Invité de la rédaction - 22/12

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Invité de la rédaction - 22/12

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00:00 Pour le moment, à 8h21 sur France Bleu Orléans, nous accueillons avec vous Lydie Lahaye, notre invité, ce matin en direct en studio.
00:06 C'est Julien Simon Delcrosse, le président du tribunal judiciaire d'Orléans.
00:10 Bonjour.
00:11 Bonjour.
00:11 L'année 2023 se termine. À l'heure du bilan, on sait que la justice manque cruellement de moyens à Orléans comme partout ailleurs.
00:19 Est-ce que vous diriez que la situation s'est dégradée au niveau de votre tribunal, monsieur ?
00:24 À ce jour, ce qu'on peut dire, c'est que nous sommes dans une situation d'attente,
00:27 puisqu'il y a au niveau national un mouvement que tout le monde salue de recrutement très important, mais qui va prendre du temps.
00:35 Un magistrat, c'est minimum 31 mois pour le former.
00:38 Donc on est dans cette période d'attente où, effectivement, les effectifs subissent soit de la vacance, soit en cette période un certain nombre d'absences.
00:48 Donc c'est tendu, mais nous faisons face.
00:50 Vous attendez combien de magistrats et greffiers ?
00:53 Au niveau national, c'est 1500 magistrats, 1800 greffiers.
00:57 Il faut aussi préciser que c'est d'abord pour combler la vacance de poste et ensuite des créations nettes sur 4 ans.
01:04 Concrètement, sur le centre Val-de-Loire, sur le ressort de la cour d'appel, ça représente une trentaine de magistrats.
01:11 Et pour le tribunal judiciaire, il faut s'attendre à 3 ou 4.
01:15 Donc vous voyez, c'est important, c'est nécessaire, mais ça reste un moyen d'essayer de fonctionner mieux et pas une révolution.
01:23 Et de rendre la justice dans des délais acceptables pour les justiciens.
01:28 Voilà, nous on parle de délai raisonnable, qui est le terme de la Cour européenne des droits de l'homme,
01:32 que nous essayons vraiment de maintenir au civil comme au pénal.
01:36 Mais il y a des situations dans lesquelles on aimerait vraiment pouvoir répondre plus rapidement.
01:40 Alors au civil comme au pénal, Julien Simon Delcroce, pour pallier le manque de juges,
01:45 vous relayez cet appel de recrutement de magistrats à titre temporaire.
01:51 On en parle ce matin, on les entend sur notre antenne.
01:54 Vous recherchez des profils de personnes qui ont déjà évolué dans le milieu juridique.
01:59 Alors oui, ce sont les anciens juges de proximité devenus magistratiques temporaires
02:04 pour lesquels finalement les exigences ne sont pas très élevées puisqu'il faut l'équivalent d'un bac +4
02:09 et puis une expérience de 5 années dans le domaine juridique, mais au sens le plus large.
02:14 Ce n'est pas nécessairement avoir été avocat.
02:16 C'est une fonction qui peut être conciliée avec un exercice professionnel,
02:20 puisque c'est par vacations tout au long de l'année.
02:22 Ils sont ces magistrats à titre temporaire essentiels pour notre fonctionnement à deux titres.
02:27 Le premier, c'est parce qu'effectivement ils viennent nous renforcer,
02:30 notamment sur tout ce qui concerne la collégialité.
02:32 Mais le deuxième, et qui me semble très important,
02:35 c'est que la justice est rendue au nom du peuple français
02:38 et que c'est une façon d'associer la société civile à nos décisions.
02:41 Alors on les entend, ils parlent de leur engagement, de leur motivation.
02:44 Ils parlent aussi de la rémunération.
02:47 2100 euros net, ce n'est pas très attractif.
02:51 - Alors pour l'instant, on est sur un système de vacations, jusqu'à 300 vacations par an,
02:55 et une vacation est autour de 112 euros.
02:57 Donc vous faites le calcul, effectivement,
02:59 si ça correspond sur une année à peu près à mi-temps, et à mi-temps à 2000 et quelques euros.
03:04 On est dans une demande nationale d'augmentation de ces vacations.
03:08 En nombre, ce n'est pas possible, parce qu'il faut qu'ils restent magistrats à titre temporaire,
03:12 mais par contre, sur le montant, il y a déjà eu des progrès,
03:14 et on espère que ça va encore se faire.
03:16 J'aurais tendance à dire oui, la rémunération est importante,
03:20 mais vraiment, la mission est passionnante.
03:24 - Alors on parle aussi ce matin sur France Bleu Orléans,
03:27 du CRA, le Centre de Rétention Administrative,
03:30 le premier en centre Val-de-Loire, qui va ouvrir,
03:32 on a la date à Olivier, donc à côté d'Orléans,
03:36 le 1er février prochain.
03:38 Vous aviez réclamé, en début d'année, en janvier,
03:41 que vous étiez exprimé là-dessus, et vous aviez dit
03:43 "il nous faut absolument, pour qu'il fonctionne convenablement,
03:46 des moyens supplémentaires".
03:48 - Par un communiqué d'hier, je crois,
03:50 les chefs de la Cour d'appel d'Orléans
03:52 ont exprimé tous les efforts,
03:54 tous les groupes de travail
03:56 qui ont été mis en place pour être en état
04:00 en février prochain,
04:02 mais ils rappellent que nous serons,
04:06 nous sommes toujours en attente de ces effectifs,
04:09 et que c'est ça que l'on doit exprimer ici,
04:13 c'est que nous ferons face,
04:15 mais dans des conditions qui risquent de se dégrader
04:18 si ces effectifs n'arrivaient pas.
04:20 - Ca veut dire qu'il faudrait prendre des effectifs
04:22 dans des services, pour les transposer, finalement,
04:26 là-bas, on déshabillerait Pierre pour habiller Paul ?
04:28 - A l'heure actuelle, c'est un constat
04:31 qu'on est un peu obligé de faire.
04:33 - Un dernier mot, début décembre,
04:35 un prévenu s'était évadé
04:37 de la salle d'audience du tribunal correctionnel,
04:39 aussitôt après le jugement prononcé.
04:41 Il y a eu une enquête,
04:43 quelles sont les conclusions ?
04:45 - Alors, sur l'enquête pénale,
04:47 ce serait à madame la procureure d'en parler,
04:49 en tout cas cette personne,
04:51 il faut le dire tout de suite,
04:53 s'est constituée prisonnier dans les...
04:55 - 24h, 48h après.
04:57 - Voilà, ce qui était quand même très important aussi.
04:59 C'est une évasion extrêmement rocambolesque,
05:01 il faut avoir une très forte santé
05:03 et un physique qui le permettent,
05:05 au-delà de ça, on a un audit de sûreté,
05:07 et dès qu'on aura les conclusions de cet audit,
05:09 on va faire en sorte de concilier
05:11 à la fois le respect des droits de la défense,
05:13 la dignité de la personne dans ce box,
05:15 et évidemment,
05:17 une meilleure sécurité pour éviter un nouvel incident.
05:19 - Merci beaucoup,
05:21 Julien Simon Delcroce, président du tribunal judiciaire d'Orléans,
05:23 d'être venu ce matin, bonne journée.