Antisémitisme : qu'en est-il de la hausse des actes antisémites dans l'enseignement depuis le 7-octobre ?

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Du lundi au jeudi, Helène Zelany reçoit un invité au centre de l'actualité.
Retrouvez "L'invité actu" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-actu

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00:00 *Musique*
00:02 *Europe 1 soir*
00:04 *19h20*
00:06 *Hélène Zellany*
00:08 19h31, plus de 1500 actes antisémites depuis le 7 octobre,
00:11 près de 600 arrestations, des chiffres donnés ce matin sur Europe 1 par Gérald Darmanin.
00:16 Un antisémitisme très présent dans les universités françaises.
00:21 On va en parler ce soir avec la ministre de l'enseignement supérieur Sylvie Retaillot.
00:26 Bonsoir.
00:27 Bonsoir.
00:28 Merci beaucoup d'avoir accepté l'invitation d'Europe 1 face à vous.
00:31 C'est à vous.
00:32 Samuel Lejoyeux, bonsoir et merci à vous également.
00:34 Bonsoir.
00:35 Vous êtes président de l'UEJF, l'Union des étudiants juifs de France.
00:39 Samuel Lejoyeux, vous étiez venu dans ce studio il y a quelques semaines pour nous parler de...
00:45 C'était avant l'attaque du Hamas, je le précise,
00:48 pour nous parler de cette étude que vous aviez commandée à l'IFOP
00:51 et qui disait que 91% des étudiants juifs avaient déjà été victimes d'actes antisémites dans le cadre de leurs études.
00:59 Le chiffre était déjà extrêmement alarmant.
01:01 Est-ce que vous pouvez nous dire ce soir quels sont les retours que vous avez des universités françaises depuis le 7 octobre ?
01:09 Écoutez, oui, cette étude, effectivement, elle était quelques jours finalement avant le 7 octobre
01:17 et elle montre quelque chose, c'est que ce qu'on a aujourd'hui, cette vague d'antisémitisme aujourd'hui,
01:23 c'est seulement une accélération et un révélateur de choses qui existaient déjà.
01:30 Et en particulier sur cette question de l'antisémitisme issu de la haine d'Israël,
01:34 c'est le chiffre de 91% évidemment qui est beaucoup ressorti.
01:38 Parmi ces 91%, il y a 43% des actes qui sont liés à cette question d'Israël, déjà avant le 7 octobre.
01:46 Évidemment, après le 7 octobre, ça a empiré avec donc finalement plusieurs phases, j'ai envie de dire.
01:54 D'abord, la première chose, ça a été quelque chose finalement de très, très violent.
01:58 Ça a été un moment de censure, directement après le 7 octobre,
02:04 finalement de censure de toute solidarité avec les victimes civiles israéliennes.
02:09 Ça s'est concrétisé comment ?
02:11 Concrètement, c'est par exemple dans une université,
02:14 quelqu'un qui affiche le portrait d'une victime israélienne
02:19 qui était un ancien étudiant de cette université-là.
02:22 Et par-dessus le visage, il y a eu un appel à la manifestation pro-palestinienne.
02:29 Et on parle des manifestations pro-palestiniennes de la première semaine, après le 7 octobre.
02:35 Il n'y avait pas eu encore du tout de riposte d'Israël,
02:37 donc c'était vraiment des apologies du terrorisme.
02:40 Et ça a été mis, voyez, c'est vraiment symboliquement,
02:43 je trouve que c'est ce qui est le plus fort, c'est au-dessus du visage.
02:47 Comme si vraiment le fait même de dire "il y a des victimes israéliennes",
02:51 "il y a des victimes juives", finalement, c'était un acte de haine.
02:54 Il y a eu une réaction de la part des universités et du ministère,
02:58 qui ont été très fortes.
02:59 On s'est vu, j'ai vu les représentants des universités.
03:04 Ça a permis qu'il n'y ait pas une flambée d'actes de violence antisémite directe.
03:10 Maintenant, il y a quand même une atmosphère où les étudiants juifs ont peur sur les campus.
03:15 Ça, c'est une réalité.
03:16 Alors, Sylvie Retailleau, au moment de la parution de cette étude de l'UEJF,
03:21 vous aviez dit que la France avait les outils pour agir
03:24 et vous aviez parlé de "tolérance zéro".
03:27 On en est où aujourd'hui ?
03:28 Alors, comme le disait Samuel Lejoyeux, on s'est vu avant le 7 octobre.
03:34 On s'est contacté, puisque j'avais annoncé à la sortie de l'enquête,
03:38 effectivement, un renforcement, parce que dès qu'il y a un acte de ce type,
03:42 c'est effectivement une tolérance zéro.
03:44 Mais il faut agir, il faut agir de façon intraitable.
03:47 Et donc, nous avons un réseau de référents antisémites, racisme,
03:51 dans toutes les universités.
03:53 Nous avons, avec Samuel, rencontré, j'ai réuni,
03:57 ce réseau de travail est animé par le ministère,
04:01 et j'ai réuni personnellement cette année, suite, je dirais, à l'enquête.
04:05 Mais il se trouve que la réunion, on l'a faite après le 7 octobre.
04:08 Donc, vous comprenez bien qu'elle a pris un écho encore plus particulier.
04:11 Et donc, on a réuni ces référents antisémites, racisme.
04:15 On les a, je dirais, écoutés, donnés ses premières analyses
04:18 et regardé comment encore améliorer, comment agir,
04:22 faire passer aussi des messages, des messages de dire,
04:25 comme vous le dites, tolérance zéro.
04:27 J'ai écrit à tous les présidents d'universités et les rectorats,
04:31 le 8 octobre, en leur disant, c'est grave,
04:34 il faut condamner cette attaque terroriste,
04:36 être clair dans ses mots, être clair dans ses actes,
04:39 avec des actes qui sont, je dirais, symboliquement forts,
04:43 parce que là, on est sur un problème, comme le disait Samuel,
04:46 qui malheureusement date, mais qui est aujourd'hui cristallisé
04:50 avec ce qui se passe.
04:51 Et c'est à la force de cette cristallisation
04:54 que l'on doit aussi apporter des actions juridiques,
04:58 des actions disciplinaires, des accompagnements aussi aux étudiants.
05:02 Et je crois qu'on a créé ce réseau avec les présidents d'universités,
05:06 d'établissements, qui ont tous fortement réagi, je dois le dire,
05:10 avec les recteurs dans chaque région et avec les préfets,
05:13 afin de pouvoir mettre en œuvre, effectivement,
05:16 cet accompagnement d'étudiants, refaire de la prévention,
05:20 parce qu'il y en a toujours besoin, mais aussi des actions juridiques
05:23 et disciplinaires à la hauteur de ces actes intolérables.
05:27 - Vous aviez parlé, au moment de l'apparition de l'étude de l'UEJF,
05:31 d'une enquête d'un organisme indépendant.
05:33 Vous avez lancé cette enquête ?
05:34 - Alors, on est en train d'avoir d'abord le retour
05:37 de cette réunion du 17 octobre avec les référents,
05:40 et nous travaillons effectivement pour l'enquête
05:42 avec un observatoire que nous avons,
05:44 qui est basé sur des méthodologies de recherche,
05:47 qui a déjà fait une enquête sur ce type de sujet,
05:50 et sur lequel nous allons préparer, avec ces professionnels
05:54 qui ont l'habitude aussi du monde de l'enseignement supérieur
05:57 et de la recherche, pour pouvoir effectivement,
06:00 avec ces données, ce réseau, lancer cette enquête
06:03 à partir de cet observatoire des discriminations.
06:05 - Alors là, on parle de manière un petit peu générale,
06:07 un peu théorique. Je voudrais qu'on rentre un petit peu
06:10 dans le concret, parce que je ne vous cache pas que moi,
06:12 il y a des choses que j'ai lues qui m'ont beaucoup bouleversée.
06:15 Il y a eu cet article du Canada Enchaîné la semaine dernière
06:18 qui était intitulé "Le harcèlement suit son cours à la fac".
06:21 Et on parle d'un groupe WhatsApp,
06:24 dans lequel des étudiants juifs ont été mis sans
06:27 qu'on leur ait demandé leur avis,
06:29 et l'un des intervenants a posté la photo d'un cendrier,
06:33 rempli de cendres, et il a écrit à un étudiant juif
06:36 "Tes arrières-grands-parents sont là, MDR".
06:39 Il y a des slogans "Mort aux Juifs", "Allah vaincra et vous soumettra"
06:43 à Tolbiac, et puis ce dont vous parliez, Samuel,
06:46 vous parliez des affiches d'un étudiant
06:49 d'une des facs décédées et qui avait été recouverte,
06:52 mais il y a aussi ce geste qui se répète et se répète
06:55 et se répète encore partout, mais aussi dans les facs,
06:58 de ces portraits d'enfants otages
07:01 qui n'ont rien demandé à personne et qui sont systématiquement
07:04 arrachés. Et là, c'est pour ça que je veux
07:08 qu'on donne ces exemples. Qu'est-ce qu'on fait
07:11 face à des actes et à des mots pareils ?
07:14 - On agit, et vous avez complètement raison, c'est-à-dire que je pense
07:17 qu'il faut avoir les mots, parce qu'il faut formaliser, c'est ce qu'on disait
07:20 tout à l'heure, et puis il y a toutes les actions.
07:23 Et effectivement, dans les consignes que l'on a données
07:26 et le travail que l'on fait en lien avec les rectorats,
07:29 avec les présidents d'universités, il y a une action très forte,
07:32 c'est-à-dire qu'aujourd'hui, les équipes des établissements
07:35 sont mobilisées pour arracher, alors dans le sens inverse,
07:38 effectivement, repeindre les tags, effacer
07:41 toutes ces, je dirais, innommables traces
07:45 que l'on peut trouver, parce que c'est important
07:48 dans la journée ou dans les deux heures où les campus sont grands,
07:51 tout de suite montrer qu'il y a une réaction, parce que
07:54 c'est insupportable et qu'on ne peut pas,
07:57 on condamne et on ne peut pas. Donc il y a les mots et il y a l'action.
08:00 Donc ce matin, la présidente de Paris-Sorbonne, Christine Léauléduc,
08:03 me disait "j'ai plus de peinture".
08:06 - Mais c'est incroyable d'entendre ça quand même. - Voilà. Donc quelque part,
08:09 ça peut vous paraître, mais ça veut dire aussi qu'il y a une action.
08:12 Et elle le disait inquiète, c'est ce que je vois votre réaction,
08:15 et je la partage. Elle le disait inquiète,
08:18 mais elle le disait aussi en disant "on est là et on ne laissera pas passer".
08:21 Et puis derrière, il y a toutes les procédures
08:24 qui doivent suivre, des procédures concrètes.
08:27 Et avec, je l'ai dit, ces actions sont,
08:30 il faut être intraitable, mais avec des actions sévères,
08:33 avec une certaine sévérité qui accompagne nos actions.
08:36 Et donc il y a de nombreux articles 40, de nombreux signalements
08:39 aux procureurs de la République, qui sont faits dans toutes les universités.
08:42 Dès le début, il y a eu même une suspension
08:45 d'un professeur par un président d'université.
08:48 Et donc nous suivons ça, nous les accompagnons,
08:51 parce que vous savez qu'il faut rester, et c'est notre force,
08:54 dans un état de droit. La démocratie,
08:57 elle est basée sur la loi et cet état de droit.
09:00 Et donc nous aidons les présidents pour agir à la fois
09:03 fortement et sans trembler, et en même temps
09:06 en restant sur cet état de droit qui permet de
09:09 effectivement revendiquer des actions légitimes
09:12 basées sur des actes ou basées sur des qualifications
09:15 données par les préfectures ou les procureurs de la République.
09:18 - Samuel Lejoyeux, je crois que l'UEGF a lancé
09:21 plusieurs actions juridiques
09:24 contre les responsables
09:27 de ce dont je parlais, le groupe WhatsApp,
09:30 ses insultes, certaines menaces...
09:33 Vous agissez sur le plan légal aussi ? - Absolument, je crois qu'il y a
09:36 deux... Il faut finalement dans le même temps
09:39 penser la réponse, j'ai envie de dire,
09:42 d'urgence. La réponse d'urgence, c'est bien
09:45 de prendre la mesure du fait que ces
09:48 actes, que ce soit ces intimidations, alors ce groupe
09:51 "des fouloirs" comme il s'appelait,
09:54 est absolument terrible, mais ça
09:57 commence par les tags haineux, etc.,
10:00 les prendre bien comme ils sont, c'est-à-dire
10:03 quand ils sont délictuels, comme des délits,
10:06 donc essayer au maximum de chercher les auteurs,
10:09 que ce soit poursuivi, qu'il y ait des sanctions à la fois
10:12 disciplinaires et pénales quand il faut.
10:15 Ensuite, il y a quand même dans le même temps à réfléchir
10:18 sur le sens, finalement, comment
10:21 on en arrive là et qu'est-ce qu'on peut faire
10:24 pour faire redescendre ? Et je crois que là,
10:27 il y a deux choses, et je dirais rapidement, il y a un,
10:30 ça fait des années qu'on parle beaucoup de la question
10:33 de l'antisémitisme, du harcèlement, du racisme à l'école
10:36 et où il y a des choses qui sont faites,
10:39 dans l'enseignement supérieur, on n'en parle pas assez,
10:42 c'est pas assez un sujet. Ces référents dont
10:45 vous parlez, Madame la ministre, il faut qu'ils fassent
10:48 beaucoup plus de choses, qu'ils soient beaucoup plus mis en valeur.
10:51 Il est temps de se rendre compte que ce sujet-là,
10:54 il n'est pas acquis. Il n'est pas acquis la question de la lutte
10:57 contre le racisme et l'antisémitisme à la fac. Et ensuite, je finis très
11:00 rapidement, il y a cette question, on voit que
11:03 malheureusement, la France insoumise
11:06 incarne à une parole
11:09 qui est aujourd'hui, via son leader, qui est objectivement
11:12 antisémite, désormais, malheureusement, on ne peut que le dire.
11:15 Il y a des mouvements pro-palestiniens
11:18 qui, encore une fois, malheureusement,
11:21 pour, enfin, même pas
11:24 la majorité, leur intégralité, n'ont pas qualifié de terroristes et n'ont
11:27 pas condamné les actes du 7 octobre.
11:30 La question pro-palestinienne et la question de la gauche,
11:33 et notamment la gauche radicale, c'est des mouvements
11:36 qui sont très importants dans les facs.
11:39 Il va falloir reconstruire et parler à ces gens
11:42 et voir comment
11:45 on bloque cet antisémitisme issu de ce mouvement-là.
11:48 - Alors, Samuel Lejoyeux, Sylvie Retailleau, on reste ensemble
11:51 jusqu'à 20h pour évoquer l'antisémitisme
11:54 dans les universités. On se retrouve donc dans
11:57 un petit instant.
12:00 Heureux Pinceoir.
12:03 19h20. - Hélène Zellany. - 19h47.
12:06 - Nous sommes toujours avec la ministre de l'Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau
12:09 et Samuel Lejoyeux, président de l'Union des étudiants juifs de France.
12:12 Et d'abord, j'aimerais qu'on prenne en ligne Nathan,
12:15 18 ans. Merci Nathan d'avoir appelé Europe 1. Vous êtes en classe
12:18 de première à Rouen. Vous, l'antisémitisme,
12:21 vous y êtes confronté tout particulièrement depuis
12:24 le 7 octobre. - Exactement. En ce
12:27 moment, c'est quelque chose qui commence à
12:30 monter très très haut, l'antisémitisme,
12:33 car même dans la rue, depuis que je suis passé
12:36 à BFM TV, dans la rue, je me fais
12:39 traiter maintenant de sale juif sans...
12:42 les gens n'ont plus de... comment ça s'appelle ?
12:45 - De limite. - J'ai du mal à l'expliquer. - En fait, les gens
12:48 vous reconnaissent parce que vous êtes passé à la télé.
12:51 Vous n'avez pas de signe distinctif.
12:54 - Non. Je n'ai pas de...
12:57 Je ne le montre pas. Je l'ai, mais je ne le montre pas.
13:00 Les gens me traitent de sale juif dans la rue
13:03 sans honte de montrer leurs
13:06 idées extrêmes comme ceci.
13:09 - Ça, ça vous arrive régulièrement ?
13:12 - Depuis que je suis passé à BFM TV, oui. - Et dans
13:15 le cadre de votre lycée ?
13:18 - Mon lycée, ça devient très compliqué
13:21 car déjà, en premier plan, je n'y vais plus.
13:24 Je ne peux plus y aller car quand je rentre en...
13:27 - Vous n'allez plus au lycée, là ?
13:30 - Non, je ne peux plus. Ce n'est plus possible.
13:33 J'ouvre la porte de classe, ça me crie
13:36 "Free Palestine". On m'a collé un autocollant
13:39 dans le dos "Free Palestine" pendant que j'étais dans les couloirs du lycée.
13:42 Au bout d'un moment, je ne peux plus. Ce n'est plus possible.
13:45 - Mais là, vous allez bien
13:48 devoir retourner travailler. Vous ne pouvez pas rester chez vous
13:51 parce que vous vous êtes confrontés à la haine.
13:54 Vous n'avez pas de soutien de la part de vos professeurs
13:57 et de la part de la direction de votre établissement ?
14:00 - La direction de l'établissement, oui, mais les professeurs
14:03 ne regardent pas vraiment ce genre
14:06 de choses et pour eux, c'est
14:09 de ma faute si tout ça se passe.
14:12 - Franchement, je suis assez sidéré
14:15 de ce que vous nous dites. Sylvie Rotaillot,
14:18 vous êtes ministre de l'enseignement supérieur, donc ça n'est pas vraiment
14:21 votre ressort, mais je pense que vous pouvez quand même réagir à ce que vous êtes
14:24 en train d'entendre, qui est proprement insupportable
14:27 en 2023 en France. - Tout à fait.
14:30 Évidemment, vous l'avez signalé,
14:33 Gabriel Attal est ministre de l'Éducation nationale, mais l'éducation,
14:36 l'enseignement supérieur et la façon d'accompagner
14:39 les victimes, les étudiants, que ce soit
14:42 pour des problématiques si fortes de racisme, d'antisémitisme,
14:45 vous parliez tout à l'heure de harcèlement, je crois
14:48 que l'un des premiers points, c'est comment on les accompagne.
14:51 Le deuxième point, et c'est donc, il faut continuer, si je peux
14:54 me permettre de passer quand même un message,
14:57 il faut absolument, avec la direction du lycée,
15:00 ils ont une responsabilité pour accompagner,
15:03 et c'est à eux de jouer un rôle, et ils le jouent en vague générale.
15:06 - Qu'est-ce que vous pouvez dire à Nathan qui en est à dire ?
15:09 - De retourner en classe, et je sais que c'est ô combien difficile,
15:12 mais peut-être pas de retourner en classe directement, mais de prendre
15:15 rendez-vous avec la direction du lycée, et de retourner
15:18 discuter avec la direction du lycée, qui lui proposera
15:21 un accompagnement pour pouvoir progressivement,
15:24 ou en tout cas considérer son cas, l'aider,
15:27 mais aussi agir en interne au lycée. Donc il faut qu'il retourne
15:30 prendre rendez-vous avec la direction
15:33 de son établissement qui lui proposera quelque chose, j'en suis sûre.
15:36 - Samuel Lejoyeux, quand vous entendez ce que dit Nathan,
15:39 qu'est-ce que vous pouvez lui répondre ? Comment vous pouvez essayer de le soutenir ?
15:42 - Déjà, je lui réponds
15:45 que j'aimerais prendre son numéro de téléphone,
15:48 après je vais voir avec le standard, surtout pour
15:51 parler avec lui, l'accompagner.
15:54 C'est pas un cas isolé, ça me rappelle fortement
15:57 un cas que j'ai eu à gérer,
16:00 enfin qu'on a accompagné la semaine
16:03 dernière, pareil, dans un lycée,
16:06 une élève qui se retrouvait donc harcelée
16:09 sur des groupes
16:12 de sa promo,
16:15 et en fait, ça c'est quelque chose de commun
16:18 je crois à toutes les formes de harcèlement scolaire,
16:21 mais c'est sans doute encore pire quand il s'agit d'être visé
16:24 pour son identité.
16:27 L'administration l'a beaucoup soutenu,
16:30 mais finalement plus l'administration l'a soutenu, plus
16:33 il était visé,
16:36 et c'est ça en fait, dans la dynamique de l'antisémitisme, il y a aussi l'idée
16:39 que les juifs sont les amis
16:42 des puissants, et donc du coup qu'ils ont du pouvoir,
16:45 et que du coup finalement, même l'action de l'administration
16:48 est instrumentalisée dans ce délire antisémite.
16:51 Et donc c'est ça qui rend les choses très compliquées,
16:54 en l'occurrence, la personne que j'ai accompagnée
16:57 la semaine dernière a fini sa
17:00 scolarité en école juive parce qu'elle avait peur de retourner en école
17:03 publique. C'est des choses qui existent
17:06 et qui sont absolument
17:09 terribles. Et juste une réaction
17:12 sur ce cas, parce qu'il y a
17:15 quelque chose de très intéressant que nous dit Nathan,
17:18 c'est la question du Free Gaza,
17:21 du Free Palestine, il dit "on lui colle un Free Palestine sur le dos".
17:24 Et moi, je lance vraiment cet appel parce que
17:27 un peu moins en ce moment, mais quand même, on entend des gens
17:30 qui, dans ce genre de moment, disent "oui, mais quand même,
17:33 c'est Free Palestine, donc c'est pas forcément antisémite, etc."
17:36 Quelle que soit la raison pour laquelle
17:39 on attaque un juif, que ce soit pour
17:42 une question de Free Palestine,
17:45 que les arbres sont verts, ou que les juifs
17:48 aient de l'argent, je veux dire, quelle qu'en soit
17:51 la cause, ça s'appelle de l'antisémite.
17:54 J'entends déjà la petite musique là, "oui, mais bon,
17:57 ah, mais voilà, c'est un Free Palestine, donc bon, non, non,
18:00 on attaque quelqu'un, à un moment on attaque quelqu'un, ça s'appelle de l'antisémitisme, c'est tout."
18:03 - Je vais remercier Nathan de nous avoir appelés,
18:06 et vous avez entendu, Nathan, que Samuel Lejoyeux
18:09 voulait entrer en contact avec vous. Une dernière question, parce que
18:12 malheureusement, nous n'avons plus beaucoup de temps,
18:15 Sylvie Rotaillot, moi, ce qui m'inquiète beaucoup
18:18 dans tout ce qu'on est en train de dire, c'est que finalement, les jeunes d'aujourd'hui,
18:21 les jeunes étudiants d'aujourd'hui, ce sont les adultes de demain.
18:24 Et ceux qui propagent cette haine,
18:27 eh bien, ils seront peut-être devant des élèves, ils ont des
18:30 amis, ils auront des enfants. Comment on va
18:33 mettre fin à ce cercle qui est
18:36 vraiment absolument terrible en ce moment ? - Vous avez raison,
18:39 nous devons agir. Et nous devons agir par, c'est ce que je disais,
18:42 l'éducation, et Samuel le disait, je pense que
18:45 à l'enseignement supérieur et la recherche,
18:48 il faut utiliser cette notion de liberté
18:51 d'expression, de débat argumenté,
18:54 objectivé, factuel, justement pour combattre
18:57 ces idées toutes faites, ces amalgames. Ces amalgames
19:00 qui sont parfois historiques, ce qui a été
19:03 dit par Samuel Lejoyeux, qui sont
19:06 basés sur rien, qui sont des choses qui
19:09 historiquement, qui peuvent s'expliquer, qui peuvent se démontrer,
19:12 qui peuvent faire réfléchir les gens. Et je crois
19:15 que s'il y a bien un endroit où on a ce pouvoir
19:18 du savoir, ce pouvoir de l'explication
19:21 et de la bonne utilisation des libertés d'expression,
19:24 de savoir mener des débats dans le respect,
19:27 des débats dans l'orientation,
19:30 c'est l'enseignement supérieur, et c'est ce qu'on va essayer d'amplifier
19:33 dans le long terme dont vous parliez tout à l'heure.
19:36 Je voudrais rebondir pour dire qu'aujourd'hui, effectivement,
19:39 il y a aussi cette ambiguïté, et je rejoins
19:42 par certains partis politiques, on l'a dit sur LFI
19:45 ou autre, ces ambiguïtés qui aujourd'hui déshonorent
19:48 clairement, qui aujourd'hui sont des ambiguïtés
19:51 coupables. Il faut le dire, il faut le redire.
19:54 Et je dirais, c'est exceptionnellement
19:57 clair aujourd'hui, et je pense qu'au moins
20:00 ça a le mérite d'éclaircir la position et le point de vue de chacun.
20:03 Je pense que les jeunes y seront sensibles quand on
20:06 pourra mettre en évidence ces ambiguïtés qui sont
20:09 intolérables et qui doivent finalement
20:12 être combattues pour préparer l'avenir de demain.
20:15 - Bonjour, merci beaucoup Sylvie Rotailleau, ministre de l'Enseignement supérieur
20:18 d'être venue dans ce studio.
20:21 Merci beaucoup à vous, Samuel Lejoyeux, il y a du pain sur la planche,
20:24 si je peux me permettre cette expression, quand on entend le témoignage
20:27 et quand on voit ce qui se passe autour de nous.
20:30 Vous êtes vigilant, vous êtes le président de l'Union des étudiants
20:33 juifs de France, un immense merci à tous les deux
20:36 pour ce débat qui me paraissait absolument crucial

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