Jean-Marie Boursicot : "Un film, il y a l'image. Je suis un passionné de cinéma"

  • l’année dernière
Avec Jean-Marie Boursicot, créateur des Publivores et de la cinémathèque Boursicot à Marseille et le supplément média avec Rafi Haladjian, inventeur du Minitel et de Nabaztag et du 1er fournisseur d’internet

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##SUD_RADIO_MEDIA-2023-12-06##

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Transcript
00:00 Le 10h30 Sud Radio Média, Valérie Expert, Gilles Anzmann.
00:05 Bonjour à toutes et à tous, bonjour Gilles.
00:07 Bonjour madame Elie.
00:08 Et bonjour Jean-Marie Boursicot, ravie de vous recevoir ce matin.
00:12 Vous êtes le créateur des Publivore, les plus jeunes,
00:16 même pas les plus jeunes d'ailleurs parce que ça a continué jusqu'à avant le Covid.
00:19 Jusqu'à il y a trois ans.
00:20 Voilà, vous organisez des grandes soirées dans des cinémas, dans des grandes salles
00:25 pour montrer des films de publicité, qui est la publicité, on en reparlera avec vous.
00:31 Ah, puis il y avait toute une ambiance.
00:32 Oui, oui, c'est plus...
00:33 On chantait.
00:34 Ce qu'il faut bien dire, c'est que j'essayais pas de faire de la promotion de la publicité.
00:39 Non, non, non.
00:40 J'essayais de montrer que derrière les films publicitaires, il y avait parfois du grand cinéma.
00:44 Absolument.
00:45 Et c'est le côté cinématographique que je mettais en valeur, pas le côté commercial et marketing.
00:48 Oui, oui, c'était les pubs de Séguella, on se souvient de Citroën, entre autres.
00:52 Et puis, beaucoup de pubs américaines.
00:55 Je vous en ai sorti quelques-unes pour tout à l'heure.
00:57 Eh bien, on verra ça tout à l'heure.
00:59 Et puis, on va parler de la Cinémathèque Boursicau parce que vous avez...
01:04 Vous êtes à la tête d'une somme énorme, c'est-à-dire quoi ?
01:09 Plus d'un million...
01:10 Un million cinq cent mille films à peu près.
01:11 De cinéma de publicité.
01:13 Donc, c'est la mémoire vivante de la publicité.
01:16 Et c'est chez vous, vous n'avez aucune aide.
01:18 Et aujourd'hui, cette émission, c'est aussi un petit peu pour lancer un cri d'alerte.
01:21 Je n'ai jamais eu d'aide et je ne l'ai jamais demandé.
01:23 Parce que d'abord, c'est une collection privée.
01:25 Donc, je pense qu'une collection privée n'a pas à être subventionnée ou quoi.
01:28 Mais d'abord, il y a eu les Gilets jaunes qui m'ont posé un problème
01:31 puisqu'on ne pouvait pas faire de soirée dans les centres-villes pendant un an.
01:36 Après, il y a eu le Covid.
01:38 Toutes les salles fermées, non pas seulement en France, mais à l'étranger,
01:41 parce qu'on fait aussi quand même une trentaine de pays, les pubs diverses.
01:44 Et là, c'est le problème dont je voudrais vous parler.
01:48 C'est que j'ai trouvé quelqu'un qui va me financer la numérisation
01:53 et la mise sur un site de la totalité de la cinémathèque.
01:57 Mais l'argent est bloqué à cause des sanctions.
02:00 - De quelles sanctions ?
02:01 - Les virus de l'Europe.
02:02 Parce que j'ai signé avec une société anglaise.
02:05 - Ah, anglaise.
02:06 - Mais la société anglaise a une maison mère à Moscou.
02:09 - Ah. - Voilà.
02:10 Et l'argent ne peut pas arriver.
02:12 Et c'est là, ce qui m'énerve, si vous voulez, ce qui me met hors de moi,
02:15 c'est que moi, alors que la signature a été faite avant les sanctions,
02:20 moi, on m'empêche de toucher cet argent qui me sauverait et qui sauverait la cinémathèque.
02:24 Alors que, et je les vois régulièrement, Airbus continue à vendre des avions à aéroflot.
02:30 De quel droit ?
02:32 - Pourquoi ? C'est l'injustice.
02:34 - On a un président qui a dit "nul n'est au-dessus des lois".
02:37 Donc pour moi, c'est valable pour Airbus aussi.
02:41 C'est ce truc que je ne supporte pas, cette injustice qui me meurt de moi.
02:45 - On va en reparler avec vous, on va en reparler de cette cinémathèque absolument incroyable
02:50 que vous avez réussi à monter.
02:53 Et on va commencer d'abord par le zapping.
02:55 C'est l'actualité média, Valérie, quand les médias ou les réseaux sociaux
03:03 s'emballent sans attendre ni la justice ni la vérité dans le drame de Crépole
03:08 où le récit est donc en train de changer.
03:11 Un récit similaire à ce qu'avait raconté Patrick Cohen dans "C'est à vous"
03:15 et qui lui a valu de nombreuses critiques.
03:17 Il y est revenu dessus hier.
03:19 - Intervention qui vous a valu de très nombreuses et très violentes critiques.
03:24 - Oui, davantage que des critiques.
03:27 Des injures, des menaces sur les réseaux sociaux.
03:29 Saisie de l'Arkom par le Rassemblement National et par le Reconquête, le parti d'Éric Zemmour.
03:34 Dénigrement en meute pendant deux jours sur toutes les chaînes du groupe Bolloré, radio et télé
03:40 avant que mon nom ne soit jeté en pâture au Rassemblement d'extrême droite de samedi au Panthéon
03:44 comme étant le visage du mensonge.
03:46 Ce qui est intéressant aujourd'hui, c'est que ça continue.
03:49 - Et ça continue. Allusion à l'édito de Pascal Praud sur CNews.
03:53 Il suffisait de zapper le matin pour avoir un autre regard.
03:58 D'un autre côté, c'est une sorte de nier un peu les événements,
04:04 ce qu'a fait Pascal Praud hier sur CNews.
04:07 - Le système, le fameux système, commence à réécrire Crépole.
04:11 Le système est composé de politiques, éditorialistes, intellectuels, artistes, personnalités.
04:16 Des racailles munies de couteaux ont débarqué à Crépole.
04:19 Ils ont provoqué la mort de Thomas le 18 novembre dernier.
04:23 Emmanuel Macron a parlé d'assassinat.
04:24 Ce récit sera battu en brèche par le système.
04:28 On expliquera que les jeunes rugbymans qui faisaient la fête
04:31 ne sont peut-être pas exclus de toute responsabilité dans ce drame.
04:34 On cherchera le moindre fait, le plus petit détail qui puisse disculper le ou l'aiteur de Thomas.
04:40 J'ai lu le Parisien ce matin, j'ai écouté France Info,
04:43 j'ai entendu hier soir une chaîne Info. C'est parti.
04:46 La réécriture est en marche.
04:48 Vous n'avez pas vu ce que vous avez vu.
04:51 Le système va vous expliquer.
04:53 - Il a continué ce matin, se défendant, en persistant et signant,
04:59 et en accusant une certaine presse de le stigmatiser tout le temps.
05:04 - Oui, mais à un moment les faits et les témoignages sont têtus.
05:08 - Il dit "le procureur n'a pas parlé".
05:10 - Il attend que le procureur parle avant de parler.
05:13 C'est un peu notre société, où elle va un peu vite,
05:17 que ce soit les réseaux sociaux ou Internet.
05:20 Hier, dans le 20h, incroyable sujet Valérie,
05:25 sur un fichier S, sortie de prison, lié à des attentats,
05:30 qui racontait ses contraintes à sa sortie de prison.
05:34 C'était une interview à visage découvert.
05:36 Le sujet était dingue.
05:38 - Karim Mohamed Agha, des fichiers S, est étroitement surveillé.
05:42 Il avait 23 ans en 2012, lorsqu'il est parti en Syrie, dans une zone de combat.
05:47 Karim Agha, a tout fait qu'à du baclan.
05:51 Il a obligation de travailler et se soumettre à une série.
05:55 - Il y a eu une restriction judiciaire.
05:58 J'ai tout eu, tous les jours, il pleut, il neige.
06:01 Il y a des jeux qui vantent.
06:04 Vos comptes sont gelés.
06:06 Vous bénissez une enveloppe de 500 euros en liquide,
06:10 que vous pouvez récupérer à votre banque.
06:12 Vous n'avez pas de carte bancaire.
06:14 Avec cette somme, vous devez justifier de toutes vos dépenses.
06:17 Je suis surveillé, comme le lait sur le feu.
06:20 - Depuis notre reportage, Karim Mohamed Agha a été interpellé.
06:24 Et placé depuis le 1er décembre dans un centre de rétention,
06:28 en vue de son expulsion vers le Maroc.
06:30 - C'était dans le 20h de France 2, c'était un assez étonnant sujet.
06:35 Valérie, vous avez des animaux ? Je connais la réponse, parce qu'on se connaît un peu.
06:39 Je ne vous félicite pas.
06:41 Vous participez au réchauffement climatique.
06:43 Vous ne saviez pas que, à cause des animaux, sur le réchauffement climatique,
06:48 on stigmatise les chiens, les chats, et même les poissons rouges.
06:53 C'est la nouvelle lubie des écolos. France 2 a vérifié si c'est vrai.
06:57 - Les animaux de compagnie contribueraient au réchauffement climatique.
07:01 C'est ce qu'affirme l'ingénieur spécialiste du climat, Jean-Marc Jancovici.
07:05 - Les chiens, les chats, les poissons rouges ont un impact.
07:09 - Les animaux de compagnie ont-ils un impact sur le climat ?
07:13 C'est vrai. Nos animaux contribuent au réchauffement de la planète.
07:16 Cet impact est surtout dû à la production de leur nourriture,
07:20 qui contient souvent de la viande.
07:22 Sur une année, la nourriture d'un chien de 22 kilos émet 0,5 tonne de CO2.
07:27 À titre de comparaison, en moyenne, c'est presque un mois d'émission de CO2 dans France 6.
07:32 - Vous avez honte, j'espère ? - Non, je trouve que Jean-Marc Jancovici...
07:37 Vous voyez qui c'est ? - Oui, tout à fait.
07:40 - Qui dit qu'il faudrait 3 ou 4 voyages dans toute une vie en avion.
07:45 - Vous n'avez pas vous séparé de votre chat ? - Non, pas du tout.
07:49 - Vous ne voulez pas du bien à la planète ? - Non, absolument.
07:52 - Hier, c'était... Evidemment, c'est de l'humour et de l'ironie.
07:55 - Bien sûr, bien sûr. - On se connaît bien tous les deux.
07:57 Hier, c'était les quarts de finale d'Incroyable Talent,
08:00 votre émission préférée avec l'Astarak.
08:02 Et notre auteur-compositeur dont je vous avais parlé a de nouveau brillé.
08:06 Il s'appelle Kobalt, vous allez voir, c'est pas mal.
08:09 Mais est-ce que t'étais censée, censée à quoi ?
08:14 De t'écrire des poèmes que tu n'as ni par où ?
08:19 - Bon, j'ai vu le remas, le regard de Jean-Marie Boursicot,
08:23 on n'a même pas besoin de dire ce qu'on en pense.
08:25 - Bah dis donc, vous n'étez pas des chansons françaises.
08:28 - Non, non, non, c'est plus que c'était.
08:30 - Restez avec vos buteux, c'est pas nous.
08:32 - C'est peut-être comme la pub, c'est plus que c'était non plus.
08:35 - Ah non, ça c'est sûr. - Ça c'est sûr.
08:37 - On va en reparler.
08:38 - On en reparle dans un instant avec notre invité Jean-Marie Boursicot,
08:41 le créateur des pubs Livore et qui est à la tête de cette cinémathèque incroyable,
08:46 plus d'un million et demi de spots publicitaires de 1898.
08:51 - À nos jours. - À nos jours.
08:52 - Et monde entier. - Et monde entier, absolument.
08:54 Et on y revient dans un instant.
08:56 Le 10h30, Sud Radio Média, Valérie Expert, Gilles Anzmann.
09:04 Sud Radio Média, l'invité du jour.
09:07 - L'invité du jour c'est Jean-Marie Boursicot.
09:09 Alors son nom ne vous dit peut-être rien, mais ce qu'il fait va vous parler.
09:14 C'est le créateur de la nuit des pubs Livore.
09:17 Il est à la tête d'une collection, parce que vous êtes un collectionneur Jean-Marie Boursicot,
09:21 d'un million et demi de spots publicitaires de 1898 à nos jours,
09:25 de plusieurs pays, 80 pays, c'est ça ?
09:29 - 80 pays représentés, oui, absolument.
09:31 - Et vous avez commencé à collectionner ces films...
09:35 - Quand j'avais 10 ans. - Vous vous rendez compte ?
09:37 - Je faisais des poubelles des cinémas de quartier, j'habitais Marseille à l'époque,
09:40 et je faisais des poubelles des cinémas de quartier, je ramassais les films que les opérateurs jetaient.
09:44 Alors ils ne jetaient pas les longs métrages, mais ils jetaient les créma, Bounty, Minto, et tout ça.
09:49 Et donc je les ramassais, pour moi c'était formidable, parce qu'un film...
09:53 Autant une bande vidéo, il n'y a rien, c'est marrant, mais le film il y a l'image, c'est comme une diapo.
09:58 On peut s'imaginer quand on est un gosse...
10:01 Et donc j'ai continué, j'ai fait mes études, et une fois que j'ai eu mon diplôme,
10:05 j'ai dit "je ne peux pas continuer", j'ai fait du droit à Aix.
10:07 Mais je me suis dit "je ne peux pas continuer dans ce domaine, je veux rentrer dans la publicité".
10:12 Je suis rentré à Publicis à Paris en 1978.
10:14 - Et vous étiez un passionné de cinéma, et ce qui vous intéresse, et vous le disiez dans la publicité,
10:18 c'était la créativité, c'était l'aspect cinématographique de certaines publicités.
10:24 - Dans le film publicitaire, il y a quand même des réalisateurs, des comédiens, des musiciens, des monteurs,
10:29 parce que monter un film publicitaire, c'est pas aujourd'hui, aujourd'hui c'est vraiment pas bien.
10:33 Mais il y a des films publicitaires qui sont vraiment des chefs-d'oeuvre, techniques.
10:38 - Vous pensez à quel film par exemple ? Quel est un de vos spots ?
10:43 - Moi ce que j'aime bien, c'est un film de 1948, de Walter Lanz, un dessin animé de Coca-Cola.
10:48 - Ah, incroyable !
10:50 - Walter Lanz, c'est le géant qui veut... c'est un dessin animé, hein.
10:56 C'est un géant qui va détruire un village, et puis le petit tailleur va arriver, va arriver à le faire fuir,
11:01 et pour le récompenser, le chef du village va lui donner une bouteille de Coca-Cola.
11:05 Y a-t-il récompense meilleure pour un travail bien fait qu'un Coca-Cola grincé ?
11:08 Bon, elle n'est pas payée par Coca-Cola.
11:10 - Non, non, mais c'est une histoire, c'est vrai que ça raconte quelque chose.
11:14 - C'est formidable ! - Et puis beaucoup de réalisateurs ont été lancés, ont fait leur première arme dans la pub,
11:19 et ça les a lancés, comédiennes, chattelières.
11:21 - À l'époque, ils en avaient honte. Les comédiens et les réalisateurs, ils ne les disaient pas.
11:25 Puis dans les années 70-80, c'est devenu presque une fierté.
11:29 - Branché. - Avec, grâce à Ségué là d'ailleurs.
11:31 - Oui, oui, absolument.
11:33 - Et d'ailleurs, énormément de réalisateurs ont fait des films publicitaires.
11:38 - Patrick Seconde, voilà, je pensais à lui.
11:40 - Patrick Seconde, qui est un ami, qui m'a donné...
11:43 - Pierre Arginio. - ...toutes ces cinémathèques.
11:45 - Arginio en a fait aussi, oui.
11:47 - Et donc, il y avait, et un auditeur me dit, c'est un talent fou de raconter une histoire en 30 secondes.
11:53 Effectivement, c'était...
11:55 Moi, j'ai en tête les spots de Ségué là, pour Citroën, qui ont quand même...
11:59 - C'était pas 30 secondes, c'était du 45 et du 60.
12:03 - Il y a eu Jean-Baptiste Mondino aussi, Périer.
12:06 Et vous avez donc lancé cette nuit des Publivor qu'on évoquait,
12:10 et donc, il y avait dans ces salles, vous projetiez ces films.
12:14 - Le but de la nuit des Publivor, c'était d'abord de faire partager ma passion,
12:18 en montrant les films que j'aimais,
12:20 et il n'y a eu aucun sponsor qui m'a imposé de mettre ces films,
12:25 ou m'interdire de passer des films des concurrences, il faut le faire, c'est pas évident.
12:29 Et ça permettait aussi de financer la cinémathèque,
12:31 qui a toujours été une cinémathèque privée, qui n'a jamais eu d'aide.
12:34 - De subvention. - Jamais.
12:35 - Donc aujourd'hui, on va revenir sur la publicité,
12:39 aujourd'hui, vous êtes dans une situation où vous avez un million et demi de films,
12:44 10% sont numérisés, et quoi ?
12:47 - Il faut continuer à numériser pour pouvoir pérenniser le fond,
12:50 et c'est très difficile de...
12:52 Vu les...
12:54 Puis quand on entend les actualités, comme tout à l'heure,
12:56 je crois que l'histoire d'une cinémathèque de films publicitaires
12:59 passe au troisième, au quatrième plan, voyez,
13:01 je suis pas très important par rapport à tout ce qui se passe.
13:04 - Lina, Gilles, vous posez la question en rentrée.
13:06 Pourquoi Lina ne conserve pas, vous êtes pas à conserver les films publicitaires ?
13:10 - Parce que Lina ne conserve pas les films publicitaires.
13:12 - C'est mal, c'est mal.
13:13 - Parce que c'est du mauvais argent, c'est pas de l'art, je ne sais pas.
13:18 Alors ils ont quelques films qui sont passés en France,
13:22 mais les films étrangers ne les intéressent pas,
13:25 et ils ont gardé juste "Les Nuits des Publivores" passé sur les chaînes de télé,
13:29 alors là ils ont peut-être les enregistrements qu'ils ont gardés,
13:31 mais ils les utilisent pas.
13:32 - Vous n'avez pas créé une chaîne sur Youtube avec un abonnement ?
13:36 - Parce que je suis un peu vieux, et que pour moi,
13:40 Internet, les réseaux sociaux, Youtube et tout ça, c'est pas mon truc.
13:44 - Ah bah vous avez tort, parce que je pense qu'elle marcherait bien cette chaîne,
13:47 pour aller voir des vieilles pubs.
13:49 - Alors le but, si vous voulez, avec le partenaire avec qui j'ai signé,
13:55 l'anglais russo-anglais,
13:58 c'était de finir la numérisation de tout,
14:00 et faire une application sur laquelle toute la cinémathèque
14:04 aurait été accessible à tout le monde.
14:07 - Ah oui, et puis là pour le coup les gens paieraient la bille pour aller le voir.
14:10 - Un peu comme pour l'INA, en basse définition gratuite,
14:13 pour essayer de chercher,
14:14 et puis après si on voulait vraiment le film à haute définition,
14:17 en 4K, puisque maintenant on parle que des K,
14:20 alors là ça aurait été peut-être un peu payant pour faire vivre la cinémathèque.
14:24 Mais ça a été bloqué depuis deux ans.
14:27 - Mais aujourd'hui vous interpellez qui ? La ministre de la Culture, Réma Abdel-Malak ?
14:31 - Non, elle m'a pas répondu, je lui ai écrit, elle m'a pas répondu.
14:33 - On vous répond même pas.
14:34 - Ça veut dire que la pub est méprisée, c'est ça ?
14:36 C'est pas reconnu comme un art ?
14:38 - Non.
14:39 - Pourquoi ?
14:40 - Parce que c'est commercial ?
14:42 - Autant la fiche est considérée comme un art.
14:44 - Absolument.
14:45 - Mais le spot radio, rien.
14:47 Le spot images, télé, cinéma, rien.
14:50 Non, non, c'est...
14:52 - Réma Abdel-Malak, donc ministre de la Culture,
14:55 je pense qu'il y a des piges qui sont faites dans les ministères,
14:58 ne vous a pas répondu ? Même pas une lettre ?
15:00 - Jamais.
15:01 Vous savez, j'ai écrit quand même à 80 personnes,
15:05 des ministres, le président de la République,
15:07 à des députés, tout ça.
15:10 80 lettres.
15:11 Ils ont tous reçu la lettre, parce que j'ai reçu l'accusé de réception de la Poste.
15:15 Mais pas un...
15:16 - N'a répondu.
15:17 - N'a répondu.
15:18 - Même pas une lettre automatique ? Même pas une réponse ?
15:20 - Ah non, même pas une accusée de réception automatique, rien.
15:23 - Alors, vous...
15:25 - On est un peu sans voix.
15:26 - Il n'y a rien à dire.
15:28 - Et pourquoi les publicitaires vous aident pas ?
15:31 - Oui, je parle, les publicitaires...
15:32 - C'est pour ça, Jean, qu'ils ont de l'argent.
15:34 - Oui, mais le public...
15:35 Vous savez, si j'existe, si ma cinémathèque existe,
15:38 c'est parce que les publicitaires ne se sont jamais intéressés à leur passé.
15:41 Que ce soit les producteurs, les annonceurs...
15:45 Parce que l'Union des annonceurs, par exemple,
15:47 le syndicat des annonceurs,
15:49 c'est leur mémoire que je garde.
15:51 - Bien sûr.
15:52 - Et ça, ça ne passe absolument pas.
15:53 - Ah bon ?
15:54 - Non.
15:55 - Et là, c'est quoi ?
15:56 - Comment vous l'expliquez ?
15:57 - La CSE, l'agence...
15:58 - Alors, je les connais.
16:00 Ils sont tous d'accord pour être partenaires des Mélenchon et des Publivor
16:02 avec leur logo sur le bas de l'affiche.
16:04 - Oui, ça, ils sont d'accord.
16:06 - Mais pas un centime et aucune aide.
16:08 - Comment vous l'expliquez ?
16:09 - Parce que le passé ne les intéresse pas.
16:11 - Et c'est quoi le passé ?
16:13 - Et ce que je dis là, c'est pas seulement pour la France.
16:16 Parce que s'il y avait d'autres boursicots à l'étranger,
16:18 que ce soit en Chine, aux Etats-Unis, il n'y en a pas.
16:21 - Oui, c'est une initiative complètement originale, unique et importante.
16:29 - Tout le monde pense que ça existe.
16:31 Moi, je me rappelle, quand j'ai commencé à Publicis à Paris en 78,
16:35 j'avais vu Bluster Blanchet à l'époque,
16:37 il m'avait dit "mais ça ne m'intéresse pas ce que vous faites,
16:40 vous ne pouvez pas m'aider, je voudrais monter une cinémathèque,
16:42 mais du coup ça ne m'intéresse pas parce que de toute façon,
16:44 ça doit exister quelque part".
16:46 Tout le monde croit que ça existe et ça n'existe pas.
16:48 - Et sur la conservation des films, ça représente combien ?
16:53 Quel volume ? 1,5 millions de films ?
16:55 - 150 mètres carrés.
16:57 - 150 mètres carrés et ça ne s'abîme pas ?
17:00 - Il faut numériser vite.
17:02 Les films argentiques cinéma ne s'abîment pas trop.
17:08 Ils sont fragiles mais ils ne s'abîment pas trop.
17:10 Ce qui me fait peur, c'est les films après,
17:12 qui ont été dans les années 70, 80, 90,
17:14 en vidéo.
17:16 L'image surface...
17:18 - Mais Gaumont, Pathé, UGC, tout ça, ils ne veulent pas ?
17:21 - Non. Ça ne les intéresse pas, c'est de la pub,
17:23 ce n'est pas du long métrage.
17:25 - Oui, mais on voit qu'il y a eu des réalisateurs,
17:27 encore une fois, exceptionnels.
17:29 - Non, ça ne les intéresse pas.
17:30 - Moi j'ai été rechercher quelques pubs,
17:32 sachant que vous veniez dans nos studios.
17:34 Est-ce que vous vous rappelez d'une pub Renault
17:36 avec un chanteur, Renault à la voiture ?
17:38 Ecoutez, cette vieille pub, c'était Michel Fugue.
17:41 - Oui, la Renault 4.
17:44 Fais un tour en Renault 4,
17:46 demande-lui beaucoup.
17:48 Va partout en Renault 4,
17:50 elle lira jusqu'au bout.
17:52 Son coffre est très grand,
17:55 et on y met tout dedans.
17:57 Elle peut aussi coucher dehors,
17:59 du Sahara jusqu'au pôle Nord.
18:01 - C'est incroyable.
18:04 - C'est fou.
18:05 - C'est une vraie valeur, ça.
18:07 J'ai le film, "Coupineuve",
18:09 impeccable.
18:11 C'est un film très beau.
18:13 - Et vous avez le droit de les exploiter, Fabien ?
18:15 - Moi j'ai des autorisations de diffusion.
18:17 C'est les agences qui me les envoient,
18:19 c'est pas moi qui vais pas les pirater sur les chaînes.
18:21 Chaque année, on reçoit quand même
18:23 à peu près 25 000 films.
18:25 On en a 1,5 million,
18:27 aujourd'hui, mais entre 20 et 25 000
18:29 qui arrivent chaque année
18:31 du monde entier.
18:33 Mais qui sont déjà numérisés,
18:35 parce que depuis 2 ou 3 ans, c'est des fichiers.
18:37 - Et la qualité, comment ?
18:39 Parce que ça a évolué, la pub, on le voit bien,
18:41 les pubs aujourd'hui sont quand même assez pauvres.
18:43 - Disons que...
18:45 - Est-ce qu'à l'étranger, c'est pareil ?
18:47 - Oui. Mais disons que, ça dépend des pays,
18:49 depuis 4 ans,
18:51 j'ai eu de grosses difficultés, depuis cette histoire
18:53 de Covid, de faire mes soirées en salle.
18:55 Mais, j'ai toujours
18:57 préparé un programme, au cas où.
18:59 Donc chaque année, on a fait un nouveau programme.
19:01 Parfois qui passait une fois ou deux,
19:03 parfois qui n'est pas passé,
19:05 on l'a toujours préparé.
19:07 Et il y a de moins en moins de films européens.
19:09 Il y a de plus en plus de films
19:11 d'Afrique du Sud, de Brésil...
19:13 - Et pourquoi vous ne le vendez pas à Paris 1ère,
19:15 une nuit des plus vivants, sur Paris 1ère ?
19:17 - On l'avait fait, on l'avait même fait en direct
19:19 du Rex avec Paris 1ère.
19:21 - Ah bah vous en feriez pas une ?
19:23 - Parce que c'est les intérêts les plus visibles.
19:25 - Ah parce que c'est ce qui a pris les mêmes dirigeants, c'est pour ça.
19:27 - Oui, oui, mais il faudrait effectivement...
19:29 - Je sais de vous aider, je sais de trouver des solutions.
19:31 - Oui, mais vous savez, j'ai une nouvelle image.
19:33 - Oui, mais je pense que Jean-Marie est aussi beau.
19:35 - Disons qu'aujourd'hui,
19:37 mon collaborateur
19:39 travaille, nous sommes deux,
19:41 nous étions huit à l'époque,
19:43 aujourd'hui nous sommes deux.
19:45 Il travaille à
19:47 redévelopper la tournée.
19:49 Alors il y a, je sais qu'il y a Varsovie,
19:51 Bucharest, Prague, vous voyez c'est très curieux.
19:53 Alors,
19:55 je vais peut-être me faire mal voir,
19:57 mais il y a huit jours,
19:59 on a fait quand même une nuit des publiveurs
20:01 dans la salle de cinéma du Kremlin,
20:03 il faut le faire.
20:05 Mais j'ai pas les sous,
20:07 les sous peuvent pas être transférés.
20:09 Et on a une très grosse tournée russe,
20:11 biélorusse,
20:13 pas Ukraine cette année.
20:15 - C'est plus compliqué, ouais. Et en France ?
20:17 - En France, rien.
20:19 - Mais rien parce que quoi ? Parce qu'il n'y a pas de...
20:21 - Parce que les gens, je sais pas, je pense que...
20:23 - Il y a une nouvelle génération, que ça intéresse moins.
20:25 Moi je me souviens que j'étais passionné quand j'avais 18 ans, la pub c'était...
20:27 - Oui, mais je crois que les...
20:29 Vous savez, je vais rarement au cinéma,
20:31 c'est pas un grand monde qui...
20:33 Beaucoup de films qui m'intéressent,
20:35 mais les cinémas sont vides, regardez,
20:37 j'ai appris hier que le Marignan allait fermer.
20:39 - Absolument, ce genre de cinéma n'existe plus, j'ai vu.
20:41 - Ce sont des cinémas, pour nos auditeurs,
20:43 sur les Champs-Elysées, qui sont des vieux cinémas.
20:45 - Des cinémas...
20:47 - Des films inocultes, c'est ça que je veux dire.
20:49 - À Marseille,
20:51 le César, qui était Place Castellane,
20:53 va fermer ou a fermer,
20:55 parce qu'il y a tellement plus de personnes
20:57 qui peuvent plus payer leur loyer.
20:59 - C'est un cinéma fondé par Pagnon
21:01 dans les années 30, quand même.
21:03 - Mais c'est différent du cinéma,
21:05 c'est autre chose,
21:07 c'est un autre spectacle que vous proposez.
21:09 - Les jeunes aujourd'hui,
21:11 ils sont tous sur Netflix ou des trucs comme ça.
21:13 - Il y a un auditeur qui demande
21:15 est-ce que la pub YouTube ou Facebook a tué la pub ?
21:17 Est-ce que c'est une nouvelle forme de pub
21:19 très rapide ?
21:21 - Non, je ne crois pas que ça ait tué la pub.
21:23 - Je pense que c'est dans un autre sens.
21:25 Est-ce que le fait que les pubs soient diffusés
21:27 sur YouTube
21:29 a cassé votre commerce ?
21:31 Parce que c'est vrai qu'on va sur YouTube
21:33 et on peut retrouver n'importe quelle pub.
21:35 - Pas de tout.
21:37 - Je pense que c'était dans ce sens-là la question.
21:39 - Non, je pense que la pub YouTube
21:41 c'était la pub,
21:43 la forme, le format de la publicité.
21:45 - Ah non, ça c'est pas.
21:47 - Qu'est-ce qui a commencé avant la publicité
21:49 ou le cinéma ? C'est aussi une question d'un auditeur.
21:51 Il parle d'une publicité pour les Frères Lumière.
21:53 - Le cinéma a commencé
21:55 en 1895, si j'ai pas de mémoire.
21:57 Et le premier film publicitaire, c'est les Frères Lumière
21:59 qui l'ont fait en 1898.
22:01 En fait, le publicitaire
22:03 c'était un bien grand mot. C'est plutôt un film
22:05 subventionné qui avait été fait pour
22:07 un champagne.
22:09 Non, pour un savon, le savon Sunlight.
22:11 Qui existe encore en Australie.
22:13 J'ai retrouvé
22:15 un carré de savon Sunlight.
22:17 Et ce film
22:19 était payé
22:21 par une élevère à l'époque
22:23 pour essayer de passer...
22:25 Vous savez, il y avait des séances dans les
22:27 fermes, chez les particuliers.
22:29 Il n'y avait pas de salles.
22:31 Et donc, ils avaient fait plaisir. Ils avaient fait un film
22:33 sur lequel ils montraient leurs produits.
22:35 Et donc, c'est né en même temps.
22:37 D'ailleurs, le cinéma publicitaire
22:39 a utilisé
22:41 les mêmes techniques que le cinéma,
22:43 parfois un peu en avant.
22:45 Les films en couleur, par exemple,
22:47 ont été d'abord des films publicitaires.
22:49 Parce que ça coûtait moins cher
22:51 de faire un film publicitaire de 1 minute, 1 minute et demi
22:53 qu'un long métrage d'une heure et demie.
22:55 Le cinémascope, pareil.
22:57 Il y a eu des films publicitaires en cinémascope
22:59 dans les années 50.
23:01 Avant de faire des longs métrages, même.
23:03 Donc, il y a eu...
23:05 Il y a beaucoup de techniques qui ont été expérimentées
23:07 grâce à la publicité.
23:09 - Grâce à la publicité.
23:11 - Vous voulez une dernière pub ?
23:13 Une pub des années 70, Belle Deschamps.
23:15 - Ah oui, aussi.
23:17 - C'est pas forcément ce qui est...
23:19 - C'est pas Gautenaire.
23:21 - Elle est culte, celle-là.
23:33 - J'ai vu dans le métro hier,
23:35 je crois que Gautenaire en faisait un spectacle.
23:37 - Ah bon ?
23:39 - Oui, j'ai vu le retour de Richard Gautenaire.
23:41 - Sur les pubs.
23:43 - Il en a fait beaucoup.
23:45 - Il a fait énormément de pubs.
23:47 Et puis, c'est un style à part.
23:49 - C'est très connoté.
23:51 - C'est très années 80, quand même.
23:53 Il y a eu 10 ans où il était très présent,
23:55 puis après, il a un peu disparu.
23:57 - Aujourd'hui, on avait envie
23:59 de vous mettre en lumière, de raconter
24:01 un petit peu cette histoire incroyable qui est la vôtre,
24:03 de dire qu'il y a ce fonds incroyable,
24:05 cette collection de films publicitaires
24:07 qui sont là,
24:09 qui vous appartient,
24:11 qui n'a aucune subvention,
24:13 et aujourd'hui, vous avez besoin d'argent
24:15 pour...
24:17 - Il faut que je puisse tenir le temps que,
24:19 soit, il y a un déblocage des sous,
24:21 et sinon,
24:23 peut-être trouver quelqu'un
24:25 qui m'aide à continuer
24:27 la numérisation et à
24:29 mettre en place cette application
24:31 qui permettrait à tout le monde de pouvoir...
24:33 - Comment ça marche, la numérisation ?
24:35 - Il faut...
24:37 - C'est une machine spéciale ?
24:39 - Il faut un télécinéma,
24:41 des ordinateurs, tout ça.
24:43 Il faut en faire, disons, d'une cassette ou d'un film,
24:45 il faut en faire un fichier.
24:47 C'est le temps du film.
24:49 Un film d'une minute, ça te prend une minute à le numériser.
24:51 - Oui.
24:53 On espère que vous avez été entendus
24:55 par Rima Abdoulmalak,
24:57 et puis on va recevoir bientôt le
24:59 directeur général de l'INA, donc on lui en parlera aussi.
25:01 Et on va vous aider à continuer,
25:03 et puis on espère une nuit des Publivor bientôt
25:05 en France. Merci Jean-Marie Boursicot
25:07 d'avoir été avec nous,
25:09 et on se retrouve dans un instant pour parler
25:11 d'innovation technologique.
25:13 - Le Supplément Média, avec aujourd'hui
25:35 notre invité, Raffi
25:37 Aladjian. Bonjour, merci d'être
25:39 avec nous. Vous êtes
25:41 l'inventeur du Minitel,
25:43 on peut le dire comme ça, enfin vous avez contribué
25:45 - Minitel, non, mais de l'internet.
25:47 - Et de
25:49 Nabastag, premier fournisseur
25:51 d'internet, et vous publiez
25:53 "Tentatives d'épuisement de l'avenir du futur".
25:55 C'est un livre
25:57 que j'ai parcouru,
25:59 qui contient
26:01 énormément de...
26:03 Il y a beaucoup d'humour, déjà, on peut le dire,
26:05 il y a énormément d'humour,
26:07 et une vision de ce que l'innovation
26:09 a pu être
26:11 et devrait être. Alors je vous disais juste avant
26:13 qu'on ne commence que vous étiez dans l'actualité,
26:15 puisque le Président de la République
26:17 rassemble près de 500
26:19 scientifiques, chercheurs et
26:21 start-upers ce matin à l'Elysée
26:23 pour essayer de réfléchir
26:25 aux grandes innovations pour les 10 ans
26:27 à venir. Ça vous parle ?
26:29 Vous n'en faites pas partie ?
26:31 - Non, je n'en fais pas partie, et puis bon, ça fait
26:33 partie des... de sorte de machins,
26:35 je pense qu'on ne peut pas penser
26:37 à l'avenir
26:39 quand on se met à aussi nombreux,
26:41 je pense que c'est des trucs qui se font tout seul.
26:43 - Oui, donc vous essayez
26:45 de prédire le futur
26:47 dans votre livre,
26:49 qu'est-ce qu'on va devenir ?
26:51 - C'est un truc qui ne se fait plus. Alors j'ai
26:53 appliqué une règle que tout le monde connaît,
26:55 parce qu'on l'apprend en CM1.
26:57 En CM1, on nous apprend en géométrie
26:59 que si on part d'un point dans l'espace,
27:01 on peut tracer une infinité de droites.
27:03 Et donc, si on part
27:05 d'aujourd'hui, on peut faire
27:07 une infinité de projections vers le futur
27:09 et avoir autant de chances
27:11 de se gourer. Alors que si
27:13 on prend deux points dans l'espace,
27:15 on apprend en CM1 qu'à partir
27:17 de deux points dans l'espace, on ne peut tracer qu'une seule droite.
27:19 Donc le travail que j'ai fait
27:21 dans mon livre, c'est de me dire, bon, est-ce que
27:23 on peut reprendre,
27:25 rembobiner l'histoire, revenir
27:27 au début, et voir
27:29 à chaque étape de l'histoire,
27:31 comment ça s'est passé,
27:33 et qu'est-ce qu'on peut en apprendre, et quels sont les véritables
27:35 paramètres de l'évolution
27:37 des technologies,
27:39 du savoir,
27:41 c'est ce qui m'intéresse, du savoir ou de la connaissance.
27:43 Je suis parti
27:45 des bibliothèques médiévales, qui étaient
27:47 un truc très intéressant,
27:49 parce que ça posait
27:51 les bases,
27:53 et puis je suis allé jusqu'au
27:55 smartphone qu'on a dans notre poche,
27:57 et à partir de là, tirer
27:59 des conclusions, des paramètres.
28:01 - Qui sont lesquels ?
28:03 - Si on prend par exemple
28:05 les bibliothèques médiévales,
28:07 elles étaient très loin de chez soi,
28:09 donc il y avait un trajet pour accéder à l'information.
28:11 Ensuite, on accédait
28:13 à des ouvrages, à des livres
28:15 qui n'avaient pas été écrits pour nous,
28:17 parce qu'il n'y avait aucune économie de l'information,
28:19 donc en fait, ils avaient été écrits hors sol,
28:21 pour un lecteur hors sol,
28:23 donc il n'y avait pas d'industrie,
28:25 il n'y avait pas de machin, donc on produisait
28:27 quelque chose pour on ne savait pas qui.
28:29 C'était clairement
28:31 pas personnalisé, en tout cas ça ne me parlait
28:33 pas à moi,
28:35 et puis un certain nombre d'autres paramètres,
28:37 et si on accélère, et on se regarde
28:39 aujourd'hui à l'époque
28:41 du smartphone,
28:43 cette bibliothèque, on l'a dans notre poche,
28:45 donc on a vachement réduit
28:47 la distance, c'est-à-dire qu'on n'a plus
28:49 besoin de faire 5000 kilomètres pour
28:51 arriver à une
28:53 bibliothèque, mais que 50
28:55 centimètres pour accéder à notre
28:57 smartphone qu'on a dans notre poche,
28:59 on accède à une information
29:01 d'abord qui est exhaustive,
29:03 c'est-à-dire qui couvre en tout cas
29:05 de manière illusoire
29:07 tous les trucs dont on a besoin
29:09 de connaître,
29:11 et puis
29:13 qui est personnalisé pour moi,
29:15 ici et maintenant.
29:17 - Alors nos auditeurs sont formidables, Stéphane
29:19 vous connaît, il dit "ce monsieur est un génie".
29:21 Donc il y a des gens, c'est vrai que les
29:23 créateurs, les créateurs, les gens
29:25 comme vous ne sont pas forcément connus
29:27 du grand public, sauf que ce que vous, vous avez
29:29 créé, imaginé,
29:31 était incroyablement novateur
29:33 à l'époque. - Le fameux Dabastag.
29:35 - Dabastag c'était le petit lapin
29:37 qui était... - Qui vous disait "vous mêlez
29:39 la météo", c'était les premiers
29:41 assistants vocaux
29:43 et objets. - Objets connectés. - Pourquoi
29:45 ça n'a pas marché ? Pourquoi
29:47 vous avez pas eu un succès mondial comme
29:49 Alexia d'Amazon
29:51 ou Apple,
29:53 pourquoi vous qui avez inventé
29:55 cet objet à qui on pouvait
29:57 un peu parler et qui nous donnait la météo,
29:59 enfin tout ce qu'on a maintenant avec
30:01 les assistants vocaux,
30:03 ça n'a pas marché ?
30:05 C'est parce que c'est français ? - Pour des tas de raisons.
30:07 D'abord parce qu'on est français,
30:09 ça c'est quelque chose qui compte parce qu'aujourd'hui,
30:11 il faut dire ce que c'est,
30:13 l'innovation en France, elle n'est pas
30:15 suffisamment soutenue
30:17 et j'en parle aussi
30:19 dans mon livre, c'est-à-dire qu'on n'enfonce
30:21 que des portes ouvertes, donc quand on fait quelque chose
30:23 de réellement nouveau, on attend que
30:25 les américains le fassent pour copier sur eux
30:27 et après on convoque
30:29 50 personnes pour essayer
30:31 de penser comment on allait faire comme eux.
30:33 Et puis aussi
30:35 parce qu'on commet des erreurs,
30:37 c'est pas parce que vous avez fait un lapin
30:39 qui par ailleurs a exceptionnellement bien marché
30:41 que économiquement
30:43 ça a bien marché, parce qu'on a effectivement
30:45 commis des erreurs, c'est que ce lapin n'était pas vendu
30:47 suffisamment cher, ça coûtait
30:49 très cher de fabriquer un lapin à cette époque-là
30:51 on ne gagnait pas d'argent
30:53 en fait avec ce lapin, et plus on en fabriquait
30:55 plus on perdait d'argent, donc c'était
30:57 il fallait apprendre à faire
31:01 le métier, c'est pareil. - Mais pourquoi
31:03 derrière vous n'êtes pas servi de cette
31:05 technologie pour créer
31:07 d'autres choses ou
31:09 aller vers ces assistants vocaux,
31:11 vous n'avez pas vu que ça allait être
31:13 quelque chose d'important ? - Ça c'est
31:15 par ailleurs des défauts personnels
31:17 en gros, moi ce qui m'intéresse, moi je ne suis pas
31:19 un entrepreneur, il y a des gens qui disent
31:21 que je suis un entrepreneur, je m'inscris en faux,
31:23 moi je suis un aventurier de la technologie,
31:25 un aventurier de la technologie, ça va chercher
31:27 des nouveaux trésors, c'est-à-dire des espèces de
31:29 cités inconnues au milieu
31:31 de la jungle. - C'est quoi le prochain trésor ?
31:33 - C'est le post-web, lisez
31:35 mon livre jusqu'au bout et vous verrez, c'est le post-web
31:37 - Le post-web, il y en a
31:39 - C'est douce - Alors c'est quoi le post-web
31:41 justement ? - Le post-web
31:43 c'est un peu l'évolution de cette histoire
31:45 que je raconte, c'est que comme je le dis
31:47 on est arrivé au point
31:49 où on a cette bibliothèque avec tout ce
31:51 savoir qui est dans notre poche, qu'on a plus
31:53 que 50 centimètres à traverser
31:55 pour accéder à l'information
31:57 et puis on peut la sortir de notre poche
31:59 et consulter l'information. Le post-web
32:01 c'est le moment où on réduit
32:03 ces 50 derniers centimètres
32:05 ces 50 centimètres, ces 50 centimètres de trop
32:07 c'est-à-dire c'est le moment où cette information
32:09 elle vient se superposer à tout ce que vous êtes
32:11 en train de faire, c'est-à-dire que vous avez
32:13 un dispositif, alors ça peut être un dispositif
32:15 sonore que vous avez dans les oreilles
32:17 comme on fait chez Juice
32:19 mais demain ça pourra être des lunettes
32:21 peu importe le dispositif
32:23 qui vient enrichir
32:25 ce que vous êtes en train de faire
32:27 pour vous ajouter l'info dont vous avez
32:29 besoin au moment où vous êtes en train de le faire
32:31 et cette info elle est faite
32:33 fabriquée en temps réel, elle n'a pas été
32:35 produite par quelqu'un hier, il y a deux ans
32:37 il y a cent ans, etc. - C'est instantané
32:39 - C'est fabriqué instantanément
32:41 et avec l'IA générative, aujourd'hui
32:43 on a les moyens de fabriquer cette info
32:45 pour vous ici et maintenant, de manière même
32:47 jetable
32:49 et elle vous
32:51 aide, aujourd'hui quand vous prenez
32:53 votre GPS dans votre voiture et que
32:55 votre GPS vous parle, elle vous
32:57 dit pas quelque chose qui a été préenregistré
32:59 ou qui a été prévu pour vous il y a deux ans
33:01 elle vous dit à la seconde près
33:03 l'info dont vous avez besoin, le post-web
33:05 c'est ça, c'est la généralisation
33:07 de ce que fait votre GPS
33:09 - Ça veut dire que c'est nier
33:11 toute notre réflexion
33:13 et toute notre intelligence
33:15 d'aller chercher les choses, les gens savent plus
33:17 lire des cartes de route, savent plus
33:19 se guider dans une ville sans GPS
33:21 donc ça veut dire que maintenant
33:23 on n'aura plus besoin de retenir
33:25 un recette de 4/4
33:27 on aura ses lunettes, on dira 4/4
33:29 et puis voilà, ça veut dire
33:31 que ça va être vide notre cerveau
33:33 - Alors je suis absolument d'accord avec vous
33:35 je suis fustige parce que j'ai 62 ans
33:37 et que je suis né de cette culture
33:39 qui tenait un peu l'érudition
33:41 comme une grande valeur où on apprenait
33:43 plein de choses et on en faisait ou rien
33:45 ou on en jouissait
33:47 ou ça nous donnait des idées
33:49 mais justement cette érudition
33:51 elle est en train de se perdre et elle est déjà perdue
33:53 elle n'est pas perdue par le post-web, elle est perdue déjà
33:55 aujourd'hui quand on rencontre un jeune
33:57 il voudrait répondre des choses du type
33:59 je ne sais pas, j'étais pas né
34:01 ça veut dire que
34:03 les choses qui ne sont pas contemporaines
34:05 c'est à dire qui ne défilent pas
34:07 spontanément devant vos yeux
34:09 sont des choses qui ne sont pas connaissables
34:11 c'est à dire l'idée de rembobiner
34:13 d'apprendre des choses qui n'existent déjà plus
34:15 donc c'est pas le post-web qui fait ça
34:17 c'est quelque chose qui est déjà
34:19 dans la tendance actuelle
34:21 et qui rend le post-web
34:23 inéluctable - C'est effrayant ou pas ?
34:25 - Non je pense que rien n'est effrayant
34:27 de manière générale, c'est à dire que si on est juste trop vieux
34:29 on va mourir et puis il y aura d'autres générations
34:31 et puis eux ils en contendront
34:33 - Est-ce que cette science qui fait qu'on se cultive moins ou autre
34:35 a permis l'hégémonie
34:37 de Trump ou de
34:39 on peut voir le président argentin
34:41 est-ce que c'est parce que nos cerveaux sont moins
34:43 entraînés qu'il y a
34:45 une tendance comme ça
34:47 à avoir des gens
34:49 qui arrivent à haranguer des foules ?
34:51 Je me suis posé la question en lisant votre livre
34:53 - Je pense absolument, je pense que
34:55 la perte de l'érudition c'est la perte
34:57 de ce savoir inutile
34:59 un peu universel, un peu général
35:01 qu'on peut avoir des choses
35:03 c'est déjà perdu mais c'est un peu
35:05 le problème des réseaux sociaux qui sont un peu
35:07 des espèces de robinets d'informations
35:09 qui ajustent cette immédiateté
35:11 de l'information
35:13 qui pose ce problème
35:15 de perte de culture
35:17 et de point de référence
35:19 - Alors Stéphane
35:21 qui est notre auditeur passionné et qui vous connaît
35:23 dit c'est exactement ça
35:25 l'interface c'est sa suppression
35:27 et sa suppression est l'avenir
35:29 c'est à dire qu'il n'y aura plus d'interface entre nous
35:31 et l'information
35:33 - Oui, le point de départ de tout mon livre
35:35 l'un des trois héros de mon livre
35:37 est Saint Jérôme de Strydon
35:39 alors Saint Jérôme de Strydon c'est un des pères de l'église
35:41 mais c'est pas pour ça qu'il nous intéresse
35:43 on raconte que Saint Jérôme de Strydon
35:45 il connaissait par cœur tous les livres de son époque
35:47 c'est à dire qu'il les stockait dans sa tête
35:49 c'est comme s'il avait bouffé l'internet
35:51 c'est comme s'il était en mode avion et qu'il avait le cloud dans sa tête
35:53 - Un poil à la carotte avant l'heure
35:55 - Voilà, au pic de la Mirandole
35:57 et donc il n'avait pas d'interface
35:59 si vous avez toute l'information dans votre tête
36:01 vous n'avez pas d'interface
36:03 vous savez déjà tout
36:05 et l'idée du post web c'est d'arriver à
36:07 un espèce de Saint Jérôme 2.0
36:09 où tout ce qu'il y a à savoir
36:11 peut venir popper en vous
36:13 à l'instant même où vous en avez besoin
36:15 c'est un peu comme si vous aviez une espèce d'extension de cloud
36:17 qui est directement dans votre esprit
36:19 - En tout cas je conseille à tous ceux
36:21 que ça passionne de lire votre livre
36:23 Tentative d'épuisement de l'avenir du futur
36:25 c'est paru aux éditions Nautilus
36:27 merci Raphie à la Géant
36:29 d'avoir été avec nous ce matin
36:31 en tout cas ça a passionné nos auditeurs
36:33 qui avaient beaucoup de choses
36:35 qui avaient beaucoup de réactions
36:37 merci à vous
36:39 dans un instant on se retrouve sur Sud Radio pour les débats
36:41 à suivre sur Sud Radio
36:43 mettez vous d'accord
36:45 Valérie Experts

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