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00:00 [Musique]
00:09 Bonjour, bienvenue sur L'Instant TV, notre émission bourse où les professionnels de la finance des marchés
00:15 viennent nous partager leurs convictions, parler de leurs valeurs préférées du moment.
00:20 Aujourd'hui, c'est un habitué de la chaîne qui nous a rejoint, c'est Charles Poissigny de Sivry,
00:24 gérant de fonds chez Indépendance, à Sèvres-Paris, la région de Thôpes. Charles, bonjour.
00:30 Bonjour, Céline.
00:31 Deux mots peut-être sur votre maison, pour ceux qui n'ont pas vu vos brassages sur L'Instant TV.
00:36 Oui, Indépendance AM, c'est une société de gestion basée à Paris, qui est spécialisée dans l'investissement dans les PME-côtés,
00:42 Small and Mid-Cap, françaises et européennes. Voilà, on est une petite société, on est 8 personnes,
00:47 on gère un peu plus de 400 millions et on a une approche dite "Quality Value",
00:51 qui consiste en deux mots à investir dans des entreprises qui sont très rentables et qu'on achète objectivement pas cher.
00:57 D'accord. Alors, parmi ces valeurs, vous avez extrait trois aujourd'hui.
01:01 La première, c'est S2E, je précise que là où nous enregistrons, la cotation est suspendue.
01:07 Oui, alors S2E, c'est une entreprise de services informatiques qui capitalise un peu plus d'un milliard d'euros,
01:14 dont le cours est suspendu depuis hier matin à 52,90€. Nous sommes encore à l'instant dans l'attente de la publication d'un communiqué.
01:23 Historiquement, quand un cours est suspendu, il y a souvent des annonces de rachat.
01:28 Oui, voilà, sur S2E, il n'y a pas de problème.
01:30 On verra, on ne sait pas de quoi il en est. C'est peut-être un fonds de private equity.
01:33 Effectivement, le private equity fait ses courses en bourse en ce moment depuis quelques mois.
01:36 Oui, vu ce compartiment de la cote qui est clairement sous-évalué, donc c'est vrai que c'est des bonnes opportunités.
01:41 Les valorisations sont très basses. J'y reviendrai sur S2I. Donc voilà, il y a pas mal d'opérations sur la cote parisienne.
01:48 Ça peut être aussi la famille qui aurait décidé de sortir de bourse. Mais dans ce cas précis,
01:54 elle serait peut-être liée à un fonds pour pouvoir sortir les minoritaires.
01:58 Parce que comment est réparti le capital ? Je sais que c'est une ligne importante dans vos portefeuilles.
02:02 Oui, c'est une ligne historique chez Indépendance. On a investi pour la première fois en juin 2012, autour de 5€.
02:10 Sa cote aujourd'hui est quasiment 52. C'est devenu la première ligne du fonds France Mall, le fonds principal,
02:15 géré par William depuis 1992. C'est d'ailleurs un des principaux contributeurs à la performance du fonds France depuis cette époque.
02:23 Et c'est aujourd'hui la première ligne du fonds France et dans le top 10 du fonds Europe.
02:27 On verra ce qu'il en est. Si je reviens un petit peu maintenant sur les fondamentaux de l'entreprise,
02:32 c'est une entreprise qui desserre une clientèle essentiellement de grands comptes, en France et à l'international.
02:39 C'est plus de la moitié du chiffre d'affaires qui est réalisé à l'international.
02:42 C'est un peu plus de 10 000 ingénieurs, consultants en informatique qui y travaillent.
02:47 C'est une entreprise qui fait un peu plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires.
02:51 Une marge opérationnelle qui était sur le dernier exercice quasiment à 10%,
02:55 qui serait un petit peu en baisse cette année parce qu'avec l'inflation sur les salaires, ça viendrait un peu tasser la marge.
03:01 Maintenant, l'entreprise est extrêmement rentable. Si je regarde la rentabilité des fonds propres,
03:05 c'est vraiment un critère qu'on regarde de très très près chez Indépendance.
03:07 C'est d'ailleurs avec ce critère qu'on mesure nous la qualité intrinsèque, la rentabilité intrinsèque d'une entreprise.
03:13 Elle est de plus de largement supérieur à 20% depuis de nombreuses années.
03:19 C'est une value en termes de perspective de croissance ?
03:22 Alors, ce n'est pas une entreprise de croissance dans le sens où elle ne fait pas partie d'un secteur très recherché dans l'intelligence artificielle, dans la cybersécurité.
03:31 Néanmoins, c'est clairement une entreprise de croissance,
03:34 puisque si je regarde sur les 8 dernières années, le chiffre d'affaires a augmenté en moyenne de plus de 15% par an.
03:39 Oui, ce n'est pas d'hypercroissance, mais c'est d'une belle croissance.
03:41 C'est une croissance qui est à nos yeux très forte.
03:44 On parle d'une croissance supérieure à 10%, donc 16% en moyenne sur 8 ans.
03:48 Et d'après vous, ça va continuer ?
03:49 Alors, on ne sait pas si ça va continuer, mais elle a toujours fait progresser ses résultats.
03:54 Et en parallèle, si vous voulez, parce que le chiffre d'affaires c'est bien, mais si ce n'est pas rentable, ça ne sert à rien,
03:58 le résultat par rationnel courant a accru de plus de 20% en moyenne par an sur cette même période.
04:02 Donc la rentabilité s'est améliorée, même si elle devrait un peu se tasser cette année, probablement.
04:07 C'est ce qu'annonce le management, c'est ce qu'ils annonçaient la semaine dernière à l'occasion de la réunion de résultats.
04:12 Néanmoins, ça reste sur des niveaux très rentables.
04:15 La situation au bilan est extrêmement saine, il n'y a pas de dette.
04:18 Ils ont plus de 160, 170 millions de mémoires de cash net au bilan.
04:23 Voilà, donc le bilan est extrêmement sain.
04:25 Et en termes de valorisation, parce que nous, ce qui nous intéresse, c'est des entreprises qui se développent de façon très rentable
04:30 et qui sortent aux productions de marché intéressantes.
04:33 Et qui ne sont pas toujours mal évaluées, c'est sûr.
04:34 Pour être précis, on est sur un price earning, un PER, sur les résultats de l'année en cours de 12 fois.
04:41 Ça se paye 11 fois la capacité d'autofinancement, c'est ce qu'on regarde aussi de près.
04:46 Et pour parler en multiple d'EBITDA, qui est un multiple sur lequel le private equity s'exprime beaucoup, on est à 7,4 fois.
04:54 Oui, donc on peut comprendre que c'est similaire à la réalité.
04:57 Le private equity, aujourd'hui, se paye, entre guillemets, un peu plus de 9 fois.
05:01 Donc on est sur une décote de plus de 20% par rapport aux moyennes.
05:04 C'est vrai que les acteurs privés viennent faire leur marché sur la cote.
05:06 Voilà, donc on verra.
05:07 On attend de communiquer avec impatience.
05:09 Il s'agit probablement d'une opération de ce type-là, oui.
05:11 Parfait.
05:12 Deuxième valeur que vous allez nous faire découvrir, parce qu'on ne doit être pas…
05:16 Enfin, il n'y a pas beaucoup à la connaître.
05:18 C'est des Belges, c'est Mouriconstruct.
05:20 Ah oui, alors Mouriconstruct, c'est une société belge.
05:23 Je sors un peu des frontières, on est aussi en informe Europe.
05:25 On reste en Europe.
05:26 Donc c'est une toute petite société familiale qui prend ses racines au début du XXe, en 1920, je crois.
05:32 Donc à partir à 60%, la famille Moury.
05:35 C'est une toute petite capitalisation de l'ordre de 125 millions d'euros.
05:39 C'est un promoteur, les maisons de l'île du Metz ?
05:41 Alors, ils sont dans la rénovation et la construction de bâtiments non résidentiels.
05:46 Nous sommes allés les voir à Liège.
05:48 Donc on a pu visiter certains de leurs chantiers.
05:50 C'est des gros hôpitaux, des écoles, des musées, des bâtiments publics pour l'essentiel.
05:57 C'est 155 millions de chiffre d'affaires en 2022 qui était en croissance de 15%,
06:01 avec des très belles marges puisqu'on a une marge débit/dat de plus de 16%
06:04 et une marge opérationnelle de plus de 15% à 15,5%, évidemment.
06:09 Ils ont un carnet de commandes, c'est ça qui nous rassure, entre guillemets.
06:12 Ils ont la visibilité puisqu'ils ont un carnet de commandes qui est vraiment très solide,
06:17 à 248 millions d'euros pour être précis.
06:19 Je recherche, je regarde mes notes.
06:21 Donc c'est 1,6 fois le chiffre d'affaires de l'année dernière.
06:24 Les dernières prises de commandes, c'est la rénovation de logements sociaux,
06:28 d'une école près de Charleroi, d'un nouveau bloc opératoire dans un hôpital aussi dans la banlieue de Liège.
06:36 Pas de Liège, mais aussi de Charleroi, enfin en Wallonie.
06:39 Bref, des contrats de ce type-là.
06:41 Et ce qui est très intéressant sur ce dossier qui est peu connu,
06:44 c'est que la valorisation n'est pas basse, j'ose le terme, ridicule.
06:49 Parce qu'ils sont assimilés aux promoteurs qui eux sont en difficulté.
06:52 La construction souffre beaucoup, tout le monde le sait, les promoteurs souffrent en ce moment.
06:56 Mais eux c'est vraiment un marché de niche très bien implanté dans leur région.
06:59 C'est une société familiale qui a plus de 100 ans aujourd'hui,
07:03 et qui se paye aujourd'hui 2,3 fois les bid'as.
07:06 Donc on est 75% en dessous des niveaux moyens du private equity.
07:09 On part beaucoup à ce secteur-là, puisque finalement notre principal "concurrent", c'est le private equity.
07:15 Et en termes de PER, qui est peut-être plus familier pour nos auditeurs, on est autour de 7,8 fois.
07:20 Voilà, donc c'est honnêtement ridicule.
07:23 Sachant que les perspectives sont très bonnes, le bilan est sain, ils n'ont pas de dettes,
07:27 ils ont plus de 60 millions d'euros de trésorerie, ils rachètent leurs propres actions.
07:31 Alors justement, le défaut c'est la liquidité, non ? Le manque de liquidité ?
07:34 Alors oui, c'est le principal défaut d'une entreprise de cette taille-là,
07:39 puisque ça capitalise à peine plus de 100 millions, 60% appartient à la famille, donc le flottant est réduit.
07:45 Maintenant, nous sommes des investisseurs de long terme.
07:48 S2E, par exemple, dont je parlais tout à l'heure, est dans le portefeuille depuis 2012.
07:52 La performance annualisée du titre depuis cette date-là est de quasiment 20% en annualisé.
07:58 Donc on a le temps, il faut être patient pendant l'investissement.
08:02 Donc vous amassez au fil d'eau.
08:05 Troisième valeur, c'est Technip Énergie, donc ce n'est pas le Technip,
08:09 c'est un spin-off de Technip Énergie sur les renouvelables.
08:13 Alors voilà, c'est un spin-off de Technip FMC, qui date de 2021.
08:18 Donc c'est une entreprise d'ingénieurs de services,
08:23 très active dans l'exécution de projets et de fournitures de technologies pour les infrastructures énergétiques.
08:31 Donc ils ont pour clients des gros majors pétroliers et gaziers.
08:35 Le gros driver de leur activité, c'est le développement, pour ne pas dire l'explosion du GNL,
08:41 donc du gaz naturel liquéfié.
08:44 Il y a d'énormes projets en cours, notamment au Qatar, sur lesquels ils sont très présents.
08:50 Ça marche comment ? Ça marche sur des appels d'offres.
08:53 Il y a peu d'acteurs finalement qui sont aussi bien,
08:57 enfin qui savent répondre à ce type de besoin de projets comme Technip Énergie.
09:03 C'est 15 000 salariés Technip Énergie, c'est quand même énorme.
09:06 C'est 6,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires.
09:09 Et en termes de perspective, plus intéressant,
09:12 ils ont un carnet de commande de plus de 18 milliards.
09:16 Donc ils ont la visibilité et ils communiquent sur un pipeline commercial,
09:20 pour reprendre leur terme, de plus de 50 milliards.
09:22 C'est pour vous dire la visibilité qu'ils ont sur leur activité,
09:25 que ce soit dans le GNL, et dans la décarbonation, la production d'hydrogène dit "vert",
09:30 puisqu'ils sont très forts sur des procédés d'électrolyse des puces à la pointe.
09:34 Et en termes de valo, c'est dans les cours ou pas ?
09:36 Et en termes de valorisation, alors nous on est actionnaire depuis quelque temps,
09:39 on en est satisfait, et aujourd'hui le cours est sur des niveaux de valorisation
09:43 qui sont tout à fait abordables à nos yeux, puisqu'on est sur un niveau de PER,
09:47 de l'exercice en cours, de 10,5 fois, enfin inférieur à 11,
09:51 et sur un multiple débit/dat de 5,9 fois.
09:54 On compare toujours au 9 du nombre du private equity, si vous me permettez,
09:58 soit une des cotes de l'ordre de 35% par rapport à ces...
10:00 Et en termes de rentabilité, vous avez dit qu'il y a un backlog de 50 millions ?
10:03 Oui, nous ce qu'on regarde c'est la rentabilité des fonds propres, historiques,
10:06 on ne fait pas de... on ne spécule jamais sur des espérances d'amélioration de rentabilité
10:10 à n+2, 3, 4, 5. Actuellement, en 2023, on aurait une rentabilité des fonds propres
10:15 de l'ordre de 18%, en tout cas elle était déjà de 19% en 2022,
10:19 donc ça répond à nos critères de qualité et de rentabilité.
10:23 Parfait. D'une manière plus globale, peut-être un petit bilan de 2023,
10:28 puis surtout, vous voyez, le début 2024 ?
10:31 Oui. 2023, ça a été une année encore compliquée pour les small et mid-cap,
10:35 dans son ensemble, les performances sont inférieures à celles du CAC 40,
10:39 qui est très fort, tiré par le luxe, vous le savez mieux que moi.
10:43 Donc le segment, dans son ensemble, souffre d'un désintérêt des investisseurs.
10:48 Le private equity captant une grande partie des flux, grâce à un marketing très bien fait, très bien mené.
10:58 Plus de l'argent qui est parti sur les obligs...
11:01 Oui, plus les fonds de dette échéance qui ont très bien marché suite à la hausse des taux.
11:06 Donc voilà, on constate un désintérêt pour cette crise active.
11:11 On voit pas mal de présidents de ces côtés, surtout de cap et mid-cap, et c'est vrai qu'ils souffrent.
11:15 Voilà, qu'ils souffrent, qu'ils s'en plaignent peut-être.
11:17 En tout cas, il y a un réel désintérêt, mais le bon côté, c'est que...
11:20 C'est l'opportunité des voies d'entrée, bien sûr.
11:22 Le côté intéressant aujourd'hui, c'est qu'on est sur des valorisations qui sont très très basses.
11:25 En tout cas, le private equity ne manque pas de faire ses courses, si je puis dire,
11:28 sur ce segment largement dévalorisé.
11:31 On va peut-être le voir avec effectivement l'administration...
11:33 Avec le COVID, on attend de communiquer avec un patient.
11:35 Et 2024, alors ?
11:36 2024, alors nous, on fait pas de prévision.
11:38 C'est très compliqué.
11:39 Personne n'avait prédit le COVID, personne n'avait prédit la guerre en Ukraine.
11:42 Donc on se garde bien de faire des prévisions officielles.
11:45 Maintenant, notre sentiment se base sur des faits.
11:49 C'est que les valors, encore une fois, je me répète, sont très très basses
11:52 pour des sociétés qui sont très rentables, qui ne sont pas moins réelles
11:56 que les sociétés rachetées dans le private equity,
11:59 bien que private equity communique très bien en disant qu'il insiste dans l'économie réelle.
12:04 La bourse n'est pas irréelle, on n'est pas dans le métaverse.
12:08 Oui, enfin, c'est la société.
12:10 Ce sont des vraies sociétés, avec des vrais employés, un vrai chiffre d'affaires
12:13 et une vraie rentabilité, mais avec une valorisation qui est de 40% inférieure
12:17 à celle du private equity, encore une fois.
12:20 OK, donc une opportunité sur le capital.
12:22 Oui, à long terme, c'est clairement...
12:24 Ça finira par arriver, espérons que ce soit au bout d'un milliard.
12:26 Ça fait 5 ans que les smalls sous-performent les larges,
12:28 donc les larges en ont un, on en a un.
12:29 Au bout d'un moment, il y a un quilibrage, un arbitrage qui s'opère.
12:31 Voilà, la bourse, à long terme, pèse la création de valeur de façon à peu près rationnelle.
12:35 Charles, merci pour cette expertise, ce partage d'expertise.
12:37 Merci pour votre invitation.
12:39 Merci à tous de nous avoir suivis.
12:41 Je vous rends vite sur Investisseur TV avec un nouvel amitié.
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