une sorte de dialogue entre deux.
17:20 On ne sait pas si ce sont des personnages ou si ce sont eux-mêmes qui parlent.
17:24 On est constamment entre le premier, le deuxième et le troisième degré.
17:28 Et ce dialogue est une sorte de pastiche de ce que pourrait être un débat de plateau télévisé entre chroniqueurs.
17:34 Comme nous là en fait.
17:36 Un peu, voilà.
17:38 Sauf qu'ils le font légèrement délirer et ils lui imposent un rythme différent.
17:45 C'est-à-dire que parfois ça tombe complètement à plat, parfois c'est un peu hystérisé.
17:49 Et du coup, cet espèce de décalage léger, à la fois dans le rythme et dans la langue, par rapport à ce qu'est un débat de plateau télévisé,
17:57 organise une sorte de critique radicale, mais vraiment radicale, sous couvert d'être très sobre, très tranquille.
18:04 Une critique radicale de l'époque.
18:06 Et de l'époque à travers sa langue.
18:08 Parce que c'est un pastiche du langage communicationnel qu'ils font pendant 1h10 de spectacle.
18:13 Un pastiche que je trouve absolument étourdissant, absolument génial, parce qu'ils sont très intelligents.
18:18 Ils ont vraiment les bonnes références, ils savent exactement ce qu'ils font.
18:21 Et ils savent exactement faire ce petit pas de côté qui fait qu'on se dit "mais en fait cette langue ne veut strictement rien dire".
18:29 Cette langue qu'on parle tous, elle ne veut strictement rien dire.
18:32 Et donc c'est une sorte d'attaque par l'absurde de l'époque contemporaine.
18:36 Adrien Desnoëts ?
18:37 Non, je suis absolument d'accord avec Guillaume Aurignac.
18:40 J'irais même jusqu'à dire qu'actuellement sur la scène française humoristique, au sens très large, et il faut l'apprendre au sens large,
18:46 parce que comme ce que vient de dire Guillaume, c'est très difficile à définir ce qu'est le spectacle de Dava.
18:49 Mais sur la scène humoristique au sens large, je considère que ce sont les meilleurs représentants d'une espèce de rire à l'état pur.
18:56 C'est-à-dire d'une espèce de rire qui a d'abord pour mission de détruire le sérieux des autres.
19:01 Toute forme de sérieux, vraiment de disqualifier toute volonté de passer pour quelqu'un de sérieux.
19:06 Évidemment, à commencer par tous les gens chez qui on passe pour quelqu'un de sérieux.
19:09 À commencer évidemment par ce qu'on est en train de faire ici dans les médias.
19:12 C'est très difficile en plus de parler sérieusement de ce spectacle, parce qu'on l'enferme dans une catégorie,
19:18 on essaie de le définir, de dire "Ah c'est vraiment très drôle, ça fait exploser la langue".
19:22 Et finalement ça restitue, c'est presque trop enfermant pour ce qu'ils sont, pour ce qu'ils disent.
19:28 De parler de la langue vous voulez dire ?
19:30 De parler de Dava ainsi en fait.
19:32 Disons que pour essayer de faire comprendre, quand je dis essayer de faire comprendre les auditeurs,
19:35 c'est que je pense qu'ils sont peu nombreux à connaître Dava.
19:37 Dava, comme disait Guillaume, ça fait à peu près dix ans qu'ils sont sur les scènes.
19:40 Ils ont réussi à se fédérer via Youtube où ils ont commencé, puis ensuite des radios libres, qui s'appelaient Piaf à l'époque.
19:46 Ils ont réussi à fédérer un noyau très très fidèle.
19:48 Mais un noyau, si bien qu'on pourrait presque appeler ça de l'humour de garage, mais qui s'assume en tant que tel.
19:52 C'est-à-dire que c'est un humour sans compromission, extrêmement intègre, extrêmement authentique,
19:56 dans le sens où, et j'insiste là-dessus pour les auditeurs qui ne sauraient pas du tout ce que c'est Dava,
20:00 c'est-à-dire dans le sens d'un spectacle qui ne ressemble à rien d'autre de ce qui se fait en France.
20:04 C'est important de le dire.
20:05 C'est-à-dire qu'on n'est pas du tout dans le stand-up.
20:07 C'est-à-dire qu'on n'est pas du tout dans ce simulacre où le quatrième mur est tombé
20:11 et où on s'adresse à son public pour dialoguer avec lui.
20:13 Pas du tout.
20:14 On est dans une forme de sketch constamment glissant, délirant, où l'absurde reprend possession de chaque phrase
20:20 et où le public va être mis dans un état de, j'ai presque envie de dire, de vertige métaphysique.
20:25 Malaise ?
20:26 Ah mais plus que du malaise, de vertige.
20:27 C'est-à-dire qu'on peut vraiment sortir de ce spectacle si on ne sait pas du tout qui sont...
20:29 Un peu angoissé ?
20:30 Oui mais plus qu'angoissé.
20:31 C'est-à-dire qu'on ne sait plus en quoi croire.
20:32 Et je pense que c'est le but de ce spectacle.
20:34 On peut quand même se dire que le spectacle réside en deux parties.
20:39 Il est constitué de deux parties.
20:40 Il y a quand même une première partie qui est une sorte de satire, de pastiche, de démission télé avec des lancements foireux.
20:48 C'est un régime parodique intégral.
20:49 Voilà, c'est ça.
20:50 Et la deuxième partie, et ça c'est assez dingue, c'est entièrement consacré au remerciement.
20:56 Et alors moi je me suis dit au bout d'une demi-heure de spectacle, il remerciait.
21:01 Je me disais "ah bon, ok, c'est fini".
21:03 Et ça au moins on sait que la structure là déjà est déconcertante.
21:07 Guillaume Aurignac.
21:08 Oui la structure est déconcertante.
21:09 Après c'est vraiment quelque chose qui appartient.
21:11 Là pour le coup, si on doit leur chercher une référence, elle sera américaine, ce sera Andy Kaufman.
21:16 Alors c'est qui Andy Kaufman ?
21:17 Andy Kaufman, on va dire qu'il appartenait à la scène de stand-up dans les années 70 aux Etats-Unis.
21:22 Mais c'était une sorte de parodiste intégral de tous les personnages qu'il mimait sur scène.
21:28 Et on ne savait pas s'il était le personnage ou s'il était quelqu'un qui jouait le personnage.
21:34 Et il y avait une sorte de trouble et d'indécision constamment sur cette frontière là, et qu'il n'a jamais voulu lever.
21:39 Voilà.
21:40 Et Miloš Forman en a fait un film, "Man on the Moon" avec Jim Carrey, qui raconte très très bien ça en fait.
21:45 Et jusqu'à la fin, on n'a jamais su qui était Andy Kaufman.
21:49 Ce qui est très important de souligner, je rebondis sur ce que dit Guillaume Morignac,
21:52 tout le monde n'est pas obligé de connaître Andy Kaufman.
21:55 C'est extrêmement flatteur d'être comparé à Andy Kaufman.
21:58 Andy Kaufman avait la réputation d'être un performeur, qui d'ailleurs ne se définissait pas comme humoriste comique,
22:03 qui était absolument unique, qui ne ressemblait à personne d'autre.
22:06 Et j'abonde vraiment dans le sens de Guillaume, dans le sens où je suis d'accord,
22:10 la seule hérédité qu'on pourrait trouver à Dava, c'est vraiment Andy Kaufman.
22:13 Et dans le sens où, en fait on ne sait jamais s'il y a quelque chose derrière le masque d'Andy Kaufman,
22:18 et on ne saura jamais s'il y a quelque chose, en tout cas jusqu'ici,
22:21 s'il y aura quelque chose derrière le masque d'Augustin et Sacha de Dava.
22:24 Il y a vraiment cette espèce de grand trouble, de grande perturbation,
22:28 proprement comique, où on ne sait pas à qui on a affaire, mais jusqu'au boussole moral du sketch.
22:33 C'est-à-dire qu'on se sera moqué tellement de tout, dans tous les extrêmes politiques, dans tous les extrêmes philosophiques.
22:38 On aura tellement cité de choses extrêmement maîtrisées, parce qu'il faut rappeler aussi que certes on cite des choses et qu'on se moque des médias,
22:43 mais avec une maîtrise de cette langue, de cette novlangue, de l'absurdité de ce jargon, qui est incroyable, qui est virtuose.
22:49 Et bien ça, il n'y a vraiment que Andy Kaufman qui l'ait fait dans la scène humoristique, à ma connaissance,
22:54 dans la scène humoristique de scène occidentale. Je n'ai pas d'autre référence là-dessus.
22:58 Mais alors quand on est désarçonné aussi, on se demande si parfois, quand c'est gênant,
23:01 c'est-à-dire quand il y a des problèmes de rythme, quand il se donne mal la parole,
23:04 il y a des moments où on se demande s'ils sont mauvais, ou si c'est volontaire.
23:09 C'est volontaire pour qu'on se le demande en fait. Il faut qu'on se le demande.
23:13 C'est-à-dire que le principe, effectivement, c'est ce que dit Dont Cadrien, c'est qu'en fait il n'y a pas de fond.
23:18 Il nous échappe constamment ces personnages-là. Ceux qu'ils sont sur scène, ceux qu'ils sont dans la vie, on ne sait pas trop.
23:23 Il nous échappe constamment. Et pourquoi ? Parce que du coup ça nous renvoie en miroir à notre condition à nous.
23:28 Peut-être nous aussi, nous n'avons pas de fond. Nous sommes pris dans cette espèce de langage purement superficiel
23:34 qui utilise des tropes habituelles, des clichés, etc. On a l'impression qu'on se repose là-dessus constamment.
23:40 Et en fait ça n'a aucun sens. Et c'est un spectacle sur la signification impossible des choses, du langage en fait.
23:48 Adrien Desnouelles.
23:49 Sur cet aspect de la forme du spectacle et de ce que ça peut avoir d'être très perturbant, dans des moments très gênants, très longs,
23:54 avec vraiment des silences, je pense qu'il faut aussi se rappeler qu'il se moque de tout, mais y compris du rire.
23:59 Et donc y compris des conventions des spectacles des autres.
24:01 Et donc il y a une espèce d'hyper-maîtrise dans la volonté de ne pas être dans la réussite, de ne pas être dans le gag facile, la blague facile.
24:07 Il y a très peu de gags et de blagues en fait. Moi personnellement j'en décompte à peu près deux ou trois dans le spectacle.
24:12 Et pourtant on ne peut pas s'empêcher de sourire pendant tout le spectacle.
24:15 Ah même de rire quand même !
24:16 Ah oui oui oui, bien sûr.
24:17 Plus que de sourire.
24:18 On ne va pas aller chercher la punchline, on ne va pas aller chercher une mécanique, une routine d'expression de la blague traditionnelle, classique,
24:25 ou un sketch évident comme chez Sophia Aram.
24:27 Ou d'un côté on va passer, hop, Sophia Aram passe à Ludivine Lawoc de Services.
24:31 Lorraine.
24:32 Lorraine pardon.
24:33 Le problème en fait par rapport à ça c'est qu'en fait ils ne disent jamais ce qu'ils font.
24:36 Ils ne nous avertissent pas.
24:38 Pour les journalistes c'est frustrant.
24:40 C'est à nous de trouver notre chemin en fait.
24:42 Et c'est pour ça que ce n'est pas évident au début quand on les découvre, on ne sait pas où on en est quoi.
24:45 Si c'est du lard, du cochon, du premier, du deuxième, du troisième degré.
24:47 Est-ce qu'ils ont une approche différente en tout cas dans ce qu'ils nous montrent sur les réseaux sociaux ?
24:51 On a parlé de Youtube et des réseaux sociaux, ces vidéos qui sont souvent très courtes.
24:54 On les voit beaucoup sur Instagram et sur TikTok.
24:57 Et ce spectacle qui est donc plus dans la longueur, est-ce qu'on retrouve les mêmes choses ?
25:01 Est-ce que c'est différent ? Est-ce que ça se tient ?
25:03 Oui, oui, dans l'esprit c'est tout à fait équivalent.
25:05 C'est-à-dire que là, alors bien sûr à chaque forme va venir s'adapter le sketch et sa durée, sa temporalité.
25:10 Mais on est toujours dans l'idée de décevoir les attentes.
25:12 Si les autres sur Youtube font quelque chose, on va faire l'inverse de McFly et Carlito.
25:16 Si les autres sur Instagram vont avoir tendance à faire péter une blague au bon moment,
25:20 on va faire l'inverse et on va jouer sur la gêne.
25:22 Exactement pareil sur une scène de spectacle.
25:23 Et puis ce qui est paradoxal, c'est que pour le coup j'ai testé, montré une petite vidéo de Dava à un ami.
25:29 Et il était atterré.
25:31 C'est-à-dire vraiment, et c'est après qu'il m'en a reparlé en me disant
25:35 "en fait du coup j'en ai eu d'autres dans mon algorithme".
25:37 Et donc il les a regardées.
25:38 Et là en fait, il a commencé à rire.
25:40 Mais c'est quand même très paradoxal de ne pas susciter le rire, voire l'angoisse,
25:45 et d'être quand même dans un spectacle d'humour.
25:47 Moi je trouve que c'est quasiment à leur crédit.
25:50 C'est vraiment quelque chose qu'il y a à mettre à leur crédit.
25:52 C'est-à-dire qu'ils ne se sont jamais rabaissés à essayer de faire rire vite.
25:56 Il y a quelque chose que l'humoriste Louis Cicca disait, "ça ne m'intéresse pas d'être drôle".
26:00 Et vraiment il y a quelque chose comme ça chez eux.
26:02 Ils ne cherchent pas à être drôles en fait.
26:04 Mais Sophia Aram aussi le dit maintenant.
26:07 C'est la tendance des humoristes.
26:09 Elle en passe par les conventions du rire classique.
26:11 Eux ils cherchent à déconstruire effectivement le rire en même temps.
26:14 C'est un travail de très longue haleine et qui est à la fois très très très noble je trouve.
26:20 Pour revenir sur Sophia Aram et le contenu un peu angélique de ce qu'elle essaie de faire paraître sur son propre personnage.
26:25 Je dirais vraiment que Dava est la part démoniaque qui surgit à une époque où tout le monde veut être pris pour un modèle et un exemple.
26:31 Vraiment une espèce d'époque où sur Instagram tout le monde doit être pris pour modèle.
26:34 Eux vont faire exactement l'inverse.
26:35 C'est vraiment le rire dans son acception la plus démoniaque et donc selon moi la plus pure.
26:39 Guillaume Morignac, un dernier mot, je voulais en ajouter un.
26:42 Je suis absolument d'accord avec ce que dit Adrien.
26:43 Mais ils le font sans jamais l'afficher.
26:45 Ce que je trouve vraiment exceptionnel.
26:47 Alors allez voir Dava, Sacha Béhard et Augustin Chakelpopoulos.
26:51 Pour Dava 9 c'est au Théâtre Métropole jusqu'au 4 janvier.
26:54 Puis en tournée à partir de janvier 2024.
26:57 Prenez vos places parce que franchement c'est rempli.
27:00 Merci à tous les deux Adrien Desnouettes et Guillaume Morignac.
27:04 Vous retrouvez chers auditeurs auditrices toutes les références sur le site de France Culture,
27:08 à la page de l'émission Les Midis de Culture et sur l'application Radio France.

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