Du lundi au jeudi, Laurent Ruquier et Julie Hammett vous donnent rendez-vous pour "Le 20H de Ruquier", un rebond et des débats sur les grands thèmes de l'actualité de la journée. Au programme ce mercredi, le décès du journaliste Jean-Pierre Elkabbach.
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00:00 J'ai une admiration et une reconnaissance parce que c'est le premier, comme vous avez quelqu'un qui vous a mis le pied à l'étrier.
00:04 Moi, il y a quelqu'un qui m'a mis le pied à l'étrier quand j'avais 24 ans, c'était Jean-Pierre Elkabache qui m'a d'abord pris en stage.
00:09 Je comprends, c'est l'inverse, il m'a mis un coup de pied au cul.
00:11 [Rires]
00:14 Moi, il m'a donné ma chance et je pense qu'on est tous, quel que soit notre métier d'ailleurs, il y a toujours quelqu'un qui vous a donné votre chance au début,
00:21 c'est-à-dire qui vous a dit "Ok, essaye" et puis ensuite ça ne marche pas, ça ne marche pas.
00:24 Voilà, moi, il m'a donné ma chance et pour ça, je ne l'oublierai jamais et je suis loyale sur ça.
00:32 J'avais une admiration parce que Elkabache, pour moi, c'était une énergie.
00:35 Je n'ai pas retrouvé un patron de son ampleur, c'est-à-dire que vous rentriez dans la pièce, il t'envoyait quelque chose, il était bouillonnant, tout était intense.
00:45 Il vivait les drames du monde dans sa chair.
00:48 Le juif d'Algérie qui avait fui l'Algérie, qui était arrivé en France, il vivait tous les drames dans sa chair.
00:55 Donc, il envoyait une intensité.
00:57 Vous êtes resté en contact et vous dites parfois "il m'appelait même pour m'engueuler".
01:00 Ah oui, il m'appelait pour m'engueuler.
01:01 D'abord, quand j'étais avec lui, pendant trois ans, j'ai travaillé avec lui, jeune journaliste, il m'appelait pour m'engueuler.
01:06 Combien de fois il m'appelait ? Il demandait à son assistant "Appelez, appelez Léa".
01:10 Il ne disait pas ni "bonjour" ni "au revoir".
01:12 De toute façon, il ne disait pas "bonjour" à la majorité des personnes qui travaillaient à la station.
01:17 Il faut être clair, ce n'était pas quelqu'un de très aimable.
01:22 Il n'y avait pas de temps à perdre.
01:23 Oui, ça d'accord.
01:24 C'était de la perte de temps.
01:26 Il a commencé à me dire bonjour quand François Hollande a été élu en 2012.
01:29 Mais avant, pas du tout.
01:32 Il m'appelait et il me disait "plus court, plus court, ce n'est pas vous qu'on va attendre,
01:38 je n'en ai rien à foutre de vous, c'est l'invité qu'on va attendre".
01:41 Il raccrochait, ni au revoir ni au revoir.
01:43 Jusqu'à ensuite, plus tard, on s'est un peu porté de vue et on s'est un peu revu.
01:49 Encore en juin dernier, il m'a appelé 10 fois pour me dire "il faut absolument que vous preniez
01:56 un grand professeur de médecine qui l'admirait, qui avait fait un livre sur la voix".
02:00 Un conseiller.
02:01 Il me disait "mais prenez-le".
02:02 Et moi, je n'avais pas la place.
02:03 Et le lendemain, il me dit "vous ne l'avez pas pris ce matin".
02:05 Léa, quand Josiane Savignot écrit dans Le Monde, c'est terrible cette phrase,
02:09 "qu'il était faible avec les forts et fort avec les faibles".
02:12 Qu'est-ce que vous en pensez ?
02:13 Je pense que c'est vrai et ce n'est pas vrai.
02:15 J'étais tout à l'heure sur le 20h de France 2 avec François Baroin.
02:19 François Baroin, c'était son ami.
02:21 Il l'avait fait, il l'avait fait comme journaliste, etc.
02:23 François Baroin a dit, à juste titre, on était là, Anne-Sophie Lapix et moi, il a dit
02:27 "ce n'est pas parce que je le connaissais que ce n'était pas le pire interviewer pour moi,
02:31 le plus dur avec moi, plus dur que vous deux".
02:34 Et je pense qu'il l'était.
02:37 Il les essorait.
02:39 Après, c'était une autre génération, Laurence.
02:41 C'était une génération qui n'est pas la mienne, qui est la génération où il déjeunait,
02:44 il dînait, il partait en vacances avec les hommes politiques.