Avec Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) ; Fadila Maaroufi, cofondatrice et directrice de l'Observatoire des Fondamentalismes à Bruxelles.
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00:00 Sud Radio, midi 13h, Alexis Poulin, sans réserve.
00:06 Et bonjour, vous êtes sur Sud Radio, vous avez raison, on est ensemble jusqu'à 13h dans Poulin sans réserve.
00:12 Vous pouvez appeler le standard au 0 826 300 300.
00:15 Aujourd'hui, on reçoit Yonatan Harfi qui est le président du CRIF, le Conseil représentatif des institutions juives de France,
00:21 pour parler de l'explosion bien sûr des actes et des menaces antisémites en France mais aussi en Europe.
00:27 Et puis, on recevra en deuxième partie quelqu'un qui nous vient de Belgique pour parler de la radicalisation.
00:33 Il s'agit de Fadila Maroufi qui est cofondatrice de l'Observatoire des fondamentalismes à Bruxelles.
00:39 On parlera aussi bien sûr de Gérald Darmanin et Karim Benzema, que se passe-t-il en France de Amas Takos et de plein d'autres choses.
00:46 C'est Poulin sans réserve, on est ensemble jusqu'à 13h et on commence dans un instant.
00:50 Sud Radio, midi 13h, Alexis Poulin, sans réserve, l'invité.
00:55 Bonjour Yonatan Harfi, merci d'avoir accepté notre invitation.
00:58 Vous êtes président du CRIF, le Conseil représentatif des institutions juives de France.
01:03 On le voit depuis les exactions du Hamas qui ont eu lieu le 7 octobre dernier.
01:09 Les actes et les signalements à Pharaos n'ont fait qu'exploser.
01:13 2500 signalements à Pharaos pour antisémitisme et apologie du terrorisme.
01:17 196 enquêtes ouvertes, nous disait le ministre de la Justice ce matin, depuis le début du conflit.
01:22 102 personnes qui ont été interpellées pour des actes antisémites ou d'apologie du terrorisme depuis les attaques du Hamas.
01:28 Est-ce que là il y a un déferlement d'actes antisémites suite à ce qui s'est passé ?
01:33 Il y a eu une recrudescence immense des actes antisémites, je vais vous donner un chiffre extrêmement parlant.
01:39 On a eu dans les 6 jours qui ont suivi les attaques du Hamas, nous avons eu en France l'équivalent de 6 mois d'actes antisémites de 2022.
01:48 Pour vous donner une idée, c'est une duplication quasiment par 30 du nombre d'actes antisémites enregistrés chaque jour dans les commissariats en France.
01:58 C'est une réalité que nous anticipions parce qu'à chaque fois qu'il y a eu un conflit entre le Hamas et Israël,
02:06 un conflit au Proche-Orient, il y a immédiatement des retombées antisémites en France.
02:11 Certains disent des divisions, des tensions intercommunautaires.
02:14 Non, ce sont bien des actes antisémites, c'est-à-dire des Français juifs qui sont ciblés au nom d'une identification dévoyée à la cause palestinienne.
02:22 Ça a été le cas en 2014 où nous avions eu des synagogues attaqués à Paris ou à Sarcelles par exemple en marge de manifestation pro-palestinienne.
02:31 Et c'est aussi le cas cette fois-ci.
02:33 C'est pas qu'en France, en Allemagne on a eu une synagogue attaquée, on a eu aussi de nombreux signalements des étoiles juives
02:41 qui ont été remis sur des portes d'habitation, qui rappellent de tristes souvenirs.
02:45 Est-ce que c'est toute l'Europe qui va souffrir d'une nouvelle vague d'antisémitisme ?
02:49 Malheureusement, c'est même pas que l'Europe, c'est le cas aussi aux États-Unis, une société qui s'est longtemps pensée préserver de l'antisémitisme.
02:55 Vous parliez de l'Allemagne, c'est un pays qui pensait, compte tenu de son histoire, qu'il était vacciné contre ce fléau.
03:00 Eh bien non, on voit au fond renaître de l'antisémitisme en Allemagne avec des procédés, vous l'avez indiqué,
03:08 des étoiles de David posées sur les portes de juifs à Berlin avec des manifestations monstres
03:16 qui ressemblent plus aux rues de Damas ou du Caire qu'aux rues de Berlin,
03:20 avec de la même manière aux États-Unis, sur les campus américains, UCLA, Harvard,
03:25 des scènes qui nous paraissent complètement édifiantes vu la violence des discours qui sont prononcés.
03:33 C'est un phénomène aujourd'hui qui touche l'ensemble du monde occidental.
03:37 On a l'impression qu'il y a fondamentalement une perte de repères, qu'on n'est plus capable de distinguer, j'allais dire le bien du mal,
03:44 de distinguer ce qui, dans la séquence que nous avons vécue, et à quel sens à chaque chose,
03:51 un acte terroriste comme celui commis par le Hamas, eh bien c'est un acte de barbarie,
03:57 c'est un acte qui renvoie, pour les juifs, à une résonance dans l'histoire, évidemment, les images des pogroms, bien sûr,
04:03 tout ça a un sens particulier, on ne peut pas mettre ça, et aucunement, sur le même plan
04:08 que des dommages collatéraux à Gaza dans la riposte israélienne nécessaire pour demain faire tomber le Hamas.
04:16 - C'est-à-dire que oui, quand on lit les exactions qui ont été faites par le Hamas,
04:20 il n'y a pas de doute sur le caractère terroriste de ces actes, même si certains parlent d'actes de guerre,
04:25 c'est la question d'une guerre aussi, la question qui se pose c'est,
04:30 est-ce qu'il y aura un jour une résolution de ce conflit ?
04:34 Parce qu'on est en train de fêter ou de célébrer la disparition de Raymond Haron,
04:39 qui est un grand penseur, qui a parlé de l'accompagnement, de la création d'Etat d'Israël, etc.,
04:43 et qui disait à l'époque, dans les années 60, que les juifs, qu'ils vivent en Israël ou ailleurs,
04:47 ils sont condamnés à vivre dangereusement. Est-ce que ça c'est une condamnation éternelle,
04:51 ou est-ce qu'un jour, enfin, on aura la paix ?
04:54 - Vous avez parfaitement raison de citer Raymond Haron, qui a vu juste avec cette phrase.
04:58 En fait, ce qu'il a identifié, c'est qu'à un moment donné, la condition des juifs en diaspora
05:03 finit toujours par rattraper le peuple juif. Il y a d'une certaine manière
05:07 une condition liée aux persécutions qui rattrape les juifs,
05:13 et la parenthèse que nous avions connue avec l'idée que l'Etat d'Israël, d'une certaine manière,
05:17 protégeait les juifs, où qu'ils soient, qu'ils veuillent y vivre ou non, qu'ils s'y projettent ou non,
05:22 eh bien, ça s'est effondré le 7 octobre avec les attaques du Hamas.
05:25 Il y a donc un sentiment de précarité, d'insécurité, qui a traversé chacun des juifs
05:30 dans le monde entier, indépendamment, évidemment, de son lien à l'Etat d'Israël en tant que tel.
05:35 Donc, on vit avec ça. On a, dans l'histoire juive, l'expérience de la confrontation à ces moments-là,
05:44 mais ce sont des moments qui sont extrêmement douloureux, et on est sensible dans ces moments-là
05:47 à tous les gestes de solidarité, à tous les mots de fraternité qui nous sont adressés.
05:51 Il y en a eu beaucoup dans la société française, mais il y a aussi beaucoup de gens que je n'ai pas entendus,
05:55 que j'aurais aimé entendre dans ces périodes-là.
05:58 Ce que disaient certains animateurs de télé ou membres des personnalités n'ont pas pris la parole,
06:03 c'était un choix aussi. Il faut rappeler que, c'est Elisabeth Borne, la Première ministre,
06:08 qui le disait, que 24 Français ont été tués lors de l'attaque meurtrière du Hamas,
06:12 et qu'il y a aujourd'hui 7 disparus et sans doute beaucoup d'autres retenus en otage.
06:17 Donc c'est le monde entier qui a été touché d'une certaine façon, vous parliez de la diaspora,
06:22 c'est ce problème-là. Aujourd'hui, la communauté juive en France,
06:25 est-ce qu'elle se sent protégée par les pouvoirs publics, ou est-ce qu'il y a quand même
06:30 une peur de trou dans la raquette ou de déclarations qui ne seraient pas à la hauteur de ce qui est sur le terrain ?
06:35 Alors, oui, elles se sentent évidemment protégées par les pouvoirs publics,
06:38 parce qu'il y a au ministère de l'Intérieur, chez Gérald Darmanin,
06:41 et puis plus largement au sein de l'ensemble de l'exécutif,
06:44 une conscience forte du fait que l'antisémitisme, sur cette séquence-là,
06:49 est un marqueur d'un trouble profond de la société française,
06:52 que la cause palestinienne est instrumentalisée et dévoyée pour s'attaquer aux Juifs,
06:57 et qu'il faut, d'une certaine manière, protéger le plus possible la vie juive de ces menaces-là.
07:04 Mais, en même temps, ce que je constate, c'est que malheureusement, ça n'empêche pas la peur,
07:09 ça n'empêche pas l'anxiété dans la communauté juive.
07:11 Je peux vous dire que des parents qui déposent leurs enfants à l'école juive le matin,
07:15 la boule au ventre, eh bien, c'est des scènes qui ne sont pas acceptables.
07:19 En République, on doit pouvoir vivre sa vie culturelle, religieuse,
07:25 de manière naturelle, simple, sans avoir à s'inquiéter pour les enfants qu'on dépose le matin à l'école,
07:30 sans avoir à se soucier, quand on rentre dans une synagogue,
07:33 de s'assurer qu'il y a bien devant, à un moment donné, un fonctionnaire de police pour la protéger.
07:38 - Est-ce que vous êtes d'accord avec ce que voulait faire le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
07:43 d'interdire systématiquement les manifestations pro-palestiniennes,
07:46 ce qui a été rejeté par le Conseil d'État ?
07:48 Hier, il y avait une grande manifestation à Place de la République.
07:51 Vous faites bien la différence, d'ailleurs, entre la cause palestinienne et ce que fait le Hamas.
07:56 Est-ce que, pour vous, c'était une solution d'interdire ?
07:59 Ou est-ce qu'en démocratie, on ne doit pas interdire et la cause palestinienne doit être entendue également ?
08:04 - Les interdictions, quand elles sont prononcées, ce n'est pas qu'elles sont une bonne chose,
08:08 c'est qu'elles sont nécessaires.
08:09 Elles sont nécessaires pour éviter des débordements en marge de ces manifestations,
08:14 parce qu'on sait l'effet que génèrent ces manifestations,
08:18 l'incitation à la violence qu'elles peuvent provoquer.
08:20 Vous savez, dans la manifestation d'hier, on a entendu des cris comme "Israël assassin, Macron complice",
08:26 on a vu des panneaux indiquant "Gaza = Auschwitz".
08:31 Ça, ça ne vise qu'à une seule chose, à étouffer la responsabilité du Hamas dans des actes terroristes.
08:37 C'est une forme de légitimation du terrorisme qui est en train de se passer publiquement dans les rues françaises.
08:43 C'est une menace pour les Français juifs, mais c'est une menace pour l'ensemble de l'ordre républicain,
08:47 parce qu'il ne faut pas que chacun pense que ça ne va toucher, entre guillemets, que les Juifs.
08:51 Quand ce type de dynamique se met en place, c'est une dynamique qui est dangereuse pour tout l'édifice,
08:55 pour chacun des Français.
08:56 On l'a vu, malheureusement, à Arras, avec cet enseignant, Dominique Bernard, à qui je veux rendre hommage,
09:03 qui a été victime aussi, d'une certaine manière, de cette dynamique-là,
09:08 parce que c'est l'appel au djihad mondial du Hamas pour ce vendredi en question,
09:13 qui a sans doute armé idéologiquement l'assassin.
09:16 Ce djihad, c'est un vrai problème.
09:20 Ces appels sont parfois suivis des faits, malheureusement.
09:24 Là, le Hamas promet des jours de colère à répétition contre Israël, mais aussi contre les Européens.
09:31 Est-ce que, dans la part des actes antisémites, des menaces terroristes,
09:35 les réseaux sociaux jouent maintenant un rôle clé ?
09:38 On l'a vu dans la diffusion, notamment, de la propagande de l'État islamique.
09:42 Est-ce que là, il y a un vrai souci, qui est nouveau, qui n'était pas là auparavant ?
09:47 Dans les années 90, il n'y avait pas les réseaux sociaux,
09:51 la situation au Proche-Orient était plus calme,
09:54 et on avait quelques dizaines d'actes antisémites par an.
09:57 On a maintenant plusieurs centaines sur quelques semaines, ces jours-ci.
10:01 Donc on est dans une dynamique qui a radicalement changé.
10:04 Alors bien sûr, il y a l'explication liée à la situation au Proche-Orient,
10:07 mais il y a aussi un catalyseur de haine, que sont les réseaux sociaux.
10:12 Il y a de la radicalisation en ligne qui se passe.
10:15 Il y a aussi l'idée qu'il y a un effet de mimétisme.
10:18 Quand on voit circuler les images d'un graffiti antisémite,
10:22 d'une agression antisémite, ou au Proche-Orient, de Juifs massacrés, exécutés,
10:27 il y a des gens pour qui ça libère un tabou,
10:30 qui se disent qu'après tout, c'est le moment pour eux aussi de passer à l'acte.
10:34 Cette dynamique-là est amplifiée par les réseaux sociaux.
10:37 Nous sommes en discussion avec les plateformes,
10:39 et je considère qu'elles ont une lourde responsabilité
10:41 dans le fait de mettre énormément de moyens sur la modération des contenus.
10:44 On ne peut pas accepter que ce qui est en ligne soit hors la loi.
10:48 La loi doit s'appliquer de la même manière, en ligne et en dehors.
10:52 - Il y a ce cas emblématique de ce footballeur,
10:55 alors pas Karim Benzema, mais Youssef Atal à Nice,
10:59 qui lui avait retweeté carrément un appel au meurtre, je crois, d'un prédicateur,
11:03 via son compte Instagram.
11:05 C'est ce type d'outil qui va rendre les choses dangereuses, difficiles,
11:09 parce que certains vont relayer des choses sans même se rendre compte de ce qu'ils relaient.
11:12 - Oui, d'autant plus quand ces acteurs-là ont des communautés qui les suivent extrêmement importantes,
11:16 de centaines de milliers, voire de millions de followers.
11:19 Ils ont une responsabilité sur les épaules avec leurs paroles.
11:22 Quand ils relaient des appels au meurtre, qu'est-ce que ça génère derrière ?
11:26 Ça génère des passages à l'acte violents.
11:28 C'est ça que ça génère.
11:29 Vous savez, pour notamment les jeunes
11:33 qui sont dans un environnement où la violence est peut-être plus quotidienne,
11:36 plus naturelle, elle s'exerce, ou en tout cas émerge plus souvent,
11:41 c'est pas forcément facile en ce moment d'être juif.
11:44 On est renvoyé à la question du Proche-Orient
11:47 et il y a une forme de propagande du Hamas qui gagne beaucoup d'esprit.
11:53 Alors bien sûr, les gens ne sont pas tous ouvertement pro-Hamas, évidemment,
11:56 mais ce qu'ils font, c'est qu'ils légitiment ou ils cautionnent les actes
12:00 en considérant que ce serait quelque part un équivalent opposition de l'État d'Israël.
12:06 Or, on ne met pas sur le même plan un régime terroriste islamiste d'un côté
12:11 et puis de l'autre côté, une démocratie comme l'État d'Israël.
12:14 - Et dont la doctrine, il faut rappeler quand même que l'un des objectifs du Hamas,
12:18 c'est la disparition de l'État d'Israël.
12:19 Vous avez encore des gens qui militent pour la disparition de l'État d'Israël.
12:22 - Bien sûr. Le Hamas souhaite une seule chose,
12:25 c'est expulser tous les juifs présents entre la mer et le Méditerranée et le Jourdain,
12:31 c'est-à-dire la suppression de l'État d'Israël.
12:32 Mais il va plus loin, sa charte, et aussi pour considérer que les juifs,
12:38 où qu'ils soient dans le monde, sont une cible.
12:40 On est face à un mouvement terroriste totalitaire
12:44 qui a un projet vis-à-vis des juifs qui est un projet génocidaire, il faut le dire.
12:48 Alors, ses moyens sont limités pour l'instant à la bande de Gaza,
12:51 mais s'il avait davantage de moyens, il aurait pesé plus lourdement.
12:53 Pour vous donner une idée, c'est comme si on avait laissé l'État islamique
12:57 prospérer 15 ans là où il était.
12:59 Regardez ce que l'État islamique avait fait en deux ou trois ans.
13:02 Le Hamas, ça fait 15 ans qu'ils sont au pouvoir à Gaza.
13:04 Ils ont un proto-État.
13:06 Donc on n'est pas dans un mouvement terroriste simplement sous-jacent.
13:10 On est face à un proto-État terroriste, islamiste,
13:15 qui utilise tous les moyens dont il se pose une structure de ce type
13:18 pour exercer sa violence et ses exactions.
13:21 - Mais que faire ? La diplomatie a quand même un rôle à jouer
13:24 puisqu'on sait qu'un des grands responsables du Hamas est à Doha, au Qatar,
13:28 protégé par les autorités qataries.
13:30 Le Qatar n'est pas un ennemi de la France, on fait des affaires avec le Qatar.
13:34 Comment ça se fait qu'on arrive à cette situation ubuesque finalement
13:38 où on va d'un côté accuser les combattants du Hamas
13:40 et de l'autre côté ne rien dire pour les responsables du Hamas
13:43 qui sont protégés par le Qatar ?
13:44 - Vous savez, on fait malheureusement des affaires avec beaucoup de gens
13:47 qu'on ne devrait pas forcément fréquenter
13:49 ou avec qui on devrait avoir des exigences.
13:52 Je pense que les sociétés démocratiques ont une responsabilité,
13:56 c'est de remettre au cœur de la diplomatie internationale
13:59 la question des valeurs et la question des valeurs démocratiques en priorité.
14:03 Donc la France a des relations privilégiées avec le Qatar,
14:06 elle a des relations privilégiées avec la Turquie, avec l'Egypte
14:09 qui peuvent servir d'intermédiaire pour peser sur le Hamas.
14:12 Il faut aujourd'hui que nous fassions de la libération des otages
14:15 une priorité diplomatique en France.
14:17 Il y a des otages français.
14:19 On a toujours insisté pour libérer tous les otages français de par le monde.
14:24 Je suis convaincu que la France le fera aussi dans ce dossier.
14:27 Il faut qu'elle le fasse vite et qu'elle le fasse fermement
14:29 en n'abandonnant pas le soutien à la démocratie
14:32 et donc le soutien à l'état d'Israël dans cette séquence
14:35 qui est une démocratie attaquée.
14:37 - Il y a 3 500 français qui vont être apatriés aussi d'Israël.
14:40 Pendant des années, Israël a été vu comme un havre de paix
14:44 ou de protection pour la communauté juive
14:46 qui partait justement là-bas
14:48 après avoir vécu toute une vie dans certains pays.
14:51 Aujourd'hui, cette attaque du Hamas va changer la donne.
14:54 Est-ce que la faillite de la protection du peuple juif
14:58 a changé la vision que les juifs pouvaient avoir de l'état d'Israël ?
15:02 - Ce qui est certain, c'est que le 7 octobre 2023
15:05 fera césure pour le monde juif
15:07 dans la relation entre Israël et la diaspora
15:09 comme la guerre des 6 jours a pu faire césure.
15:12 Quels seront les changements ? C'est trop tôt pour le dire.
15:14 Il y a effectivement des français juifs qui s'étaient établis en Israël
15:19 et qui pourraient demain considérer que finalement
15:21 c'est une vie trop dangereuse et revenir en France.
15:23 Il peut y avoir aussi des personnes qui se disent que
15:27 la ligne de front aujourd'hui pour les valeurs démocratiques
15:31 et pour le peuple juif, elle est en Israël
15:33 face aux terroristes du Hamas et d'autres.
15:36 Il faut penser à l'Iran et au Hezbollah aussi
15:38 et vouloir prendre leur part dans ce combat-là.
15:40 Ce sont des dynamiques qui sont difficiles à évaluer pour l'instant
15:44 mais effectivement, c'est un événement qui fera date dans la conscience juive
15:48 et je suis sûr que ce qui se passe en ce moment sera étudié plus tard
15:53 et que chacun des mots, chacune des positions
15:57 de nos hommes et femmes politiques dans ces moments-là est important
16:00 parce qu'ils resteront aussi pour l'histoire.
16:02 Merci beaucoup Yonatan Harfi d'avoir parlé au micro-dessus de Radio-Canada.
16:08 Alexis Poulin, sans réserve, l'édito.
16:11 Atmosphère, atmosphère, est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ?
16:15 Bon, depuis quelques jours, on ne va pas se mentir.
16:17 Le pays est en surchauffe d'alertes en tout genre.
16:19 Le Louvre, Versailles, des aéroports évacués, des alertes quotidiennes.
16:23 Gérald Darmanin qui parle de djihadisme d'atmosphère.
16:26 Et là, on peut peut-être même commencer à parler d'une atmosphère toute pourrie
16:29 au point que la police municipale de Valence a dû intervenir
16:32 pour une enseigne lumineuse radicalisée.
16:35 Oui, comment Shamas Takos, enseigne de restauration rapide,
16:38 est devenue Amas Takos avec un C lumineux tombé en panne.
16:42 On écoute l'intervention de la police.
16:44 Voilà, juste parce que c'est écrit Amas.
16:47 Fermeture également administrative.
16:48 Fermeture administrative.
16:50 On n'est pas dans la provocation quand même.
16:52 C'est un peu marrant, excusez-moi, mais voilà.
16:55 C'est pour que ça ne règle pas en dehors d'être bien de me voir.
16:58 Pour un C au moins.
16:59 C'était pour faire des vidéos de TikTok après.
17:02 Il est en train de l'enseigner carrément.
17:03 Parfait.
17:04 C'est comme pour Amas.
17:05 Mais non, il ne faut pas faire rien comme ça.
17:07 En fait, ça prend un valencement longtemps et là, c'est remontant au niveau du maire.
17:11 La mairie s'est dit même surprise de l'ampleur.
17:13 Mais c'est vrai que les passants étaient émus de voir le mot Amas s'éclairer chaque soir devant l'enseigne de Takos.
17:20 La direction de la police a donc envoyé cet équipage qui a dû demander l'extinction totale de l'enseigne
17:25 qui devait être réparée dans les prochains mois.
17:27 Et toujours selon la mairie, les employés de Takos, comme vous les avez entendus, n'ont pas trop compris.
17:33 Et les policiers ont rappelé que si c'était volontaire, l'établissement risquait une fermeture administrative.
17:38 Voilà. Alors l'enseigne est éteinte et l'incident est clos.
17:42 Voilà une action rapide et efficace du ministère de l'Intérieur et de la police.
17:45 Que les insignes lumineuses radicales soient ainsi prévenus.
17:48 Et en termes d'efficacité, on peut dire que notre ministre se pose là aussi.
17:52 On a eu l'enquête express de Gérald Darmanin sur les liens fréristes de Karim Benzema.
17:56 On l'écoute.
17:57 - Depuis quelques semaines, je m'intéresse particulièrement, M. Benzema étant lien, on le sait tous, notoire, avec les frères musulmans.
18:03 Nous attaquons à un hydre qui sont les frères musulmans parce qu'ils donnent un djihadisme d'atmosphère, comme le disait Gilles Keppel.
18:10 - Djihadisme d'atmosphère. Et puis alors, quelles sont les sources de Gérald Darmanin ?
18:14 Et bien voilà, on le sait tous, c'est notoire, tout le monde le sait.
18:16 On est à deux doigts de la justification en mode taquillette frérot quand même, Gérald.
18:20 C'est un peu léger peut-être, on attend plus.
18:22 Mais c'est vrai, on a de la chance d'avoir ce ministre de l'Intérieur hyperactif
18:25 puisque c'est aussi un peu Tom Cruise dans Minority Report.
18:28 Il est tellement fort, Gérald Darmanin, qu'il condamne même avant que les faits soient commis
18:31 ou pour des faits qui n'ont pas eu lieu.
18:33 On écoute la suite de son intervention contre Karim Benzema.
18:36 - Je constate qu'il n'a toujours pas fait un tweet pour l'assassinat de ce professeur Haras.
18:40 Je constate qu'il n'a pas fait de tweet non plus pour les bébés décapités,
18:44 pour les femmes violées, pour les 1300 massacrés du terroriste islamiste en Israël.
18:50 Je vais vous dire quelque chose, si monsieur Benzema veut montrer sa bonne foi
18:53 et qu'il est capable dans quelques instants de tweeter pour la mort de ce professeur, je retirerai mes propos.
18:58 - Ah voilà, donc faites très attention à ce que vous ne tweetez pas
19:01 ou à tout ce que vous ne dites pas publiquement, ça pourrait être tenu contre vous.
19:05 Donc vraiment, attention à ce que vous ne dites pas.
19:08 Là j'ai fait un sondage sur X Twitter, ça vaut ce que ça vaut, c'est un sondage sur Twitter,
19:13 donc ça vaut rien, mais quand même, sur 30 000 réponses, vous êtes pas loin de 83,6%
19:18 à avoir plus confiance en Karim Benzema qu'en Gérald Darmanin.
19:21 Bon voilà, alors sans doute parce que Benzema a une meilleure frappe en profondeur,
19:25 il a des sens pointus de son métier et des millions de fans, ce que Gérald, lui, n'a pas.
19:29 En tout cas, l'atmosphère, elle est particulière et on peut commencer à parler de surréalisme d'atmosphère même.
19:34 - Et on enchaîne tout de suite, bonjour Fadelia Maroufi,
19:42 vous êtes cofondatrice de l'Observatoire des fondamentalismes à Bruxelles.
19:46 Alors, vous, vous êtes en France pour quelques jours,
19:50 la Belgique a été touchée lundi par un terroriste.
19:53 En France, c'était vendredi que Dominique Bernard, un professeur, était tuée.
19:57 La Suède est visée. Est-ce que l'Europe, actuellement, est sous attaque ?
20:01 - Je pense que l'Europe, non seulement est sous attaque, mais ça fait depuis quelques années quand même,
20:06 on a bien vu qu'il y a eu d'autres attentats, notamment au musée Juif à Bruxelles en 2014,
20:11 en 2015, 13 novembre à Paris, à Bruxelles en 2016.
20:15 Donc c'est des attaques qui ont eu depuis plusieurs années et on sent bien que,
20:20 pour moi en tout cas, il me semble que ça n'a pas cessé par la suite,
20:26 puisqu'il y a eu aussi des attaques au couteau, voilà.
20:29 Donc il y a eu pas mal de phénomènes qui ont montré, on parlait de cas individuels,
20:34 mais pour moi il n'y a pas de loup solitaire et pas de cas individuels.
20:37 Je pense que tout ça fait partie, en tout cas depuis ces dernières décennies,
20:42 de ce qu'on appelle, ce que Gilles Keppel appelle le djihad, enfin,
20:49 tout ce djihad atmosphère, etc.
20:52 Tout ça pour moi, ça vient justement de tous les propos des frères musulmans,
21:02 du frérisme qui se déploie en Europe.
21:05 - Donc vous, vous êtes plutôt d'accord avec Gérald Darmanin quand il accuse Karim Benzema
21:09 de être proche des frères musulmans dans ses prises de position publiques ?
21:12 - En tout cas, on sait que depuis plusieurs décennies, depuis plusieurs années,
21:15 on a des générations, deux, troisième, voire quatrième génération,
21:18 qui sont influencées, qui ont été formées et qui sont influencées par le frérisme en Europe.
21:25 Et je pense qu'il a probablement, peut-être, on a pu observer en tout cas
21:32 que Benzema effectivement dit ou ne dit pas des choses.
21:36 Il a peut-être été influencé, comme beaucoup d'entre nous, par le frérisme.
21:40 Et donc c'est en cela qu'il faut être vigilant en tout cas de ce qui se passe sur les réseaux sociaux,
21:44 d'autant plus qu'effectivement, Benzema a une grande influence.
21:47 Mais non, est-ce qu'il est directement lié aux frères musulmans ?
21:51 Ça, je pense que c'est des éléments que M. Darmanin doit avoir.
21:54 - On espère, sinon c'est Minority Report.
21:57 Est-ce qu'il y a aujourd'hui, dans la communauté musulmane,
22:02 une prise de conscience aussi des moyens d'autodéfense face à la propagande
22:07 justement des frères musulmans ou face à certains courants radicaux ?
22:10 - En tout cas, pour cela, il faudrait déjà qu'on en parle, qu'on sache de quoi on parle.
22:15 Parce que c'est vrai qu'on voit par exemple que dans les universités,
22:19 on sait que les frères musulmans ont attaqué d'abord, ont noyauté les universités,
22:24 l'enseignement et d'autres secteurs en Europe.
22:28 Il y a une grande influence qui fait qu'on voit qu'on n'a pas vraiment étudié les frères musulmans.
22:36 En tout cas, ce qu'on a beaucoup étudié, c'est surtout l'islamophobie, la lutte contre l'islamophobie.
22:40 On empêche des professeurs de faire de la recherche.
22:44 D'ailleurs, il y a une chercheuse en France qui est maintenant menacée de mort pour ses recherches sur le frérisme.
22:49 On ne connaît pas suffisamment bien le frérisme.
22:52 Et je pense qu'il faudrait de plus en plus, en tout cas,
22:55 donner des subventions à des professeurs qui sont assez courageux pour les étudier
23:01 et former les citoyens, former les différents secteurs sur ce danger-là.
23:06 - Mais vous, vous dénoncez aussi un lobbying politique de cette mouvance.
23:10 L'observatoire des fondamentalismes à Bruxelles, que vous avez co-fondé,
23:13 est poursuivi parce que vous avez dénoncé la proximité idéologique d'une élu belge
23:17 et d'un entrepreneur influent avec l'islamisme. Comment vous expliquez ça ?
23:21 - Alors, la situation en Belgique est très très compliquée.
23:24 C'est-à-dire qu'on sent quand même que depuis plusieurs années,
23:27 on a un déni sur le phénomène du frérisme.
23:30 Et d'ailleurs, il y a un professeur de l'Université libre de Bruxelles, Corinthian Hickens,
23:34 qui dit que l'islamisme c'est comme le monstre de Neoclès.
23:37 Tout le monde en parle, mais personne ne l'a jamais vu.
23:40 Ce qui, en gros, veut dire que ça n'existe pas.
23:43 - Et comment elle peut dire une chose pareille ?
23:46 - Voilà, c'est la question qu'on se pose.
23:48 Et surtout, comment elle peut encore continuer à servir, en tout cas d'interlocutrice,
23:53 et être reconnue comme spécialiste auprès de la presse et auprès du gouvernement belge.
23:59 Alors, on voit effectivement qu'il y a des liens avec ces personnages que vous avez cités.
24:06 On les voit très influents. On les voit aussi souvent prendre des positions pro-voile, etc.
24:12 On sait que le voile est une norme islamique qui est évidemment très importante pour tous ces mouvements fréristes.
24:19 Et effectivement, on ne peut plus rien dire.
24:23 À partir du moment où on va aborder ces questions sérieusement,
24:25 en fait, tout de suite, il y a un djihad judiciaire.
24:27 Et c'est ce qu'ils essayent de faire, en tout cas, en me poursuivant.
24:30 Alors qu'il y a des éléments qui le montrent.
24:35 - Et vous, vous êtes non seulement poursuivie en justice par ces mouvances-là,
24:40 mais vous avez reçu de nombreuses menaces, sans être pour autant sous protection policière.
24:45 Est-ce qu'il y a un laxisme en Belgique ?
24:48 Est-ce que vous voyez la différence entre la France et la Belgique quand vous passez la frontière ?
24:51 - Oui, il y a une différence.
24:53 Et on sait qu'à Bruxelles, on oxyde.
24:55 Donc, sur Bruxelles-Capital, il y a 19 mairies.
24:58 Et sur ces 19 mairies, vous avez 7 ou 8 communes
25:02 où nous avons une population de confessions musulmanes qui oxyde entre 22 et 42 % de musulmans.
25:10 Alors, évidemment, les pouvoirs politiques, pour eux, l'enjeu, c'est les enjeux électoraux.
25:16 Nous approchons de 2024, donc les prochaines élections,
25:19 et on sait que c'est un enjeu très capital pour la gauche,
25:22 notamment le parti socialiste écolo et le parti d'extrême gauche.
25:27 Et donc, effectivement, on essaie justement de ne pas vexer son électorat.
25:32 Et donc, il y a un déni total sur ces phénomènes.
25:35 Il y a un déni, évidemment, et on ne veut pas, et on ne peut pas aborder ces questions.
25:39 Donc, l'islamisme et le radicalisme, on essaie de ne pas les aborder.
25:43 Et pire encore, on travaille de plus en plus,
25:46 et en tout cas, après les attentats de 2016 à Bruxelles,
25:49 il y a eu des appels pour travailler sur ces questions-là.
25:53 Et on sait que ceux qui ont reçu les financements,
25:55 ce sont surtout des gens qui sont soit frères ou soit proches des frères musulmans à Bruxelles,
25:59 et qui travaillent essentiellement sur ces questions-là.
26:01 - Et donc, l'argent public, en fait ?
26:03 - Voilà, donc l'argent public finance des associations, des organisations,
26:08 pour déradicaliser ou pour travailler sur le radicalisme.
26:12 En réalité, la seule chose qu'on travaille, c'est sur le thème de l'islamophobie,
26:15 c'est-à-dire qu'on dit aux gens, en gros, il faut éviter d'être islamophobe,
26:19 c'est ça qui fait que les jeunes sont radicalisés.
26:22 Or, la réalité, c'est que la plupart des jeunes ont été influencés dans des lieux,
26:27 comme les mosquées, dans des centres de clubs sportifs,
26:31 via les réseaux sociaux.
26:34 Donc on ne peut pas non plus dire que ce n'est qu'uniquement via les réseaux sociaux que ça se fait,
26:39 l'influence se fait dans différents lieux, différents milieux.
26:42 - Et c'est quoi le modèle belge, en fait ?
26:45 Est-ce que c'est un modèle, à l'anglaise, de communautarisme,
26:48 ou est-ce qu'il y a un modèle plus sur le modèle français, d'intégration, de laïcité ?
26:52 Quel est le choix qui a été fait par la Belgique ?
26:55 - Alors, la laïcité en Belgique, il y a une organisation laïque en Belgique
26:59 qui est financée par l'État belge, au même titre qu'un culte.
27:03 Où nous, on se dit plutôt défendre la neutralité,
27:08 mais en réalité, sur le fond, c'est exactement la même chose,
27:11 c'est la même laïcité qu'à la française.
27:14 Par contre, nous avons surtout adopté, évidemment, la conception anglo-saxonne,
27:19 c'est-à-dire multicultéralisme, etc.
27:22 Parce que d'abord, la Belgique est aussi communautaire,
27:24 c'est-à-dire que la Belgique est fragmentée entre trois communautés,
27:27 germanophone, néerlandophone et francophone.
27:30 Et on voit qu'il y a clairement des différences de mentalité entre ces différentes communautés.
27:34 Ensuite, on voit qu'effectivement, en France, par exemple,
27:38 dans la partie francophone, il y a un cordon sanitaire
27:41 qui fait que tout propos considéré comme extrême-droite ne peut plus être abordé.
27:47 Et donc, ces discussions, par exemple, qui ne font pas partie de la DOCSA,
27:52 notamment sur les questions de radicalisme,
27:54 sont considérées comme des propos d'extrême-droite.
27:56 Donc, on évite de les aborder, ça devient un délit.
27:59 - Donc, vous dites en fait que le débat politique en Belgique,
28:02 il est empêché par ces lobbies de frères musulmans ou autres,
28:07 qui empêchent les responsables politiques de prendre la parole
28:10 ou de dire les choses ?
28:11 - Alors, on sait qu'il y a des personnalités qui sont fréristes aux frères musulmans
28:16 qui sont dans différents partis de gauche,
28:19 que ce soit le parti socialiste ou que ce soit chez les écologistes.
28:23 Et évidemment, ça fait depuis plusieurs années qu'ils travaillent
28:27 à ce que le langage soit complètement modifié
28:29 et que ça aille dans leur sens,
28:31 et que tout ce qu'ils demandent puisse être accessible.
28:33 Alors, depuis 2016, depuis les attentats,
28:35 on sent que les frères musulmans ont avancé leur projet sur Bruxelles.
28:40 Des normes sont de plus en plus fortement présentes, on le sent.
28:45 On voit bien que la bataille par rapport aux portes du voile,
28:48 notamment quasiment la totalité des femmes musulmanes portent le voile à Bruxelles.
28:52 On voit même des petites filles qui portent le voile.
28:55 On voit que dans l'enseignement, dans certaines écoles catholiques,
28:58 des professeurs de mathématiques, etc. portent le voile.
29:01 On voit bien que les frères musulmans ont avancé vraiment dans leur projet
29:08 et ils ne sont pas du tout arrêtés, contrairement à la France.
29:11 Moi, je pense qu'on peut vraiment saluer M. Darmanin et Gabriel Attal
29:16 d'avoir eu quand même des actes forts, même s'il y a encore beaucoup à faire.
29:21 - On va en parler justement dans la suite de cet entretien.
29:24 Vous êtes sur Sud Radio, c'est Poulain sans réserve.
29:26 On est ensemble jusqu'à 13h, le standard 0826-300-300.
29:29 On se retrouve tout de suite pour continuer notre entretien avec Fadila Maroufi,
29:32 cofondatrice et directrice de l'Observatoire des fondamentalismes à Bruxelles.
29:35 Et on se retrouve avec Fadila Maroufi,
29:40 cofondatrice de l'Observatoire des fondamentalismes à Bruxelles.
29:43 Merci d'être sur notre plateau.
29:45 On parlait, avant de lancer cette coupure, de l'ABAIA,
29:50 mesure prise par Gabriel Attal.
29:52 Est-ce que vous pensez que la France a fait un bon choix
29:55 et fait plus que la Belgique pour défendre sa laïcité ?
29:58 - Oui, clairement. On voit quand même que la France,
30:02 et en tout cas ce que Gabriel Attal a pris comme mesure,
30:06 était nécessaire.
30:08 Par exemple, si je compare avec la Belgique,
30:11 là, après l'attaque terroriste, il y a une école,
30:14 donc Cardinal Mercier, un professeur qui témoigne
30:17 que ses élèves ont demandé de faire une prière pour le terroriste.
30:20 Donc on voit bien quand même qu'en Belgique,
30:23 ces questions-là sont abandonnées.
30:25 Il faut des mesures très claires et très fortes,
30:28 surtout vis-à-vis des enseignants qui, on sait,
30:32 sont en danger actuellement.
30:34 On l'a bien vu après Samuel Paty,
30:36 puis dernièrement aussi avec Dominique Bernard.
30:39 Donc je pense qu'effectivement, il faut des mesures très fortes,
30:42 et la France prend la mesure et va dans le bon sens,
30:45 contrairement à la Belgique.
30:46 - Parce que Belgique et France sont quand même deux pays
30:48 qui sont sous les radars, qui sont des cibles,
30:51 notamment de l'État islamique, depuis des années.
30:54 Comment vous expliquez ça, et pourquoi finalement
30:56 les autorités belges ne prennent pas, comme vous le dites,
30:59 à la hauteur ou au sérieux cette menace ?
31:01 - Alors je pense que la France est prise pour cible
31:04 à cause de ses positions, parce qu'évidemment,
31:06 il y a une opposition en France, ce qu'il n'y a pas en Belgique.
31:10 En Belgique, ces attentats et ces attaques
31:12 ne sont pas directement liés à la Belgique, en réalité.
31:15 Quand on regarde la dernière attaque terroriste
31:17 qui s'est produite lundi, il a attaqué,
31:19 surtout, il a tué des Suédois.
31:22 Donc pour les Belges, clairement, pour les politiciens belges,
31:25 c'est pas la Belgique qui a été attaquée.
31:27 Comme pour 2016, il y a eu cet attentat,
31:30 mais il s'avère qu'on dit qu'ils n'ont pas été visés
31:33 directement en Bruxelles, mais c'était parce qu'ils se trouvaient
31:36 là avec des bombes et qu'il fallait s'en débarrasser, etc.
31:38 Donc voilà un peu l'ambiance en Belgique,
31:41 tant que ça ne les concerne pas directement.
31:43 En fait, pour l'instant, tout va bien,
31:45 et on ne va certainement pas les provoquer,
31:47 en sachant aussi que la Belgique est une terre d'accueil
31:51 pour les terroristes, pour les djihadistes, etc.
31:53 On le voit.
31:55 - Alors, pas pour celui de lundi,
31:58 ce terroriste qui avait vu sa demande de résidence rejetée,
32:02 mais qui a disparu des radars, alors qu'il avait été condamné
32:05 pour trafic humain. Enfin, le profil de l'attaquant
32:07 est assez grave, comme en France,
32:09 où la personne était fichée S, suivie par les services de police.
32:12 Est-ce qu'il n'y a pas là aussi une sorte de déni
32:17 ou de manque de moyens ou de lois pour éviter
32:21 ce type de personnes et que ce type de personnes passe à l'acte ?
32:24 - Alors, il y a un manque de moyens, certes.
32:26 On voit bien que, par exemple, l'organe de coordination
32:29 pour l'analyse de la menace en Belgique et la police
32:31 manquent cruellement de moyens.
32:33 La police est très souvent, comme en France,
32:37 on l'a vu avec l'affaire Nahel, pointée du doigt,
32:39 voire discréditée, on remet en question son autorité,
32:42 et ils ne sont pas du tout soutenus.
32:44 Or, il y a un vrai danger de certaines associations,
32:46 notamment des coloniaux, etc., ou indigénistes,
32:49 qui attaquent nos institutions et qui empêchent finalement
32:53 à ce qu'on puisse avancer sur ces questions-là.
32:56 Donc, toutes ces organisations sont des organisations
32:59 qui sont dangereuses et qui permettent aux djihadistes
33:02 et au frérisme de continuer d'avancer,
33:04 puisque ce sont des alliés qui travaillent ensemble
33:09 sur ces différentes possibilités, en tout cas,
33:12 de mettre à mal nos États.
33:14 - Mais vous, vous avez infiltré le réseau des Sœurs Musulmanes,
33:17 l'équivalent féminin des Frères Musulmans,
33:19 pendant trois ans. Comment ça se passe, en fait ?
33:21 Comment ils travaillent, justement ? Qu'est-ce que vous avez vu ?
33:24 - Alors, au départ, je devais y rester six mois
33:26 pour un travail de master en anthropologie,
33:28 et finalement, j'y suis restée trois ans,
33:30 parce que j'ai très rapidement vu, en fait,
33:33 qu'il y avait une espèce d'endoctrinement auprès de ces femmes,
33:36 qui, au départ, ces femmes, venaient là surtout
33:38 suite au départ des jeunes en Syrie et en Irak,
33:41 et elles ne voulaient pas que leurs enfants soient endoctrinés.
33:44 Et il s'avère qu'au bout de deux mois,
33:46 j'ai commencé à percevoir que leur logiciel
33:49 avait complètement changé.
33:51 Elles qui parlaient de ne pas être dans la violence, etc.,
33:55 acceptaient les discours violents à l'encontre des Juifs,
33:59 à l'encontre des homosexuels, etc.,
34:01 et elles ne disaient plus rien.
34:03 Au contraire, puisqu'on disait que c'était dans le Coran,
34:06 que c'était Allah qui le permettait,
34:08 finalement, c'était acceptable à partir du moment
34:11 où Dieu donnait cette permission-là.
34:13 Donc moi, j'ai continué à travailler et à aller, du coup,
34:16 j'ai pu aller dans d'autres lieux
34:19 fréquentés par les sœurs musulmanes et par les salafistes.
34:22 - Mais c'est quoi ces lieux ?
34:24 - Là, c'était une mosquée, mais c'est d'autres lieux
34:26 où on pratique des lieux, on va dire,
34:29 ce qu'elles appellent des assises spirituelles,
34:31 ou des lieux où on parle de nutrition, etc.,
34:34 mais toujours sous le couvert, évidemment,
34:36 on parle beaucoup de religion, donc sous le couvert de parler de nutrition,
34:39 très vite, les questions vont vers le côté religieux,
34:42 sur les pratiques.
34:44 Alors, au départ, c'est très soft,
34:46 c'est-à-dire qu'on vous parle en parlant de paix, d'amour, etc.,
34:50 de l'islam, de paix et d'amour,
34:52 mais très très rapidement,
34:54 on commence à insister sur les pratiques
34:56 de manière rigoriste,
34:58 on insiste sur le port du voile,
35:00 sur la mort, sur les châtiments corporels
35:02 après la mort, etc.,
35:04 donc ça prend du temps,
35:06 et on touche aussi bien les femmes que les enfants,
35:08 et c'est toujours les mêmes discours,
35:11 et puis voilà, et j'ai vu que depuis,
35:14 je vous parle de ça, c'était en 2014,
35:16 on est en 2023,
35:18 ces lieux étaient fréquentés par une centaine de femmes,
35:21 maintenant on voit que quasiment toutes les mosquées
35:23 sont prises par ces femmes militantes.
35:26 - Donc c'est vraiment du militantisme et du prosélytisme,
35:29 puisque c'est les deux choses.
35:31 Qui finance, qui est derrière ces réseaux des frères musulmans ?
35:35 - Alors au départ, nous avions des...
35:38 ça a commencé par des financements
35:40 dans les années 80, début 80,
35:42 par le wahhabisme, donc l'Arabie Saoudite et le Qatar
35:44 pour les frères musulmans,
35:46 et progressivement, on voit que des gens
35:48 se sont constitués en associations,
35:50 et on peut obtenir aussi des financements,
35:52 soit de la région bruxelloise en tout cas,
35:54 pour la Belgique,
35:56 et puis on voit aussi par l'Union Européenne.
35:59 - L'Union Européenne, justement,
36:01 avait été critiquée pour des spots de publicité
36:05 qui mettaient en scène des femmes voilées.
36:08 Est-ce que là aussi, il n'y a pas une idéologie européenne
36:10 qui pousse à ce communautarisme dans tous les pays,
36:13 y compris des pays comme la France, qui se veulent laïcs ?
36:16 - Alors je ne pense pas que ce soit la communauté européenne en elle-même,
36:19 mais par contre, il y a des groupes d'influence,
36:21 et ça on le sait,
36:23 il y a des chercheurs en tout cas qui l'ont pointé du doigt,
36:26 il y a par exemple des groupes de lobbying,
36:30 du Femizo notamment, ou des Lénards, etc.,
36:33 qui sous couvert de lutter contre le racisme,
36:36 l'antisémitisme ou l'islamophobie,
36:38 vont plutôt influencer pour que les financements
36:41 soient surtout mis en place pour lutter contre l'islamophobie,
36:45 comme je le disais tout à l'heure,
36:46 mais donc de faire un prosélytisme sur le voile,
36:48 insister sur le voile,
36:50 puisqu'on insiste que les femmes seraient discriminées
36:53 parce qu'elles sont musulmanes, parce qu'elles portent le voile.
36:56 - Mais ça c'est un fait aussi,
36:57 on peut voir des actes aussi de racisme
37:00 par rapport à des femmes voilées,
37:02 qui ont le droit d'être voilées de toute façon,
37:04 toutes les religions, justement la laïcité,
37:05 ça permet à toutes les religions de vivre en bonne entente,
37:08 donc il y a aussi une réalité qu'on peut panier par rapport à ça.
37:12 - Alors elle n'est pas mesurée en réalité,
37:15 ceux qui ont fait ce "travail"
37:18 pour mesurer le taux des discriminations
37:21 vis-à-vis des femmes portant le hijab,
37:24 ou vis-à-vis des musulmans,
37:25 c'est par exemple le CCIF,
37:27 qui a été dissous en France
37:28 et qui est maintenant réfugié à Bruxelles
37:30 sous l'appellation du CCIE.
37:31 Donc c'est eux finalement,
37:33 qui non seulement font ces enquêtes,
37:38 mais sur quelle base finalement,
37:39 puisqu'on ne sait pas comment sont menées ces enquêtes,
37:42 on n'a pas non plus idée du pourcentage,
37:45 est-ce que réellement il y a eu des menaces ?
37:47 Moi par exemple,
37:49 si je porte un voile et je me fais discriminer,
37:53 si on m'insulte ou qu'on me bouscule,
37:55 je peux très bien dire
37:57 "je suis démiscriminée parce que je porte le voile,
38:00 parce que je suis musulmane".
38:01 Donc ça peut être considéré comme islamophobe,
38:03 alors que si ça se trouve,
38:04 c'est juste parce que je suis une femme,
38:05 ou pour d'autres raisons qui ne sont pas du tout liées.
38:08 Donc si vous voulez,
38:09 on n'a pas de critères,
38:10 on ne sait pas comment tout ça est étudié.
38:13 - Et dernier mot,
38:15 est-ce que vous parlez aujourd'hui avec les autorités belges ?
38:18 Est-ce que vous avez un message à leur faire passer ?
38:20 - Alors en Belgique,
38:22 les autorités belges pour l'instant,
38:24 moi je vous dis,
38:25 je suis quasiment boycottée en fait,
38:27 sur les chaînes publiques,
38:28 des médias, etc.
38:30 Ma parole n'est pas portée,
38:32 on fait tout en tout cas pour que je ne sois plus entendue.
38:36 Or j'ai été menacée de mort à plusieurs reprises,
38:38 dont j'ai reçu une vidéo de Daech
38:40 avec différentes manières de me tuer,
38:44 décapitation, etc.
38:45 Et puis d'autres menaces encore,
38:47 de manière à intimider, insulter.
38:49 Et pourtant, on ne prend pas la mesure pour les Belges.
38:53 Donc moi, si vous voulez,
38:55 le message que je donnerai à la politique belge,
38:58 c'est que c'est maintenant ou jamais,
39:00 c'est maintenant qu'il faut absolument étudier ce phénomène.
39:03 Il faut inviter des experts, des réels experts,
39:05 qui travaillent sur ce sujet.
39:08 Il faut qu'ils s'informent,
39:09 et qu'ils donnent les moyens
39:11 pour la sûreté de l'État,
39:14 pour travailler sur ces questions.
39:15 Merci beaucoup Fadila Maroufi.