Avec Jean Charles Bouchoux, psychanalyste, psychothérapeute, auteur de plusieurs livres et de « Les violences invisibles » - Éditions Le courrier du livre et Jean-Luc Romero, maire adjoint de Paris, auteur de « Le Serment de Berne » - Éditions L’Archipel.
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00:00:00 [Musique]
00:00:04 14h16, Brigitte Lae, Sud Radio.
00:00:08 Bonjour à tous, nous sommes ensemble durant ces deux heures sur Sud Radio.
00:00:11 Alors on a souvent tendance à opposer la vie et la mort,
00:00:15 alors qu'en fait de nombreuses théories mettent à l'opposé la mort et la naissance.
00:00:21 Et ça me semble finalement plus juste.
00:00:23 D'ailleurs dans les moments où la mort est très présente,
00:00:26 comme durant les guerres par exemple,
00:00:28 on observe beaucoup de gens avec une lubido qui va être beaucoup plus débordante.
00:00:32 Comme si faire l'amour éloignait le risque de la mort,
00:00:35 à moins que ce ne soit une envie de faire l'amour avant de mourir.
00:00:39 De toute façon lorsqu'on observe le désir d'enfant,
00:00:42 on constate souvent qu'il y a dans ce désir un désir de ne pas totalement mourir,
00:00:46 puisqu'une partie de nous va survivre dans l'enfant à naître.
00:00:50 Nous allons parler de ce sujet particulier avec Jean-Charles Bouchoud,
00:00:53 qui est mon invité et qui est psychanalyste,
00:00:56 et qui pourra évoquer cette fameuse dualité entre héros et thanatos.
00:01:00 Et peut-être qu'en cette période de troubles et mouvementés,
00:01:03 redonner un peu plus de place à sa libido serait un excellent anti-anxiolithique.
00:01:08 Enfin non, pas anti-anxiolithique, pardon, un excellent anxiolithique.
00:01:13 En tout cas je vous invite à venir nous raconter quel est votre lien entre le sexe et la finitude.
00:01:19 Et pour ça bien sûr vous connaissez notre numéro, c'est le 0 826 300 300.
00:01:23 Bonjour Jean-Charles Bouchoud.
00:01:25 Bonjour Brigitte Lahaie, bonjour à tous.
00:01:27 Alors c'est un sujet que j'ai eu envie d'aborder, on comprend un peu pourquoi.
00:01:31 C'est très d'actualité.
00:01:33 Bien sûr, et puis en plus on va recevoir en deuxième invité Jean-Luc Romero,
00:01:37 Michel qui a écrit un livre sur la fin de vie justement.
00:01:40 Et je trouve que on oublie un peu trop dans notre société actuelle
00:01:45 à évoquer ce lien justement entre héros et thanatos.
00:01:49 Bien sûr, après il faut arriver à comprendre qu'est-ce que c'est que ce thanatos.
00:01:53 C'est pas le plus facile parce que de la mort nous n'en savons rien.
00:01:56 Et puis Kurd disait en tout cas nous n'en saurons jamais rien de notre vivant.
00:02:00 Donc on peut pas désirer la mort, la pulsion de mort, en fait la mort c'est l'aboutissement de la vie.
00:02:05 Quand on parle de pulsion de mort en psychanalyse c'est plutôt le contraire.
00:02:09 C'est-à-dire le désir de régresser, de revenir à un état sans tension avant le problème, donc avant la vie.
00:02:15 Avant la naissance.
00:02:16 Avant la naissance, oui voilà.
00:02:17 Parce que je pense que c'est vraiment important de bien comprendre que naissance et mort vont plus ensemble que vie et mort.
00:02:22 Et ça en orient, ce sont deux portes.
00:02:24 Oui, exactement.
00:02:25 Ce qui s'oppose effectivement, vous l'avez très très justement dit, ce qui s'oppose à la mort c'est la naissance.
00:02:29 Et non pas la vie.
00:02:31 Alors la pulsion de mort c'est donc vouloir régresser et ça nous l'avons beaucoup évoqué quand nous avons parlé des pervers narcissiques par exemple
00:02:38 qui sont dans une pulsion de mort, c'est-à-dire l'interdit de toute tension.
00:02:42 Je signale d'ailleurs que vous avez écrit un très bel article, enfin plus ou moins,
00:02:46 vous avez répondu aux questions de Natacha Le Courtois dans un magazine qui sort là ce jour-ci.
00:02:52 Qui s'appelle "Infinité" et c'est un très très bel article sur les pervers narcissiques.
00:02:57 Voilà un très beau dossier sur les pervers narcissiques.
00:02:59 Écrit par Natacha Le Courtois qui a vraiment mis beaucoup beaucoup de cœur à l'ouvrage.
00:03:05 Et qui paraît donc cette semaine dans la revue "Infinité".
00:03:08 Voilà donc si vous avez envie d'en comprendre.
00:03:10 Mais bon, c'est pas notre sujet du jour.
00:03:12 Parce que ça n'a rien à voir évidemment avec cette...
00:03:17 Alors moi j'ai eu envie d'aborder ce sujet parce qu'on sait que pendant les périodes de guerre, de conflits,
00:03:25 il y a une sorte comme ça de pulsion sexuelle chez beaucoup de gens.
00:03:30 Oui, et même lors d'enterrement ou de moments comme ça.
00:03:32 C'est-à-dire que d'ailleurs quand on enterre quelqu'un en France, on fait souvent un grand repas.
00:03:37 C'est-à-dire qu'on compense par une pulsion de vie.
00:03:40 Et dans les moments de guerre j'imagine, parce que j'ai pas vraiment connu de moments de guerre,
00:03:43 il y a cette pulsion qui s'impose, qui est une pulsion sexuelle,
00:03:47 qui est à mettre tout entier du côté des roses.
00:03:49 Donc la continuité de la vie, la pulsion de vie.
00:03:52 Il se peut qu'il y ait autre chose aussi, et vous l'avez parfaitement évoqué en parlant d'anxiolithique,
00:03:56 c'est que dans l'acte sexuel, il y a une décharge.
00:04:00 Et c'est une décharge de tension intérieure.
00:04:02 Donc bien évidemment l'état de guerre nous met sous tension.
00:04:05 Et il se pourrait que la sexualité nous permette de décharger de la tension.
00:04:08 Alors moi je vais élargir encore plus le sujet du jour.
00:04:15 C'est qu'on l'a vu par exemple pendant la Covid,
00:04:18 où il y avait ce virus qui semblait-il pouvait nous faire mourir,
00:04:23 on a vu énormément d'anxiété augmentée.
00:04:26 Et comme en plus si on n'était pas en couple, on ne pouvait pas sortir, on ne pouvait pas rencontrer,
00:04:33 donc on ne pouvait pas décharger, si je puis dire, grâce à la sexualité.
00:04:36 Et c'est intéressant de voir le message qui avait été colporté à l'époque
00:04:40 de la part du gouvernement et des instances médicales,
00:04:44 c'est "si vous ne voulez pas être en danger de mort, restez chez vous", c'est-à-dire absent de la vie.
00:04:48 Et effectivement si on y réfléchit, si je suis en vie, je suis mortel.
00:04:53 Mais si je reste chez moi, si je ne bouge pas, si je ne suis pas vraiment en vie,
00:04:56 et là je ne risque rien.
00:04:57 Je ne risque déjà pas d'être vivant.
00:04:59 - Sauf que je ne vis plus, exactement.
00:05:01 - Et certains ont transgressé, j'en ai été de cela, ça m'a coûté cher d'ailleurs.
00:05:05 - Oui bien sûr. - J'allais me promener, j'étais en vie,
00:05:07 je rencontrais du monde, merde.
00:05:09 - C'est-à-dire qu'au nom de la sécurité, finalement, on perd sa liberté de vivre.
00:05:14 - Oui, moi je trouve l'équation juste.
00:05:16 Si je suis en vie, alors je suis mortel.
00:05:18 Mais si je m'échappe de la vie, et est-ce que ce n'est pas déjà ce que nous faisons
00:05:22 avec les ordinateurs, la télévision, les téléphones portables ?
00:05:24 Quand je suis sur mon téléphone portable, est-ce que je suis vraiment en vie ?
00:05:28 C'est une question.
00:05:29 - En tout cas, on n'est pas en lien, au sens charnel du terme.
00:05:33 Nos corps, il n'y a rien qui circule au niveau du corps.
00:05:37 - Bien sûr, on n'est pas dans l'échange, on n'est pas dans l'accueil,
00:05:40 on n'est pas dans la rencontre, dans la vraie rencontre j'entends.
00:05:43 Parce que j'entendais tout à l'heure une publicité pour un groupe de paroles
00:05:46 sur Facebook, mais sur Facebook vous trouverez tout ce que vous voulez
00:05:48 sauf des groupes de paroles, puisqu'on n'y parle pas.
00:05:52 - Alors je crois que c'est vraiment une notion qui est importante à comprendre,
00:05:56 ce qui nous maintient en vie, ce n'est pas uniquement notre tête,
00:06:00 c'est notre corps. - Oui, bien sûr.
00:06:03 - Moi par exemple, j'entends parfois des discussions comme ça
00:06:09 avec des gens qui parlent de la sexualité virtuelle,
00:06:14 qui bientôt va être encore plus...
00:06:16 Bon, alors on a déjà des jouets connectés, etc.
00:06:20 Et il paraît que bientôt on aura des robots qui pourront pratiquement
00:06:23 remplacer l'homme ou la femme. - Nous ne servirons plus à rien
00:06:26 et nous serons donc immortels.
00:06:27 Parce qu'en plus c'est le fantasme de beaucoup l'immortalité.
00:06:30 - C'est vrai, oui.
00:06:31 Je ne me rappelle plus, il y a un nom pour ça.
00:06:33 Oui, mais pour ne pas être mortel, il ne faut pas être vivant.
00:06:37 Et effectivement, si je fais tout faire par des robots,
00:06:40 c'est déjà le cas, on travaille de moins en moins.
00:06:43 J'ai vu que dans les supermarchés, maintenant, il y a une machine
00:06:46 qui nettoie le supermarché, donc ce ne sont plus des humains qui font ça.
00:06:49 J'ai voulu acheter un ticket de cinéma l'autre jour,
00:06:52 impossible de trouver un être humain, il a fallu que j'aille à une machine.
00:06:55 Les ordinateurs remplacent nos cerveaux.
00:06:59 - Bien. - Oui, et on voit que ça n'empêche pas
00:07:02 que le monde actuellement est terriblement anxiogène
00:07:05 pour beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens.
00:07:07 Il y a juste le titre d'ailleurs.
00:07:08 - D'autant plus, c'est que nous n'avons plus d'endroits pour décharger nos pulsions.
00:07:12 Nous n'avons plus ces endroits, la discussion avec la personne
00:07:15 dans le magasin, ça n'existe plus.
00:07:17 La discussion avec la personne à l'entrée du cinéma
00:07:20 qui va vous conseiller un film qu'elle a eu la chance de pouvoir voir,
00:07:23 ça n'existe plus.
00:07:24 Nous sommes en train de nous renfermer, nous enterrer.
00:07:27 - Eh bien nous, on va essayer pendant ces deux heures
00:07:30 d'aborder ce sujet.
00:07:33 Alors évidemment, comme je le dis souvent,
00:07:37 dire qu'on n'a pas peur de la mort, c'est totalement ridicule
00:07:39 parce que de toute façon, c'est l'inconnu.
00:07:41 - C'est naturel d'avoir peur de la mort, c'est normal.
00:07:42 - Comme c'est l'inconnu, on a forcément peur de l'inconnu.
00:07:44 Enfin, je veux dire, moi, c'est Krishnamurti qui m'a fait découvrir ça.
00:07:49 - Oui, que la peur de la mort était normale.
00:07:51 - Oui, et je pense que c'est vraiment important.
00:07:53 Quelqu'un qui nous dit "moi, je n'ai pas peur de la mort",
00:07:56 c'est quelqu'un qui est dans le déni.
00:07:57 - C'est quelqu'un qui est inconscient de la réalité.
00:08:00 - Qui au fond, raconte des histoires,
00:08:02 même si on peut s'inventer des tas de choses,
00:08:05 qu'il y a une vie après la mort, qu'il y a le paradis.
00:08:08 - De toute façon, nous aurons peur parce que nous avons peur de l'inconnu
00:08:11 et nous ne savons pas ce qui va se passer.
00:08:13 Personne ne le sait, en fait.
00:08:15 Certains le croient, mais même les croyants affichent une croyance,
00:08:19 mais est-ce qu'ils en sont vraiment convaincus à l'intérieur ?
00:08:21 Il n'empêche qu'au moment de la mort, beaucoup ont peur.
00:08:23 - Exactement, c'est pour ça que c'est important.
00:08:27 Moi, j'ai trouvé que c'était aussi important,
00:08:29 pour introduire ce sujet un peu particulier,
00:08:32 Jean-Charles Bouchoud, c'est de rappeler qu'on parle de la petite mort
00:08:36 quand on a un orgasme.
00:08:38 C'est intéressant quand même.
00:08:40 - Oui, parce qu'il peut y avoir aussi une petite tristesse,
00:08:42 mais ça, c'est plutôt les hommes.
00:08:44 Chez les hommes, effectivement, après la décharge,
00:08:46 on a un manque d'énergie.
00:08:49 Ils souvent s'endorment, d'ailleurs.
00:08:50 - Oui, une sorte de vide.
00:08:52 Il y a un moment d'endormissement qui se produit tout de suite après,
00:08:56 comme pour échapper à la réalité, ou pour récupérer des forces.
00:09:00 - J'aime bien aussi cette notion d'élan vital
00:09:04 qui est en nous, qui est en chacun de nous,
00:09:06 et qui, parfois, est très endormi, si je puis dire,
00:09:11 parce qu'il n'est jamais complètement éteint.
00:09:12 On voit bien que chez les gens qui ont une sexualité plutôt riche,
00:09:18 il y a cet élan vital.
00:09:20 On revient encore une fois à cette notion d'énergie positive.
00:09:24 - Mais moi, par contre, j'ai remarqué que quand j'étais dans une période de création,
00:09:28 j'avais moins de désirs sexuels.
00:09:31 Parce que mon énergie, ma libido, est utilisée dans l'acte de création.
00:09:36 Et à ce moment-là, j'ai même un peu envie de la garder jalousement, mon énergie.
00:09:39 Je la partage pas.
00:09:40 Le temps de l'écriture, et puis ensuite, ça revient.
00:09:43 - Ça fait penser à la théorie qui, pour l'instant,
00:09:46 n'a pas une réponse scientifique absolue.
00:09:49 Est-ce que la veille d'un match, il ne faut pas faire l'amour pour garder son énergie ?
00:09:54 Ou est-ce que c'est pas grave ?
00:09:57 - Il faut peut-être un juste milieu.
00:09:58 Peut-être qu'il faut avoir une activité sexuelle suffisante pour se sentir bien.
00:10:02 - Et pas être épusé.
00:10:04 - Ne pas avoir tout donné la veille du match.
00:10:06 - Oui, ça doit être possible.
00:10:08 - Dans le Tao, il conseille, pour les hommes,
00:10:10 je parle des hommes parce que je ne sais pas comment ça se passe chez les femmes,
00:10:14 il conseille une activité sexuelle abondante,
00:10:17 mais qui n'aboutit pas, ou qui aboutit rarement.
00:10:19 - Donc sans éjaculation.
00:10:21 - Ou très peu.
00:10:23 Ça dépend des âges, et ça dépend des saisons.
00:10:25 - Ça dépend peut-être du sport.
00:10:27 - Qu'on veut pratiquer ensuite, oui bien sûr.
00:10:29 - Je ne sais pas.
00:10:31 On dit quand même qu'un homme qui a beaucoup fait l'amour,
00:10:35 le lendemain matin, il a la jambe un peu coupée.
00:10:37 - Oui, le soir même.
00:10:39 - Oui, le soir même.
00:10:41 C'est pour ça qu'il s'endort sans doute.
00:10:43 - En tout cas, on va essayer d'aborder ce sujet,
00:10:45 évidemment avec beaucoup de relativité,
00:10:49 parce que je crois que ce sont des sujets
00:10:51 où personne ne peut avoir une vraie réponse,
00:10:53 puisque personne n'est revenu.
00:10:55 - De l'autre côté, non, je ne crois pas.
00:10:57 Moi j'ai eu un petit aperçu dans la jungle,
00:10:59 parce que là-bas, on vous prépare des décoctions
00:11:01 à base de liane, appelée liane de la mort,
00:11:03 qui fait voir un petit peu ce qui se passe ensuite.
00:11:07 C'est vrai que nous ne devrions pas être aussi inquiets.
00:11:09 Mais il n'empêche que ça reste naturel d'avoir peur de la mort.
00:11:13 Vous pouvez en tout cas réagir vous aussi au 0826 300 300.
00:11:17 On est avec Jean-Charles Bouchoud,
00:11:19 psychanalyste, psychothérapeute
00:11:21 et auteur de nombreux livres.
00:11:23 Le dernier, "Les violences invisibles",
00:11:25 aux éditions Le Courrier du Livre.
00:11:27 - 14h16, Brigitte Laé, Sud Radio.
00:11:31 - C'est avec Jean-Charles Bouchoud
00:11:33 que nous parlons du sexe et de la mort,
00:11:35 de grands thèmes qui sont inépuisables.
00:11:39 - Oui, on en avait déjà parlé,
00:11:41 on en parlera certainement encore.
00:11:43 - Évidemment.
00:11:45 Et on commence avec Laetitia qui est avec nous.
00:11:47 Bonjour Laetitia, merci de prendre la parole.
00:11:49 - Bonjour Brigitte, bonjour Jean-Charles.
00:11:51 - Bonjour Laetitia.
00:11:53 - On vous écoute, allez-y.
00:11:55 - Voilà, il y a eu une appréhension de la mort
00:11:59 au moment de l'annonce de mon cancer.
00:12:01 - Oui, bien sûr.
00:12:03 - Il y a une dizaine d'années.
00:12:07 Et je dois dire que ça a pas mal impacté ma vie.
00:12:11 Surtout l'annonce.
00:12:13 On part dans un tourbillon,
00:12:17 on se dit "quand est-ce qu'on en aura arrivé ?"
00:12:21 C'est assez déstabilisant.
00:12:25 - Oui, parce que c'est une prise de conscience
00:12:27 directe de sa mortalité
00:12:29 que quelque part,
00:12:31 on a tous toujours tendance
00:12:33 un petit peu à oublier, et c'est normal.
00:12:35 - Oui, comment est-ce que ça va impacter votre vie
00:12:37 en positif ou en négatif ?
00:12:39 - Alors, au départ en négatif,
00:12:43 et à l'heure d'aujourd'hui en positif,
00:12:47 je croque la vie.
00:12:49 - C'est ça, vous vous êtes tournée vers la vie,
00:12:51 c'est un petit peu ce que nous disions tout à l'heure
00:12:53 au sujet des guerres. Quand on est confronté à la mort,
00:12:55 on est pris par une pulsion de vie.
00:12:57 Et en plus, je crois que c'est thérapeutique.
00:13:01 - Je pense que, enfin, pour moi,
00:13:03 c'est un mal pour Ambien.
00:13:05 - Oui.
00:13:07 - Ça nous permet de s'arrêter sur des choses
00:13:11 où on voit la vie défiler tout le temps,
00:13:14 on est toujours dans le speed,
00:13:16 on fait tout à 200 à l'heure.
00:13:18 Et la maladie nous rappelle qu'il faut prendre le temps
00:13:21 de se faire et de vivre, de voir les choses.
00:13:25 Je trouve la vie beaucoup plus colorée.
00:13:29 C'est impressionnant.
00:13:31 J'ai eu un changement radical, on va dire.
00:13:37 - Et puis vous êtes guérie aujourd'hui ?
00:13:39 - Oui, c'est terminé.
00:13:41 - Oui, et puis 10 ans, vous pouvez à priori être tranquille,
00:13:45 même si malheureusement, à un moment ou à un autre,
00:13:48 elle arrivera, la faucheuse, mais au moins,
00:13:50 ce n'est pas votre cancer qui vous a eu, comme on dit.
00:13:53 Et dans votre vie amoureuse, ça a eu un impact positif ?
00:13:58 - Ça a eu un gros impact négatif, on va dire.
00:14:02 Il n'y a quasiment plus de relations homosexuelles.
00:14:06 - Mais de votre fête ou de votre partenaire ?
00:14:10 - Du partenaire.
00:14:12 - Oui, c'est ça. Il a peur de vous faire du mal, peut-être ?
00:14:14 - On n'arrive pas à mettre de mots dessus.
00:14:18 - D'accord.
00:14:19 - On ne comprend pas, oui. C'est très compliqué.
00:14:22 - Il a eu peur, j'imagine qu'il a eu peur de vous perdre quand vous...
00:14:26 - Je pense qu'il a eu la peur, il y a eu aussi la perte de la féminité avec les cheveux.
00:14:31 C'est d'une violence, je crois que c'est pire que tout, la perte des cheveux.
00:14:36 - Oui, mais comment réagissait-il quand il vous voyait justement avec votre crâne ?
00:14:43 - Normalement, je pense qu'il a fait bonne figure,
00:14:47 parce qu'il m'a épaulée tout au long de la maladie,
00:14:53 et je pense que ça a été quelque chose qu'il a gardé.
00:14:57 - Mais il a peut-être un petit fond dépressif qu'il n'a pas réussi à dépasser.
00:15:02 Il faudrait peut-être voir ça, parce que visiblement, il vous a accompagné,
00:15:08 il a été là, présent.
00:15:11 Donc si sa libido est partie depuis ce moment-là,
00:15:15 il y a peut-être quelque chose qui traîne, là, non ?
00:15:18 - C'est comme si ça avait réveillé un traumatisme déjà pré-existant.
00:15:23 - C'est exact, oui.
00:15:25 Et la seule chose, c'est qu'on avait une sexologue, une psychologue,
00:15:29 on s'est fait une thérapie de couple, il n'y a rien qui fonctionne.
00:15:32 - Mais ce n'est pas le couple qui est un problème, visiblement, c'est lui.
00:15:35 - Oui, on a essayé d'explorer tout ce qu'on pouvait explorer.
00:15:42 Et il a fait du sous-hypnose.
00:15:48 - De l'EMDR ?
00:15:49 - Oui, du EMDR.
00:15:51 Et il fait de la résistance.
00:15:53 - Il faudrait qu'il essaie. Ah, il fait de la résistance.
00:15:56 - Mais dans sa vie d'avant, vous connaissez un petit peu
00:16:03 une perte qu'il aurait pu avoir d'un parent ?
00:16:07 - Non.
00:16:08 - Parce que le traumatisme s'installe généralement sur une répétition.
00:16:11 - Un après-coup, oui.
00:16:12 - Et sur une répétition, les traumatismes complexes.
00:16:15 Donc il doit y avoir un événement dans son histoire
00:16:19 et vraisemblablement dans son enfance qui a été réveillé.
00:16:23 - Votre cancer a réactivé quelque chose qu'en tant qu'enfant,
00:16:28 il n'a pas pu assimiler.
00:16:30 Et c'est ce qui fait que ça traîne.
00:16:32 Parce que ce n'est pas normal que là, vous avez retrouvé vos cheveux,
00:16:36 vous avez retrouvé visiblement un bel élan vital.
00:16:39 Donc il n'y a pas de raison que ça ne puisse pas fonctionner pour lui.
00:16:42 - Le lâcher prise, on l'a quand on part en voyage.
00:16:46 Là, on arrive un petit peu, mais c'est...
00:16:49 - Partez faire le tour du monde.
00:16:51 - C'est ce qu'on a l'habitage de faire.
00:16:53 - Mais vous savez, j'ai entendu une histoire d'un monsieur qui avait un cancer
00:16:59 et comme c'était trop avancé, les médecins lui ont dit
00:17:01 on ne peut plus rien faire à ce niveau-là.
00:17:03 La personne a dit, il lui restait trois ou six mois à vivre.
00:17:06 Il a dit, puisque c'est ça, je pars faire le tour du monde.
00:17:08 Et puis je mourrai certainement au cours de mon voyage.
00:17:11 Et puis il a fait son tour du monde.
00:17:12 Quand il est revenu, il était étonné d'être toujours en vie.
00:17:14 Il est allé faire des examens et on ne lui a plus rien trouvé.
00:17:18 C'est-à-dire qu'à partir du moment où il s'est tourné vers la vie,
00:17:22 sa maladie a régressé.
00:17:24 - Son système immunitaire a détruit les cellules cancéreuses.
00:17:27 - Oui.
00:17:29 - De toute façon, le cancer est une maladie très particulière.
00:17:34 On en a parlé lundi et c'est vrai que c'est une maladie très particulière.
00:17:38 Non mais sincèrement, je pense que votre mari,
00:17:41 il faudrait trouver ce qui s'est passé
00:17:44 qui fait que quand vous avez eu votre cancer, ça a redéclenché ce traumatisme.
00:17:50 Parce que là, dans ce que vous dites,
00:17:52 je pense qu'il y a un petit fond comme ça dépressif qui coupe la libido.
00:17:56 - Oui, il a peur, il ne s'en rend pas compte, mais il a peur de quelque chose.
00:17:58 - Oui, parce que c'est inconscient.
00:18:00 - Oui, c'est inconscient.
00:18:02 - C'est vraiment inconscient. Il n'est incapable de mettre de mots dessus.
00:18:05 - Ses parents sont encore en vie ?
00:18:08 - Sans moment.
00:18:10 - Questionnez-la.
00:18:12 - Elle a Alzheimer.
00:18:14 - Ah, c'est embêtant.
00:18:16 - C'est plus au monsieur de questionner, je pense, de trouver des solutions.
00:18:18 - Oui, bien sûr.
00:18:20 - Parce que si madame comprend, chez lui, ça ne va rien résoudre du tout.
00:18:23 - D'accord, mais elle pourra peut-être lui mettre sur la piste.
00:18:25 - Oui.
00:18:26 - Mais lui, il n'a pas l'air de vouloir trop avancer, si ?
00:18:29 - Ce n'est pas qu'il ne veut pas, c'est que là, on a essayé plein de choses,
00:18:34 et puis au bout d'un moment, ça fait quoi ?
00:18:37 Ça fait 5-8 ans qu'on...
00:18:39 - Oui, oui.
00:18:41 - Donc bon, il va se faire.
00:18:42 - Alors, c'est toujours la même histoire, Laëtitia,
00:18:44 c'est que peut-être, de manière tout à fait inconsciente,
00:18:46 ce serait tellement douloureux de trouver la raison qui fait que ça bloque,
00:18:50 qu'il préfère ne pas trouver...
00:18:52 Enfin, je veux dire, là, je suis en train de dire quelque chose de très rationnel
00:18:55 sur de l'irrationnel, mais...
00:18:57 - Oui, bien sûr.
00:18:59 - Oui.
00:19:00 - Écoutez, en tout cas, vous, visiblement, ça vous a apporté quelque chose,
00:19:07 mais c'est un peu triste pour votre couple, quand même.
00:19:09 - C'est ça, c'est un peu triste.
00:19:12 J'essaye de le booster, mais voilà.
00:19:15 - Moi, je pense qu'il faut arrêter d'essayer de le booster,
00:19:18 parce que c'est son histoire, et je pense qu'au contraire,
00:19:22 laissez-le peut-être un peu plus tranquille, prenez-vous la vie du bon côté,
00:19:27 et peut-être qu'à ce moment-là, il va avoir envie de bouger,
00:19:32 mais je pense qu'il est peut-être temps de le laisser un petit peu se débrouiller.
00:19:38 Peut-être. Mais encore une fois, c'est vous qui voyez, bien sûr.
00:19:42 - Oui, oui, oui.
00:19:44 - Merci, en tout cas, Laëtitia.
00:19:45 - Merci beaucoup à tous les deux.
00:19:47 - Merci à vous.
00:19:48 On fait une petite pause, Jean-Charles Bouchoud,
00:19:50 et on continue dans un instant avec Annick, qui nous rejoint.
00:19:53 - Nous sommes en compagnie de Jean-Charles Bouchoud,
00:20:00 aujourd'hui psychanalyste, psychothérapeute.
00:20:03 Je rappelle que vous exercez à Montpellier,
00:20:06 mais qu'on peut évidemment aussi vous appeler,
00:20:10 vous pouvez aussi faire des consultations par téléphone.
00:20:13 - Oui, c'est quelque chose que j'ai découvert avec le confinement,
00:20:15 et c'est drôle, parce que vous m'auriez posé la question il y a 3 ou 4 ans,
00:20:17 j'aurais dit non, c'est pas possible.
00:20:19 - En fait, on fait un très, très bon travail par téléphone.
00:20:21 - Oui, oui, bien sûr.
00:20:23 Regardez le travail qu'on fait à la radio.
00:20:25 - Voilà, c'est excellent.
00:20:27 Puis moi, ça me permet de recevoir des personnes qui sont à l'étranger, par exemple,
00:20:29 ou même aux quatre coins de la France.
00:20:32 - Bien sûr.
00:20:33 Et puis c'est Annick qui nous rejoint.
00:20:35 Bonjour, Annick.
00:20:36 - Bonjour, Brigitte.
00:20:37 Bonjour, Jean-Charles.
00:20:38 - Bonjour, Annick.
00:20:39 - Bonjour, merci de m'accueillir sur l'antenne,
00:20:42 sur cette thématique qui a résonné en moi.
00:20:47 Après, vous me direz si ça peut effectivement être dans le sujet.
00:20:54 En fait, ça a aveillé quelque chose chez moi,
00:20:57 ce lien entre la sexualité, la vie et la mort.
00:21:02 Moi, je suis en couple avec mon mari depuis 23 ans.
00:21:07 Et en fait, dès le départ de notre relation,
00:21:10 rapidement, avant même nos premières relations sexuelles, justement,
00:21:15 j'ai appris qu'il avait perdu un de ses oncles qui était mort du sida.
00:21:20 Il était homosexuel, il est mort du sida.
00:21:22 Et forcément, ça devait être trois ans avant notre rencontre.
00:21:27 Un raz-de-marée dans la famille.
00:21:29 Mais du coup, j'ai toujours un peu...
00:21:32 Au départ, ça a beaucoup freiné, en fait, le démarrage, justement,
00:21:36 de notre relation charnelle.
00:21:39 On a mis plusieurs mois, je pense, à avoir les premiers rapports.
00:21:43 Il y avait toujours quelque chose.
00:21:45 Soit il n'était pas en forme, soit d'autres raisons
00:21:50 qui faisaient que ça ne fonctionnait pas ou que ce n'était pas le moment.
00:21:53 Donc, ça, c'était un peu au début.
00:21:56 Après, ça a pris un chemin normal.
00:22:00 - Donc, il était très marqué par la mort de son oncle.
00:22:04 - Je pense que c'est surtout...
00:22:06 C'était le frère de sa maman.
00:22:08 Et assez rapidement, il voulait se protéger.
00:22:11 Il voulait se protéger des rapports, ce qui était normal.
00:22:14 - Il avait peur lui-même d'attraper le sida.
00:22:17 - Oui, voilà. C'est ça.
00:22:19 - Oui, c'est vrai qu'en pleine épidémie du sida,
00:22:23 il y a eu un frein, pas pour tous, mais pour beaucoup de gens.
00:22:28 - J'imagine que vous avez fait des prises de sang.
00:22:30 Très rapidement, vous avez été rassuré.
00:22:32 - Exactement. Oui, c'est vrai.
00:22:34 Ça me paraît tellement loin qu'à l'époque, on avait fait ça.
00:22:37 Donc, oui, exactement, ça l'avait rassuré.
00:22:39 Mais je pense qu'il y a autour de ça
00:22:41 une notion de blocage du plaisir.
00:22:45 Et de...
00:22:47 Voilà, comme si c'était quelque chose...
00:22:49 Pas de mauvais, mais enfin, presque.
00:22:52 Mais pour autant, le reste...
00:22:54 Enfin, je veux dire, après, ça s'est poursuivi
00:22:56 de façon plutôt normale, enfin, équilibrée.
00:23:00 On a eu un petit garçon.
00:23:02 Mais il y a eu beaucoup de conflits également dans le couple.
00:23:05 Donc, je pense qu'on peut assez vite rapprocher
00:23:09 la mort, les douleurs du couple
00:23:14 à la qualité de la vie sexuelle,
00:23:16 puisque, bon, à des moments, c'était plutôt
00:23:18 se tourner le dos plutôt que d'avoir envie de se prendre dans les bras.
00:23:21 Ceci dit, le désir n'est jamais parti.
00:23:23 Mais je trouve qu'aujourd'hui,
00:23:26 il a du mal...
00:23:28 Enfin, il a à nouveau des blocages.
00:23:31 C'est-à-dire qu'il n'a plus l'érection.
00:23:34 Et pour autant, il va avoir le désir entre nous
00:23:38 très fort pour se stimuler.
00:23:40 Ça me semble l'essentiel pour la durée d'un couple.
00:23:45 Et voilà, c'est hyper présent.
00:23:50 Sauf qu'au moment de l'acte, il n'y a plus rien.
00:23:53 Et lui-même est complètement perturbé par ça.
00:23:55 Et j'ai du mal à...
00:23:57 Du coup, maintenant, j'ai peur d'aller vers lui
00:24:00 ou de commencer une démarche.
00:24:02 - Oui, pour le mettre en échec.
00:24:05 Mais cette difficulté érectile,
00:24:08 il faut déjà voir si elle est d'ordre fonctionnel ou psychologique.
00:24:13 - Il faut consulter, donc.
00:24:15 - Parce que là, il a quel âge, là, aujourd'hui ?
00:24:17 - Il est 47.
00:24:19 - 47, c'est tôt quand même.
00:24:21 Mais on ne sait jamais s'il a un début de diabète
00:24:23 ou un problème artériel.
00:24:26 Au contraire, même, je le rappelle souvent à l'antenne,
00:24:29 c'est important.
00:24:31 - Le premier indice, parfois, de problème cardiaque
00:24:34 peut être des pannes érectiles.
00:24:36 - Ah oui, c'est ça.
00:24:38 - Je n'ai pas dit que c'était ça.
00:24:40 - Non, mais ça me semble des petits éléments indicateurs
00:24:44 qu'il ne faut pas négliger.
00:24:46 - Parce que là, vous dites bien qu'il a du désir.
00:24:49 Donc, il n'y a pas de raison,
00:24:51 à moins qu'il y ait quelque chose qui se soit passé dans votre couple.
00:24:54 - Non, je pense que...
00:24:57 Enfin, oui.
00:24:59 - Non, mais vous avez l'air d'être suffisamment à l'écoute de votre compagnon.
00:25:02 Donc, je pense que là, vraiment, ça nécessite un examen
00:25:06 auprès d'un médecin, déjà,
00:25:09 de faire un Doppler pour voir ce qu'il en est.
00:25:12 - Oui, peut-être.
00:25:14 - Parce que si ça se trouve, il y a juste quelque chose à régler
00:25:17 sur le plan médical.
00:25:19 - Ou peut-être, comme nous le disions tout à l'heure,
00:25:21 quelque chose dans l'inconscient qui reste à trouver.
00:25:24 - Oui, c'est ça. Je pense que...
00:25:26 Non, mais vraiment, je me pose la question.
00:25:28 C'est vrai que j'ai du mal à avancer le sujet.
00:25:31 Mais...
00:25:33 Oui, exclure peut-être déjà la raison physique et de santé
00:25:38 pour ensuite aller chercher plus...
00:25:40 - Oui, si sur le plan médical, il n'y a rien à ce moment-là,
00:25:44 oui, il y aura peut-être une question.
00:25:46 Mais bon, vous savez, 47 ans, il approche de la cinquantaine.
00:25:49 Pour peu que son travail ne soit plus tout à fait machin...
00:25:52 Enfin, il y a plein de questions qui peuvent aussi se poser.
00:25:55 - C'est ça. C'est ça.
00:25:57 - Vous êtes bien avec le fait que vous vous soyez disputée
00:25:59 à une période de votre existence.
00:26:01 - Oui, oui, oui, parce qu'il y a quand même eu pas mal de coupures.
00:26:04 Et on arrivait toujours à recréer quand même
00:26:08 cette attirance charnelle,
00:26:11 donc d'être bien l'un avec l'autre.
00:26:15 - Et maintenant, vous ne vous disputez plus?
00:26:17 - Bien sûr, bien sûr.
00:26:19 (rires)
00:26:21 - Non, parce que comme la dame précédente qui disait
00:26:23 "il faut que nous voyageons pour qu'il y ait une érection",
00:26:25 peut-être qu'il faut que vous vous disputiez
00:26:27 pour qu'il y ait une érection.
00:26:29 Parce que nous avons commencé l'émission en disant
00:26:31 qu'en temps de guerre, on avait plus de désirs sexuels.
00:26:34 Eh bien, une dispute à la maison, c'est une guerre.
00:26:37 Et les réconciliations sur l'oreiller, ça peut être magnifique.
00:26:41 - Oui, mais tout à fait.
00:26:43 Non, mais c'est pour ça que c'est toute la...
00:26:45 Oui, oui, bien sûr.
00:26:47 Mais je pense qu'il y a eu dans son esprit
00:26:49 à un moment donné quelque chose, je ne sais pas,
00:26:51 qui s'est joué devant de l'inconscient
00:26:53 d'une forme peut-être d'échec.
00:26:55 Et en même temps, c'est souvent lui qui fait la démarche
00:26:59 de venir vers moi aussi.
00:27:01 Et ça se fait naturellement.
00:27:03 Mais alors c'est frustrant quand ça ne va pas jusqu'au bout.
00:27:07 Et pour lui aussi, c'est un peu tabou
00:27:09 dans le sens où on n'arrive pas vraiment à...
00:27:11 - Oui, il ne faut pas laisser ça s'installer
00:27:13 parce que ça crée ensuite un évitement sexuel.
00:27:17 - Après, on peut avoir des relations sexuelles
00:27:19 sans érection.
00:27:21 - C'est sûr, mais il faut que ça soit d'un commun accord
00:27:25 et que ce soit discuté à deux.
00:27:29 - Il ne faut pas que la panne d'érection
00:27:31 soit un coup près qui arrête toute activité.
00:27:33 - Oui, tout à fait.
00:27:35 - On peut se faire plaisir autrement,
00:27:37 on peut se faire des massages.
00:27:39 - Oui, oui, tout à fait.
00:27:41 - Mais il en dit quelque chose, lui, de ces pannes ?
00:27:45 - Il est un peu tout penaud.
00:27:49 Et derrière, on n'en parle pas directement.
00:27:57 Soit ça arrive trop vite et ça repart,
00:27:59 soit...
00:28:01 Du coup, autant on a pu consulter des thérapeutes
00:28:07 pour l'aspect psychologique et relationnel de notre couple,
00:28:11 mais pas tellement sur la partie sexuelle.
00:28:13 Je pense que ça pourrait être...
00:28:15 - C'est important, oui, parce que vous êtes jeunes,
00:28:17 vous n'allez pas faire l'impasse de la sexualité,
00:28:21 donc il faut mettre des mots sur les mots, justement,
00:28:25 de ces pannes d'érection.
00:28:27 - Tout à fait.
00:28:29 - Mais comme vous avez parlé d'abord de cet oncle
00:28:33 qui est mort du sida,
00:28:35 vous pensez qu'il pourrait y avoir un lien entre les deux, ou pas ?
00:28:39 - Je pense qu'il y a quelque chose qui le...
00:28:45 - Vous pensez qu'il avait quel âge quand il est mort, cet oncle ?
00:28:47 - Il avait l'âge qu'il a maintenant.
00:28:51 Son oncle est mort à 47 ans, mais son nom ça n'a rien à voir.
00:28:55 - Ah si, justement.
00:28:57 Comme vous avez l'air de faire le lien,
00:29:00 c'est peut-être parce qu'il a l'âge de la mort de son oncle
00:29:03 et qu'il a été...
00:29:05 C'est pour peu qu'il ait vu cet oncle,
00:29:07 parce qu'on sait qu'à l'époque,
00:29:09 les gens qui mouraient du sida,
00:29:11 on les voyait dans des états de cadavérique.
00:29:13 - Oui, je pense qu'il est du sida.
00:29:15 - Donc ça peut être une sorte de culpabilité
00:29:21 de la mort de cet oncle
00:29:23 qui fait que ça lui coupe tout.
00:29:25 Enfin, c'est une piste.
00:29:27 - Oui, mais moi, à l'instant, je ferais ça,
00:29:29 mais j'en ai chair de poule en vous parlant
00:29:31 parce que je n'avais pas réalisé que c'était l'âge...
00:29:33 Il a l'âge de son oncle lorsqu'il est mort.
00:29:37 - Et bien voilà, donc vous avez quand même une piste
00:29:39 qui me paraît nécessaire à élaborer.
00:29:43 Et peut-être que lui n'a pas fait le lien.
00:29:45 - Non, mais pas du tout.
00:29:47 Je pense qu'il n'est pas peut-être dans cette...
00:29:49 Jusque là, mais je pense que ça mérite de mettre en avant le sujet
00:29:55 et puis d'explorer davantage
00:29:57 pour nous permettre de vivre,
00:29:59 de continuer à vivre pleinement notre sexualité
00:30:01 entre deux conflits.
00:30:03 - Oui, mais les conflits, ça c'est...
00:30:05 Je crois que vous en avez fait votre pain blanc,
00:30:07 si je puis dire, donc ça, c'est pas grave.
00:30:09 Mais non, mais écoutez, en tout cas, ça peut être...
00:30:13 Enfin, on sait qu'il y a une sorte de tranche générationnelle,
00:30:17 parfois, qui existe dans la vie de chacun.
00:30:21 - Oui, en même temps, on parle de l'oncle.
00:30:23 Et puis, quand Annick l'avait évoqué au départ,
00:30:26 c'était par rapport aux relations du début.
00:30:28 - Oui, c'était le début.
00:30:30 - Moi, ce que je m'étais dit, c'est que quelquefois,
00:30:32 quand on est très amoureux d'une personne,
00:30:34 elle peut nous impressionner et quelquefois, au début,
00:30:36 on n'est pas forcément très à l'aise.
00:30:38 Et c'est peut-être pour ça qu'il avait retardé
00:30:40 vos premiers rapports.
00:30:42 - Oui.
00:30:43 - En tout cas...
00:30:45 - Oui, mais après, je suis redevenue normale,
00:30:48 même si c'est pas un fou dans deux gammes,
00:30:51 en ce sens, ou par rapport à d'autres hommes.
00:30:53 Je pense qu'il n'est pas aussi demandeur que ça.
00:30:56 - Bon, écoutez, en tout cas, Annick,
00:30:58 allez chercher la réponse,
00:31:01 parce que je pense qu'il faut retrouver...
00:31:03 Enfin, il faut que votre couple retrouve une sexualité.
00:31:05 C'est tellement essentiel.
00:31:07 Surtout si vous avez tendance à avoir
00:31:09 des petits conflits régulièrement.
00:31:11 C'est d'autant plus important que la sexualité
00:31:13 efface ces petits conflits qui sont là.
00:31:17 - Oui, oui.
00:31:19 Merci beaucoup de votre écoute et de vos conseils.
00:31:21 - Je vous en prie. Merci à vous, Annick.
00:31:23 - A bientôt. Merci. - Au revoir.
00:31:25 - On continue avec Pierre, qui va répondre
00:31:27 à trois questions intimes. Bonjour, Pierre.
00:31:29 - Bonjour, Bézi. Bonjour, Jean-Charles.
00:31:31 - Bonjour, Pierre. - Vous êtes prêts ?
00:31:33 On y va ? - Oui.
00:31:35 - Alors, première question.
00:31:37 Si vous étiez un animal, quel animal
00:31:39 aimeriez-vous être sexuellement ?
00:31:41 - Oh ! Euh...
00:31:43 Je m'attendais pas à ça.
00:31:47 - Mais non, mais j'aime bien cette question,
00:31:49 parce qu'elle laisse complètement ouvert l'imaginaire.
00:31:51 Allez-y, dites-moi.
00:31:53 - Euh...
00:31:55 Un inséparable.
00:31:57 - Ah ! - Très beau, ça.
00:31:59 - Oui. Seriez-vous un adepte
00:32:01 de la fusion ?
00:32:03 - Oui, totalement. - N'est-ce pas ?
00:32:05 Deuxième question.
00:32:07 Bah tiens, justement, puisqu'on vient d'en parler,
00:32:09 si vous aviez une panne d'érection,
00:32:11 comment vous réagisseriez-vous ?
00:32:13 Avec humour ou avec panique ?
00:32:15 - Beaucoup d'humour. - Oui ?
00:32:17 - Parce que j'en suis pas ma première et je sais que ce sera pas la dernière.
00:32:19 - Bon. On va écouter.
00:32:21 - C'est important
00:32:23 de transmettre ce message aux femmes
00:32:25 qui écoutent. Dédramatisez,
00:32:27 s'il vous plaît, dédramatisez, parce que
00:32:29 quand on dramatise, on
00:32:31 accroît le problème.
00:32:33 - Ça, c'est totalement vrai. - C'est vrai, hein ?
00:32:35 - Quand on est fatigué ou quoi, il peut y avoir plein de facteurs
00:32:37 qui font qu'on a une panne.
00:32:39 Je m'embarrasse plus avec ça.
00:32:41 - Oui, non mais en plus, vous avez tellement raison.
00:32:43 Une petite panne de temps en temps, c'est franchement pas grave.
00:32:45 Et c'est parce qu'on va dramatiser
00:32:47 que la panne va rester...
00:32:49 - C'est ça ? - Oui, oui.
00:32:51 - La fois d'après, il y a à nouveau une panne, etc.
00:32:53 Et dernière question, est-ce que vous fantasmeriez
00:32:55 sur un trio ?
00:32:57 - Oui, carrément.
00:32:59 C'est un truc qu'on s'est
00:33:01 posé pas mal de temps avec ma femme pour le faire.
00:33:03 Elle,
00:33:05 elle l'a déjà vécu plusieurs fois.
00:33:07 C'était encore en
00:33:09 question, je dirais, il y a même pas six mois.
00:33:11 Et puis là,
00:33:13 on s'est consacré un peu plus à nous deux.
00:33:15 Mais c'est pas
00:33:17 du tout exclu que ça se fasse.
00:33:19 - N'est-ce pas ?
00:33:21 Bon, il faudra venir nous raconter ça.
00:33:23 Je vous laisse pour l'instant poser une question
00:33:25 à Jean-Charles Bouffouille, il vous écoute.
00:33:27 - Alors moi, j'aurais une question, du coup,
00:33:29 sur la mort et sur votre parcours.
00:33:31 Est-ce que ça vous est déjà
00:33:33 arrivé d'être confronté à des expériences
00:33:35 de mort imminente ou des
00:33:37 expériences que des patients vous auraient racontées ?
00:33:39 - Non.
00:33:41 Non, non, non. Je n'ai aucun patient qui m'a raconté
00:33:43 d'expériences de mort imminente.
00:33:45 Moi, la seule approche que j'ai pu en avoir,
00:33:47 je l'ai évoqué déjà tout à l'heure, c'est que j'étais dans la jungle,
00:33:49 en Amazonie, et quand en Amazonie, on m'a
00:33:51 donné des décoctions
00:33:53 de plantes appelées lianes
00:33:55 de la mort qui nous font entrer
00:33:57 dans des états proches, semble-t-il,
00:33:59 il me semble, de ce que pourrait
00:34:01 être justement une mort imminente.
00:34:03 Et j'en discutais justement, nous l'avons évoqué
00:34:05 tout à l'heure avec Natacha Le Courtois
00:34:07 qui a écrit
00:34:09 un article sur la mort imminente
00:34:11 dans le journal
00:34:13 "Infinité", et elle me décrivait
00:34:15 comment ça se passait, j'ai trouvé beaucoup, beaucoup
00:34:17 de similitudes avec les visions que j'ai pu avoir dans la jungle.
00:34:19 Donc, je suis tenté de vous répondre
00:34:21 "oui".
00:34:23 - D'accord, ok.
00:34:25 Je vais du coup rechercher cet article, parce que ça m'intéresse.
00:34:27 - Ah oui. - Très bien, c'est
00:34:29 du magazine "Infinité" qui sort
00:34:31 en ce moment.
00:34:33 Merci Pierre, merci beaucoup. - Avec plaisir.
00:34:35 - On va faire une petite pause, et puis on revient
00:34:37 sur ce sujet avec Jean-Charles Bouchoud qui est avec nous.
00:34:39 - 14h16, Brigitte Lahaie,
00:34:43 Sud Radio.
00:34:45 - Jean-Charles Bouchoud est avec nous,
00:34:47 psychothérapeute, et nous évoquons
00:34:49 la vie, l'amour,
00:34:51 la mort, le sexe, tout ce qui fait
00:34:53 finalement qu'on est en vie, évidemment.
00:34:55 Bonjour Marjorie.
00:34:57 - Bonjour Brigitte, bonjour Jean-Charles.
00:34:59 - Bonjour Marjorie. - Oui, voilà.
00:35:01 Alors, bon, moi je vous appelle parce que
00:35:03 le sujet de l'émission,
00:35:05 je le trouve très intéressant.
00:35:07 Moi j'ai pas forcément
00:35:09 vécu de...
00:35:11 de mort imminente,
00:35:13 ou de deuil, 'fin j'ai vécu des deuils,
00:35:15 mais il y a tellement longtemps, quand j'étais jeune, donc j'avais
00:35:17 pas encore de sexualité.
00:35:19 Mais,
00:35:21 par contre,
00:35:23 j'ai vécu
00:35:25 une dépression.
00:35:27 - Ah oui. - Qui,
00:35:29 qui pendant
00:35:31 la période de dépression,
00:35:33 'fin vraiment le gros gros gros,
00:35:35 où j'avais des grosses angoisses et tout,
00:35:37 je dormais plus, 'fin c'était vraiment
00:35:39 infernal, donc là j'avais plus
00:35:41 aucune libido,
00:35:43 ce qui pour moi est assez rare.
00:35:45 Et,
00:35:47 vraiment pendant deux mois j'ai pas pensé
00:35:49 une demi-seconde.
00:35:51 Et ensuite, quand je me suis
00:35:53 sentie mieux, un peu mieux, doucement,
00:35:55 parce que ça va pas d'un coup super bien,
00:35:57 là je me suis dit
00:35:59 "Ah ben c'est peut-être le moment
00:36:01 de recommencer, ça va
00:36:03 me faire du bien en fait."
00:36:05 - Et vous avez
00:36:07 eu une dépression qui a duré combien de temps ? Elle a pas
00:36:09 duré longtemps, visiblement ? - Non,
00:36:11 'fin si, après ça a duré.
00:36:13 C'est-à-dire que le gros, vraiment le gros,
00:36:15 le, comment dire, le moment
00:36:17 où on se sent vraiment, 'fin,
00:36:19 moi je me suis sentie, j'ai l'impression
00:36:21 que, 'fin, je sais pas
00:36:23 comment expliquer ça, mais,
00:36:25 il fallait que je m'en sorte, sinon j'allais devenir folle.
00:36:27 Donc ça, ça a duré
00:36:29 deux, trois mois où vraiment c'était
00:36:31 l'enfer. Et après, au fur
00:36:33 et à mesure, ça s'est
00:36:35 amélioré lentement.
00:36:37 Mais le moment où ça s'est amélioré lentement,
00:36:39 'fin quand j'ai recommencé à avoir de la
00:36:41 sexualité, j'étais pas totalement
00:36:43 bien. Mais ça allait mieux et ça m'a
00:36:45 aidée. - Et ça vous a permis de rebondir.
00:36:47 Parce que, quand même, quand vous dites
00:36:49 "j'avais l'impression que j'allais
00:36:51 devenir folle", c'est pas trop des indices
00:36:53 non plus de vraie dépression, hein ?
00:36:55 - Ouais, mais, et puis il faut se dire
00:36:57 que parfois, on peut avoir besoin de régresser,
00:36:59 et c'est ce que vous avez fait, parce que
00:37:01 c'est vrai que trois mois c'est pas très long,
00:37:03 et ça peut être une nécessité dans la vie,
00:37:05 voilà, je tombe à zéro et j'y reste pendant trois mois.
00:37:07 Et ensuite vous en êtes sorti, et vous le dites
00:37:09 vous-même, vous vous êtes tourné vers la vie,
00:37:11 alors ça a pris la forme de la sexualité, ça aurait pu
00:37:13 prendre une autre forme, et ça en a peut-être même pris d'autres.
00:37:15 Et à ce moment-là, vous avez
00:37:17 lentement, vous êtes sorti de
00:37:19 cette dépression. Mais je me demande si
00:37:21 une fois de temps en temps, on n'a pas besoin d'une bonne dépression, quoi.
00:37:23 - Oui, en tout cas,
00:37:25 je pense que c'est pas la
00:37:27 dépression telle qu'on l'entend, où
00:37:29 il faut des années pour...
00:37:31 Non, je pense qu'il y a eu
00:37:33 une sorte comme ça de décompensation
00:37:35 qui... - Est-ce qu'il y avait
00:37:37 eu une série d'événements qui vous ont amené à ça ?
00:37:39 - Moi, c'est une rupture qui m'a...
00:37:41 Enfin, pas une rupture, c'est pas la rupture,
00:37:43 en fait, c'est une relation
00:37:45 qui était une mauvaise relation,
00:37:47 je me suis séparé,
00:37:49 et il y a eu
00:37:51 comment dire, la personne avec qui j'étais
00:37:53 directement
00:37:55 s'est remise avec quelqu'un d'autre, et ça, ça m'a
00:37:57 dévasté. - Ouais.
00:37:59 - Et après, voilà... - Oui, c'est un chagrin d'amour, ça.
00:38:01 - Ouais, mais il y a eu
00:38:03 un gros, gros... Enfin, voilà, pendant
00:38:05 trois mois, j'étais vraiment
00:38:07 méconnaissable, et après, il a fallu des années
00:38:09 avant que ça revienne
00:38:11 enfin...
00:38:13 quelque chose d'un peu
00:38:15 normal, quoi. - Mais comme je l'ai
00:38:17 évoqué déjà tout à l'heure, c'est
00:38:19 souvent un traumatisme,
00:38:21 c'est la répétition
00:38:23 de plusieurs scènes, et souvent,
00:38:25 une scène que nous vivons, qui nous entraîne
00:38:27 par exemple dans une dépression, c'est qu'elle vient
00:38:29 confirmer quelque chose d'antérieur, et moi, en psychanalyse,
00:38:31 je serais tenté, avec vous, d'aller chercher
00:38:33 l'origine du traumatisme.
00:38:35 Qu'est-ce qui s'est passé dans votre vie ?
00:38:37 Qu'est-ce qui s'est passé dans votre enfance, qui a un moment donné
00:38:39 où il y a eu comme une rupture,
00:38:41 si vous voulez, où vous avez peut-être été...
00:38:43 Une autre a été préférée à vous.
00:38:45 Est-ce que vous avez une petite sœur, par exemple ?
00:38:47 - Oui. Après, j'ai cherché
00:38:49 de ce côté-là, je travaille
00:38:51 dessus. Oui, j'ai une petite sœur,
00:38:53 et en plus, à ce moment-là,
00:38:55 ma sœur
00:38:57 a accouché, donc je pense qu'il y a des
00:38:59 liens aussi qui se font par rapport à ça, quoi.
00:39:01 - Vous avez eu des enfants, vous ? - Non.
00:39:03 - Votre sœur a accouché au moment où
00:39:05 vous quittez cet homme, c'est ça ?
00:39:07 - Voilà. Exactement.
00:39:09 C'est-à-dire au moment où moi, j'ai commencé,
00:39:11 où il a rencontré cette autre
00:39:13 femme, ma sœur a accouché
00:39:15 4 jours après.
00:39:17 - Oui. Et...
00:39:19 à quel âge vous aviez
00:39:21 quand vous avez votre petite sœur qui vient au monde ?
00:39:23 - 3 ans et demi.
00:39:25 - Ah bah oui, on est en plein âge...
00:39:27 Oui, oui. Là, c'est vraiment...
00:39:29 c'est vraiment le
00:39:31 sentiment, tout d'un coup, que
00:39:33 vous êtes abandonné par votre mère qui s'occupe de
00:39:35 quelqu'un d'autre, en fait. - Et qui est en lien avec une naissance.
00:39:37 - Qui est en lien avec une naissance. - Oui.
00:39:39 - Et là, dans votre histoire, on entend la rupture,
00:39:41 on entend la naissance qui arrive
00:39:43 en même temps, et on entend l'autre qui est
00:39:45 préférée, qui semble préférée, enfin qui est préférée
00:39:47 à vous. - Donc vous voyez, ça a été
00:39:49 une sorte de choc, comme ça,
00:39:51 un petit peu frontal, d'événements
00:39:53 qui se ré...
00:39:55 enfin, se réinscrivent, si je puis dire,
00:39:57 dans votre inconscient, et...
00:39:59 puis bon, bah, vous avez été
00:40:01 pendant 3 mois pas très bien,
00:40:03 c'est sûr, mais je pense quand même
00:40:05 qu'il y a chez vous une force vitale
00:40:07 qui est bien, qui est bonne.
00:40:09 - Oui, c'est...
00:40:11 enfin, je pense, après, c'est vrai que
00:40:13 moi, en tout cas, par rapport à la force
00:40:15 vitale, si la force vitale est liée
00:40:17 à la sexualité, je pense que j'ai une bonne
00:40:19 force vitale. C'est certain.
00:40:21 Après, moi, je pense aussi que
00:40:23 la sexualité peut vraiment aider
00:40:25 dans certains cas,
00:40:27 pour des petites choses,
00:40:29 enfin, des petits trucs
00:40:31 du quotidien qui n'ont pas forcément
00:40:33 grand intérêt. À une époque,
00:40:35 j'avais une relation,
00:40:37 enfin, avec mon groupin,
00:40:39 on était...
00:40:41 c'était tacite,
00:40:43 on ne l'avait pas dit, mais en gros, on rentrait
00:40:45 de nos boulots, et au lieu de discuter
00:40:47 de notre journée qui avait été nulle,
00:40:49 ou je ne sais quoi, bah, directement, on faisait l'amour.
00:40:51 Sans se parler.
00:40:53 Et après, c'était beaucoup mieux, en fait.
00:40:55 Et j'avais trouvé ça génial.
00:40:57 Au final, parce que, même
00:40:59 si on avait eu des soucis, le fait d'avoir fait l'amour
00:41:01 avant faisait qu'on était de bonne humeur
00:41:03 et qu'au final, bon, bah, nos soucis,
00:41:05 bon, pfff, et on passait une super soirée.
00:41:07 - Mais si on a la chance
00:41:09 d'aimer faire l'amour, et si on a la chance
00:41:11 d'avoir du plaisir quand on fait l'amour,
00:41:13 parce qu'il y a des personnes qui, malheureusement, sont
00:41:15 bloquées par rapport à la sexualité,
00:41:17 mais évidemment que la sexualité, c'est
00:41:19 un très, très bon remède... - C'est un moyen
00:41:21 de décharge, on l'a dit tout à l'heure.
00:41:23 C'est pas très romantique, mais c'est ça.
00:41:25 - Bah, évidemment, on dégage
00:41:27 des endorphines,
00:41:29 on dégage de l'ocytocine,
00:41:31 enfin, on dégage beaucoup, beaucoup d'hormones qui nous
00:41:33 font du bien. Et
00:41:35 bien sûr qu'il n'y a pas que la sexualité
00:41:37 dans l'élan vital, mais elle en fait
00:41:39 partie, bien sûr. - Bien, ouais.
00:41:41 - Mais, est-ce que, enfin,
00:41:43 du coup, est-ce que
00:41:45 vous pensez que les gens, finalement,
00:41:47 qui ont... Est-ce que c'est vraiment
00:41:49 lié, quoi ? En gros, les gens qui ont beaucoup de libido
00:41:51 auraient un fort élan vital
00:41:53 et ceux qui en ont pas beaucoup,
00:41:55 n'en ont pas, c'est...
00:41:57 - Bah, non, parce que
00:41:59 l'élan vital, il peut se traduire
00:42:01 dans le sport, dans l'art...
00:42:03 - On l'a dit tout à l'heure, dans la création, oui, dans l'écriture,
00:42:05 par exemple, dans mon cas. - Vous voyez,
00:42:07 donc c'est pas forcément... Et puis, il faut
00:42:09 encore comprendre la différence qu'il y a
00:42:11 entre la pulsion sexuelle et
00:42:13 l'élan vital, c'est pas la même chose.
00:42:15 Il y a des gens qui ont une sexualité
00:42:17 très, très débridée, mais qui, quelque part,
00:42:19 ressemblent un peu à une addiction.
00:42:21 - Oui, bien sûr.
00:42:23 Et du coup, ça me vient
00:42:25 une autre question. Est-ce que si,
00:42:27 par exemple,
00:42:29 on a une libido qui,
00:42:31 parfois, est un peu trop débordante,
00:42:33 est-ce que
00:42:35 si on... Comment dire ?
00:42:37 On chemine vers autre chose,
00:42:39 par exemple, vers plus d'art et tout,
00:42:41 est-ce qu'on peut...
00:42:43 Pas contrôler, mais comment dire ?
00:42:45 Comment la...
00:42:47 - Canaliser ? - Oui, voilà.
00:42:49 - Bien sûr, oui, oui. Je l'ai proposé
00:42:51 tout à l'heure, en faisant cette remarque,
00:42:53 que quand j'étais dans une période d'écriture, par exemple,
00:42:55 ou de création, j'avais moins
00:42:57 de libido disponible.
00:42:59 Parce que ma libido est mise au service
00:43:01 de la création.
00:43:03 - Donc, tout ça
00:43:05 est fluctuant, et à chacun,
00:43:07 évidemment, de trouver ses repères.
00:43:09 Évidemment. Merci,
00:43:11 en tout cas, de cet échange, Marjorie.
00:43:13 - On va faire cette devinette avant les infos,
00:43:15 puis on va continuer, évidemment, à aborder ce sujet
00:43:17 qui, visiblement, plaît beaucoup à nos auditeurs.
00:43:19 Alors, c'est une devinette, évidemment.
00:43:21 Quel est l'animal qui aurait pu être
00:43:23 mannequin Jean-Charles Bouchoud ? Vous avez le temps
00:43:25 des infos pour trouver la réponse.
00:43:27 - 14h16,
00:43:29 Brigitte Laé, Sud Radio.
00:43:31 - Et nous allons continuer, durant
00:43:33 cette deuxième heure, à aborder des sujets
00:43:35 qui sont tellement complexes,
00:43:37 mais tellement humains,
00:43:39 Jean-Charles Bouchoud, puisqu'on parle
00:43:41 du sexe, de la vie,
00:43:43 de la mort. Je crois que l'animal n'a pas
00:43:45 ses préoccupations. Il a, évidemment,
00:43:47 l'instinct de vie. - Il a l'instinct de survie.
00:43:49 Moi, j'ai vu une chose étrange, quand on observe
00:43:51 un lion ou une lionne qui courent,
00:43:53 après, une gazelle. La gazelle fait tout pour lui échapper,
00:43:55 évidemment, et d'ailleurs, je crois que dans
00:43:57 80% des cas, elle y arrive.
00:43:59 Mais quand elle se fait attraper, elle se débat,
00:44:01 et à un moment donné, elle arrête de se débattre.
00:44:03 Et à un moment donné, elle accepte son sort.
00:44:05 - L'animal a une
00:44:07 relation très
00:44:09 différente, évidemment, parce qu'il n'y a
00:44:11 pas le langage
00:44:13 et la compréhension
00:44:15 de ce qui nous attend.
00:44:17 On va donner la parole à Samuel
00:44:19 dans un instant, mais j'aimerais bien une réponse
00:44:21 à ma devinette. Quel est l'animal qui
00:44:23 aurait pu être mannequin ? - Je n'en ai
00:44:25 aucune idée. - C'est une réponse totalement
00:44:27 débile. C'est la taupe,
00:44:29 parce que c'est la taupe
00:44:31 modèle. - Ah !
00:44:33 Bravo !
00:44:35 - Samuel, bonjour.
00:44:37 - Bonjour, Brigitte. Bonjour Jean-Charles.
00:44:39 - Bonjour Samuel.
00:44:41 - Merci d'être avec nous.
00:44:43 Alors justement, vous aussi,
00:44:45 vous avez envie de débattre sur ce sujet,
00:44:47 la mort et la sexualité de Samuel.
00:44:49 Allez-y, on vous écoute.
00:44:51 - Oui, oui, je vais rejoindre
00:44:53 un petit peu ce qui a été dit au fond, avant
00:44:55 le Fashion Faux.
00:44:57 Dans le sens où, alors, je
00:45:01 précise que je ne suis pas
00:45:03 religieux, je ne prône pas du tout la chasteté,
00:45:05 j'aime beaucoup faire l'amour,
00:45:07 mais j'ai une personnalité
00:45:09 hyper sensible, sur laquelle j'ai
00:45:11 beaucoup travaillé, parce que ça a été
00:45:13 à la fois un cadeau
00:45:15 et aussi un
00:45:17 problème dans ma vie,
00:45:19 d'une manière générale.
00:45:21 J'ai fini par trouver un équilibre intérieur,
00:45:23 un apaisement
00:45:25 dans la relation
00:45:27 avec ma femme.
00:45:29 Mais bon, là encore, je ne veux pas
00:45:31 du tout de discours moralisant, c'est le résultat
00:45:33 vraiment d'un parcours intellectuel.
00:45:35 J'ai été aidé aussi par des thérapeutes,
00:45:37 qui m'ont permis de mettre en évidence
00:45:39 ce qui était le mieux pour moi.
00:45:41 Et on était parisiens,
00:45:43 et j'ai fini par plus supporter
00:45:45 la promiscuité, le bruit,
00:45:47 les exigences d'un monde qui allait trop vite.
00:45:49 Donc on a décidé de déménager.
00:45:51 Et aujourd'hui, on est dans une petite ville,
00:45:53 beaucoup plus calme, et j'ai réussi à m'apaiser.
00:45:55 J'ai continué mon travail
00:45:57 sur moi.
00:45:59 Et puis je me suis mis à peindre, à dessiner,
00:46:01 à écrire, et puis
00:46:03 j'ai comme l'impression que l'énergie
00:46:05 sexuelle s'est transformée, qu'elle a trouvé
00:46:07 quelque chose comme une nouvelle voix.
00:46:09 Alors évidemment,
00:46:11 je vais toujours faire l'amour,
00:46:13 mais le sexe n'a plus
00:46:15 de résonance,
00:46:17 de réassurance artistique
00:46:19 comme ça pouvait avoir
00:46:21 auparavant quand j'étais jeune.
00:46:23 Et si j'ose dire, c'est un peu comme aujourd'hui, c'est un peu
00:46:25 la cerise sur le gâteau.
00:46:27 Et par ailleurs, mon cheminement
00:46:29 spirituel m'a fait aussi,
00:46:31 j'ai l'impression de plus en plus accepter la mort.
00:46:33 Alors du coup, est-ce que
00:46:35 tout cela est lié ? Je pense que Jean-Charles
00:46:37 pourrait répondre, j'imagine. - Est-ce qu'il y a un lien
00:46:39 entre le contrôle de sa libido
00:46:41 et le fait d'accepter la mort ?
00:46:43 - Oui, est-ce que c'est un cheminement
00:46:45 parallèle ?
00:46:47 - Oui, peut-être bien, oui. Mais c'est vrai
00:46:49 que quand on a un chemin
00:46:51 spirituel, généralement,
00:46:53 on s'offre des temps de retraite.
00:46:55 Et malgré tout, pendant ces temps de retraite, on n'a pas
00:46:57 d'activité sexuelle.
00:46:59 Et on s'aperçoit qu'effectivement,
00:47:01 la libido vient se mettre au service
00:47:03 de la pratique. Après, je ne sais pas,
00:47:05 quelle pratique vous avez ?
00:47:07 - Moi, je
00:47:09 peins, j'écris beaucoup.
00:47:11 - Oui, oui, oui.
00:47:13 Et avez-vous remarqué que quand vous êtes en période de
00:47:15 peinture ou d'écriture, vous avez moins de
00:47:17 relations sexuelles ? - Ah oui, oui.
00:47:19 C'est très clair, oui.
00:47:21 - Donc la libido, c'est
00:47:23 une énergie qu'on va mettre au service
00:47:25 de ce que l'on souhaite.
00:47:27 Et si on a envie d'avoir des rapports amoureux, on a des rapports amoureux.
00:47:29 Si on a envie de la mettre au service de la spiritualité,
00:47:31 de la peinture ou de l'écriture, on le met.
00:47:33 C'est bien d'être dans...
00:47:35 Vous avez le choix, en fait. C'est bien d'avoir le choix.
00:47:37 - Ce qui est très étonnant aussi,
00:47:39 c'est cette sensation
00:47:41 qu'après avoir peint et après
00:47:43 avoir écrit, on est entré dans
00:47:45 une forme de trance.
00:47:47 Et quand on en sort,
00:47:49 on est aussi bien que quand
00:47:51 on a fait beaucoup de peinture. - Bien sûr.
00:47:53 - Voilà.
00:47:55 - Vous vous êtes libéré aussi, mais vous vous êtes
00:47:57 libéré dans un acte de création.
00:47:59 Ce qui n'est pas anodin. - C'est ça.
00:48:01 - Mais de toute façon,
00:48:03 la création,
00:48:05 elle donne quelque chose
00:48:07 parce qu'on a l'impression
00:48:09 d'avoir fait quelque chose
00:48:11 qui est sorti de soi. - Oui.
00:48:13 - Et quelque part, la sexualité, il y a aussi quelque chose
00:48:15 qui sort de nous, au fond.
00:48:17 - Et souvent, dans un acte de création,
00:48:19 confirmez-le-moi si vous êtes d'accord,
00:48:21 on ne sait pas
00:48:23 qui crée. C'est-à-dire qu'à un moment donné,
00:48:25 quand on regarde ce que l'on a créé,
00:48:27 on se dit "mais ce n'était pas vraiment ça que je voulais au départ".
00:48:29 - Ça vient d'ailleurs. - Oui, et on est agréablement
00:48:31 surpris. - C'est extraordinaire.
00:48:33 Ça, c'est vraiment...
00:48:35 Là, pour le coup, ça a
00:48:37 un vrai effet thérapeutique parce que
00:48:39 il y a une rencontre
00:48:41 avec l'œuvre qu'on a faite.
00:48:43 On a une idée de l'œuvre qu'on va faire, et puis
00:48:45 en définitive, ce qui sort,
00:48:47 c'est exactement
00:48:49 comme quand on fait un enfant.
00:48:51 On se dit "comment il va être conçu comme ça ?"
00:48:53 - On parle de procréer et de création.
00:48:55 - Et puis, c'est jamais ce à quoi
00:48:57 on s'attendait au départ. - Absolument.
00:48:59 - Si on fait un enfant, on ne sait pas quelle tête il aura,
00:49:01 ni même son caractère, ni quoi que ce soit.
00:49:03 En fait, on ne le fait pas. On participe
00:49:05 à sa création. Mais il est créé
00:49:07 par l'univers.
00:49:09 - De toute façon, quand on fait l'amour ou quand on est
00:49:11 en train de créer, quelque part, on ne regarde
00:49:13 plus sa montre.
00:49:15 On est sorti de soi, d'une certaine manière.
00:49:17 Enfin, je veux dire, il y a quelque chose
00:49:19 qui...
00:49:21 Et ce n'est pas étonnant.
00:49:23 Enfin, moi, je trouve que votre
00:49:25 évolution, elle est tout à fait positive, Samuel.
00:49:27 Quand on est plus jeune, d'abord,
00:49:29 on est très, très, très
00:49:31 dans la pulsion, puisqu'il y a
00:49:33 la puberté, et puis ensuite, il y a
00:49:35 toute cette force de vie,
00:49:37 de besoin de
00:49:39 se connaître.
00:49:41 Donc, moi, je trouve que votre
00:49:43 évolution, elle est tout à fait intéressante.
00:49:45 - Oui, les chouettes, c'est la sagesse.
00:49:47 - Oui, c'est bien. Vous êtes sur un bon chemin.
00:49:49 - Oui, c'est vrai, vraiment.
00:49:51 C'est étonnant.
00:49:53 Une belle conclusion, je trouve, ça.
00:49:55 - Parce que, finalement, s'il y a 60...
00:49:57 Enfin, pourquoi pas,
00:49:59 je ne veux pas avoir de jugement de ma part,
00:50:01 mais s'il y a 78 ans,
00:50:03 on est encore en train de chercher
00:50:05 qui est-ce qu'on va pouvoir baiser ce soir.
00:50:07 - C'est triste, on est... - C'est peut-être un petit peu triste.
00:50:09 - Oui, puis ça pervertit un peu...
00:50:11 - Après, on peut vouloir rattraper le temps perdu.
00:50:13 - C'est une bonne relation, je trouve.
00:50:15 Quand on a une idée derrière la tête.
00:50:17 - On voit bien, on a plusieurs exemples,
00:50:19 chez les politiciens, enfin, bon, bref.
00:50:21 Et on voit bien que ces gens-là ont l'air malheureux,
00:50:23 quoi. Il y a quelque chose
00:50:25 de l'ordre de la course encore vers une jeunesse perdue.
00:50:27 C'est triste.
00:50:29 - C'est-à-dire que ça montre souvent...
00:50:31 Moi, j'aime bien cette notion de vie
00:50:33 intérieure, qui, quelque part,
00:50:35 doit être l'évolution
00:50:37 normale d'un être humain.
00:50:39 Mais si on ne s'est pas nourri intérieurement,
00:50:41 on va continuer à chercher extérieurement.
00:50:43 Et quand on voit des hommes, en effet,
00:50:45 de 70, 80,
00:50:47 qui ont besoin de baiser des jeunes femmes
00:50:49 pour croire qu'ils sont encore jeunes,
00:50:51 on voit bien que, quelque part, c'est qu'intérieurement,
00:50:53 il n'y a pas eu l'évolution nécessaire.
00:50:55 - Donc,
00:50:57 évoluer, c'est aussi renoncer
00:50:59 à quelque chose. - Oui, c'est juste.
00:51:01 Absolument. C'est bien une parole de psychanalyste, ça.
00:51:03 - L'éternelle castration.
00:51:05 On y revient tout le temps.
00:51:07 - Non, mais c'est bien,
00:51:09 Samuel, mais vous continuez quand même à faire l'amour.
00:51:11 De toute façon, vous êtes en plus...
00:51:13 Vous avez une femme, si j'ai bien compris.
00:51:15 - Oui, oui, tout à fait.
00:51:17 - Et certainement, votre sexualité
00:51:19 aussi a évolué, tous les deux.
00:51:21 - Oui, oui.
00:51:23 Elle est beaucoup plus...
00:51:25 Il y a beaucoup plus de tendresse.
00:51:27 C'est une complicité.
00:51:29 De toute façon, le couple aussi...
00:51:31 Notre couple a évolué.
00:51:33 Alors, évidemment, je ne peux pas tout raconter,
00:51:35 mais ça a été très dur, parce qu'on a eu
00:51:37 deux traumatismes qu'on a gérés tous les deux.
00:51:39 Et voilà,
00:51:41 aujourd'hui, on arrive à une espèce d'apaisement
00:51:43 comme ça. C'est très, très agréable. Vraiment,
00:51:45 je le souhaite à tout le monde.
00:51:47 - C'est-à-dire que vous n'êtes plus dans une sexualité
00:51:49 de décharge, comme l'a déjà
00:51:51 dit deux, trois fois Jean-Charles Bouchoud
00:51:53 depuis 14 ans, mais dans
00:51:55 une sexualité d'échange,
00:51:57 de partage
00:51:59 et de plaisir qu'on donne et qu'on reçoit.
00:52:01 - Oui, de complicité.
00:52:03 Et puis, il n'y a plus de question
00:52:05 de performance,
00:52:07 il n'y a plus de choses comme ça. C'est vraiment très apaisé,
00:52:09 très apaisant aussi.
00:52:11 - Bon, puis à la décharge des jeunes hommes, quand même...
00:52:13 - Ben oui. - Quand nous sommes gamins,
00:52:15 enfin, moi, je m'en souviens, on est
00:52:17 possédés par cette énergie. C'est terrible.
00:52:19 Dont on ne sait pas
00:52:21 quoi faire. - Je crois que les femmes
00:52:23 ne s'en rendent pas compte de ça. - Non.
00:52:25 - Mais je l'ai tellement entendu par tellement d'hommes...
00:52:27 - Et c'est là où je
00:52:29 vous rejoins, c'est qu'effectivement, le fait
00:52:31 de vieillir, wow, quel apaisement !
00:52:33 - Oui, mais je me souviens de cette époque-là.
00:52:35 C'est vrai que c'était...
00:52:37 C'est même très perturbant parce que ça vous...
00:52:39 ça vous prend la tête. - Ben oui, ça remonte
00:52:41 jusqu'en haut, paraît-il.
00:52:43 - Ben oui.
00:52:45 - Mais non, mais c'est vrai que...
00:52:47 Quand même,
00:52:49 quand on dit qu'un homme et une femme, c'est exactement
00:52:51 pareil. Non, vous êtes
00:52:53 débordant de pulsions
00:52:55 quand vous êtes jeunes, ce qui n'est quand même
00:52:57 pas tellement le cas des femmes. - Non, rarement.
00:52:59 - Elles sont bien sûr
00:53:01 aussi à la recherche, dans le désir de
00:53:03 plaire, etc. Mais il n'y a pas cette
00:53:05 sorte d'érection
00:53:07 permanente, aux moindres
00:53:09 visions
00:53:11 ou touchées. - Bien sûr.
00:53:13 - Bien sûr, bien sûr.
00:53:15 Mais bon,
00:53:17 il faut quand même qu'on ait des avantages
00:53:19 au fait de vieillir, Samuel. - Ah oui !
00:53:21 - Oui, oui, absolument, oui.
00:53:23 Je ne m'y attendais pas, mais c'est une belle surprise.
00:53:25 - Oui, mais parce que
00:53:27 vous avez su aussi
00:53:29 faire quelque chose de tout ce qui
00:53:31 vous est arrivé.
00:53:33 - Oui, je crois que la notion de vie intérieure dont vous parliez
00:53:35 tout à l'heure est très importante.
00:53:37 Arriver à trouver quelque chose, un canal,
00:53:39 quoi que ce soit. Que ce soit le sport,
00:53:41 que ce soit
00:53:43 une forme de méditation, la marche,
00:53:45 en études, par exemple,
00:53:47 une activité artistique,
00:53:49 que sais-je. Quelque chose qui permet
00:53:51 de revenir un peu sur soi,
00:53:53 qui apporte un peu de silence,
00:53:55 de l'apaisement,
00:53:57 dans la nature.
00:53:59 Je vous disais, on a déménagé de Paris
00:54:01 en province, et aujourd'hui,
00:54:03 quand je j'ouvre la fenêtre de mon bureau,
00:54:05 je vois un jardin avec des oiseaux,
00:54:07 et ça a l'air de rien.
00:54:09 Ça a l'air un peu nul.
00:54:11 - C'est plus que rien, parce que ça nourrit
00:54:13 terriblement, bien sûr, la nature.
00:54:15 La nature nourrit. Mais je crois,
00:54:17 moi, plus j'avance,
00:54:19 plus je crois qu'il y a
00:54:21 deux choses essentielles dans la vie.
00:54:23 Il y a l'amour au sens large, et on en a parlé hier,
00:54:25 et on ne peut pas dire que c'est
00:54:27 simplement l'amour qu'on va porter pour quelqu'un,
00:54:29 ou qui va nous être donné.
00:54:31 Il y a l'amour, et puis après, il y a le sens
00:54:33 qu'on va donner à sa
00:54:35 destinée, en fait.
00:54:37 À part ça, il n'y a pas grand-chose d'autre.
00:54:39 - Et puis, jouir
00:54:41 de l'instant présent, quoi. - Oui, bien sûr.
00:54:43 - On n'est plus accroché par le but,
00:54:45 où on doit aller... Une personne l'a dit tout à l'heure,
00:54:47 quelquefois, on fait l'amour et on n'arrive pas à aller
00:54:49 au bout. Et alors, la belle affaire, quoi.
00:54:51 Vous avez eu un échange, un échange
00:54:53 plaisant. S'il n'y a pas eu d'orgasme
00:54:55 cette fois-ci, il y en aura une la fois prochaine.
00:54:57 - Oui.
00:54:59 - Merci, Samuel,
00:55:01 de ce joli témoignage. Et puis,
00:55:03 continuez à évoluer,
00:55:05 comme on dit. Merci beaucoup.
00:55:07 - Merci à vous. - Merci.
00:55:09 On fait une petite pause, on continue avec vous.
00:55:11 Venez nous raconter, justement,
00:55:13 quelles relations vous avez à ces grands
00:55:15 mots de la vie
00:55:17 au 0826 300 300.
00:55:19 A tout de suite.
00:55:21 14h16,
00:55:23 Brigitte Lahaie, Sud Radio.
00:55:25 - Avec Jean-Charles Bouchoud,
00:55:27 vous êtes psychanalyste,
00:55:29 psychothérapeute,
00:55:31 et je rappelle qu'on peut vous consulter
00:55:33 par téléphone, si on le désire.
00:55:35 Et on retrouve maintenant
00:55:37 Sabrina. Bonjour, Sabrina.
00:55:39 - Bonjour, Brigitte,
00:55:41 ainsi qu'à votre invitée, monsieur Jean-Charles
00:55:43 Bouchoud, et à vos auditeurs.
00:55:45 - Bonjour, Sabrina.
00:55:47 - Alors, moi,
00:55:49 pour revenir un peu au sujet,
00:55:51 alors, moi, le sexe, pour moi, c'est pas
00:55:53 une nécessité absolue.
00:55:55 Mais si jamais j'ai
00:55:57 une attirance réciproque, je m'ouvre
00:55:59 à 100%.
00:56:01 - Ah. - Qu'est-ce que
00:56:03 vous appelez "ouvrir à 100%" ?
00:56:05 Vous faites le grand état avec vos deux jambes ?
00:56:07 Je plaisante, je plaisante.
00:56:09 - Vous êtes ouverte à tout. Non,
00:56:11 quand même pas. - Non, pas à tout, monsieur.
00:56:13 Non, non, non, pas à tout.
00:56:15 Je reste quand même dans les classiques.
00:56:17 Et, euh, ouais,
00:56:19 dans les classiques, non, je suis pas ouverte à tout.
00:56:21 Non, non. - Donc, pour vous,
00:56:23 l'amour, au fond, est plus fort que le sexe.
00:56:25 - Oui.
00:56:27 Oui, Brigitte.
00:56:29 Moi, j'associe plus le sexe
00:56:31 à un partage de plaisir.
00:56:33 Mais sans...
00:56:35 Comment vous dire ?
00:56:37 - Mais, mais...
00:56:41 Oui, oui, non, mais je comprends bien.
00:56:43 Et vous savez, il y a plus de gens
00:56:45 qui ont besoin d'amour, je pense qu'on le croit,
00:56:47 même si aujourd'hui, on a un peu tendance à parler de sexe,
00:56:49 à tout va. Je pense qu'il y a plus de gens
00:56:51 qui ont besoin d'avoir des sentiments
00:56:53 ou en tout cas quelque chose
00:56:55 d'attirant. - Oui, voilà, plus dans cet ordre-là.
00:56:57 - Pour faire l'amour.
00:56:59 Même si... - C'est ça.
00:57:01 - Je sais pas si vous êtes d'accord avec ça,
00:57:03 Jean-Charles Bouchoud, mais je trouve que même
00:57:05 dans une relation uniquement sexuelle,
00:57:07 où il y a vraiment aucun sentiment,
00:57:09 il y a toujours une petite parcelle d'amour.
00:57:11 - Ça devrait, mais normalement, en échange,
00:57:13 c'est un rapport amoureux, ça.
00:57:15 Il y a le mot "amour" quand même dedans.
00:57:17 - Oui, oui, alors à part peut-être les pervers...
00:57:19 - Oui, bon, alors c'est de la gymnastique.
00:57:21 - Et donc, ça ne vous est jamais arrivé
00:57:23 d'avoir une envie comme ça,
00:57:25 juste, sexuelle,
00:57:27 sans forcément pour quelqu'un ?
00:57:29 - Non, jamais, Brigitte, non.
00:57:31 Non, pas du tout.
00:57:33 - Ce qui déclenche le désir ou la...
00:57:35 - Ce qui déclenche, c'est le fait de parler avec la personne,
00:57:37 qu'elle me raconte un peu son histoire,
00:57:39 sa façon d'être, sa façon de se comporter
00:57:41 avec moi, et bien ça, c'est ça qui va m'ouvrir à...
00:57:43 - D'accord.
00:57:45 Mais par exemple,
00:57:47 excusez-moi, je suis la question,
00:57:49 je vous dérange, vous n'y répondez pas,
00:57:51 mais est-ce que ça ne vous arrive jamais de vous masturber,
00:57:53 toute seule ? - Si, ça m'arrive, Brigitte.
00:57:55 - Et dans ces cas-là, vous pensez à quoi ?
00:57:57 - Je pense à mon propre plaisir, en tout cas,
00:58:01 je me cherche, je regarde...
00:58:03 - D'accord.
00:58:05 Donc voyez bien qu'il y a quand même
00:58:07 quelque chose de l'ordre du sexe,
00:58:09 parce que
00:58:11 vous n'avez pas besoin de penser à votre amoureux...
00:58:13 - Vous ne créez pas des images...
00:58:15 - Non, pas du tout.
00:58:17 Non, pas du tout.
00:58:19 Je ne suis pas du tout dans cette...
00:58:21 - Non mais moi je trouve ça très bien,
00:58:23 ça montre bien, Sabrina, que vous êtes capable
00:58:25 de faire du bien pour vous,
00:58:27 et que vous vous aimez suffisamment
00:58:29 pour vous accorder ce plaisir
00:58:31 gratuit.
00:58:33 - En tout cas, j'ai appris à l'être, parce que je ne l'étais pas.
00:58:35 En écoutant vos émissions
00:58:37 avec vos différents intervenants,
00:58:39 j'ai commencé à prendre conscience
00:58:41 que l'amour, je l'avais en moi,
00:58:43 et que si je ne la trouvais pas en moi,
00:58:45 je ne pouvais pas aller la chercher ailleurs
00:58:47 et en souffrir si on ne me la donnait pas.
00:58:49 Ça, je l'ai bien compris.
00:58:51 Donc effectivement, j'ai beaucoup travaillé sur moi,
00:58:53 et c'est vrai que je me donne beaucoup d'amour
00:58:55 pour ne pas aller en chercher ailleurs.
00:58:57 Non, je suis ouverte, effectivement,
00:58:59 à des propositions, je ne suis pas fermée,
00:59:01 mais avant tout, j'essaye de moi-même
00:59:03 de me comprendre, de me chercher
00:59:05 pour pouvoir vraiment me donner
00:59:07 à 100% avec l'autre personne,
00:59:09 mais sans chercher
00:59:11 de l'amour, en fin de compte.
00:59:13 Avoir juste un partage.
00:59:15 - Oui, mais vous n'êtes pas obligée
00:59:17 non plus de vous donner à 100%.
00:59:19 Enfin, si, vous pouvez vous donner à 100% au moment
00:59:21 où vous êtes avec lui, mais après, il faut vous retrouver.
00:59:23 Attention.
00:59:25 - Oui, là-dessus, je suis OK
00:59:27 avec ça. Oui, oui. Mais quand je me disais
00:59:29 que je me donnais à 100%, c'était...
00:59:31 J'étais avec la personne, Brigitte.
00:59:33 C'était lui, quoi. C'était dans ce sens-là
00:59:35 que je disais ça. - Comme si c'était une méditation.
00:59:37 Vous n'êtes pas ailleurs, vous ne pensez pas autre chose.
00:59:39 - C'est exactement ça. Voilà, c'est une bulle.
00:59:41 Comme si je m'étais dans une bulle et que c'était
00:59:43 un petit moment à moi qui m'appartenait
00:59:45 et que là, c'était 100% plaisir.
00:59:47 - Oui.
00:59:49 - C'est bien.
00:59:51 - Oui, c'est formidable.
00:59:53 Mais de toute façon, la sexualité peut être aussi
00:59:55 un chemin spirituel. On en avait déjà parlé.
00:59:57 Et notamment,
00:59:59 si on entre en méditation à ce moment-là,
01:00:01 c'est-à-dire absence de pensée et présence
01:00:03 à ce qui se passe,
01:00:05 sans désir, étonnamment,
01:00:07 c'est-à-dire sans attente d'une finalité,
01:00:09 effectivement, ça peut
01:00:11 mener à une forme d'extase qui
01:00:13 est une bonne chose
01:00:15 sur le chemin spirituel.
01:00:17 - Et d'ailleurs,
01:00:19 ça devrait, la sexualité,
01:00:21 finalement, entre deux êtres,
01:00:23 elle devrait plutôt être un échange
01:00:25 agréable des corps
01:00:27 en vivant
01:00:29 l'instant présent
01:00:31 plutôt que de rechercher la performance
01:00:33 et l'orgasme.
01:00:35 Et d'ailleurs, c'est souvent parce qu'on le cherche,
01:00:37 l'orgasme, qu'il va nous échapper.
01:00:39 - Bien sûr.
01:00:41 - Complètement. Bah écoutez, je suis ravie
01:00:43 de me dire que je suis dans une spiritualité
01:00:45 et que ça me va.
01:00:47 Moi, ça me va. Voilà, j'en suis ravie.
01:00:49 - Et vous êtes avec quelqu'un
01:00:51 en ce moment ? - Non, pas du tout,
01:00:53 Brigitte. Je sors d'une relation très, très
01:00:55 compliquée avec le père de mes
01:00:57 enfants et là, on va dire que
01:00:59 j'ai, pour l'instant,
01:01:01 j'ai un autre parcours judiciaire plutôt
01:01:03 que
01:01:05 sexuel qui
01:01:07 prend le dessus, malheureusement,
01:01:09 sur mon... - C'est vrai que quand on est dans
01:01:11 une séparation conflictuelle
01:01:13 difficile, Jean-Charles Bouchot, c'est
01:01:15 difficile finalement de rencontrer quelqu'un...
01:01:17 - Oui, oui, oui. Déjà, quand on est
01:01:19 déjà au cours d'une rupture, normalement,
01:01:21 c'est bien de respecter un temps de latence.
01:01:23 Ça fait combien de temps que vous êtes séparés ?
01:01:25 - Là, ça va faire deux ans et demi.
01:01:27 - Deux ans et demi, le temps de latence, c'est un peu...
01:01:29 C'est bien ? Un bon temps de latence ?
01:01:31 - C'est conflictuel, donc ça vous prend la tête, j'imagine ?
01:01:33 - C'est très conflictuel et puis, dans l'histoire,
01:01:35 j'ai coupé... J'ai pas coupé,
01:01:37 mais j'ai plus le lien avec mes enfants,
01:01:39 donc du coup, ça fait une double rupture
01:01:41 qui a fait un peu compliqué à gérer.
01:01:43 Donc, j'ai pas de place pour...
01:01:45 C'est pas que j'ai pas de place,
01:01:47 c'est que je m'autorise pas
01:01:49 à éprouver un autre...
01:01:51 Je n'éprouve pas du plaisir
01:01:53 puisque la tristesse prend le dessus,
01:01:55 en fait, sur ma problématique.
01:01:57 Donc, effectivement, pour l'instant,
01:01:59 pour moi, c'est pas une priorité.
01:02:01 - Oui, oui, mais je comprends bien.
01:02:03 Vous avez besoin de votre énergie pour vous, d'abord.
01:02:05 - C'est ça, oui, c'est ça.
01:02:07 - Et ça, c'est important que vous preniez soin de vous
01:02:09 et puis vous êtes dans un combat,
01:02:11 dans une lutte qui...
01:02:13 - Tout à fait.
01:02:15 - Qui prend tout le reste de l'énergie, évidemment.
01:02:17 - Exactement, effectivement. Et pour l'instant,
01:02:19 j'ai pas de place, effectivement, à ce petit plaisir,
01:02:21 puisque je me le fais un mois seul.
01:02:23 - Mais c'est déjà bien.
01:02:25 - J'en éprouve le besoin, mais effectivement,
01:02:27 pour le moment, je...
01:02:29 Voilà, c'est pas pour le moment.
01:02:31 Voilà.
01:02:33 - D'accord.
01:02:35 - Mais vous avez... De toute façon,
01:02:37 chaque chose doit se faire en son temps.
01:02:39 - Oui.
01:02:41 - Il y a des périodes dans la vie où on traverse des épreuves
01:02:43 et il est vrai que dans ces périodes-là,
01:02:45 on est moins...
01:02:47 - On met toute notre énergie dans la résolution du problème.
01:02:49 - Effectivement, on est moins disponible.
01:02:51 Mais là, Sabrina nous parle quand même
01:02:53 de deux ans et demi.
01:02:55 Donc à un moment donné, Sabrina, vous avez le droit
01:02:57 de vous tourner vers la vie, vous avez le droit d'exister
01:02:59 en tant que sujet, en dehors de la problématique judiciaire.
01:03:01 - Oui, je sais.
01:03:03 - C'est pour vous que je dis ça,
01:03:05 c'est pas un jugement, je me permettrai pas.
01:03:07 - Oui, oui, oui, non, mais pas du tout.
01:03:09 Je prends en compte le retour
01:03:11 d'un psy 4.
01:03:13 - Psyc-analyste.
01:03:15 - Voilà, d'un psyc-analyste.
01:03:17 Je le prends comme cela,
01:03:19 mais j'ai le même retour de mon praticien,
01:03:21 que j'ai le droit aussi
01:03:23 d'avoir
01:03:25 une nouvelle vie.
01:03:27 - Vous avez le droit de jouir, d'être heureuse.
01:03:29 - Bien sûr.
01:03:31 Mais c'est vrai que je me l'autorise pas pour le moment.
01:03:33 - Par rapport à qui ?
01:03:35 Par rapport à vos enfants ou à votre ex ?
01:03:37 - C'est par rapport à mon ex
01:03:39 qui...
01:03:41 - Vous avez peur qu'il l'apprenne ?
01:03:43 Vous avez peur de lui ?
01:03:45 - Déjà, j'ai eu des menaces de mort, Brigitte.
01:03:47 Sur moi, déjà,
01:03:49 concernant une éventuelle rencontre,
01:03:51 si jamais toutefois j'avais un concubin
01:03:53 qui se gênerait pas de...
01:03:55 - D'accord, c'est bien ce que je craignais.
01:03:57 - On rentre quand même sur un...
01:03:59 - Vous avez peur.
01:04:01 Vous avez été...
01:04:03 Vous l'avez signalé,
01:04:05 ces menaces de mort.
01:04:07 - Oui, oui, Brigitte, je suis sous protection judiciaire
01:04:09 et j'ai fait tout le nécessaire
01:04:11 pour pouvoir...
01:04:13 - Et c'est jamais à prendre.
01:04:15 C'est malheureusement jamais à prendre à la légère.
01:04:17 - Exactement, Brigitte. Tout à fait.
01:04:19 C'est pour ça que je m'autorise vraiment...
01:04:21 Déjà pour la personne, pour la protéger
01:04:23 et d'attendre
01:04:25 au moins que justice soit faite pour être reconnue
01:04:27 déjà, moi, en tant que victime, parce que j'en ai besoin,
01:04:29 Brigitte, avec tout ce que j'ai subi
01:04:31 pendant deux ans et demi. Et j'ai pas envie
01:04:33 de faire rentrer quelqu'un dans ma vie
01:04:35 qui va subir les frasques
01:04:37 de ce monsieur. Je sais de quoi il est capable.
01:04:39 - Oui, c'est surtout que les menaces,
01:04:41 il faut prendre ça au sérieux.
01:04:43 Bon courage, Sabrina.
01:04:45 Et puis, si vous voulez tester un jouet, on sera ravis
01:04:47 de vous en envoyer.
01:04:49 - Vous savez que je ne sais pas vous dire non,
01:04:51 Brigitte.
01:04:53 Je le testerai avec plaisir.
01:04:55 - On va s'en occuper.
01:04:57 Merci à vous. Merci de votre témoignage.
01:04:59 On va continuer dans un instant
01:05:01 avec le Love Conseil.
01:05:03 On va parler d'amour et d'humour.
01:05:05 Ça rime, en tout cas. Et puis, bien sûr,
01:05:07 on accueillera également dans un instant
01:05:09 Jean-Luc Romero-Michel pour parler
01:05:11 de cette fin de vie
01:05:13 qui normalement devrait
01:05:15 se négocier
01:05:17 à l'Assemblée. Mais ça traîne.
01:05:19 Ça traîne.
01:05:21 Brigitte Leaet, Sud Radio.
01:05:23 Le Love Conseil.
01:05:25 - Alors, Jean-Charles Bouchoud, on va parler
01:05:27 de l'amour et de l'humour. Et je trouve
01:05:29 que l'humour est créatif. Alors, tout à l'heure,
01:05:31 vous avez parlé de la création.
01:05:33 Et je trouve que l'humour est quelque chose
01:05:35 de créatif. - C'est une forme de créativité,
01:05:37 c'est certain. - Oui, parce que c'est une preuve
01:05:39 d'un esprit qui fonctionne.
01:05:41 Et je trouve que l'humour, ça fait
01:05:43 aussi fonctionner notre psychisme. Bref,
01:05:45 je trouve que c'est un bel antidote
01:05:47 à la déprime, à la souffrance.
01:05:49 Et donc, j'ai tendance à dire que les gens qui ont
01:05:51 de l'humour sont souvent des gens qui sont dans
01:05:53 un bon élan vital. Et je parle
01:05:55 d'humour, je ne parle pas de blagues salaces
01:05:57 qui ne font rire que nous.
01:05:59 Ou d'ironie.
01:06:01 Je parle vraiment de l'humour, en fait,
01:06:03 qui est un jeu de mots, un jeu d'esprit.
01:06:05 Et c'est vrai qu'avoir de l'humour sur soi-même,
01:06:07 par exemple, ça permet de dédramatiser
01:06:09 quand on est dans une situation particulièrement...
01:06:11 - De sortir de son narcissisme.
01:06:13 - Oui. - Et puis l'humour permet de dire
01:06:15 beaucoup de choses aussi.
01:06:17 On peut dire des choses avec le sourire, c'est de l'ordre
01:06:19 du jeu. Et ça peut permettre
01:06:21 de sortir de certaines névroses.
01:06:23 - Et alors, c'est là où la relation avec le sexe
01:06:25 intervient, parce que l'humour, ça permet aussi
01:06:27 de libérer des inhibitions, c'est une manière
01:06:29 de vivre des pulsions sans forcément
01:06:31 nous sentir offusqués,
01:06:33 puisqu'on dit juste ça pour rire.
01:06:35 - Oui. - Voilà, donc je trouve que
01:06:37 l'humour,
01:06:39 c'est franchement bien. Et je voulais
01:06:41 juste aussi ajouter qu'aller voir
01:06:43 un spectacle drôle avec son partenaire,
01:06:45 ça rassemble,
01:06:47 ça rapproche. Parce que quand on rit
01:06:49 ensemble, c'est bon aussi
01:06:51 pour le
01:06:53 rapprochement avec son partenaire. - Oui, pour la relation.
01:06:55 - Voilà. Et puis je voudrais
01:06:57 rappeler que l'humour, ça se pratique à tout âge.
01:06:59 C'est pas parce qu'on vieillit
01:07:01 qu'on a moins d'humour.
01:07:03 - Non, je crois pas. - Je trouve même que ça se développe.
01:07:05 - On a intérêt à moins se prendre
01:07:07 au sérieux, déjà. - Oui, ça c'est sûr.
01:07:09 Mais je veux dire surtout que
01:07:11 si notre humour,
01:07:13 normalement notre humour devrait se développer
01:07:15 avec l'âge, parce que
01:07:17 l'humour, c'est aussi une sorte de philosophie.
01:07:19 - Bien sûr.
01:07:21 Freud avait écrit un livre,
01:07:23 "Le mot d'esprit et son rapport avec l'inconscient".
01:07:25 Pour ceux que ça pourrait intéresser.
01:07:27 - Oui, c'est un livre
01:07:29 qui est assez étonnant, assez intéressant.
01:07:31 Je me souviens absolument.
01:07:33 Voilà, voilà. Bon, alors,
01:07:35 on parle du sexe, de la vie,
01:07:37 de la mort, aujourd'hui.
01:07:39 Et c'est un peu à cause de vous,
01:07:41 Jean-Luc Romero-Michel.
01:07:43 Bonjour. - Bah oui, ne m'engueulez pas
01:07:45 quand même. - Non, mais non. - C'est un peu un sujet.
01:07:47 La fin de vie, c'est la vie.
01:07:49 - Mais oui, absolument. - Et il y a plein d'amour
01:07:51 dans la famille. - C'est notre
01:07:53 dernière liberté.
01:07:55 - C'est clair. - De choisir de mourir
01:07:57 un peu comme on a envie et pas
01:07:59 forcément
01:08:01 sous perfusion, etc.
01:08:03 Alors, vous étiez
01:08:05 pendant de nombreuses années
01:08:07 président de la DMD,
01:08:09 le droit à mourir dans la dignité,
01:08:11 dont je fais partie d'ailleurs.
01:08:13 Vous avez un petit peu passé le relais, mais vous
01:08:15 continuez à vous battre.
01:08:17 Et notamment avec ce livre,
01:08:19 "Le serment de Berne, de la mort solitaire
01:08:21 à la mort solidaire",
01:08:23 préfacé par Lynn Renaud, qui est toujours très
01:08:25 militante et qui
01:08:27 a choisi
01:08:29 de faire cette préface. C'est aux éditions
01:08:31 L'Archipel. Dans ce livre,
01:08:33 vous racontez un petit peu où on en est sur le
01:08:35 plan législatif.
01:08:37 C'est très curieux parce que
01:08:39 quand on fait un sondage, 90%
01:08:41 des Français sont plutôt pour
01:08:43 une nouvelle loi. Et pourtant,
01:08:45 nos députés
01:08:47 freinent.
01:08:49 - Oui, globalement,
01:08:51 les politiques et surtout le président de la République
01:08:53 parce qu'on voit bien
01:08:55 qu'il n'arrête pas de tergiverser. Il nous avait
01:08:57 promis un texte avant la fin de l'été.
01:08:59 L'été est terminé
01:09:01 et maintenant, c'est pour le mois de décembre.
01:09:03 Je ne pense pas d'ailleurs que ce soit en mois
01:09:05 pour parler de la mort à ce moment-là. Les gens ont envie
01:09:07 de parler d'autre chose que ces moments des fêtes.
01:09:09 Mais on espère qu'il va y avoir
01:09:11 ce texte, même si aujourd'hui, on n'est quand même
01:09:13 pas très sûr d'avoir le texte que l'on
01:09:15 souhaite. Mais je pense que là, il est arrivé
01:09:17 un moment où il est obligé d'avancer.
01:09:19 Je le dis dans le livre, toutes les planètes sont
01:09:21 quand même réunies entre les Français qui aujourd'hui
01:09:23 l'attendent, tous les organismes officiels
01:09:25 et la dernière, la Convention citoyenne
01:09:27 qui s'est prononcée en faveur d'une autre loi.
01:09:29 Je pense qu'il est temps d'avoir une loi
01:09:31 parce que, contrairement à ce qu'on a pu entendre
01:09:33 jusqu'à présent, les gens ont l'air d'avoir plein de certitudes.
01:09:35 Justement, il faut une loi parce qu'on est
01:09:37 plein de doutes, qu'on ne sait pas ce qu'on veut à la fin de notre vie
01:09:39 et qu'il y a aujourd'hui des personnes qui ont
01:09:41 des douleurs physiques, des souffrances physiques
01:09:43 qu'on ne peut pas soulager, même dans les soins palliatifs.
01:09:45 Donc, il ne faut qu'une loi qui permette
01:09:47 l'accès universel aux soins palliatifs d'abord
01:09:49 parce que c'est là où la majorité d'entre nous mourront si on est malade.
01:09:51 Et puis, l'euthanasie
01:09:53 et le suicide assisté. D'ailleurs, le serment de Berne
01:09:55 c'est un serment que j'ai fait
01:09:57 à une personne que j'ai dû accompagner en Suisse
01:09:59 qui était alencoque et qui
01:10:01 avait des douleurs physiques qu'on ne pouvait
01:10:03 pas soulager, que même l'amorphine ne soulageait pas.
01:10:05 Les soins palliatifs
01:10:07 l'ont d'une certaine manière abandonné.
01:10:09 Il n'a même pas eu le droit à une sédation profonde
01:10:11 et continue qu'est la loi. C'est-à-dire, on vous endort,
01:10:13 on arrête de vous hydrater, de vous alimenter
01:10:15 et on provoque quelque part une maladie
01:10:17 qui vous fait mourir. Lui, il n'y avait
01:10:19 pas le droit parce qu'il n'était pas dans l'agonie. C'est-à-dire
01:10:21 qu'on aurait pu le laisser souffrir
01:10:23 comme ça pendant des mois.
01:10:25 Donc, il y a quand même temps d'avancer.
01:10:27 - Ce qui est important
01:10:29 à dire encore une fois, c'est que cette loi
01:10:31 vous la réclamez depuis
01:10:33 de nombreuses années
01:10:35 mais elle ne sera pas imposée
01:10:37 à ceux qui ne la veulent pas.
01:10:39 - Si, c'est une loi qui va protéger tout le monde.
01:10:41 Parce qu'en fait, c'est une loi qui va mettre la volonté de la personne
01:10:43 enfin au centre de la décision.
01:10:45 Aujourd'hui, c'est les gens qui sont autour du lit
01:10:47 qui décident globalement. C'est la réalité des choses.
01:10:49 - Je trouve même que pour les médecins
01:10:51 qui sont justement, comme vous dites, autour du lit,
01:10:53 cette loi peut peut-être les soulager
01:10:55 aussi parce que quand...
01:10:57 Moi, j'ai encore récemment eu
01:10:59 cette histoire
01:11:01 d'un homme qui vient de mourir d'un cancer
01:11:03 et qui réclamait
01:11:05 que ça aille plus vite
01:11:07 et il n'a pas été exaucé
01:11:09 parce que personne n'osait prendre cette responsabilité.
01:11:12 - Bien sûr, et contrairement à ce qu'on entend
01:11:14 la majorité des médecins, c'est même l'ordre des médecins
01:11:16 qui a commandé un sondage alors qu'il y ait
01:11:18 lui-même des favorables, a montré qu'ils étaient eux-mêmes favorables.
01:11:20 C'est ces grands médecins
01:11:22 qu'on entend toujours, qui sont contre
01:11:24 et ils ont le droit d'être contre. C'est ça que moi je ne comprends pas.
01:11:26 Ils ont le droit d'être contre à titre personnel, de ne pas vouloir accompagner
01:11:28 et jamais ils seront violés dans leur conscience
01:11:30 et leurs principes, puisqu'eux, il y aura une clause de conscience.
01:11:32 Dans Siv, il y a un chapitre
01:11:34 sur les pays étrangers. Dans tous les pays étrangers
01:11:36 où il y a eu des lois,
01:11:38 comme Euthanasie, suicide assisté, l'un ou l'autre,
01:11:40 à chaque fois, les médecins sont respectés.
01:11:42 S'ils ne souhaitent pas accompagner
01:11:44 quelqu'un, ils ne sont pas obligés.
01:11:46 - C'est un peu comme l'IVG.
01:11:48 - Exactement la même chose.
01:11:50 Honnêtement, vous avez les mêmes adversaires,
01:11:52 la même histoire. Vous avez à l'époque
01:11:54 les femmes qui partaient à l'étranger, celles qui avaient
01:11:56 les moyens pour pouvoir avorter
01:11:58 et les autres, elles avaient les faiseuses d'ange, certaines
01:12:00 ont mouru ou étaient mutilées.
01:12:02 Et aujourd'hui, pareil, on a
01:12:04 ceux qui ont les moyens, qui peuvent aller à l'étranger
01:12:06 et les autres qui se suicident violemment
01:12:08 et puis souvent prématurément.
01:12:10 On le fait encore quand on peut, alors que
01:12:12 si on avait la certitude d'être entendu
01:12:14 au moment où on le souhaite, peut-être qu'on vivrait
01:12:16 des mois, voire encore des années
01:12:18 de bonheur avec les gens qu'on aime.
01:12:20 - Et puis moi, j'ai
01:12:22 toujours tendance à dire, je peux tout à fait
01:12:24 entendre que l'on considère que
01:12:26 c'est Dieu qui doit donner la mort.
01:12:28 C'est quelque chose que je peux tout à fait entendre.
01:12:30 Sauf que quand on est
01:12:32 avec des aides artificielles,
01:12:34 c'est la médecine qui prend
01:12:36 le relais sur Dieu.
01:12:38 - Il a bon dos là !
01:12:40 - Oui, mais ces arguments ne tiennent pas.
01:12:42 Sans l'aide de la science,
01:12:44 cette personne meurt,
01:12:46 enfin mourrait.
01:12:48 L'argument de Dieu me semble
01:12:50 un argument qui ne tient pas la route.
01:12:52 - Je suis totalement d'accord avec vous. Et puis ce qui est important,
01:12:54 si on légifère, c'est que ça va libérer les enfants.
01:12:56 C'est-à-dire que là, on est du côté de la volonté
01:12:58 de la personne, du sujet,
01:13:00 qui est accompagnée
01:13:02 par le législateur.
01:13:04 Parce que je connais beaucoup de cas,
01:13:06 parce que ça se fait déjà malgré tout, on ne va pas se mentir,
01:13:08 où on a dit à des enfants, "Vous n'avez qu'à lui donner
01:13:10 une cuillerée de..."
01:13:12 Et puis elle ne passera pas la nuit.
01:13:14 Et à une personne qui
01:13:16 de toute façon mourrait dans les jours qui allaient venir,
01:13:18 et l'enfant ensuite se sent coupable, "J'ai tué ma mère,
01:13:20 j'ai tué mon père."
01:13:22 Ce n'est pas aux enfants de faire ça.
01:13:24 - Ça peut libérer les mères. - Rappelez-vous l'histoire de Marie-Himbert,
01:13:26 que j'évoque longuement.
01:13:28 Cette femme qui a voulu essayer d'aider son fils,
01:13:30 ce n'est pas son rôle, ce n'est pas le rôle d'une maman
01:13:32 d'aider son fils à partir, mais elle n'avait pas le choix.
01:13:34 À ce moment-là.
01:13:36 Et c'est bien pour ça qu'en plus, c'est vraiment une loi
01:13:38 qui au final
01:13:40 est une loi
01:13:42 qui donne un droit supplémentaire, qui ne donne aucune
01:13:44 obligation et qui respecte tout le monde.
01:13:46 Et les médecins qui accompagnent, ils le disent, c'est quand on regarde
01:13:48 les exemples étrangers, quand on regarde la Belgique,
01:13:50 qu'est-ce qu'ils disent ? - Il n'y en a pas plus qui... - Non, mais
01:13:52 ce que disent les médecins, c'est que c'est les moments
01:13:54 les plus sereines pour eux. Parce qu'en fait,
01:13:56 ils accompagnent leur patient jusqu'au bout, qui souvent
01:13:58 leur dit merci. Alors que
01:14:00 en France, il faut quand même savoir qu'à l'hôpital,
01:14:02 70% des gens qui meurent,
01:14:04 meurent seuls, sans leurs proches.
01:14:06 Et donc c'est un échec pour tout le monde. Vous arrivez le matin,
01:14:08 parce qu'on meurt souvent la nuit,
01:14:10 et puis votre médecin ou votre soignant
01:14:12 vous découvre après vos proches. Alors que là,
01:14:14 vous êtes accompagnés jusqu'à la dernière
01:14:16 minute par les gens que vous aimez,
01:14:18 vous avez le temps de vous dire toutes les choses
01:14:20 et surtout les mots d'amour qu'on se dit.
01:14:22 Et donc c'est des morts qui sont sereines et fortes
01:14:24 pour la personne qui meurt, mais aussi pour celles qui restent.
01:14:26 Parce qu'ils sont remplis
01:14:28 de ces derniers moments,
01:14:30 qui vous aident. Et donc, oui,
01:14:32 en tout cas, c'est des morts qui sont
01:14:34 beaucoup plus belles que les morts
01:14:36 solitaires. C'est pour ça que je dis, passons
01:14:38 de la mort solitaire à la mort solidaire.
01:14:40 - Mais Jean-Luc, Roméo, Michel,
01:14:42 vous qui avez été très marqué
01:14:44 par la mort, et merci de l'hommage
01:14:46 que vous me rendez dans le livre.
01:14:48 - C'est vous qui m'avez... Enfin, vous n'aviez pas besoin de me le démontrer,
01:14:50 mais c'est vrai qu'un jour, vous m'avez
01:14:52 dessiné mon ciel et il était
01:14:54 assez frappant.
01:14:56 J'ai été...
01:14:58 C'est vrai qu'ayant très jeune,
01:15:00 été infecté par le VIH,
01:15:02 ayant vu mes amis de
01:15:04 20 ans, 25 ans mourir, c'est sûr que la mort
01:15:06 m'a beaucoup poursuivi.
01:15:08 - Mais elle vous a laissé en vie pour l'instant.
01:15:10 Elle va vous... Elle va mourir aussi pour vous, bien sûr.
01:15:12 - Bien sûr.
01:15:14 - Mais certainement que
01:15:16 cette vie que vous avez
01:15:18 vécue avec tous ceux qui partaient
01:15:20 fait qu'aujourd'hui, c'est un combat que vous pouvez
01:15:22 mener de manière très sereine
01:15:24 parce que vous la connaissez
01:15:26 finalement, la faucheuse.
01:15:28 - Oui, et puis parce que
01:15:30 paradoxalement, moi je ne suis pas un adorateur de la mort
01:15:32 comme vous le savez, et en fait
01:15:34 le fait d'avoir vu très jeune la mort
01:15:36 ça a commencé, je raconte la mort de mon père
01:15:38 etc., quand j'avais 13 ans
01:15:40 a fait que
01:15:42 j'ai compris que tout ça allait s'arrêter
01:15:44 et quand on a vraiment la notion de la faim
01:15:46 on vit peut-être mieux.
01:15:48 Et c'est ça le problème dans nos sociétés où on court avec toujours
01:15:50 plus d'argent, plus de responsabilités, on oublie
01:15:52 de vivre et puis on oublie d'aimer.
01:15:54 - On cache les gens en fin de vie
01:15:56 - Ben oui
01:15:58 - Ils se vendent dans des mouroirs
01:16:00 - On va pas parler de ce qui se passe dans les EHPAD
01:16:02 parce que malheureusement, même le scandale
01:16:04 qu'il y a eu il y a quelques années n'a pas beaucoup
01:16:06 arrangé les choses, il y a du mieux, mais quand même
01:16:08 quand on sait ce qui s'y passe, et puis c'est vrai
01:16:10 qu'aujourd'hui on voit plus la mort. Moi quand
01:16:12 je raconte la mort de mon père qui était chez moi pendant
01:16:14 3 jours à 14 ans, aujourd'hui qui voit
01:16:16 son être proche
01:16:18 on est dans des morgues, on ne nous voit plus
01:16:20 et on éloigne la mort
01:16:22 de nos vies alors que quelque part
01:16:24 c'est une réflexion à avoir parce que je pense
01:16:26 que vraiment quand on pense à la mort
01:16:28 on vit mieux. Et que
01:16:30 la fuir, courir toujours, et ben ça
01:16:32 n'arrange rien, on va quand même mourir
01:16:34 mais mourir dans des conditions souvent difficiles
01:16:36 parce que quand il vous arrive un grave accident
01:16:38 maladie ou un accident
01:16:40 et que vous pouvez plus rien faire, et ben
01:16:42 toutes ces années sont perdues. Vous savez moi si demain
01:16:44 vous apprenez que je suis mort, du moins
01:16:46 que je ne souffre pas, ben au final
01:16:48 j'aurais bien vécu ma vie, j'aurais eu
01:16:50 une très belle vie. Beaucoup de gens
01:16:52 malheureusement ne peuvent pas dire ça, j'aurais aimé,
01:16:54 j'aurais été aimé. Il y a des gens qui n'ont pas d'amour
01:16:56 vous le savez aussi, c'est quand même quelque chose
01:16:58 de terrible dans une vie, et qui savent
01:17:00 peut-être pas non plus aimer
01:17:02 et ben malheureusement moi à la fois
01:17:04 le virus que j'ai eu et tous ces morts que j'ai connus
01:17:06 ils m'auront peut-être appris à aimer
01:17:08 et à vivre. - Et à vivre pleinement.
01:17:10 J'étais assez étonné
01:17:12 vous dites que
01:17:14 il y a à peine 24%
01:17:16 d'entre nous qui pourront mourir
01:17:18 dans la chaleur de leur maison,
01:17:20 de chez eux, c'est très peu.
01:17:22 Ça a beaucoup beaucoup diminué
01:17:24 parce que j'en étais à presque 60%
01:17:26 il y a 15 ans.
01:17:28 - Il y a longtemps parce qu'en France
01:17:30 contrairement au pays, par exemple en Belgique
01:17:32 aux Pays-Bas, la majorité des gens meurent encore chez eux.
01:17:34 Mais nous l'hospitalisation à domicile
01:17:36 les moyens sont pas là. Vous savez, tout ce qui est la fin
01:17:38 de la vie, je pense que les politiques qui sont souvent des hommes
01:17:40 ont très peur de tout ça, donc ils confient
01:17:42 ça à des techniciens,
01:17:44 à certains médecins qui
01:17:46 en fait ont
01:17:48 médicalisé
01:17:50 nos fins de vie et ont
01:17:52 oublié que d'abord ça nous coûterait
01:17:54 moins cher de mourir chez nous et que pour beaucoup
01:17:56 de personnes, si on leur mettait
01:17:58 à disposition les moyens de le faire,
01:18:00 ça leur permettrait d'avoir
01:18:02 une fin de vie beaucoup plus agréable parce que quand on est
01:18:04 entouré de
01:18:06 ces meubles, de l'endroit où on
01:18:08 était, quand on est dans le quartier
01:18:10 c'est quand même beaucoup plus facile alors que
01:18:12 là on préfère nous envoyer
01:18:14 dans des EHPAD, dans des
01:18:16 établissements qui
01:18:18 font ce qu'ils peuvent avec des personnels totalement
01:18:20 dévoués mais qui sont pas payés comme ils devraient
01:18:22 l'être, qui ont pas du tout les moyens
01:18:24 vous vous rendez compte que parfois ils ont même
01:18:26 pas assez de couches à vous donner chaque jour,
01:18:28 c'est quand même sordide et ça je pense qu'il faut
01:18:30 qu'on ait une vraie prise en conscience dans notre pays
01:18:32 que nos fins de vie en général,
01:18:34 la grande vieillesse, etc.
01:18:36 on est des citoyens et des citoyens
01:18:38 jusqu'au bout. - Et on y va tous.
01:18:40 Enfin, on peut souhaiter d'y aller
01:18:42 quand même en fin de vie.
01:18:44 Pas mourir trop jeune, c'est ce que je voulais dire.
01:18:46 Alors ce qui est aussi intéressant dans le livre
01:18:48 que j'ai découvert, Jean-Charles Bouchoud,
01:18:50 à votre avis, c'est qui est-ce
01:18:52 qui s'occupe plus, enfin c'est un sujet
01:18:54 qui interpelle plus, qui ? Les hommes ou les femmes ?
01:18:56 A votre avis ? - Sans doute les femmes.
01:18:58 - Évidemment !
01:19:00 Nettement même.
01:19:02 Elles sont plus sensibles à toutes ces questions, les femmes.
01:19:04 - Parce qu'elles sont là du début
01:19:06 à la fin de la vie, et puis
01:19:08 elles ont une sensibilité qui est différente de nous.
01:19:10 Vous savez, moi, j'ai été
01:19:12 quand j'étais conseiller régional
01:19:14 tout le temps dans des commissions d'affaires sociales
01:19:16 et j'étais souvent le seul homme.
01:19:18 Et c'est des commissions où on s'occupe de la vie quotidienne.
01:19:20 Et où on évite les polémiques
01:19:22 politiciennes, quel que soit le parti dans lequel
01:19:24 on est. Et c'est vrai
01:19:26 que c'était un anachronisme. Je disais "mais
01:19:28 où y sont mes collègues masculins ? Ils préfèrent
01:19:30 être dans des commissions où on a
01:19:32 l'impression qu'il y a plus de pouvoir,
01:19:34 alors que la réalité des choses, c'est s'occuper
01:19:36 de la vie quotidienne qui est quand même extrêmement important.
01:19:38 Et ça, les femmes, oui, il faut le dire.
01:19:40 D'ailleurs, vous savez, à l'Association pour le droit de mourir dans la dignité,
01:19:42 70% des adhérents sont des adhérentes.
01:19:44 Ce qui veut quand même dire quelque chose.
01:19:46 Et quand vous regardez les questions de société en général,
01:19:48 qui sont vraiment des questions
01:19:50 de la vie quotidienne,
01:19:52 les meilleurs militants, c'est souvent des militantes.
01:19:54 - En tout cas,
01:19:56 si vous avez envie de comprendre
01:19:58 pourquoi c'est notre combat à tous,
01:20:00 ça s'appelle le serment de Berne,
01:20:02 à la mort solitaire,
01:20:04 Jean-Luc Romero, Michel,
01:20:06 continuez votre combat.
01:20:08 Merci d'être venu nous en parler.
01:20:10 Et puis,
01:20:12 espérons que peut-être pour la fin de l'année,
01:20:14 on aura un texte
01:20:16 qui avance.
01:20:18 - Et une loi l'année prochaine, parce que je pense, franchement,
01:20:20 une loi comme ça, ça n'oblige à rien,
01:20:22 et ça fait élever notre société, parce que ça nous donne un droit supplémentaire,
01:20:24 et ça nous permet d'éteindre la lumière.
01:20:26 Comme le dit si bien Juliette.
01:20:28 - Et tous les députés
01:20:30 doivent être conscients que la majorité des Français,
01:20:32 c'est ce qu'ils attendent. Merci beaucoup Jean-Luc.
01:20:34 - Merci beaucoup.
01:20:36 - On continue dans un instant, on revient sur notre sujet
01:20:38 avec Jean-Charles Bouchoud, qui est toujours avec nous, bien sûr.
01:20:40 - 14h16,
01:20:42 Brigitte Lahaie,
01:20:44 Sud Radio.
01:20:46 - Jean-Charles Bouchoud, on va revenir sur notre sujet du jour,
01:20:48 quoiqu'on ne l'a pas vraiment
01:20:50 évité le sujet du jour, en parlant
01:20:52 de la fin de vie. - On était en plein dedans.
01:20:54 - On était même en plein dedans. Et c'est Gaëlle
01:20:56 qui va conclure avec nous. Bonjour Gaëlle.
01:20:58 - Bonjour Brigitte,
01:21:00 bonjour Jean-Charles. - Bonjour Gaëlle.
01:21:02 - Bonjour.
01:21:04 Oui, je voulais
01:21:06 juste dire que
01:21:08 en fait, moi
01:21:10 la sexualité est
01:21:12 un très bon moyen pour
01:21:14 s'en sortir vivant par rapport
01:21:16 à son couple
01:21:18 ou même à soi individuellement.
01:21:20 - Oui,
01:21:22 je suis bien d'accord.
01:21:24 Vous voulez dire que quand vous avez eu
01:21:26 une relation sexuelle,
01:21:28 ensuite, vous vous sentez particulièrement
01:21:30 bien
01:21:32 avec vous, enfin
01:21:34 vivante quoi, au sens...
01:21:36 C'est ça que vous voulez dire ? - Oui, c'est ça,
01:21:38 parce que c'est tellement intense
01:21:40 et que...
01:21:42 Et oui, je pense
01:21:44 que physiquement et émotionnellement
01:21:46 il n'y a pas plus...
01:21:48 Enfin en tout cas, ça fait partie
01:21:50 d'un des moments où on se sent totalement
01:21:52 vivant et d'où on a
01:21:54 la chance en tout cas d'être humain et pouvoir
01:21:56 profiter de ça en tout cas.
01:21:58 C'est un bon moyen en tout cas
01:22:00 de se sentir vivante, oui.
01:22:02 - Mais de toute façon,
01:22:04 quand on accomplit l'acte
01:22:06 sexuel, Jean-Charles Bouchoud,
01:22:08 il y a une sorte d'énergie
01:22:10 qui va de l'un à l'autre et qui...
01:22:12 - Oui, c'est une énergie partagée, bien évidemment.
01:22:14 On prend de l'énergie à l'autre et l'autre nous prend
01:22:16 de notre énergie. Et puis il y a l'énergie
01:22:18 propre à cet échange
01:22:20 amoureux, bien sûr.
01:22:22 - Oui, c'est ça.
01:22:24 Et moi je trouve ça vraiment
01:22:26 important de...
01:22:28 même si ce n'est pas
01:22:30 forcément tous les jours,
01:22:32 mais de pouvoir partager ça
01:22:34 dans un couple.
01:22:36 Une forme de
01:22:38 sexualité qui peut être assez
01:22:40 différente qui va dans l'état de la vie.
01:22:42 Même
01:22:44 quand on est malade ou autre,
01:22:46 je pense qu'on peut partager
01:22:48 cet instant unique
01:22:50 à l'autre.
01:22:52 - Et vous pensez que le désir,
01:22:54 justement, c'est déjà
01:22:56 quelque chose qui ressemble à
01:22:58 une sorte de vitalité ?
01:23:00 Vous diriez ça ou pas ?
01:23:02 - Ah oui, pour moi, oui.
01:23:04 Vraiment. Je pense que le désir
01:23:06 est vraiment important
01:23:08 et...
01:23:10 c'est le début
01:23:12 de la sexualité pour moi.
01:23:14 Et s'il n'y a pas ça dans le couple,
01:23:16 ce n'est pas un couple, pour moi
01:23:18 spécialement.
01:23:20 C'est ma perception à moi.
01:23:22 Mais oui,
01:23:24 pour moi, c'est vraiment important d'avoir
01:23:26 ce désir,
01:23:28 cet échange,
01:23:30 que ce soit un regard ou...
01:23:32 ou...
01:23:34 un mot.
01:23:36 En tout cas, quelque chose qui
01:23:38 réanime et
01:23:40 qui laisse la sexualité...
01:23:42 Pour moi, ça fait vraiment partie de la sexualité.
01:23:44 - Donc une sexualité
01:23:46 de sujet à sujet plutôt qu'une
01:23:48 sexualité, comme on disait tout à l'heure,
01:23:50 de sujet à objet ou plutôt de consommateur
01:23:52 à personne consommée,
01:23:54 ce qui devient, comme je l'ai proposé, de la gymnastique.
01:23:56 - Oui, c'est ça.
01:23:58 - Et justement,
01:24:00 Jean-Charles Bouchoud, vous qui travaillez beaucoup
01:24:02 sur les questions de perversion,
01:24:04 puisque vous avez même fait un...
01:24:06 Vous avez répondu
01:24:08 à tout un sujet dans le prochain
01:24:10 Infinity. Est-ce que
01:24:12 les pervers narcissiques,
01:24:14 on peut parler
01:24:16 quand ils sont... parce qu'ils sont souvent
01:24:18 à utiliser l'autre comme objet
01:24:20 sexuel, finalement, là, ça n'a rien
01:24:22 à voir avec l'élan vital. C'est une sorte de...
01:24:24 - Non. Ils ont besoin de se renarcissiser
01:24:26 de sans cesse. Donc c'est vraiment
01:24:28 une problématique de narcissisme. C'est-à-dire,
01:24:30 je fais l'amour pour prouver que je suis quelqu'un de bien,
01:24:32 que je suis quelqu'un de performant.
01:24:34 Ce sont des trucs qu'on a fait certainement
01:24:36 quand on était gamins lors de nos premiers débats.
01:24:38 Mais c'est quelque chose qui doit être rapidement
01:24:40 dépassé, quoi. Sinon, on devient
01:24:42 une machine de guerre. C'est pas très intéressant.
01:24:44 - C'est là où il est bien important
01:24:46 de rappeler que lorsqu'on fait l'amour,
01:24:48 on est deux sujets qui se
01:24:50 donnent et qui reçoivent.
01:24:52 - Et il y a un grand paradoxe, parce que
01:24:54 je vais me préoccuper sans cesse
01:24:56 du plaisir de l'autre, mais à
01:24:58 la fin, à un moment donné, je vais
01:25:00 presque oublier l'autre pour me recentrer
01:25:02 sur moi, sinon je risque de passer à côté de
01:25:04 mon propre orgasme.
01:25:06 Donc il y a à la fois cette fusion
01:25:08 et à un moment donné, cette séparation.
01:25:10 - C'est d'ailleurs ce que disait
01:25:12 Lacan, il n'y a pas de rapport sexuel
01:25:14 dans le sens qu'il voulait dire que
01:25:16 finalement, on est quand même un peu
01:25:18 seul dans sa sexualité.
01:25:20 - Dans l'orgasme, on est totalement
01:25:22 seul. - Exactement.
01:25:24 Mais...
01:25:26 - Mais après, ça dépend de quel orgasme
01:25:28 on parle aussi, parce qu'il y a quand même différents orgasmes
01:25:30 qui peuvent arriver.
01:25:32 On peut avoir un orgasme, je l'avais dit déjà,
01:25:34 lors d'une émission, au niveau du cœur.
01:25:36 Parce que nous sommes fixés sur nos organes génitaux,
01:25:38 mais
01:25:40 la tension sexuelle peut s'exprimer
01:25:42 par ailleurs, et notamment au niveau du cœur.
01:25:44 Et à ce moment-là, on n'est pas
01:25:46 amoureux de l'autre,
01:25:48 on devient amour.
01:25:50 Et c'est vraiment une expérience à vivre au moins une fois
01:25:52 dans sa vie, on devient amour, et c'est
01:25:54 une véritable extase à ce moment-là qui se produit.
01:25:56 Mais c'est vrai que c'est un travail
01:25:58 rigoureux à avoir avant,
01:26:00 à pratiquer la méditation,
01:26:02 pratiquer certaines formes de respiration, pour pouvoir
01:26:04 faire remonter cette énergie sexuelle
01:26:06 et au lieu de la
01:26:08 dispendier au niveau des
01:26:10 organes génitaux, la laisser
01:26:12 émerger au niveau du cœur, et voire même
01:26:14 pour certains...
01:26:16 - Et en même temps, je ne sais plus quel est le
01:26:18 sage, ou enfin bref,
01:26:20 le maître spirituel qui a dit
01:26:22 que de toute façon, dans
01:26:24 l'acte sexuel, chacun
01:26:26 peut être
01:26:28 une poignée de secondes
01:26:30 un Bouddha. - Oui.
01:26:32 - Et je trouve que c'est assez juste. - Au moment de l'extase,
01:26:34 complètement. - Oui, oui, je trouve que c'est important
01:26:36 aussi de... Et c'est en ça
01:26:38 que la sexualité, comme vous le dites
01:26:40 Gaël, ça nous donne tellement l'impression
01:26:42 d'être en vie, au sens où
01:26:44 on existe, quoi.
01:26:46 - Donc c'est intéressant de donner
01:26:48 une connotation sacrée
01:26:50 à la sexualité. - On est bien d'accord.
01:26:52 - Et de regarder l'autre et de lui
01:26:54 dire "voilà, je t'honore, toi, en tant
01:26:56 que divinité".
01:26:58 - Hum, hum.
01:27:00 Même si on a tous eu
01:27:02 une sexualité un peu gymnastique
01:27:04 quand on était très jeunes. - Parfois.
01:27:06 - Et c'est pas grave. - C'est pas grave, c'est juste
01:27:08 un peu dommage, mais c'est pas grave. - Mais non, mais c'est un parcours.
01:27:10 - Il y a une éducation qui manque, de ce point de vue, je trouve.
01:27:12 - Oulah, vous prêchez
01:27:14 une convaincue. - Ouais. - Gaël, je vous laisse
01:27:16 conclure votre témoignage.
01:27:18 Qu'est-ce que vous avez envie de dire à tous ceux qui vous écoutent ?
01:27:20 - Bah que justement,
01:27:22 d'où l'intérêt de
01:27:24 la communication, puisque
01:27:26 moi, par exemple, ça fait 32 ans que je suis
01:27:28 avec mon mari, c'est évolutif,
01:27:30 quoi, par rapport à mon ex-fille.
01:27:32 - Oui ! - On sent comme
01:27:34 c'est évolutif et que
01:27:36 si on va dans la communication...
01:27:38 - Vous avez mis moins de
01:27:40 gymnastique et un peu plus de sacré.
01:27:42 - Voilà, votre
01:27:44 corps est un temple,
01:27:46 le corps de votre conjoint est un temple,
01:27:48 c'est la rencontre de ces deux dents, ça fait une
01:27:50 cathédrale. - Hum, voilà.
01:27:52 - C'est bon. - Ben dites donc,
01:27:54 on a bouclé la boucle,
01:27:56 Charles Bouchoud, je crois, n'est-ce pas Gaël ?
01:27:58 - C'est parfait, oui !
01:28:00 - Et merci de votre bonne humeur, et puis
01:28:02 je suis toujours heureuse d'entendre des
01:28:04 couples qui durent depuis tant d'années, qui vont bien
01:28:06 et qui sont encore dans la sexualité, ça me fait
01:28:08 toujours beaucoup de bien. Merci beaucoup
01:28:10 Gaël. Jean-Charles Bouchoud,
01:28:12 merci beaucoup, je rappelle le titre de votre dernier
01:28:14 livre, "Les violences invisibles", aux éditions
01:28:16 Le Courrier du Livre, vous exercez
01:28:18 à Montpellier, mais on peut
01:28:20 vous appeler, vous pouvez,
01:28:22 vous faites aussi des consultations
01:28:24 par téléphone, et puis
01:28:26 n'hésitez pas, le dernier magazine
01:28:28 "Infinité" qui sort
01:28:30 - En ce moment. - En ce moment,
01:28:32 avec un grand article sur les pervers narcissiques.
01:28:34 - Écrit par Natacha Le Courtois.
01:28:36 - Oui, absolument. - Qui a mis beaucoup de cœur
01:28:38 à l'ouvrage. - Absolument. Tout de suite,
01:28:40 vous retrouvez Alexandre
01:28:42 de Lovann, et nous serons lundi
01:28:44 avec Arnaud Gallet, on abordera un sujet
01:28:46 difficile, le
01:28:48 parcours de l'enfant abusé
01:28:50 et jusqu'au militant contre
01:28:52 la pédocriminalité,
01:28:54 On en parlera évidemment avec vous de nombreux témoignages.