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Anne Fulda reçoit Madeleine Meteyer pour son livre «Les obsessions bourgeoises» dans #HDLivres

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00:00 -Bienvenue à "L'Heure des livres", Madeleine Méteiller.
00:02 On est ravis de vous recevoir.
00:04 Vous êtes journaliste, mais vous êtes aussi auteur.
00:08 Vous avez publié un premier livre il y a 3 ans.
00:11 Vous aviez 27 ans.
00:13 "La première faute".
00:14 Et là, vous venez de publier "Les obsessions bourgeoises",
00:18 votre dernier roman, qui est paru chez Lattesse.
00:21 Je suis toujours curieuse, quand je reçois des jeunes écrivains,
00:25 de savoir ce qui les a poussés à se mettre à l'écriture,
00:29 surtout que vous, de ce que j'ai vu,
00:31 c'est quelque chose que vous avez en vous depuis longtemps,
00:34 ce besoin, ce désir d'écrire.
00:36 -Oui, tout à fait.
00:37 Ca m'a toujours pris, comme ça.
00:39 J'ai écrit mon premier roman à 12 ans.
00:41 Personne ne l'a publié.
00:43 C'était une magnifique histoire à propos d'une disparition
00:46 lors du titanique, du naufrage du Titanic.
00:49 Et je sais plus comment ça a terminé, mais mal, je crois.
00:53 Et depuis, effectivement,
00:54 ça a toujours été un plaisir assez facile de m'y mettre,
00:58 parce que les histoires me traversent la tête très facilement,
01:01 surtout quand je suis allongée, quand je m'apprête à me coucher.
01:04 Ensuite, j'ai découvert le travail d'écriture d'un livre.
01:08 -J'ai vu qu'à un moment, lorsque vous travailliez au Monoprix,
01:12 vous écriviez même sur des tickets des idées que vous venez...
01:16 C'est vrai ? -Oui, c'est vrai.
01:18 Je m'ennuyais énormément.
01:20 J'ai travaillé deux étés au Monoprix,
01:22 un premier au Caisse du Bas.
01:24 C'était au Monoprix Saint-Paul.
01:26 C'est un client, il ne le sait pas.
01:28 Une fois, j'étais au Caisse du Haut.
01:30 Là, c'est différent.
01:31 On vend des cotons, c'est pas la même histoire.
01:34 Je m'ennuyais énormément.
01:36 Je griffonnais des fiches en permanence,
01:38 parce qu'il n'y avait personne pour me surveiller.
01:41 -Dans "Les obsessions bourgeoises",
01:43 vous mettez en scène une amitié
01:45 entre deux jeunes filles, Cervane et Céleste,
01:48 qui se sont connues à 15 ans,
01:49 qu'on retrouve près de 10 ans après,
01:52 et qui, a priori, n'ont pas grand-chose à voir.
01:55 Dressez-nous un portrait rapide
01:56 de l'une et l'autre de ces deux jeunes filles.
01:59 -Il y a Cervane.
02:00 Cervane, c'est le personnage principal.
02:03 C'est avec elle qu'on commence.
02:05 On est dans sa psyché.
02:06 On rentre dans celle de Céleste, le personnage secondaire.
02:10 Cervane, c'est une jeune fille rousse.
02:12 C'est son point de description dominant.
02:14 Elle appartient à une famille nombreuse
02:17 qui vit sur la ligne L du train, à Viroflé-Rive-Droite,
02:20 une ville à laquelle je tiens beaucoup,
02:22 qui était déjà dans le premier livre.
02:25 Et elle, voilà, elle a pas tellement réfléchi au monde,
02:28 comment il fonctionne.
02:29 J'ai voulu, à travers le personnage de Cervane,
02:32 donner une idée de la jeune fille banale,
02:34 qui sait pas encore exactement comment se frayer un chemin.
02:38 A côté de ça, il y a Céleste,
02:40 qui n'a pas plus d'idées sur ce qu'il faut faire ou non,
02:43 mais qui a tout bon.
02:44 Elle vit dans le 6e arrondissement,
02:46 et Céleste appartient à un milieu privilégié.
02:49 Cervane aussi, mais avec des degrés divers
02:51 qui font la différence quand on y regarde de près.
02:54 Ils fréquentent les mêmes établissements,
02:57 sans fréquenter du tout le même monde.
02:59 Et une amitié peut se nouer jusqu'à l'événement.
03:02 -Jusqu'à l'événement.
03:03 C'est vrai qu'il y a aussi une forme d'initiation,
03:06 d'une certaine façon,
03:08 de l'une qui fait découvrir à l'autre un monde plus bourgeois,
03:11 avec ses codes,
03:13 notamment ses rallis parisiens,
03:16 ce que vous décrivez,
03:18 jusqu'à ce qu'effectivement arrive un événement
03:22 qui semble mineur,
03:24 c'est-à-dire la disparition d'un vase...
03:26 -Oui, un mineur,
03:27 mais tout de même un vase lalique à 15 000 euros.
03:30 -Voilà. Mais qui entraîne
03:32 toute une série d'interrogations et d'événements.
03:36 Comment vous vous êtes venue cette idée du vase lalique,
03:40 pas du vase de soisson ?
03:41 -Parce que j'ai réfléchi aux objets
03:43 qui pouvaient constituer ces marqueurs d'un monde en particulier,
03:47 et le fait d'avoir un vase lalique chez soi,
03:49 de savoir ce qu'est un vase lalique,
03:52 parce que la plupart des gens qui nous regardent ne le savent pas.
03:55 Ce vase représente, dans l'imaginaire de Cervanes,
03:58 la seule à avoir un imaginaire sur ce monde,
04:01 car les autres, c'est leur monde, ils n'en ont pas besoin.
04:04 Ce vase va cristalliser une tension
04:07 et révéler des petits points de crispation
04:09 qui existaient depuis des années entre les deux,
04:13 sans qu'elle ne le sache du tout.
04:14 Ça va venir faire exploser une histoire secondaire
04:19 qui révélera des visages plus sombres de nos protagonistes.
04:22 -C'est le vase de la discorde. -Tout à fait.
04:25 -Et ça montre la fragilité de liens,
04:28 d'amitié, ce que de tels événements peuvent révéler.
04:32 Une question en relation avec ce titre.
04:35 Vous avez des obsessions bourgeoises ?
04:37 -J'ai eu celle de mon temps, réellement.
04:40 Je me retrouve là-dedans, dans Cervanes,
04:42 un personnage que j'ai voulu créer loin de moi,
04:45 pour que les jeunes filles puissent s'y retrouver.
04:48 Il y a eu une remarque d'un jeune garçon,
04:50 qui m'a le plus touchée, qui m'a dit
04:52 qu'il avait l'impression d'être Cervanes,
04:55 de la page 1 à la page 300 et quelques.
04:57 Ce sont des obsessions qu'on retrouve dans des magazines
05:00 et qui peuvent, pour les personnes les plus équilibrées,
05:04 n'être que des petites touches de "ah oui, il existe quelque chose ailleurs".
05:08 Je me souviens que dans mon adolescence,
05:11 je savais que dans un certain monde,
05:14 on portait des sandales kajaks, par exemple.
05:17 Je le savais.
05:18 Mais à un moment donné, ça devient un faisceau d'indices,
05:21 qu'elle n'est pas du bon côté de la barrière.
05:24 Ses habits à elle ne ressemblent pas aux habits des autres.
05:27 Ce n'est pas grave.
05:28 -Elle a des baladines qui baillent, comme vous l'écrivez.
05:32 -Oui, et elle a des robes en polyester.
05:34 Un soir, Céleste lui dit, innocemment,
05:37 "Tu dois avoir chaud."
05:38 Cervanes, en train d'étreindre une robe neuve,
05:41 lui dit "Non, j'ai pas chaud. Il m'avait du polyester, ma pauvre."
05:45 "Je te montrerai l'étiquette."
05:46 Céleste est déjà passée à autre chose.
05:50 -L'importance des détails.
05:51 Je vous conseille de lire ce livre.
05:54 C'est un très joli livre, "Les obsessions bourgeoises",
05:57 par Euchée Lattès.
05:59 Merci, madame Météier. -Merci, Anne Filda.
06:02 ...
06:06 [SILENCE]

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