Budget 2024 : le Sénat rejette les crédits du logement

  • l’année dernière
La hausse du budget consacré à la politique du logement n’a pas convaincu les sénateurs. À l’initiative du rapporteur LR Jean-Baptiste Blanc, la Chambre haute a rejeté dans la nuit de vendredi à samedi cet important volet du projet de loi de finances 2024. Celui-ci a notamment épinglé "la mise en retrait" du gouvernement face à une crise inédite du secteur.

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Transcript
00:00 -Monsieur le ministre,
00:03 monsieur le baron noir, visiblement,
00:04 si on en lit la presse de ce samedi,
00:08 madame la présidente,
00:09 monsieur le président de la Commission des finances,
00:12 monsieur le rapporteur spécial, cher Bernard,
00:14 mes chers collègues,
00:15 je vais vous expliquer pourquoi la Commission des finances
00:17 a proposé le rejet des crédits
00:19 de la mission Cohésion des territoires,
00:21 bien qu'ils augmentent de 1,3 milliard
00:22 dans ce projet de loi de finances
00:24 qui atteindra donc 19,4 milliards.
00:26 La question n'est pas celle du montant absolu des crédits,
00:29 mais de leur utilisation et de la politique
00:31 sous-jacente à ces crédits.
00:32 Nous traversons une crise, en effet, historique du logement
00:35 et le gouvernement persiste à ne pas vouloir l'affronter.
00:38 C'est une bombe sociétale, bombe sociale majeure,
00:41 et le projet de loi de finances
00:43 n'en prend pas toute la mesure selon nous.
00:46 D'abord, une crise de l'offre, comme nous le savons toutes et tous.
00:49 Nous ne sommes pas simplement dans un effet de cycle économique.
00:52 Les points bas des cycles précédents
00:54 sont d'ores et déjà dépassés.
00:55 Et aucun signe de redémarrage ne s'annonce pour les mois,
00:59 voire les années à venir.
01:00 Nous savons tous que le stock de logement est insuffisant.
01:02 Nous savons tous qu'il y a une baisse des permis de construire.
01:05 Nous savons tous que les permis de construire accordés
01:07 le sont avec des droits à construire au rabais.
01:10 On part de -66%.
01:13 Le foncier qui se raréfie du fait du ZAN,
01:15 il a une bourdée des heures, monsieur le ministre,
01:17 pour vous dire pourquoi je ne les ai pas, malheureusement, ce soir.
01:20 Par ailleurs, une crise des coûts de production,
01:22 une crise de la demande avec une baisse des prêts
01:24 accordée de 51% en une seule année.
01:28 Une crise de confiance aussi envers le secteur du logement
01:31 qui rapporte pourtant 97 milliards d'euros
01:33 pour 42 milliards investis.
01:36 Ce n'est pas moi qui le dis,
01:37 mais le Conseil des prêts de demande obligatoire
01:39 s'y est dans un rapport.
01:40 Nous l'avons signalé à monsieur le ministre Cazenaves
01:42 dimanche dernier, mais sans aucune réponse de sa part.
01:45 Il faudrait dans d'autres pays...
01:47 Alors, il y a des débats, je le sais,
01:49 mais a priori, entre 460 000 et 580 000 logements nouveaux
01:53 chaque année. Nous en sommes loin
01:55 avec une perspective de 100 à 150 000 par an.
01:58 Alors qu'il y a entre 3 et 4 millions de ménages mal logés,
02:01 560 000 ménages qui sont en attente d'un LLI.
02:06 Le logement social aussi a un niveau d'activité
02:08 historiquement bas.
02:09 Ses capacités financières sont reniées
02:11 par la réduction de loyers et de solidarité
02:13 et par la hausse du taux de l'Ivrea.
02:14 Il ne joue plus son rôle contracyclique.
02:17 2,4 millions de Français sont en attente d'un logement
02:19 avec une hausse de 170 000 en une seule année,
02:23 sans compter qu'il y a trop peu de logements en France
02:25 là où il y en a besoin pourtant
02:27 et que cela va s'aggraver.
02:28 On pourrait parler des effets et des conséquences
02:30 de la loi Climat et Résilience
02:31 qui exclut progressivement du marché
02:34 les logements classés G, F et E,
02:37 soit près de 4,7 millions de logements
02:39 qui représentent près de 40% du marché locatif privé.
02:42 Face à cette situation,
02:43 on attendrait une réponse politique vigoureuse
02:47 car sans un logement décent, il n'y a pas d'éducation.
02:49 Sans un logement au bon endroit, il n'y a pas d'emploi.
02:52 Or, le gouvernement reste en retrait de cette question
02:54 et multiplie dans ce projet de loi de finances
02:56 des mesures de faible ampleur
02:57 pour éviter de prendre le problème à bras-le-corps.
03:00 Ainsi, le gouvernement parle-t-il de plein emploi,
03:01 mais ce que nous voyons dans le programme 177,
03:04 hébergement, parcours vers le logement
03:06 et insertion des personnes vulnérables,
03:07 c'est la hausse de la pauvreté, comme le confirme l'INSEE.
03:11 Le parc d'hébergement est au plus haut,
03:12 avec un niveau de 203 000 places,
03:15 et pourtant, les associations ne cessent de nous alerter
03:17 sur le nombre d'enfants et de femmes enceintes dans la rue
03:19 qui n'a jamais été aussi grand.
03:21 J'ai personnellement signé, co-signé, M. le ministre,
03:24 une tribune relayée par la fondation Abbé Pierre
03:27 qui fait état de ce que 2 822 enfants,
03:30 dont près de 700 de moins de 3 ans,
03:34 sont refusés chaque soir par le 115.
03:36 Ils passent la nuit avec leurs parents à la rue
03:38 dans une voiture ou sous une tente.
03:40 C'est plus 41 % en une année
03:42 que, pourrions-nous dire aussi,
03:44 on l'a eu dans le débat précédent, des étudiants,
03:46 12 % d'entre eux renoncent à leurs études
03:47 du fait de logements,
03:49 et 87 000 sont sans domicile.
03:52 Donc l'accroissement du parc qui compte 50 000 places de plus
03:55 qu'il y a 6 ans se fait surtout dans les formes d'hébergement
03:58 dont il est le plus difficile de sortir vers un logement stable
04:00 comme les hôtels.
04:02 Et les demandes de numéros d'urgence comme 115
04:04 n'aboutissent pas, comme je viens de vous l'indiquer.
04:06 En outre, chaque année,
04:07 les crédits prévus en loi de finances initiales
04:09 sont insuffisants, il faut en ouvrir de nouveau en fin d'année.
04:12 De nouvelles pratiques avaient été annoncées il y a quelques années,
04:14 mais en réalité, la politique d'hébergement d'urgence
04:15 est toujours gérée dans une vision de court terme.
04:18 Le programme 109 Aide à l'accès au logement
04:21 porte la très grande majorité des crédits,
04:23 mais il s'agit d'une dépense des guichets,
04:25 à savoir les aides au logement pour 13,9 milliards en 2024.
04:28 Sous le contrôle du rapporteur général,
04:30 je crois que les aides au logement sont à peu près
04:31 le seul domaine dans l'ensemble du budget général
04:34 où des économies significatives ont été faites depuis 2017
04:37 avec une diminution des dépenses de 18,1 % en euros constants.
04:40 Mais il ne s'agit pas de réformes de structure de l'Etat,
04:43 c'est le résultat des mesures de restriction budgétaire
04:46 dont le coût est supporté par les bénéficiaires,
04:48 dont les prestations ont été réduites.
04:50 Par ailleurs, les bailleurs sociaux
04:51 qui supportent la réduction de loyers et de solidarité.
04:54 Quand on programme 135 urbanisme, territoire
04:56 et amélioration de l'habitat,
04:57 il porte le coeur de la politique du logement du gouvernement
05:01 et illustre ses insuffisances.
05:02 Les crédits prévus pour 2024 sont d'un milliard 539,
05:05 soit quasiment le double de ceux ouverts
05:07 dans la loi de finances initiale pour 2023,
05:09 en raison principalement du triplement de la subvention
05:12 donnée à l'Agence nationale de l'habitat
05:14 pour la rénovation énergétique du parc de logement privé.
05:16 Je ne peux qu'approuver l'accent
05:18 mis sur la rénovation des logements.
05:20 Évidemment, la tâche est immense
05:22 avec un parc de 30 millions de logements dans notre pays.
05:25 Il y a toutefois un effet d'affichage dans ces crédits,
05:27 peut-être, lorsque l'on voit que les objectifs
05:30 de MaPriveRenob ne sont pas atteints,
05:32 toujours pas atteints, et que les crédits ouverts
05:34 ne sont que partiellement utilisés.
05:36 Surtout, une politique du logement ne peut pas se limiter
05:38 à une politique de la rénovation.
05:40 Ce n'est pas seulement que le gouvernement
05:41 n'a pas de politique du logement,
05:42 c'est qu'il reste en retrait de cette question.
05:44 On peut au moins identifier 3 domaines
05:46 qui témoignent de sa mauvaise compréhension des enjeux,
05:48 qui confinent à l'idéologie.
05:49 On pourra vous interroger là-dessus.
05:51 Les mesures proposées dans le projet de loi de finances
05:53 montrent bien une volonté de favoriser la location
05:57 par rapport à la propriété individuelle.
05:58 Ce gouvernement a un problème avec la propriété,
06:00 comme il a un problème avec le logement pavillonnaire.
06:03 En tout cas, le logement abordable
06:05 n'est favorisé que dans le cadre de la location.
06:07 Or, les Français sont à juste titre attachés
06:09 au modèle du propriétaire occupant,
06:11 même et surtout lorsqu'il a des revenus modestes,
06:13 car c'est une sécurité pour l'avenir.
06:15 C'est, je crois, l'un des enseignements à retenir
06:17 du vote du Sénat sur la 1re partie
06:19 de la loi de finances ces derniers jours.
06:20 Je vous suggère de faciliter
06:21 la mobilité du logement pour tous,
06:23 y compris les propriétaires,
06:25 et de travailler, par exemple,
06:26 la fiscalité de l'acquisition,
06:28 qui représente une part beaucoup trop importante
06:30 des prédaments pesants sur le logement.
06:32 Plus de 40 milliards d'euros, selon mes échanges
06:34 avec le Conseil des prédaments obligatoires.
06:36 Vous avez aussi un problème avec le logement neuf
06:38 que vous combattez.
06:39 Mme Wargon l'avait dit publiquement.
06:41 Vous le montrez par les mesures que vous prenez.
06:42 Or, la société a changé, les familles se séparent
06:45 et la population vieillit.
06:46 Nous avons toujours besoin de construire
06:48 de nouveaux logements et la rénovation ne suffira pas.
06:50 La lutte contre l'artificialisation
06:52 ne doit pas être prise comme prétexte
06:54 pour figer le parc immobilier dans son état actuel
06:56 qui n'est pas adapté.
06:57 Enfin, pour atteindre ces objectifs,
06:59 il est impératif que vous acceptiez de laisser faire
07:01 ceux qui sont aux 1ers chefs concernés par le logement,
07:04 c'est-à-dire les collectivités locales et les élus,
07:06 à la planification d'idées écologiques imposées d'en haut
07:09 par ceux qui savent et ce qui est bon pour tous.
07:11 Nous le voyons en ce moment avec la COP régionale,
07:13 les COP régionales qui sont installées.
07:14 Je vous poserai le travail des acteurs des territoires,
07:17 par exemple, les établissements publics fonciers.
07:19 L'une des clés sera la constitution de foncières
07:21 gérées au plan local.
07:23 Et après, je vais aimer un mot sur la politique de la ville.
07:27 -Non, oui, je... Non.
07:29 Vous concluez rapidement, s'il vous plaît.
07:31 -Je conclue par la politique de la ville.
07:33 C'est le programme 147
07:34 qui porte des crédits de 634 millions en 2024.
07:37 La hausse est de 37 millions,
07:38 ce qui correspond à la contribution de l'Etat au NPNRU.
07:41 Et cela risque de ne pas suffire.
07:44 Merci beaucoup.
07:45 ...

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