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Un vol entre Londres et Belfast tourne au drame en janvier 1989. Peu après le décollage, un moteur de l'avion cesse de fonctionner et le pilote est contraint de tenter un atterrissage à l'aéroport le plus proche. A l'atterrissage, la catastrophe se produit.

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00:00 [Générique]
00:15 Salut à tous !
00:16 Bienvenue dans la case docu-réalité de Direct 8
00:18 pour un nouvel épisode de la Minute de Vérité,
00:20 l'émission qui reconstitue les catastrophes.
00:22 Nous sommes en janvier 1989,
00:25 lors de son décollage, le vol Londres-Belfast
00:27 va connaître un problème moteur.
00:29 Le pilote va bien essayer un atterrissage d'urgence.
00:31 Malheureusement, 47 personnes seront tuées.
00:34 Que s'est-il vraiment passé ?
00:36 Voici la réponse avec la Minute de Vérité.
00:39 C'est tout de suite sur Direct 8.
00:41 Un Boeing 737 flambe en neuf,
00:47 un des avions les plus sûrs au monde,
00:49 transporte 126 personnes entre Londres et l'Irlande du Nord.
00:55 Soudain, une succession d'explosions et de vibrations secouent l'appareil.
00:59 Il s'écrase à quelques mètres d'une piste d'atterrissage.
01:05 Bilan, 47 morts.
01:07 Ont-ils été victimes d'un attentat terroriste
01:10 ou d'un terrible accident ?
01:11 Grâce à la simulation informatique,
01:15 nous allons vous montrer précisément
01:17 ce qui a entraîné l'accident du vol 092.
01:25 Les catastrophes sont rarement le fruit du hasard.
01:27 Elles résultent souvent d'un enchaînement d'événements malheureux
01:30 que nous allons tenter de reconstituer
01:32 dans cette Minute de Vérité.
01:34 Europe.
01:44 Angleterre.
01:46 Israël, près de Londres.
01:48 Le premier aéroport mondial en termes de trafic.
01:54 8 janvier 1989.
01:56 En ce dimanche soir,
02:00 de nombreux passagers rentrent chez eux
02:01 après les vacances de Noël et du jour de l'an.
02:03 L'aéroport est bondé.
02:06 Dans l'aérogare 1,
02:09 les gens se présentent pour le vol British Midlands 092
02:12 à destination de Belfast.
02:14 Un vol régulier d'une heure.
02:16 La sécurité est omniprésente.
02:22 En effet, la campagne de l'Irak contre des cibles britanniques bat son plein.
02:26 En près de 20 ans,
02:28 l'armée républicaine irlandaise a tué 416 civils.
02:31 Un employé des services médicaux, Garrett Jones,
02:36 a pris un nouveau poste à Belfast 3 semaines auparavant.
02:39 J'ai quelques questions de sécurité.
02:41 Ces vérifications sont devenues une habitude.
02:45 On vivait en Irlande du Nord à l'époque,
02:49 et on y était habitué car la sécurité était accrue.
02:52 - Excusez-moi. - D'accord.
02:54 - Excusez-moi. - D'accord.
02:56 - Au revoir.
02:58 Mais l'Irak n'est pas la seule raison du renforcement de la sécurité à Israël.
03:03 3 semaines plus tôt à Lockerbie, en Écosse,
03:07 une bombe a fait exploser un 747 de la Paname
03:10 en partance d'Israël et à destination des États-Unis.
03:13 L'explosion a tué les 259 personnes qui se trouvaient à bord
03:17 et 11 autres au sol.
03:20 A l'époque, c'est l'attentat terroriste le plus meurtrier
03:23 sur un avion de ligne américain,
03:25 et les autorités y voient la main d'un groupuscule terroriste arabe.
03:28 Ce dimanche 8 janvier, les passagers du vol 092
03:38 sont entre les mains du commandant de bord, Kevin Hunt.
03:41 Avec 25 ans d'expérience, c'est un des pilotes les plus chevronnés
03:45 de la compagnie British Midlands.
03:48 A ses côtés se trouve l'officier pilote de ligne David McClelland,
03:52 âgé de 39 ans.
03:54 Ce soir, ils sont aux commandes d'un avion qui n'a que 2 mois,
03:57 un des nouveaux Boeing 737 de la série 400.
04:00 L'avionneur américain a lancé cet appareil
04:04 un an plus tôt à grand renfort de publicité.
04:06 Il peut s'en orgueillir de plusieurs améliorations
04:09 par rapport à ses prédécesseurs.
04:11 Ses nouveaux turbo-réacteurs CFM56
04:13 sont les plus puissants de leur catégorie.
04:16 Et le poste de pilotage dispose de la technologie dernier cri
04:19 avec entre autres des écrans télé et des cadrans à diodes
04:22 pour remplacer les traditionnels cadrans à aiguilles.
04:25 19h15
04:28 Carte d'embarquement.
04:32 Les 118 passagers embarquent dans l'avion.
04:35 "Principe, on est bloqués, allumez moteur 1 et 2."
04:44 Le commandant Hunt allume les deux moteurs.
04:47 Les avions de la série 400 sont encore tout nouveaux pour lui.
04:50 Il n'a que 23h de vol à son actif sur ce type d'appareil.
04:53 Quant à son copilote, il en compte seulement 53.
04:57 En cabine, Garrett Jones est assis côté hublot,
05:07 au-dessus d'une aile, tout près d'une issue de secours.
05:09 "Excusez-moi."
05:12 Un steward lui demande de lire la notice de sécurité
05:14 pour qu'il sache comment ouvrir la porte à côté de lui.
05:17 "En général, je n'y faisais pas très attention,
05:21 mais c'était demandé gentiment et ça aurait été impoli de ne pas le faire."
05:24 Les contrôleurs aériens donnent l'autorisation de décoller.
05:27 "Vol 092, décollage de la 7 droite, vent de surface au 2, 7 0."
05:34 Les conditions météorologiques sont idéales.
05:41 "C'est parti, c'est parti."
05:42 Le copilote met les moteurs à plein régime.
05:45 "V1, rotation."
05:52 "Décollage."
05:57 "Relevez le train."
05:59 "Relevez."
06:01 A 19h52, le vol 092 de British Midlands est en route pour Belfast.
06:10 "Médecin, vous êtes bien?"
06:11 "Vous avez réussi à le faire."
06:12 "Et 800 mètres."
06:14 Debbie Griffith, 24 ans, est une des 6 hôtesses à bord.
06:19 Elle était en congé, mais son responsable l'a appelée au dernier moment.
06:25 Cela fait 2 ans qu'elle exerce ce métier.
06:30 "J'adorais ce travail, car j'aime être en contact des gens.
06:34 C'était une vie formidable pour quelqu'un de mon âge."
06:38 Quelques minutes après le décollage, le personnel sert des boissons.
06:41 L'atmosphère est détendue, car les passagers savent qu'ils atterriront dans moins d'une heure.
06:45 20h05.
06:54 13 minutes après le décollage, l'avion est à 8500 mètres
06:58 et monte pour atteindre son altitude de croisière de 10600 mètres.
07:02 Puis, soudain...
07:07 Une très forte déflagration.
07:09 L'avion commence à vibrer violemment.
07:12 Pour les passagers, ce vol de routine vient de virer au cauchemar.
07:17 Dans le poste de pilotage, le commandant de bord et son copilote ressentent eux aussi les secousses.
07:25 "Bizarre, qu'est-ce qui se passe?"
07:27 Pire encore, ils sentent de la fumée.
07:29 "Il y a le feu?"
07:31 "Revenez le contrôle aérien qu'on descend."
07:34 "On commence le décharge."
07:35 La fumée ne peut entrer en cabine que par les conduits d'air conditionnés.
07:41 Or, l'air conditionné étant actionné par les réacteurs,
07:44 les deux hommes en déduisent qu'il s'agit d'un problème de moteur.
07:47 Un problème grave, d'après le bruit.
07:50 Assis au-dessus de l'aile, à côté du moteur,
07:54 Kieron Dainan, un étudiant de 20 ans, entend un cliquetement très puissant.
07:58 "C'était un fracas."
08:03 "Comme celui de cailloux dans une machine à laver."
08:05 Derrière le cockpit, Nick Stevenson et Chris Thompson,
08:11 deux entrepreneurs sont assis dans la rangée 1.
08:13 Ils rentrent chez eux, à Belfast.
08:16 Ils sentent des vibrations si intenses qu'ils ont l'impression que l'avion se désagrège.
08:21 "C'était comme si quelqu'un essayait d'entrer à coup de masse,
08:26 de se tailler un chemin à travers le fuselage."
08:30 "À ce moment-là, vous vous retrouvez paralysé."
08:32 L'hôtesse Debbie Griffiths pense tout de suite à la catastrophe de Lockerbie.
08:38 "À cet instant, ça a été la terreur. Je me suis dit, y a-t-il une bombe ?"
08:43 Il y a effectivement de quoi se poser la question,
08:51 vu l'explosion et les vibrations qui secouent l'appareil.
08:56 Assis à côté du hublot, au-dessus de l'aile, dans la rangée 14,
08:59 Garrett Jones s'efforce de rassurer une passagère paniquée.
09:02 "La personne à côté de moi, Teresa, était très mal."
09:09 "J'ai donc commencé à lui parler pour essayer de la calmer,
09:13 et ça m'aidait aussi car je n'étais pas très rassuré non plus."
09:16 Et Garrett a de bonnes raisons de s'inquiéter.
09:25 De son siège, il a une vue plongeante sur l'aile de l'avion.
09:28 Et ce qu'il voit n'est pas fait pour le rassurer.
09:32 "En regardant par le hublot, je voyais des traits nés,
09:37 qui ressemblaient à des étincelles qui semblaient provenir du moteur."
09:40 Dans le cockpit, le commandant de bord et le copilote,
09:44 qui ne peuvent pas voir leurs deux turbo-réacteurs,
09:46 ignorent tous des étincelles.
09:48 Comme tous les pilotes, il s'appuie sur les données fournies par les instruments de bord
09:53 pour tenter de diagnostiquer le problème.
09:55 Mais ils ne sont pas encore familiarisés avec le nouveau système d'affichage des 737-400.
10:01 En scrutant leur tableau de bord, Hunt et McClelland concluent un problème moteur
10:10 et arrêtent celui des deux qui est défectueux.
10:12 "Coupez-le."
10:16 "D'accord."
10:17 Les bruits et les vibrations cessent immédiatement,
10:20 et le 737 reprend un comportement normal.
10:23 Par mesure de sécurité, l'avion doit toutefois se poser dès que possible.
10:32 "Allons vers East Midlands."
10:35 Hunt a de la chance.
10:37 Le contrôle aérien l'autorise à atterrir en urgence à East Midlands, à 10 minutes de là.
10:42 "CAP au 090, atterrissage aux instruments."
10:46 "Reçu."
10:48 "Descendons au niveau 1-2-0."
10:50 20h10.
10:58 "Mesdames et messieurs, ici le commandant Kevin Hunt."
11:05 "Nous avons eu un problème avec l'avion."
11:07 Le commandant de bord s'adresse à ses 118 passagers pour les rassurer
11:12 et les informe qu'il a coupé le moteur défectueux.
11:15 "Il est malheureusement impossible de poursuivre notre vol vers Belfast."
11:19 Il les assure qu'ils seront en sécurité au sol d'ici une dizaine de minutes.
11:22 "Ce sera un atterrissage de routine."
11:24 Pour son plus grand soulagement, Garrett Jones constate que le moteur ne crache effectivement plus d'étincelles
11:31 et il se dit que le commandant maîtrise la situation.
11:34 20h17.
11:38 L'avion descend de 2000 mètres. Il doit atterrir dans 8 minutes.
11:44 "1-6-0, niveau de vol 4-0."
11:47 Une minute plus tard, un contrôleur aérien demande au commandant Hunt de virer à droite
11:53 pour s'aligner dans l'axe de la piste.
11:55 "Vol 0-92, descendez à 900 mètres."
11:58 "Reçu, 900 mètres."
12:00 L'avion entame son approche.
12:04 En cabine, l'équipage se prépare à l'atterrissage.
12:08 *Musique épique*
12:13 Il est alors 20h20.
12:15 Une deuxième déflagration, encore plus violente que la première, secoue l'appareil.
12:25 Les passagers comprennent que ce bruit doit provenir du deuxième et dernier turbo-réacteur.
12:30 "L'avion a tremblé comme s'il avait touché quelque chose et s'était arrêté en plein vol."
12:36 "À ce moment-là, mon sens est fichu."
12:38 Les vibrations s'accentuent encore.
12:42 "Elles étaient phénoménales."
12:46 "J'arrivais à peine à voir Chris sur le siège d'à côté."
12:49 "Je me suis dit, si ça continue à vibrer comme ça, l'avion va se disloquer."
12:55 "J'étais terrifiée, je ne savais pas ce qui se passait."
13:01 "Sortez le train."
13:02 "Sorti."
13:03 "Volez à 15 degrés."
13:05 Le contrôle aérien donne l'autorisation au Boeing de descendre à 600 mètres.
13:09 Le pilote doit faire très vite, avant que le deuxième moteur ne lâche complètement.
13:14 "On perd de la poussée, dis-leur qu'on perd le deuxième moteur."
13:19 Puis, tout devient silencieux.
13:23 Le dernier turbo-réacteur vient de cesser de fonctionner.
13:34 Les passagers savent qu'ils sont en train de tomber.
13:37 "Je me souviens du bruit du vent à l'extérieur, ce sifflement."
13:43 "Puis l'avion est tombé."
13:49 "C'était comme descendre une pente de Grand 8."
13:51 "Je me suis dit, si celui qui est là-haut veut te prendre, tu ne peux rien y faire."
13:59 "Je ne peux rien y faire."
14:00 Privé de poussée, l'avion de British Midlands livre désormais une bataille perdue d'avance contre la gravité.
14:12 Hunt ordonne au copilote de tenter de relancer les moteurs.
14:20 McLelland entame aussitôt la séquence de mise en marche, mais l'appareil perd rapidement de l'altitude.
14:27 C'est alors que le moteur gauche prend feu.
14:29 "Il y a le feu."
14:31 "Relancez le moteur."
14:33 "Il ne démarre pas."
14:35 Le 737 est en chute libre.
14:38 Et le manche du commandant Hunt commence à vibrer violemment.
14:45 L'avertisseur de proximité du sol signale aux deux hommes qu'ils descendent trop vite.
14:53 Les pilotes distinguent les lumières de la piste d'atterrissage de l'aéroport à moins de 2 km,
14:57 mais il y a aussi d'autres lumières, beaucoup plus proches.
15:00 Ce sont celles de l'autoroute M1, l'artère principale nord-sud du Royaume-Uni.
15:06 Si l'avion s'écrase sur la chaussée, le nombre de victimes risque d'être effroyablement élevé.
15:11 Mais le commandant Hunt a épuisé toutes les options et le sol se rapproche à toute vitesse.
15:22 "Quelqu'un a dit, on va tous mourir."
15:25 A 20h24, le vol British Midlands 092 n'est plus qu'à une minute de l'aéroport East Midlands.
15:36 "Volez un s'il vous plaît, vitesse."
15:39 Le commandant Hunt distingue les balises lumineuses de la piste,
15:43 mais avec un moteur en flamme et l'autre inutilisable,
15:46 il ne peut qu'espérer que l'avion restera suffisamment longtemps en l'air pour arriver jusqu'à la piste.
15:51 Cela fait 10 minutes que les passagers n'ont plus entendu le message du commandant,
15:56 mais ils savent qu'ils vont s'écraser.
15:58 "Des idées stupides vous passent par la tête, qui tondra la pelouse.
16:05 Une partie de votre cerveau dit l'avion est en train de s'écraser,
16:08 et une autre, impossible, ça n'arrive jamais."
16:13 Le commandant distingue désormais le village de Kegworth.
16:16 Dans un effort désespéré pour l'éviter, il relève le nez de son appareil pour prolonger son vol plané.
16:23 Le 737 passe au-dessus de la localité, à seulement 60 mètres d'altitude.
16:28 "J'ai remarqué le clocher d'une église par le hublot,
16:32 et j'ai pensé, un clocher est à la hauteur du hublot, et je suis à bord d'un avion."
16:38 La M1 se trouve juste après Kegworth.
16:43 "C'est un avion de la guerre."
16:45 "C'est un avion de la guerre."
16:47 "C'est un avion de la guerre."
16:49 "C'est un avion de la guerre."
16:51 "C'est un avion de la guerre."
16:53 "C'est un avion de la guerre."
16:55 "C'est un avion de la guerre."
16:57 "C'est un avion de la guerre."
16:59 "C'est un avion de la guerre."
17:01 "C'est un avion de la guerre."
17:03 "C'est un avion de la guerre."
17:05 "C'est un avion de la guerre."
17:07 "C'est un avion de la guerre."
17:09 "C'est un avion de la guerre."
17:11 Il a dit "préparez-vous à un atterrissage d'urgence" et le ton de sa voix était éloquent.
17:15 Je me suis mise en position en me disant "c'est la fin".
17:19 Juste avant, je me suis dit "personne ne survit à un accident d'avion".
17:25 [bruit d'avion]
17:41 30 mètres avant l'autoroute, la queue de l'avion percute la terre ferme avant de rebondir.
17:46 [bruit d'avion]
17:48 L'appareil arrache les arbres qui bordent de la M1.
17:51 [bruit d'avion]
18:01 L'avion glisse à travers la chaussée, détruisant un lampadaire...
18:04 [bruit d'avion]
18:07 ...avant de percuter le talus de l'autre côté de la M1 et de se disloquer en trois tronçons.
18:12 "J'étais complètement écrasé, puis plus rien, le silence des armes."
18:17 [bruit d'avion]
18:19 L'avion s'arrête à 900 mètres de la piste d'atterrissage.
18:23 [bruit d'avion]
18:26 Le commandant Hunt a réussi à traverser la M1, mais de peu.
18:30 [bruit d'avion]
18:32 Il n'y avait heureusement aucune voiture sur cette portion de l'autoroute.
18:35 [bruit d'avion]
18:39 Dans la partie centrale de l'épave du 737, Garrett Jones et sa voisine, Teresa, sont vivants.
18:45 Ils étaient assis au-dessus de l'aile, la portion la plus solide d'un avion.
18:49 [bruit d'avion]
18:51 Garrett n'a que quelques égratignures.
18:54 Il n'arrive pas à croire à sa chance.
18:56 Pourtant, tout danger n'est pas encore écarté.
18:59 "Quand j'ai ouvert les yeux, j'ai vu un petit buisson en feu.
19:04 Et je me suis dit, 'ça c'est dangereux.
19:08 Nous sommes au-dessus de l'aile qui est remplie de carburant.
19:11 On a intérêt à sortir, et vite."
19:14 Par miracle, les 5000 litres de kérosène n'ont pas encore pris feu.
19:19 Mais il s'écoule de l'épave, et un des moteurs est encore en flamme.
19:23 [bruit d'avion]
19:30 Si le carburant s'enflamme, Garrett et les autres survivants n'auront que peu de chance d'en réchapper.
19:35 Après avoir survécu au crash, ils risquent de périr carbonisés.
19:39 [bruit d'avion]
19:41 Garrett actionne la poignée de l'issue de secours, mais rien ne se passe.
19:45 "Heureusement, je me souvenais des instructions de la notice.
19:49 Actionnez la poignée, tirez la porte, et jetez-la dehors."
19:54 Avant le crash, Garrett avait dit à Teresa que s'il survivait à l'accident, il la sortirait de l'épave.
20:00 "J'ai repassé la tête dans l'encadrement de la porte, et je lui ai crié, 'Donnez-moi la main.'
20:05 Et j'ai vu sa main sortir des ténèbres.
20:08 Et je l'ai tiré dehors."
20:11 Garrett remonte ensuite dans l'avion pour tenter de secourir d'autres survivants.
20:15 Mais la scène qu'il découvre, le glace d'effroi, des débris tordus,
20:19 des passagers blessés appelant au secours,
20:22 et d'autres à jamais silencieux.
20:26 "Certains essayaient de sortir, d'autres ne bougeaient pas.
20:30 Et je savais ce qui était arrivé à ceux qui ne bougeaient plus.
20:33 Ce sont des souvenirs que j'emporterai dans ma tombe."
20:36 Dans le tronçon avant, Nick Stevenson et Chris Thompson sont toujours dans leur siège de l'Arangéen.
20:45 Chris est inconscient et gravement blessé.
20:49 Mais Nick fait partie des chanceux.
20:52 Il recouvre rapidement ses esprits.
20:55 "Je me suis dit, 'Je suis vivant. Et puis, ça va brûler, ça aura..."
20:59 Il n'a pas la force d'aider Chris.
21:02 Il essaie de se lever, mais une douleur fulgurante dans sa jambe gauche l'en empêche.
21:07 Pourtant, il sait qu'il doit la surmonter pour sortir.
21:10 "L'instinct de survie prend le dessus, c'est incroyable.
21:14 Je savais que j'allais sortir, il le fallait.
21:17 Rien d'autre n'avait plus d'importance."
21:20 Il se traîne jusqu'à une brèche dans le fuselage,
21:22 et appelle des conducteurs qui se sont arrêtés pour porter secours.
21:25 "Ils sont venus me chercher et m'ont porté jusqu'au bas du talus."
21:29 L'hôtesse Debbie Griffiths, elle, est toujours prisonnière dans le nez de l'appareil.
21:34 Elle est grièvement blessée et redoute que le carburant ne prenne feu.
21:40 "J'avais beaucoup de mal à respirer et je me suis vue mourir.
21:44 Je me battais pour survivre, tout en m'attendant à ce que les moteurs explosent.
21:48 Je me souviens m'être dit, 'J'espère que la fumée arrivera rapidement jusqu'à moi.'"
21:53 Kieran Dynan est juste au bord du tronçon central.
21:59 Grievement blessé, il n'est qu'à demi conscient.
22:02 "Devant moi, il n'y avait plus rien.
22:05 Des débris, c'est tout."
22:07 20h30.
22:13 Cinq minutes après le crash, les pompiers approchent de l'avion.
22:17 Ils commencent par noyer la zone sous la mousse carbonique.
22:21 "Les pompiers ont crié, 'On a éteint le feu dans le moteur.'
22:25 Et je me suis dit qu'on avait peut-être une chance."
22:28 En moins de deux minutes, le sinistre est maîtrisé et le sauvetage commence.
22:33 Les pompiers parcourent l'appareil à la recherche de survivants.
22:37 Leur priorité est de faire le tri entre ceux qui sont morts et ceux qui s'accrochent encore à la vie.
22:42 "J'ai émergé quand il m'a braqué sa torche dans les yeux et il a dit vite 'Celui-ci est encore vivant.'
22:51 Puis j'ai reperdu conscience."
22:53 Kieron est extrait de l'avion et emmené d'urgence à l'hôpital.
22:57 Huit heures après l'accident, les sauveteurs extraient le dernier survivant de l'épave du vol British Midlands 092.
23:08 Il est alors 4h20 du matin.
23:11 Sur les 126 personnes à bord, 39 sont mortes au moment de l'impact.
23:17 Et huit autres ont succombé à leur blessure après avoir été transportées en avion.
23:21 Parmi les survivants, on trouve les pilotes Kevin Hunt et David McLelland.
23:26 Mais tous deux sont grièvement blessés.
23:28 Le commandant est paralysé.
23:30 "Les survivants ont décrit ce qui s'était passé et ont fait l'éloge du savoir-faire des pilotes."
23:39 Mais comment un avion flambe en oeuf a-t-il pu tomber comme une pierre ?
23:44 Un acte terroriste est la première hypothèse envisagée.
23:49 Tout le monde a encore à l'esprit l'attentat de Lockerbie, trois semaines auparavant, qui a fait 270 morts.
23:55 Une bombe est-elle à l'origine du crash du vol 092 ?
24:04 En retraçant le fil des événements qui ont conduit à ce jour fatidique,
24:10 et en analysant en détail l'enquête qui a été faite,
24:13 nous allons vous révéler ce qui s'est vraiment passé.
24:16 La simulation informatique va vous emmener là où aucune caméra ne peut aller, au cœur de la catastrophe.
24:23 Eddie Trimble est enquêteur en chef au Air Accident Investigation Branch, l'équivalent du bureau Enquête Accident.
24:37 Il a travaillé sur toutes les grandes catastrophes aériennes survenues au Royaume-Uni,
24:41 au cours des 30 dernières années.
24:44 A l'annonce du drame de Kegworth, lui et son équipe de 9 enquêteurs sont toujours à Lockerbie,
24:48 en train de fouiller les vestiges de l'avion de la Paname.
24:52 Eddie Trimble craint qu'un nouvel attentat terroriste n'ait encore coûté la vie à certains de ses compatriotes.
25:00 Il arrive sur les lieux où il a fait le premier coup d'enquête,
25:08 et il est en train de le faire.
25:11 Il arrive sur les lieux aux alentours de minuit, soit seulement 4 heures après l'accident.
25:16 Mais les fouilles ne révèlent aucun indice venant confirmer l'hypothèse d'une explosion terroriste.
25:26 L'équipe écarte donc rapidement la thèse de l'attentat.
25:30 Kegworth n'est pas un deuxième Lockerbie.
25:36 Il envisage ensuite la possibilité d'un ennui mécanique,
25:39 les survivants faisant état d'une panne des deux moteurs.
25:42 Aussi invraisemblable qu'elle puisse paraître, cette théorie fait bientôt la une des médias.
25:47 D'après les experts, le risque de voir deux moteurs d'un avion neuf tomber en panne en même temps
25:53 est de 1 sur 100 millions.
25:55 Néanmoins, c'est bien ce qui se serait produit la nuit dernière.
25:58 Eddie Trimble sait que si cette hypothèse est confirmée,
26:01 elle aura des conséquences énormes.
26:05 Les 18 nouveaux 737 en service souffrent-ils du même défaut de fabrication ?
26:10 C'est aux enquêteurs de le déterminer.
26:13 Et vite.
26:15 Pour trouver un début de réponse, Eddie Trimble et son équipe passent les restes de l'appareil au peigne fin.
26:23 Ils doivent impérativement trouver des preuves,
26:28 expliquant comment les deux turbo-réacteurs ont pu tomber en panne en même temps.
26:33 Beaucoup de témoins oculaires expliquent qu'ils ont vu des flammes sortir du moteur gauche.
26:38 C'est donc ce moteur qu'Eddie Trimble commence par examiner.
26:49 Mais la tâche n'est pas facile, car le moteur a été très endommagé à l'impact.
26:53 Pourtant, Trimble ne tarde pas à trouver quelque chose qui n'a rien à voir avec le crash.
26:57 La plupart des aubes du turbo-réacteur sont très abîmées
27:01 et certaines sont cassées.
27:03 Il en conclut que des débris ont pu être aspirés à l'intérieur du moteur,
27:07 causant des dégâts irréparables.
27:09 Il expédie le réacteur pour analyse supplémentaire,
27:17 afin qu'on puisse déterminer pourquoi les aubes se sont cassées.
27:20 Eddie Trimble et son équipe se tournent ensuite vers le moteur droit.
27:26 Le premier à avoir eu des problèmes, d'après l'enregistrement des conversations dans le cockpit.
27:31 Après plusieurs heures d'examens minutieux,
27:33 le chef de l'enquête parvient à une conclusion terrible, mais irréfutable.
27:37 Je me suis dit, il semble qu'il s'est coupé un moteur qui fonctionnait correctement.
27:49 Lorsque le moteur gauche a donné des signes de fatigue,
27:58 il semblerait que les pilotes aient coupé de manière inexplicable
28:01 celui de droite, qui fonctionnait correctement.
28:04 Cette révélation fait basculer tout l'axe de l'enquête.
28:08 Ce ne serait ni un attentat, ni une panne des deux turbo-réacteurs
28:12 qui a entraîné la mort de 47 personnes à bord du Vol 092.
28:16 Ce serait une erreur humaine, aux conséquences tragiques.
28:25 Cette découverte choquante fait grand bruit dans le monde de l'aviation.
28:29 Comment des pilotes aussi expérimentés ont-ils bien pu couper le mauvais moteur
28:33 sur un appareil qui sortait de l'usine ?
28:35 Eddie Trimble sait qu'il s'agit d'un des nouveaux 737-400 lancés un an auparavant.
28:43 Le copilote David McClelland avait volé seulement 53 heures sur cet appareil.
28:50 Et le commandant Kevin Hunt, rien que 23.
28:54 Est-ce parce qu'il n'était pas assez habitué à certains aspects de l'appareil
28:58 que les deux hommes ont commis une telle erreur ?
29:01 Pour le découvrir, Eddie Trimble doit reconstituer l'enchaînement des moindres événements.
29:08 Grâce à l'enregistrement des conversations dans le cockpit,
29:12 il analyse chacune des décisions prises par le pilote et son copilote.
29:16 On doit le couper complètement.
29:18 20h05, H-20 minutes. Dans le moteur gauche, une aube se casse.
29:28 Le morceau qui s'est détaché vient se loger dans le capot moteur.
29:35 Les dégâts endommagent l'alignement du moteur.
29:39 Les vibrations violentes de ce dernier se transmettent alors à tout l'avion.
29:48 La rupture de l'aube a endommagé le réacteur gauche qui menace de cesser de fonctionner.
29:55 En plus des secousses qu'il ressent, l'équipage remarque de la fumée.
30:03 Cette fumée s'échappe des joints abîmés du moteur et s'infiltre dans le circuit d'air conditionné.
30:08 Les deux hommes ont conclu qu'il y a le feu dans un de leurs deux réacteurs.
30:15 Le commandant demande lequel pose problème.
30:17 C'est lequel ?
30:19 L'enregistreur phonique dévoile alors le premier acte d'un enchaînement d'événements fatidiques.
30:25 David MacLelland commence par dire gauche.
30:29 Le gauche.
30:30 Avant de changer d'avis.
30:32 Non, c'est le droit.
30:34 Eddie Trimble doit comprendre pourquoi le copilote a hésité puis donné une mauvaise réponse.
30:41 Il sait que les deux hommes ne peuvent pas voir les moteurs et qu'ils doivent se fier aux écrans d'affichage des instruments pour diagnostiquer la nature du problème.
30:49 L'affichage des nouveaux 737-400 se fait sur des écrans télé et des cadrans à diodes.
30:55 Hunt et MacLelland ont eu du mal à interpréter cette présentation inhabituelle.
31:01 Coupez le moteur.
31:06 Sur le tableau de bord, un cadran indique les vibrations inhabituelles sur chacun des deux moteurs.
31:10 Il permet normalement au pilote de savoir d'un seul coup d'œil quel réacteur est défectueux.
31:15 Ces cadrans ont toujours existé sur les 737, mais sur la série 400, ils ont une présentation très différente.
31:23 Ce sont en effet des diodes qui font office d'aiguilles.
31:28 Et cette aiguille s'affiche à l'extérieur du cadran, alors qu'elle se trouvait à l'intérieur sur les modèles précédents.
31:34 De plus, elle est beaucoup plus courte.
31:36 L'enquêteur apprend que Hunt et MacLelland n'ont eu droit qu'à une seule journée de formation sur la série 400.
31:46 Et qu'ils n'ont reçu aucun entraînement en simulateur sur les instruments moteurs, les EIS.
31:51 Aucun des deux pilotes n'avait eu la possibilité de voler en simulateur et d'apprendre à interpréter les EIS.
32:02 Que ce soit dans le cadre d'une utilisation normale ou plus important, dans des conditions anormales.
32:09 N'étant pas suffisamment familiarisé avec le nouvel appareil, les deux hommes ratent une première occasion de faire le bon diagnostic.
32:17 Reste maintenant à comprendre pourquoi ils en arrivent ensuite à la conclusion que c'est le moteur droit qui pose problème.
32:24 Là encore, c'est l'enregistreur phonique qui fournit à Eddie Trimble un indice.
32:30 - Vous sentez ? Qu'est-ce que c'est ?
32:33 - Vous sentez ?
32:36 Quand les pilotes sentent de la fumée venant du moteur défectueux, ils savent qu'elle ne peut être passée que par le système d'air conditionné.
32:43 Or par expérience, le commandant Hunt sait que ce système est actionné par le moteur droit du 737.
32:52 Il suppose donc que c'est celui qui émet de la fumée.
32:55 - Coupez le moteur.
32:59 Mais Boeing a procédé à des modifications sur la série 400.
33:03 Sur ce modèle, le système d'air conditionné est alimenté par les deux réacteurs.
33:09 20h07.
33:14 Interprétant à tort la provenance de la fumée, les pilotes manquent la deuxième occasion de conclure que le problème se situe au niveau du moteur gauche.
33:25 C'est pourquoi le copilote coupe le droit alors que celui-ci fonctionne parfaitement.
33:29 Tout semble rentrer dans l'ordre.
33:36 Les vibrations et les coups s'arrêtent.
33:41 - Mesdames et messieurs, ici le commandant. Comme vous avez pu vous en rendre compte en cabine, il y a eu de la fumée.
33:49 Soulagé, le commandant de bord informe les passagers de ce qu'il a fait.
33:55 - Nous avons dû couper le moteur droit.
33:57 Mais beaucoup de passagers ne comprennent pas pourquoi il parle du moteur droit.
34:02 Kieron Dynon se souvient avoir vu des flammes et des étincelles chahir du réacteur gauche.
34:09 - J'ai trouvé ça bizarre. Pourquoi couper le bon moteur ? C'était évident que c'était le gauche qui était en flamme.
34:19 Mais encore une fois, le commandant et son copilote ne peuvent voir aucun des deux moteurs de l'avion depuis le poste de pilotage.
34:26 Il aurait fallu que quelqu'un en cabine leur signale lequel des deux était en flamme.
34:31 Les enquêteurs veulent donc savoir pourquoi Kieron Dynon et d'autres passagers inquiets n'ont pas donné l'alerte.
34:38 - Je me suis dit, il doit savoir ce qu'il fait. C'est son métier.
34:46 Eddie Trimble et son équipe concluent que la confiance dans le commandant de bord a dissuadé quiconque de signaler le problème.
34:53 Mais il reste encore un mystère à percer.
34:56 Pourquoi l'avion a-t-il semblé reprendre un fonctionnement normal lorsque le copilote a coupé le mauvais moteur ?
35:04 Pour élucider cette énigme, Eddie Trimble et ses ingénieurs décortiquent le fonctionnement du turbo-réacteur du 737-400.
35:15 Tous les 737 sont équipés d'une automanette, une sorte de régulateur qui maintient la vitesse R voulue en injectant la quantité adéquate de carburant dans les turbo-réacteurs.
35:25 Pour couper le moteur, David McLelland a dû désengager cette automanette. L'avion est alors repassé en commande manuelle.
35:34 Pour Eddie Trimble, cette manœuvre de routine est la clé du mystère.
35:44 Les moteurs étant gérés par ordinateur, l'enquêteur utilise la boîte noire pour déterminer ce qui s'est passé dans les moteurs au moment critique.
35:51 Le fait que l'automanette a été désengagée explique pourquoi l'avion a donné l'impression de voler normalement avec un moteur pourtant endommagé.
36:02 C'est une percée capitale pour les enquêteurs, qui peuvent dès lors reconstituer ce qui s'est déroulé à bord du vol 092,
36:11 juste avant la terrible minute de vérité.
36:14 20h05
36:22 La cassure d'une aube dans le turbo-réacteur gauche endommage le moteur correspondant, ce qui entraîne une réduction de la vitesse de rotation de la turbine.
36:30 L'automanette réagit en injectant plus de carburant dans le moteur défectueux pour essayer de maintenir sa vitesse de fonctionnement.
36:38 Du coup, ce moteur se met à vibrer fortement et à cracher des étincelles qui mettent le feu au carburant excédentaire.
36:44 Ce sont les flammes que certains passagers remarquent.
36:48 20h07
36:53 Trompé par la fumée acheminée par le circuit d'air conditionné, les pilotes incriminent le mauvais moteur.
37:04 Le commandant de bord ordonne l'arrêt du moteur droit, qui fonctionne correctement.
37:08 "Coupez le moteur !"
37:11 Le copilote s'exécute, désengage l'automanette et tire le levier de poussée des gaz du réacteur droit.
37:17 A cet instant, les vibrations cessent et l'odeur de fumée se dissipe.
37:23 Eddie Trimble sait maintenant pourquoi.
37:30 Les données de la boîte noire confirment qu'au moment où le copilote a coupé l'automanette pour couper le réacteur droit, les deux moteurs sont repassés en commande manuelle.
37:38 Ayant détecté un fonctionnement plus lent que la normale, les capteurs situés dans le moteur défectueux ont réduit l'approvisionnement en kérosène.
37:47 Revenu à une alimentation supportable pour lui, le moteur a cessé de vibrer et d'émettre des flammes.
37:55 Le moteur gauche, quant à lui, semble fonctionner normalement, alors qu'il est presque hors d'usage.
38:00 L'équipage conclut logiquement qu'il a coupé le moteur défectueux, alors que c'est le fait d'avoir désengagé l'automanette qui a, en apparence seulement, résolu le problème.
38:17 Cette conséquence du fonctionnement de l'automanette est l'élément qui a incité les deux pilotes à croire qu'ils avaient correctement identifié le moteur droit comme étant celui qui était défectueux.
38:28 C'est donc là la clé du mystère. Le fonctionnement de l'automanette des 737 peut induire les pilotes en erreur en cas de problème sur un réacteur.
38:45 Les enquêteurs sont sur le point de découvrir comment un ultime coup du sort va sceller le destin du vol 092.
38:51 Il ne manque plus à Eddie Trimble que la dernière pièce du puzzle.
39:00 Pourquoi les pilotes n'ont-ils pas compris qu'ils avaient coupé le mauvais moteur durant les 20 minutes qui ont séparé l'apparition du problème et le crash final ?
39:11 En écoutant avec attention les enregistrements, Eddie Trimble tombe sur un moment clé.
39:15 H moins 12 minutes et 15 secondes.
39:21 L'avion semble à nouveau fonctionner normalement. Mais Kevin Hunt sait qu'après un tel problème, il doit passer en revue toutes les décisions prises pour s'assurer qu'aucune erreur n'a été commise.
39:35 - Il y a eu des vibrations.
39:36 Mais au moment où il commence à récapituler, le contrôleur aérien l'interrompt.
39:41 Le commandant est autorisé à descendre à 1200 mètres pour se poser 12 minutes plus tard.
39:49 Mais après cette communication, il ne reprend pas l'analyse des décisions prises avec son copilote.
39:54 S'il l'avait fait, il aurait peut-être décelé son erreur.
39:57 L'équipage vient de laisser passer sa dernière chance d'éviter l'accident.
40:03 H moins 4 minutes 40.
40:05 - Nous sommes en approche.
40:08 - Volet 1 s'il vous plaît. Vitesse 190.
40:12 Les pilotes font accélérer le moteur gauche pour contrôler leur descente.
40:16 Ils ignorent qu'ils portent ainsi le coup de grâce à l'avion.
40:20 Du fait de l'accélération, davantage de débris provenant des aubes sont aspirés dans le réacteur.
40:30 - On perd de la poussée.
40:32 Le moteur se désagrège et la piste d'atterrissage est encore à 21 kilomètres.
40:37 Une minute avant la catastrophe, le moteur cesse de fonctionner et prend feu.
40:45 - Le moteur 1 est en flamme.
40:51 - Laissez tomber, rallumez l'autre.
40:54 Le commandant a le droit de débrouiller le moteur.
40:58 - Rallumez l'autre.
41:00 Le commandant Hunt lutte contre la montre.
41:03 Les deux moteurs sont désormais hors d'usage.
41:06 En désespoir de cause, il essaie de faire redémarrer le droit par une remise en marche au moulinet.
41:10 C'est à dire en utilisant la vitesse de l'avion pour faire tourner les aubes de la turbine.
41:14 - Il ne démarre pas, il ne démarre pas.
41:18 - Essayez encore.
41:20 - Il ne démarre pas Kevin.
41:22 Il est trop tard. Leur vitesse R est trop basse.
41:27 Il a décidé de l'appareil pour prolonger le vol plané.
41:29 Il parvient à maintenir son avion suffisamment longtemps en vol pour dépasser le village de Kegworth.
41:35 Mais il sait désormais que tout est fini.
41:38 H moins 10 secondes.
41:42 Kevin Hunt fait une dernière annonce.
41:45 - Préparez vous à un atterrissage d'urgence.
41:56 A 20 heures 24 minutes et 43 secondes, le vol 092 de British Midlands s'écrase sur le talus de la M1 à 185 km/h.
42:05 - Midlands 092 à vous.
42:14 - Midlands 092 à vous.
42:17 - Midlands 092 à vous.
42:24 L'avion s'est arrêté à seulement 900 mètres de la piste d'atterrissage de l'aéroport.
42:28 Cinq mois après l'accident, l'enquête connaîtra un dernier rebondissement.
42:34 Deux incidents vont clouer au sol plus d'une trentaine de 737-400 dans le monde entier.
42:39 En juin 1989, soit cinq mois après l'accident de Kegworth, deux Boeing 737-400 connaissent les mêmes problèmes avec les aubes des réacteurs.
42:52 Heureusement, dans les deux cas, les pilotes interprètent correctement les signaux d'alerte et se posent normalement.
42:56 - Ce soir, l'aviation civile a interdit de vol tous les Boeing 737-400.
43:02 Dans le monde entier, les autorités de l'aviation civile font de même pour tous les avions équipés de ce type de moteur,
43:09 afin de procéder à une inspection minutieuse des réacteurs.
43:12 Le fabricant découvre alors un défaut dans la conception des aubes.
43:18 Lors du fonctionnement à vitesse maximale, au-delà de 7600 m d'altitude, la faible densité de l'air engendre une vibration de ces dernières.
43:25 Un problème jusqu'alors passé inaperçu, qui peut conduire à des ruptures.
43:30 Il s'avère que ce moteur n'a jamais été testé en vol.
43:34 Les moteurs des 737-400 n'étant que des améliorations de la série 300, ils sont simplement passés au banc d'essai.
43:45 Le test en vol n'était pas obligatoire. S'il l'avait été, les vibrations des aubes auraient peut-être été repérées.
43:50 Le fabricant a dû redessiner le moteur et rééquiper 99 Boeing 737-400.
44:00 Les règlements obligent aujourd'hui les fabricants à procéder à des essais en vol de tous les nouveaux moteurs.
44:11 18 mois après la catastrophe de Kegworth, la commission d'enquête a publié son rapport.
44:15 Elle a conclu que si les pilotes avaient bien commis une erreur en coupant le mauvais moteur, ils bénéficiaient de circonstances atténuantes.
44:23 Ils n'avaient eu aucun entraînement en simulateur sur 737-400.
44:30 La première urgence qu'ils ont donc eu à gérer était une urgence en situation réelle.
44:40 Les indicateurs de vibration n'étaient pas assez visibles.
44:43 Et si le personnel en cabine avait prévenu le commandant que le moteur gauche crachait des flammes,
44:48 ce que lui ne pouvait pas voir depuis le cockpit, l'accident aurait pu être évité.
44:53 Quoi qu'il en soit, pour les survivants, les deux pilotes restent des héros.
44:56 C'est tellement triste qu'il s'en soit fallu d'aussi peu. On a failli s'en sortir.
45:02 Ces deux pilotes ont pris des risques énormes et ont fait beaucoup d'efforts, mais ils ont échoué de très peu.
45:09 Et c'est rageant.
45:11 Les leçons tirées du crash de Kegworth ont abouti à un renforcement global des mesures de sécurité dans l'aéronautique.
45:19 Boeing a revu l'affichage du tableau de bord de ses nouveaux appareils, afin qu'il soit plus lisible.
45:25 L'entraînement en simulateur est aujourd'hui obligatoire en cas de modifications conséquentes des éléments d'un avion.
45:34 Et toutes les compagnies aériennes insistent désormais dans leur stage de formation sur l'importance de la communication entre la cabine et le poste de pilotage, surtout lors d'une urgence.
45:43 Sur les 126 personnes présentes à bord, 47 ont perdu la vie.
45:53 Pour les survivants, rien ne peut atténuer les souvenirs de cette nuit de cauchemar.
46:00 Néanmoins, leur vie a continué.
46:04 Chris Thompson et Nick Stevenson se sont remis de leurs blessures et travaillent toujours ensemble en Irlande du Nord.
46:11 Kieran Dynan est aujourd'hui marié et père d'une petite fille.
46:17 Je me fais toujours du souci, mais plus comme avant.
46:21 J'ai eu toute ma malchance d'un coup. Et rien d'aussi terrible ne peut plus m'arriver.
46:26 Debbie Griffith n'est plus hôtesse de l'air. Elle suit des études d'infirmière.
46:32 Il craint qu'on ne survie pas à un accident d'avion sans changer.
46:35 Depuis, je profite de chaque instant.
46:38 J'ai toujours été enjouée et je n'ai jamais ressenti d'amertume du genre "pourquoi moi ? Pourquoi pas moi ?" même si je n'ai rien de particulier.
46:46 Quant à Garrett Jones, si ses blessures physiques ont été minimes, il reste psychologiquement très marqué par cette aventure.
46:53 Je me sens mal depuis. Pourquoi ai-je survécu ? Qu'est-ce que j'ai fait de spécial ?
47:01 Ça me hante encore aujourd'hui. Je ne sais pas pourquoi je m'en suis sorti, si ce n'est que j'ai eu la chance de tomber sur un bon siège.
47:08 Le Boeing 737 reste un des avions les plus utilisés au monde.
47:17 Aujourd'hui, sur l'ensemble du globe, un appareil de ce type décolle toutes les 5 secondes.
47:22 Et son bilan de sécurité est toujours un des meilleurs.

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