Mardi 12 décembre 2023, SMART IMPACT reçoit Julien Bellynck (Directeur Général, Eficia) , Tawfiq Nasr Allah (Cofondateur et CTO, Fairbrics) , Éric Baudry (Vice-président, AFPAC, Association Française de Pompes à Chaleur (AFPAC)) et Gaspard Bricout (Chef de projets RSE transition écologique et énergétique, Kingfisher)
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 [Musique]
00:08 Bonjour, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif.
00:13 Et voici le sommaire du jour.
00:15 Mon invité, c'est Eric Baudry, vice-président de l'Association française pour les pompes à chaleur.
00:20 Il réagira notamment à la stratégie énergie-climat dévoilée par l'État en entamant une loi de programmation
00:27 attendue l'année prochaine. Dans notre débat, on se demandera quelles actions mener pour économiser l'énergie
00:33 dans les bâtiments tertiaires qui représentent près de la moitié de la consommation française.
00:37 On dévoilera les solutions de pilotage existantes.
00:41 Et puis, dans notre rubrique consacrée aux start-up éco-responsables, je vous présenterai Fairbricks
00:46 qui transforme le CO2 en fibres synthétiques. Vous verrez, c'est passionnant.
00:51 Voilà pour les titres. C'est parti, c'est Smart Impact.
00:54 [Générique]
01:01 Bonjour Eric Baudry, bienvenue.
01:03 Bonjour Thomas.
01:04 Vous êtes donc vice-président de l'Association française pour les pompes à chaleur,
01:07 mais aussi directeur des affaires publiques du groupe Intuis.
01:10 La stratégie énergie-climat du gouvernement, ça fait...
01:15 Bon, elle a été dévoilée, mais on attend encore la loi de programmation énergie-climat
01:19 qui doit nous donner une sorte de feuille de route pour les cinq prochaines années.
01:24 Mais en fait, on pourrait même se projeter plus loin. Qu'est-ce que vous en attendez ?
01:28 Pourquoi c'est tellement important pour un secteur comme le vôtre ?
01:30 Alors, trois enjeux. Un premier enjeu qui est lié à la réduction nécessaire des consommations d'énergie
01:35 de l'ensemble des bâtiments. Quand on parle des bâtiments, ce sont nos maisons individuelles,
01:39 nos appartements, nos entreprises, nos locaux d'une manière générale.
01:42 Les bâtiments publics également sont concernés.
01:44 C'est aussi une réponse à l'engagement et à la nécessaire réduction des émissions de carbone du pays.
01:50 Nous sommes plutôt en France sur une tendance très, très positive.
01:53 Et c'est également un engagement pour la filière. Ce sont des impacts relativement importants.
01:58 D'une part pour la filière industrielle de la pompe à chaleur, en France comme en Europe.
02:03 Et puis c'est également au sein de la filière un impact, ce sont des impacts relativement importants
02:10 sur la question de l'attractivité des métiers de l'industrie, mais également l'attractivité de la filière de l'installation.
02:16 Pourquoi la feuille de route donnée par l'État, pourquoi vous en êtes dépendant d'une certaine façon ?
02:24 Vous voyez ce que je veux dire ? Parce que c'est un secteur privé, ça bosse.
02:27 Les pompes à chaleur, les Français les découvrent de plus en plus, de mieux en mieux.
02:32 Pourquoi l'action de l'État, l'impulsion donnée par l'État est importante ?
02:36 Parce que l'État français a pris des engagements relativement importants dans cette logique de transférent la base de la SNBC,
02:42 la Stratégie Nationale Bas Carbone, qui embarque encore une fois et la réduction des consommations et la réduction des émissions de carbone.
02:48 Mais pour ce faire, il faut travailler sur de nouvelles technologies.
02:51 C'est ce à quoi se sont attelés l'ensemble des industriels, soit de la chaudière qui évolue vers la pompe à chaleur,
02:57 soit des fabricants, comme nous sommes, de pompe à chaleur sur le territoire français.
03:01 Cette période de mutation ne se fait pas en deux ans.
03:06 Nous sommes sur un temps long lié aux investissements industriels.
03:11 Nous sommes en industrie sur un temps de l'ordre de sept années, entre le moment où on décide et le moment où on devient rentable sur ce type d'investissement.
03:18 Et puis la rénovation des logements, ça n'est pas une mince affaire.
03:21 Il y a un impact budgétaire relativement important.
03:24 Il y a des niveaux d'investissement qui sont quand même importants, entre 15 et 18 ou 15 et 20 000 euros, en fonction des typologies de logements pour des maisons individuelles.
03:35 Et puis il y a un qui peut se compenser aussi par le retour sur investissement.
03:40 Le retour sur investissement se calcule de plus en plus aisément, notamment avec le prix de l'énergie.
03:46 Et ça dépend aussi de primes, de subventions qui pourraient être allouées par l'État ?
03:51 Alors oui, il existe aujourd'hui un dispositif qui est important et qui est plutôt conséquent en termes d'accompagnement qui s'appelle MaPrimeRénov'.
03:58 Globalement, il y a deux dispositifs, MaPrimeRénov' et puis un dispositif qui sont les certificats d'économie énergique,
04:04 qui permettent aussi d'accompagner et de distribuer une part de financement.
04:10 L'un dans l'autre, MaPrimeRénov' plus les C2E permettent, en fonction, tout est calculé sur la base du revenu fiscal du foyer concerné,
04:19 peut aller entre 15 et 60% voire plus pour les logements les plus précaires, pour les foyers fiscaux les plus précaires.
04:30 Et quand on parle de précarité, on parle de précarité énergétique et non pas de précarité sociale.
04:34 Alors je vais rappeler cet objectif ou cet engagement, je ne sais pas quel terme employer, pris par le président de la République, c'était le 25 septembre 2023.
04:43 Voilà cette citation d'Emmanuel Macron. Nous avons décidé de tripler la production de pompes à chaleur d'ici à 2027 et d'arriver donc à produire
04:51 un million de pompes à chaleur sur notre territoire. C'est important et de former en parallèle 30 000 installateurs.
04:58 C'était lors du Conseil de planification écologique. Il y a beaucoup d'infos et on va les reprendre les unes après les autres.
05:04 D'abord, peut-être d'une manière générale, est-ce que c'est réaliste ? 1 million en 2027.
05:09 C'est très ambitieux et ça peut être réaliste avec un accompagnement de l'Etat et des pouvoirs publics de l'ensemble de la filière industrielle.
05:22 C'est atteignable. Nous sommes encore une fois sur une échelle de temps qui est relativement courte.
05:26 Nous sommes en 2023 et produire un million de pompes à chaleur sur le territoire français, c'est accessible.
05:31 Mais encore une fois, il va falloir s'y mettre très rapidement.
05:33 Aujourd'hui, on en produit combien ?
05:35 Sur la technologie la plus généralisée qui permet de répondre au remplacement de chaudières, fions ou gaz, énergie fossile.
05:44 Il est installé aujourd'hui 350 000 pompes à chaleur en France.
05:50 Donc, il faut faire 300 % ?
05:51 Ça veut dire qu'il faut faire x3 à minima, sachant qu'aujourd'hui, les appareils, les 350 000 machines qui sont installées ne sont pas toutes produites sur le territoire français.
06:00 C'est ça.
06:01 C'est ça le grand écart.
06:02 C'est pour ça que je disais que sur notre territoire, c'est un élément important.
06:07 Ça veut dire quoi ?
06:08 Ça veut dire installer de nouvelles usines, de nouveaux sites industriels.
06:13 Il y en a pas mal déjà aujourd'hui en France.
06:15 Il y a déjà un grand nombre aujourd'hui d'entreprises qui sont implantées sur le territoire français et qui viennent à la fabrication de pompes à chaleur.
06:21 Deux grandes natures d'industrie.
06:23 Les fabricants de chaudières historiquement implantées sur le territoire français qui ont amorcé une conversion, une mutation progressive de leur activité vers la production de pompes à chaleur.
06:37 C'est-à-dire qu'ils continuent de produire les deux, mais en se préparant à produire de plus en plus de pompes à chaleur.
06:42 C'est ça.
06:43 Avec une période de biseau, sachant qu'on a déjà aujourd'hui une interdiction du fioul et du remplacement du fioul dans les logements.
06:49 D'une part, il y aura une pente progressive sur la mise sur le marché des solutions gaz pour favoriser les solutions dites à énergie renouvelable que sont les pompes à chaleur.
06:59 Cette première catégorie des industriels implantés de grande taille qui produisent en quantité importante et de qualité des chaudières gaz, pour l'essentiel aujourd'hui,
07:09 à la fois des solutions pour ce qu'on appelle les installations seules ou des installations murales.
07:14 Il y a une question d'ailleurs dans le programme de rénovation sur les solutions murales en logement collectif.
07:19 Et puis des industriels comme nous sommes qui avons pris le... Nous sommes au moins deux sur le territoire français,
07:24 avoir déjà amorcé depuis une quinzaine d'années en ce qui nous concerne cette évolution.
07:30 Et nous avons donc engagé un certain nombre d'investissements sur la pompe à chaleur et sur les solutions de production de chaude par exemple.
07:37 Mais pour faire fois trois. Je reviens à l'objectif annoncé.
07:41 Il faudrait qu'il y ait des concurrents qui naissent. Il faudrait que vous puissiez démultiplier vos usines.
07:48 Produire autant sur le territoire.
07:50 Il existe déjà aujourd'hui sur le territoire français une base industrielle qui doit muter, qui va devoir muter.
07:56 Donc soit par extension, soit par transformation.
07:59 Et par transformation encore une fois progressive d'un outil industriel qui produit aujourd'hui de la chaudière, enfin des chaudières.
08:05 Oui, ça veut dire on produira moins de chaudières au gaz et on produira plus de pompes à chaleur.
08:09 Donc c'est atteignant. Mais encore une fois nous sommes sur une échelle de temps qui est extrêmement courte.
08:13 L'ambition des initiales était calée pour 2030.
08:18 Vous n'aurez pas échappé qu'entre temps il y a aussi un épisode électoral à l'horizon 2027.
08:25 Sans doute. C'est sans doute aussi pour ça qu'il y a un peu de politique de la déclaration du chef de l'État.
08:31 On l'a bien compris. Mais elle est pleine de bon sens.
08:33 Il y a un autre défi quand même. C'est former en parallèle 30 000 installateurs.
08:40 Je crois qu'il y en a 20 000 aujourd'hui, c'est ça ?
08:42 Oui, 25 000 installateurs existants qui sont à former.
08:47 Parce qu'il faut déjà former là aussi cette base qui a des compétences plutôt de très bonne qualité en termes d'installation, d'entretien et de maintenance.
08:56 Mais sur des solutions existantes, sur des solutions fossiles, donc des entretiens de chaudière.
09:02 Il faut aussi les accompagner, il est nécessaire de les accompagner.
09:04 Il y a toute une démarche qui est amorcée par l'AFPAC, par les organismes de formation, mais également par les industries pour les accompagner dans cette transformation de leur métier.
09:13 Ceux qui sont déjà là. Mais combien il va falloir en recruter ?
09:15 30 000.
09:16 Ah oui, 30 000 c'est en plus.
09:18 30 000 en plus. A recruter ou à créer. Quand on dit accréler, nous sommes aussi confrontés aujourd'hui à la question de l'attractivité des métiers et de l'installation.
09:27 Justement, vous êtes en concurrence avec d'autres secteurs sur ces postes particuliers ?
09:33 Étrangement oui, parce qu'il y a d'autres activités industrielles en France, que ce soit l'automobile, l'histoire des gigavacteries ne vous a pas échappé.
09:41 Je vous pose la question parce qu'on reçoit beaucoup de secteurs, beaucoup d'entreprises et cette question du recrutement est cruciale pour tout le monde.
09:48 Donc vous allez être en bagarre pour recruter ces dizaines de milliers d'installateurs.
09:54 Cette période de recrutement s'est tendue depuis les trois dernières années.
09:58 Donc nous travaillons, notamment au sein de l'AFPAC, sur la question de l'attractivité.
10:03 Chercher de nouveaux talents, on voit un certain nombre de profils qui sont dans des périodes de conversion, de reconversion,
10:10 qui vont quitter des métiers manuels ou des métiers artisanaux et qui s'intéressent à ces métiers techniques, parce que la pompe à chaleur est aussi une solution technique.
10:20 Un atout, c'est de participer à la transformation environnementale.
10:24 Quand on cherche à donner un peu de sens à son métier, ça vous jouez beaucoup là-dessus ?
10:29 On joue beaucoup, c'est une partie effectivement de nos éléments de langage sur le sens ou la quête de sens
10:34 et cette capacité qui est donnée par ce grand mouvement à accompagner justement cette transformation environnementale,
10:40 cette nécessaire transformation environnementale et énergétique.
10:45 Il y a un deuxième point aussi en termes d'attractivité, qui est l'attractivité des métiers de l'industrie.
10:50 Parce qu'on parle beaucoup de la filière de l'installation et c'est nécessaire,
10:54 et nous manquons et nous allons manquer très prochainement d'acteurs de l'installation.
11:01 Mais quand on parle d'installation, il faut aussi parler de l'entretien et de la maintenance de ces équipements.
11:06 Il y a une deuxième grande verticale qui est l'attractivité des métiers de l'industrie.
11:11 Pour les produire, ces pompes à chaleur, il va falloir recruter aussi dans les industries.
11:15 Merci beaucoup. Merci à vous.
11:17 Merci Eric Baudry d'être venu nous parler de ces enjeux passionnants.
11:20 A bientôt sur Bismarck. On passe à notre débat.
11:22 On va continuer de parler du secteur du bâtiment, le pilotage, des consommations d'énergie au programme.
11:28 Le débat de Smart Impact avec Gaspard Bricou. Bonjour.
11:38 Bienvenue. Vous êtes chef de projet RSE Transition écologique et énergétique chez Kingfisher.
11:43 Julien Bélinx, bonjour et bienvenue. Bonjour.
11:45 Directeur général d'Efficia. On s'était vu ici il y a quelques mois déjà pour parler de pilotage des consommations d'énergie.
11:54 Je voudrais quand même présenter rapidement vos entreprises respectives.
11:58 Kingfisher, Gaspard Bricou, secteur de la rénovation du domicile, c'est ça ?
12:02 Oui. Kingfisher, c'est un groupe anglais. Kingfisher France, c'est les anciennes de bricolage Castorama, Bricodépôt.
12:10 Moi, aujourd'hui, je suis représentant de l'immobilière Kingfisher. On est bien sur le parc immobilier du groupe.
12:16 C'est à peu près 220 sites en France. Autant de sites à gérer aujourd'hui, surtout le parc immobilier.
12:23 Avec des enjeux, évidemment, de pilotage de consommation dont on va parler.
12:27 Vous travaillez avec Efficia. On verra comment, Julien Bélinx, votre métier.
12:31 C'est ce pilotage de la performance énergétique des bâtiments. Comment ça marche ? Quels outils vous proposez pour le faire ?
12:37 Efficia, on est une entreprise spécialisée dans le pilotage énergétique des bâtiments en tertiaire.
12:42 Nous pilotons au jour le jour, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, les systèmes de CVC, chauffage, ventilation, climatisation et d'éclairage,
12:49 des bâtiments de nos clients à la place des occupants, en collaboration avec les occupants, mais généralement à la place.
12:55 On éteint la lumière, on allume la lumière, on change les consignes de température à la place des occupants.
12:59 Comme ça, ils se soucient de leur métier principal, qui est la vente, en l'occurrence, mais ils ne se soucient pas des consommations d'énergie du bâtiment.
13:08 Ils laissent ça à un professionnel.
13:09 Vous nous redirez comment vous faites, mais peut-être sur les enjeux, ce parc immobilier tertiaire, ça représente quoi dans nos consommations ?
13:17 Le parc immobilier tertiaire, c'est le secteur du bâtiment dans son ensemble.
13:23 C'est quasiment la moitié des consommations d'énergie en France, tout secteur confondu.
13:28 C'est beaucoup plus important que l'industrie, le transport ou que sais-je.
13:33 C'est à peu près la moitié et le secteur tertiaire, c'est une part, peut-être 20 ou 30 %. Je n'ai pas le chiffre exact.
13:40 Ce qui est important, c'est de se dire que nos bâtiments, en général, consomment la moitié de l'énergie consommée dans tout le pays.
13:48 C'est évidemment un enjeu de décarbonation qui est majeur.
13:52 En quoi consiste le projet avec Efficia ? Comment vous travaillez ensemble ?
13:56 Nous, on travaille avec Efficia depuis 2017, sur la partie GTB, gestion technique des bâtiments.
14:04 Aujourd'hui, Efficia pilote à distance grâce à une interface spécifique, tout ce qui est consigne de température intérieure ou extérieure,
14:16 pour permettre aux équipes magasins de ne pas être impactées sur leur business, mais de faire en sorte que ce logiciel puisse nous accompagner au quotidien sur la gestion et le pilotage de l'énergie.
14:28 Il faut savoir que sur cette plateforme, on pilote aussi nos consommations énergétiques, gaz et électricité, de chaque magasin.
14:36 2017, on a 5 ou 6 ans de recul. Quelles économies avez-vous pu faire ?
14:41 Il y a plusieurs éléments qui rentrent en compte dans les économies d'énergie qu'on a pu faire sur le parc immobilier.
14:49 Aujourd'hui, on est à -20% grâce à Efficia, par rapport à des années antérieures.
14:57 Mais aussi, il y a tout le mécanisme de plan de sobriété qui a été mis en place avec le gouvernement.
15:02 Aujourd'hui, on a à peu près 20% d'économies d'énergie grâce à ce plan de sobriété énergie.
15:10 Que ce soit sur les périodes été ou hiver.
15:13 Quand justement on est dans cette période, on remonte un an en arrière. Il y a un an, on se disait est-ce qu'on va avoir de l'électricité cet hiver ?
15:20 Est-ce qu'il va y avoir des coupures ? Le parc nucléaire s'est un peu amélioré depuis. Donc on n'a plus cette angoisse.
15:29 Mais quand vous entendez le gouvernement parler de plan de sobriété, vous dites on est déjà prêt ? Est-ce que ça a été ça votre première réaction ?
15:37 En fait, nous ça fait plus de 10 ans que les sujets de l'énergie au sein de l'immobilière Kingfisher, on les traite.
15:44 Que ce soit sur la partie GTB qu'on a mis en place depuis 2017, mais aussi sur d'autres actions, notamment les pompes à chaleur.
15:53 Donc changement de pompe à chaleur en chaudière-gaz en pompe à chaleur 100% électrique, comme le disait la personne juste avant.
16:00 Oui, c'était notre thème d'ouverture.
16:02 Voilà, et ensuite on a mis en place, on est aussi certifié ISO 50000. En fait, cette certification AFNOR nous accompagne en fait sur le management de l'énergie de tous nos sites en France.
16:12 Donc pour Castorama, c'était depuis 2015, et Bricodépôt depuis 2018.
16:16 Quand vous arrivez, Julien Bélinx, sur un parc immobilier pour une entreprise comme Kingfisher, c'est quoi le point de départ ? Un audit, j'imagine, savoir d'où on part ?
16:28 Alors, pas tout à fait. Le point de départ, c'est qu'on installe un système qui permet d'envoyer des ordres et pour pouvoir commander toutes les machines de chauffage, de ventilation, de climatisation et d'éclairage du bâtiment en question.
16:41 Donc on installe ce système et ensuite ce système-là, on le connecte à Internet pour pouvoir converser avec lui à distance.
16:47 Donc on converse avec des robots, avec un logiciel et on converse aussi avec des énergéticiens, donc des spécialistes de la performance énergétique des bâtiments
16:55 qui vont optimiser les réglages au jour le jour pour ne consommer que le strict nécessaire.
17:01 Et alors, comment on atteint 20% ?
17:04 Comment on atteint 20% ?
17:06 L'économie. Est-ce que c'est bien d'ailleurs ou est-ce qu'on peut faire beaucoup mieux ?
17:09 Alors 20%, c'est une moyenne. 20%, c'est une moyenne.
17:13 Quand on se met à piloter un site dans lequel il y avait déjà des gens qui faisaient attention, on va plutôt faire 15% ou 12% d'économie
17:22 parce qu'on va aller plus loin qu'un humain en intégrant les prévisions météo, l'inertie thermique du bâtiment, etc.
17:27 Enfin, on va intégrer des données qu'un humain ne peut pas calculer à chaque seconde.
17:32 Nous, avec nos algos, on y arrive.
17:34 Et en revanche, quand on peut s'adresser aussi à des bâtiments dans lesquels il y avait un peu moins de rigueur auparavant,
17:39 où une fois sur deux la lumière reste allumée, le chauffage est éteint au mois d'avril quand il commence à faire chaud,
17:45 et là, on peut aller jusqu'à 40% d'économie.
17:48 Donc je dirais que c'est assez hétérogène, mais la moyenne sur un parc immobilier tertiaire comme celui de Castorama, par exemple, c'est à peu près 20%.
17:57 – Quand vous vous installez, le défi c'est quoi ?
17:59 C'est de gêner le moins possible les équipes qui sont au travail ? C'est facile ?
18:04 – Alors, ce n'est pas facile parce que les bâtiments sont encore en fonctionnement.
18:10 – Vous n'allez pas fermer, quand on fait du retail, on ne va pas fermer pendant 3 jours pour installer les systèmes.
18:15 – Exactement, vous avez raison. Donc les tableaux électriques sont sous tension, les machines sont en fonctionnement,
18:20 donc on les arrête le moins de temps possible, et on a toutes les procédures de chantier pour pouvoir faire ça sans que les occupants s'en rendent compte.
18:29 – Gaspard Bricou, Kingfisher, enseignes présentes dans 8 pays européens, c'est ça ?
18:34 Vous avez pu déployer la même stratégie partout ou alors c'est franco-français pour l'instant ?
18:39 – Alors pour le moment c'est franco-français, après on travaille justement, il y a des sujets sur la partie internationale,
18:46 mais là pour le moment on est 100% français.
18:49 – Est-ce qu'il y a une complexité réglementaire ? Je vous pose aussi cette question sur les autres pays européens
18:54 parce que les réglementations ne sont pas les mêmes partout, et peut-être les objectifs de sobriété diffèrent aussi.
19:00 – Donc sur la partie française, nous on a le décret BAC, et donc aujourd'hui en fait on a l'obligation d'installer
19:08 ce type d'équipement, donc de GTB, à partir de 2025.
19:14 Donc nous on a pris de l'avance parce qu'on a finalisé en fait notre déploiement fin 2022.
19:20 Donc aujourd'hui on est totalement dans la réglementation qui est en vigueur.
19:25 – Et dans les autres pays d'Europe, ça peut être très différent ou alors finalement ça vous…
19:29 – Oui c'est assez différent, en France on est en avance, alors tout part d'une directive européenne de 2019,
19:34 et en France on est relativement en avance avec le décret BAC, donc nos systèmes permettent d'être conformes.
19:40 Ce décret commence à se décliner, en tout cas cette directive, elle commence à se décliner en Espagne,
19:46 en Allemagne et dans une moindre mesure en Italie, mais on est précurseur ici en France.
19:54 – Est-ce que l'augmentation des prix de l'énergie, ça a été une sorte d'électrochoc pour ce secteur tertiaire ?
20:02 – Électrochoc c'est peut-être un mot un peu fort, mais ça a été clairement un booster, oui.
20:07 – Vous, vous l'avez vu, c'est-à-dire que vous avez un certain nombre de clients potentiels,
20:11 de prospects qui vous ont contacté à ce moment-là ?
20:13 – Oui, il y a un certain nombre de clients qui nous ont contacté à ce moment-là,
20:16 c'est-à-dire il y a un an à peu près, et puis il y en a de nouveaux qui nous contactent maintenant
20:22 avec les échéances que viendra appeler Gaspard pour le décret BAC, en tout cas en France.
20:27 – Il y a une sorte de prime à ceux qui avaient anticipé, c'est ce qu'on peut dire,
20:31 ça a été plus facile de réagir.
20:33 Quel message vous pouvez envoyer aux professionnels qui sont peut-être moins matures sur ces questions ?
20:39 – Oui, dans un premier temps, essayez de savoir de quelle consommation on parle,
20:46 de savoir de quoi on parle.
20:48 On a la chance d'avoir en France des compteurs généraux d'énergie, d'électricité ou de gaz
20:53 qui sont connectés, pour lesquels on peut accéder aux consommations en quasi live,
20:57 avec un délai de 24 heures maximum.
21:00 Donc déjà, utilisez une application, on en a mis à disposition gratuitement sur notre site internet,
21:05 mais utilisez une application qui vous permet de connaître vos consommations
21:08 et posez-vous les questions, est-ce que ces consommations sont justifiées ou pas ?
21:12 Est-ce que c'est normal de consommer la nuit alors que le site est fermé, le week-end, même chose ?
21:16 Est-ce que vos consommations dans un site tertiaire sont corrélées à la météo ou pas ?
21:20 Si elles ne le sont pas, c'est qu'il y a un problème dans un site tertiaire ?
21:23 Bref, la première étape, c'est déjà de savoir de quoi on parle et d'analyser ces données.
21:27 Et ça, c'est facile, n'importe quel exploitant de bâtiment peut le faire.
21:31 Avec une capacité d'anticipation, c'est ce que vous disiez, l'algorithme sert à ça.
21:35 Parce que quand on éteint un bâtiment, enfin je ne suis pas professionnel,
21:39 mais pour le relancer, il y a une inertie, c'est ça ? Ça prend du temps ?
21:43 Oui, quand on passe dans une phase de pilotage, c'est un niveau supérieur en termes de maturité.
21:48 Effectivement, on commence à se poser ce genre de questions
21:52 et on utilise l'inertie thermique du bâtiment pour faire des économies.
21:56 Gaspard Bricoux, on dit souvent, c'est peut-être faux, que les premières économies sont les plus faciles à faire.
22:00 C'est-à-dire que quand ça fait 5 ou 6 ans qu'on est dans cette démarche-là,
22:03 est-ce que ça devient compliqué de continuer d'améliorer sa consommation d'énergie ?
22:08 En fait, justement, tout à l'heure je parlais de l'ISO 500001.
22:12 Aujourd'hui, cette certification nous permet justement de travailler sur les axes,
22:17 on parlait de GTB, mais sur d'autres axes, notamment sur la partie formation,
22:21 la partie formation des équipes en magasin,
22:24 également sur la partie indicateur de performance,
22:29 le suivi au quotidien des responsables de sécurité ou des chefs de secteur dans les magasins et dans les dépôts.
22:35 Donc en fait, c'est un ensemble.
22:38 Aujourd'hui, oui, il y a d'autres pistes qui sont évoquées,
22:41 un peu sur les derniers kilomètres, les derniers kilowatts à aller chercher,
22:45 mais il n'empêche qu'aujourd'hui, on peut encore aller chercher un peu plus loin
22:50 sur d'autres aspects du bâtiment en général.
22:53 Et donc, voilà, la GTB, c'est une composante de toute cette chaîne d'économie d'énergie.
22:58 Julien Bélinx, par exemple, sur l'eau, on peut utiliser vos technologies pour aussi économiser l'eau ?
23:04 Oui, alors on ne peut pas piloter un réseau d'eau, mais on peut surveiller un réseau d'eau,
23:08 ce qui permet d'identifier les fuites le plus rapidement possible,
23:12 en quasi instantané, pour pouvoir les corriger.
23:16 Merci beaucoup, merci à tous les deux et à bientôt sur Bsmart.
23:19 On passe à notre rubrique "Start-up quand le CO2 devient de la fibre synthétique".
23:25 Smart Ideas, la bonne idée du jour, elle est signée Taufik Nasrallah. Bonjour.
23:35 Bonjour.
23:36 Bienvenue, vous êtes le cofondateur avec Benoît Illy et également le directeur technique de Fairbricks,
23:41 histoire d'ingénieur chimiste, c'est ça, vous l'êtes tous les deux.
23:44 C'est quoi l'idée de départ, racontez-moi ?
23:46 Alors l'idée de départ, elle est assez simple, c'est qu'aujourd'hui,
23:49 une grande partie des produits qu'on a de consommation, qui sont faits à partir de plastique,
23:53 en fait proviennent de ressources fossiles.
23:55 Donc la ressource fossile est utilisée comme ressource énergétique, mais aussi comme une source de carbone.
23:59 Donc l'idée, c'était simplement de se dire, peut-être que cette ressource fossile
24:02 ne peut plus être utilisée comme une source de carbone,
24:05 et à la place utiliser une source de carbone alternative.
24:07 Et une de ces sources de carbone alternative qu'on connaît tous aujourd'hui, c'est le CO2,
24:11 qui pose énormément de problèmes environnementaux.
24:13 Et donc l'idée, c'était de se dire, est-ce qu'on peut fabriquer ces mêmes matériaux
24:17 à partir du CO2, grosso modo.
24:20 Donc vous récupérez du CO2, pour en faire quoi et surtout comment ?
24:25 Alors c'est très simple, je vais vous donner un exemple, par exemple,
24:27 imaginons qu'un t-shirt est fait en polyester, avant ce t-shirt, il va y avoir un polymère,
24:31 et ce polymère-là est fabriqué à partir de deux molécules, notamment dans le cadre du PET.
24:36 Ces deux molécules sont fabriquées aujourd'hui à partir de ressources fossiles,
24:39 et nous, en fait, on va fabriquer ces mêmes molécules, mais à partir du CO2.
24:42 Donc en fait, c'est simplement de la chimie, on va fabriquer des molécules chimiques
24:44 qui sont à la base des matériaux qu'on connaît tous.
24:47 D'accord, donc vous avez déposé, j'imagine, pas mal de brevets,
24:50 combien d'années de travail pour en arriver à prouver le concept, à dire ça marche ?
24:56 Alors là, ça fait cinq ans qu'on travaille dessus de manière très intensive,
24:59 donc on a monté un laboratoire aujourd'hui qu'on a sur le plateau de Saclay,
25:05 dans lequel on est environ 18 chercheurs qui cherchent tous les jours à optimiser notre procédé.
25:11 Donc on a déposé déjà de nombreux brevets, déjà fait de nombreux preuves de concepts,
25:15 pour démontrer que ce n'est pas de la magie, c'est vraiment de la science, grosso modo.
25:19 Donc on en a fait avec des partenaires historiques de Fairbricks, par exemple H&M,
25:23 on a travaillé aussi avec Unrunning, et aussi avec Aigle,
25:26 pour lesquels on a fait une paire de chaussures pour Unrunning, par exemple,
25:30 et deux t-shirts pour les deux autres.
25:32 Donc vous avez déjà des partenaires, on va dire, pour les débouchés,
25:36 c'est-à-dire des marques qui sont prêtes à vous acheter des vêtements ou des chaussures.
25:41 De l'autre côté de la chaîne, il y a qui ? Il y a les énergéticiens,
25:44 il y a ceux qui produisent, enfin qui polluent, qui produisent beaucoup de CO2, c'est ça ?
25:48 Alors c'est une bonne question.
25:49 Donc nous, notre idée, c'est vraiment d'aller chercher le CO2 là où il est le plus concentré.
25:53 Donc aujourd'hui, là où il est le plus concentré, c'est dans les émissions des usines
25:57 qui produisent énormément de CO2.
25:59 Donc l'idée, c'est d'aller là-bas, prendre le CO2 qui est très concentré,
26:02 et d'aller le récupérer pour en faire un matériau innovant.
26:05 Donc en fait, c'est un avantage aussi pour l'émetteur
26:08 qui peut se voir "débarrassé" de son émission de carbone.
26:12 Le polyester, c'est une matière première très utilisée par le monde, par l'univers du vêtement ?
26:18 Extrêmement utilisée.
26:19 Aujourd'hui, ça représente plus de 50% de l'ensemble des matériaux
26:24 qui sont utilisés par l'industrie du textile.
26:26 C'est-à-dire que 50% des vêtements qu'on porte, il y a forcément du polyester dedans ?
26:29 C'est ça. Soit du polyester pur ou alors du polyester mélangé avec d'autres matériaux comme le coton.
26:33 Donc ça veut dire que dans la décarbonation du secteur du vêtement,
26:38 la solution technique que vous proposez, elle est majeure ?
26:42 Elle est cruciale parce que...
26:43 On l'appelle un "game changer" en quelque sorte ?
26:45 C'est ça. En fait, c'est un "game changer" en l'additionnant avec d'autres choses,
26:48 par exemple l'optimisation des "supplications", ce genre de choses.
26:50 Mais par contre, aujourd'hui, il n'y avait pas de manière d'obtenir ce matériau
26:56 de manière plus verte et avec un impact carbone plus faible.
26:59 Et nous, on propose de fabriquer ce même matériau avec un imprimante carbone plus faible.
27:03 Pour bien comprendre, est-ce que ça veut dire que dans l'usine qui produit ce CO2,
27:08 ce CO2 ne va pas s'échapper en quelque sorte ? C'est ça ?
27:11 C'est un peu l'idée.
27:12 Je ne suis pas certificat, donc je dis ça avec mes mots.
27:14 C'est un peu l'idée. En fait, on va récupérer ces émissions, ces fumées industrielles
27:20 qui vont passer par un purificateur.
27:22 Donc, on va purifier le gaz parce que généralement, ce n'est pas du CO2 pur.
27:25 On va y avoir du CO2, peut-être du moxyde de carbone, de l'hydrogène, de l'azote, etc.
27:29 Et ensuite, on va essayer de purifier ce CO2 jusqu'à atteindre un taux de pureté suffisant
27:33 pour pouvoir le connecter directement à nos procédés.
27:37 Il y a eu plusieurs levées de fonds depuis la création de Fairbricks.
27:41 Vous en êtes où ? Quel est votre calendrier pour rentrer en phase industrielle ?
27:45 On a fait une levée de fonds l'an dernier d'environ 6 millions d'euros
27:48 avec des fonds d'investissement qui nous ont permis de construire notre nouveau labo,
27:54 de monter en échelle notre procédé.
27:56 Et on a remporté un appel au projet européen de 17 millions d'euros de subventions
28:02 qui va nous permettre de monter en échelle jusqu'à la fabrication,
28:06 la création d'une usine pilote, puis ensuite d'une usine de démonstration
28:10 qui va pouvoir à ce moment-là vraiment montrer l'avantage technologique de notre stratégie
28:14 d'un point de vue économique, mais aussi d'un point de vue environnemental.
28:17 Merci beaucoup d'être venu nous présenter Fairbricks.
28:20 Merci Taufik Nasrallah.
28:22 Je vous dis à bientôt sur BeSmart.
28:26 Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
28:28 Merci à toutes et à tous de votre fidélité.
28:31 Restez sur BeSmart, la chaîne des audacieuses et des audacieux.
28:35 On a encore beaucoup de belles histoires comme celle-ci à vous raconter.
28:38 [Musique]