Crépol : y'a t'il deux France face-à-face ?

  • l’année dernière

Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent des propos d'Olivier Véran sur le "risque de basculement de la société" à la suite de l’agression qui a entrainé la mort du jeune Thomas.
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline

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Transcription
00:00 *Générique*
00:07 Punchline, Laurence Ferrari sur Europe 1.
00:10 *Générique*
00:15 18h41 en direct dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
00:19 Thibault Demombrial est notre invité. Bonsoir Thibault Demombrial.
00:21 - Bonsoir.
00:21 - Président du Centre de Recherche sur la Sécurité Intérieure.
00:23 On a évoqué ce qui s'est passé dans la Drôme, à Crépole, la mort du jeune Thomas.
00:28 J'évoquais cette question en début d'émission. Y a-t-il deux France qui sont désormais face à face ?
00:32 Qui sont prêtes à s'affronter ?
00:34 Est-ce qu'on est dans un basculement, comme disait Olivier Véran, porte-parole du gouvernement ce matin ?
00:38 J'aimerais juste qu'on écoute la phrase prémonitoire de Gérard Collomb, qui est décédé ce week-end à Lyon,
00:43 ancien ministre de l'Intérieur. C'était en 2018. Il disait "ça crainte que désormais les Français qui vivaient côte à côte ne visitent face à face".
00:51 Écoutons-le.
00:52 Si j'ai un message à faire passer, je suis allé dans tous ces quartiers, des quartiers nord de Marseille,
01:02 aux Mirailles, à Toulouse, à la périphérie parisienne, Corbeil, Aulnay, Sevran.
01:09 C'est que la situation est très dégradée. Et le terme de reconquête républicaine prend dans ces quartiers tout son sens.
01:22 Parce qu'aujourd'hui, on vit côte à côte. Et je le dis toujours, moi je crains que demain, on vive face à face.
01:30 Thibaud de Montbréal, on est désormais face à face. C'était il y a cinq ans.
01:34 Il y a deux choses qui m'avaient frappé quand Gérard Collomb a tenu ses propos, c'était il y a cinq ans, vous venez de le rappeler.
01:39 La première, c'est qu'il les a tenus sur le péron de l'hôtel de Beauvau en partant. Et il venait d'y passer 18 mois.
01:46 Que n'a-t-il consacré tout ou partie de ces 18 mois à tenter de résoudre ce constat qui ne datait pas de la veille ?
01:54 Puisqu'il dit "je dis toujours que". Donc pourquoi n'en a-t-il pas parlé avant ?
01:58 Et la deuxième chose qui m'avait frappé, c'est qu'après une déclaration aussi fracassante, on était tous en droit d'attendre que les choses changent.
02:07 Et souvenez-vous, Edouard Philippe avait pris l'intérim pendant quelques semaines, le temps qu'on trouve un ministre de l'Intérieur,
02:12 qui s'est avéré être M. Castaner, et rien n'a changé. Tout le monde aurait dû dire à M. Castaner "alors qu'est-ce qu'on fait ?"
02:19 On n'a rien fait. - On n'a rien fait. Et aujourd'hui on est face à face ou pas ?
02:22 - Et aujourd'hui, on a Olivier Véran, qui est un cadre socialiste depuis 25 ans, un politicien socialiste,
02:28 qui vient découvrir la roue en expliquant qu'on est au bord du basculement. Mais bien sûr qu'on est au bord du basculement.
02:35 Bien sûr qu'on est au bord du basculement. Les choses peuvent aller très vite. Le pire n'est jamais sûr.
02:41 Mais on peut aussi avoir un basculement en quelques jours. S'il y a un, deux, trois faits de très grande violence qui s'enchaînent,
02:47 les choses peuvent aller très vite. - C'est-à-dire ? La guerre civile ?
02:50 - Non mais la guerre civile, c'est une expression qui ne veut rien dire. Ce qui a un sens, c'est le risque d'un enchaînement de très grande violence.
03:02 Ça, c'est une vraie possibilité. Une guerre civile, ça implique sur une durée très longue, des camps constitués, équipés,
03:09 avec un commandement, avec du matériel, etc. Je ne veux pas en faire. - On n'en est pas là.
03:13 - Ce que je veux dire, c'est qu'on peut avoir par contre des séquences de violence qui conduisent à une forme d'effondrement. Pourquoi ?
03:20 Parce qu'aujourd'hui, nous payons non pas deux ans, non pas sept ans, nous payons quarante ans de lâcheté, de renoncement,
03:27 de poussière sous le tapis, d'une classe politique qui est en place depuis des années, qui est dans une logique...
03:33 Vous savez un peu, c'est la superstructure de Marx qui est totalement décalée du peuple et qui n'a pas vu ou pas voulu voir la dégradation du pays.
03:43 - Donc c'est un problème France d'en haut, France d'en bas, comme je le disais, ou dans une communauté antagoniste ? Quel est le problème ?
03:48 - Il y en a plusieurs. Il y a un problème France d'en haut, France d'en bas. Il y a un problème de déni de la part des élites, des élites politiques, des élites parisiennes,
03:55 - Médiatiques. - Médiatiques, bien évidemment.
03:57 - J'allais dire, d'une certaine partie des élites économiques qui très longtemps, parce que c'était confortable, n'ont pas lui voir.
04:04 Et puis après, il y a des antagonismes, qui sont des antagonismes culturels, des antagonismes ethniques, bien sûr, il faut le dire.
04:11 Et tout ça, c'est un mélange d'étonnant dont nous pouvons encore nous prémunir. Et c'est ça le message que je veux porter ce soir.
04:20 C'est qu'on est au bord du basculement, mais il y a une chance de l'éviter.
04:24 - Laquelle ? Qu'est-ce qu'il faut faire ?
04:25 - C'est un choc d'autorité. Il faut renverser la table. Il faut aligner complètement les planètes entre l'Élysée, Matignon, l'intérieur, la justice, l'éducation,
04:36 et repartir de zéro, faire un reset. Et pour ça, il faut assumer le rétablissement de l'autorité.
04:43 Vous savez, la nature horreur du vide, le résultat de la situation actuelle, c'est le déni, le renoncement, les lâchetés.
04:49 Mais tout ça, ça a conduit à un affaissement de l'autorité. L'autorité, quand vous tenez pas la barre, le gouvernat, il part dans tous les sens.
04:56 Et la nature ayant horreur du vide, si ce n'est pas l'État qui remplit sa fonction d'autorité, qui lui permet de protéger sa population,
05:04 ce qui est quand même la première fonction d'un gouvernement qui aujourd'hui n'est plus assumé, n'est plus assuré,
05:09 ce seront des organisations, des bandes, et ce sera ce que j'appelle la sud-américanisation qui nous guette.
05:15 - Alors, Lou Draynel, une question ?
05:16 - Je reviens un peu à ce que disait Gérard Collomb un mois avant son départ.
05:19 Moi, j'avais passé une après-midi avec lui, une journée entière, et il m'avait dit,
05:22 "Si on ne fait rien d'ici à cinq ans, la situation pourrait être irréversible."
05:27 Du coup, je rebondis sur ce que vous disiez à l'instant.
05:29 Est-ce que vous pensez aujourd'hui qu'Emmanuel Macron, que son gouvernement,
05:34 est-ce qu'ils sont capables de prendre les décisions que vous appelez de vos voeux ?
05:38 Est-ce qu'ils sont capables de ce choc d'autorité ?
05:40 - Le gouvernement actuel, là ? Ce soir ? Impossible.
05:43 - Même avec Gérald Darmanin.
05:45 - Mais Gérald Darmanin, ce n'est pas le gouvernement.
05:47 - Mais donc, l'espoir est où ?
05:48 - La question que Lou Draynel me pose, c'est le gouvernement.
05:50 - Absolument.
05:50 - Pourquoi ? Je vais vous répondre.
05:51 Pour une raison très simple, c'est qu'il n'y a pas de cohérence sur la question régalienne.
05:55 Emmanuel Macron a fait son succès politique initial sur une idée qui,
06:00 dans l'absolu, n'était pas mauvaise, c'est une idée d'équilibre,
06:03 avec ce fameux "en même temps".
06:04 Il y a tout un tas de domaines de la vie politique et sociale
06:07 où l'équilibre est plutôt souhaitable,
06:08 où la mesure est sans doute plutôt quelque chose de positif.
06:12 Mais en matière régalienne, dans une France aussi dégradée que le constatait Gérard Collomb,
06:17 dont je vous rappelle, mais vous le savez, je n'ai pas besoin de vous le rappeler,
06:19 que Gérard Collomb est le mentor politique d'Emmanuel Macron.
06:22 C'est-à-dire que ce que Gérard Collomb dit en 2018, quand il quitte l'hôtel de Beauvau,
06:27 il ne peut pas ne pas l'avoir dit au président de la République,
06:31 qui l'a contribué à amener à l'Élysée.
06:33 - Mais donc pour vous, Thibaud de Montbriel, la situation est sur le point d'être irréversible ?
06:37 - La situation deviendra irréversible si dans les mois qui viennent,
06:40 mais ce ne sont vraiment pas les mois, ce ne sont pas les années,
06:42 ce n'est pas l'année prochaine, ce n'est pas l'année d'après,
06:44 ce n'est pas "on attend les JO",
06:45 les JO soient dit en passant, viennent du plaisir dans l'ambiance actuelle.
06:48 Donc c'est vraiment dans les...
06:51 Moi je pense que c'est dans les semaines qui viennent,
06:53 je pense qu'il faut un changement total de logiciel avant Noël,
06:56 et ça implique une reprise en main que les Français voient, que le peuple voit.
07:00 Parce que si le peuple ne le voit pas,
07:02 ça va être une succession d'actes de désespoir,
07:05 de dérive vers les extrêmes,
07:07 et là pour le coup c'est la catastrophe.
07:09 Parce que les armes de guerre ne sont pas sorties des caves des banlieues l'été dernier,
07:13 à Dieu ne plaise qu'elles ne sortent la prochaine fois.
07:15 - J'aimerais qu'on écoute un habitant qui était ce matin à Crépol,
07:18 qui a interpellé Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement,
07:22 qui lui a reproché son décalage à ce que vous nous disiez depuis quelques instants,
07:26 Thibaud de Montmoyal,
07:27 de découvrir comme ça qu'il y a deux Frances qui sont antagonistes.
07:32 Je ne sais pas si on a le son, s'il est prêt en régie,
07:34 écoutons ce qu'il a dit.
07:36 - Bonjour monsieur le ministre.
07:38 - Ça va ?
07:39 - Bonjour monsieur le ministre.
07:40 - Ça pourrait aller mieux.
07:42 - On va aller voir la famille pour commencer.
07:44 - Oui, à vous.
07:45 - On est au ministre qui défend depuis toujours tous ces gouvernements,
07:49 qui défend la France des cités contre la France de Thomas,
07:53 la France rurale, la France des gens qui élèvent leur gosse comme il faut,
07:56 qui ne les élèvent pas dans la haine,
07:58 la haine de la France et des Français.
08:00 - Il y a une haine de la France aujourd'hui Thibaud de Montmoyal ?
08:02 - C'est une évidence, bien sûr qu'il y a une haine de la France.
08:05 Il y a une haine de la France qui s'exprime de mille et une façons,
08:09 qui est encouragée, ce qui est terrible,
08:12 par l'extrême gauche de la classe politique,
08:15 avec la France insoumise et quelques-uns de ses alliés.
08:17 Et cette haine de la France, elle s'est illustrée de façon éclatante,
08:23 de façon impossible à cacher dans cette affaire de Crépol.
08:26 Qu'est-ce qu'on voit à Crépol ?
08:27 Quelle est la différence entre Crépol et d'autres situations similaires ?
08:30 - Contre un fait divers et un fait de société.
08:32 - Ce n'est pas la première fois à Crépol.
08:33 Le journal du dimanche a fait une liste d'événements
08:36 dans des petits villages ces derniers mois.
08:37 C'est loin d'être la première fois.
08:39 Là, c'était tellement gros que ça n'a pas pu être caché,
08:41 que les témoins ont pu raconter,
08:44 sans qu'il y ait une forme de contrôle plus ou moins organisée.
08:49 Et ils ont raconté que des gens sont venus d'un quartier,
08:52 qui est le quartier, pas uniquement,
08:54 mais majoritairement du quartier de la Monnaie à Romand,
08:57 pour perturber une fête de village,
09:00 où des mômes de 16 ans, garçons et filles, étaient rassemblés.
09:03 Eux, ils sont arrivés que des garçons sans les filles,
09:06 et ils n'avaient pas les filles.
09:07 À la place, ils avaient des couteaux avec des lames
09:08 de plusieurs dizaines de centimètres,
09:11 et sans doute, je n'ai pas le dossier,
09:12 mais sans doute des baïonnettes.
09:13 Donc, ce qui est quand même, il faut bien le dire au passage,
09:15 des armes de guerre.
09:16 Ce n'est pas le couteau suisse qu'on peut avoir
09:18 quand on a un problème dans sa cuisine.
09:20 Donc, plusieurs témoins ont raconté
09:25 que cette haine s'est exprimée à travers des phrases
09:28 qui sont rapportées par au moins neuf témoins, semble-t-il,
09:32 où il était question de salles blancs et de haine de la France.
09:34 Mais pour aller plus loin, il y avait également
09:36 des reportages qui ont été faits dès le lundi,
09:39 après le week-end de défaits dans le quartier de la Monnaie,
09:42 alors que les mises en cause n'avaient pas encore été interpellées,
09:46 et où on entend face caméra un certain nombre de gens du quartier
09:50 dire, d'abord, que les auteurs viennent du quartier,
09:53 alors que l'enquête ne l'avait pas encore établie,
09:54 ensuite dire leur solidarité,
09:57 dire leur indifférence au sort de Thomas,
10:00 et dire leur haine de la France et des Blancs.
10:02 Tout ça, face caméra.
10:04 C'est-à-dire que, quand on dit qu'il y a un extrémisme qui monte,
10:06 et bien sûr qu'il faut l'empêcher,
10:08 seul le rétablissement de l'autorité de l'État le permettra.
10:11 Mais de l'autre côté, cette haine et cet extrémisme,
10:13 il est absolument présent.
10:14 - Et est-ce que ça justifie pour vous, Thibaud de Montbréal,
10:16 les manifestations qu'on a pu voir à Rennes,
10:18 ou même à Romance sur Isère,
10:20 de groupes plutôt de droite de la droite, d'ultra-droite,
10:23 au cri de "La France aux Français", et "On est chez nous".
10:27 - Mais, Laurence Ferrari, prenons le problème à l'envers.
10:30 Ça fait tellement longtemps que la situation dégénère.
10:34 Ça fait tellement longtemps qu'on a régulièrement des Français
10:36 qui sont massacrés avec une dimension,
10:39 dans ce qui leur arrive,
10:40 qui est une dimension ethnique et culturelle.
10:42 Ça fait tellement longtemps que les gens ont des yeux pour voir
10:45 et des oreilles pour entendre.
10:47 Que c'est un miracle que ce soit pas arrivé plus tôt ?
10:50 Moi, je vous le dis franchement, je pensais...
10:51 Quand Gérard Collomb dit ce qu'il dit en 2018,
10:54 on pense déjà à l'époque, nous, les familiers de ces sujets,
10:57 qu'on est sur le bord d'arriver, d'ailleurs, il dit rien d'autre.
11:00 Il a fallu encore attendre cinq ans.
11:02 Ce qu'il faut maintenant, c'est que la vertu de ce qui s'est passé,
11:06 c'est que normalement, là, plus personne ne peut dire
11:08 qu'il n'a pas compris.
11:10 Et ceux qui n'avaient pas compris,
11:11 la parole s'est tellement libérée depuis une semaine
11:13 que là, pour le coup, tout le monde a bien compris.
11:15 Donc, on est au pied du mur.
11:16 Le gouvernement, Emmanuel Macron,
11:18 parce que c'est pas le gouvernement, c'est Emmanuel Macron,
11:20 c'est le président de la République,
11:22 qui est le garant des institutions,
11:23 qui est le garant de la paix publique,
11:25 qui est le garant de l'unité de la nation.
11:26 C'est notre président de la République
11:28 qui, pour le coup, est au pied du mur.
11:30 Que va-t-il faire dans les semaines et dans les mois qui vont suivre ?
11:34 Tout va dépendre de là.
11:35 S'il veut avoir une chance d'empêcher la dérive
11:38 et un extrémisme qu'il faut absolument condamner et éviter,
11:43 eh bien, il faut prendre des mesures drastiques
11:46 et il faudra ensuite en assumer les premières conséquences très vite.

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