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Invité de la rédaction - 08/12

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00:00 - Il est 8h20, Antoine Van Dendrish, nous accueillons notre invité avec vous en direct en studio ce matin à nos côtés.
00:05 C'est Philippe Jauberti, le président par intérim de l'Union Régionale des Professionnels de Santé pour le Centre Val-de-Loire.
00:11 - Oui, bonjour monsieur.
00:12 - Petite rectification, la Fédération des Unions des Professionnels de Santé.
00:18 - J'essayais de simplifier un petit peu, excusez-moi.
00:21 - Un forum ouvre demain à Orléans, il s'ouvre sur un constat assez alarmant.
00:25 Plus qu'un professionnel de santé sur deux en milieu libéral se dit très fatigué, tant physiquement qu'au niveau de la santé mentale.
00:32 Est-ce que chez nos soignants, le mal-être s'est généralisé ces dernières années ?
00:35 - Alors premièrement, une petite rétrospective.
00:38 C'est vrai que la région Centre Val-de-Loire est la plus sous-médicalisée de la France.
00:42 En première pour ce qui concerne les médecins, deuxième pour les kinés, les pharmaciens, etc.
00:47 Donc on est en manque de professionnels et pour compenser ce manque de professionnels,
00:51 on a créé ce qu'on appelle actuellement des CPTS, donc des... comment on dirait ?
00:57 Ah !
00:58 Ah !
00:59 J'ai oublié le mot.
01:00 - Vous voyez, avec tous ces noms, on s'y perd.
01:01 - Oui, c'est ça.
01:02 - Bon, peu importe.
01:03 Donc globalement, les communautés professionnelles et territoires de santé.
01:05 Pour essayer de compenser un petit peu le manque de professionnels avec une organisation interne,
01:10 qui est une organisation qui est locale.
01:12 - Parce qu'aujourd'hui, avec le manque de médecins, il y a un surmenage pour ceux qui sont en exercice aujourd'hui ?
01:18 - Alors, non seulement il y a un surmenage, mais en plus, ce surmenage, il concerne toutes les professions de santé.
01:23 Que ce soit médicales ou paramédicales.
01:25 Actuellement, pour les médecins, les médecins ont perdu, depuis 2013 jusqu'à 2022, 13% du nombre de médecins.
01:33 Et la patientèle a augmenté de 26%.
01:35 Actuellement encore, il y a un quart des médecins libéraux qui travaillent plus de 50 heures par semaine.
01:40 Et 60% sont fatigués, globalement, généralement partout.
01:44 - Et cette fatigue, elle va jusqu'au burn-out ?
01:48 - Alors, le burn-out, c'est la phase terminale, si vous voulez.
01:51 Mais à part la phase terminale, vous savez, globalement, dans tout ce qui est médical,
01:55 on peut dire que c'est beaucoup de dévouement, pas mal d'empathie, et un petit peu de perte de sacrifice familial.
02:02 On est dans un environnement qui est fatigant, globalement.
02:05 - Et pour un professionnel de santé, c'est vrai qu'on l'entendait dans nos reportages ce matin,
02:10 quand il y a une situation de surmenage où on fait des horaires impossibles à traiter des patients.
02:16 Est-ce que c'est difficile parfois de se rendre compte qu'on est dans un état de fatigue ?
02:19 - Alors, l'état de fatigue, il ne s'aperçoit malheureusement pas toujours très tôt.
02:22 Malheureusement, pour pouvoir soigner des patients, il faut être soi-même un petit peu en bonne santé quand même.
02:27 Parce que la fatigue, si vous voulez, le surmenage, entraîne une baisse d'acuité.
02:31 Et cette baisse d'acuité, on la ressent que malheureusement un peu trop tard, et quelquefois il y a le burn-out.
02:35 Mais sans parler du burn-out, la simple fatigue permet de moins bien soigner les patients.
02:39 C'est une évidence.
02:41 - Vous êtes président par intérim de l'URPS, vous êtes aussi kinésithérapeute à Orléans.
02:46 Est-ce que vous, avec votre charge de travail, vous avez aussi ressenti de la fatigue ?
02:50 - Personnellement, moi je suis un gars un peu particulier, j'ai 73 ans.
02:53 Je suis quelqu'un qui est un peu stacanoviste.
02:56 Mais en dehors de moi, globalement, les gens sont surmenés un peu partout dans le département, et surtout dans la région.
03:01 La région Orléans, c'est quand même une petite chose, mais quand vous allez dans les départements limitrophes,
03:06 ne serait-ce que le Béry, toute la région du Béry, la région de l'Eure-et-Loire, c'est compliqué.
03:11 - Mais vous l'avez dit, nous sommes dans un désert médical, et ça depuis des années.
03:16 Est-ce que ça a vraiment dégradé la qualité de l'exercice de nos médecins ?
03:20 - Alors, il ne faut pas parler que des médecins.
03:22 Globalement, c'est tous les professionnels de santé.
03:25 Mais ça dégrade forcément un petit peu, puisque le temps de travail s'allonge.
03:28 Et comme il s'allonge, la fatigue s'accumule en fin de journée et en fin de semaine.
03:32 - Est-ce que vous êtes inquiet pour la suite ?
03:36 Parce qu'on ne sait pas si les perspectives seront forcément meilleures dans le court terme.
03:40 - On est toujours un peu inquiet quand il y a une diminution du nombre de professionnels.
03:43 Mais on a quand même mis en place des choses qui sont quand même nouvelles dans la région.
03:47 Notamment ce qu'on appelle les soins non programmés.
03:50 Les soins non programmés, vous avez un numéro de téléphone avec un opérateur au bout,
03:54 qui permet de dispatcher après vers un médecin quelconque,
03:57 qui n'est pas forcément votre médecin, mais qui peut être votre médecin s'il est disponible.
04:00 Ces soins non programmés, vous avez un opérateur par CPTS.
04:04 Et donc, pratiquement, vous avez un numéro de téléphone dédié.
04:07 - Ce forum demain, qui aura lieu à Orléans entre 9h30 et 16h30,
04:11 ça concerne l'ensemble des soignants de notre région ?
04:14 - Exactement, ça concerne l'ensemble des soignants de la région.
04:17 Et cette QVT, donc cette qualité de vie au travail, cette enquête,
04:21 a été parrainée par nous bien sûr, mais aussi par la région et par l'ARS.
04:25 - C'est le but de donner des outils et de mieux encadrer les soignants,
04:28 pour qu'ils puissent en parler ?
04:30 - Exactement, et puis il y aura différents ateliers, des ateliers concrets,
04:33 des ateliers ludiques, pour pouvoir permettre aux personnels de santé
04:38 de pouvoir améliorer un peu leur pratique devant les patients quand ils sont sur mess.
04:42 - Oui, parce que des fois, ils sont dans l'obligation aujourd'hui
04:46 de refuser certains patients.
04:48 - Alors ça, c'est encore un sujet un peu délicat.
04:51 Psychiquement, quand vous devez refuser des patients,
04:54 ça marque matériellement et surtout psychiquement des gens.
04:57 Et les médecins qui doivent refuser les patients
05:00 sont un peu dans l'anxiété toute la journée,
05:02 parce qu'en fin de journée, quelques fois, ils refusent.
05:05 Et donc, il faut s'adresser à SOS Médecins ou à d'autres personnels qui sont dédiés.
05:10 - Bon, donc ce forum demain permettra, on l'espère pour certains soignants,
05:14 de mieux avoir ces outils et de libérer la parole.
05:17 - C'est une approche qui permet d'ouvrir un petit peu le débat
05:20 pour savoir comment on peut entretenir une meilleure adaptation des professionnels
05:24 à la vie actuelle de la médecine dans la région centre.
05:27 - Merci, M. Gervati, d'avoir été notre invité ce matin.

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