Invité de la rédaction - 14/02
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00:00 A 8h22, nous accueillons notre invité sur France Bleu Orléans.
00:03 Lédi Laé en direct avec nous ce matin, c'est Christian Delhomme, le directeur régional de la Banque de France.
00:08 Bonjour Monsieur. Bonjour.
00:09 Nous parlons de la santé et de l'économie en centre-valle de Loire.
00:13 Vous avez présenté hier avec la Chambre de commerce et d'industrie du Loiret les perspectives pour 2024.
00:18 Mais d'abord, comment est-ce qu'on peut qualifier en quelques mots l'année 2023 ?
00:22 L'année 2023 a été résiliente à la fois en France, puisque la croissance s'est poursuivie à 0,9 %,
00:29 l'inflation a commencé nettement à baisser et elle va baisser encore plus en 2024.
00:34 Et nos entreprises en région centre-valle de Loire ont dans l'ensemble plutôt bien résisté,
00:39 notamment grâce à la part du secteur industriel qui a été une source de renforcement.
00:45 Avec des problèmes qui sont toujours les mêmes, le coût de l'énergie, les matières premières, la hausse des matières premières, ils sont toujours là.
00:52 Alors, ces problèmes sont là en perspective, mais ne sont plus aussi intenses qu'ils l'étaient début 2023 ou bien sûr en 2022.
00:59 Donc ça c'est un élément qui a contribué notamment à la baisse de l'inflation.
01:02 On a plutôt une inflation maintenant qui est largement diffusée dans l'économie
01:06 et pour laquelle les problématiques sont celles des augmentations de salaires et d'un certain maintien du pouvoir d'achat.
01:13 Si on regarde un peu plus en détail parmi les secteurs en recul, il y a le BTP.
01:17 On a souvent coutume de dire "quand le bâtiment va, tout va". Là, ça ne va plus, clairement.
01:21 Clairement. La crise a commencé en 2023.
01:24 Il y a le multiple facteur. Il y a d'abord le fait que les bailleurs privés ne sont plus motivés pour acheter des appartements neufs.
01:31 Donc le logement neuf a chuté fortement et les bailleurs publics ne peuvent pas prendre le relais dans leur totalité.
01:38 Par ailleurs, la rénovation est relativement marginale et les acteurs du BTP ne peuvent pas passer d'un métier à l'autre instantanément.
01:46 Donc ces ajustements sont longs. Il y a par ailleurs l'augmentation des taux d'intérêt qui a pesé aussi sur les souhaits d'investissement.
01:53 Sur les propriétaires. Les locataires, c'est guère plus simple. Il y a un manque de logement flamand aujourd'hui.
02:00 C'est aussi un phénomène général, national. Nous avons une population qui augmente et nous n'avons pas des mises en chantier à la hauteur de cette population.
02:08 Il y a des besoins aussi de familles qui se recomposent, qui évoluent.
02:11 Et là, il y a un manque total de logements à construire, à mettre en œuvre, qui accroît ce phénomène de crise.
02:21 Puisqu'un locataire qui ne peut pas accéder à la propriété va rester locataire et d'autres ne pourront pas prendre son logement.
02:27 Un autre secteur qui est très implanté ici dans le Loiret, c'est la logistique, le transport.
02:32 Et là aussi, c'est compliqué. C'est quoi le problème ?
02:35 Le problème, c'est notamment la difficulté pour les acteurs, les chefs d'entreprise, de se projeter et de définir les investissements,
02:43 les bons investissements dans une économie décarbonée compte tenu des technologies qui évoluent,
02:49 qui ne sont pas encore stabilisées et qui sont parfois extrêmement coûteuses,
02:52 comme pour acheter un camion qui serait plus économe, hybride ou à l'hydrogène.
02:57 Donc il y a aujourd'hui une vraie difficulté à projeter ces investissements et donc une forte baisse des investissements,
03:03 aussi pour maintenir une rentabilité parce que les coûts de transport, vous l'évoquiez tout à l'heure,
03:08 qu'ils soient maritimes ou terrestres, ont augmenté ces dernières années et ne vont pas redescendre immédiatement.
03:14 Christian Nolop, comment est-ce que vous, Banque de France, voyez cette année 2024 ? La croissance a tendance à repartir quand même.
03:21 Absolument. On n'est pas à l'abri de bonnes nouvelles qui s'accroissent dans l'année 2024.
03:28 Pour l'instant, notre perspective, c'est de dire que de manière certaine, l'inflation va baisser et va atteindre les 2% à la fin de l'année 2024.
03:35 Pour l'ensemble de nos concitoyens, je crois que c'est une extrêmement bonne nouvelle.
03:39 Par ailleurs, la croissance va rester positive aux alentours de 0,9%. On reste prudent. Il y a des facteurs qui peuvent contribuer à la fin de l'année.
03:47 Tirés par la consommation des ménages, forcément.
03:49 Exactement. C'est le point important de cette année. La consommation qui était en panne depuis 2022 va reprendre et va tirer la croissance.
03:57 C'est moins les investissements publics ou privés qui étaient à la peine, on le voyait à l'instant en 2023,
04:03 que la croissance de la consommation qui va reprendre et, je l'espère, augmenter cette croissance vers, on l'estime, 1,5% l'année d'après en 2025.
04:12 On reste optimiste. L'industrie aussi, dans notre région, centre Val-de-Loire, là vraiment, c'est une satisfaction ?
04:19 Oui, c'est une satisfaction. L'industrie est deux fois plus importante qu'ailleurs en France.
04:23 C'est un facteur de résilience. Cela l'a été pendant la crise Covid. Cela l'est toujours dans les différentes crises qu'on traverse aujourd'hui.
04:29 La difficulté pour les chefs d'entreprise de l'industrie des différents secteurs, c'est la perspective, les carnets de commandes qui parfois se sont taris,
04:36 des clients qui sont plus attentistes. C'est de trouver le bon levier, le bon investissement et, et c'est très important,
04:45 et tous les chefs d'entreprise de tous les secteurs nous le disent, maintenir leur rentabilité.
04:48 Ils souhaitent maintenir la rentabilité, ce qui veut dire que les prix baissent, peu voire pas.
04:52 Merci beaucoup Christian Delhomme, directeur régional de la Banque de France en centre Val-de-Loire d'être venu ce matin sur France Bleu. Allez en bonne journée.
04:58 - Merci à vous Lydie, très bonne journée.