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Le 5 octobre 1999 se produit le plus important accident de l'histoire ferroviaire du Royaume-Uni. A l'heure de pointe, alors qu'un train quitte la gare de Paddington à Londres, il en percute un autre, arrivant à contre-sens à une vitesse de plus de 200 kilomètres heure. Provoquant une boule de feu haute de vingt mètres, la collision tue 29 passagers ainsi que les deux conducteurs, et fait des centaines de blessés, pris au piège dans les décombres. Les enquêteurs de l'époque expliquent comment deux trains ont pu se retrouver face à face et pourquoi les freins n'ont pas suffi à éviter cette catastrophe.

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00:00 Je venais de Stroud, dans le Gloucestershire.
00:04 Je faisais comme tout le monde. Je lisais le journal en buvant une tasse de thé.
00:12 Je regardais les gens monter et descendre. Personne ne se parlait, bien sûr.
00:17 D'habitude, Jonathan Duckworth ne prend pas ce train.
00:25 Ce matin-là, je suis parti plus tôt parce que la fois d'avant, le train avait eu du retard.
00:30 C'est le genre de trajet dont on se souvient. Le paysage est magnifique.
00:37 Le conducteur de ce train à grande vitesse s'appelle Brian Cooper.
00:45 Il est employé des chemins de fer depuis plus de 30 ans.
00:51 Il transporte 421 passagers à bord de 8 voitures et relie la ville de Stroud à Londres, à 140 kilomètres de là.
00:58 Londres. Gare de Paddington. C'est l'heure de pointe.
01:15 Michael Oder, un conducteur en début de carrière, s'installe aux commandes du Turbo Thames, un train qui relie Londres à Bedouin dans le Wiltshire.
01:23 À son bord, 147 passagers.
01:27 Avant Paddington, le train à grande vitesse effectue son dernier arrêt à Reading, à 56 kilomètres de Londres.
01:41 Simon Benham l'attrape de justesse.
01:48 Il n'y avait plus de place assise. Je suis resté à côté de la porte à lire le journal et à regarder par la fenêtre.
01:58 8h06. À Paddington, le Turbo Thames reçoit l'autorisation de partir.
02:09 Les 5 premières minutes de son parcours sont les plus délicates.
02:14 Il doit traverser 3 voies différentes pour rejoindre la sienne.
02:22 À ce moment de la journée, la circulation est très dense aux abords de la gare. Environ 50 trains s'y croisent toutes les heures.
02:33 Ces chassés croisés sont supervisés par les techniciens de circulation du nouveau poste d'aiguillage de Slough.
02:39 Ces derniers visualisent à la fois l'arrivée du train conduit par Brian Cooper et le départ de celui piloté par Michael Oder.
02:47 Lancé à plus de 120 km/h, le train à grande vitesse n'est plus qu'à 5 minutes de partir.
03:01 Le train à grande vitesse n'est plus qu'à 5 minutes de Paddington.
03:04 J'étais tourné dans le sens de la marche. Il y avait au moins 10 personnes à côté de moi.
03:12 Chacun était dans son coin, en train d'écouter de la musique, de boire son café ou de lire le journal.
03:18 8h08. Le Turbo Thames a parcouru presque 2 km.
03:29 Il a déjà passé une première voie et s'apprête à en traverser une deuxième.
03:33 Le train à grande vitesse n'est plus qu'à 4 km de Paddington.
03:39 Tout le monde se levait, rangeait ses affaires, sortait son parapluie.
03:48 Comme toujours, à ce moment-là, les gens remontaient le train. J'ai croisé un homme qui allait dans l'autre sens.
03:58 Nos regards se sont croisés et on a échangé un sourire.
04:01 Michael Oder accélère à 65 km/h.
04:07 Il vient de passer un signal lumineux rouge.
04:15 Les techniciens de circulation ne s'en inquiètent pas. Cela arrive parfois et le conducteur finit toujours par s'arrêter.
04:26 Mais Michael Oder ne ralentit pas.
04:29 "Arrête d'urgence !"
04:32 Le Turbo Thames va s'engager sur la même voie que le train à grande vitesse.
04:39 Il se percute à une vitesse combinée de plus de 200 km/h.
04:43 Le train est en train de se débrouiller.
04:54 Il est en train de se débrouiller.
04:58 Il est en train de se débrouiller.
05:01 Il est en train de se débrouiller.
05:05 Il est en train de se débrouiller.
05:08 Il est en train de se débrouiller.
05:12 Il est en train de se débrouiller.
05:16 Le train a freiné brusquement.
05:19 J'ai été projeté contre le mur d'en face à plus d'un mètre devant moi.
05:23 Je l'ai heurté violemment et je suis tombé par terre.
05:26 Je n'avais jamais rien entendu de tel.
05:33 Il y a eu un énorme boom.
05:35 La voiture a fait une sorte de pirouette.
05:38 Je ne savais pas ce qui se passait mais je savais qu'on avait déraillé.
05:41 Le train naviguait de gauche à droite.
05:45 Et je priais pour qu'il ne bascule pas.
05:48 Parce que je savais que sinon ma vie serait vraiment en danger.
05:51 Une énorme boule de feu engloutit les voitures.
05:56 Les flammes sont passées.
06:01 Et dans les fenêtres, il y avait des statues blanches.
06:05 Parce qu'elles étaient bleues et ils me regardaient.
06:08 À la tête du train à grande vitesse, Richard Castle se retrouve en plein chaos.
06:17 Une deuxième boule de feu balayait sa voiture.
06:32 La chaleur était étouffante.
06:36 Je me suis mis les mains sur le visage pour me protéger les yeux.
06:39 La voiture de Simon Benham est toujours debout.
06:46 Il y avait beaucoup de poussière et de fumée.
06:49 Les gens commençaient à crier.
06:51 C'est une des choses qui m'ont marqué.
06:53 J'ai regardé par la fenêtre et à 4 ou 5 mètres à peine, j'ai vu le moteur en flamme.
07:00 La chaleur me brûlait le visage à travers la vitre.
07:03 Il réussit à s'échapper de la voiture.
07:05 En regardant autour de moi, j'ai vu que le train avait complètement déraillé et qu'il était sur le côté.
07:26 C'est là que j'ai compris que c'était très grave.
07:32 J'ai entendu des cris.
07:34 J'ai commencé à me diriger vers le Turbo Thames et il y a eu une petite explosion.
07:40 Et malheureusement, les cris se sont arrêtés.
07:44 La voiture de Jonathan De Quarce est couchée sur le flanc.
07:53 On entendait des gens appeler pour dire qu'ils étaient coincés à l'intérieur.
07:56 Richard Castle est lui aussi prisonnier du train à grande vitesse.
08:02 Il est gravement brûlé et souffre beaucoup.
08:07 La voiture était remplie de poussière.
08:12 J'ai vu des poussières qui s'échauffaient.
08:15 J'ai vu des poussières qui s'échauffaient.
08:18 J'ai vu des poussières qui s'échauffaient.
08:21 La voiture était remplie de fumée. Je n'y voyais rien.
08:23 A l'autre bout, un incendie s'est déclaré.
08:27 Le feu se propage...
08:30 dans sa direction.
08:33 Les portes du train refusent de s'ouvrir.
08:44 Il semble ne pas y avoir d'issue.
08:50 Deux hommes ont réussi à enfoncer la porte...
08:52 et de l'air frais est entré.
08:55 On y voyait un peu mieux, il y a eu des cris de joie.
08:58 Les gens ont commencé à sortir progressivement par l'arrière de la voiture.
09:02 J'avais retrouvé mon sac et ma veste.
09:06 Ça peut sembler idiot, mais c'est important quand on vient d'échapper à la mort.
09:18 De l'autre côté de la route, les employés d'un supermarché ont repéré la catastrophe.
09:22 Un collègue a dit qu'il y avait eu un accident de train.
09:26 Ils ont pris des échelles pour descendre sur les voies et aider les gens à monter.
09:33 On a pris des bandages et tout ce qu'il fallait dans le magasin.
09:39 On a transformé la cafétéria en salle de triage et on a commencé à s'occuper des gens.
09:47 Simon Benham est parmi les chanceux à avoir survécu, mais il est sous le choc.
09:52 En traversant les voies, j'ai regardé plus loin et j'ai vu qu'il y avait 100, 200 autres personnes.
09:58 Tout le monde était complètement déboussolé, choqué, très ému, très confus.
10:03 C'était horrible.
10:05 Le chaos.
10:12 Je me souviens de l'odeur du gazole et aussi...
10:16 Vous savez quand vous cuisinez et que vos cheveux roussissent, c'était dix fois pire.
10:24 Les secours sont prévenus.
10:33 Au départ, on nous a appelés pour un incendie de garage.
10:40 Mais dès qu'on est arrivés aux abords de la gare, on a tout de suite vu que c'était un peu plus que ça.
10:45 Julian Spooner et son équipe ne prennent la mesure de la catastrophe qu'en arrivant sur les lieux.
10:53 Il y avait à peu près 300 survivants, dont l'état était variable.
11:00 Pour moi, la priorité, c'était de mettre de l'ordre, car c'était vraiment l'anarchie.
11:09 A l'intérieur du train à grande vitesse, le feu progresse vers Richard Castle, qui ne parvient pas à sortir.
11:14 Au-dessus de moi, du côté opposé, il y avait une fenêtre cassée.
11:26 La fumée s'est dissipée un instant et a laissé passer un rayon de soleil.
11:31 J'ai réussi à sortir par cette fenêtre en escaladant les sièges.
11:36 Il a eu de la chance.
11:38 Les deux trains ne forment plus qu'un amas de métal en feu.
11:44 Des passagers sont toujours prisonniers des carcasses.
11:50 Mais l'équipe de Julian Spooner ne peut pas se calmer.
11:55 Les deux trains sont en train de se débrouiller.
12:01 Les deux trains sont en train de se débrouiller.
12:03 Les deux trains sont en train de se débrouiller.
12:07 Les deux trains sont en train de se débrouiller.
12:11 Les deux trains sont en train de se débrouiller.
12:15 Les deux trains sont en train de se débrouiller.
12:19 Les deux trains sont en train de se débrouiller.
12:23 Les deux trains sont en train de se débrouiller.
12:29 Les deux trains sont en train de se débrouiller.
12:31 Ingrid Allenlin et ses collègues font de leur mieux pour aider les victimes.
12:36 Je me souviens d'un vieux monsieur qui était blessé à la tête.
12:41 Et d'un autre qui avait dû être assis derrière le moteur parce qu'il dégoulinait de gazole.
12:47 Ce qui m'a le plus marqué, ce sont les téléphones portables.
12:57 Ce qui m'a le plus marqué, ce sont les téléphones portables.
12:59 Ils étaient encore en ligne.
13:04 Des secours supplémentaires commencent à arriver sur les lieux.
13:15 J'ai été soulagé quand ils sont arrivés à cause de la nature des blessures à traiter.
13:20 Le train était comme compacté, il nous a fallu cinq heures pour désincarcérer les victimes.
13:25 Le train était comme compacté, il nous a fallu cinq heures pour désincarcérer les victimes.
13:26 A 400 kilomètres de là, le chef de police Nick Bracken est informé de l'accident.
13:34 J'ai reçu un appel me disant que mon supérieur m'avait nommé responsable de cette enquête.
13:43 L'officier arrive sur place quatre heures après l'accident.
13:50 31 personnes sont mortes.
13:55 Plus de 400 sont blessés.
13:57 Déterminer les causes de cet accident sera un des plus grands défis de sa carrière.
14:08 En remontant le cours du temps et en plongeant au cœur de l'enquête,
14:17 il est possible de comprendre ce qu'il s'est réellement passé.
14:22 Il est possible de comprendre ce qu'il s'est réellement passé.
14:24 Les catastrophes de ce genre sont un véritable casse-tête.
14:36 C'est tout un puzzle qu'il faut reconstituer.
14:39 Et pour cela, il faut avoir toutes les pièces.
14:42 Nick Bracken sait que les hypothèses sont nombreuses.
14:50 Au départ, il faut prendre en compte la moindre éventualité,
14:53 depuis l'acte criminel jusqu'à la négligence.
14:56 Quelqu'un a pu aller sur les voies ou commettre un acte de sabotage.
15:01 Tout est possible à ce stade.
15:04 Des témoignages révèlent quelque chose de tout à fait inhabituel.
15:10 La présence de deux énormes boules de feu.
15:13 L'une d'elles a enveloppé les trains au moment de l'impact.
15:19 L'autre s'est engouffrée dans la voiture de Richard Castle, quelques instants après.
15:23 Avoir une collision et un incendie dans un accident ferroviaire est inhabituel.
15:33 Je n'avais encore jamais rencontré un tel scénario et c'était sans doute une piste à creuser.
15:38 Les boules de feu ont-elles été provoquées par l'impact ?
15:43 Ou est-ce l'inverse ?
15:48 Les enquêteurs ratissent les lieux pour rassembler preuves et témoignages.
15:52 Sur le parking du supermarché voisin,
15:55 ils découvrent une caméra de sécurité placée juste en face des voies.
15:59 Les images parlent d'elles-mêmes.
16:04 La caméra est placée exactement à l'endroit où les trains sont entrés en collision.
16:14 Le feu avait pris instantanément, la vidéo le confirmait.
16:18 Il restait à en découvrir la cause.
16:21 Nick Bracken fait appel à des experts pour comprendre comment la première boule de feu s'est formée.
16:26 Le HSE, Centre Britannique d'Études pour la Santé et la Sécurité,
16:31 est une référence nationale en matière de recherche sur les accidents.
16:35 Il dépêche Phil Hayes, un spécialiste des incendies.
16:39 Il arrive que des feux se déclenchent sur des voies ferrées.
16:43 Mais celui-ci était d'une ampleur encore jamais vue auparavant.
16:47 Il est fondamental de comprendre comment un tel brasier a pu se former.
16:53 L'enquête devait porter sur plusieurs points.
16:57 Il fallait identifier la source d'inflammation,
17:00 puis trouver comment le feu s'était propagé à travers les voitures.
17:04 En examinant les images de la première boule de feu,
17:11 les enquêteurs recueillent des preuves capitales.
17:13 Selon leurs estimations, elle s'est élevée à au moins 22 mètres de hauteur
17:19 et s'est propagée sur une longueur impressionnante.
17:22 À eux deux, les trains transportaient près de 5000 litres de gazole,
17:26 répartis dans plusieurs grands réservoirs.
17:29 Mais contrairement à l'essence, ce carburant est très peu inflammable.
17:40 Hayes et son équipe doivent donc déterminer si la collision
17:43 a pu réunir les conditions nécessaires à la formation d'une boule de feu.
17:47 Le turbo avait une caisse en aluminium.
17:53 Il ne devait pas peser beaucoup plus de 100 tonnes.
17:56 Le train à grande vitesse, lui, était beaucoup plus lourd.
17:59 Il pesait sûrement dans les 400 tonnes.
18:07 Au moment de la collision, c'est l'appareil le plus léger qui subit la plupart des dégâts.
18:11 La première voiture est pulvérisée, son toit arraché.
18:16 Le réservoir qui se trouvait sur l'automotrice avant du turbo a lâché
18:25 parce qu'au moment de l'impact, la tête de la voiture a été complètement écrasée.
18:30 Mais savoir d'où venait le gazole au moment du choc
18:36 ne suffit pas à expliquer la formation de la boule de feu.
18:38 Phil Hayes sait que le gazole liquide est très peu inflammable.
18:46 Il n'en va pas de même lorsqu'il est à l'état gazeux.
18:51 Pour déterminer si l'impact a pu être assez puissant pour vaporiser le gazole,
19:04 l'expert et son équipe font une simulation de l'accident
19:07 à l'aide d'un réservoir rempli d'eau colorée.
19:10 Celle-ci est vaporisée instantanément.
19:16 Comme l'avant de l'automotrice a été compressé, le réservoir a été touché.
19:25 Celui-ci a été comprimé et le gazole s'est échappé sous la pression.
19:31 Nous pensons que c'est ce qui a provoqué ce nuage de carburant.
19:34 Pour l'enflammer, il fallait une étincelle.
19:40 Or, ces voies sont aussi empruntées par des trains électriques alimentés par des câbles aériens.
19:46 La ligne de 25 kV qui se trouvait au-dessus a été endommagée par l'accident.
19:51 Il a donc pu y avoir des décharges électriques.
19:55 Phil Hayes et son équipe remplissent ensuite le réservoir avec du gazole.
20:00 Et provoquent des étincelles au-dessus pour simuler les câbles électriques endommagés surplombant l'accident.
20:06 Nous avons mis environ 300 litres dans le réservoir test.
20:17 Comme prévu, il a lâché sous la pression et le carburant s'est enflammé.
20:28 Cela a produit une boule de feu de 9 mètres de diamètre.
20:31 Mais une question demeure.
20:38 Les survivants ont parlé d'une seconde boule de feu.
20:53 Les experts vont devoir se référer à la carte qu'ils ont établie à leur arrivée sur les lieux de l'accident.
20:58 Nous avons passé près d'une semaine sur place à recenser tous les débris, à les photographier,
21:06 et à les localiser sur un plan de façon à constituer une sorte de carte.
21:11 Le réservoir du train à grande vitesse a été retrouvé à des dizaines de mètres de l'automotrice.
21:22 Nous pensons que le réservoir s'est détaché de son châssis.
21:26 Il a aussi été en partie éclaté par l'impact et projeté sur les voies,
21:33 ce qui fait que le carburant s'est dispersé.
21:37 Mais puisque ce réservoir isolé est tombé sur les voies,
21:44 comment a-t-il pu allumer une boule de feu à l'intérieur de la voiture ?
21:49 À ce moment-là, les fenêtres avaient été brisées par le choc
21:54 et la majeure partie du gazole contenu dans le réservoir s'est répandue à l'intérieur.
21:59 Le voilà le combustible qui a alimenté cette boule de feu.
22:04 Cet enchaînement d'événements, aléatoire mais fatal,
22:08 a provoqué le pire incendie jamais constaté lors d'une catastrophe ferroviaire.
22:13 Il est évident que le feu a été la conséquence directe de l'accident et non l'inverse.
22:18 Mais la cause reste mystérieuse.
22:21 L'enquêteur Nick Bracken sait que c'est le Turbo Thames
22:30 qui est venu se placer sur la voie du train à grande vitesse.
22:38 C'est donc sur lui qu'il concentre ses recherches.
22:42 Le train a grillé un feu rouge quelques instants avant l'accident.
22:49 Il suspecte tout d'abord une défaillance technique sur celui-ci.
22:55 Le Turbo Thames a été le premier à se placer sur la voie du train.
23:07 Le Turbo Thames est équipé d'un système d'alerte automatique
23:10 conçu pour empêcher le conducteur de passer un signal quand il est rouge.
23:14 Lorsqu'il s'en approche, une alerte visuelle et sonore se déclenche.
23:21 Si le conducteur ne valide pas cet avertissement en appuyant sur un bouton,
23:27 les freins s'enclenchent automatiquement.
23:34 Nick Bracken sait que pour déterminer si Michael Oder a reçu l'avertissement ou non,
23:39 il doit impérativement retrouver un appareil dans les décombres.
23:42 Il fallait absolument retrouver l'enregistreur de données.
23:47 C'est un dispositif similaire aux boîtes noires qu'on trouve dans les avions.
23:51 Il fallait qu'on sache ce qu'ils contenaient sur le trajet du Turbo Thames.
23:55 Le retrouver et interpréter ces données étaient vraiment primordiales.
24:03 La boîte noire recense tous les signaux envoyés par le système d'alerte automatique
24:07 ainsi que les réponses du conducteur.
24:09 L'équipe finit par la retrouver, mais elle est en très mauvais état.
24:15 J'ai décidé de confier la récupération de ces données aux fabricants de l'enregistreur.
24:29 L'appareil est envoyé en Italie pour être analysé, ce qui va prendre du temps.
24:33 Nick Bracken se concentre maintenant sur les freins du Turbo Thames.
24:42 Autre piste, l'état du train. Est-ce qu'il fonctionnait normalement ?
24:55 Est-ce qu'il y a eu un problème de frein ? Il fallait se pencher là-dessus.
24:59 Sur les lieux, les enquêteurs retrouvent les restes du système de freinage.
25:03 L'équipe chargée de la reconstitution est arrivée à la conclusion qu'il avait été bien entretenu et qu'il fonctionnait correctement.
25:12 Il n'y a pas eu de défaillance.
25:15 Michael Oder a bien actionné les freins, qui ont fonctionné, mais trop tard.
25:23 Celui-ci a dû essayer de s'arrêter au dernier moment en voyant le train à grande vitesse foncer sur lui.
25:28 Lorsque la boîte noire revient d'Italie, Nick Bracken découvre avec soulagement
25:40 que le fabricant a réussi à extraire les précieuses informations de l'appareil disloqué.
25:44 C'est donc ici que se trouve le nouveau système de freinage.
25:49 Les informations de l'appareil disloqué.
25:51 Celles-ci révèlent que le système d'alerte automatique fonctionnait parfaitement
25:56 et que Michael Oder a bien tenté de freiner.
25:59 L'enregistrement montrait que le conducteur avait passé plusieurs signaux,
26:07 que les alertes sonores avaient retentis et qu'il avait eu les réactions appropriées.
26:11 Il n'y a donc eu aucun dysfonctionnement.
26:17 Toutefois, les données soulignent un autre point.
26:20 Le système automatique possède un défaut de conception.
26:24 Le dispositif d'alerte ne fait pas de différence entre un feu rouge et un feu orange.
26:30 En effet, le système ne sert qu'à attirer l'attention du conducteur sur un signal.
26:38 C'est ensuite à lui de vérifier sa couleur pour savoir s'il doit ou non s'arrêter.
26:44 L'enregistreur de données montre qu'il n'y a rien eu d'anormal dans le trajet de Michael Oder.
26:49 Jusqu'à ce qu'il parvienne au signal SN109.
26:53 L'approche au signal SN109 est une approche très courte.
27:08 À l'approche du feu, l'alerte sonore a retenti.
27:15 Monsieur Oder l'a reconnu et validé.
27:20 Ensuite, il a continué sa route.
27:23 Mais le SN109 était rouge.
27:28 Le conducteur aurait dû le voir et arrêter son train avant de le franchir.
27:37 Quant à la dernière révélation de la boîte noire, elle fait l'effet d'une bombe.
27:41 Michael Oder n'est pas seulement passé au rouge,
27:47 il a accéléré.
27:51 Filant droit vers le train à grande vitesse et vers une mort certaine.
27:59 Quelque chose avait mal tourné.
28:01 Ma mission était de découvrir s'il s'agissait d'un acte volontaire ou non.
28:06 Est-ce que le conducteur a ignoré ce danger accidentellement ?
28:11 Ou est-il passé délibérément ?
28:14 S'est-il suicidé, tué en 30 personnes ?
28:18 Je ne sais pas.
28:22 Je ne sais pas.
28:26 Je ne sais pas.
28:28 Nick Bracken doit déterminer si les rumeurs avançant que Michael Oder a mis fin à ses jours sont fondées.
28:38 Je n'ai rien trouvé allant dans ce sens.
28:43 Le conducteur du Turbo Thames était sérieux et compétent.
28:48 Et il avait une vie privée et familiale très heureuse, très stable.
28:53 Tout porte à croire que le jeune homme n'a pas provoqué l'accident intentionnellement.
28:57 L'officier Bracken concentre alors son enquête sur le signal SN109.
29:03 Il charge Steve Walker, un inspecteur du HSE, de découvrir pourquoi Michael Oder a franchi ce feu rouge.
29:12 C'était une tâche difficile, car il fallait examiner les facteurs visuels et les conditions de vie de Michael Oder.
29:20 Il fallait aussi examiner les facteurs humains pour comprendre comment le conducteur avait pu percevoir ce feu et dans quelles conditions il avait pu réagir.
29:29 Steve Walker s'intéresse de plus près au signal.
29:35 La signalisation ferroviaire conventionnelle est constituée de quatre feux alignés verticalement.
29:43 Mais le signal SN109 est différent.
29:50 Il avait la forme d'un L à l'envers, avec la lumière rouge sur le côté, à gauche.
29:56 C'est très bizarre et pas du tout standard à la configuration du réseau britannique.
30:01 Ces signaux permettent à des centaines de trains de circuler de façon sûre.
30:08 Il est donc primordial que les conducteurs sachent ce qu'ils doivent faire dès qu'ils les voient.
30:17 Le problème avec ce L inversé, c'est que par moment on ne pouvait pas le voir en entier dans sa ligne de mire.
30:23 On ne pouvait voir qu'un ou deux feux.
30:26 Steve Walker étudie également l'itinéraire emprunté par Michael Oder.
30:33 Pour quitter la gare de Paddington, il y a neuf voies.
30:37 Il y a beaucoup de ponts routiers, des portiques, des lignes aériennes.
30:44 Ce qui fait qu'à cet endroit, la signalisation est très encombrée.
30:48 Le signal SN109 est placé juste après un pont, sur un portique très chargé.
31:00 Si on y ajoute sa forme inhabituelle, il est difficile pour un conducteur de bien le voir.
31:05 Nous avons conclu que ce feu présentait des signaux très élevés.
31:13 Et que ce feu présentait de grandes difficultés de visualisation.
31:16 Mais Michael Oder n'était pas conscient d'avoir commis une erreur.
31:24 Il a très certainement pensé que le signal était orange, ce qui voulait dire qu'il pouvait s'engager en toute sécurité.
31:31 Il a donc accéléré.
31:34 Cela n'explique toujours pas comment il a pu confondre un feu rouge et un feu orange.
31:42 La réponse réside peut-être dans le phénomène de signal fantôme, bien connu des conducteurs de train.
31:47 Il y a toujours un risque pour que le soleil vienne se refléter sur un feu et qu'il le cache.
31:53 Ou qu'il crée un signal fantôme.
31:56 Steve Walker décide de faire un essai sur ce trajet, en faisant passer un train sous le SN109 à la même heure que le Turbo Thames.
32:04 Il découvre que le soleil se reflète sur le verre du témoin lumineux.
32:10 Cela le rendait un peu moins lumineux que la normale.
32:13 Le jour de l'accident, il faisait très beau.
32:21 Le Turbo Thames tournait le dos au soleil rasant, qui brillait directement sur le signal.
32:27 Celui-ci était en partie caché par un pont routier et des câbles.
32:32 Tout porte à croire que Michael Oder a cru voir un feu orange.
32:37 Il a donc pensé que la voie était libre et a accéléré.
32:41 Il semble que les efforts de la police des transports aient payé.
32:50 Le signal SN109 est bien responsable de la catastrophe.
33:04 Mais l'enquête n'est pas terminée.
33:07 Nous avions trois axes de recherche.
33:11 L'endroit même où l'accident s'est produit,
33:14 la signalisation,
33:17 mais aussi le poste d'aiguillage de Slao.
33:21 Nick Bracken et son équipe s'intéressent donc à cette dernière piste.
33:30 Ils constatent que la collision aurait peut-être pu être évitée.
33:34 En cas d'urgence, les techniciens peuvent directement envoyer un message au conducteur
33:41 et modifier la signalisation.
33:44 Mais les enquêteurs font une découverte troublante.
33:50 Le temps de réaction des employés a été très long.
33:55 De longues secondes se sont écoulées avant qu'il ne se passe quoi que ce soit.
33:59 Si la réaction avait été plus rapide, le train aurait peut-être pu s'arrêter.
34:04 Les techniciens du poste d'aiguillage de Slao auraient pu empêcher la catastrophe
34:11 en envoyant au conducteur du Turbo Thames un message lui ordonnant de s'arrêter.
34:20 Mais ils n'ont pas l'habitude d'utiliser cette procédure.
34:23 Il est clair qu'ils n'ont pas réagi instantanément.
34:29 Ils ont mis un certain temps.
34:31 Arrêt d'urgence !
34:34 Impossible de savoir qui a envoyé un message d'arrêt à Michael Oder.
34:46 Les techniciens affirment que celui-ci a bien été transmis.
34:50 Mais il n'existe pas de preuve tangible que le jeune conducteur l'a bien reçu.
34:54 Seule certitude, le train ne s'est pas arrêté.
34:58 Les techniciens disposaient d'un autre outil qui aurait pu leur permettre de sauver des vies.
35:06 Le train à grande vitesse se trouvait juste avant le signal SN120.
35:13 Si celui-ci était passé au rouge, il aurait pu ralentir avant la collision.
35:17 Mais il s'élance à près de 130 km/h.
35:25 Les techniciens n'ont que quelques instants pour agir.
35:31 Or, ils laissent passer 18 secondes avant de faire passer le feu au rouge.
35:38 Trop tard.
35:39 Ils ont manqué l'occasion de changer la signalisation pour le train qui arrivait à la gare de Paddington.
35:54 S'ils avaient réagi en quelques secondes, plutôt que de laisser le train se débrouiller,
36:03 le conducteur aurait commencé à freiner.
36:07 Et à une vitesse moindre, les conséquences auraient été moins lourdes.
36:12 Il n'y a plus d'espoir.
36:17 De précieuses secondes s'écoulent avant qu'un message ne soit envoyé à Michael Oder,
36:24 le conducteur du Turbo Thames.
36:28 Et le signal SN120 est modifié trop tard pour permettre au train à grande vitesse de s'arrêter.
36:33 La catastrophe est inévitable.
36:37 Conduite à une des pires catastrophes ferroviaires qu'ait connue la Grande-Bretagne.
36:57 5 octobre 1999.
37:00 9 minutes avant la catastrophe.
37:04 Un train à grande vitesse, transportant 422 passagers, roule à près de 130 km/h.
37:13 Il vient de l'ouest de l'Angleterre et se dirige vers la gare de Paddington à Londres.
37:18 3 minutes avant la catastrophe.
37:23 Un train Turbo Thames quitte la gare de Paddington.
37:26 45 secondes avant la catastrophe.
37:32 Le système d'alerte automatique avertit le conducteur du Turbo Thames qu'il approche du signal SN109.
37:40 L'alerte ne précise pas s'il s'agit d'un feu rouge ou orange.
37:45 Michael Oder valide en appuyant sur le bouton.
37:50 35 secondes avant la catastrophe.
37:52 Le soleil rasant du matin se reflète probablement sur le feu du signal qui de plus est difficilement visible.
37:59 Le jeune homme ne voit certainement pas qu'il est rouge.
38:01 Le croyant orange, il passe et accélère.
38:05 "Jim, viens voir !"
38:11 Les techniciens d'aiguillage attendent de voir si Michael Oder est encore en route.
38:18 Les techniciens d'aiguillage attendent de voir si Michael Oder va s'apercevoir de son erreur et freiner.
38:23 Ils envoient un message au Turbo Thames pour lui dire de s'arrêter.
38:28 Personne ne sait s'il l'a jamais reçu.
38:33 Le Turbo Thames est maintenant dans la trajectoire du train à grande vitesse.
38:40 10 secondes avant la catastrophe.
38:45 Les techniciens tentent désespérément de faire ralentir le train à grande vitesse en modifiant la signalisation.
38:50 Mais il n'a plus le temps de s'arrêter.
38:53 3 secondes avant la catastrophe.
38:58 Michael Oder voit le train à grande vitesse foncer vers lui et actionne les freins, mais il est trop tard.
39:13 Le train à grande vitesse plus rapide compresse l'avant du Turbo Thames, écrasant un réservoir de carburant.
39:18 Le gazole qu'il contient est vaporisé en un énorme nuage.
39:28 Des étincelles, probablement produites par des câbles aériens endommagés, embrasent le carburant en une gigantesque boule de feu.
39:39 En déraillant, des voitures du train à grande vitesse provoquent la rupture d'un autre réservoir.
39:44 Celui-ci tombe sur la voie et projette un second nuage de gazole à travers une vitre cassée de la voiture de tête.
39:50 [Explosion]
39:52 Il y a eu une enquête publique et le HSE a porté plainte.
40:17 Network Rail, l'opérateur du signal SN109, a été condamné à verser 4 millions de livres pour négligence.
40:24 La société Thames Trains a quant à elle dû payer 2 millions de livres pour ne pas avoir fourni à Michael Oder une formation lui permettant d'analyser correctement le signal SN109.
40:36 Ce dernier n'a été accusé d'aucune faute.
40:42 Je crois que le conducteur a fait une erreur parce que la sonnerie de l'alerte est toujours la même.
40:47 Qu'il s'agisse d'un feu rouge ou d'un feu orange.
40:51 C'était un matin d'octobre, le soleil était rasant.
40:55 J'ai l'intime conviction qu'il ne s'est pas arrêté parce qu'il a cru que c'était un signal orange.
41:01 Network Rail a finalement modifié le SN109, qui est maintenant beaucoup plus visible.
41:09 Les leçons de la catastrophe de Paddington ont été tirées.
41:12 Un tel accident ne pourra plus se produire.
41:15 Les trains empruntant ce trajet sont maintenant équipés d'un système automatique d'arrêt qui est censé supprimer le facteur d'erreur humaine.
41:23 A présent, si un conducteur passe un feu rouge, le train s'arrête automatiquement, que l'alerte ait été validée ou non.
41:33 Mais pour tous ceux dont le trajet quotidien a viré au cauchemar ce jour-là, le drame est toujours bien réel.
41:40 Je ressens une terrible culpabilité. Je voudrais pouvoir m'excuser d'avoir survécu.
41:47 Pourquoi moi je ne suis pas mort ?
41:50 L'homme qui remontait la voiture et à qui j'ai souri est mort.
41:58 C'est terrible.
42:00 C'est terrible.
42:02 Les gens me demandent si je vois un signe divin dans le fait que j'ai été guidé par ce rayon de soleil.
42:09 Je ne peux pas répondre.
42:11 Mais je sais que si je ne l'avais pas vu à travers la fumée, je ne serais sans doute jamais sorti de ce train.
42:17 Je suis un homme qui a été guidé par un rayon de soleil.
42:20 Je suis un homme qui a été guidé par un rayon de soleil.

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