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Invité de la rédaction - 14/11

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00:00 8h21, Lady Lae avec vous, c'est l'heure d'accueillir notre invité en direct en studio ce matin à nos côtés, c'est Emmanuel Barbier, le responsable du Secours catholique du Loiret.
00:11 Bonjour Emmanuel Barbier. Bonjour. Le Secours catholique publie aujourd'hui son rapport annuel sur la pauvreté en France avec les chiffres évidemment de l'année 2022.
00:21 On le disait depuis la crise sanitaire du Covid, la situation globalement s'est aggravée avec l'inflation et également ça veut dire que vous suivez de plus en plus de familles.
00:32 Tout à fait, malheureusement la situation ne s'améliore pas, le rapport le met en avant, donc on a une nette augmentation de la précarité et puis une forte féminisation de la précarité.
00:42 C'est les deux constats forts de ce rapport. Sur le Loiret, on est passé de 3500 ménages accompagnés à 5200 entre 2021 et 2022 et on est aujourd'hui à 63% de femmes accompagnées et les femmes dans toutes les catégories, en couple ou seule.
00:59 Cette augmentation, 5200 aujourd'hui, par rapport aux chiffres précédents, c'est du jamais vu ?
01:06 Tout à fait, c'est inédit et du coup ça nous force à réfléchir à notre action. Alors on a la chance d'avoir 560 bénévoles et 31 équipes réparties sur le département,
01:15 mais ça fait bien appel à tous et à toutes, il faut qu'on s'associe et qu'on s'allie face à cette montée de la précarité pour conserver une société solidaire finalement.
01:25 Cette précarité, cette pauvreté, elle est de plus en plus forte, de plus en plus grave pour les personnes concernées, ça c'est le constat de base ?
01:33 Complètement, et puis on a des nouveaux publics qui viennent taper à notre porte, par exemple les salariés précaires, c'est-à-dire qu'aujourd'hui l'emploi ne protège pas complètement de la précarité.
01:43 On a par exemple aidé une infirmière à Neuville-aux-Bois, une femme seule avec ses enfants, et qui a eu besoin de l'aide de l'épicerie alimentaire pendant quelques mois,
01:53 le temps de sortir qui maintenant est à nouveau autonome, mais on voit bien que ces publics-là, ce n'étaient pas les publics qu'on recevait habituellement
02:00 et qu'il faut vraiment passer un cap pour oser aller demander de l'aide quand on est dans des situations de travail.
02:05 Cette tendance des bénéficiaires, de nombreuses femmes, plus de la moitié, 63%, c'est ça dans notre département, c'est une tendance qu'on retrouve au niveau national un peu moins marquée,
02:17 mais des femmes, vous le disiez, avec enfants, on savait, des familles monoparentales, mais des femmes aussi qui sont seules aujourd'hui, des femmes isolées, ça c'est une nouveauté ?
02:26 Oui, complètement. On considère qu'il y a environ 20% de femmes isolées, accompagnées, et oui, c'est des publics…
02:32 Et ça, vous l'expliquez comment ? C'est-à-dire qu'au niveau de la vie active, elles sont moins insérées, elles ont un moins bon salaire aussi ?
02:41 Alors, il y a les niveaux de salaire et puis elles ont souvent accès à des emplois plus précaires ou à temps partiel, qui viennent fragiliser une situation économique.
02:49 Or, on sait qu'aujourd'hui, être seule, c'est… assumer un foyer seul, c'est difficile, donc avec un emploi précaire ou à temps partiel, c'est compliqué. En proportion, elles occupent plus d'emplois à temps partiel.
03:01 Dans le budget de ces familles, dans celles que vous accompagnez, justement, les factures de gaz, d'électricité, c'est difficile à payer, et du coup, elles rognent sur le budget alimentation, elles se privent ?
03:14 Exactement. L'alimentation, c'est la variable d'ajustement, c'est-à-dire que les familles ont toujours à cœur de régler leurs factures au mieux, quand c'est possible,
03:21 et donc elles règlent d'abord toutes leurs factures, le loyer, les énergies, et puis reste l'alimentation, qui devient la variable d'ajustement.
03:27 Quand il y a des enfants, ils priorisent les enfants, et souvent les parents sautent des repas, voire des journées complètes pour pouvoir nourrir les enfants,
03:34 et puis quand c'est plus possible, ils s'adressent aux associations d'aide alimentaire.
03:37 Et ça, cette situation, c'est la même en ville comme en campagne, il n'y a plus de distinction ?
03:43 Complètement. On a des augmentations dans toutes nos équipes, et même dans le rural, et en plus, dans le rural, viennent se greffer des problèmes de mobilité,
03:51 donc d'accès à l'emploi, d'accès aux aides alimentaires, et aussi une moindre présence des associations d'aide.
03:58 C'est-à-dire qu'il y a des secteurs où on est la seule association, je pense à Ferriero-Gatiney, il n'y a que le Secours Catholique, Châtillon-Coligny, ou des communes comme ça.
04:06 Est-ce que comme d'autres associations, justement, Emmanuel Barbier, on pense au Restos du Coeur, vous avez peur de ne pas y arriver, de ne plus y arriver,
04:13 de ne plus pouvoir accueillir, accompagner tout le monde ?
04:16 Eh bien oui, ça nous inquiète. Alors on est en réflexion, on fait des appels aux dons et puis aux bénévoles,
04:20 parce qu'on essaye de faire face et de laisser personne sur le bas-côté, mais quand notre accueil petit-déjeuner est passé de 80 par jour à plus de 200,
04:27 ça commence à être difficile aussi en termes d'espace, de volume d'accueil, et donc on est aussi au travail avec les pouvoirs publics
04:33 pour trouver des solutions à moyen terme qui permettent de répondre aux difficultés qu'on rencontre.
04:37 Merci beaucoup. Merci Emmanuel Barbier d'être venu ce matin représentant dans le département du Secours Catholique.
04:43 Délégué départemental, bonne journée.

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