Lundi 11 décembre 2023, BE DÉTER reçoit Lamia Lahlou (Coach en prise de parole en public)
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00:00 Bidéterre, c'est avant tout un mantra. La détermination contre le déterminisme social,
00:08 la détermination face aux doutes de l'entrepreneur, la détermination face aux échecs. Bidéterre,
00:16 c'est aussi un cri de ralliement, celui de toute une génération d'entrepreneurs,
00:20 soudés, une communauté passée par les rangs des déterminés, une association qui oeuvre pour
00:26 l'entreprenariat dans les quartiers et les milieux ruraux, une communauté qui prouve qu'il n'y a pas
00:32 qu'un seul chemin vers la réussite et que toutes les victoires sont possibles. Je m'appelle Aurélie
00:38 Planex et je vous propose de partir à la rencontre de ces entrepreneurs. Bienvenue
00:43 dans Bidéterre, un podcast proposé par Bismart et les déterminés. Bidéterre,
00:51 à la rencontre cette semaine de Lamia Lalou. Bonjour Lamia. Bonjour. Je suis ravie de te
00:56 recevoir. On va commencer dans ton enfance. Ton enfance, elle se passe en Algérie où ta
01:03 maman décède quand tu as cinq ans. Quels souvenirs est-ce que tu gardes de cette époque, Lamia ?
01:08 Alors, mes cinq premières années, c'était des années douces. C'est des très très beaux souvenirs
01:15 parce que j'étais collée à ma maman comme si je savais au fond qu'elle allait partir. J'ai gardé
01:22 en fait pas mal de conseils qu'elle m'a donnés et quand je l'ai perdue, je ne comprenais pas
01:30 forcément même si j'avais déjà perdu des membres de ma famille, donc je comprenais ce que c'était
01:35 la mort. Mais j'ai pris le positif, c'est-à-dire que je me suis dit je vais la rendre fière
01:43 maintenant. Donc j'ai passé toute ma vie à me dire qu'est-ce qu'elle penserait de telle ou telle
01:49 chose. Et puis en fait, quand j'avais peut-être six ans, je jouais si vous voulez tous les amis
02:00 de mon père qui venaient à la maison. Je les invitais à mon bureau et je leur disais quel est
02:06 ton problème ? Je vais te trouver la solution. Parce que je passais mon temps en fait à observer
02:10 un peu les gens et à me dire la vie est trop courte et il faut que tout se passe bien en fait.
02:15 Voilà. Donc tu es une chercheuse de solutions. Exact. Tu es arrivée en France à quel âge ?
02:22 À l'âge de sept ans. Et comment ça se passe à ce moment-là ? Alors à ce moment-là, j'ai dû très
02:28 très vite m'intégrer parce que j'ai fait en fait si vous voulez en Algérie, je parlais français
02:32 dans ma famille mais à l'école on étudiait uniquement l'arabe. Donc je ne savais pas le lire,
02:37 pas l'écrire. Donc arrivée à Paris, dans un premier temps, j'ai dû faire le CP CE1 CE2 en un an.
02:44 Chose que j'ai pu faire parce que quand on est petit, on s'adapte quand même assez rapidement.
02:50 Et puis j'ai découvert un nouvel environnement et c'était plutôt sympa. Par contre le côté moins
03:02 cool, c'était que mon papa s'était remarié avec une femme qui n'est pas très sympa. Un peu le côté
03:09 des contes de fées mais le côté marâtre. Oui, le côté de la méchante belle-mère. Et elle te met
03:13 à la porte à 14 ans, c'est celle-là ? Exact, oui. Exact. Comment à 14 ans tu arrives à t'en
03:19 sortir ? Parce que tu aurais pu mal tourner tout de suite. Exact. À 14 ans, quand elle me met dehors,
03:26 en fait, c'est un choc et à la fois un soulagement parce que les sept ans que j'ai passés avec elle
03:33 étaient très difficiles. On était avec ma sœur, parfois on n'avait pas le droit de sortir de notre
03:39 chambre, on ne mangeait pas forcément à notre faim. C'était beaucoup de choses qui étaient
03:43 difficiles. J'en ai quand même fait une force parce que dans ma chambre, je me suis dit qu'est-ce
03:49 qu'il me reste à faire ? Étudier pour m'en sortir. Et donc j'ai mis mon focus sur le fait
03:54 de devenir indépendante le plus tôt possible. Et quand elle m'a mise à la porte, mon papa n'était
04:00 pas là. Il était bloqué en Algérie, donc il y a eu un gros quiproquo. Moi je pensais qu'il
04:04 s'en fichait, lui il pensait que j'avais fugué, c'était un peu compliqué. Et cette belle-mère
04:11 m'avait fait croire que ma famille maternelle nous avait complètement abandonnés. Et j'avais
04:17 découvert des lettres que ma famille nous envoyait. Et dans ces lettres, il y avait un numéro de
04:21 téléphone. A l'époque, il n'y avait pas les portables, pas les réseaux sociaux. Donc j'ai
04:25 pu appeler en PCV une de mes tantes directement sur le numéro qu'elle avait laissé. Et de là,
04:32 j'ai pu être hébergée d'abord chez des amis, puis ensuite chez ma tante Farida qui habite à
04:39 Paris pendant un an. Et quand mon papa et moi, on a pu communiquer de nouveau, il a bataillé
04:48 en fait pour me remettre dans l'école dans laquelle j'étais à Lyon. Et de là, j'étais dans un
04:54 internat, mais je devais batailler tous les week-ends pour savoir où dormir. Et je remercie
04:58 toutes les personnes qui ont croisé ma route et qui m'ont aidée. Donc c'était pas facile,
05:05 mais c'était comme une force. Parce que je me suis dit, plutôt que de me dire "j'ai pas de chance,
05:12 le sort s'acharne", je me suis dit "je suis sur cette terre et je vais trouver la raison". Et
05:18 cette raison, ça a été de me dire "je vais aider les autres comme j'ai pu être aidée et je vais
05:24 faire quelque chose de cette vie, je ne vais pas laisser des personnes négatives me détourner de
05:29 mon objectif". - C'est cet objectif-là qui t'amène à ta première vie professionnelle,
05:34 parce que tu te destines au RH et au coaching. C'est ça qui est ton moteur et qui te donne la
05:40 force d'avancer, c'est les études et un objectif professionnel qui soient alignés avec les valeurs
05:45 que tu décris là ? - Exact. Ça a été ma force parce que j'ai focus, depuis mes cinq ans, sur
05:52 ça, sur cette liberté financière, sur le fait d'être à mon compte et de pouvoir aider les gens.
05:59 - Aider, c'est le chapitre suivant, c'est-à-dire que tu commences une carrière et puis t'arrêtes
06:06 tout pour devenir aidante auprès de ton papa ? - Exact. Mon papa, quand j'avais 29 ans, est tombé
06:14 malade. Je travaillais et j'ai eu un pressentiment, je ne peux pas l'expliquer, j'ai tout quitté,
06:22 j'ai appelé ma directrice, j'ai fait la passation avec une amie qui cherchait du travail et j'ai
06:27 pris un billet pour aller en Algérie. Mon père pensait que c'était juste une petite grippe et
06:33 en fait c'était une maladie grave. On n'a pas su tout de suite ce que c'était et donc pendant six
06:38 mois j'ai bataillé dans tous les hôpitaux en Algérie, en France, pour essayer de lui sauver
06:47 la vie. Et puis six mois après, il est mort mais je suis fière parce que j'ai pu l'accompagner jusqu'à
06:53 son dernier souffle et je ne regrette pas d'avoir mis de tout côté à ce moment-là. - Malgré tout
07:00 ce qui t'arrive, tu fais des aller-retours entre le salarial, l'entreprenariat et tu lances une
07:04 première entreprise, je crois que tu as 23 ans ? - Exact. - Tu peux nous raconter ça ? - En fait,
07:11 quand j'étais au collège, j'avais des amis qui étaient musiciens, qui étaient chanteurs, etc.
07:16 Et vu que j'avais développé mon sens de la débrouille à travers mon parcours personnel,
07:22 j'aimais bien leur trouver des petites dates, des events, jouer un peu la directrice artistique,
07:28 etc. Donc c'était une passion pour moi, la musique. Et je me suis dit, je vais faire des études qui
07:36 vont m'apprendre à gérer une société. Donc j'avais fait un BTS Management des unités commerciales
07:41 après le bac. Et tout de suite après, j'ai ouvert avec un associé un studio d'enregistrement
07:46 musical. Donc ça a super bien marché pendant trois ans et c'était la plus belle aventure de ma vie,
07:53 clairement. C'était fou parce que j'ai fait ça en six mois, en fait. J'ai fait le business plan,
08:01 tous les rendez-vous, etc. Et quand je suis arrivée devant mon studio, j'ai vu que ça y est,
08:08 c'était concrét. Waouh quoi ! Et là l'aventure commençait, j'ai mis 36 casquettes et je sais
08:14 que je n'aurais jamais pu faire ça ailleurs. - Tu dis que c'est la plus belle aventure de
08:18 ma vie et en même temps, tu as écrit sur LinkedIn que tu as eu tellement d'obstacles à
08:23 l'époque que tu aurais pu en faire un film. De quels obstacles il s'agit ? - Exact. À cette
08:29 époque, ce n'était pas évident. À Lyon, j'avais eu beaucoup de personnes qui n'avaient pas trop
08:37 aimé que j'arrive. J'étais le 16e studio d'enregistrement à Lyon à l'époque. Et j'avais
08:43 eu un peu la mafia qui me menaçait de fermer mon studio, qui venait casser les vitres tous les
08:50 jours, qui volait les clients à la sortie. C'était très compliqué. Mon associé à l'époque,
08:59 lui, il était plus côté artiste, donc il n'était pas impliqué comme moi dans le business. Donc,
09:05 je devais redoubler d'efforts pour que ça fonctionne. C'était très éprouvant. Mais
09:11 quand je dis cette phrase, c'est parce que je suis tempérament à garder toujours le positif.
09:16 Donc, je me dis que ça, ça m'a aidé aussi à surmonter les obstacles, tout simplement,
09:22 parce que je n'ai rien lâché. Et quand j'ai décidé de fermer, c'était plus le côté raisonnable et
09:28 de me dire que là, ça devenait usant et qu'il fallait que je mette mon énergie dans autre
09:33 chose, tout simplement. - C'est la fatigue, en fait, qui a eu raison de cette aventure-là ? - Oui,
09:38 clairement. - Qu'est-ce que tu n'as pas su faire à ce moment-là ? Tu n'as pas su trouver l'équilibre
09:43 vie pro-vie perso ? Tu t'es laissée dépasser par le projet ? - Exactement. Je me suis complètement
09:49 laissée dépasser. Je dormais deux heures par nuit. Je travaillais vraiment non-stop. Je m'occupais
09:59 absolument de tout dans cette entreprise. Et j'étais à un stade où je n'avais même plus
10:05 de force pour continuer. Mais aujourd'hui, c'est des leçons parce que je me suis promis à moi-même,
10:11 dans mes nouvelles aventures entrepreneuriales, de me ménager et de comprendre que c'est un marathon,
10:17 que ce n'est pas un sprint, tout simplement. - L'association, c'est déterminant aussi dans
10:23 la réussite. Est-ce que cette association, c'était le bon finalement avec le recul ? - Clairement,
10:29 je vois dans mon parcours des personnes qui s'associent, pour qui ça se passe très très
10:35 bien. Mais c'est toujours un risque. Il faut bien choisir ses associés pour que ça fonctionne. Et
10:41 il ne faut pas marcher à l'affect. Il faut vraiment être objectif. Et je pense que c'est déterminant
10:46 effectivement pour la réussite parce qu'on signe ensemble. Donc si on n'a plus les mêmes valeurs,
10:53 si on n'est plus d'accord, c'est difficile d'aller dans le même sens, tout simplement. - Tu décris des
10:58 difficultés à la fois sur le plan professionnel et sur le plan familial. Je suis curieuse d'entendre
11:04 ce que c'est que ta version de la détermination parce que je crois que tu l'incarne pleinement.
11:08 - C'est gentil. Pour moi, être déterminée, c'est avoir un objectif et ne pas se laisser dépasser
11:16 par ses peurs, aller au-delà et se dire qu'on va surmonter chaque épreuve pour atteindre cet
11:24 objectif-là et que tout est possible, tout simplement. - Comment tu as su que tu étais
11:30 faite pour entreprendre ? - Je l'ai su très tôt parce que je ne rentre pas dans les cases. C'est
11:36 très difficile. Déjà à l'école, j'étais un petit peu rebelle. On m'appelait un peu l'avocat des
11:42 pauvres. Je voyais des personnes isolées. J'allais faire ces personnes dans le milieu du salariat
11:54 aussi. J'étais déléguée du personnel. J'étais toujours en train de défendre les droits de tout
11:59 le monde et ça ne plaisait pas forcément à la hiérarchie, à la direction, etc. J'étais toujours
12:05 hors cadre parce qu'il y avait ce qui était à faire et il y avait ce que j'avais en tête dans
12:15 mes valeurs. C'est vrai que je me rendais compte que j'ai un tempérament plutôt… J'ai besoin
12:22 d'être libre de mes choix, libre de mes décisions et que ça coinçait toujours dans le monde du
12:30 salariat. Même si pour certains, ça se passe très bien. Je ne dénigre pas les salariats,
12:34 mais pour moi, c'était compliqué. - Qu'est-ce que ça t'apporte le fait
12:37 d'être entrepreneur ? - Ça m'apporte beaucoup d'épanouissement,
12:42 de satisfaction parce que je peux vraiment aller plus loin en aidant les personnes. Je suis coach
12:51 en prise de parole au public parce que j'ai vu tellement de personnes ne pas oser prendre la
12:56 parole alors qu'elles avaient de très belles choses à dire. Les voir s'épanouir, y arriver
13:03 et délivrer des messages impactants, c'est ma plus belle victoire. Ça m'apporte ça. Ça m'apporte
13:12 non seulement la liberté financière, mais aussi la liberté tout court.
13:15 - Ce côté rapport humain, c'est finalement le coaching de prise de parole au public. Ce n'est
13:21 pas très loin de ton début de carrière. C'est ta colonne vertébrale ?
13:24 - Oui, complètement. Le coaching, j'étais passionnée déjà depuis petite. J'observais
13:31 le comportement humain, etc. À partir de 2013, j'ai commencé à me former au développement
13:36 personnel, aux neurosciences. C'est ce qui m'anime en fait. Ça se fait naturellement chez moi.
13:44 Et je me dis que ce serait du gâchis de ne pas aller dans cette voie parce que je ne peux pas
13:53 le décrire en fait. C'est puissant, tout simplement. - Si tu avais un message à faire
13:59 passer aux auditeurs qui nous écoutent, lequel serait-il ?
14:01 - Ce serait que tout est possible. Ne vous laissez pas intimider par vos propres peurs.
14:09 Entourez-vous de bonnes personnes. Gardez votre bonne folie, votre bonne énergie. Et foncez,
14:17 soyez dans l'action. - Merci beaucoup Lamia Lalou d'avoir été
14:20 l'invitée de Bi D'Éter. Bi D'Éter, un podcast à retrouver sur toutes vos plateformes d'écoute
14:26 et bien sûr sur bismarck.fr. Si ça vous a plu, foncez vous abonner, liker, partager. On se
14:32 retrouve bien sûr la semaine prochaine pour un nouvel épisode. Et d'ici là, vous aussi,
14:36 soyez D'Éter.