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NewsTranscription
00:00 Europain Culture Média
00:02 Thomas Hill
00:04 Tu les aimes les chiens hein ?
00:06 Plus que t'aimes ta propre famille ?
00:08 Ça c'est sûr
00:10 T'es un chien hein ? Sale petite merde !
00:16 Meurs !
00:18 Et vous n'aviez personne d'autre ?
00:24 Qui vous montrait de l'attention ou un peu d'affection ?
00:28 Tous les enfants prennent l'affection où ils la trouvent
00:30 Ce sont mes bébés
00:32 Autant que je sache, les chiens n'ont qu'un seul défaut
00:38 Ils ont confiance en l'homme
00:44 Dogman de Luc Besson qui est notre invité ce matin
00:46 Et je le dis tout de suite, le film est beaucoup moins violent que ce que peut laisser penser la borde annonce
00:52 Moi je craignais de voir un film très dur avec des chiens qui découpent en pièces des humains
00:56 Je ne pensais pas du tout ça
00:58 Très honnêtement, on s'est un peu planté sur la bande annonce
01:00 Oui, c'est ce que je me suis dit aussi
01:02 En fait le film n'est pas violent du tout
01:04 Il est poignant
01:06 Même des ados peuvent aller le voir
01:08 Il n'y a pas d'interdiction
01:10 Mais on n'a pas mesuré en fait
01:12 Vous y êtes allé, vous avez envoyé
01:14 C'est vrai qu'il y a pas mal de gens qui disent "ça a l'air violent"
01:18 Mais je rassure tout le monde
01:20 Il peut y aller même 10, 11 ans
01:22 C'est même poétique par moment
01:24 C'est plutôt tendre
01:26 Mais comme quoi, on peut faire des films
01:28 Mais on n'est pas forcément bon en bande annonce
01:30 C'est un autre métier
01:32 Et le point de départ de l'histoire est vrai
01:34 C'est un petit garçon rejeté par sa famille
01:36 Élevé par des chiens
01:38 Et puis à partir de là, vous avez imaginé
01:40 Une sorte de conte, de fable
01:42 Avec ces chiens qui comprennent parfaitement le petit Douglas
01:46 Il y a un petit côté Forrest Gump
01:48 Il a 1000 vies ce gamin
01:50 Et on va retracer tout ce qu'il a pu vivre
01:52 Il joue 5, 6, 7 personnages dans le film
01:54 Et puis il y a cette meute de chien
01:56 Qui l'aime inconditionnellement
01:58 Et qui lui apprennent à aimer
02:00 En fait, il devient un homme bon
02:02 Grâce à des chiens
02:04 Je trouvais ça intéressant
02:06 Et dans toutes les fables, il y a une morale
02:08 C'est quoi pour vous la morale de cette histoire ?
02:10 C'est qu'il vaut mieux faire confiance aux animaux
02:12 Plutôt qu'aux humains ?
02:14 Qu'est-ce que vous avez voulu dire ?
02:16 Je pense qu'on a tous un point commun
02:18 Tout le monde, c'est la société
02:20 On a tous un point commun, tous
02:22 Tout le monde, c'est la souffrance
02:24 On a tous souffert d'une façon ou d'une autre
02:26 Regardez le Covid pendant deux ans
02:28 On a tous pris un petit coup sur la tête
02:30 Et c'est surtout comment on s'en sort de ça
02:32 Est-ce qu'on choisit le bon chemin ?
02:34 On choisit d'être meilleur malgré la souffrance ?
02:36 Ou est-ce qu'on devient
02:38 On devient un vengeur ?
02:40 On devient un méchant ?
02:42 Et la morale du film, c'est qu'il choisit le bon côté
02:46 Et que c'est un être
02:48 Un être aimable
02:50 On pense qu'au début
02:52 C'est un peu un monstre
02:54 Mais en fait c'est tout l'inverse
02:56 Les monstres sont autour
02:58 Et la personne aimable, c'est lui
03:00 Et lui, il est joué par un acteur incroyable
03:02 Caleb Landry-Jones
03:04 Que je ne connaissais pas du tout
03:06 Pris d'interprétation à Cannes
03:08 Pour le film Nitram, c'était en 2021
03:10 Il y a un petit côté
03:12 Joachim Fenix dans Joker
03:14 On y pense forcément en voyant le film
03:16 Mais en même temps, c'est l'inverse
03:18 C'est drôle parce que
03:20 Le Joker, c'est la fabrication du monstre
03:22 C'est un méchant
03:24 Et là, c'est vraiment la fabrication d'un gentil
03:26 Vous avez tout de suite pensé à lui ?
03:28 Ou vous avez écarté d'autres pistes ?
03:30 Je savais par contre
03:32 Quand le script a été terminé
03:34 Le film n'est pas possible à faire
03:36 C'est juste impossible
03:38 5-6 personnages avec 100 chiens toute la journée
03:40 On n'y arrivera pas
03:42 Et je me suis dit, il faut vraiment
03:44 Il faut parler à l'acteur, il ne faut pas le faire
03:46 Et puis j'ai rencontré
03:48 Caleb 2-3 fois
03:50 Je ne vais pas parler du film du tout
03:52 Je voulais d'abord savoir qui c'était
03:54 On doit partir avec un partenaire
03:56 Pas avec un acteur
03:58 Et on a à peu près la même sensibilité
04:00 On a eu les mêmes
04:02 Petites souffrances d'enfant
04:04 Un peu solitaire
04:06 On avait chacun un chien de notre côté
04:08 Malgré nos 30 années de différence
04:10 Lui au Texas, moi à Coulomiers
04:12 En fait ça nous a beaucoup rapproché
04:14 Et au bout de 3 rendez-vous
04:16 Je lui ai dit, est-ce que tu aimes les chiens ?
04:18 (rires)
04:20 Question de Michel Droukaire
04:22 Il m'a dit oui
04:24 Il a lu le script
04:26 Et la première chose qu'il m'a dit, c'est comment on va faire ?
04:28 La tâche en tout cas pour lui
04:30 Elle est immense
04:32 Je dois dire que j'ai beaucoup de chance
04:34 S'il y a une bonne raison d'aller voir le film, c'est pour lui
04:36 Il est formidable
04:38 Il y a des chances qu'il soit dans la course aux Oscars
04:40 Sincèrement, il le mériterait
04:42 Il est exceptionnel
04:44 Et je pense que ça va être une très très grande star
04:46 Luc Besson est notre invité
04:48 Jusqu'à 11h sur Europe 1
04:50 Restez avec nous, on en reparle dans un instant
04:52 de ce film
04:54 Culture Média sur Europe 1
04:56 Thomas Hill avec Luc Besson
04:58 Jusqu'à 11h
05:00 Au cinéma en ce moment, le film Dogman s'est sorti
05:02 Mercredi, c'est un hommage au cinéma
05:04 Avec de nombreuses
05:06 très belles musiques
05:08 *Musique*
05:10 *Musique*
05:12 *Musique*
05:14 *Musique*
05:16 La foule d'Edith Piaf
05:18 Dans votre film, il y a cette scène absolument magnifique
05:20 Où Caleb Landry Jones fait du playback
05:22 Sur cette chanson
05:24 Il ne parle pas un mot de français
05:26 Et pourtant c'est bluffant
05:28 C'est comme s'il parlait comme vous et moi
05:30 Il paraît que toute l'équipe était en larmes à la fin de cette prise
05:32 Oui, ça c'est sûr
05:34 Mais dans les salles aussi
05:36 C'est une scène très poignante
05:38 Il a eu peur de cette scène jusqu'au bout
05:40 Oui, c'est évident
05:42 C'est terrible à faire
05:44 Et en plus il n'y a pas le choix
05:46 On met trois caméras, on balance la chanson
05:48 Et après il faut qu'il y aille
05:50 Et ça passe ou ça passe pas
05:52 Vraiment c'est un moment magique
05:54 Je crois dans ma carrière
05:56 Il y a quelques moments comme ça
05:58 Où je me souviendrai toute ma vie
06:00 Et ça fait partie de ces moments là
06:02 C'était juste hallucinant
06:04 Et puis les autres acteurs principaux du film
06:06 Ce sont évidemment les très nombreux chiens
06:08 Il y en avait combien au total ?
06:10 115
06:12 Ça a dû être un enfer pour les faire jouer
06:14 Non, c'est facile
06:16 Ça a dû coûter une fortune en canigou
06:18 C'est sûr
06:20 Ce qui est drôle c'est
06:22 Vous imaginez un anniversaire d'un enfant de 10 ans
06:24 Qui vient avec 60 copains tous les jours
06:26 C'est à peu près ça
06:28 Parce que c'est incontrôlable
06:30 Il faut juste aller avec
06:32 Et essayer d'organiser les petits miracles
06:34 Pour que les chiens puissent vous donner
06:36 De l'émotion
06:38 Il y en a un qui a contribué énormément
06:40 C'est Caleb avec sa voix
06:42 Il a une voix qui est tellement envoûtante
06:44 Que la moitié des chiens
06:46 Il y a un moment donné où il lit du Shakespeare
06:48 Et il y a tous les chiens qui le regardent
06:50 Et je peux vous dire qu'il y a la moitié des chiens
06:52 Qui bougeaient la tête
06:54 Et qui l'écoutaient
06:56 Je ne sais pas s'ils ont tout compris à Roméo et Juliette
06:58 Mais en tout cas ils écoutaient vraiment
07:00 Ils s'attachent, ce sont de vrais personnages
07:02 Moi j'ai mes chouchous, j'ai adoré les dodo berman
07:04 Qui sont à l'entrée
07:06 Les chiens qui ont des pelotes de laine sur la peau
07:08 Je ne sais pas comment ça s'appelle
07:10 Ils sont tous très différents
07:12 Et on s'y attache comme des personnages principaux
07:14 Le plus petit faisait 1,5 kg, le plus gros 82 kg
07:16 Et c'est vraiment
07:18 On n'a pris que des saltimbans
07:20 Il y en a qui jouent mieux que d'autres ?
07:22 Alors il y avait deux catégories
07:24 Il y avait la meute, et puis il y avait les pros
07:26 Les stars qui viennent d'Amérique
07:28 Ah il y en a qui ont déjà joué dans des films
07:30 Il y en a 4, ils s'arrêtent
07:32 Ils font tout ce que tu veux
07:34 Et ils ne supportent pas jouer avec les autres
07:36 C'est des vraies stars américaines
07:38 Luc Besson faire son retour
07:40 Après 4 ans de silence par innovation
07:42 À la Mostra de Venise
07:44 Après tout ce que vous avez traversé
07:46 C'est la plus belle des réponses, non ?
07:48 Ça fait plaisir surtout
07:50 Mais il y a toujours cette angoisse quand vous êtes mette en scène
07:52 Vous ne savez jamais, vraiment jamais
07:54 Jusqu'au dernier moment quand vous avez une salle
07:56 de 5-600 personnes
07:58 Moi j'ai un souvenir
08:00 de la première de Léon
08:02 à Paris
08:04 avec 500 professionnels dans la salle
08:06 Le film se termine, générique
08:08 Les gens se lèvent et sortent
08:10 Il n'y a pas eu d'applaudissements, il n'y a rien eu, c'était Léon
08:12 Et on a un peu de mal à s'en remettre
08:14 Bon finalement le film s'en est pas mal sorti
08:16 Et voilà
08:18 Donc on s'attend à tout
08:20 Là c'est un soulagement
08:22 Oui et puis c'est particulier
08:24 Vous avez vécu quelques années quand même très
08:26 difficiles, on peut le dire
08:28 Il faut rappeler que vous n'avez pas été mis en examen
08:30 Que des non-lieux ont été prononcés
08:32 Il faut le rappeler ça aussi
08:34 Y compris en appel
08:36 Suite aux accusations de viol qui étaient portées contre vous
08:38 La justice s'est prononcée clairement
08:40 Et pourtant vous le savez
08:42 Le soupçon c'est un poison lent
08:44 Est-ce que vous pensez
08:46 qu'un jour vous serez tranquille avec
08:48 toute cette histoire ?
08:50 Moi je le suis, après ça dépend des gens
08:52 C'est toujours pareil
08:54 C'est
08:56 Quand on n'est pas coupable, on n'est pas coupable
08:58 Point, voilà, donc ça devrait
09:00 On devrait se satisfaire de
09:02 de la justice, la justice c'est la même
09:04 pour tout le monde, elle est irremplaçable
09:06 Et il faut faire confiance
09:08 à la justice, c'est ce qu'on fait
09:10 depuis le début, maintenant on est
09:12 dans une époque où
09:14 on aime bien ça quoi, on aime bien
09:16 quand on a un peu de pouvoir
09:18 et tout ça c'est bien de
09:20 On dit toujours que
09:22 quand l'arbre dans la forêt est trop grand
09:24 c'est lui qui prend la foudre
09:26 Donc voilà, c'est la vie
09:28 Vous étiez trop grand ?
09:30 Oui sûrement, mais
09:32 c'est bizarre parce que moi j'ai jamais empêché
09:34 personne de faire des films
09:36 Moi j'en fais que un tous les 3 ans, il y en a
09:38 250 par an donc il y a de la place
09:40 Donc je gêne personne, et puis en plus on n'est même pas
09:42 obligé d'aller voir les films
09:44 Donc je vois pas où est le...
09:46 Je fabrique pas des mines antipersonnelles
09:48 Il paraît que vous en avez écrit
09:50 17 des films pendant ces années de silence
09:52 Oui, pendant le Covid surtout
09:54 parce qu'il y avait rien d'autre à faire
09:56 Est-ce qu'il y en a un sur ce que vous avez traversé ?
09:58 Non pas du tout non
10:00 Et est-ce que celui-là
10:02 Dogman, il est pas un peu
10:04 inspiré d'une certaine manière
10:06 de votre vie aussi
10:08 quand on trouve ce personnage solitaire
10:10 Vous êtes peut-être mieux placé que moi en fait
10:12 parce que moi je m'en rends pas bien compte
10:14 J'ai fait comme d'habitude moi
10:16 avec mon coeur, avec ma tête
10:18 et j'ai surtout travaillé comme un artisan
10:20 J'aime bien faire les films à la main
10:22 Vous voyez, je fais un beau meuble
10:24 J'y mets beaucoup de soin
10:26 Peinture laquée, 17 couches
10:28 avec que des techniciens qui sont des
10:30 cadors
10:32 et on essaye à chaque fois de faire
10:34 un vrai bel ouvrage
10:36 et on les fait un par un
10:38 Il y en a 20 pour l'instant
10:40 Celui-là en tout cas est particulièrement réussi
10:42 C'est pas du IKEA non
10:44 Le 20ème s'appelle Dogman, il est en salle
10:46 depuis mercredi
10:48 Luc Besson, vous êtes l'invité de Culture Média jusqu'à 11h
10:50 et dans un instant on va parler théâtre
10:52 avec Marie Gickel, à tout de suite sur Rendez-Vous