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Anne Fulda reçoit Christos Markogiannakis pour son livre «Omero, le fils caché» dans #HDLivres

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Transcription
00:00 -Bienvenue à l'heure des livres, Christos Markogiannakis.
00:04 Vous avez déjà écrit plusieurs livres,
00:06 qui étaient plutôt des romans policiers.
00:08 Et là, vous inaugurez un nouveau genre
00:11 avec ce très beau livre qui s'appelle "Homero, le fils caché",
00:15 un livre qui est paru aux éditions Plon,
00:17 un livre qu'on ne lâche pas,
00:19 qui est aussi entre fiction et réalité, on ne sait jamais,
00:24 qui parle de filiation, de célébrité, en filigrane aussi.
00:30 De la Grèce, de destin aussi,
00:32 surtout quelque chose qui revient.
00:35 Et qui part d'un fait qu'a priori, on ne connaissait pas,
00:41 puisqu'on savait que Maria Callas n'avait pas pu avoir d'enfant.
00:45 Et donc, votre livre est construit sur le fait qu'en fait,
00:50 s'il y a eu un enfant que Maria Callas aurait eu
00:54 avec Aristote Onassis, autre Grec, riche armateur,
00:59 qui serait né en 1960 et qui aurait été déclaré mort.
01:06 Alors déjà, pourquoi tout d'un coup ce changement de registre ?
01:09 Pourquoi s'intéresser à, finalement, aussi ce couple mythique ?
01:15 J'écris toujours les choses qui m'intéressent.
01:18 J'écris toujours sur mes passions, les crimes, l'art.
01:22 Et Maria Callas est un sujet qui m'intéressait depuis mon enfance.
01:28 Je suis un fan, un passionné de sa voix, de sa musique,
01:31 de son histoire, grâce à ma grande-mère maternelle.
01:35 Et un jour, alors, je voulais faire un hommage à cette cantatrice,
01:41 à cette divine, à cette femme, finalement.
01:44 Et le seul aspect qui n'a pas été traité jusqu'à maintenant
01:49 était cet enfant, qui, selon un écrivain gréco-américain,
01:53 Nicolas Gage, a vraiment existé, est vraiment né, le 30 mars 1960.
01:59 Et cet enfant, ce bébé, qui est mort quelques heures après.
02:04 Donc quand j'ai appris cette histoire triste,
02:07 encore plus triste quand on sait que Maria Callas disait toujours
02:10 que la seule chose qu'elle a vraiment voulu, elle était un enfant.
02:15 Ce n'était pas sa carrière, c'était une grande famille heureuse.
02:18 Donc j'ai pris cet enfant et je lui ai donné une vie,
02:21 même si elle n'est pas une vie tout à fait heureuse.
02:24 Et c'est tout à fait comme vous avez dit,
02:26 c'est ce duel entre le destin et les choix.
02:29 Les deux, c'est des parents.
02:31 Les parents d'Oméro étaient des fatalistes.
02:33 On assiste, croyez à ce qu'on appelle, qu'ils se mettent.
02:37 Maria Callas avait une relation très personnelle avec Dieu.
02:40 Donc on se demande si le fils d'un couple fataliste
02:44 doit être fataliste aussi, ou s'il croit qu'il peut changer sa vie,
02:49 il peut changer son destin, et si les dieux, entre guillemets,
02:52 lui laissent cette liberté qui est aussi le centre
02:55 de beaucoup de tragédies grecques.
02:57 - Bien sûr. Oui, j'allais justement en revenir à ça,
02:59 parce qu'il y a les éléments d'une tragédie grecque.
03:02 Et les deux sont grecs, ce qui a sûrement aussi contribué
03:06 à les rapprocher à une époque où ils avaient des points communs.
03:09 Bon, ça, c'est pas bien terminé, puisqu'on sait qu'Aristote Onassis
03:14 a finalement épousé Jackie Kennedy.
03:16 Mais cette histoire grecque, cette mythologie,
03:20 elle est très présente tout au long du livre.
03:23 C'est quelque chose d'important pour vous ?
03:25 - Oui. Nous, en Grèce, on grandit avec la mythologie.
03:28 On rencontre un peu plus tard que la mythologie est très violente,
03:31 mais on est vraiment nourris avec ces histoires des familles.
03:36 Parce que les tragédies grecques et la mythologie
03:39 sont autour de la famille.
03:41 La famille des dieux de l'Olympe, ou les Lébdésides, les Atrides.
03:44 Et ici, on voit vraiment comme cet enfant,
03:47 qui est un autre Thésée, un autre Persée, un autre Édipe,
03:51 cherche son identité et cherche contre tous,
03:55 contre la volonté de la famille qui porte le nom
03:59 que cet enfant croit qu'il a le droit à porter,
04:03 contre les dieux, contre les destins,
04:06 contre les coïncidences, contre les hasards.
04:10 Et on le suit, parce que c'est lui-même,
04:12 c'est Homero lui-même qui raconte sa vie,
04:15 à partir des années 60 jusqu'à 2018, 2020.
04:18 Et on le suit en France, en Grèce, en Italie, aux Etats-Unis,
04:22 avec ces personnages mythiques,
04:25 qui ne sont pas seulement sa mère et son père,
04:28 mais aussi la veuve.
04:30 Il ne connaît rien du tout.
04:32 C'est très choquant pour cet enfant,
04:34 quand il apprend à 17 ans qu'il n'est pas le fils biologique
04:38 de ses parents, qui l'ont grandi, qui l'ont éduqué
04:41 dans l'Italie du Nord des années 60 et 70,
04:44 qu'il est le fils de personnes que tout le monde connaît,
04:48 mais lui ne connaît absolument rien.
04:51 - Oui, c'est un paradoxe, effectivement,
04:54 qu'il y a de quoi interroger.
04:56 Dernière question, vous dédiez ce livre à vos parents ?
05:00 Vous dites "à mes parents", grâce à qui ?
05:03 À cause de qui ? En dépit de qui ?
05:05 "Je suis devenu ce que je suis".
05:08 Il y a parfois des correspondances autobiographiques
05:11 dans le livre ou pas du tout ?
05:13 - Il y a toujours la question du rapport avec les parents.
05:17 Je crois que cette petite phrase est très présente,
05:20 pas seulement dans ma vie,
05:22 mais je crois dans la vie de tous.
05:25 On est tous, grâce, à cause ou en dépit de nos parents,
05:29 c'est les ADN, c'est l'éducation, c'est la question aussi
05:33 de ce livre, qui façonne notre vie.
05:36 C'est le destin, les choix.
05:39 Je crois que chaque lecteur va avoir sa propre réponse
05:43 quand il lit ce livre.
05:45 - Je vous conseille vivement de le lire.
05:47 C'est vraiment très réussi.
05:49 "Homero, le fils caché".
05:51 Merci Christos Markogiannakis.
05:54 C'est donc paru chez Plon. Merci beaucoup.
05:57 ...
05:58 ...
05:59 [Musique]
06:02 [SILENCE]

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