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Samedi 25 novembre 2023, B'INSPIRED reçoit Abdelaali El Badaoui (Fondateur, Banlieue Santé) et Loubna Ksibi (cofondatrice, Meet My Mama)

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Transcription
00:00 [Musique]
00:04 Bienvenue dans l'émission "Mini-Période".
00:06 C'est la rencontre avec des personnes ordinaires qui font des choses extraordinaires.
00:11 Des personnes qui, à leur façon, ont décidé de changer le monde et qui veulent y aspirer.
00:16 Mon premier invité est Abdel Ali Elbadaous.
00:21 Un homme pas pluratypique.
00:23 Il n'a ni brevet ni bac et pourtant il a connu mille vues professionnelles.
00:28 Aujourd'hui, il murmure à l'oreille des dirigeants du CAC 40 et des politiques.
00:33 Ce secret, nos gaz, concrètement, il permet à un millier au cercle de personnes précaires
00:40 d'accéder à la santé de chaque pays.
00:42 À des femmes, de trouver des lieux d'accueil dans lesquels elles sont en difficulté.
00:47 Abdel Ali a reçu le prix du citoyen européen par le Parlement européen et le HOK 2023.
00:55 Ma deuxième invitée est Loumna Kshibi, la cofondatrice de la start-up Meet My Mama.
01:02 Un service de traiteur qui révèle les talents de 200 femmes chefs françaises, migrants et réfugiées
01:09 venues du monde entier.
01:11 Loumna a reçu plusieurs prix et dix actions de l'Office Europe des Moins de 30 ans
01:17 et le BOLD Women Awards.
01:20 De vraies belles personnes qui essaient, chacune à son niveau, de montrer un autre possible
01:26 pour un futur plus divers et épanoui.
01:29 Bienvenue à vous deux qui nous rejoignez.
01:31 C'est parti pour deux rencontres très apirantes !
01:34 J'ai le très grand plaisir d'accueillir Abdel Ali El Badawi, autodidacte génial.
01:45 Sa ténacité et sa passion pour l'âme sociale nous menaient à fonder BOLD You Saute
01:50 qui vise à innover dans le domaine médical et réduire les inégalités de sauté.
01:55 Ce parcours est un magnifique témoignage de l'importance de la persévérance
01:59 et de l'entrepreneuriat au service du bien-être humain.
02:04 As-tu une histoire personnelle qui justifie cet organe humain aussi passionné ?
02:10 Oui, je pense, déjà merci, bonjour à toi Virginie, je pense déjà à l'éducation,
02:16 nos parents, ce qu'ils nous ont apporté, mais aussi la succession de différentes situations de vie,
02:23 des parcours de vie, des accidents qui ont fait aujourd'hui ce que nous sommes devenus
02:28 et ce que je suis devenu, ce qui permet aujourd'hui de transformer positivement la société.
02:34 Il y a une réalité, c'est que souvent un échec on le voit comme quelque chose d'extrêmement difficile à vivre.
02:41 Moi j'ai décidé de vivre des échecs, mais surtout d'en faire en sorte de les transformer en solutions,
02:48 en effet extrêmement positives pour la société, pour moi-même, mais aussi surtout pour la société,
02:53 pour le commun, parce que c'est éminemment important d'être utile aux gens,
02:57 d'être en priorité utile à celles et ceux qui en ont le plus besoin.
03:01 – D'accord, tu parles d'échecs, mais tu as connu un échec personnel dans la vie à la société ?
03:05 – Oui, tout à fait, un accident de vie, j'ai eu un accident qui a fait que j'ai été brûlé à près de 70%
03:10 de la surface de mon corps, donc tout de suite j'ai compris la question des inégalités sociales,
03:14 mon père a été touché d'amiante et de silicose comme beaucoup de travailleurs immigrés,
03:19 et c'était transformer cela en solution plutôt qu'en colère.
03:24 – Tu as parmi toutes les professions que tu as inertie,
03:28 exercé la fonction d'homme de ménage en EHPAD, d'infirmière ou libérale,
03:33 et en quoi c'est d'excellente période pour aujourd'hui aider sur ce parcours qui est quand même très exceptionnel ?
03:41 – Oui, j'ai effectivement commencé en tant qu'homme de ménage pendant près de 7 ans,
03:45 et auxiliaire de vie à l'hôpital et dans plusieurs structures de soins de santé,
03:49 j'ai beaucoup appris vraiment au travers de ce métier,
03:53 parce que la femme ou l'homme de ménage, elle prend plus de temps auprès des personnes malades,
04:00 parce que le temps de s'occuper de la chambre, on prend 10, 15, 20 minutes, voire 30,
04:07 et on discute avec le malade et donc on prend le temps d'écouter le patient,
04:12 et ça, ça a été vraiment hyper enrichissant et extrêmement constructeur
04:16 dans ce que je suis devenu pour devenir infirmier par la suite et reprendre des études.
04:20 – C'est-à-dire que ça t'a apporté de plus ?
04:23 – Ça m'a apporté une forme, un, de compréhension des problématiques que vivent les gens,
04:30 vivent les patients, et puis surtout une forme d'humilité,
04:34 d'humilité qui est pour moi éminemment importante dans notre travail,
04:38 je crois que celles et ceux qui sont les moins visibles, les femmes de ménage,
04:44 sont aussi celles qui apportent une valeur ajoutée à notre société,
04:48 et donc c'est comme ça que moi j'ai compris les choses,
04:51 et donc c'est ce que j'essaie de transcrire dans mon travail.
04:53 – C'est-à-dire, quelle valeur ajoutée apporte-t-elle ?
04:56 – Comment ? – Quelle valeur ajoutée ?
04:58 – La valeur ajoutée de l'aide, du soutien, de l'écoute,
05:03 de la bien-traitance, de la bienveillance à l'égard des gens,
05:07 et ça, ça a été éminemment fondateur pour mon métier
05:11 et pour aussi l'organisation que je porte.
05:13 – Et qu'en est d'après toi la solution pour lutter contre les inégalités sociales ?
05:19 – La solution, elle passe déjà par faire en sorte que les gens
05:24 qui sont touchés par les inégalités sociales,
05:27 ils sont vus plutôt comme une solution,
05:29 plutôt qu'un problème, plutôt comme une solution,
05:32 capaciter les gens, leur permettre d'être utiles eux-mêmes
05:36 et de se dire "comment je peux comprendre la santé, ma santé ?"
05:39 Et donc pour lutter contre les inégalités sociales de santé,
05:42 il faut déjà prendre en compte un chiffre,
05:44 il y a près de 10 ans d'écart d'espérance de vie
05:46 entre ouvriers et cadres sup en France,
05:49 et donc c'est ce millefeuille d'inégalités sociales
05:51 qui amène les gens à être en situation de vulnérabilité sanitaire.
05:55 Et puis aussi, je pense qu'il faut aussi prendre le temps d'écouter
05:58 et de faire en sorte d'embarquer celles et ceux
06:01 qui font déjà des choses sur le terrain,
06:03 essayer de leur donner des outils, les informer, les former,
06:06 pour pouvoir être acteurs de leur santé.
06:09 – Il me semble avoir entendu dans une interview
06:12 à laquelle tu répondais que les femmes aussi
06:15 pouvaient être une solution.
06:17 – Elles sont surtout la solution.
06:19 La question des inégalités sociales,
06:21 c'est elles qui aujourd'hui sont en première ligne
06:23 des inégalités sociales, les femmes.
06:25 – C'est-à-dire ?
06:26 – Elles portent le poids de la vie, elles portent la vie,
06:28 et elles sont pour moi les solutions aux inégalités sociales.
06:30 C'est pour ça qu'on a décidé de créer des programmes
06:33 comme le programme "Femmes ressources"
06:35 où elles ont des ressources et on transforme ces femmes
06:38 en ressources dans leur territoire,
06:40 où elles peuvent être acteurs de la santé,
06:42 elles sont ambassadrices en santé et bien d'autres choses.
06:45 Pour nous c'est une vraie valeur ajoutée,
06:47 qu'on essaye d'ailleurs de transformer en solution de droit commun.
06:50 Donc on discute avec l'État, qui aujourd'hui finance,
06:52 contribue avec les partenaires privés,
06:54 à déployer nos dispositifs de droit commun portés par les femmes.
06:58 – Et aujourd'hui tu as la tête de plusieurs associations,
07:02 Polysantère, Climat, Cool, Café des femmes,
07:06 et tu t'attaques à tous les angles morts des politiques sociales.
07:10 Comment expliques-tu ta réussite ?
07:13 – La réussite ne vient pas de moi en fait à titre personnel,
07:16 la réussite vient d'un collectif,
07:18 elle vient de plusieurs personnes qui se sont agrégées au projet
07:21 et qui ont réussi à vraiment être à l'écoute
07:24 et surtout avoir la confiance pour pouvoir transformer ce projet.
07:28 Moi je pense à mes collaborateurs et mes collaboratrices,
07:30 mais je pense aussi à toutes celles et ceux
07:32 qui ont contribué de près ou de loin au projet,
07:35 que ce soit des partenaires privés, des partenaires étatiques,
07:38 mais aussi parfois même des gens qui nous ont mis des bâtons dans les roues,
07:42 en vrai ils ont été utiles au projet.
07:44 Et ça je crois que c'est important de le dire.
07:47 – Pourquoi ?
07:48 – C'est important de le dire parce que résoudre les inégalités sociales,
07:51 c'est une question de commun, c'est une question d'humanité.
07:54 Et je pense sincèrement qu'il y a du bien même chez les gens
07:58 qui te veulent du mal.
07:59 Et donc pour moi c'est aussi ça la force,
08:01 c'est comment intimement je suis convaincu
08:04 qu'individuellement on peut y arriver pour arriver à quelque chose de collectif
08:07 en termes de force et de solution.
08:09 – Et comment fais-tu Thomas pour trouver les personnes
08:12 qui te vont accompagner sur ce projet ?
08:14 – Je pense que c'est prendre le temps d'écouter les besoins,
08:17 ce qu'elles veulent apporter au projet, c'est pas le projet,
08:19 c'est d'abord qu'est-ce que toi tu as envie d'apporter à titre individuel.
08:22 Et il y a une réalité, c'est que souvent moi quand je parle
08:25 à des futurs collaborateurs, collaboratrices ou partenaires,
08:28 je leur dis "mais qu'est-ce que vous voulez faire ?
08:30 Qu'est-ce que vous êtes en capacité de faire ?
08:32 Et qu'est-ce que vous savez faire ?"
08:34 J'impose pas le projet mais je dis comment toi tu peux vraiment
08:37 avoir une valeur ajoutée au projet et ça c'est pour moi éminemment important
08:40 dans un projet. – Magnifique.
08:42 – Considérer les autres.
08:44 – Et tu te développes également un international,
08:47 c'est-à-dire, si je comprends bien, que tu as mis en place un système,
08:51 une stratégie qui se duplique ?
08:54 – Oui bien sûr, en fait tous les projets que je porte
08:57 ou que l'on porte ensemble avec l'équipe,
08:59 ils sont simples, impactants et duplicables.
09:01 Peu importe dans le territoire où on va, dans le monde où on va,
09:04 dans la ville où on va, le pays où on va,
09:06 ce qu'il y a c'est qu'on a une recette assez particulière,
09:10 c'est qu'on prend le temps avec celles et ceux qui sont sur le terrain,
09:13 qui sont localement installés, impliqués,
09:16 et c'est avec elles qu'on concerte,
09:18 et la concertation elle est éminemment importante,
09:20 c'est-à-dire comprendre leurs besoins, leurs réussites,
09:23 parce qu'il y a une réalité, vous pouvez venir vouloir être utile aux gens
09:26 et au contraire vous pouvez hyper vulnérabiliser vos publics.
09:30 – Mais d'ailleurs, comment ça veut dire hyper vulnérabiliser ?
09:34 – Vous pouvez avoir une action sociale pour des gens qui en ont besoin
09:37 et vous pouvez déstabiliser un écosystème
09:39 qui est déjà bien installé, qui est déjà fort,
09:43 et donc l'enjeu pour nous c'est justement d'arriver dans des lieux
09:47 où on ne vient pas déstabiliser mais renforcer,
09:49 voire transformer avec eux un projet beaucoup plus pérenne dans le temps long,
09:54 d'ailleurs nous on a une méthode O,
09:56 c'est des actions sucre-rapides qui vont créer la confiance,
10:00 comme un dispositif comme "Plus belle la vue"
10:02 qui est un dispositif d'accès aux lunettes qu'on a mis en place.
10:04 – Alors vous pouvez m'en dire un petit peu plus ?
10:06 – Oui bien sûr, c'est par exemple à Marseille,
10:08 c'est à peu près 600 personnes il y a quelques jours
10:11 qu'on a permis d'avoir accès à des lunettes,
10:14 et une consultation avec un partenaire qui est OneSight,
10:17 la fondation des Cilors, et donc avec elles,
10:19 on a identifié mais aussi les acteurs de proximité,
10:22 les acteurs sociaux, on a identifié un certain nombre de bénéficiaires
10:25 qui n'avaient pas de droit, et donc on a permis à ces personnes-là
10:28 d'avoir une consultation au phtalmo et un appareil à gens lunettes,
10:31 et donc ça c'est une action rapide, ça crée la confiance,
10:34 et avec ça on peut transformer le projet en sucre lent,
10:37 et donc on crée des lieux de vie comme le café des femmes,
10:40 les centres de santé participatifs, tout ça avec une volonté très claire
10:44 d'avoir une réponse de droit commun.
10:46 – Donc c'est ça ta recette, c'est d'abord des sucres rapides,
10:50 puis des sucres lents ?
10:51 – Exactement, les deux sont complémentaires, et les deux vont avec.
10:54 – D'accord, et qu'il y a des spécificités sur les pays ?
11:01 – Les spécificités elles sont d'un point de vue politique, économique,
11:06 social, parfois historique, donc nous on ne vient jamais pour dire
11:10 "on a la solution", on vient juste d'abord comprendre
11:13 à ce qu'eux-mêmes ils ont déjà proposé des solutions,
11:15 parce qu'ils sont enrichissants aussi en termes de solutions pour d'autres pays,
11:19 donc on vient voir quelles sont leurs forces,
11:21 et comment on renforce leurs forces, et comment ça permet de transformer les projets.
11:26 Donc oui il y a forcément des spécificités par territoire, par pays,
11:29 il y a la langue, il y a aussi beaucoup d'autres choses,
11:31 les aspects culturels, les habitudes de vie, sociales et économiques,
11:35 et donc tout ça c'est une vision pour nous qui est de cartographier tout cela
11:39 pour les mettre autour de la table.
11:41 – Et comment vous faites ? Combien de temps ça prend ?
11:44 – Ça peut prendre du temps, et d'ailleurs c'est toujours ce qu'on dit,
11:48 c'est prendre le temps qu'il faut pour réussir le projet,
11:51 parfois ça va très vite, parfois ça met plus de temps,
11:54 et surtout ça met du temps parfois,
11:59 mais avec une réponse qui va être beaucoup plus impactante sur le territoire,
12:04 et ça c'est éminemment important, prendre le temps d'écouter les gens,
12:07 c'est vraiment une force assez forte.
12:10 – Et parmi tous les projets que tu as développés,
12:13 quel est le dernier projet de qui tu es le plus fier ?
12:17 – En fait on est fiers de tous les projets.
12:20 – Mais il n'y en a pas un à Réjean qui…
12:24 – Oui, effectivement, là il y a en ce moment Banlieue Climat
12:28 qui est en train de grandir aussi,
12:29 il y a Banlieue School aussi qui est en train de sortir du lot,
12:31 donc vraiment tous les projets sont hyper impactants,
12:34 le Café des Femmes, le centre de santé qu'on est en train de déployer,
12:37 c'est toutes des réussites à leur niveau,
12:40 et moi je suis très fier surtout de mes équipes qui portent ce projet à bras le corps,
12:45 et puis surtout des soutiens économiques et des soutiens politiques, étatiques,
12:50 des administrations qui nous aident et qui nous font confiance
12:53 pour transformer nos projets en droit commun.
12:55 – Et au niveau des entreprises,
12:58 qu'est-ce que vous pourriez leur apporter en termes de compétences, de connaissances ?
13:03 – On le fait un peu déjà avec des acteurs économiques et des acteurs privés,
13:07 pour ne pas citer par exemple des grands groupes avec qui on discute,
13:10 avec qui on apporte des valeurs ajoutées sur la question sociale,
13:14 on essaie de vraiment transformer aussi la dimension de réflexion du COMEX,
13:19 donc on discute avec des COMEX, on vient présenter les initiatives auprès des COMEX,
13:23 et des dirigeants, des top managers, sur ces enjeux sociaux
13:26 qui aujourd'hui nous tiennent à cœur,
13:28 et donc je crois surtout que l'ambition c'est de leur faire entendre
13:32 que la réponse elle peut aussi venir d'en bas, et elle ne vient pas surtout d'en haut,
13:37 et donc c'est comment il y a une vision ascendante,
13:40 et pas forcément que descendante, pour répondre aux enjeux sociaux dans notre pays,
13:44 et puis dans notre monde.
13:45 – Donc c'est ça le fait que tu murmures à l'oreille de toutes ces personnes aujourd'hui,
13:52 ou que tu murmures d'autres choses aussi ?
13:55 – Effectivement, j'essaye de vraiment faire en sorte que les décideurs politiques,
13:59 les chefs d'État avec qui je discute dans le monde,
14:02 mais aussi les acteurs économiques avec lesquels je parle, les patrons etc.,
14:06 en leur disant en réalité pour réussir la transformation aujourd'hui
14:10 d'une action qui sera beaucoup plus humaine,
14:13 et beaucoup plus proche des gens les plus vulnérables,
14:15 ayez l'humilité de prendre en compte justement ces personnes
14:19 avec leur vulnérabilité, mais surtout leur force,
14:21 parce que c'est ce que nous disons, dans leur force, dans leur vulnérabilité,
14:24 il y a des grandes forces, et c'est ça en fait l'enjeu aujourd'hui
14:27 que je murmure, et bien d'autres choses.
14:30 – Merci beaucoup pour cette magnifique vidéo de l'Écolier de l'Entrepreneuriat Social.
14:35 – Merci beaucoup.
14:37 [Musique]
14:41 – Et maintenant j'ai le très grand plaisir d'accueillir Louvna Chibi.
14:46 Dès ses études, Louvna rêvait de donner vie à des projets
14:50 à fort appart social et environnemental.
14:53 Elle a passé un action en créant "Meet my Mama"
14:56 qui permet à des femmes foyers, des migrantes,
14:59 des réfugiés passionnés de cuisine, de les conquérir le cœur et le palais
15:04 à propos d'un service de traite.
15:07 Je crois que tu veux bien me raconter la genèse du projet "Meet my Mama".
15:12 – Alors la genèse du projet "Meet my Mama", c'est venu du fait
15:15 qu'on a grandi avec des mamas qui étaient passionnées par la cuisine,
15:20 qui étaient hyper talentueuses, et on s'est toujours dit,
15:22 mais pourquoi ces femmes ne deviennent pas chefs ?
15:25 Pourquoi 90% des chefs sont des hommes alors qu'elles sont incroyables
15:29 et on a envie d'avoir accès à leur cuisine ?
15:33 Donc on a grandi avec ces femmes-là et sur mon parcours,
15:38 j'ai rencontré Denia avec qui on avait créé un premier projet
15:42 qui s'appelait "Mama Cooking" et Youssef de son côté
15:45 avait créé "Mama's Kitchen".
15:47 Donc c'était vraiment deux projets ultra similaires.
15:50 Quand on s'est rencontrés, on s'est même dit,
15:52 mais on est peut-être en concurrence et finalement on s'est rencontrés,
15:54 on a vu qu'on avait les mêmes valeurs et ça a donné la genèse
15:57 de "Meet my Mama" avec cette forte volonté de se dire
16:01 que ces femmes-là méritent d'être chefs, d'être plus visibles
16:04 et de pouvoir vivre durablement de leurs passions.
16:06 Et comme vous êtes sûre que c'est la seule chose que vous avez créée ensemble ?
16:10 Oui, entre-temps, on a créé des liens très forts avec mes associés.
16:16 Denia aujourd'hui est l'une de mes meilleures amies.
16:18 Youssef, on s'est mariés et c'est ça aussi qui fait la beauté du projet "Meet my Mama".
16:23 C'est des rencontres pro-perso.
16:25 C'est complètement génial.
16:27 Et où vous trouvez ces mamas ?
16:29 Alors les mamas, il y en a partout.
16:35 C'est-à-dire ?
16:36 Il y en a partout, mais nous notre rôle c'est de dénicher les meilleurs chefs de France.
16:40 Donc on va vraiment faire un effort pour essayer d'aller chercher les pépites là où elles sont.
16:46 Et elles sont partout, elles sont déjà originaires des quatre coins du monde.
16:51 On a des mamas qui sont originaires d'Afrique, d'Asie, d'Amérique Latine, d'Europe.
16:58 Et donc on s'est dit, on va essayer de dénicher ces talents-là.
17:04 Peu importe d'où elles viennent, peu importe leur origine, peu importe leur background aussi.
17:12 On va aller chercher des chefs très diplômés, qui ont de grandes expériences.
17:17 Mais aussi des chefs qui n'ont pas forcément eu la chance de commencer leur carrière.
17:22 Donc on ne se met vraiment pas de barrière pour trouver les meilleures pépites.
17:26 D'accord, et vous les trouvez comment ?
17:29 Grâce à des émissions comme celle-ci. Dès qu'on passe à la télé, on a énormément de mamas qui nous contactent.
17:36 Donc merci à la presse qui relaie notre initiative.
17:39 Grâce aussi aux réseaux sociaux, on est hyper présents sur Instagram, LinkedIn, etc.
17:44 Donc on reçoit beaucoup de demandes.
17:46 Grâce à des assos partenaires, et aussi grâce à Pôle emploi qui nous envoient énormément de mamas.
17:51 Donc on a beaucoup de demandes entre-hentes et on espère un jour pouvoir révéler des milliers de femmes.
17:57 Et ça représente combien de femmes à peu près aujourd'hui ?
18:01 Il y a 2000 mamas qui ont tapé à la porte de Métis Mama et Mama et qui ont envie de faire partie de nos programmes.
18:07 On a accompagné environ 200 femmes et là on est sur des promos de 10-15 mamas à Paris et à Marseille.
18:17 D'accord, et aujourd'hui vous avez plus de 1500 clients.
18:22 Comment avez-vous pu les trouver aussi rapidement et créer une relation d'une telle complicité ?
18:28 Les clients et nous, c'est une belle histoire.
18:32 On n'avait pas forcément pour idée de faire du B2B quand on a créé Métis Mama.
18:37 Mais c'est vrai que rapidement les entreprises sont venues à nous en nous disant "mais on en a marre de nos petits fours habituels,
18:42 on a envie de quelque chose de nouveau, on a envie de diversité culinaire, on a envie d'avoir de l'impact social et environnemental,
18:51 on a envie de faire du bien à la société et on sent qu'on peut le faire avec vous".
18:55 Et les clients sont venus nous voir avec cette demande et on s'est dit "allons-y".
18:58 Et du coup, rapidement, on a eu des premiers grands groupes comme BNP, AXA,
19:03 et ensuite des groupes et des clients encore plus exigeants comme LVMH.
19:09 Et on a rapidement fait des très beaux lieux.
19:12 On a fait le château de Versailles, on a fait la tour Eiffel, on a fait le petit palais.
19:17 Et franchement, je remercie ces clients parce qu'ils ont su nous faire confiance.
19:23 Et je pense qu'aujourd'hui, on répond à leurs besoins aussi bien en termes d'impact, en termes de diversité culinaire,
19:31 mais aussi en termes de qualité et d'expérience.
19:34 Ce qu'on propose chez Meet My Ama, c'est des voyages culinaires qui sont assez inoubliables.
19:38 C'est de la qualité en termes de plats parce que tout est fait maison, tout est frais,
19:44 et tout est bon forcément parce que c'est fait par des mamas.
19:48 Donc finalement, quand ça correspond à un besoin, les clients sont là.
19:52 Mais d'ailleurs, vous avez quand même des clients, vous direz, particulièrement présents,
19:58 parce que certains sont devenus des amis, certains sont devenus des mamas,
20:02 et certains sont devenus des amitiés.
20:04 Comment avez-vous créé cette connexion ?
20:08 En fait, que ce soit avec les clients ou avec toutes les parties prenantes avec qui on travaille,
20:14 nous ce qu'on aime chez Meet My Ama, c'est de travailler avec des individus, des humains,
20:18 et pas forcément des fonctions.
20:20 Et donc, quand j'ai une personne devant moi, on aime bien, pas que moi,
20:25 nous intéresser avec qui on parle, avec qui on discute,
20:29 quelles sont les valeurs qu'on a en commun, et finalement, on arrive à créer ces liens hyper profonds,
20:35 et on n'a pas de mal à donner de l'amour et à en recevoir.
20:40 Et donc, ça a créé un lien hyper privilégié avec les clients.
20:45 On a des clients, en effet, qui sont devenus soit investisseurs, soit qui sont hyper parties prenantes,
20:50 et c'est eux qui nous aident à démarcher d'autres clients, etc., qui nous trouvent des mamas aussi.
20:55 Et ça, c'est pareil avec que ce soit les mamas.
20:59 Les mamas aussi sont investisseurs de Meet My Ama.
21:02 Lors de notre première levée, c'était hyper important pour nous qu'elles entrent au Capital,
21:06 et elles sont devenues des personnes hyper proches, mais même les livreurs.
21:10 Moi, plusieurs des livreurs étaient à mon mariage, et c'est génial comme ça.
21:14 On a le droit de bien s'entendre avec les personnes avec qui on travaille,
21:18 et il faut même, je pense, pour qu'on soit heureux dans notre travail au quotidien.
21:22 Alors, je comprends que vous avez quand même un service client aussi qui est particulièrement étudié.
21:28 Alors, aujourd'hui, quelles entreprises pourraient reprendre de vous ?
21:34 Nous, ce qu'on conseille, c'est d'être authentique en toutes circonstances,
21:39 d'être transparent en toutes circonstances.
21:42 En toutes circonstances, que ça veut dire ?
21:45 Ça veut dire quand on est en difficulté sur un sujet,
21:49 on le partage, on essaie de trouver des solutions ensemble.
21:52 Authentique en toutes circonstances, c'est qu'on va toujours faire ce qui est dans nos valeurs,
21:57 et puis vraiment considérer chaque humain en tant que tel,
22:04 et pas forcément s'arrêter à la fonction.
22:07 C'est mon conseil.
22:09 Et puis, rester naturel, rester soi-même.
22:11 Tout simplement, on a juste envie de travailler en étant soi-même,
22:15 et faire en sorte de mettre à l'aise la personne pour qu'elle puisse rester elle-même.
22:19 Et maintenant, on va s'intéresser aux mamas.
22:22 Oui.
22:23 Et ces mamas qui ont rejoint la voiture, qu'est-ce que ça leur a apporté personnellement ?
22:28 Que ça leur a apporté, je pense, plusieurs choses.
22:32 Mais la première chose, c'est l'ambition,
22:37 et l'opportunité de pouvoir se réaliser,
22:42 et de pouvoir contribuer à la société.
22:45 Quand on rencontre une mama,
22:47 la première chose, parmi les premières questions qu'on lui pose,
22:50 c'est "Qu'est-ce que tu as envie d'accomplir ?"
22:52 C'est même pas "Qu'est-ce que tu sais cuisiner ?"
22:54 Ça, on verra par la suite, mais c'est "Qu'est-ce que tu as envie d'accomplir, finalement ?"
22:58 "Quelle est ta raison d'être ? Quelle est ta mission, ton why ?"
23:01 Parce que c'est hyper important pour nous, les équipes Meet My Mama,
23:04 et on sait que c'est important pour toute personne de pouvoir contribuer à la société.
23:08 Et donc, certaines vont nous dire "Moi, ce que j'ai envie, c'est que tout le monde puisse manger sainement."
23:14 D'autres vont nous dire "Je veux parler du rôle des femmes, et de montrer qu'on peut être une femme-chef."
23:20 D'autres vont nous dire "Pour moi, l'écologie, c'est hyper important,
23:24 je pense qu'on doit manger beaucoup plus végétarien et vegan,
23:27 et donc je vais essayer d'apporter des recettes délicieuses et végétariennes,
23:32 pour sensibiliser un maximum de personnes."
23:35 Et pour d'autres, c'est "Je veux montrer une autre image de mon pays, ou des cuisines africaines, par exemple."
23:43 Et donc chacune, finalement, au fond d'elle, elles ont cette volonté de changer et de transformer la société,
23:49 et ce que leur apporte Meet My Mama, c'est d'avoir un espace pour faire ça.
23:53 Un espace grâce à leur cuisine, un espace parce qu'on les met énormément en avant,
23:58 on leur donne, ou on leur redonne la parole, pour elles qui parfois pouvaient être invisibilisées,
24:03 et on leur donne le pouvoir d'avoir du pouvoir.
24:08 Et c'est ça pour nous, l'empowerment.
24:10 J'ai écouté également de vous parler d'empowerment durable. Qu'est-ce que ça veut dire ?
24:17 On parle souvent de durabilité quand on parle d'écologie,
24:21 mais nous, on parle d'empowerment durable dans le sens où on veut que ce qu'on met en place,
24:28 ça ait un impact durable sur la mama.
24:31 Si on lui permet d'être autonome, on veut qu'elle soit autonome sur des dizaines d'années.
24:38 On a créé toute une méthodologie d'empowerment
24:45 qui fait qu'on arrive à transformer la vie de l'individu pour que ce soit durable.
24:54 Par exemple, dans notre méthodologie, on appelle ça les ingrédients de l'empowerment.
25:01 On a de l'inspiration, donc on va créer des déclics,
25:05 et on sait que ce déclic-là, c'est ce qui va permettre à la personne, dans la durée,
25:10 de rester motivée, engagée, etc.
25:13 On a dans cette méthodologie de l'inspiration, de la formation,
25:18 les compétences qu'elles vont acquérir, elles vont pouvoir les utiliser tout au long de leur vie,
25:23 et ça c'est important, et de la formation de très haut niveau.
25:28 C'est-à-dire qu'on ne va pas seulement te former à pouvoir travailler en cuisine et être commis,
25:33 on va te former à être chef pour te donner une perspective long terme de ta carrière.
25:38 - Et à certains niveaux aussi.
25:41 - Exactement, à très haut niveau.
25:44 Pour qu'elles puissent se projeter à très haut niveau sur 5, 10, 20 ans, etc.
25:50 Dans notre méthodologie, ce qu'on apporte aussi, c'est de l'accompagnement,
25:54 de proximité, et hyper personnalisé.
25:57 Chaque frein que rencontre une mama, on se doit de le lever avec elle.
26:01 Et ça, ça fait partie de l'impact social de Meet My Mama,
26:05 où on va lever vraiment tous les freins socio-professionnels de la mama.
26:09 On apporte une communauté hyper bienveillante dans laquelle elle se sent bien,
26:13 et dans laquelle elle contribue.
26:15 Et puis on apporte surtout du revenu, du chiffre d'affaires,
26:18 pour qu'elle puisse faire grandir leur entreprise à elle aussi.
26:22 - Et pour le petit mot de la fin, quel message aimerais-tu faire passer à toutes les personnes
26:28 qui aimeraient avoir de la perte sociale, mais qui ont peur de ne pas y arriver ?
26:34 - Je pense que la peur de ne pas y arriver, elle ne doit pas prendre le dessus.
26:38 Moi, ce que j'ai peur, c'est surtout...
26:42 En fait, quand je me pose cette question, je me pose la question...
26:46 J'ai plus peur de ne pas le faire et qu'on n'agisse pas collectivement,
26:51 plutôt que d'agir et de me tromper.
26:54 Parce qu'on peut toujours rectifier, et c'est comme ça qu'on apprend, etc.
26:58 Par contre, je me dis, mais imagine si collectivement, on reste immobile et on ne le fait pas.
27:05 C'est beaucoup plus dangereux que finalement d'essayer.
27:08 Et la deuxième question que je me pose, c'est imagine si tu te lances,
27:12 tu le fais et tu réussis. Imagine.
27:15 Et cette question-là, elle est hyper importante, parce que si on...
27:20 Enfin, si je prends notre exemple très concret,
27:24 je me dis, mais si on avait eu peur de se lancer et qu'on ne se serait pas lancé,
27:27 on aurait laissé la place à des acteurs qui exploitent des personnes en cuisine,
27:33 qui font de la malbouffe, qui détruisent l'environnement.
27:37 C'est hyper dangereux de laisser faire ça.
27:39 Alors que, je me dis, mais imagine si tu réussis,
27:44 non seulement tu vas apporter une nouvelle manière de faire,
27:47 mais tu vas pouvoir même en inspirer d'autres et embarquer d'autres dans ta mission.
27:51 Et c'est ce qui s'est passé, par exemple, là je pense à l'ADRH de Sonexo,
27:55 qui est une personne absolument incroyable et hyper engagée.
27:58 Aujourd'hui, on réfléchit à des programmes communs sur toute la France et à travers le monde
28:02 pour permettre à plus de femmes d'atteindre des postes de chefs,
28:05 de proposer des recettes du monde et faites maison au sein de cette entreprise.
28:09 Donc finalement, je me dis, mais imagine si tous ensemble on réussit.
28:14 Et je pense que c'est ça la question qu'il faut se poser.
28:16 - Merci, Lubna, de nous montrer que finalement nous avons tout étalé
28:20 et que nous ne devons jamais, jamais, jamais l'oublier.
28:23 - Merci beaucoup.
28:25 C'est la fin de cette émission. J'espère que vous avez passé un très joli moment.
28:29 Et à très bientôt pour la suite.