Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. A l'occasion des 60 ans de la mort du président Kennedy il reçoit Philippe Labro, pour la sortie de son livre « Ecrits américains, œuvres choisies » Collection Quarto Gallimard
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00:00 Vous écoutez Pascal Freuil vous de 11h à 13h sur Europe 1, vous réagissez au 01 80 29 21.
00:07 Nous sommes le 22 novembre Pascal et il y a 60 ans Kennedy se faisait assassiner le président américain.
00:12 Des livres, des films, des chansons, des milliers d'articles, présentateur du journal télévisé,
00:19 présentateur toujours d'ailleurs d'une émission que vous pouvez écouter sur C8 chaque samedi à 13h30,
00:26 directeur de station de radio "Peu de gens ont le CV" de Philippe Labreau.
00:31 Re bonjour cher Philippe. - Bonjour.
00:33 - Et merci d'être avec nous pour parler de John Kennedy dont vous avez d'ailleurs un avis très précis
00:40 sur les conditions en tout cas sur celui qui a tué John Kennedy.
00:45 Mais je voulais vous faire écouter, nous sommes le 22 novembre 1963,
00:49 le président américain John Kennedy est assassiné à Dallas
00:52 et un jeune reporter est sur l'antenne d'Europe 1 et il raconte ce qu'il a vu.
00:58 - Je pense que nous allons avoir de nouveaux éclaircissements sur ce qui se passe aux Etats-Unis,
01:03 en effet une nouvelle liaison avec New York,
01:06 cette fois-ci c'est une liaison avec un de nos confrères, un journaliste de François,
01:11 Philippe Labreau qui nous appelle maintenant de New York.
01:14 - Je me trouve en ce moment même à Hartford dans le Connecticut
01:18 qui est une ville de 140 000 habitants, ce qui pour les Etats-Unis est une assez petite ville.
01:23 C'est une ville de la Nouvelle-Angleterre qui est comme vous le savez peut-être
01:27 le berceau de John F. Kennedy.
01:29 C'est là que Kennedy était né, c'est ici qu'il avait fait ses études,
01:33 c'est ici qu'il avait passé une grande partie de sa jeunesse.
01:35 J'ai appris comme tous les américains par la radio l'annonce de l'assassinat du président.
01:40 J'étais à ce moment-là sur la pelouse d'une grande université américaine
01:44 en train de bavarder avec des étudiants,
01:46 l'un d'eux est arrivé, il tenait un transistor à la main,
01:49 il pleurait, il sanglotait, il m'a dit "vous avez entendu, il est mort".
01:53 Je ne savais pas de quoi il parlait, mais j'ai vite compris.
01:56 Au même moment, des employés de l'université se sont mis à courir sur le campus,
02:02 sur la pelouse pour descendre tous les drapeaux qui sont déployés tout autour de l'université.
02:07 Soudain donc, tout s'est arrêté.
02:09 Ces étudiants qui sont tous des gosses, tous ces gosses,
02:12 car je ne peux pas les appeler autrement, pleuraient.
02:14 Certains se sont agenouillés dans l'herbe et se sont mis à prier.
02:17 Des petites filles qui rentraient de l'école hurlaient.
02:20 Elles avaient compris plus ou moins qu'il se passait quelque chose de tragique
02:23 et elles couraient très vite pour aller rejoindre leurs parents
02:26 qui leur expliqueraient peut-être s'ils arrivaient à expliquer.
02:29 J'ai quitté l'université, je suis remonté en voiture
02:32 pour rentrer dans Hartford, cette petite ville d'où je vous parle en ce moment,
02:36 et sur l'autoroute, j'ai traversé plusieurs petites villes américaines.
02:39 Les drugstores fermaient, les jukebox dans les boîtes à musique,
02:43 dans les garages, dans les cafés, dans les grands magasins,
02:46 s'étaient arrêtés soudainement.
02:48 Partout, on baissait les drapeaux.
02:49 Dans les voitures, dans la rue, les gens arrêtaient,
02:52 les visages penchés sur leur radio, écoutaient.
02:55 Écoutaient les voix qui d'habitude sont toujours solennelles
02:58 et un peu grandiloquentes des speakers américains
03:01 et qui cette fois avaient perdu leur assurance.
03:04 Tout s'est arrêté, donc tous les bureaux, tous les magasins ont fermé unanimement.
03:10 - Quelle émotion, à 60 ans de distance, sur la même antenne,
03:14 Philippe Labrault qui va juger peut-être le jeune journaliste que vous étiez.
03:19 Il y a tout dans ces deux minutes et il y a notamment l'intensité dramatique
03:24 et tous les éléments d'information que vous donnez.
03:27 - Oui, j'ai oublié d'en donner une que j'ai donnée dans mon livre,
03:29 puisque j'ai écrit un livre entier là-dessus qui s'appelle
03:32 "On a tiré sur le président", que vous trouverez d'ailleurs dans le Coirtau,
03:35 mon chien Pascal.
03:36 J'ai oublié de dire que c'est une image très forte.
03:39 Vous savez ces gros camions américains, les "trucks" comme on dit,
03:42 énormes, qui traversent les États-Unis,
03:44 et il y en avait un qui était arrêté le long de l'autoroute
03:48 et le driver, le conducteur était sorti,
03:52 il s'était appuyé sur le capot et il pleurait.
03:55 Gros, costaud, comme ils sont tous là-bas,
04:00 et cet homme, ce camionneur qui pleure, pour moi c'était le symbole de ce qui se passait.
04:04 Bon, bien évidemment, ensuite je suis arrivé à New York,
04:06 j'ai pris le premier avion du matin, samedi,
04:10 je suis arrivé à Dallas le samedi matin,
04:12 donc le lendemain matin de l'assassinat,
04:14 et là je suis monté dans un taxi pour aller tout de suite au commissariat de police,
04:18 le police headquarters de Dallas,
04:20 et le taxi driver, avec des roues flaquettes et des
04:25 bottes à talons biseautés, comme ils avaient tous là-bas,
04:27 j'étais en plein Texas,
04:30 Kennedy avait dit la veille à sa femme "on est chez les fous",
04:33 et je dis à ce taxi driver
04:35 "dites donc quand même quelle tragédie", et il me répond avec son accent
04:39 "it was about time",
04:41 ce qui veut dire "il était grand temps".
04:43 Voilà, un peu l'atmosphère.
04:45 Et je suis arrivé dans un petit commissariat de police,
04:48 en proie et en prise avec l'histoire, avec un H majuscule,
04:52 et avec un bordel, il n'y a pas d'autre terme,
04:55 extraordinaire, une confusion inimaginable,
04:58 300 journalistes,
04:59 il y avait deux français seulement, moi,
05:02 François Peloux, de l'AFP, qui était lui le correspondant
05:05 français à Washington, donc lui il était même déjà la veille,
05:09 Dallas, et moi-même.
05:11 Et puis tout le reste c'était les télévisions américaines qui
05:14 allongeaient leurs câbles, à l'époque c'était des gros câbles,
05:16 tout ça c'est beaucoup plus difficile qu'aujourd'hui,
05:18 tous en rang, le long du rue de chaussée,
05:21 pour voir débarquer du premier étage où il était enfermé dans sa cellule,
05:25 Lee Harvey Oswald, 24 ans, mon âge,
05:28 et qui arrivait, encadré par deux flics avec leur chapeau,
05:33 et avec le shérif Wilfritz,
05:36 au nez rougi par le bourbon,
05:38 et qui s'installait dans un petit bureau, on voyait à travers les vitres,
05:42 pour interroger Oswald,
05:44 sans dactylo, sans magnétophone, sans prise de note.
05:48 - On va marquer une pause, il est 12h10, Philippe Labraud est avec nous,
05:52 qui a tué John Kennedy ?
05:54 Philippe Labraud nous donnera son sentiment.
05:57 - Pascal Prohebou, c'est de 11h à 13h sur Europe 1,
05:59 et vous pouvez réagir en composant son numéro.
06:01 - Appelez Pascal Pro au 01 80 20 39 21.
06:05 - Europe 1 - Pascal Prohebou.
06:08 - Merci de nous rejoindre sur Europe 1, 11h-13h, c'est Pascal Prohebou,
06:11 nous avons en invité aujourd'hui,
06:14 Philippe Labraud pour la sortie de son livre,
06:16 écrit américain, œuvre choisie, collection quarto, Gallimard.
06:19 - Philippe Labraud, c'était le 22 novembre 1963,
06:23 vous êtes sans doute un des meilleurs spécialistes de John Kennedy,
06:26 sinon le meilleur spécialiste, en tout cas, de l'assassinat.
06:29 Qu'est-ce que vous faites aux Etats-Unis le 22 novembre 1963 ? Pourquoi vous êtes là-bas ?
06:33 - Parce qu'il n'y a pas de hasard.
06:34 Comme quelques temps auparavant, à l'âge de 18 ans, j'avais fait mes études aux Etats-Unis.
06:39 Quand je suis rentré en France, j'étais bilingue,
06:41 je connaissais la culture américaine, je connaissais l'Amérique.
06:44 J'ai fait mes débuts dans le journalisme,
06:46 je suis engagé à François comme reporter, comme grand reporter.
06:50 Et Pierre Lazareff, le petit génie de l'époque,
06:52 avait une émission de télévision extraordinaire qui s'appelait "Cinq colonnes à les unes".
06:56 Cinq colonnes, il décide de faire des sujets, comme on dit, des documents.
06:59 Eh bien, un jour, quelqu'un dit "Ah, ça serait bien qu'on montre comment vit un campus américain".
07:04 Eh bien, Lazareff dit "Bah évidemment, vous en voyez la bro".
07:07 Il sait, puis il l'a vécu.
07:08 Donc il n'y a pas de hasard, Pascal. Tout est lié.
07:12 - Et donc vous êtes sur place, donc vous l'avez dit tout à l'heure,
07:14 vous prenez le premier avion de New York pour aller à Dallas,
07:18 et là, vous allez suivre en direct la tragédie du monde,
07:23 puisque celui qui a tué John Kennedy, Leosvay Oswald,
07:28 va lui-même être tué par quelqu'un que vous allez rencontrer.
07:31 - Jack Ruby.
07:32 - Que vous avez rencontré. - Bien sûr !
07:34 - Avec qui vous avez parlé. - Bah évidemment !
07:36 - C'est ça qui est sidérant dans cette aventure.
07:38 - Je l'ai rencontré dans le commissariat de police.
07:40 Ce qu'il faut savoir, c'est que, à l'époque, ce commissariat de police, c'était un tout petit immeuble.
07:45 Il y avait la terre entière.
07:47 Il y avait tous les journalistes américains locaux et évidemment nationaux,
07:51 et puis des étrangers qui commençaient à arriver.
07:53 Ça défilait, commençaient à arriver, c'était extraordinaire.
07:55 Et au milieu de tout ça, moi j'étais là, je regardais, j'écoutais,
07:59 et je vois, il était, je sais pas, c'était le samedi après-midi,
08:03 un homme qui ressemblait absolument pas au journaliste.
08:07 Un petit bonhomme avec un petit chapeau un peu mafieux,
08:10 les cheveux gominés, une grosse bague à la main gauche.
08:16 Qu'est-ce qu'il fait là ?
08:17 Donc, moi je vais vers lui forcément.
08:19 Ma curiosité habituelle.
08:21 Et il me dit "je vous ai entendu parler, vous êtes français ?"
08:24 Je dis "oui".
08:25 Il me dit "ah, les français, folie bergère !"
08:28 Pour lui, la France était folie bergère, voilà.
08:32 Donc je rigole, il me donne sa carte de visite pour sa boîte de nuit,
08:37 son strip-tease joint, comme on dit, mais qui était fermé, bien sûr, il avait tout fermé.
08:41 Il me dit "venez nous voir quand vous voulez",
08:43 et puis il s'en va, c'est tout.
08:44 J'ai parlé avec lui l'équivalent de quelques minutes.
08:47 Mais j'ai écrit un article là-dessus, qui est paru dans France Ce Soir.
08:51 Deux mois plus tard, je suis à Paris.
08:54 Je reçois un coup de fil de l'ambassade des États-Unis qui me dit
08:57 "Monsieur Labreau, il y a deux agents du FBI qui sont venus de Washington pour vous interroger."
09:01 Pourquoi ?
09:02 Parce que la commission Warren, dont tout le monde a dit qu'elle n'avait pas fait son boulot,
09:05 tu parles, elle était tellement méticuleuse qu'elle avait envoyé deux agents du FBI
09:09 pour interroger un garçon qui avait écrit l'équivalent de deux paragraphes
09:14 sur un homme avec qui il avait bavardé pendant trois minutes,
09:16 et qui ne m'avait rien dit qui puisse correspondre à quoi que ce soit
09:20 d'important pour la commission Warren.
09:22 C'est pour vous dire à quel point quand même
09:24 les gens se trompent quand ils disent qu'elle n'a pas travaillé à la commission.
09:27 Elle a travaillé.
09:28 - Ceux qui nous écoutent connaissent peut-être mal la commission Warren,
09:31 qui est la commission qui va donc travailler sur l'assassinat de John Kennedy,
09:35 et on rappelle que Ruby, c'est l'homme aussi qui va tuer Oswald.
09:39 - Le lendemain, dimanche, oui.
09:41 - Le lendemain, donc on est le 23 novembre,
09:44 et effectivement à partir de là, toutes les conspirations sont possibles,
09:48 chacun ira interpréter également ce meurtre-là,
09:52 comme si on avait voulu faire taire Oswald,
09:54 parce que qu'est-ce qu'on dit sur l'assassinat de Kennedy ?
09:56 On dit parfois c'est la mafia, on dit parfois c'est Johnson,
09:59 on dit parfois c'est Oswald tout seul,
10:03 on dit parfois c'est Castro, on dit tout, en fait.
10:05 Et vous, vous avez un sentiment,
10:08 plus qu'un sentiment d'ailleurs, que vous pouvez étayer.
10:10 - Ce que j'appelle une intuition raisonnée.
10:12 Mon intuition d'abord c'est que je l'ai vue Oswald, moi.
10:15 J'ai vu, j'ai vu passer, j'ai entendu parler,
10:18 j'ai vu son, cette espèce de sourire narquois,
10:21 au coin de la lèvre gauche,
10:23 qui indiquait selon moi l'idée que
10:25 il savait qu'il était à ce moment-là l'homme le plus important du monde.
10:30 Et il en jouissait.
10:31 Je l'ai entendu dire "non non, on m'a rien demandé,
10:35 on n'a même pas demandé si j'étais sur le président",
10:37 ce qui est évidemment un mensonge,
10:38 donc je l'ai entendu mentir.
10:40 Et par ailleurs... - Mais comment vous l'entendez ?
10:43 - Mais parce que je suis...
10:44 - C'est ça qui est incroyable ! - Comme face à vous !
10:46 Dans ce commissariat, il n'y a pas de barrière, il n'y a rien,
10:49 on est tous là en randonnion,
10:51 en attendant qu'il descende dans sa cellule du premier étage,
10:54 accompagné du shérif.
10:56 Et puis on le remonte, une fois qu'il a été un petit peu interrogé.
10:59 Et puis ça dure comme ça toute la journée.
11:02 Et donc on est tous là, après on prend des notes,
11:04 on échange des tuyaux.
11:05 Moi je pars là-haut de flic, l'un d'entre eux me dit "vous voulez le voir ?"
11:08 Je dis "oui".
11:09 Et je lui sors un billet d'isolat que je lui mets dans sa poche,
11:13 et on prend un autre ascenseur qui n'était pas l'ascenseur habituel,
11:15 sur l'autre côté, le couloir gauche...
11:17 Non mais c'est ça le journalisme, mon cher Pascal !
11:20 - C'était ça !
11:21 - C'était ça !
11:22 - Parce que je pense que je suis convaincu que ce serait quand même plus compliqué !
11:26 - On monte un étage,
11:28 et là, je vois...
11:30 il m'a pas approché de lui,
11:32 mais je vois comme je vous vois à peu près à la même distance,
11:34 dans sa cellule, Oswald qui était en train de parler à son frère,
11:37 qui lui expliquait qu'il n'avait rien fait de mal,
11:40 et qu'il était complètement innocent.
11:42 Donc je suis évidemment convaincu qu'il mentait comme il respirait !
11:46 Pour moi, il n'y a pas de complot,
11:49 il y a un seul homme, Lee Harvey Oswald,
11:51 les éléments sont là, toutes les preuves sont là !
11:54 Les empreintes sur le fusil qu'il a acheté lui-même,
11:57 fusil avec lequel, six mois auparavant, il tire sur un général d'extrême droite,
12:02 General Walker,
12:04 le FBI fait une enquête sur lui,
12:06 et puis le laisse tomber !
12:08 Le FBI ne s'occupe pas de lui,
12:09 je ne me rends pas compte qu'ils ont affaire à un "Ostrogo" comme on dit !
12:14 - Et 12h19, on marque une nouvelle pause,
12:16 Philippe Labreau est sur Europe 1, aujourd'hui, pour parler de John Kennedy,
12:20 pour parler également d'un écrit américain, oeuvre choisie,
12:25 c'est un quarto "Gallimard", c'est une collection qui rassemble les grands textes d'un auteur Gallimard,
12:33 aujourd'hui c'est donc Philippe Labreau, il y a des très belles photos, photos personnelles,
12:38 je ne sais pas si c'est vous d'ailleurs qui avez donné ces photos, sans doute, ces collections privées,
12:43 et puis on peut voir beaucoup de choses de vous, le cinéaste,
12:46 l'autre jour est repassé l'héritier, il y a 15 jours,
12:49 alors je n'appelle plus Philippe Labreau lorsque repasse l'héritier,
12:52 parce qu'à chaque fois je suis pris par le rythme,
12:57 par le casting, par l'histoire, par les dialogues,
13:01 par ce film qui est de 1972 ou 1973,
13:04 il n'a qu'à 50 ans, et c'est une banalité que de le dire,
13:08 et Philippe qui est très exigeant sur les formules journalistiques,
13:12 il n'a pas pris une ride, il ne validerait pas cela Philippe Labreau,
13:16 il dirait "non, ça c'est impensif, il n'a pas pris une ride",
13:20 un cliché, et bien pourtant ce film, avec Jean-Paul Belmondo et Charles Déner, n'a pas pris une ride,
13:25 et à chaque fois qu'il passe à la télévision, d'ailleurs sur Paris 1ère souvent,
13:28 ou sur C8, - Il n'a pas pris une ride mais on ne pourrait pas le faire aujourd'hui,
13:31 parce qu'il est quand même emprunt d'une immense misogynie.
13:35 12h21, à tout de suite.
13:36 - Et posez vos questions à Philippe Labreau, 01820 39 21, Pascal Praud.
13:40 - Réagir et donner votre avis sur Europe 1.
13:43 - Rendez-vous sur la page Facebook de Pascal Praud et vous.
13:46 Europe 1, Pascal Praud.
13:48 - De 11h à 13h, vous réagissez au 01820 39 21, comme Jacques que nous avons en ligne, Pascal.
13:53 - Exactement, et Philippe Labreau est avec nous, et Jacques, bonjour Jacques.
13:57 - Bonjour Pascal, et je suis vraiment très honoré de parler à Philippe Labreau,
14:04 j'en suis très ému, parce que je considère ce monsieur
14:07 comme un des plus grands journalistes de sa génération, un écrivain hors pair,
14:12 et moi je l'ai toujours suivi depuis pas mal d'années, parce que j'ai un certain âge, 69 ans,
14:17 et franchement vous êtes quelqu'un de formidable Philippe.
14:21 - Vous êtes trop gentil monsieur, vous êtes trop bienveillant, merci infiniment.
14:24 - Et puis par contre c'est la galère pour trouver votre livre sur Kennedy,
14:27 j'ai essayé, et je n'arrive pas à le trouver.
14:30 - On a tiré sur le président, c'est sorti en folio,
14:34 c'est en folio, le livre de poste chez Gallimard, vous le trouvez dans n'importe quelle librairie.
14:39 - D'accord, bon ben merci de l'info.
14:41 - Alors on a tiré sur le président qui est un film, qui est un livre,
14:44 et qui est sorti il y a combien de temps en première version ? Moins de 10 ans ?
14:48 - Oh non, au moins 10 ans, oui.
14:51 - J'avais l'impression que c'était plus récent que ça, mais de toute façon on a tiré sur le président,
14:55 je ne sais pas si de temps en temps vous achetez, je ne devrais peut-être pas le dire pour les libraires,
14:59 Jacques, si vous achetez sur internet, mais vous le commandez et vous l'avez demain matin.
15:03 - Ouais, d'accord.
15:04 - Soit dans la collection dite blanche, c'était chez Gallimard,
15:08 soit en folio, vous pouvez l'acheter.
15:11 - Il y a les mêmes photos que dans la blanche,
15:13 c'est parce que ce livre a en plus un certain nombre de photos que j'ai commentées, illustrées,
15:17 de toute l'affaire Kennedy, de la vie même de cet homme,
15:20 et c'est un livre qui est d'ailleurs cité et reproduit d'ailleurs dans le quarto dans Paris,
15:25 Pascal.
15:26 - Exactement, il y a un Américain un peu tranquille, il y a l'étudiant étranger,
15:29 il y a un été dans l'Ouest, il y a rendez-vous au Colorado, on a tiré sur le président,
15:33 et puis il y a tous les articles, tous les portraits que vous avez écrits
15:36 pour toutes les publications auxquelles vous avez collaboré,
15:39 politique, littérature, société, culture, parce que vous êtes,
15:43 je ne vais pas dire du bien de vous pendant une heure,
15:44 mais c'est vrai que votre profil journalistique est assez rare, puisque vous intéressez à tout.
15:50 - Paul Valéry disait "j'ai beau faire, tout m'intéresse".
15:53 - C'est vrai, je me demande est-ce qu'il y a quelque chose qui ne vous intéresse pas Philippe Labrault ?
15:57 Est-ce qu'il y a un domaine sur lequel vous n'avez pas écrit depuis que vous faites ce métier ?
16:02 - Je suis très mauvais en matière de science et de mathématiques et de finances.
16:06 Il faut savoir ça.
16:08 Je n'ai jamais véritablement écrit là-dessus d'ailleurs.
16:11 Non, non, je suis plutôt un généraliste culture, toute culture,
16:16 politique aussi bien sûr, politique américaine en particulier.
16:19 Mais il y a des domaines dans lesquels je suis nul.
16:21 - Bon, il ne faut pas croire. - Il faut chercher.
16:23 - Bon, merci pour tout, beaucoup.
16:25 - Jacques, est-ce que vous avez une question peut-être pour Philippe Labrault ?
16:27 Ou même un sentiment sur l'affaire Kennedy ?
16:29 La thèse que disait Philippe Labrault, il pense que c'est un homme seul.
16:33 Est-ce que vous partagez cette... ?
16:35 - Vous savez, Pascal et Philippe, moi quand Kennedy est mort, j'avais 6 ans et j'en ai 69.
16:41 Donc j'ai un terme qui m'a passionné.
16:43 Déjà à l'époque mon père disait toujours "il ne faut pas croire ce que disent les autres, c'est trop simpliste".
16:49 Et puis moi pendant ces 60 ans, j'ai lu beaucoup sur Kennedy, j'ai écouté un petit peu, j'ai regardé les émissions.
16:57 Et je suis, alors c'est marrant, je suis un petit peu de l'avis de Philippe.
17:01 Pour moi il n'y a pas d'histoire, il n'y a pas de romance, il n'y a pas de coups tordus du FBI, de la CIA, du crime.
17:10 Pour moi c'est tout bêtement un mec qui a buté le président pour lui, en disant "voilà, j'ai fait ça dans ma vie".
17:18 Il n'avait peut-être pas fait grand chose.
17:20 - Non, exactement, exactement, il n'avait rien fait.
17:23 - Moi je suis convaincu que c'est une histoire banale d'un mec, d'un illuminé.
17:29 Alors à l'époque vous savez il n'y avait pas Facebook, il n'y avait pas tout ça.
17:32 L'information était quand même triée sur le volet un petit peu.
17:36 Donc ça arriverait maintenant, ça serait autre chose.
17:39 Mais pour moi c'est vrai qu'au fil des années, j'en ai beaucoup lu, j'ai lu pas mal d'écrits, j'ai regardé pas mal.
17:46 Et moi j'en suis revenu un petit peu comme vous Philippe, en disant "finalement ce mec il a buté le président pour lui".
17:53 En disant "j'ai fait ça dans ma vie, j'ai fait ça".
17:56 - Je vous remercie et je vous interroge, plutôt je vous confirme.
18:01 Tous les éléments sont là, les preuves sont là, les empreintes sur le fusil qu'il a achetées.
18:05 Qu'est-ce qu'il fait aujourd'hui ? Il sort de l'immeuble en courant et il va chez lui.
18:10 Qu'est-ce qu'il fait chez lui ? Il prend un revolver, il le met dans sa ceinture.
18:13 Et puis après il part encore en courant. Il court vers quoi ?
18:16 Vers la station d'autobus qui l'emmènerait au Mexique parce qu'il veut fuir.
18:20 Sur la route il y a un policier qui s'appelle J.D. Tippitt qui a reçu l'appel à toutes les voitures.
18:25 "Call legal cars, call legal cars", la fameuse expression dans les films américains des années 40.
18:31 Et ce policier a reçu déjà le signalement du suspect.
18:34 Bon, il sort de sa voiture, il va vers Oswald pour vérifier son identité.
18:38 Que fait Oswald ? L'innocent, hein, qui n'est pas du tout innocent.
18:41 Il sort son pistolet, il lui file quatre balles dans le coffre et il le tue.
18:46 Il y a douze témoins. Alors que les complétistes ne viennent pas me dire qu'il n'a pas tué un flic.
18:50 Pourquoi il tue Tippitt s'il est innocent ?
18:53 - Il est 12h29, on va marquer une pause. Est-ce qu'on a le temps peut-être avant la pause
18:58 d'écouter une archive d'Europe 1 qui date de 1963 ?
19:03 C'est un reportage de Jean-Pierre Chapelle.
19:05 "Li Harvey Oswald pouvait-il être le seul tireur ?"
19:09 - On peut l'écouter avant la pause ? - Après la pause.
19:11 - On l'écoute après la pause.
19:13 - 11h13h, c'est Pascal Proévouz sur Europe 1.
19:15 - Appelez Pascal Pro au 01 80 20 39 21.
19:19 - Et vous réagissez au 01 80 20 39 21.
19:24 Pascal Proévouz de 11h à 13h. Et la page Facebook aussi existe.
19:27 - Mais bien sûr. Philippe Labeau a été très surpris lorsqu'il a vu Napoléon Filippe.
19:31 - Oui, j'ai gardé le costume pour ceux qui n'y seraient pas là tout à l'heure.
19:35 - Philippe a parti à une époque où il y avait un peu plus de rigueur.
19:38 - Oui, je comprends. Désolé Monsieur Labeau.
19:40 - C'est bien, vous marquez des points. Vous dites "Monsieur Labeau".
19:43 - Oui, c'est normal. Tout à l'heure, je me suis trompé.
19:45 - Je le dis pour Philippe qui ne nous écoute peut-être pas tous les matins.
19:50 Vous vous occupez de la page Facebook, donc interactivité.
19:54 Et vous êtes Monsieur Boubouc.
19:56 - Voilà, Monsieur Boubouc. C'est ça, je lis les messages que l'on reçoit sur les réseaux sociaux.
20:00 - Monsieur Labeau a l'air très inquiet.
20:03 - Il se dit qu'il n'a jamais vu ça en même temps.
20:06 - Il s'interroge, il dit "Voilà, je n'ai jamais vu quelqu'un dans une..."
20:10 "Le monde a bien changé, voilà, c'est ça."
20:12 - Mais comme il est délicat.
20:14 - Vous êtes vraiment habillé en Napoléon tous les jours à l'antenne ?
20:17 - Non mais je suis régulièrement costumé.
20:19 Je suis venu en soupe aux choux par exemple.
20:21 - Vous êtes filmé j'imagine.
20:26 - Ah mais nous sommes filmés Philippe.
20:28 Heureusement maintenant que vous avez la télé, la radio et Modernes.
20:32 Bon, les pages Facebook.
20:34 - J'arrive tout de suite, j'ai pris deux trois messages.
20:36 Je suis en train de les écrire, je suis dessus, c'est encore en chargement.
20:38 - Ah oui, donc en plus vous êtes venu simplement pour lui dire bonjour.
20:41 - Oui c'est ça exactement.
20:42 - D'accord, donc écoutons Jean-Pierre Chappelle.
20:44 On est le 26 novembre 1963, sur l'antenne d'Europe 1.
20:49 Et on s'interroge, il lit Harvey Oswald était le seul tireur.
20:53 - Nous sommes donc dans un tir avec un chronomètre.
20:57 A côté de nous, un instructeur de tir qui a une carabine 22 magnum à lunettes.
21:03 C'est à dire une carabine dont le fonctionnement est exactement le même que celui du fusil.
21:08 Qui aurait été utilisé par Lee Oswald.
21:11 Devant nous, l'instructeur de tir va tirer trois cartouches.
21:14 Nous allons déclencher le chronomètre au moment de la première cartouche.
21:18 Et nous allons arrêter le chronomètre au moment du dernier coup de feu.
21:22 C'est à dire qu'il y aura trois cartouches de tirée.
21:25 Et que par deux fois, l'instructeur de tir devra ouvrir sa culasse.
21:29 Éjecter la cartouche utilisée, remettre une balle neuve et tirer.
21:35 Nous allons donc chronométrer.
21:37 Quand vous voudrez.
21:39 Les trois coups ont été tirés en 4 secondes et 4 dixièmes.
21:50 - Bon, c'était une façon évidemment d'intéresser l'auditeur d'Europe 1 de l'époque.
21:56 Mais ça nous permet de rebondir et après on en aura terminé sur la balle magique et le livre.
22:02 Le livre, le film d'Oliver Stone, JFK.
22:05 - Le livre, le film d'Oliver Stone est un très bon film de cinéma.
22:09 Et c'est pas un documentaire.
22:12 Il a inventé un certain nombre de séquences et de personnages.
22:16 Malheureusement le cinéma est tellement puissant que les gens ont pris ça pour la vérité.
22:21 Le film de Stone, ça n'est pas la vérité.
22:24 C'est son interprétation.
22:26 Et il donne à certains personnages des séquences, des déclarations, des intentions,
22:33 qui ne sont pas dans la réalité.
22:35 Il a même inventé certaines séquences.
22:37 Il retraduit une balade entre un agent secret de la CIA et le procureur Garrison,
22:45 interprété par Kevin Costner.
22:47 Bon, il n'était pas là.
22:49 Et il n'était pas là cet homme de la CIA, c'est pas vrai.
22:52 Et Costner c'est un acteur, c'est pas Jim Garrison.
22:55 Moi j'ai rencontré Jim Garrison, le vrai Garrison, à la Nouvelle-Orléans.
22:59 Il n'était pas aussi relusant que Costner.
23:01 Il était pratiquement entre les mains de Carlos Marcello,
23:03 qui est le grand patron de la mafia du sud des Etats-Unis.
23:06 Alors arrêtons avec Stone. Il est très fort.
23:09 C'est un cinéaste, c'est pas un journaliste.
23:12 - Est-ce que tous les documents aujourd'hui sont sur la table ?
23:14 Est-ce qu'on sait tout de l'affaire Kennedy ?
23:16 Ou est-ce qu'il reste des zones d'ombre ?
23:18 - On ne saura jamais tout, selon moi.
23:20 Il restera peut-être quelques éléments,
23:22 mais qui sont, à mon avis, ceux que la FBI et la CIA dissimulent
23:26 pour ne pas avouer leurs erreurs.
23:29 Ils ont commis des tas de conneries autour de ce journal, autour de toute cette affaire.
23:33 Ils ne veulent pas révéler leurs sources.
23:35 Et par conséquent ces archives-là sont plutôt faites pour protéger
23:38 les institutions du renseignement américain
23:41 que pour nous donner une vérité sur la mort de Kennedy.
23:44 Alors ça, personne n'écrit ça, hein.
23:46 Mais c'est une vérité.
23:47 - Est-ce que l'Amérique des années 60 aurait été différente si John Kennedy avait vécu ?
23:51 - Radicalement différent.
23:53 - Est-ce qu'il aurait arrêté la guerre du Vietnam ?
23:55 - Alors, vous savez très bien qu'on ne peut pas faire du chrony, on ne sait pas.
23:58 Mais de toute façon, il aurait été réélu,
24:01 et son deuxième mandat aurait été éblouissant.
24:04 Déjà, il était en train de devenir un bon président.
24:07 Au début, il s'était souvent planté, Khrouchev l'avait humilié à Berlin,
24:12 et il avait été complètement trompé par la CIA, justement, pour la baie des cochons.
24:16 Donc, sa première année, c'était des catastrophes.
24:19 Petit à petit, il apprend, il comprend, car c'est un homme très intelligent, très cultivé.
24:23 Alors ça, c'est la face lumineuse de Kennedy, mais c'est la face obscure.
24:26 On sait aussi sa vie dissolue, sa sexualité invraisemblable,
24:31 et sa fréquentation étrange de putain de la mafia.
24:35 Bon, il y a tout ça.
24:36 Kennedy, c'est un personnage de roman et de cinéma, mais c'est la vérité.
24:40 Il a existé.
24:41 Est-ce qu'il aurait été, s'il avait été réélu, est-ce que l'Amérique aurait changé ?
24:46 Possible, mon cher Pascal, parce que, est-ce qu'il aurait cédé, comme l'a fait Johnson,
24:51 au pouvoir militaire qui voulait envoyer de plus en plus de troupes là-bas, au Vietnam ?
24:55 Parce que le grand tournant, c'est le Vietnam.
24:57 Quand Kennedy est au pouvoir, il y a à peu près 20 à 40 000 soldes américains à Saigon.
25:05 Johnson, un an plus tard, il y en aura 500 000.
25:08 Donc, je ne sais pas, on ne peut pas savoir ce qui se serait passé,
25:11 mais de toutes les façons, ça aurait changé la face de l'Amérique.
25:15 - Et lorsque Kennedy est venu à Paris avec Jackie Kennedy, vous étiez peut-être présent à Paris,
25:20 et je crois que John Kennedy avait eu ce mot en disant "je suis l'homme qui accompagne Jackie Kennedy".
25:25 - Oui, ce qui prouve qu'il a beaucoup d'humour, qu'il a le sens de la formule,
25:28 qu'il sait communiquer, qu'il sait se servir de Jackie,
25:31 qui elle-même est aussi une star, parce que c'est Hollywood dans la Maison Blanche.
25:35 Vous avez deux stars, complètement, et qui sont, en particulier lui et son entourage,
25:40 des génies de la communication. C'est eux qui ont inventé la communication politique.
25:45 - Robert Kennedy mourra également assassiné, Ted Kennedy ne sera jamais un président,
25:49 John John Kennedy mourra dans un avion.
25:53 - Tout le monde lui disait "il ne faut pas partir, il y a du brouillard, il ne faut pas partir".
25:57 Il dit "si, si, j'y vais moi", parce que Kennedy, il croit qu'il peut passer à travers le brouillard.
26:01 - Et je cite tous ses noms, parce qu'évidemment, l'Amérique a souvent imaginé
26:05 avoir un successeur, Kennedy, à la Maison Blanche,
26:08 qui n'arrivera sans doute jamais désormais.
26:11 - Sans doute jamais.
26:13 - On va marquer une pause et on va parler de ses écrits américains,
26:16 littérature, politique, et puis la réédition des romans,
26:20 "Un Américain un peu tranquille", "L'étudiant étranger",
26:24 qui avait failli avoir le prix Goncourt.
26:27 - Non, non, j'ai eu le prix Interallié.
26:29 - Le prix Interallié, en 1904.
26:31 - C'était le petit garçon. - Mais je ne l'ai pas eu.
26:34 Ce n'est pas grave.
26:35 - Vous avez Daniel Pascal qui aimerait vous parler aussi.
26:37 - Eh bien on va lui parler après la pause.
26:39 - De grand plaisir, il va être content.
26:41 - J'imagine, Napo.
26:43 Je peux vous appeler Napo ? - Appelez-moi Napo !
26:45 - C'est sympa. - Il est 12h39.
26:48 - Europain, Pascal Praud.
26:50 - 0180 29 21, vous réagissez entre 11h et 13h au téléphone
26:55 et sur la page Facebook aussi, Pascal Praud et vous.
26:57 - Ah oui, oui, oui. - Oui, pardon.
26:59 - Je vous en prie. - 3 500 abonnés, c'est un carton.
27:02 Vous êtes abonné à notre page, Philippe Labraud ?
27:04 - Pas encore. - Pas encore ?
27:06 Allez-y, posez un like. - Il a toutes les audaces.
27:08 - Il est un peu insolent.
27:10 - Il a toutes les audaces.
27:12 - Mais moi, je parle avec déférence avec Philippe Labraud.
27:15 Vous lui demandez s'il est à votre place.
27:17 - Allez, je lis les messages et je m'en vais.
27:19 Antoine nous écrit "Quel bonheur d'entendre Philippe Labraud sur Europe 1".
27:23 On a Annick aussi sur notre page, "L'assassinat de Kennedy ne sera jamais élucidé".
27:27 Quoi qu'on dise ou quoi qu'on fasse.
27:29 Et on termine avec Henri, "Je vais acheter ce livre dès que possible".
27:33 - Ah, ça c'est bien. - Oui, c'est sympa ça.
27:35 - Qui est-ce ? C'est Dimitri ? - Non, on est avec Daniel.
27:38 - Daniel, bonjour Daniel. - Bonjour.
27:41 - Et vous souhaitiez peut-être poser une question à Philippe Labraud.
27:44 - Non, pas vraiment, puisque si ce n'est que lui dire que j'apprécie beaucoup
27:50 sa façon de raconter l'histoire et la précision des faits qu'il décrit.
27:56 Au passage d'ailleurs, j'ai eu le plaisir de rencontrer son frère architecte
28:00 en cadre de l'Orient de travail pour Aboriage.
28:03 - Jacques Aboriage.
28:05 - Pour moi, le décès de Kennedy représente deux choses, deux grands souvenirs.
28:11 Ce jour-là, le 22 novembre 1963,
28:18 je me préparais à monter au 6e étage chez mes futurs beaux-parents
28:24 pour présenter mon costume de mariage, puisque je me mariais 8 jours plus tard,
28:30 le 39 novembre, avec leur fille.
28:32 Et juste avant de partir de la maison, j'ai appris à Europe 1
28:36 l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy.
28:41 La deuxième raison pour laquelle, et donc je peux vous dire aussi
28:45 que pendant depuis 60 ans, cette date d'anniversaire représente pour moi
28:51 cette double chose, le souvenir de ce moment important dans ma vie de jeune homme,
28:57 d'autant plus aujourd'hui que mon épouse est décédée depuis 7 ans,
29:00 mais également, surtout parce que l'élection de Kennedy, à l'époque,
29:05 avait représenté, et je crois qu'il y a eu depuis pour moi,
29:09 que l'élection de Barack Obama, qui a représenté ce même genre d'événement,
29:15 nous sortions d'une période, nous étions dans une période très guerrière
29:19 au niveau international, il succédait à deux présidents de mémoire,
29:25 Eisenhower et Nixon, qui étaient pour moi militants de gauche,
29:30 représentés comme des chefs d'État guerriers, et ils représentaient
29:34 avec sa fraîcheur, son look, sa présentation, quelque chose,
29:40 un renouveau et un espoir de paix, et un espoir d'une volonté
29:44 d'un changement dans le monde.
29:46 - Et c'est vrai que ce que voulait dire sans doute Daniel,
29:48 c'est qu'il y avait de l'innocence, la pureté à travers Kennedy,
29:51 et qu'à Dallas, ce jour-là, peut-être cette innocence est-elle morte,
29:55 et ça nous permet d'ouvrir le dernier chapitre de cette émission
29:59 avec Philippe Labreau, de parler de l'Amérique d'aujourd'hui,
30:01 parce que ce jour-là, une forme d'innocence est morte à Dallas ?
30:06 - Il ne faut pas croire que l'Amérique était innocente à l'époque.
30:09 - En tout cas, elle avait une image.
30:11 - Oui, l'image, mais enfin, il y avait quand même le père Kennedy,
30:15 Joe Kennedy, qui a amené ses enfants au pouvoir.
30:18 - Qui était horrible.
30:19 - Oui, il a fait sa fortune à prohibition sur l'alcool,
30:24 il était isolationniste, le président Roosevelt voulait à peine le recevoir.
30:29 Donc, attention, il ne faut pas non plus embellir,
30:32 aujourd'hui avec la légende, avec le mythe, on embellit Kennedy,
30:36 on embellit les années Kennedy.
30:37 Moi, pour moi, et le dit très bien votre auditeur,
30:41 il représentait un espoir et un changement générationnel,
30:45 culturel, comportemental, l'Amérique a beaucoup changé à ce moment-là.
30:50 Donc, c'est toujours important les hommes qui d'un seul coup,
30:53 par leur simple accession au pouvoir, font tourner la page de l'histoire.
30:58 - Chez Gallimard, vous publiez donc "Écrit américain", édition Coarto,
31:03 il n'y a pas de rêve américain, il n'y a que les mouvements de l'histoire
31:07 qui vont de l'impérial au déclin, de la chute à la rédemption,
31:10 l'Amérique, miroir de notre temps, écrivez-vous.
31:14 - Oui, c'est la conclusion de ma petite préface,
31:16 peut-être un texte inédit, ben oui, je pense que c'est un miroir,
31:19 oui, comme un autre, il y en a d'autres, d'autant plus qu'aujourd'hui,
31:22 comme vous le savez, le centre de gravité dans le monde
31:24 n'est plus forcément américain, c'est la Chine,
31:27 c'est ce qu'on appelle le sud global, ça existe aussi,
31:30 tout change comme chacun sait, néanmoins, je continue de considérer
31:35 que l'Amérique, avec tous ses défauts, toutes ses contradictions,
31:38 est indispensable à la bonne santé de l'Occident,
31:42 et toujours le laboratoire du monde moderne.
31:46 Tous nos accessoires, tout ce qu'on fait ici, cet après-midi,
31:50 ça vient de là-bas, ils ont tout inventé, ou presque.
31:54 - Mais est-ce qu'elle vous inquiète, cette Amérique ?
31:56 Parce qu'il y a évidemment la réédition de tous les livres,
32:00 mais il y a également des portraits, des portraits politiques,
32:02 et vous parlez de Trump, et pour vous écouter et vous suivre
32:04 depuis de nombreuses années, c'est quelqu'un que vous ne portez pas
32:06 dans votre cœur, avec ses joues joufflues, sa chevelure encore à peine,
32:11 à peu près normale, son sourire suffisant, son allure fringante,
32:15 sa haute taille, il côtoyait tout le monde dans les beaux quartiers
32:17 de Manhattan, ce jeune héritier milliardaire spécialisé dans l'immobilier,
32:21 ce Trump qui sortait les filles au club, riait aux côtés des Clinton
32:25 ou de Jeffrey Epstein, etc., etc.
32:28 C'est dans le carnage américain, un portrait de Trump que vous aviez publié.
32:34 Trump qui sera peut-être le prochain président des États-Unis ?
32:37 - J'espère que non, mais il y a une chance, effectivement.
32:40 Ce qui serait grave s'il était président, c'est que d'abord,
32:44 il arrêterait très certainement l'aide à l'Ukraine.
32:49 Mais dans la journée, hein.
32:51 Il arrêterait sans doute l'article 5, le paragraphe 5 du traité de l'OTAN,
32:57 qui consiste à dire que si un pays de l'OTAN est attaqué,
33:00 l'OTAN doit les défendre.
33:03 Donc il sortira peut-être l'Amérique de l'OTAN.
33:06 Et deuxièmement et surtout, ce que je lis dans les journaux américains
33:09 et qui me trouble, c'est qu'il prépare en ce moment avec ses adjoints
33:13 des décrets pour écarter toute administration de la justice,
33:18 de l'économie, des finances, de la culture, qui aurait pu,
33:21 sous la présidence de Biden et d'autres présidences, jouer un rôle.
33:26 Donc il prépare une dictature, si vous voulez tout savoir.
33:30 Trump prépare une dictature.
33:32 Et on peut avoir, je pense quand même que, Dieu merci, il y a une constitution,
33:38 il y a des démocrates, il y a des éléments qui font que l'Amérique sait se défendre,
33:43 elle peut se défendre, mais on n'est pas loin.
33:46 Donc voilà, c'est un danger, mais qu'est-ce que vous voulez.
33:49 L'inattendu arrive toujours.
33:51 L'inattendu, ce sera peut-être aussi que Biden sera réélu.
33:54 - Et 12h49, on va marquer une dernière pause.
33:57 Philippe Labreau est avec nous pour les dernières minutes de l'émission.
34:00 A tout de suite.
34:01 - 11h13h, c'est Pascal Proévaut sur Europe 1.
34:03 - Appelez Pascal Pro au 01 80 20 39 20.
34:07 - Europe 1.
34:08 - Pascal Proévaut.
34:09 - De 11h à 13h sur Europe 1, Philippe Labreau est notre invité.
34:12 Il a sorti son livre écrit "Américain, œuvre choisie" aux collections Cuarto-Gallimard.
34:18 - Achetez ça pour Noël.
34:19 Philippe Labreau écrit "Américain, œuvre choisie".
34:21 Et on va terminer par ce qui peut-être intéresse le plus au fond Philippe Labreau,
34:27 c'est la littérature.
34:28 Peut-être. Je m'y risque.
34:29 - Non, vous avez raison.
34:30 - Peut-être.
34:31 Il y a des pages d'Ospasso sur Hemingway.
34:34 J'ai choisi celle de Chandler.
34:36 Ce texte s'adresse exclusivement aux chandlérophiles.
34:40 Il faut préciser...
34:42 Alors ça c'est vraiment...
34:43 La première phrase est toujours importante chez Philippe Labreau,
34:47 parce qu'il faut prendre le lecteur.
34:49 - Comme tous les écrivains, ça s'appelle la sipite.
34:52 - C'est sûr.
34:53 Bon, ce texte s'adresse exclusivement aux chandlérophiles.
34:56 Évidemment, on a envie de le lire.
34:58 - Bien sûr.
34:59 - Alors, la sipite, c'est la première phrase d'un texte, Charlie.
35:03 - Excusez-moi.
35:04 - Il faut préciser aussitôt qu'un chandlérophile n'est jamais qu'un amoureux
35:08 connaisseur de l'excellente littérature américaine, moderne,
35:11 ou plutôt du roman américain, car je n'aime pas ce terme "littérature"
35:15 et Chandler ne l'aurait pas aimé.
35:16 C'est un mot qui respire la poussière, l'académisme, la convention,
35:19 le figé, le vieux, le stérile.
35:21 Un roman est vivant, la littérature est morte.
35:24 En tous les cas, elle a cessé d'exister.
35:26 Jack Kerouac et Jack London ne faisaient pas de la littérature.
35:29 Ils vivaient et ils écrivaient.
35:31 Et bien, vous voyez derrière ce petit paragraphe, il y a un monde.
35:34 C'est-à-dire que pour écrire ces dix lignes,
35:36 c'est un monde de culture, c'est un monde de connaissances.
35:40 - Mais vous écrivez seul, monsieur Lavros ?
35:42 - Ça m'arrive !
35:44 - Alors là, je peux vous dire qu'en littérature, il ne fait confiance à personne.
35:47 Et il n'a qu'à lui-même.
35:49 - Il faut au moins dix personnes pour écrire ça.
35:50 - Et il a raison.
35:51 Bon, Chandler et toute la littérature américaine,
35:53 les jeunes qui nous écoutent, ils doivent commencer par quoi, par qui ?
35:56 - Peut-être par Hemingway, plutôt que par Chandler.
35:59 - Oui, qui est plus facile.
36:00 - Et puis pas forcément par ses romans, mais par ses nouvelles,
36:03 qui sont d'ailleurs en quarto, il existe un quarto des nouvelles d'Hemingway.
36:06 Parce que, Pascal, en trois ou quatre pages,
36:09 il arrive à nous montrer un drame dans un couple,
36:13 une situation dans un moment de guerre,
36:16 des copains, une fête...
36:19 C'est extraordinaire.
36:21 Il a un sens des mots...
36:23 Pour moi, c'est un poète.
36:25 Sa prose est de la poésie.
36:28 Vous savez, le premier paragraphe de "L'adieu aux armes",
36:33 qui est un de ses meilleurs romans,
36:35 était considéré par John Didion, qui est connu,
36:38 et par tous les autres écrivains américains,
36:40 comme le modèle de ce qu'on doit faire.
36:42 Eh bien, ça coule comme une rivière, c'est de la poésie.
36:45 Il choisissait ses mots.
36:47 Cet homme écrivait 300 à 400 mots par jour, pas plus.
36:51 Et vous savez ce qu'il faisait, Pascal, c'est très intéressant,
36:54 il s'arrêtait quand ça allait bien.
36:56 Parce que comme ça, au moins le lendemain,
36:58 quand il reprendrait sa plume,
37:00 il saurait quoi faire.
37:02 C'était une leçon, j'ai appris ça.
37:04 Tu t'arrêtes quand ça va bien.
37:06 - C'est un plaisir d'avoir traversé cette heure avec vous,
37:10 Philippe Labrault, et c'est vrai que...
37:13 Alors, Chandler, c'est un peu plus compliqué, peut-être ?
37:15 - Non, ça me...
37:16 - Moins accessible, un peu plus abstrait ?
37:18 - Non, mais je me souviens que je vous en avais parlé un jour,
37:20 que vous avez essayé de le lire,
37:21 et vous m'avez dit "ça ne m'intéresse pas du tout".
37:23 Donc, il faut aimer !
37:25 - Ça ne vous intéresse pas ?
37:27 - Hemingway est un journaliste,
37:29 il nous parle, c'est concret, c'est visuel,
37:32 il y a beaucoup de dialogues dans Hemingway,
37:34 l'adieu aux armes, etc.
37:35 C'est vrai que Chandler m'avait moins touché qu'Hemingway.
37:39 - Relisez "Le Grand Sommeil", de Big Sleep.
37:41 "Le Grand Sommeil", qui est son chef d'oeuvre.
37:43 - Faites cet effort, quand même.
37:44 - Le Big Sleep, évidemment, c'est pas...
37:46 C'est en anglais.
37:48 - Ah oui, bien sûr.
37:50 - Vous l'aurez bien compris.
37:52 Céline Giraud est là, à 12h56.
37:54 - Bonjour à tous.
37:56 - On va revenir sur ce deal, cet accord,
37:59 avec Emmanuel Navon, professeur de relations internationales
38:02 à l'université de Tel Aviv.
38:04 On parlera également de cette fête de village,
38:06 marche blanche avec Frédéric Ploquin.
38:08 Pourquoi les jeunes sont-ils plus enclins à la violence ?
38:11 Enfin, le 60e anniversaire de la mort de Kennedy,
38:14 avec Virginie Giraud, qui s'est changée,
38:16 qui a basculé, qui a mis un tailleur Chanel,
38:18 et elle est en Jackie Kennedy.
38:20 Jackie Kennedy qui avait gardé son tailleur Chanel.
38:24 - Avec le laissant.
38:26 - Exactement.
38:27 - Et ce tailleur est conservé dans un musée jusqu'en 2130.
38:31 - Vous serez plus là, Pascal.
38:33 - Oui.
38:35 - 2130 !
38:36 - 2130, effectivement.
38:37 - Ça fait un peu long.
38:38 - En tout cas, c'était un plaisir de traverser ce moment
38:42 dans une station dans laquelle vous avez commencé,
38:44 Philippe Labrault.
38:46 On a pu écouter, il y a 60 ans, ce que vous écriviez.
38:48 Journaliste un jour, journaliste toujours,
38:50 journaliste et littérature qui se confondent dans votre vie.
38:53 - Oui, c'est la même chose.
38:55 Le bon journalisme, c'est de la bonne littérature,
38:57 et vice-versa.
38:58 Kessel, Gary, Hemingway, Roger Vaillant, Simonon,
39:01 vous voulez qu'on continue ?
39:03 - Labrault.
39:04 - Merci, Philippe.
39:05 Il est 12h57.
39:06 Céline Giraud dans une seconde.
39:08 Je remercie, évidemment, Fabrice Laffitte.
39:10 Je remercie Napoléon.
39:12 - Napoléon de Bourg.
39:13 - Merci Géraldine.
39:14 - Merci, Pascal.
39:15 - Bien évidemment.
39:16 - Et nous, nous nous retrouverons demain à 11h.
39:20 D'ici là, passez une excellente journée.
39:22 - C'était Pascal Preuil-Vaut sur Europe 1.
39:24 [Musique]