Le 29 juillet 1967, en pleine guerre contre le Viêtnam, une forte explosion retentit sur le porte-avions «USS Forrestal», qui est à l'époque le navire le plus grand de l'armada américaine. Un avion s'enflamme et rapidement, le feu se propage aux autres appareils. Tout le pont s'embrase, sans que rien ne semble en mesure d'arrêter l'incendie. Des membres de l'équipage et un enquêteur reviennent sur les circonstances de cette catastrophe, qui coûta la vie à 134 militaires américains.
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00:00 [Musique]
00:26 Sud-Est Asiatique
00:30 Nord Vietnam
00:33 Juillet 1967
00:37 L'Amérique est enlisée dans un conflit meurtrier.
00:42 Le nombre de victimes augmente rapidement.
00:45 Plus de 6600 soldats américains ont déjà été tués.
00:53 Le président Lyndon Johnson veut en finir.
00:56 Pour s'adjuger la victoire, il ordonne de multiplier les bombardements aériens.
01:01 Mais cette guerre fait rage à des milliers de kilomètres des États-Unis.
01:05 Et les bombardiers ont besoin de bases.
01:10 C'est pourquoi les porte-avions jouent un rôle clé dans cette nouvelle stratégie.
01:16 À plusieurs centaines de milles au large, ces navires gigantesques permettent de lancer des assauts aériens.
01:23 Le plus gros de ces mastodontes s'apprête à participer à sa première opération au Vietnam.
01:29 Il s'agit de l'USS Forestall.
01:32 Il a coûté 189 000 millions de dollars et 5400 hommes servent à son bord.
01:38 Mesurant 328 mètres de long, ce navire dispose d'un pont d'envol immense.
01:45 Sur tous les océans du globe, il représente près de 16 200 mètres carrés de sol américain.
01:53 29 juillet, 8 heures du matin.
01:57 Le navire croise dans le golfe du Tonkin, à 160 kilomètres au large des côtes nord-vietnamiennes.
02:04 Il s'y trouve depuis 5 jours pour lancer des raids aériens contre les Vietcong.
02:14 Ces eaux sont dangereuses.
02:17 Trois ans plus tôt, des tirs ennemis ont touché un bâtiment américain, à quelques milles seulement de la position du Forestall.
02:24 Pour parer à une attaque éventuelle, le navire est équipé de 8 canons de 12 7 d'une portée de 22 kilomètres.
02:32 L'officier marinier chargé de ses batteries s'appelle Milt Crutchley.
02:36 "Prêt. Conditions et bras."
02:40 Milt vient de Frédéric, dans le Maryland. Et à 22 ans, il a deux jeunes marins sous ses ordres.
02:46 Jusqu'ici, la guerre a été plutôt tranquille pour lui.
02:50 "En deux ans et demi sur le Forestall, je n'avais encore jamais tiré au canon pour défendre le bateau."
02:55 Mais la guerre de Milt va bientôt basculer dans l'horreur.
03:05 9 heures.
03:08 Le bombardement est prévu pour le milieu de la matinée.
03:11 Les pilotes retenus pour cette mission se rendent au briefing.
03:15 Parmi eux, se trouve un jeune enseigne de vaisseau, Dave Dollaride.
03:21 Ce célibataire de 25 ans, originaire de Floride, menait chez lui une vie sociale débridée.
03:29 Mais la discipline de la marine l'a fait rentrer dans le rang.
03:34 "Je suis entré dans la marine pour faire partie de l'aéronaval. Et c'est là que j'ai grandi, mûri."
03:44 Dave aura à ses côtés son ami Fred White.
03:49 À 32 ans, Fred est marié, et a trois jeunes enfants qui l'attendent en Floride.
03:58 Le rêve de sa vie a toujours été de piloter un avion de chasse.
04:04 "J'aime à croire que j'étais son plus grand amour, mais il adorait voler. Pour lui c'était un rêve devenu réalité."
04:14 Le chef d'escadron explique leur mission à tous les pilotes.
04:20 L'objectif est une ligne de chemin de fer dans la banlieue d'Hanoï, juste au sud de la frontière chinoise.
04:27 La fer sauter permettra de couper une des voies d'approvisionnement cruciales pour l'ennemi.
04:34 Leur supérieur leur explique qu'ils vont emporter des bombes d'un genre différent.
04:39 La veille, en effet, le Forestall a accusé réception de 7 tonnes de missiles livrés par l'USS Diamondhead.
04:47 Ces armes sont anciennes et en mauvais état. Certaines datent de la Deuxième Guerre mondiale.
04:53 En les voyant, le responsable de l'armement du Forestall a décidé de s'en débarrasser le plus vite possible.
05:00 Cette mission est la quatrième pour Dave en cinq jours, mais il est serein.
05:05 "On ne s'attendait à aucun problème en vol. C'était la routine."
05:17 A 10h30, Dave Deloride et Fred White traversent le pont d'envol pour rejoindre leurs avions.
05:25 Le personnel de pont s'active pour préparer les 27 chasseurs en vue de la mission, faisant le plein de carburant et d'armes.
05:36 Le pont d'un porte-avions est un environnement de travail extrêmement dangereux.
05:41 Au moindre faux pas, on risque d'être aspiré par un moteur ou éjecté par-dessus bord par l'échappement d'un chasseur.
05:48 Et bien sûr, le navire est un véritable arsenal flottant, à bord duquel on trouve un mélange mortel d'explosifs et de carburant.
05:57 En cas d'incendie, c'est le chef de la brigade sécurité, Gérald Farir, qui prend les choses en main.
06:03 C'est lui qui dirige l'unité de secours d'urgence, regroupant des pompiers spécialement entraînés.
06:11 À 31 ans, ce père de 4 enfants originaire de l'Arkansas est considéré par ses collègues comme le meilleur dans son domaine.
06:21 A 10h32, lors de son inspection pré-vol, Dave jette un coup d'œil au missile qu'on installe sous son chasseur.
06:29 L'un d'eux attire son attention. Il s'agit d'un des vieux modèles livrés la veille.
06:35 Cela ne lui plaît guère.
06:37 "C'était une bombe de grande taille, inadaptée à un vol à grande vitesse. Et elle était rouillée car elle était restée longtemps au dépôt."
06:46 Mais il est trop tard pour s'en inquiéter, car le planning est serré.
06:50 Dave et Fred montent dans leur poste de pilotage et procèdent au dernier réglage.
06:55 La mission doit commencer dans quelques minutes.
06:59 Ces avions sont des bombardiers A4E Skyhawk. Rapides et maniables, ils peuvent emporter jusqu'à 2 tonnes 7 d'explosifs.
07:08 6 d'entre eux sont alignés sur le pont bas-bord, à l'arrière du porte-avions.
07:17 L'appareil de Dave Delloryde est séparé de celui de Fred White par un autre avion.
07:24 Pour bombarder la voie de chemin de fer, ils vont avoir besoin de soutien.
07:28 C'est pourquoi à côté tribord se trouve cette chasseur F4 Phantom fabriquée par McDonnell Douglas.
07:34 Les commandes du Phantom 110 seront entre les mains d'un pilote chevronné, Jim Bangert.
07:42 Son rôle, protéger les bombardiers en détruisant les canons de DCA.
07:47 Deux fois plus rapide que le Skyhawk, le Phantom est armé jusqu'au dent.
07:53 Son armement se compose entre autres de 24 roquettes Zuni logées dans des nacelles installées sous les ailes.
07:59 Avec une vitesse de 2600 km/h et une portée de 8 km, la Zuni est une arme particulièrement destructrice.
08:11 10h46. Le bateau se met face au vent pour offrir un maximum de portance aux avions au moment de décoller.
08:22 Les catapultes à vapeur du Forestall projettent les deux premiers avions qui passent de 0 à 240 km/h en 3 secondes.
08:29 Un caméraman filme le décollage. Ces images sont utilisées pour la formation des pilotes et servent aussi à améliorer la sécurité.
08:41 10h51. Les moteurs des avions sont mis en marche par des groupes électrogènes mobiles.
08:48 Le personnel de pont arme les missiles et les pilotes effectuent les dernières vérifications.
08:53 À 10h51min21sec, Fred White et Dave Dollaride s'apprêtent à s'installer sur la catapulte.
09:01 Mais soudain, un éclair est suivi d'une forte déflagration.
09:08 Du carburéacteur s'écoule sur le pont d'envol et se répand rapidement.
09:15 Le brasier engloutit les Skyhawks.
09:27 Fred et Dave sont encerclés par les flammes.
09:32 S'ils ne sortent pas de leur cockpit dans les secondes qui suivent, ils périront carbonisés.
09:43 Le plus gros porte-avions du monde, l'USS Forrestal, est la proie d'un incendie.
09:47 Et du carburant en feu continue de se répandre sur le pont.
09:53 10h52. Fred White et Dave Dollaride tentent de s'extraire de leur avion.
10:02 Ils doivent faire vite, mais au milieu de la fumée et de la fournaise, Dave peine à se dégager de son harnais.
10:12 J'étais terrifié, mais je savais que pour survivre, je devais sortir de cet avion.
10:16 Il réussit enfin à se libérer et se prépare à sauter.
10:20 C'est alors qu'il se rend compte qu'il est toujours relié par son tuyau d'oxygène.
10:25 Il l'arrache et saute 3 mètres en contrebas sur le pont en flamme.
10:32 J'ai sauté sur le côté gauche de l'avion.
10:38 Pendant ma chute, je me suis retourné et je suis tombé sur le côté.
10:41 Il sent un os craqué dans le bas de son dos.
10:45 Et la douleur le cloue au sol.
10:51 L'incendie gagne en intensité.
10:57 Le chef de la brigade sécurité, Gérald Farir, et ses hommes accourent vers les Skyhawks.
11:05 Sur ces images, on voit Gérald arriver le premier, armé d'un simple extincteur.
11:09 Il l'essaye pour s'assurer de son bon fonctionnement,
11:13 puis il s'attaque aux flammes qui lèchent le ventre du Skyhawk le plus proche.
11:17 Dave Dollar Hyde, lui, gît toujours sur le pont, incapable de bouger.
11:30 Autour de lui, des blessés hurlent de douleur.
11:32 Tout le monde était terrifié, c'était horrible.
11:36 L'incendie, le shrapnel.
11:38 On avait tous peur d'être les prochains.
11:44 Dave regarde la rangée de Skyhawks en flamme et voit certains de ses collègues toujours bloqués dans leur avion.
11:50 Certains couraient se mettre en colère.
11:55 D'autres étaient encore dans leur cockpit.
11:57 Ils ne pouvaient rien faire face au brasier.
12:04 10h52min55sec.
12:12 94 secondes après le début de l'incendie, Gérald Farir et ses hommes luttent contre les flammes.
12:21 C'est alors qu'une violente explosion secoue le Forestal.
12:25 L'onde de choc est telle qu'elle brouille momentanément la caméra.
12:28 Gérald est tué sur le coup, comme la plupart des autres pompiers.
12:34 9 secondes plus tard, survient une deuxième déflagration.
12:46 Encore plus puissante que la première, elle ébranle le porte-avion sur toute sa longueur
12:50 et ouvre une brèche de 3 mètres dans le blindage du pont.
12:55 Du carburéacteur enflammé s'engouffre dans les entrailles du bâtiment.
13:03 Sous le pont, des matelots périssent, brûlés vifs.
13:07 Au milieu de la panique, des hommes s'efforcent de se protéger.
13:13 10h55min20sec. Le feu fait rage depuis près de 4 minutes.
13:18 Dans la salle de contrôle des tourelles, convaincus qu'ils sont victimes d'une attaque,
13:23 Mill Crutchley et ses hommes attendent les ordres.
13:26 De cette pièce, ils peuvent faire tirer les 8 canons du navire pour riposter.
13:31 Le combat est un peu plus difficile que prévu.
13:35 Les hommes sont en train de se débrouiller.
13:39 De cette pièce, ils peuvent faire tirer les 8 canons du navire pour riposter.
13:42 Brian, va chercher de l'eau.
13:44 Mais de la fumée noire s'infiltre dans la salle.
13:48 Les 3 hommes calfautrent la porte avec des vêtements humides.
13:52 Mais Milt sait que s'il n'arrive pas à stopper la fumée, c'est la mort assurée.
13:56 La plupart des gens qui meurent dans les incendies sont victimes de la fumée.
14:00 Même loin des flammes, la fumée peut vous tuer.
14:06 Dave Deloride, quant à lui, est toujours couché sur le pont d'envol.
14:09 Il doit s'éloigner au plus vite s'il ne veut pas être rattrapé par les flammes ou déchiqueté par une nouvelle explosion.
14:15 Au prix d'un effort surhumain, et bien qu'il ait une hanche et un coude cassé, il parvient à se mettre debout.
14:25 Il entend les bombes grésiller derrière lui.
14:31 Il doit absolument se mettre à l'abri.
14:35 Il y avait du feu partout et je me suis dit qu'il fallait que je bouge.
14:38 Dave clopine sur quelques mètres, mais une troisième explosion le projette à terre.
14:45 Puis, 4 autres déflagrations dévastent la poupe du vaisseau.
14:56 10h57
15:04 Il y a moins de 6 minutes que le feu s'est déclaré, mais le navire risque de sombrer.
15:09 Condition Zebra.
15:14 Les alarmes résonnent et les portes étanches se ferment à travers tout le bâtiment.
15:21 En condition Zebra, on clôt tous les compartiments pour enrayer la propagation d'un incendie.
15:26 Mais cela revient aussi à bloquer des issues de secours.
15:33 Milt Crutchley et ses collègues redoutent d'être prisonniers.
15:36 J'étais le plus haut gradé et ils attendaient de moi que je les sorte vivants de ce pétrin.
15:42 Il reste une issue.
15:45 Une écoutille qui débouche sur une plateforme dedans sur l'extérieur du forestall.
15:51 Milt appelle la passerelle pour s'assurer que la voie est libre.
15:55 Condition Zebra.
15:58 Mais on lui répond que la plateforme est ravagée par les flammes et qu'il doit trouver une autre sortie.
16:03 A 10h58min20s, des marins repèrent le corps immobile de Dave Dollar Hyde.
16:10 A leur grande surprise, il est encore conscient.
16:16 Ils le relèvent et le traînent à l'écart.
16:19 Juste à temps.
16:26 A l'infirmerie, Dave sent cependant que tout danger n'est pas encore écarté.
16:30 On entendait du bruit venant du hangar au dessus.
16:34 Et on savait que l'incendie faisait encore rage.
16:37 Les flammes ne sont pourtant plus l'ennemi numéro un.
16:41 Pour combattre le brasier, l'équipage pompe des milliers de litres d'eau de mer dans la brèche ouverte dans le pont.
16:47 Or cette manœuvre est extrêmement périlleuse.
16:55 L'USS Forrestal et ses 5400 hommes risquent de couler.
16:59 Pour le porte-avions, la situation est des plus critiques.
17:07 Ils donnent fortement de la bande.
17:10 Et les pompiers doivent combattre les flammes sur le pont d'envol et en dessous.
17:14 L'officier marinier Milt Crutchley est toujours bloqué dans la salle de contrôle des tourelles avec ses deux hommes.
17:21 Et une épaisse fumée continue de s'infiltrer.
17:25 Il s'allonge par terre pour respirer le peu d'oxygène restant.
17:29 On dit qu'il n'y a pas d'athées dans les tranchées. Il n'y en a pas non plus sur les navires en flammes.
17:35 J'ai prié Dieu qu'il me tire de là.
17:39 Milt ne sait que faire.
17:42 Si lui et ses hommes restent où ils sont, la fumée les asphyxiera.
17:46 S'ils sortent sur la plateforme, ils risquent de finir brûlés vifs.
17:52 On a tous les trois conclu que si on ne sortait pas de là,
17:55 on y resterait pour l'éternité.
17:59 Risquant le tout pour le tout, Milt conduit les deux marins sous ses ordres à travers un couloir rempli de fumée.
18:06 Mais chaque porte débouche sur un cul-de-sac.
18:12 Les trois hommes suffoquent. Ils n'ont plus que quelques minutes pour trouver une solution.
18:18 Sur le pont, l'équipage doit faire face à une nouvelle urgence.
18:21 Les 73 000 tonnes du Forestall menacent de se retourner sur bas-bord et d'emporter avec elles 5 400 hommes.
18:30 Les matelots se précipitent vers les réservoirs pour pomper le carburant d'un bord vers l'autre.
18:41 Ils doivent impérativement alourdir le flanc tribord pour éviter le naufrage.
18:45 Les explosifs grésillent sous l'effet de la chaleur intense dégagée par l'incendie.
18:50 Le capitaine de frégate Billing ordonne à l'équipage de se débarrasser de tout ce qui risque de sauter.
18:56 Les marins font donc basculer par-dessus bord des tonnes de bombes et des avions valant plusieurs millions de dollars.
19:06 Milt Crutchley, quant à lui, n'arrive toujours pas à trouver l'issue.
19:09 Lui et ses hommes commencent à étouffer. Ils reviennent donc dans la salle de contrôle des tourelles.
19:16 Il leur reste une dernière sortie à essayer, celle de l'écoutille donnant sur la plateforme.
19:21 Milt sait qu'il risque de tomber sur un véritable brasier, mais c'est leur dernière chance.
19:31 Lorsqu'ils ouvrent l'écoutille, c'est l'air du large qui les accueille.
19:36 Cette première goulée d'air, c'est un peu un élixir de vie. C'est une renaissance.
19:46 La plateforme a miraculeusement été épargnée par les flammes.
19:52 Mais la situation est plus compliquée que prévu.
19:57 Milt et ses hommes se hissent jusque sur le pont. Ils sont exténués, mais heureux.
20:02 L'adrénaline est retombée, on était vidés. On se foutait du reste. On avait eu notre dose d'action pour la journée.
20:09 On ne voulait plus qu'une chose. Se reposer, respirer. On était contents d'être en vie.
20:24 À 11h40, 48 minutes après la première explosion, l'incendie sur le pont d'envol est enfin maîtrisé.
20:31 Et les marins ont pompé suffisamment de carburant vers le flanc tribord pour corriger l'inclinaison.
20:38 Mais il faudra encore 16 heures pour maîtriser les flammes qui font rage sous le pont.
20:43 À 4h le lendemain matin, le commandant du Forestall, le capitaine de frégate Billing, s'adresse à son équipage.
20:52 Je veux que vous sachiez que le Forestall file de nouveau à 25 nœuds.
20:56 Après 17 heures d'horreur absolue, on déplore 134 victimes.
21:02 Le premier ordre que reçoit Milt Crutchley après avoir échappé à la mort est d'aider à transporter les cadavres de ses camarades.
21:09 Vous ne pouvez pas ne serait-ce qu'imaginer une telle horreur.
21:18 L'odeur de la chair brûlée est affreuse. Je la sens encore aujourd'hui.
21:28 Une fois que vous en avez fait l'expérience, dans des circonstances pareilles, vous ne l'oubliez plus.
21:34 161 marins sont grièvement blessés, beaucoup souffrant de graves brûlures.
21:41 Les plus atteints sont transférés en hélicoptère jusqu'à un navire hôpital.
21:46 J'ai vécu des choses horribles. J'ai perdu plein d'amis.
21:49 Je suis le seul des quatre pilotes de la mission de ce jour à avoir survécu. J'ai eu de la chance.
21:54 Des marins repêchent le cadavre du meilleur ami de Dave, Fred White, dans le golfe du Tonkin.
22:01 Je crois que la chose la plus difficile pour une mère, c'est d'annoncer à ses enfants que leur père est mort.
22:15 Le porte-avions entame un voyage d'une semaine pour rallier une base américaine des Philippines, où l'on procédera aux réparations d'urgence.
22:21 L'affectation du navire au Vietnam n'aura duré que cinq jours.
22:26 Désormais, la marine doit découvrir la cause du désastre.
22:30 Quelle est l'origine de l'incendie ? Pourquoi n'a-t-il pas été maîtrisé plus vite ?
22:37 Pourquoi y a-t-il eu tant d'explosions et autant de victimes ?
22:44 En retraçant le fil des événements qui ont conduit à ce jour fatidique et en analysant en détail l'enquête qui a été faite,
22:50 nous allons vous révéler ce qui est vraiment arrivé au Forestal.
22:53 Pour y parvenir, nous avons eu accès à des dossiers classés "secrets".
22:58 Au lendemain du drame, la marine américaine ouvre une enquête dont les conclusions vont conduire à une refonte complète des procédures de sécurité.
23:12 Cet homme a tout lieu de s'intéresser au Forestal.
23:15 En effet, le capitaine de frégate Robert Stanley est enquêteur dans la marine.
23:20 Il est donc bien placé pour évaluer l'impact de ce désastre.
23:25 L'incendie du Forestal a été un tournant, compte tenu de l'ampleur des dégâts provoqués lors de cet accident aéronaval.
23:34 L'enquête de la marine sur le drame est elle aussi considérée comme un tournant.
23:41 Pour les professionnels comme Robert Stanley, elle sert aujourd'hui de référence.
23:45 Le capitaine de frégate utilise ces relations pour avoir accès au rapport d'enquête officiel sur l'accident de l'USS Forestal.
23:54 En vertu de la loi fédérale américaine, il est interdit de filmer le contenu de ce rapport.
24:01 Mais Robert Stanley a accepté de se pencher sur le dossier,
24:05 afin que nous puissions savoir comment les enquêteurs de l'époque ont élucidé le mystère de l'incendie.
24:10 Le responsable de l'enquête était le vice-amiral Forsyte Massey.
24:16 Il est aujourd'hui décédé.
24:21 Mais en 1967, cet officier respecté a mis sa réputation en jeu,
24:27 en faisant le serment d'avoir le fin mot de la tragédie du Forestal.
24:34 Robert Stanley constate vite que le défi était de taille.
24:37 Beaucoup de témoins avaient péri, l'incendie avait détruit une bonne partie des indices,
24:42 et d'autres reposaient au fond de l'océan.
24:45 Sans preuves concrètes, il est très difficile pour un enquêteur de comprendre ce qui s'est passé.
24:51 Massey devait établir si l'incendie du Forestal était un accident isolé,
24:57 ou s'il risquait de se reproduire.
25:03 Car la marine disposait à l'époque de 17 porte-avions transportant des centaines d'aéronefs et des milliers de marins.
25:09 Le rapport d'enquête nous apprend que Forsyte Massey a commencé par interroger des centaines de témoins oculaires.
25:18 La première étape consiste à déterminer la cause de l'incendie.
25:22 Franchement, j'ai supposé qu'on nous attaquait.
25:25 Beaucoup pensent avoir été victimes de tirs ennemis.
25:28 La deuxième explosion a été plus puissante que la première.
25:32 Ils évoquent des missiles qui auraient frappé le bateau et des bombes explosant sur le pont.
25:36 Le vice-amiral Massey a un moyen de vérifier leur dire.
25:41 Le radar.
25:43 L'USS Forestal était équipé d'un des radars les plus sophistiqués au monde.
25:48 D'une portée de 320 km et capable de repérer des avions à 15 000 m d'altitude.
25:57 Mais en épluchant le journal de bord en date du 29 juillet, l'enquêteur constate que le radar n'a strictement rien signalé.
26:04 L'hypothèse d'un tir ennemi étant écartée, le vice-amiral se concentre sur le porte-avion lui-même.
26:10 Sa meilleure source d'information est le film tourné par la caméra embarquée.
26:16 Espérant y trouver un indice, il demande qu'on en fasse des copies.
26:26 Le système télévisé d'aide à l'apontage, ou PLAT, n'est pas une caméra ordinaire.
26:31 Grâce à une liaison radar, elle affiche la vitesse de l'avion en haut de l'écran.
26:37 Les images du PLAT devraient permettre à Massey d'analyser la catastrophe du Forestal image par image.
26:46 Juste avant le début de l'incendie, le caméraman a filmé deux avions au décollage.
26:56 Puis, alors qu'il attend le catapultage suivant, quelque chose attire son attention.
27:00 Il oriente la caméra vers la gauche et filme les flammes à l'arrière du pont.
27:06 Bien que le film soit en noir et blanc, granuleux et saturé d'interférences électroniques provoquées par le radar du navire,
27:15 il constitue une source d'informations inestimable.
27:18 Le vice-amiral Massey l'analyse, plan par plan.
27:22 À force d'attention, il remarque un premier indice qui va permettre d'expliquer pourquoi 134 hommes d'équipage ont péri à bord de l'USS Forestal.
27:36 Grâce à cet indice, le vice-amiral pourra déterminer l'origine exacte de l'incendie qui a ravagé le porte-avions américain.
27:52 Robert Standley, lui, est surpris par la qualité et la rigueur du dossier de son prédécesseur.
27:57 "Cette lecture m'a impressionné car Massey a employé les mêmes techniques que nous pour dresser un compte-rendu très détaillé."
28:07 Standley veut découvrir comment le vice-amiral a élucidé le mystère.
28:12 La caméra embarquée a permis de filmer en direct des images de l'incendie.
28:19 C'est un énorme atout, bien sûr, pour l'enquête, mais à un détail près.
28:23 L'opérateur filmait sous un autre angle lorsque l'incendie s'est déclaré.
28:28 Et le temps qu'il oriente l'appareil vers la gauche, le feu avait déjà pris.
28:33 Les cinq premières secondes du drame, cinq secondes déterminantes, n'ont donc pas été filmées.
28:41 Massey sait qu'elles permettraient sans doute de déterminer le fait que l'incendie ait été déclenché.
28:47 Massey sait qu'elles permettraient sans doute d'expliquer l'origine de l'incendie.
28:51 C'est alors que son obsession du détail s'avère payante.
28:55 En analysant ces cinq premières secondes, avant que la caméra ne soit braquée vers le brasier,
29:03 Massey repère un éclair à hauteur de l'avion positionné sur l'avant du pont.
29:07 Il repasse la scène, encore et encore.
29:10 On distingue bien un éclair à l'avant de l'avion qui s'apprête à décoller.
29:17 Ce chasseur est sur la piste et tourné vers l'avant du porte-avions.
29:21 Mais les gestes des marins au premier plan ne semblent pas correspondre à ce qui se passe juste devant eux.
29:27 L'un d'eux se tourne et désigne quelque chose dans la direction opposée à l'éclair, c'est-à-dire vers l'arrière du navire.
29:36 Massey est perplexe. Pourquoi les marins ne réagissent-ils pas à l'éclair ?
29:44 Il réinterroge le personnel de pont.
29:46 Ces hommes confirment avoir vu un éclair, mais au niveau des fantômes, à l'arrière du bateau, côté tribord,
29:54 c'est-à-dire à l'opposé de l'éclair repéré par le vice-amiral.
29:57 Cela n'a aucun sens.
30:01 Dans l'esprit de Massey, ce produit soudain comme un déclic.
30:05 Il se rend compte qu'il a négligé un élément capital de son équipement.
30:10 Il se rend compte qu'il a négligé un élément capital.
30:13 La réponse n'est pas sur les images, mais dans la caméra qui les a filmées.
30:18 Il découvre que la caméra plate est entourée de plexiglas.
30:24 L'appareil est installé sur ce qu'on appelle l'îlot central,
30:29 et le plexiglas placé devant l'objectif sert à le protéger de la poussière et des débris.
30:34 Le vice-amiral échafaude alors une nouvelle théorie.
30:38 L'éclair qu'il a remarqué pourrait être un reflet.
30:41 Puisque la caméra filmait à travers une plaque de plexiglas incurvée,
30:45 elle a filmé le reflet d'un éclair qui se produisait à un autre endroit du navire.
30:49 Si son raisonnement est exact, cet éclair est le reflet de celui qui est à l'origine du drame.
30:56 Est-ce ce qui s'est réellement passé ?
31:00 Pour le savoir, Massey prépare un test optique.
31:05 Il remet des flashes à plusieurs hommes,
31:07 tandis que lui-même s'installe derrière la caméra plate pour étudier leur reflet à travers le plexiglas.
31:12 Après plusieurs essais, un flash reproduit très exactement l'éclair détourné par le plexiglas,
31:26 quelques secondes avant le début de l'incendie.
31:28 Cette démonstration lui permet de définir l'emplacement exact de l'éclair.
31:34 En analysant des plans détaillés du pont et en appliquant des formules élémentaires de géométrie,
31:39 Massey élabore une théorie sur la genèse du drame.
31:42 Il conclut que l'éclair provenait du fantôme stationné à l'arrière du pont, côté tribord.
31:52 Cet avion, c'est le 1-1-0, celui de Jim Bangert.
31:59 D'après le vice-amiral, ce fantôme a tiré une de ses roquettes qui a touché le Skyhawk 405.
32:05 Mais cette hypothèse soulève à son tour des questions.
32:11 Comment une roquette zunie de 2 mètres de long a-t-elle pu traverser le pont et faire autant de dégâts ?
32:25 En effet, chaque fantôme est équipé d'un système de sécurité pour parer à une telle éventualité.
32:30 Le personnel de pont est parfaitement formé et applique des procédures détaillées.
32:37 Que s'est-il donc passé ?
32:39 Est-ce une erreur humaine ? Un incident d'origine électrique ? Une faille dans les procédures de sécurité ?
32:52 Vu le nombre de fantômes en service, la marine doit-elle redouter à un autre désastre du même genre ?
32:58 Il faudrait que le vice-amiral puisse vérifier les systèmes de sécurité du fantôme de Jim Bangert, pour découvrir pourquoi ils n'ont pas fonctionné.
33:10 Mais le chasseur repose au fond du golfe du Tonkin.
33:13 Massey tente donc d'avoir accès à un autre fantôme.
33:16 Et pour comprendre ce que son prédécesseur a trouvé, Robert Stanley doit lui aussi inspecter un chasseur du même modèle.
33:22 Les F-4 ont été retirés du service en 1996.
33:28 Mais le musée national de l'aviation de guerre de Horsehead, dans l'état de New York, en conserve un exemplaire.
33:35 Il est équipé comme l'était celui de Jim Bangert.
33:40 Chaque nacelle est reliée aux commandes du poste de pilotage.
33:44 Par un circuit électrique.
33:46 En appuyant sur le bouton de mise à feu, le pilote envoie un signal à la nacelle qui fait partir la roquette.
33:52 Mais sur le pont d'un porte-avions, une telle manœuvre est théoriquement impossible pour une raison très simple.
34:01 Par mesure de sécurité, les nacelles ne sont électriquement reliées au poste de pilotage que quelques secondes avant le décollage.
34:08 Ce n'est donc que lorsque l'avion est positionné sur la catapulte que le personnel de pont prépare la nacelle pour le combat.
34:15 Pour que la connexion soit opérationnelle, il faut effectuer deux opérations.
34:20 Retirer la goupille de sécurité de la nacelle.
34:24 Puis brancher un appareil appelé queue de cochon.
34:28 Cette pièce vient compléter le circuit électrique de mise à feu reliant les nacelles au manche du pilote.
34:36 Si une roquette Zuni est tirée accidentellement, comme lors de cette démonstration, elle se perd en mer sans exploser.
34:43 Le système est théoriquement fiable à 100%.
34:46 Pourquoi ces procédures n'ont-elles pas fonctionné à bord du Forestall ?
34:51 C'est alors que Massy fait une autre découverte.
34:57 Les goupilles de sécurité de la nacelle sont en fait un système de séparation.
35:04 Les goupilles de sécurité ne sont pas aussi sûres qu'elles y paraissent.
35:08 Une fois en place, elles font office de disjoncteurs.
35:13 Mais le vice-amiral apprend que le ruban accroché à la goupille offre une prise au vent.
35:19 Et que lorsque celui-ci est violent, il arrive que la goupille sorte de son logement.
35:23 Des marins en ont même parfois retrouvé sur le pont.
35:26 Or, le jour de l'incendie, il est établi que le vent soufflait fort sur le pont du Forestall.
35:33 Pour être efficace, la goupille doit être enfoncée totalement.
35:36 Mais par vent fort, il y avait 32 nœuds ce jour-là,
35:39 elle a tendance à se désengager partiellement ou complètement.
35:42 Massy pense donc que c'est ce qui s'est produit le jour du drame.
35:47 Mais il restait cependant le mécanisme de sécurité numéro 2.
35:53 La queue de cochon.
35:57 Il faut absolument qu'elle soit branchée pour qu'on puisse tirer une roquette.
36:02 C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le personnel de pont a pour instruction de l'insérer quelques secondes seulement avant le décollage.
36:08 Mais ces entretiens avec l'équipage vont permettre au vice-amiral de comprendre pourquoi une roquette Zuni a bel et bien été tirée.
36:16 Son enquête ramène Massy quelques semaines en arrière.
36:21 Lors des missions d'entraînement, durant le voyage du Forestall jusqu'au Vietnam,
36:27 les pilotes s'étaient plaints que brancher la queue de cochon seulement lorsque l'avion était sur la catapulte ralentissait les opérations.
36:33 En cas d'incident, il fallait dégager l'aéronef, ce qui retardait les appareils qui attendaient de décoller.
36:41 D'après les pilotes, en situation de combat, un retard de ce genre pouvait s'avérer fatal.
36:53 Tout juste un mois avant l'incendie, le comité de coordination de l'armement du navire s'était donc réuni pour débattre de la question.
36:59 Et il avait conclu que le personnel de pont pouvait ne pas appliquer les procédures relatives au branchement des queues de cochon.
37:06 Désormais, il pourrait les brancher non pas au moment où l'avion était installé sur la catapulte et donc tourné vers le large,
37:16 mais lorsqu'il était à l'arrière du pont face aux autres appareils.
37:22 Ce règlement ne fut jamais rendu officiel, mais on le mit aussitôt en application.
37:26 Une fois la queue de cochon branchée, le circuit électrique reliant la cellule à l'armement est opérationnel.
37:35 Massey a désormais la certitude que rien ne pouvait empêcher une impulsion électrique d'atteindre la nacelle du fantôme et de déclencher un tir de roquette.
37:49 Mais si c'est bien ce qui s'est passé, d'où cette impulsion provenait-elle ?
37:53 C'est la nouvelle énigme qu'il lui faut élucider.
37:56 Jim Bangert a-t-il appuyé sur le bouton de mise à feu ?
37:59 Le vice-amiral réécoute l'enregistrement de l'interrogatoire du pilote.
38:05 Sous serment, celui-ci a déclaré n'avoir actionné que les deux commutateurs déclenchant l'allumage du moteur de son avion.
38:13 Massey décide alors de vérifier le dossier personnel du pilote.
38:18 Constatant qu'il est irréprochable et que Jim Bangert est un des officiers sécurité du navire, le vice-amiral croit sa version.
38:24 Ceci ne l'aide guère à trouver la source de l'impulsion électrique.
38:28 Il se repasse inlassablement en interrogatoire du pilote.
38:32 "Oui amiral, j'ai allumé mon moteur tribore, j'ai senti une secousse et..."
38:38 Soudain, Massey fait le rapprochement.
38:41 Un pic de tension.
38:47 Il sait que les moteurs des avions à réaction du Forestall doivent être lancés avant le décollage par une source extérieure.
38:53 Après que le groupe électrogène mobile a mis son avion en marche,
38:58 Jim Bangert a dû actionner deux commutateurs dans son poste de pilotage pour passer de l'alimentation externe au système embarqué.
39:05 Pour le vice-amiral, c'est l'instant clé.
39:08 "Quand Jim Bangert a poussé les interrupteurs, le missile est parti.
39:14 C'est le changement de source d'alimentation électrique qui a tout déclenché.
39:18 Un bref dérèglement a provoqué un pic de tension."
39:21 A l'instant précis où le pilote actionne les interrupteurs,
39:25 une forte décharge électrique secoue l'avion,
39:28 et une partie de ce courant s'engage dans le circuit reliant le manche à une des nacelles.
39:32 La goupille étant enlevée et la queue de cochon déjà branchée,
39:43 la roquette part aussitôt.
39:45 Les 56 kilos d'explosifs filent à travers le pont.
39:53 Rien ne peut plus empêcher le désastre de se produire.
39:56 C'est une énorme avancée dans l'enquête.
40:04 Le vice-amiral Massey sait désormais comment l'incendie s'est déclaré,
40:08 mais il lui faut encore comprendre pourquoi il s'est répandu aussi vite et en faisant autant de dégâts.
40:13 Les incendies font partie des risques courants sur le pont d'un porte-avions.
40:20 On en comptait en moyenne un tous les cinq jours à bord du Forestall.
40:24 Les équipes de pompiers bien entraînées et bien équipées
40:29 avaient pour mission de les éteindre le plus rapidement possible.
40:32 Pourquoi ont-ils mis tant de temps à circonscrire celui-ci ?
40:37 Massey examine à nouveau les images de la caméra plate
40:40 pour voir comment les soldats du feu ont réagi.
40:43 Lorsque l'incendie se déclare,
40:45 le chef des pompiers, Gérald Farir, se rue vers les skyhawks munis seulement d'un extincteur.
40:50 Pendant ce temps, quelques membres de sa brigade de sécurité de huit hommes s'emparent des tuyaux.
41:00 Mais 94 secondes seulement après le début de l'incendie,
41:03 une explosion terrible secoue le navire.
41:06 Là, tout bascule.
41:08 Gérald Farir meurt carbonisé, cinq autres de ses hommes sont tués sur le coup.
41:13 Et la déflagration blesse grièvement les trois derniers.
41:17 En quelques secondes, les pompiers sont donc tous hors de combat.
41:23 Dès lors, ce sont des novices qui luttent contre la fournaise.
41:28 Comme le montrent les images de la caméra plate,
41:32 ils utilisent de l'eau et de la mousse.
41:36 Et un enquêteur chevronné comme le vice-amiral Massy comprend aussitôt que c'est une grave erreur.
41:40 Il n'aurait fallu utiliser que la mousse.
41:44 Le mélange eau-mousse ne peut rien contre un feu de carburant.
41:50 La mousse recouvre les flammes comme une couverture pour éteindre l'incendie.
41:54 Mais l'eau chasse la mousse, permettant ainsi au feu de se raviver.
41:59 Pire encore, l'eau répand le carburéacteur absolument partout sur le pont.
42:04 A leur insu, les marins ne font donc que propager le sinistre.
42:08 Le feu était impossible à circonscrire.
42:13 Les marins étaient dépassés car ils n'étaient pas entraînés pour le maîtriser.
42:17 Désormais, Massy sait pourquoi l'incendie s'est propagé.
42:22 Mais cela n'explique pas le dernier mystère du fournage.
42:26 D'où sont venues les déflagrations qui ont tué tant d'hommes ?
42:29 C'est l'ultime énigme que le vice-amiral Massy doit encore élucider pour comprendre pourquoi il y a eu autant de victimes.
42:48 Maintenant qu'il sait comment la roquette Zuni a mis le feu aux poudres.
42:53 [Musique]
42:57 Le vice-amiral analyse une énième fois les images du drame en se concentrant sur le comportement de Gérald Farir.
43:06 Il le voit s'approcher des flammes sans aucune protection et équipé d'un simple extincteur.
43:11 Que pouvait-il espérer accomplir avec un tel équipement ?
43:15 Le géant de la roquette Zuni est un homme de la guerre.
43:20 Il a été un des premiers à l'avoir tué.
43:23 Il a été un des premiers à l'avoir tué.
43:26 Il a été un des premiers à l'avoir tué.
43:29 Il a été un des premiers à l'avoir tué.
43:32 Il a été un des premiers à l'avoir tué.
43:35 Il a été un des premiers à l'avoir tué.
43:38 Il a été un des premiers à l'avoir tué.
43:41 Il a été un des premiers à l'avoir tué.
43:44 Il a été un des premiers à l'avoir tué.
43:47 Pour cela, Gérald Farir a dû faire face à une urgence sans précédent.
43:51 Les bombes léchées par les flammes étaient les vieux explosifs rouillés que le Forestall avait reçu la veille.
43:57 Et le pompier ignorait à quel moment elles allaient exploser.
44:05 Robert Stendley fait appel à un expert en explosifs pour comparer la durée de chauffe de ces anciens modèles
44:13 avec les engins plus modernes qui équipaient habituellement les Skyhawks.
44:17 Les essais sont éloquents.
44:23 La durée de chauffe des vieilles bombes est inférieure de plus d'une minute à celle des munitions modernes.
44:29 Lorsque Gérald Farir parvient à leur hauteur, l'une d'elles est déjà éventrée et chauffée à blanc.
44:39 Il ordonne aussitôt à ses hommes de se mettre à l'abri.
44:43 Il sait que l'explosion n'est plus qu'une question de secondes.
44:48 Il ne s'est pas préoccupé de sa propre sécurité et il s'est sacrifié pour tenter de sauver le navire.
44:59 Au total, sept des vieilles bombes finissent par exploser.
45:06 D'après l'expert, si les Skyhawks avaient été dotés de leur armement habituel,
45:11 Gérald Farir aurait disposé d'une minute supplémentaire pour empêcher l'explosion.
45:16 Avec seulement 60 secondes de plus, on aurait très certainement pu maîtriser l'incendie bien plus vite.
45:29 Et ça aurait empêché d'autres explosions.
45:36 Dans son rapport d'enquête, le vice-admiral Massey conclut que l'utilisation de missiles anciens à bord du Forestall
45:43 est responsable de la mort d'une bonne partie des 134 victimes.
45:47 Ces vieilles bombes étaient à bord car en 1967, l'armée américaine commençait à manquer de munitions.
45:55 Cependant, le gouvernement avait demandé qu'on multiplie les raids aériens sur le Vietnam.
46:04 La décision a donc été prise d'embarquer à bord du Forestall des bombes plus instables.
46:08 Après avoir reconstitué l'enquête menée à l'époque et analysé les indices découverts,
46:20 nous pouvons désormais reconstituer l'enchaînement des événements qui a conduit à la minute de vérité.
46:27 10h45.
46:28 Un groupe électrogène mobile met en marche le Phantom 1-1-0 et un armurier branche la queue de cochon.
46:35 10h51 et 20 secondes.
46:41 Le pilote Jim Bangert actionne les interrupteurs de l'allumage.
46:47 Une décharge de l'alimentation est mis en place.
46:51 Le pilote Jim Bangert actionne les interrupteurs de l'allumage.
46:56 Une décharge électrique parcourt le chasseur.
46:59 Et la goupille de sécurité n'étant plus en place, plus rien n'empêche le courant d'atteindre la nacelle.
47:05 Une des roquettes unies est mise à feu.
47:09 Elle file à travers le pont à très basse altitude.
47:19 Puis, elle frappe le réservoir d'un autre avion, le Skyhawk 405.
47:24 Plus de 1500 litres de carburéacteurs se déversent et prennent feu.
47:29 Sous l'impact de la roquette, deux vieilles bombes se décrochent de la nacelle du bombardier.
47:34 Chacune contient 453 kilos d'explosifs et la première va exploser 94 secondes plus tard.
47:42 H-64 secondes avant la fin de la durée de chauffe.
47:47 Dave Deloride se libère de son siège et saute de son avion.
47:50 Il se réceptionne mal et se casse une hanche et un coude.
47:54 H-60 secondes avant la fin de la durée de chauffe.
47:58 Gérald Farir tente désespérément de refroidir les bombes.
48:01 H-30 secondes.
48:03 Fred White est toujours prisonnier dans son poste de pilotage.
48:07 H-10 secondes.
48:09 Gérald Farir se rend compte que ses efforts sont inutiles.
48:12 Le temps de chauffe de la première bombe arrive à expiration.
48:17 Elle explose, tuant 27 hommes sur le coup.
48:21 Dans les 4 minutes qui suivent, 6 autres bombes explosent.
48:26 Elle laisse échapper plus de 150 000 litres de carburéacteur qui s'enflamme instantanément.
48:33 Le carburant s'écoule à travers la brèche apparue à la surface du pont jusque dans les compartiments couchette, faisant 91 victimes.
48:42 18 des 134 cadavres ne seront jamais retrouvés.
48:46 Suite à la tragédie du Forestall, la marine américaine a pris des mesures pour s'assurer qu'une telle catastrophe ne puisse plus se reproduire.
48:58 Les procédures de sécurité à bord des portes-avions ont été entièrement modifiées.
49:05 Les vieilles munitions ont été remplacées par des modèles plus récents et mieux isolés.
49:11 Et on a rendu obligatoire pour tous les matelots une formation de base de lutte anti-incendie.
49:16 A cet effet, on a créé un centre d'entraînement spécialisé en Virginie.
49:21 Il a reçu le nom de l'homme qui a donné sa vie pour tenter de sauver l'USS Forestall.
49:26 Gérald Farir.
49:28 [Musique]
49:44 [Musique]
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