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le député EELV de Paris était l'invité du "8h30 franceinfo", jeudi 30 novembre.

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00:00 Bonjour Julien Bayou. Bonjour. Le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti a été relaxé hier par la Cour de justice de la République.
00:07 Il était poursuivi pour prise illégale d'intérêt. Vous, vous étiez juge suppléant dans cette affaire.
00:13 Est-ce le résultat d'un petit arrangement entre amis, comme le dénonce la France Insoumise, cette décision de justice ?
00:19 Non, écoutez, la justice a été rendue. Eric Dupond-Moretti a été relaxé. Il a été présumé innocent. Il est innocent.
00:28 C'est une décision qu'il faut respecter. Moi, j'ai été juge suppléant, donc j'ai fait toute l'audience.
00:35 J'en ressors avec la conviction, en fait, qu'il faut revoir de fond en comble et supprimer cette Cour de justice de la République,
00:40 parce qu'il y a majoritairement des politiques. 80 % de la Cour, ce sont en fait des députés et des sénateurs qui, comme moi,
00:48 le temps de deux, trois semaines se font juge. Et ça ne fonctionne pas.
00:53 Oui, les parlementaires qui jugent un ministre en exercice, ça ne marche pas.
00:57 Voilà, je pense qu'on est allé au bout de l'exercice. La Cour de justice pose un problème intrinsèque de par sa composition.
01:04 Il y a d'autres sujets, d'ailleurs, mais le fait que finalement, dans l'opinion, on se dise des politiques jugent des politiques, ça ne fonctionne pas.
01:12 Ça donne un sentiment... En fait, il n'y a pas de bonne solution. Là, il aurait été condamné. Il y aurait eu du monde pour dire
01:19 l'opposition a obtenu en justice ce qu'elle n'obtient pas dans les urnes, vous voyez, ou une instrumentalisation de la justice.
01:25 Mais là, est-ce que ces soupçons de petits arrangements entre amis sont une réalité ?
01:31 Il faut respecter cette décision. Et d'ailleurs, elle sera abondamment commentée. Ça pose des questions.
01:36 La jurisprudence, l'évolution législative de 2021... Donc, ça sera commenté.
01:41 Ça, c'est nécessaire, mais ça doit se faire dans le respect de la décision.
01:46 Et ce que vous dites, c'est que quelle que soit la décision, on aurait eu la même discussion ce matin sur la légitimité de la décision.
01:51 On le savait d'emblée, et je pense que c'est partagé et dans l'opposition et dans la majorité.
01:56 Les juges avec qui j'ai pu en discuter en amont, en disant "Voilà, écoutez, ce n'est pas vrai qu'on est formé au pénal".
02:04 Vous parlez des juges, mais en fait, ils sont des parlementaires.
02:07 Les juges amateurs, si je puis dire, par rapport aux juges professionnels. On n'est pas formé à l'état de la jurisprudence pénale.
02:14 Et puis, vous ne pouvez pas en vérité être politique et élu parlementaire toute l'année et le temps d'un procès...
02:22 Ça, c'est intéressant parce que vous êtes là, vous êtes parlementaire et il faut nous parler de votre expérience,
02:27 parce que pendant deux semaines, trois semaines, vous étiez juge. Il faut nous raconter un petit peu ce que vous avez vécu. Comment ça se passe ?
02:34 Je précise vraiment que je suis convaincu que l'ensemble des juges titulaires, donc, qui ont participé au délibéré, ont jugé en conscience et sur les faits qui leur sont proposés.
02:43 Et ce n'est pas ce que dit la France Insoumise. L'accusation de la France Insoumise va loin par la voix d'Hugo Bernalicis, l'un des députés.
02:49 Il dit "moi, je pense que les députés, les parlementaires de la majorité se sont mis d'accord avec les républicains pour sauver la tête du ministre".
02:57 Non, non, mais c'est délétère. Le fait que, voilà, c'est ce que je disais, il n'y a pas de bonne solution, quelle que soit la décision.
03:03 Quelque part fleurit, vous savez, cet adage qui est délétère. "Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous feront blanc ou noir".
03:11 C'est délétère. Il faut rétablir ce profond sentiment, ce besoin dans le pays d'égalité des Français devant la loi.
03:19 Et ça passe par la suppression de la Cour de justice de la République. Emmanuel Macron, ce n'est pas le seul, l'avait promis.
03:24 François Hollande aussi.
03:25 Ça avait même été engagé en 2018 avec Jérémy Ordanoff. On a donc déposé cette proposition de loi constitutionnelle qui reprend le dispositif proposé par Édouard Philippe.
03:34 Je pense qu'il peut y avoir une majorité à l'Assemblée et peut-être au Sénat pour voter la suppression de la Cour de justice de la République.
03:41 Ça serait vraiment un pas pour rétablir le sentiment qu'il y a une égalité des Français devant la loi.
03:46 On la remplace par quoi, cette Cour de justice de la République ? Parce que qui va juger les ministres en exercice qui sont poursuivis ?
03:54 Je vous disais, intrinsèquement, le problème, c'est la composition. Il faut que les ministres soient jugés comme vous et moi, comme les Français, par des magistrats professionnels et indépendants.
04:05 Le dispositif est assez simple. On supprime la Cour de justice, l'article de la Constitution qui prévoit cette composition hybride avec 80% de parlementaires.
04:15 Et on affecte le contentieux à la Cour d'appel de Paris, par exemple, avec une commission des requêtes, un filtre, si vous voulez.
04:24 Ils peuvent être attaqués pour tout et n'importe quoi. On a toujours une bonne raison de se plaindre de l'action d'un ministre.
04:31 C'est ça. Et donc, il faut un filtre. Tout le monde comprend bien que chaque ministre ne peut pas être sujet à une guérilla juridique ou intimidée ou des procédures Bayon, que d'ailleurs, les journalistes peuvent connaître aussi beaucoup.
04:43 Et donc, après ce filtre par des magistrats, Cour de cassation, Conseil d'État, Cour des comptes, et bien ensuite, il y a un jugement classique au nom du peuple français par des magistrats professionnels.
04:54 Il faut que ce soit des professionnels.
04:56 Jérôme relevait une bonne question tout à l'heure, justement, sur votre expérience.
05:01 C'est important quand même que vous nous racontiez parce que vous étiez, vous êtes un témoin de premier plan, puisque vous étiez là pendant toutes ces journées de procès.
05:09 Comment ça se passe ? Un magistrat et un parlementaire, ça ne peut pas cohabiter en une seule personne.
05:15 Je vous avoue que c'est très difficile, effectivement, parce que, donc, politique et parlementaire toute l'année, ayant voté des motions de censure contre ce gouvernement et donc, de fait, contre le garde des Sceaux,
05:27 je me retrouvais juge, en robe, évidemment, à l'audience, uniquement consacré à ça, pendant les deux semaines, à chaque fois que l'audience se tenait, rien d'autre dans la journée, véritablement, puisqu'il est impossible de s'éloigner.
05:42 Mais effectivement, le soir, que ce soit à 20 heures ou à 22 heures, selon les fins d'audience, vous redeveniez parlementaire.
05:50 Et certains avaient des motions de censure à voter. Moi, je me souviens d'un soir où j'ai posé la robe et immédiatement, 30 minutes plus tard, j'étais au dépôt, au tribunal judiciaire de Paris,
06:02 pour soutenir des militants de Greenpeace en garde à vue, qui venaient de faire une action contre le ministère de la Transition écologique.
06:08 Il y a cette journée étrange du 13 novembre, je crois aussi, où vous croisez, parce que vous êtes élu de Paris et pour les commémorations des attentats, vous croisez le ministre Éric Dupond-Moretti, alors qu'il était...
06:20 Vous l'aviez croisé à l'audience.
06:22 Oui, il n'y avait pas d'audience ce jour-là et c'était la commémoration des attentats de 2015. Le dixième a été très durement touché, Rubisha.
06:30 Et donc, effectivement, il y avait la première ministre, la présidente de l'Assemblée, la maire de Paris et le gardesse au EGT, juste derrière, en tant que député de la circonscription.
06:39 Et donc, voilà, je pense que ça résume le caractère qui pose problème intrinsèque. Je parle pour l'avenir. Je ne commande pas la décision actuelle.
06:49 Et je sais que chaque juge professionnel ou amateur, entre guillemets, a jugé en conscience. Je pense que, vraiment, envoyer le signal que les ministres sont jugés après un filtre, comme tout un chacun, est très, très important pour notre démocratie.
07:03 Donc, vous demandez la suppression de cette CJR. Vous avez même déposé une proposition de loi. Relaxé, Éric Dupond-Moretti reste donc à son poste. Il reste ministre.
07:13 Pour le fond, l'élément matériel des conflits d'intérêt a bien été constitué, mais pas l'intentionnalité. Ça montre aussi qu'il doit rester ministre, en fait. Ça justifie qu'il doit rester ministre, selon vous ?
07:25 Il a été relaxé. Il est innocent. Je le redis. Il était présumé innocent. Il est innocent. Et si je rentre... Je ne vais pas rentrer dans le fond de l'affaire, pas du tout.
07:35 Il y a eu conflit d'intérêt et la décision dit qu'il n'y a pas eu de prise illégale d'intérêt, au motif notamment qu'il n'y a pas de cet élément intentionnel.
07:45 Depuis, les choses que nous avons jugées, les décrets de déport ont été pris. C'est-à-dire que le garde des Sceaux n'a pas à connaître des éléments, quand il a eu maillé à partir avec des magistrats, ou des éléments qui concernent son ancien cabinet.
07:59 Je pense que c'est bien. Il faut pouvoir organiser... Vous savez, en droit, il y a un principe important, c'est l'indépendance et l'apparence de l'indépendance.
08:07 Et donc, il faut préserver cette apparence de l'indépendance, ce qui est d'ailleurs le vrai problème de la Cour de justice de la République.
08:13 Je suis convaincu que les juges amateurs ont étudié le dossier et jugé selon les faits. Je pense que l'opinion publique en doute. Et tant que ce doute prospère, la décision risque d'être entachée d'illégitimité.
08:25 Donc, supprimons la Cour de justice de la République et rétablissons le vrai sentiment commun et profond que, eh bien, chaque Français est égal devant la loi.
08:34 Julien Bayou, député écologiste de Paris. Vous êtes avec nous jusqu'à 9h sur France Info. On vous retrouve juste après le Fil info 8h41. Maureen Swiniard.
08:41 L'ambassadeur des États-Unis en Israël dénonce une abominable attaque à Jérusalem. Une attaque à l'arme à feu qui a fait deux morts, huit blessés, dont cinq grièvement ce matin.
08:51 La police dit avoir neutralisé deux terroristes dans la bande de Gaza. La trêve est prolongée. Au moins jusqu'à demain matin, les médiateurs poursuivront leurs efforts pour libérer des otages.
09:01 Pékin salue les contributions historiques d'Henri Kissinger aux relations sino-américaines. Le secrétaire d'État américain est mort à 100 ans.
09:09 Le prix Nobel de la paix œuvré au rapprochement avec la Chine dans les années 70. Avec l'URSS aussi. Il a aussi soutenu Pinochet lors de son coup d'État au Chili.
09:18 Le ministre de l'Économie se réjouit pour le garde des Sceaux ainsi que pour le gouvernement. Réaction à la relaxe du ministre de la Justice.
09:26 Éric Dupond-Moretti a été jugé pour prise illégale d'intérêt. "Je veux tourner la page", dit Éric Dupond-Moretti. Il se dit aussi soulagé.
09:34 Rendez-vous à 10h. 400 000 nouveaux billets pour les Jeux olympiques de Paris 2024 sont mis en vente. 70 000 seront à 24 euros. Pas besoin de s'être inscrit à l'avance.
09:45 France Info.
09:47 Le 8.30, France Info. Jérôme Chapuis, Salia Brakia.
09:52 Julien Bayou, toujours avec nous, députés et écologistes de Paris. La COP 28 s'ouvre aujourd'hui à Dubaï avec au cœur des discussions la sortie des énergies fossiles.
10:01 Mais cette COP, elle est présidée par le sultan Al-Jaber qui est à la tête de plusieurs sociétés dont la compagnie nationale d'Abu Dhabi, Adnok,
10:08 qui prévoit d'investir 150 milliards de dollars d'ici quatre ans pour accroître sa production de pétrole. Est-ce que vous espérez quand même quelque chose de cette COP ?
10:18 Écoutez, vous résumez un peu toute la difficulté. C'est-à-dire que cette COP 28, on en a entendu parler dans les sketchs d'humoristes qui disaient "une COP 28 dans un pays pétrolier, dirigée par un pays pétrolier".
10:30 Donc, évidemment que ça peut sembler désespérant. Et pourtant, on a absolument toujours plus besoin de ce cadre de discussion multilatérale.
10:39 C'est notamment les pays du Sud qui le réclament parce que sinon, ça se discute au G8 ou ça ne se discute pas du tout. Et on a besoin de ce cadre multilatéral.
10:50 L'enjeu pour que la COP soit réussie ou en tout cas qu'on puisse commencer à parler de succès, c'est, vous l'avez dit, la fin des énergies fossiles.
10:57 Quand on dit fossiles, il ne faut pas parler que de charbon parce que la France a sacrément tendance à parler que de charbon pour éviter de parler des sujets qui fâchent, c'est-à-dire le gaz et le pétrole.
11:06 Et la fin des énergies fossiles commence par ne pas faire de nouveaux projets.
11:12 Donc, moi, j'ai interpellé le ministre de l'Écologie parce que que la France aille sur la scène internationale dire "Make our planet great again", tout ça, les grands discours, il faut financer, etc.
11:26 C'est très bien. Mais pour être crédible et audible, en fait, la plupart du temps, les pays en face vous disent "Oui, mais qu'est-ce que tu fais chez toi ?"
11:34 Et pour le coup, la France n'est pas à la hauteur là-dessus parce qu'on multiplie les projets de fossiles.
11:41 Je pense au terminal méthanie flottant, c'est un nouveau terminal. On a fait un pont d'or à Total pour importer toujours plus de gaz de schiste.
11:48 Il faut le dire, le gaz de schiste, c'est le pire qu'on puisse faire en hydrocarbures. C'est le pire pour la planète.
11:54 On n'en a pas besoin. Et pourtant, on a fait ce nouveau terminal méthanie flottant.
11:58 Le président, c'est un autre projet, soutient personnellement le projet, la bombe climatique qui s'appelle ECOP, un projet pétrolier entre l'Ouganda et la Tanzanie.
12:09 Et donc, vous n'aurez pas de crédibilité si vous professez sur la scène internationale des propositions que vous n'assumez pas ou que vous ne menez pas dans le territoire.
12:19 La France fait quand même des propositions à cette COP. Elle va proposer par exemple la mise en place de financements internationaux pour aider les pays émergents à sortir du charbon.
12:28 Vous dites quand même ça, c'est une bonne initiative du président Macron ?
12:30 Et du gaz et du pétrole. Pourquoi est-ce qu'on ne retient jamais les leçons ? La Russie a décidé d'utiliser les livraisons de gaz comme une arme et nous a fait sauter à la corde.
12:43 Qu'est-ce qu'on a fait ? Nous aurions pu nous ruer sur les énergies renouvelables. Non, on importe du gaz de schiste américain, dévastateur pour la planète.
12:53 Et la France et l'Europe se ruent sur le gaz azerbaïdjanais.
12:59 Et après, la Russie utilisait les livraisons de gaz pour financer son effort de guerre. L'Azerbaïdjan utilise les recettes du gaz pour financer son effort de guerre contre notre allié arménien.
13:13 On ne peut pas tout couper tout de suite.
13:16 On a des besoins nous aussi. Vous l'avez bien vu pendant l'hiver, les Français ont besoin de se réchauffer par exemple.
13:21 Et j'ai bien vu que les stocks étaient au plus haut et que l'hiver a été passé sans difficultés et sans les besoins de ce terminal méthanier flottant.
13:28 Et j'ai bien vu que quand les écologistes et d'autres à gauche proposaient de mettre le paquet sur la rénovation thermique pour pouvoir justement se chauffer correctement, sans dépenser.
13:37 Et pareil, ça ne se fait pas en un claquement de doigts.
13:39 Non, mais quand on...
13:40 Ça prend des années et des années.
13:41 Ça prend des années, surtout quand on démarre pas.
13:43 Demain, je ne veux pas faire du tout le grincheux, on annonce un gigantesque plan d'éolien offshore.
13:49 Je m'en réjouis. Je m'en réjouis.
13:51 Voilà une énergie bon marché, beaucoup plus d'emplois que toute autre source d'énergie grâce à l'éolien offshore, une autonomie énergétique retrouvée.
14:01 Ce président est là depuis 2014. Il était ministre de l'économie en 2014.
14:05 Mais vous entendez quand même...
14:06 Je m'en réjouis, simplement. Vous me dites "c'est pas du jour au lendemain".
14:09 Oui, mais sauf que si on démarre pas, c'est jamais.
14:10 Mais vous entendez quand même ce que dit par exemple un patron comme Patrick Pouyanné, patron de Total, qui a investi 25% justement de ses investissements aux énergies renouvelables.
14:20 Il dit "la demande est toujours aussi forte en ce qui concerne le pétrole".
14:24 Donc on peut pas non plus faire abstraction des besoins aussi mondiaux.
14:29 Ça peut se faire qu'en douceur. C'est ce qu'il dit.
14:32 Total fait partie des entreprises qui vont détruire la planète.
14:38 Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Ce sont des profits mortifères.
14:41 Ils ne parlent qu'en entrepreneurs ou en entreprises qui recherchent le profit.
14:47 Je le comprends. Je vous dis que l'intérêt national et international, c'est que Total arrête ce projet E-COP.
14:55 Et que vous pouvez pas être crédible à l'international si vous dites "oui c'est vrai, il y a cette entreprise qui doit faire des profits".
15:00 Ben non, il faut en finir avec ce projet terrible pour l'Ouganda et pour la Tanzanie et qui est une bombe climatique.
15:06 Pour être précis, Total, ils disent "on répond à une demande". En l'occurrence, il y a une demande qui existe.
15:12 L'enjeu c'est de réduire cette demande, d'être moins dépendant de la voiture, de passer la surmultiplier sur l'électrique,
15:20 mais aussi de réduire la dépendance à la voiture, de soutenir le fret ferroviaire plutôt que les camions.
15:26 Que Total recherche des profits, je le vous dis, je l'entends, je le comprends.
15:29 Que les pouvoirs publics ne fassent rien pour être moins dépendants de ce pétrole, moi ça m'interpelle.
15:35 Vous disiez, Julien Bayou, au début de l'entretien, que cette COP était importante, même si elle se déroulait à Dubaï.
15:41 Ce sera aussi l'occasion de faire le point sur les engagements de la COP21, les accords de Paris.
15:46 Un rapport de l'ONU vient de conclure que les engagements actuels des pays mènent à seulement 2% de baisse des émissions entre 2019 et 2030,
15:54 au lieu des 43 préconisés en 2015 pour limiter le réchauffement climatique.
15:58 Ça veut dire aussi que ces grands "routes" autour de la question climatique ne se traduisent pas forcément dans la réalité.
16:07 Bien sûr, il ne suffit pas de proclamer des objectifs pour qu'ils soient automatiquement tenus.
16:12 Surtout quand les Américains et les Chinois ne sont pas présents.
16:14 Oui, mais je le redis, toujours rejeter sur les autres, ça ne signifie pas que vous le faites de manière parfaite.
16:20 Sur le glyphosate, c'est la France seule qui a décidé de s'abstenir par rapport à la position européenne.
16:27 Ce qui est vrai, et c'est terrible pour moi de le dire, c'est que les écologistes ont alerté sur le dérèglement climatique
16:37 et sur le fait qu'il fallait absolument atténuer, réduire les émissions de gaz à effet de serre.
16:40 Ça n'est pas fait et donc le dérèglement climatique est engagé.
16:43 Et je crois qu'il n'y a plus grand monde à convaincre.
16:46 On a encore les images terribles des inondations dans le Nord.
16:50 Il y a un enjeu maintenant d'adaptation.
16:52 On entendait l'autre jour Yannick Jadot dire "dans ma vie de militant politique, c'est la première fois que j'ai la trouille".
16:56 Est-ce que vous avez peur, vous aussi, de l'effondrement climatique ?
17:00 - Écoutez, oui, il y a des moments où vous êtes désemparé ou tétanisé, certainement angoissé.
17:07 Et je vous dis, Yannick Jadot avant moi militait pour alerter.
17:12 Et sur le dérèglement climatique, l'alerte a été entendue, mais n'a pas été suivie des faits.
17:20 Et moi, vous voyez, quand on voit des feux, il y avait encore un reportage sur les feux de 2022 en Gironde,
17:26 avec des foyers qui couvent encore un an et demi après, quand vous voyez les inondations dans le Nord.
17:31 C'est vrai qu'on pourrait se dire "bon, puisque l'alerte est là, ça devrait susciter une réaction".
17:35 Et presque au contraire, des fois, on a des politiques et des pouvoirs publics dans le déni,
17:40 en disant "oui, ça va, on fait à peu près ce qu'il faut".
17:42 Non, pas du tout. On est très, très loin du compte.
17:44 Et moi, ma crainte pour demain, vous voyez, je parlais des inondations dans le Nord,
17:48 c'est la démission des assurances, des assureurs.
17:52 Il faudrait qu'on mesure ce que ça veut dire. C'est-à-dire que demain, à inondations égales,
17:56 finalement, vous auriez des maisons qui ne sont pas assurées.
17:59 Et donc, vous auriez une personne qui aurait subi un sinistre et elle a beaucoup perdu des souvenirs, évidemment.
18:04 Mais au moins, elle sera indemnisée. Et l'autre qui aura tout perdu tout court.
18:08 À double peine, quoi, climatique et sociale.
18:11 Et là, on n'est pas prêt. Vous voyez, donc, ce travail d'adaptation,
18:16 se battre contre chaque dixième de degré supplémentaire, évidemment, toujours,
18:21 mais déjà engager la question de l'adaptation. Et là-dessus, on n'est pas prêt.
18:25 Et moi, je voudrais dire, les maires écologistes, à Poitiers, à Bordeaux, à Strasbourg,
18:29 inventent les solutions, les mettent en œuvre à leur échelle.
18:32 Vraiment, il faut pouvoir s'en inspirer et les passer au niveau national.
18:36 Et on attend du gouvernement qu'ils agissent.
18:38 Julien Bayou, député des écologistes de Paris, vous êtes avec nous jusqu'à 9h.
18:41 On vous retrouve juste après le Fil Info, 8h51. Maureen Suignard.
18:44 L'inflation ralentit fortement en novembre.
18:47 Elle reste tout de même de 3,4% sur un an, selon l'Insee.
18:51 Le ministre de l'Économie estime ce matin que nous sortons de la crise.
18:54 Elle devait se terminer ce matin à 6h, heure française.
18:58 La trêve dans la bande de Gaza est prolongée au moins jusqu'à demain matin.
19:02 Israël dit avoir reçu une liste des otages qui seront libérés aujourd'hui.
19:06 Ce matin, la police israélienne dénonce tout de même une attaque à l'arme à feu
19:09 qui a fait au moins deux morts et huit blessés à Jérusalem.
19:13 70 000 participants, dont 160 chefs d'État.
19:16 La COP 28 s'ouvre ce matin à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis.
19:19 La conférence de l'ONU sur le climat doit s'engager sur la sortie des énergies fossiles,
19:24 dit le secrétaire général de l'ONU.
19:26 Cette corpte largement décriée, elle se tient chez le septième producteur mondial de pétrole.
19:31 Les supporters étaient là, mais l'ance a sombré.
19:34 Le Racing s'effondre 6-0 face à Arsenal hier,
19:37 les sang et or éliminés de la Ligue des champions de football.
19:40 Ce soir, Rennes, Marseille et Toulouse jouent des matchs de Ligue Europa.
19:44 Avec le député écologiste de Paris, Julien Bayou.
19:55 La semaine prochaine, une proposition de loi transpartisane va être examinée dans l'hémicycle de l'Assemblée.
20:00 Le but est de réduire l'avantage fiscal des locations meublées touristiques, en fait les AirBnB.
20:05 Est-ce que vous êtes pour ?
20:06 Oui, je travaille depuis de nombreux mois à cette initiative en cadran AirBnB.fr,
20:11 avec trois parlementaires.
20:14 C'est une initiative transpartisane.
20:15 Il y a Iñaki Echeniz, député socialiste,
20:19 Christophe Blassart, député horizon, donc de la majorité,
20:22 et même un sénateur LR, Max Brisson.
20:24 Au départ, vraiment me dire que j'aurais travaillé main dans la main avec un sénateur LR,
20:29 ce n'était pas forcément acquis.
20:31 Et pourtant, sur AirBnB, je dis AirBnB, mais Abritel, Booking, les meublées touristiques,
20:35 de partout monte le besoin d'encadrer.
20:38 On ressent très fortement la disparition de logements pérennes de partout.
20:43 Paris 3e, là où je suis élu, vous avez 25 fois plus d'offres que de logements longue durée classiques.
20:50 A Dyde, dans la Drôme, où j'étais il y a quelques semaines, il y a cinq logements à louer.
20:55 Vous faites le tour des plateformes, il y a cinq logements pérennes,
20:57 et 100 logements disponibles comme ça en entier.
21:01 Comment on encadre ? Parce que la France, elle est diverse.
21:04 Et effectivement, il y a d'un territoire à un autre, les demandes en logement ne sont pas les mêmes.
21:08 Est-ce qu'il faut encadrer, c'est-à-dire agir sur la niche fiscale,
21:12 parce qu'elle est avantageuse pour les propriétaires,
21:15 ou alors il faut agir sur le nombre de jours possibles pour les locations ?
21:18 Il n'y a pas à choisir. Il y a vraiment un encadrement très fort à mener, une réduction.
21:22 En fait, aujourd'hui, ce qui est encadré, c'est le nombre de jours de votre résidence principale,
21:26 mais pas le reste. Et donc, il faut pouvoir encadrer les autres types de locations.
21:31 Il faut permettre aux communes d'avoir des outils de régulation.
21:34 Et puis, effectivement, vous l'avez dit, il y a une niche fiscale, et vraiment, c'est incompréhensible.
21:39 Il faut avantager la location longue durée, celle qui est utile aux territoires,
21:43 aux services publics, aux commerces du coin.
21:46 Mais qui rapporte moins aux petits propriétaires, comme le dénonce la droite.
21:49 Et qui en plus rapporte moins. Ça veut dire que la location longue durée...
21:53 Non, je parle de la longue durée qui rapporte moins aux petits propriétaires.
21:56 Elle rapporte moins et elle est plus imposée.
21:58 Donc vraiment, il y a une anomalie. Je vois une fiscalité "pousse au crime".
22:02 Nous avons en commission travaillé à la suppression de cette niche fiscale.
22:05 Et c'est vrai que plusieurs fois, on s'est heurté, et je ne le comprends pas,
22:09 à un gouvernement qui dit "Ouh là là, attendez, là-dessus, avoir de recettes fiscales en plus,
22:13 ça nous pose un problème". On a eu des réflexes comme ça,
22:16 où on disait "subitement changer les taux, c'est brutal".
22:19 Ben non, ce qui est brutal, c'est...
22:21 Le discours est inverse. Julien Bayou, c'est plus la droite,
22:23 et peut-être effectivement une partie de la majorité, qui dit
22:26 "Il y a des petits propriétaires, en fait, qui arrondissent leur fin de mois
22:29 avec ces locations touristiques, et les taxer davantage, ça ne va pas les arranger".
22:35 Non, mais ça ne changera pas. Mais qui peut estimer qu'un abattement
22:38 de 80 000, 100 000, 150 000 euros...
22:41 Vous voyez, on n'est pas sur le petit propriétaire qui loue une portion d'une grange rénovée,
22:46 vous voyez, ou le couple qui effectivement met un peu de beurre dans les épinards
22:49 pendant 2-3 semaines. Là, on est sur des amendements colossaux,
22:53 des abattements colossaux, qui ne se justifient pas.
22:56 Et donc, entendre la majorité qui dit tout le temps "il faut des recettes, il faut des recettes",
23:00 un peu son rôle, dire "non, là, surtout, on ne bouge pas",
23:03 c'est incompréhensible, c'est un pouce au crime.
23:06 Il faut avantager la location longue durée.
23:08 Ce qui est brutal, c'est qu'au Pays Basque, la jeunesse ne peut pas décohabiter.
23:12 Ce qui est brutal, c'est qu'à La Rochelle, quand ils font les francophilies cet été,
23:16 les saisonniers ne pouvaient pas se loger, vous voyez.
23:18 Sur tout le littoral, et toute la Bretagne, c'est une plaie, vraiment,
23:22 la prolifération de meublés touristiques incontrôlée.
23:25 - Julien Bagnou, on l'a appris hier, la France est désormais seule en Lys
23:28 pour l'organisation des Jeux d'Hiver 2030.
23:32 Est-ce que vous vous en réjouissez ?
23:34 Parce qu'on entend un certain nombre d'écologistes qui disent "ce n'est pas un bon signal".
23:38 - Non, ce que je veux dire, c'est que ces grands événements, on le voit,
23:43 trouvent moins de postulants et de candidats.
23:46 Je rappelle que Paris, à la fin, était également seule en Lys pour 2024,
23:50 après le défaut de Los Angeles, de Hambourg, de Rome et de Budapest.
23:55 Donc là, les Jeux Olympiques en 2030, sur les Alpes françaises,
23:59 plutôt que sur un seul lieu, je pense que c'est une manière déjà
24:03 de mesurer que ces grands événements, qui nécessitent énormément d'énergie
24:08 et peut-être même des infrastructures ponctuelles,
24:12 deviennent problématiques, et qu'il faut pouvoir changer de pied
24:16 et changer la manière de les accueillir.
24:19 Et je note qu'Éric Piolle, qui est maire de Grenoble,
24:22 et qui est donc concerné, évidemment, écologiste,
24:25 avait suggéré que ça puisse être étendu sur différents pays,
24:29 pour justement bénéficier de ces infrastructures qui existent déjà.
24:33 - Donc il n'y a pas de opposition de principe des écologistes à ces Jeux Olympiques ?
24:36 - Non, mais on voit bien qu'avec ce qui se profile pour Paris 2024, par exemple,
24:40 on nous a émenté des Jeux écologiques, des Jeux populaires,
24:44 avec un héritage aussi qui bénéficierait à la population et au territoire.
24:48 On en est loin, je ne veux pas être pessimiste,
24:51 mais enfin, ce n'est pas tout à fait ce qui se profile.
24:54 Et donc pour 2030, si les Alpes françaises sont désignées,
24:58 peut-être peut-on partager certaines infrastructures avec la Suisse.
25:01 - Juste une question rapide sur les JO de 2024, l'été prochain,
25:04 l'an en une, est-ce que le préfet de police de Paris, puisque vous êtes député de Paris,
25:07 je vous pose la question, a décidé de mettre en place des QR codes
25:10 pour les Français qui vont circuler, les Parisiens aussi,
25:13 qui vont circuler dans Paris l'été prochain. Vous en pensez quoi ?
25:17 - Que les Jeux olympiques posent des difficultés de circulation en août,
25:21 évidemment, tout le monde s'y attend.
25:24 Moi, ce qui me pose plus problème, à vrai dire, c'est qu'en fait,
25:27 ça ne bénéficiera pas tant que ça à l'île de France pour l'après.
25:31 Je prends un exemple, le transport.
25:33 Moi, ce qui m'inquiète, ce n'est pas tellement les difficultés de transport en TER ou en RER
25:38 en août 2024, mais toute l'année.
25:41 On a 2,5 millions de personnes en Île-de-France qui prennent le RER tous les jours.
25:45 Et c'est tous les jours la galère.
25:47 Et donc, les Jeux olympiques, ça devrait être 3 semaines de fêtes,
25:51 l'esprit olympique et la célébration du sport, évidemment,
25:55 et un moyen d'améliorer la situation, les infrastructures pour toute l'Île-de-France.
26:00 Et là, on n'a pas ça du tout, ce n'est pas vrai.
26:02 Le RER, le D, sont toujours la galère, quoi qu'en dise Valérie Pécresse,
26:05 la présidente de Région Île-de-France.
26:06 - Merci Julien Badiou, vous étiez à la visite de France Info ce matin.

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