Du lundi au jeudi, la rédaction d'Europe 1 reçoit à 19h19 un invité au centre de l'actualité.
Retrouvez "L'invité actu" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-actu
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00:00 19h22, merci de nous rejoindre sur Europe 1. On a beaucoup parlé des prix des carburants ces derniers temps.
00:06 À la pompe, les grands de la distribution proposent pour la plupart de l'essence à prix coûtant,
00:10 Total Energy a bloqué ses prix et les petites stations indépendantes dans tout ça, et bien elles râment. Bonsoir Francis Pouces.
00:17 - Bonsoir. - Vous êtes le président de la branche distributeur carburant du syndicat Mobiliance.
00:24 On a appris aujourd'hui que la plupart des stations indépendantes avaient vendu nettement moins de carburants au mois de septembre.
00:30 - Et oui malheureusement comme je ne l'avais prédit avec ces conditions concurrentielles,
00:37 donc j'ai une partie de mes adhérents qui sont autaches, je suis très content pour eux,
00:40 mais j'en ai une autre partie, les 2400 dont on parle, qui ne sont pas sous pavillon national.
00:45 Les autres opérateurs aujourd'hui ne sont plus des réseaux intégrés de pétroliers,
00:49 donc n'ont pas les moyens de se battre, et on s'inquiète, la preuve en est c'est que
00:53 78% des stations hors du réseau total déclarent des baisses de l'ordre de 10 à 30% sur le mois de septembre,
01:02 ce qui est quand même dramatique à un moment où on veut maintenir une distribution de carburant homogène sur le territoire.
01:08 - Alors elles ne font pas le poids, point de vue prix évidemment, parce qu'elles, elles ne peuvent pas vendre à prix coûtant.
01:13 - Impossible de vendre à prix coûtant, la marge nette est de 1 à 2 centimes, la marge brute est un peu supérieure,
01:18 mais de toute façon c'est notre cœur de métier, 20 à 60% de la marge de nos stations est assurée par le carburant,
01:24 donc on ne peut pas faire de baisse de prix, et la double peine c'est qu'en plus vos ventes de diversification
01:32 pâtissent de la moindre fréquentation, puisque bien évidemment si vous avez 40% de clients en moins à la pompe,
01:37 et bien vous avez 40% de moins en boutique, là où par contre c'est plus avantageux de vendre un paquet de gâteaux.
01:43 - Oui évidemment, et pour avoir une idée, les stations de vos adhérents, elles vendent à peu près combien le carburant ?
01:50 - Alors c'est très très très variable, mais on se retrouve, la majorité d'entre nous sont au-dessus de 2€,
01:57 alors que tout le monde est en dessous de 2€.
02:00 - Et du coup ces stations, elles demandent, elles lancent un appel à l'aide au gouvernement tout simplement ?
02:06 - Oui tout à fait, on avait, alors lors de l'annonce de la vente à Perthier, heureusement a été oublié,
02:12 on avait bien précisé qu'il faudrait indemniser sur la base de la baisse de volume, mais l'actualité reste la même,
02:19 c'est-à-dire qu'avec des ventes à prix coûtant, on a des écarts de prix qui se creusent, avec naturellement,
02:25 et on peut le comprendre pour le consommateur, un attrait tout particulier pour tout ce qui est en dessous de 2€,
02:30 mais pendant ce temps-là, nous le volume il n'est pas là, donc on est en train de négocier,
02:34 Olivier Grégoire l'a précisé lundi matin chez vos confrères de France Info,
02:39 qu'entre autres, un fonds de compensation va être mis en place,
02:42 on est en train de discuter évidemment, ce sont des discussions ardues,
02:46 puisque nous on veut que, entre guillemets, chaque litre de vendu en moins soit indemnisé avec une marge moyenne,
02:54 parce qu'on a obtenu aussi pendant ces discussions un fonds de transition énergétique, grâce à Agnès Pannier-Runacher,
03:01 mais si on a un fonds de transition pour l'avenir, et qu'on est mort dans 6 mois, malheureusement aucun intérêt.
03:08 - Parce qu'il faut dire aussi que quand bien même vous auriez ce fonds de compensation,
03:13 il vous a été promis, vous ne pouvez pas non plus rester éternellement sous perfusion.
03:18 - Ah ben non, nous on préférait vivre de notre business, j'allais dire,
03:22 mais les conditions concurrentielles sont tellement différentes en ce moment, que je ne vois pas d'autre solution.
03:28 Donc bien évidemment, espérons-le que calme soit revenu sur le marché du pétrole,
03:34 pour qu'on retrouve le marché français habituel, mais il n'est pas question qu'on vive sous perfusion,
03:39 on n'en a pas envie, mais pour l'instant c'est vital, parce que 2400 stations en moins sur 5800 que je représente,
03:45 ça fera probablement des trous dans la raquette, et en particulier en zone rurale.
03:49 - Oui c'est ça, vous pensez qu'à terme ces stations vont purement et simplement disparaître ?
03:53 - C'est déjà des stations qui ont du mal à vivre. Les exploitants qui possèdent ces stations
03:59 maintiennent souvent à bout de bras leur activité, je parlais avec un de mes adhérents la semaine dernière
04:04 qui me disait ne plus pouvoir se verser de salaire, vous vous rendez compte, il est encore ouvert,
04:08 parce qu'on a un service public de distribution de produits énergétiques,
04:13 je dis énergétique et pas fossile parce que l'avenir ce sera autre chose,
04:17 mais pour qu'on soit en vie pour vendre autre chose, encore une fois, il faut là,
04:21 et je n'ai pas d'autre solution, sauf si on m'en propose d'autres, que l'on puisse être aidé pour franchir ces mois difficiles.
04:29 - Donc vous avez un peu d'espoir tout de même sur une amélioration de la situation ?
04:33 Vous parlez uniquement de franchir des mois ?
04:36 - Parce que j'espère bien que le marché français ne sera pas perturbé comme ça encore des années,
04:43 sinon encore une fois on va se retrouver avec des opérateurs en moins et c'est jamais bon pour la concurrence.
04:49 Je n'ai pas de prévision et je ne suis pas capable de vous faire de prévision sur le prix du carburant au mois de mars,
04:55 mais déjà arrêtons ces épisodes à pré-coûtant, en espérant que ce soit d'ailleurs du vrai pré-coûtant pour les consommateurs,
05:02 et revenons à une situation normale et là on retrouvera un marché normal,
05:07 avec de la casse probablement parce qu'il y a des clients qu'on aura malheureusement certainement perdus durablement,
05:13 je pense à des flottes d'entreprises par exemple qui vont peut-être nous quitter pour aller ailleurs,
05:16 ou sur les cartes pétrolières en choisir d'autres marques,
05:19 donc on n'est même pas sûr de récupérer tout notre volume,
05:22 mais là malheureusement on est obligé de voir l'urgence, à savoir sauver le solde à Ryan.
05:27 - Ça veut dire que les clients avec lesquels vous pouvez discuter, même vos clients habituels,
05:32 ils sont prêts à faire plus de kilomètres pour aller payer leur carburant moins cher que de venir chez vous ?
05:37 - Oui parce que encore une fois quand vous avez la frontière psychologique des 2 euros qui a été franchie,
05:44 vous avez beau être le plus serviable du monde, au bout d'un moment votre client il regarde son porte-monnaie,
05:49 un porte-monnaie qui est contraint en ce moment, je ne vous l'apprends pas, et il a tendance à aller voir ailleurs.
05:54 Donc on continue nous dans nos efforts de service, le fait de faire la pression des pneus,
05:59 ou parfois même le service à la pompe, parce que ça n'a jamais été abandonné chez nous,
06:04 mais le client il a son seuil psychologique et ça on ne peut pas lui en vouloir.
06:07 - Alors Francis Pouze, je rappelle que vous êtes président de la branche distributeur carburant du syndicat Mobiliance,
06:12 ne bougez pas, on reste ensemble, on va continuer cette discussion dans un instant,
06:17 on va continuer à parler des difficultés des petites stations indépendantes,
06:21 et puis on va évoquer des stations dont on parle peu, moi-même je n'en connaissais pas l'existence,
06:26 ce sont les stations services publics. On vous raconte ça dans un instant.
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09:02 Heureux Pinceoir.
09:05 19h20.
09:07 Hélène Zellany.
09:08 19h31.
09:10 Les petites stations-services indépendantes qui ne font pas le poids face aux grands de la distribution.
09:15 On continue à en parler avec Francis Pouce,
09:17 président de la branche distributeur carburant du syndicat Mobiliance.
09:20 J'aimerais aussi qu'on parle d'un autre genre de station,
09:23 les stations-services publiques.
09:25 Et oui, ça existe.
09:26 Elles sont directement gérées par les communes en général.
09:29 C'est le cas par exemple en Haute-Loire, à Riotor.
09:32 Bonsoir Guy Pérare.
09:34 - Bonsoir.
09:36 Vous êtes le maire de cette commune de 1200 habitants.
09:39 Il y a donc une station-services publiques.
09:42 Racontez-nous comment ça se passe.
09:44 - Tout à fait.
09:46 Écoutez, ça se passe plutôt bien.
09:48 On s'est trouvé pratiquement dans l'obligation de servir aux carences de la distribution privée
09:58 puisqu'on n'avait plus de station d'essence depuis près de 25 ans.
10:03 Et ça faisait partie d'un choix que nous avons fait pour aussi protéger nos petits commerces
10:10 qui souffrent énormément de la distribution du carburant,
10:16 réalisé uniquement par les grandes surfaces.
10:19 Et vous savez, dans la ruralité, quand les gens vont faire le plein du caddie à la grande surface,
10:26 ils font également le plein d'essence.
10:30 Et c'était pour stopper et enrayer ce problème qu'on a décidé de réaliser cet investissement.
10:37 - Et vous pratiquez quel prix ?
10:40 - Alors aujourd'hui, pour être très précis, le gazole est à 1,91€9.
10:46 Le samplon 95 est à 1,96€9.
10:52 Ce qui veut dire que nous sommes à quelque chose près au prix des grandes surfaces.
10:56 - Donc vous arrivez à être en dessous des 2€ ?
10:59 - Tout à fait. Et le but de l'opération, c'était également d'arriver à amener un service à nos concitoyens
11:08 qui puissent avoir le prix de l'essence au même prix que des grandes surfaces dans les zones plus urbaines.
11:14 - Et la commune, elle gagne de l'argent avec cette station ?
11:17 - Alors pas du tout. Dès le départ, c'était un deal.
11:21 On n'a pas voulu faire ça pour gagner de l'argent, même si aujourd'hui on pourrait.
11:26 On ne le fait toujours pas. Elle ne coûte pas de l'argent.
11:30 Elle s'auto-finance bien sûr avec la maintenance qui nous tient toutes les années.
11:35 Et ça nous suffit. Aujourd'hui, on tourne à peu près avec 2-3 centimes de marge pour couvrir les frais annuels.
11:44 Et c'est tout. Le deal était d'amener ce service à la population pour qu'ils aient du carburant au même prix que les citadins.
11:54 Ce qui me paraît un minimum en égalité.
11:57 - C'est un service public en fait le carburant ?
12:00 - C'est un vrai service public qui fonctionne au-delà de toutes nos espérances
12:05 parce que nous sommes une petite commune très rurale et on ne pensait pas qu'on aurait un tel succès au départ.
12:12 On avait fait un prévisionnel qui était à peu près trois fois en dessous, voire quatre fois en dessous de ce qu'on distribue aujourd'hui.
12:19 - Guy Pérard, juste par curiosité, la grande station la plus proche de votre commune de Rio Tor, elle est à combien de kilomètres ?
12:27 - Alors pour vous dire, sur la route principale, sur la départementale de nos petites communes rurales, c'est un peu ce qu'il faut regarder,
12:35 il n'y en a pas à 20 km à la route.
12:37 Et la première qu'on a qui est à une grande distribution, elle est à 7 km.
12:45 Elle est dans le centre-bourg d'un autre village d'à côté.
12:50 - Donc vous administrez j'imagine qui se félicite de votre initiative ?
12:55 - Tout à fait. On n'est pas souvent félicité dans ce qu'on fait.
13:01 Quand on est maire et quand on inaugure, on se fait plus souvent peut-être casser le dos que des félicitations.
13:10 Sur ce coup-là, je peux vous jurer qu'aujourd'hui ça fait l'unanimité.
13:15 Si vous aviez posé la même question avant qu'on démarre le projet, je ne suis pas sûr que vous auriez eu la même réponse.
13:23 Mais aujourd'hui, les gens depuis 4 ans qui ont cette station apprécient le service à un prix plus que compétent.
13:30 Et ils disent "mais bravo, vous auriez dû le faire avant".
13:33 - Bon, bah écoutez, voilà plutôt une bonne nouvelle.
13:35 Merci Guy Pérard, maire de Rio Tor en Haute-Loire.
13:38 Merci d'avoir été en direct sur Europe 1.
13:40 Francis Pouce, quand vous entendez le maire de cette petite commune de 1200 habitants,
13:45 vous pensez que c'est plutôt une bonne initiative ou vous craignez que ça fasse de la concurrence à vos propres stations ?
13:52 - Je ne peux pas m'opposer à des déserts de distribution de carburant.
13:57 La résolution du problème de désert dans les nouveaux rues, c'est justement ce que je dénonce.
14:03 Donc je comprends la nécessité de la population sur place.
14:07 En revanche, et ça je l'ai souvent dit au gouvernement, pour créer une station rurale, il faut 2 à 300 000 euros d'argent public.
14:14 Si on n'avait pas arrêté un fonds qui existait jusqu'en 2014 d'aide aux stations de service,
14:19 on aurait pu aider 6 stations de service, 6 fois 5,30, parce que c'était en moyenne les 50 000 qui étaient donnés à des stations de service,
14:26 entre autres rurales, pour se maintenir.
14:28 On a arrêté les fonds, donc l'Etat se trouve avec des municipalités qui sont obligées de faire le travail à notre place.
14:34 Mais les municipalités n'ont pas les mêmes exigences comptablement parlant.
14:38 Généralement, l'amortissement, ça n'existe pas parce que c'est payé par les subventions qui tombent en une année.
14:44 Il n'y a pas besoin d'amortir sur 5 ans ou 6 ans comme nous, on l'a fait dans des montants plus privés.
14:50 Il n'y a quasiment pas de personnel, donc ils peuvent afficher des prix, et tant mieux pour la population, aussi peu chers.
14:57 J'ai même vu un cas dans un département où l'installation d'une station de service rurale a tué deux de mes six stations,
15:04 qui étaient à 10 ou 15 kilomètres, parce qu'elles étaient forcément plus chères, et là, en fait, elles doivent payer du personnel.
15:11 Et là, je dis au gouvernement, si on n'a pas de compensation maintenant, on va finir par avoir besoin de stations municipales,
15:18 ça coûtera beaucoup, beaucoup, beaucoup plus cher, et au passage, on aura tué un centre du commerce avec un accueil qui ne sera plus là.
15:26 Merci beaucoup Francis Pouces, merci, vous êtes président de la branche distributeur carburant du syndicat Mobiliant.