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Les invités de Laurence Ferrari débattent de l'actualité dans #Punchline du lundi au jeudi.

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00:00:00 Le harcèlement, ce sont d'abord des drames. Nicolas, Lincey, Thibaut, Ambre,
00:00:08 Lucas, chacun de ces prénoms résonnent comme un échec pour nous. Le harcèlement,
00:00:16 ce sont des jeunes que la bêtise et la haine ont poursuivi à l'école, dans
00:00:22 leur club de sport, dans leurs loisirs et souvent jusqu'à chez eux sur les réseaux
00:00:28 sociaux. Ce sont des enfants parfois visés en raison de leur handicap, de leur surpoids,
00:00:35 de leur orientation sexuelle, parfois pour un trait physique ou de caractère. Ce sont
00:00:42 des parents confrontés à la pire des douleurs et qui ont le sentiment de s'être battus
00:00:47 sans avoir été entendus. Le harcèlement, ce sont des actes malveillants et répétés
00:00:54 qui touchent nos enfants et mettent en péril leur santé physique et mentale. C'est un
00:01:01 phénomène massif. Au collège, ce sont en moyenne deux élèves par classe qui sont
00:01:06 visés. Au total, près d'un million d'enfants ont subi du harcèlement au cours des trois
00:01:12 dernières années. Concrètement, pour les enfants victimes, c'est une forme de violence,
00:01:19 c'est la peur, la honte, l'angoisse et parfois même l'irréparable. Se faire insulter,
00:01:27 exclure, bousculer ou même frapper, c'est un quotidien qu'aucun adulte ne supporterait.
00:01:34 Alors avant de vous présenter notre plan global de lutte contre le harcèlement, je
00:01:41 voulais commencer par adresser un mot à toutes les jeunes victimes. Vous n'êtes pas responsable.
00:01:47 Ce que vous vivez est inadmissible, insupportable. De vos classes jusqu'à vos chambres, parfois
00:01:56 24 heures sur 24 sur les réseaux sociaux, pour vous, le harcèlement, c'est partout
00:02:02 et tout le temps. Alors la mobilisation doit être générale. Chacun a son rôle à jouer.
00:02:09 Avec tout mon gouvernement, nous sommes à vos côtés et nous mènerons une lutte implacable
00:02:14 contre le harcèlement. En juin dernier, j'ai demandé à mes ministres de travailler à
00:02:20 un plan interministériel et j'ai souhaité que ce combat contre le harcèlement soit
00:02:25 la priorité de cette rentrée. Aujourd'hui, avec l'ensemble des ministres présents, nous
00:02:32 sommes en mesure de présenter ce nouveau plan d'action global. Pourquoi avoir voulu
00:02:38 un plan interministériel ? L'éducation nationale est en première ligne, bien sûr,
00:02:45 mais combattre le harcèlement dépasse les frontières de l'école et les ministères
00:02:50 doivent venir en appui de l'éducation nationale. De plus, les derniers drames ont montré que
00:02:57 des dysfonctionnements pouvaient survenir à tous les niveaux. Rester chacun dans son
00:03:02 couloir mènerait à des réponses incomplètes. La seule réponse efficace est collective.
00:03:08 C'est le sens de cette conférence de presse aujourd'hui, ici, à Matignon. Acteurs associatifs,
00:03:16 forces de l'ordre, magistrats, acteurs du numérique, soignants, collectivités, toutes
00:03:23 et tous sont impliqués, toutes et tous doivent soutenir l'école. C'est d'ailleurs par
00:03:30 là que je veux commencer. Que vous soyez un élève victime de harcèlement, un témoin
00:03:36 d'actes inacceptables, un parent désemparé face à ce que subit son enfant, un enseignant
00:03:43 ou un membre de la communauté éducative inquiet devant certains faits, vous n'êtes pas seul.
00:03:48 De la prévention jusqu'à la sanction, de nombreux acteurs peuvent intervenir, aider,
00:03:55 accompagner et ce plan va permettre à tous de mieux travailler ensemble, de faire bloc
00:04:01 contre le harcèlement. Notre plan, c'est 100% prévention, 100% détection, 100% solution.
00:04:10 Le premier enjeu, c'est la prévention. Trop souvent encore, le harcèlement est minimisé.
00:04:18 Il est vu comme une chamaillerie, une histoire d'enfant ou d'adolescent. Parfois aussi,
00:04:26 certains élèves agissent par suivisme et n'ont pas forcément conscience de la portée
00:04:30 et des conséquences de leurs actes. Alors le meilleur moyen de lutter contre le harcèlement,
00:04:37 c'est de sensibiliser, d'expliquer, de prévenir. Ce plan prévoit la formation de tous les
00:04:44 acteurs de la communauté éducative, les élèves, les parents, les personnels de l'éducation
00:04:50 nationale, avec l'objectif que chacun soit formé d'ici la fin du quinquennat. Je pense
00:04:55 aux enseignants et aux encadrants, mais aussi aux AESH, aux personnels de services ou aux
00:05:01 infirmières. Le ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, y reviendra.
00:05:05 J'ajoute que nous voulons que chacun connaisse les risques encourus. Des policiers, des gendarmes
00:05:12 et des magistrats seront mobilisés pour mener des actions de sensibilisation dans les établissements.
00:05:18 Mais la formation, ce n'est pas seulement pour la communauté éducative. Un des problèmes
00:05:25 dont nous parlent les parents comme les victimes, c'est la difficulté parfois à voir sa plainte
00:05:30 enregistrée et traitée, souvent par méconnaissance de la gravité de la situation. La parole
00:05:37 des victimes doit être libérée et parfaitement prise en compte. C'est pourquoi je souhaite
00:05:43 que la formation des forces de l'ordre, des magistrats et des personnels de la protection
00:05:48 judiciaire de la jeunesse soit renforcée, avec des modules ciblés sur les questions
00:05:53 de harcèlement. Enfin, lors des activités extrascolaires ou lors des colonies de vacances,
00:06:00 il peut y avoir des situations de harcèlement. C'est pourquoi dès début 2024, les encadrants
00:06:05 des accueils collectifs pour mineurs seront formés. Nous aurons une attention particulière
00:06:11 pour le harcèlement dans le sport. Dès cette année, les formations des éducateurs sportifs
00:06:18 incluront un volet spécifique sur le harcèlement. J'ajoute que nous allons continuer à sensibiliser
00:06:24 tous les acteurs qui accompagnent des jeunes et des enfants dans le cadre d'activités
00:06:28 sportives. Je laisserai la ministre des Sports en dire davantage.
00:06:32 Le second enjeu, c'est la détection. Notre objectif est clair, détecter tous les cas
00:06:41 de harcèlement et offrir à toutes les victimes et à leurs familles un parcours clair et
00:06:46 balisé. Pour identifier les dangers, tous les élèves, du CE2 à la 3e, rempliront
00:06:53 chaque année une grille d'auto-évaluation qui permettra de repérer les cas de harcèlement
00:06:58 et d'intervenir rapidement. En parallèle, une autre grille d'évaluation du risque,
00:07:05 mise au point par la Gendarmerie nationale, sera généralisée à la police et à la
00:07:10 justice. Pour les forces de l'ordre, cette grille améliorera la prise en compte des
00:07:15 victimes et la qualité des auditions. Chaque acteur pourra ainsi évaluer la gravité et
00:07:22 l'urgence de la situation. Notre objectif est clair, identifier tous les enfants en
00:07:28 souffrance. J'ajoute que les médecins et les infirmiers ont un rôle clé pour détecter
00:07:35 ou signaler les cas de harcèlement. Nous avons engagé des discussions avec les ordres
00:07:39 professionnels pour éviter que le secret médical ne soit un obstacle à ces signalements.
00:07:44 Ensuite, pour que la parole se libère et que chacun sache vers qui se tourner, je vous
00:07:53 annonce que nous allons faire du 3018 le numéro unique de signalement accompagné d'une
00:07:58 application. Un signalement facile et partout, voilà ce que permettra le 3018. Une fois
00:08:07 le cas de harcèlement détecté, nous voulons améliorer considérablement la prise en
00:08:11 charge des victimes. Pour cela, le programme de lutte contre le harcèlement, FAR, qui
00:08:17 se déploie depuis deux ans, a été généralisé depuis la rentrée à toutes les écoles,
00:08:22 collèges et lycées. Nous allons également considérablement renforcer la coopération
00:08:28 entre l'école, les forces de l'ordre et la justice, notamment à travers des rencontres
00:08:34 entre les référents de chaque établissement et leurs interlocuteurs dédiés au sein de
00:08:39 la police, de la gendarmerie et du parquet. Une circulaire interministérielle sera diffusée
00:08:45 prochainement en ce sens. Le troisième enjeu, ce sont les réponses
00:08:51 que nous apportons. Tout d'abord, le harcèlement doit cesser immédiatement et les auteurs
00:08:57 être sanctionnés. Nous avons créé cet été un office des mineurs qui produira
00:09:02 une doctrine nationale, claire et unique, pour améliorer la prise en compte des plaintes
00:09:08 et la conduite des enquêtes en matière de harcèlement. Ensuite, pour ne rien laisser
00:09:14 passer, la saisine du procureur sera désormais systématique en cas de signalement pour
00:09:20 harcèlement, notamment grâce à une plateforme dédiée entre l'éducation nationale et
00:09:25 la justice. Je souhaite également une saisine systématique des procureurs pour les plaintes.
00:09:32 Le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti y reviendra.
00:09:35 Face aux auteurs, nous voulons des sanctions rapides en classe comme sur les réseaux sociaux.
00:09:42 Ainsi, depuis cette rentrée, c'est désormais l'élève harceleur qui doit changer d'établissement
00:09:49 et avec notre plan, je vous annonce que nous renforçons considérablement notre éventail
00:09:53 de sanctions contre le cyberharcèlement. Nous allons développer la confiscation des
00:09:58 téléphones et permettre d'exclure les élèves harceleurs des réseaux sociaux.
00:10:02 Ces dispositions sont actuellement débattues au Parlement dans le cadre du projet de loi
00:10:08 pour réguler et sécuriser l'espace numérique. Le ministre délégué chargé du numérique,
00:10:13 Jean-Noël Barraud, y reviendra dans un instant.
00:10:15 J'ajoute que nous devons aussi faire prendre conscience aux harceleurs de la gravité de
00:10:22 leurs actes et faire en sorte qu'ils ne se reproduisent plus. Il y aura une réponse
00:10:28 adaptée à chaque fait. Cela peut être la réalisation de stages de citoyenneté avec
00:10:33 des modules spécifiques sur le harcèlement ou le cyberharcèlement, ou la réduction
00:10:39 de la capacité à faire des choses. Mais dans les cas les plus graves, je rappelle
00:10:47 que la loi prévoit des peines de prison pouvant aller jusqu'à 10 ans.
00:10:51 Je crois également au rôle des parents. La lutte contre le harcèlement passe aussi
00:10:58 par leur responsabilisation. C'est pourquoi la situation familiale des jeunes ayant harcelé
00:11:04 sera évaluée par les services de la protection de l'enfance. Des formations ou un accompagnement
00:11:10 pourront être proposés aux parents. Enfin, nous devons impérativement protéger
00:11:16 les victimes. Le harcèlement peut avoir des conséquences psychologiques graves auxquelles
00:11:21 nous devons être particulièrement attentifs. L'accompagnement psychologique des victimes
00:11:27 sera renforcé, notamment grâce à un accès facilité au dispositif Mon soutien psy.
00:11:34 La santé mentale des jeunes victimes de harcèlement, et plus généralement de tous les jeunes,
00:11:39 est une priorité. Nous y viendrons, le ministre y reviendra.
00:11:44 Mesdames et messieurs, depuis six ans, nous avons considérablement renforcé notre action
00:11:50 contre le harcèlement scolaire. Notamment, le programme PHARE s'est mis en place, et
00:11:55 avec la loi portée par le député Erwann Balanant, un délit spécifique de harcèlement
00:12:00 scolaire a été créé. Aujourd'hui, avec ce plan, l'heure est à la mobilisation
00:12:05 générale, bien au-delà du cadre scolaire. À l'école, dans les familles, dans les
00:12:12 associations et les clubs sportifs, au sein des forces de l'ordre ou avec notre justice,
00:12:19 nous avançons dans le même sens, et nous avons une feuille de route claire et ambitieuse.
00:12:23 Une feuille de route que je peux résumer en trois objectifs. 100% prévention, 100%
00:12:31 détection, 100% solution. Je vais maintenant passer la parole au ministre de l'Éducation
00:12:37 nationale, Gabriel Attal, puis à chaque ministre pour revenir sur les mesures qui relèvent
00:12:42 de son périmètre. Je vous remercie.
00:12:44 Madame la Première Ministre, Mesdames et Messieurs les Ministres, Mesdames, Messieurs,
00:13:08 permettez-moi tout d'abord de remercier profondément et infiniment la Première Ministre de s'être
00:13:14 saisi de cet enjeu. Je crois que c'est la première fois qu'une Première Ministre,
00:13:20 un Premier ministre se saisit à ce point de cette question, et derrière cette mobilisation
00:13:24 ici, depuis Matignon, il y a un message clair. Nous devons collectivement nous hisser à
00:13:29 la hauteur de ce fléau qu'est le harcèlement scolaire. Nous l'avons dit, nous avons besoin
00:13:34 d'un électrochoc. Ce moment, ce plan, c'est, je crois, la preuve que l'électrochoc a
00:13:41 commencé. Permettez-moi aussi d'avoir une pensée pour ces jeunes victimes dont les
00:13:47 noms résonnent encore dans nos cœurs. C'est pour eux que nous agissons, c'est pour leur
00:13:53 famille que nous nous engageons. Quand un jeune souffre de harcèlement scolaire, et
00:13:58 à plus forte raison, quand un jeune se donne la mort à cause de ce qu'il vit à l'école,
00:14:03 c'est que nous, les adultes, nous, les responsables, nous avons échoué à les protéger. Depuis
00:14:09 quelques semaines, cet électrochoc a commencé. Depuis quelques semaines, la parole s'est
00:14:15 libérée considérablement. Une page de silence est en train de se tourner. En réalité, c'est
00:14:20 un double électrochoc qui est en train de se produire. Le premier électrochoc, c'est
00:14:23 celui de la libération de la parole. Cet électrochoc, il est sans précédent. Je le
00:14:29 dis, je me suis fait communiquer les chiffres hier, nous assistons, ces derniers jours et
00:14:33 ces dernières semaines, à un tsunami de témoignages. Les témoignages de harcèlement, les alertes
00:14:39 venant du terrain dans les établissements scolaires au 30... 18 au 30-20, ont été
00:14:44 multipliées par trois ces dernières semaines par rapport à ce que nous connaissions en
00:14:48 septembre de l'année 2022. C'est dire combien la parole se libère et je lance un appel
00:14:54 à tous les jeunes, à tous leurs parents, à tous leurs professeurs, continuez à parler,
00:14:59 appelez, écrivez, car parler, c'est déjà résister. Je veux d'ailleurs remercier les
00:15:05 1,2 millions de personnels de l'éducation nationale, les associations, les lanceurs
00:15:09 d'alertes, les organisations syndicales, les familles, les élèves, bref, toute la
00:15:13 communauté éducative qui force chaque jour notre admiration. J'ai confiance en eux,
00:15:18 j'ai confiance en nous et je serai toujours à leur côté. Je l'ai dit, la page du silence
00:15:22 est en train de se tourner et après le temps de la parole vient celui de l'action. Le
00:15:27 second électrochoc, c'est donc celui de l'action. Il a commencé. La première ministre l'a
00:15:30 dit, nous ne partons évidemment pas de nulle part. Beaucoup a été fait les années précédentes,
00:15:35 dans le quinquennat précédent par les ministres qui se sont succédés, les premiers ministres
00:15:39 ou l'impulsion du président de la République et je dois le dire également de Brigitte
00:15:43 Macron. Nous avons lancé le programme Phare qui se généralise, comme l'a rappelé la
00:15:46 première ministre cette année. Nous avons engagé des initiatives. Mais le plan que
00:15:51 nous vous présentons aujourd'hui va plus loin encore, il change d'échelle, car notre
00:15:55 engagement collectif et le premier objectif de mon ministère, c'est que nous puissions
00:15:59 dire les yeux dans les yeux à 12 millions d'élèves que oui, en matière de harcèlement,
00:16:06 il y aura un avant et un après. Un avant et un après sur la prévention. Un avant et un
00:16:11 après sur la détection. Un avant et un après sur les solutions. Notre objectif est clair,
00:16:18 il faut que la peur change de camp pour que la peur disparaisse. Vous l'avez vu, ce plan
00:16:22 comporte de très nombreuses mesures. Je me concentrerai quant à moi sur trois mesures
00:16:26 inédites et très importantes pour l'éducation nationale qui reprend le triptyque qu'a indiqué
00:16:31 la première ministre, prévention, détection, solution. Le premier pilier de notre stratégie,
00:16:37 c'est la prévention pour éviter que le harcèlement empoisonne nos jeunes. Au fond, ce qui se
00:16:42 joue ici est clair, c'est le droit au bonheur. Chaque élève de France a droit au bonheur.
00:16:48 Chaque élève de France a le droit d'être heureux à l'école. Et ça commence très
00:16:53 tôt, ça commence dès les petites classes. L'outil essentiel que nous allons mobiliser,
00:16:58 la première ministre l'a indiqué, c'est le travail avec les élèves dès les petites
00:17:02 classes. Les cours d'empathie, les cours de respect de l'autre, d'apprentissage du respect
00:17:07 de soi et des autres, les compétences psychosociales. La France va donc inscrire dans le cursus
00:17:12 scolaire des cours d'empathie sur le modèle de ce qui existe dans d'autres pays, notamment
00:17:17 au Danemark où je me suis rendu. Ces compétences feront désormais partie officiellement des
00:17:22 savoirs fondamentaux de l'école. Et nos professeurs des écoles le savent, c'est un enjeu absolument
00:17:27 essentiel. Ils le font déjà s'agissant de la socialisation, de la découverte et de
00:17:31 la gestion des émotions qui s'apprend dès les plus petites classes. Nous irons beaucoup
00:17:34 plus loin. Ce sera inscrit au programme et je recevrai dès demain le président du Conseil
00:17:38 supérieur des programmes pour le saisir de ce chantier en vue d'une pleine entrée en
00:17:42 vigueur à la rentrée 2024. Mais nous n'attendraons pas la rentrée 2024 pour avancer, évidemment.
00:17:48 Et dès la rentrée de janvier 2024, après les vacances, il y aura une école pilote
00:17:52 par département qui s'engagera dans les cours d'empathie, de respect de l'autre, de tolérance
00:17:57 sur le modèle de ce qui existe dans d'autres pays, où nous avons constaté ces dernières
00:18:01 années que le harcèlement scolaire s'est effondré grâce à cette stratégie. Alors
00:18:05 j'entends certains vont dire « il y a les savoirs fondamentaux, la lecture, l'écriture,
00:18:09 le calcul, évidemment il faut garder du temps pour ces savoirs-là ». Mais aucun élève
00:18:14 malheureux à l'école n'apprend bien à l'école. Quand un élève est harcelé,
00:18:18 c'est tout son esprit qui est envahi par le harcèlement. Il n'y a plus de place pour
00:18:20 les autres apprentissages. En agissant pour le bonheur à l'école, on agit pour un meilleur
00:18:24 apprentissage des savoirs fondamentaux, un meilleur apprentissage tout court. Donc je
00:18:28 fais immédiatement le lien entre ce sujet et tous les autres. Deuxième pilier, deuxième
00:18:32 mesure, la détection. Pour ne plus passer sous silence aucun cas de harcèlement. L'objectif,
00:18:39 dans le maximum pour ne plus passer à côté d'enfants qui souffrent, nous allons généraliser
00:18:43 et simplifier le recueil de la parole. La première ministre l'a dit. La libération
00:18:47 de la parole sera au cœur de notre stratégie. Vous savez, chaque année il y a la journée
00:18:51 nationale de lutte contre le harcèlement. Cette année, elle se tiendra le 9 novembre.
00:18:55 Ces dernières années, on a constaté qu'entre un tiers et la moitié des établissements
00:19:00 s'engageaient avec des actions dans le cadre de cette journée. Cette année, il y aura
00:19:04 deux heures banalisées dans tous les établissements scolaires de France dédiées à la lutte
00:19:09 contre le harcèlement. Et très concrètement, le questionnaire qu'a annoncé la première
00:19:13 ministre, qui est un questionnaire de détection du harcèlement, que nous avons travaillé
00:19:18 avec des scientifiques, des experts de la question, et je veux les remercier, notamment
00:19:21 le professeur Ruffeau, le professeur Debarbieu ou le docteur Catline. Ce questionnaire sera
00:19:27 proposé à l'ensemble des élèves à partir de la classe de CE2 pour être capable de
00:19:32 détecter des situations de harcèlement qui ne le sont pas forcément. Parce que la réalité,
00:19:37 c'est qu'un élève qui est harcelé, souvent et malheureusement, son seuil de tolérance
00:19:41 évolue. Il tolère des actes et des situations qui sont intolérables. C'est ce que, avec
00:19:45 la première ministre, nous disions quand nous échangeons, notamment avec Justine Atlan,
00:19:49 qui fait un travail formidable avec e-Enfance. Nous aurons donc cette initiative et, je
00:19:53 le dis, nous aurons besoin de tous dans nos établissements scolaires. Ces débats, ces
00:19:57 temps d'échange, ils associeront les élèves, les enseignants, les personnels de direction,
00:20:00 les agents administratifs. Mais évidemment, on aura besoin des associations, des ambassadeurs.
00:20:05 Ils sont motivés et disponibles pour le faire. On était avec eux, avec la première ministre,
00:20:09 il y a un instant. Élian, Nathan, Anne-Lise, je pense aussi aux parents d'élèves qui
00:20:16 ont été emportés par ce fléau. Betty, la maman de Lindsay, Nora, la maman de Marion,
00:20:22 qui se mobilise au quotidien sur ces questions. Nous aurons besoin d'eux dans les établissements
00:20:26 scolaires comme ambassadeurs de cette question.
00:20:28 Troisième pilier, pour terminer, les solutions. Réagir. Réagir vite, c'est parfois sauver
00:20:34 des vies. Si la parole se libère, si nous assistons à ce tsunami de libération de
00:20:39 la parole dont je parlais, c'est qu'il y a un espoir chez les élèves et chez les
00:20:43 parents. Un espoir d'être entendu. Un espoir qu'il y ait une suite. C'est dire la responsabilité
00:20:48 immense qui pèse sur nous, être capable de répondre à cette libération de la parole.
00:20:55 C'est la raison pour laquelle nous allons continuer à avancer. Nous avons agi sous
00:20:59 l'autorité de la Première ministre dès cet été, je le rappelle, un décret important
00:21:03 qui prévoit désormais que c'est aux harceleurs de changer d'établissement et non plus aux
00:21:08 harcelés. Des mesures sur les sanctions en matière de cyberharcèlement qui peuvent être
00:21:12 prises davantage au sein d'un établissement. Nous allons continuer à agir. Au fond, on
00:21:18 doit remettre de l'humain à tous les étages. On doit remettre de l'humain parce qu'on
00:21:23 résout le harcèlement avec de l'humain, pas avec des courriers. Et donc, à l'échelle
00:21:27 de l'établissement, c'est la poursuite et le renforcement du programme phare qui
00:21:30 étaient évoqués. Nous allons mettre plus d'humain dans les académies. C'est la raison
00:21:34 pour laquelle une cellule dédiée au harcèlement sera créée dans chaque rectorat, avec plusieurs
00:21:39 personnes qui seront dédiées et formées à 100% sur la question du harcèlement pour
00:21:43 être capables de venir en second recours quand il y a des difficultés et des situations
00:21:48 qu'on n'arrive pas à régler sur le terrain. Mais nous irons là aussi plus loin. Nous
00:21:53 allons aussi remettre plus d'humain sur le terrain. Pour cela, nous allons créer des
00:21:56 équipes académiques de lutte contre le harcèlement. On a vu ces dernières semaines sur une autre
00:22:00 question difficile, la question de la laïcité. Qu'avoir des équipes académiques formées
00:22:05 qui se déplacent au sein des établissements scolaires, auprès des personnels de direction,
00:22:09 des chefs d'établissement et des enseignants, permettait de régler un certain nombre de
00:22:11 situations. Au fond, nous allons nous inspirer de ce qui a fonctionné pour la question de
00:22:16 la lutte contre le harcèlement avec ces équipes qui pourront apporter un soutien au personnel,
00:22:20 aux chefs d'établissement, se déployer partout sur le terrain. Nous ne lésinerons
00:22:24 pas sur les moyens face à ce fléau du harcèlement.
00:22:27 Voilà ce que je pouvais vous dire sur les actions nouvelles. Il y en a d'autres, vous
00:22:30 le verrez dans les documents qui sont communiqués, s'agissant de l'éducation nationale. Nous
00:22:34 allons les mettre en œuvre dès aujourd'hui à la demande de la Première ministre. Je
00:22:37 le redis, nous ne sommes plus autant des constats. Nous sommes dans celui des actes. Et au fond,
00:22:42 comme ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, je considère que j'ai
00:22:46 un objectif. Moins de harcèlement et plus de bonheur à l'école. Je vous remercie.
00:22:53 Voilà donc pour ces annonces de Gabriel Attal et d'Elisabeth Borne que vous avez pu suivre
00:22:59 en direct dans PUNCHLINE sur CNews. Bonsoir à tous et à toutes. Évidemment, on va revenir
00:23:04 sur ce qui a été annoncé, sur les mesures très concrètes qui seront appliquées dans
00:23:09 les prochains jours. Et ce chiffre effrayant donné par Elisabeth Borne, deux élèves
00:23:14 par classe sont harcelés quand on parle du collège. On a tous été touché par les
00:23:19 drames de l'actualité récente. Nicolas, Lincey, Ambre, Lucas. Il faut maintenant avancer.
00:23:24 C'est ce qu'a dit avec beaucoup de force Gabriel Attal. On est avec Karim Zérébi,
00:23:28 ancien député européen, avec Rachel Khan. Bonsoir. Qui est essayiste. Geoffroy Lejeune,
00:23:33 directeur de la rédaction du JDD. Yoann Uzay du service politique de CNews. C'est Éric
00:23:36 Rebbe, journaliste, ancien directeur de LCI. Rachel Khan. Il y avait d'un côté le ton
00:23:41 d'Elisabeth Borne et après l'emphase et je dirais l'énergie de Gabriel Attal. Il
00:23:47 est important que chacun réalise que c'est un véritable fléau, ce harcèlement scolaire.
00:23:52 Oui, c'est vrai. Ce que j'ai bien aimé sur la forme, parce que sur le fond, on pourra
00:23:56 en débattre tout à l'heure, mais notamment sur la forme, la lutte contre le harcèlement,
00:24:00 c'est une lutte pour la vie en réalité. Donc c'est vrai que d'avoir une personne
00:24:03 comme Gabriel Attal qui insuffle cette idée de vie, c'est une leçon en réalité pour
00:24:08 moi de politique. Et je pense qu'il a fait allusion à la Baïa. Je pense que sa lutte
00:24:16 contre le pas de vague par rapport au harcèlement, elle veut aussi pour le pas de vague sur beaucoup
00:24:21 de sujets politiques.
00:24:22 Comment on va faire la différence ? Et c'est ça toute la question qu'on se pose Yoann
00:24:26 Uzay, entre un véritable harcèlement qui peut conduire à des drames, une chamaillerie,
00:24:33 une rivalité. Ça va être extrêmement compliqué. Il y aura des équipes académiques formées,
00:24:38 au quotidien ce sont les professeurs qui seront confrontés à cela.
00:24:41 C'est pour ça que Gabriel Attal dit qu'il souhaite que l'ensemble des personnels de
00:24:44 l'éducation nationale soient formés d'ici la fin du quinquennat, parce qu'effectivement
00:24:49 détecter ceux qui sont harcelés de manière insupportable, qui pourraient pousser à des
00:24:55 suicides comme on l'a connu hélas trop souvent ces dernières semaines et ces derniers mois,
00:25:00 et effectivement des chamailleries. Et il y aura ce questionnaire aussi qui sera mis
00:25:03 en place et chaque élève devra y répondre une fois par an. Je veux simplement revenir
00:25:07 sur une chose, il y a une phrase qui m'a marqué quand Gabriel Attal dit "pour une
00:25:13 fois en politique il y aura un avant et un après". Et j'ai véritablement le sentiment
00:25:17 que c'est vrai. C'est rare en politique qu'on puisse dire ça, il y aura un avant
00:25:20 et un après. Souvent en politique il y a des mesurettes et on sait tout de suite que
00:25:23 ça ne va rien changer. Là, pour la première fois me semble-t-il, on a un ministre qui
00:25:28 renverse la table. C'est souvent une expression qu'on utilise, si on veut que ça change
00:25:31 il faut renverser la table. Pour une fois c'est le cas et c'est suffisamment rare
00:25:35 pour être souligné. On va avoir pour la première fois dans les
00:25:38 programmes scolaires, donc Geoffroy Lejeune, des cours d'empathie. C'est-à-dire qu'au
00:25:42 côté des maths, du français, de l'anglais, de l'espagnol, il y aura des cours d'empathie.
00:25:46 Est-ce qu'on réalise à quel point notre société en est arrivée, pourquoi on doit
00:25:50 enseigner à nos enfants ce que c'est juste de se mettre à la place de l'autre ? Comment
00:25:54 je réagirais à sa place ? C'est à la fois très bien de mettre ça en place et
00:25:58 terrible. Je pense que vous avez tout résumé, ce n'est pas tellement pour le ministre
00:26:02 de l'éducation nationale qui annonce ça que c'est une catastrophe, c'est pour la
00:26:05 société dans laquelle on vit que c'est dramatique de devoir l'enseigner en réalité.
00:26:08 Et ça devrait faire partie des mœurs communes ou à défaut de l'éducation, mais pas
00:26:13 de l'éducation nationale qui est là pour instruire en effet. Après on vit dans un
00:26:16 monde tel qu'il est, il faut l'accepter comme ça et on en est arrivé au point,
00:26:19 je crois que c'est un exemple, il s'est inspiré du Danemark pour ça, on en est
00:26:22 arrivé à un point où ça devient nécessaire. C'est tragique mais c'est comme ça. Et
00:26:25 au-delà de ça on peut s'amuser peut-être des mesures qui ont été annoncées, pas
00:26:29 s'amuser mais trouver que ce n'est pas assez ou que ça ne va pas assez loin etc.
00:26:32 Moi je pense en réalité que les choses ont déjà changé. Je pense que ça a déjà
00:26:35 changé parce que…
00:26:36 Parce qu'il y a un signal national qui est très fort.
00:26:37 Et bien sûr, parce qu'on a débattu ici avec vous de la pertinence ou non d'envoyer
00:26:43 des policiers chercher un élève en classe, mais je pense que c'est un symbole très
00:26:45 fort. La manière dont Gabriel Attal, et je pense qu'il y a une réelle empathie chez
00:26:49 lui, c'est-à-dire qu'en fait deux jours après sa nomination, il rencontre les parents
00:26:52 de la petite Lindsay, ça vous marque en fait, ça marque un homme, un jeune homme encore
00:26:55 plus, ça marque quelqu'un de voir ces gens dans cette détresse-là. Et en fait toute
00:26:59 la communication qui a été faite autour, tout ce qui a été dit, le fait que ces affaires
00:27:03 maintenant font beaucoup de bruit. Avant, vous pouviez avoir des suicides dans l'indifférent
00:27:05 général. Tout ça, c'est terminé. Donc je ne sais pas quelle sera l'efficacité
00:27:08 de ces mesures, mais en attendant, il y a déjà quelque chose qui a changé. Maintenant,
00:27:10 le harcèlement est un sujet, un sujet politique, mais aussi un sujet qui est dans la société.
00:27:14 Eric Revelle, un petit mot ?
00:27:15 Oui.
00:27:16 Des cours d'empathie au programme.
00:27:17 Oui, bon, vous avez extrêmement bien résumé les choses, Laurence.
00:27:19 Merci.
00:27:20 Sur la forme, je dirais quand même qu'on a assisté à une sorte d'exercice de style
00:27:25 à Raymond Queneau, c'est-à-dire que vous avez une Elisabeth Borne technocrate, appliquée
00:27:29 et sérieuse. Et puis vous avez un Gabriel Attal, politique de 34 ans, déjà madré,
00:27:37 qui, vous avez vu comment il a capté, captivé son auditoire dès le début. Alors, je ne
00:27:41 porte pas de jugement de valeur ni sur l'un ni sur l'autre, les deux sont utiles. Mais
00:27:45 bien sûr que Gabriel Attal fait aussi de la politique. Maintenant, est-ce qu'il y
00:27:48 aura un avant et un après ? Bah écoutez, on verra. Ça va dépendre aussi quand même
00:27:51 des moyens. Regardez déjà la difficulté qu'on a enseigné l'instruction civique
00:27:55 dans notre pays. Quels moyens mettre en face ? Comment on va former ces profs ? Ce qui
00:28:01 est sûr, c'est que maintenant, ces drames ne seront plus étouffés. Et puis remarquez
00:28:05 une chose.
00:28:06 Espérons-le.
00:28:07 Remarquez une chose.
00:28:08 Le mouvement #MeToo n'a pas empêché les violences pédophiles, malheureusement.
00:28:10 Le fameux 100% prévention, 100% détection, 100% réaction. Avant même le dévoilement
00:28:16 du plan, Gabriel Attal a utilisé depuis des jours et des jours ce petit slogan pour bien
00:28:21 marquer son territoire et sa prise de pouvoir sur cette question centrale.
00:28:25 Karim Zérébié, comment on peut dire à un enfant "voilà ce qu'est l'empathie" ?
00:28:28 Comment vous vous y prendriez, vous ?
00:28:30 La tâche est difficile. Personne aujourd'hui ne peinait effectivement que cette mobilisation
00:28:37 générale de Calais Salutaire. Mais on attend quand même de voir les résultats concrets
00:28:44 qui doivent découler de ce plan. Ce qui est intéressant, c'est qu'à travers cette
00:28:48 double prise de parole de nature technique pour la première ministre, c'est paradoxal,
00:28:53 et de nature plus politique pour le ministre de l'Éducation nationale, donc une forme
00:28:55 de complémentarité, on sent qu'il y a une volonté politique qui est très forte.
00:29:00 Or, on dit souvent que c'est l'absence de volonté politique qui fait que l'on parvient
00:29:04 ou pas à résoudre le problème de société, le problème de la vie quotidienne. Là, on
00:29:09 a le sentiment qu'il y a la volonté politique, qu'il y a un sursaut, qu'il y a une mobilisation
00:29:12 générale, qu'il y a des actes forts qui peuvent effectivement découler. Et les actes
00:29:17 forts, on a pu vérifier la véracité en amont de ce plan, puisque l'intervention
00:29:21 des forces de l'ordre, comme le disait Geoffroy dans une classe, ça a donné quand même
00:29:25 un coup de saumon, c'est une forme d'électrochoc. Et là, on se dit, c'est bon, on est mobilisé,
00:29:31 on est à pied d'œuvre, il y a un plan de formation, il y a une parole qui se libère,
00:29:34 il y a la détection, et puis surtout, il va y avoir de l'action, et on l'espère
00:29:37 à travers la prise de parole à venir du garde des Sceaux, des sanctions.
00:29:41 Allez, une petite pause, on se retrouve dans un instant dans Punchline, sur CNews, on
00:29:44 aura évoqué le harcèlement scolaire, on verra aussi où en sont les recherches pour
00:29:47 retrouver la jeune Lina, 15 ans, qui a disparu tout près de Strasbourg. A tout de suite.
00:29:51 Il est 17h30, passé de quelques minutes, quelques secondes en tout cas, tout de suite le rappel
00:29:56 des titres de l'actualité avec Simon Guilain.
00:29:58 L'animateur de radio Bruno Guillon a été séquestré la nuit dernière, quatre hommes
00:30:05 ont pénétré à l'intérieur de son domicile de T100 Cours sur Aubette, dans les Yvelines.
00:30:09 Un des quatre cambrioleurs l'a braqué à la tempe, sa femme a été ligotée. Une enquête
00:30:13 pour vol à main armée a été ouverte et confiée à la police judiciaire.
00:30:16 Emmanuel Macron, attendu ce soir en Corse pour une visite de deux jours, et sur place,
00:30:21 le chef de l'Etat pourrait faire des annonces sur une éventuelle autonomie de l'île.
00:30:25 Accompagné du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, cette visite commencera
00:30:28 par un dîner républicain avec des élus locaux à Ajaccio, avant un discours demain
00:30:32 matin à l'Assemblée de Corse.
00:30:34 Et puis l'ambassadeur de France au Niger, Sylvain Hité, est de retour à Paris. Les
00:30:38 militaires au pouvoir à Niamey réclamaient son départ depuis la fin du mois d'août
00:30:42 et à son arrivée en France, il a été reçu au Quai d'Orsay par Catherine Colonna.
00:30:46 Merci beaucoup Simon Guillain pour ce rappel des titres de l'actualité. On est toujours
00:30:51 avec Arem Zérébi, avec Rachel Khan, Geoffroy Lejeune, Yoann Uzay, Eric Revelle. C'est
00:30:55 vrai que là, quand on évoque tous ces drames, le harcèlement, ces personnes qui sont agressées,
00:31:02 ligotées chez elles, ça dresse un tableau de notre société qui est assez sombre.
00:31:05 Là, on va s'intéresser à la disparition, je vous le disais, de la jeune Lina, cette
00:31:09 adolescente de 15 ans qui est désespérément recherchée par sa famille et par les enquêteurs,
00:31:15 par les gendarmes. On va écouter la maman de Lina. Elle a à nouveau pris la parole
00:31:18 aujourd'hui pour dire à quel point elle se battait pour retrouver sa fille.
00:31:23 C'est très compliqué. Je ne vais pas bien, c'est une certitude. J'essaye de garder
00:31:32 le cap parce que c'est comme ça que je vais pouvoir aider Lina. Parce qu'elle a besoin
00:31:35 que moi je sois forte pour pouvoir l'aider elle. J'en suis là aujourd'hui. Je me bats.
00:31:41 Je ne lâcherai rien. Et ça, c'est une certitude jusqu'au bout.
00:31:46 Alors oui, je remercie tous les gens qui sont venus et qui ont été solidaires avec Lina
00:31:55 et moi. Tous ces gens qui ont été bienveillants, je les remercie. Ça fait chaud au cœur
00:32:04 de voir qu'il y a des tas de bonnes personnes. J'ai besoin de ma fille. J'ai besoin de
00:32:09 rien d'autre. Je veux ma fille. Comprenez ? Je veux mon enfant.
00:32:16 Voilà l'appel déchirant de la maman de Lina. Les mots nous manquent évidemment car elle
00:32:22 est devant cette douleur qui est insondable. Il faut absolument que la réponse à cette
00:32:27 question l'incinente qu'elle pose soit trouvée. Où est mon enfant ?
00:32:31 Ce sont des moments qui relèvent d'une horreur absolue pour une maman, pour un papa, pour
00:32:36 des parents. C'est insoutenable. La vie n'a plus de sens. Tout d'un coup, tout s'écroule.
00:32:43 En plus, vous n'en connaissez pas l'issue. Quand vous perdez un enfant, le deuil est
00:32:49 déjà très difficile et très compliqué. Mais là, vous ne savez pas si vous l'avez
00:32:52 perdu totalement, de quelle manière, si elle sera retrouvée ou pas.
00:32:57 Je veux dire, quand on est parent, c'est notre cas, mais même si on ne l'est pas,
00:33:03 je pense, on se dit quand même que c'est la pire des choses qui puissent arriver.
00:33:06 Absolument. Rachel Kahn ?
00:33:09 Oui, c'est effroyable. C'est vrai que lorsqu'il y a ce vide, cet inconnu, pour les parents,
00:33:16 pour une mère, forcément l'imagination peut aller dans des endroits les plus sombres
00:33:20 et les plus terribles. Après, l'aspect positif, c'est la mobilisation peut-être de ce village.
00:33:27 Effectivement, qu'elle souligne en quoi il reste encore cette fraternité, cette citoyenneté,
00:33:34 cette bienveillance, entre guillemets, de gens qui se sont mobilisés et qui peuvent
00:33:37 la soutenir. Je pense que l'ensemble des Français la soutiennent aujourd'hui. Mais
00:33:41 c'est vrai que ce vide vers l'inconnu est quelque chose d'effroyable.
00:33:44 Augustin Donatieux et Fabrice Elser, vous êtes nos envoyés spéciaux sur place. Bonsoir
00:33:48 à tous les deux. On vient d'entendre la maman de Lina. Évidemment, elle est dans
00:33:51 un état d'esprit désespéré, mais combattif. Elle a l'espoir de retrouver sa fille.
00:33:56 Elle a l'espoir, elle n'a eu de cesse lorsque l'on était avec elle ce matin, de répéter
00:34:03 qu'elle voulait la retrouver à tout prix. Alors, elle est très fatiguée. Pourquoi ? Parce
00:34:08 qu'elle est évidemment très sollicitée par les très nombreux journalistes sur place,
00:34:12 par les gendarmes qui viennent la voir tous les jours, plusieurs fois par jour. C'était
00:34:17 d'ailleurs le cas ce matin lorsqu'on a essayé de l'approcher, de lui parler vers
00:34:21 10 heures du matin. Elle était disponible et les gendarmes sont arrivés. Ils ont procédé
00:34:25 à une fouille minutieuse du jardin, du garage, des éléments qui étaient dans un cagibi
00:34:31 juste à côté. Ils ont également probablement, puisque nous n'étions pas à l'intérieur,
00:34:35 mais fouillé la maison puisqu'ils avaient des gants, ils avaient des surchaussures,
00:34:38 ils sont ressortis avec des objets. Donc, les enquêteurs travaillent d'arrache-pied
00:34:42 pour tenter de résoudre cet énigme, ce mystère. Cette mère de famille, elle est donc, comme
00:34:46 je vous le disais, très fatiguée, bouleversée. Et elle remerciait encore à notre micro ces
00:34:51 très nombreux volontaires qui se sont mobilisés hier lors de la deuxième battue, avant-hier
00:34:55 lors de la première battue. Hier, 380 personnes qui ont prêté main forte aux autorités.
00:35:00 Et elle les remerciait pour cet élan de générosité, de solidarité qui la portait, mais toujours
00:35:06 avec cette tristesse et ce cauchemar éveillé qu'elle vit de ne pas pouvoir retrouver sa
00:35:11 fille et de la serrer dans ses bras. C'est ce qu'elle nous a dit ce matin, effectivement.
00:35:15 Bien sûr, Augustin. Il y a aussi les recherches qui se poursuivent. Deux étangs ont été
00:35:20 sondés dans l'après-midi, c'est bien cela ? Oui, tout à fait. La compagnie fluviale
00:35:27 de Strasbourg qui est arrivée juste derrière moi aux alentours de 14h15 et qui très rapidement
00:35:32 s'est attelée au sondage de 7 étangs, les temps de breu à quelques centaines de mètres
00:35:37 de la gare où devait se rendre l'INA samedi dernier. Cette équipe de la compagnie fluviale
00:35:43 de Strasbourg est composée de 10 personnels, dont 7 plongeurs qui se sont rapidement équipés
00:35:48 et qui depuis 14h30, figurez-vous, sondent sans relâche 7 étangs à la recherche du
00:35:54 moindre indice. Cela peut être évidemment un bout de tissu, un téléphone portable,
00:35:58 une paire de chaussures, bref tout ce qui pourrait mettre les enquêteurs sur la trace
00:36:04 de l'INA dont on est sans nouvelles depuis maintenant samedi 11h20, heure à laquelle
00:36:09 son téléphone a cessé d'émettre. Pour l'heure, aucune piste n'est écartée puisque la procureure
00:36:16 de la République de Saverne qui a tenu une conférence de presse hier l'a bien dit. Toutes
00:36:20 les pistes sont envisagées même si il est vrai l'hypothèse de la fugue de l'INA est
00:36:27 une issue qui semble s'éloigner et la maire de l'INA nous l'a dit ce matin, c'était
00:36:31 une jeune fille joyeuse, heureuse dans sa vie personnelle, familiale, amoureuse avec
00:36:36 son petit copain et à la fois professionnelle où elle travaille en tant que stagiaire dans
00:36:40 un petit commerce de proximité, non loin d'ici, tout près de l'étang. D'ailleurs on a pu
00:36:45 rencontrer sa gérante ce matin qui nous a effectivement confirmé qu'elle était très
00:36:48 heureuse de venir au travail. Sa collègue également nous a dit qu'elle était très
00:36:51 bien intégrée et sa collègue qui l'a revue le vendredi soir à 19h et qui le lendemain
00:36:57 du coup l'INA a disparu. Voilà c'est vraiment le mystère ici qui plane sur cette petite
00:37:02 commune un petit peu loin de tout il faut bien le reconnaître, une commune bouleversée
00:37:05 par ces événements aussi bien par la présence nombreuse des journalistes, des volontaires,
00:37:10 des autorités. Chacun garde espoir même si certains sont plus pessimistes que d'autres.
00:37:16 Nous sommes actuellement sur la route où l'INA a disparu et cette route évidemment
00:37:21 tout le monde en l'empruntant pense à cette jeune fille de 15 ans qui pour l'heure n'a
00:37:24 toujours pas donné de nouvelles. Merci beaucoup pour ces précisions. Augustin Donadieu et
00:37:28 Fabrice Elsner sur place. Terrible situation Eric Reuvel, on va attendre évidemment que
00:37:32 l'enquête soit poursuivie et que les recherches avancent. On espère juste que ce ne sera pas
00:37:37 le même cas de figure que le petit Émile qui a disparu lui dans l'eau vermelle il
00:37:40 n'y a plus de doute. Oui, oui, non, tout ça est terrifiant. Non mais je voulais juste
00:37:42 revenir sur les propos de la maman. Bien sûr. J'ai cette formule en tête donc je
00:37:45 voulais vous la livrer. Le désespoir de cette maman soutient son espérance en même temps.
00:37:50 C'est ça qui est incroyable quand on l'entend. C'est-à-dire qu'elle est désespérée
00:37:53 mais en même temps elle espère et ça, ça force quand même l'admiration parce que
00:37:57 quand vous êtes dans une attente pareille, son désespoir soutient son espérance. Espérons
00:38:02 encore une fois qu'on retrouve sa fille saine et sauve. Voilà pour ce qu'on pouvait
00:38:06 dire de cette disparition. On a évoqué le harcèlement scolaire il y a quelques instants.
00:38:10 On écoutera peut-être encore un petit extrait de la conférence de presse dans un instant.
00:38:15 Il y a un autre sujet qui est important je trouve et qui concerne les jeunes, c'est
00:38:18 la nouvelle campagne de prévention contre la consommation d'alcool qui a été lancée
00:38:22 hier par le ministère de la Santé, par Santé Publique France. Honnêtement, je ne sais
00:38:25 pas ce que vous en pensez. Vous allez vous faire votre avis, chers invités et les spectateurs.
00:38:29 On a plus le sentiment que c'est une incitation à boire peu qu'à ne pas boire du tout.
00:38:35 Ecoutez et regardez ce sujet Yael Benhamou et vous me direz ce que vous en pensez.
00:38:39 C'est une soirée banale en tramway. L'un des jeunes verse trop de sauce tomate dans
00:38:44 ses spaghettis. Il échange son assiette à l'insu de son voisin. Quelques secondes
00:38:48 humoristiques pour passer un message de prévention. Penser à manger avant de boire de l'alcool,
00:38:53 c'est la base. La cible de Santé Publique France, les jeunes de 17 à 25 ans. Cette
00:38:59 campagne leur prodigue des conseils pour lutter contre la consommation excessive d'alcool.
00:39:03 Des médecins dénoncent cette nouvelle approche qui selon eux banalise la consommation d'alcool.
00:39:08 Mais pour la dictologue William Lowenstein, cette méthode est la bonne.
00:39:12 Je trouve ça extraordinairement pragmatique parce que c'est la première campagne qui
00:39:18 nous permet de comprendre la réduction des risques y compris sur l'alcool depuis que
00:39:23 les campagnes existent. Bien sûr que l'idéal c'est une société sans drogue. Manque de
00:39:27 chance ça n'existe pas. Les risques pour la santé ne sont pas évoqués. Mais pour
00:39:32 William Lowenstein, le message serait moins percutant pour cette génération.
00:39:35 Fumer tu ou boire trop d'alcool va vous tuer ou va compliquer votre vie professionnelle.
00:39:43 Attention 15% d'entre vous vont devenir dépendants. A l'adolescence on n'écoute pas ce type
00:39:49 de message parce qu'on est immortel. En 2022, 81% des jeunes de 17 ans ont déjà
00:39:55 expérimenté l'alcool. Les jeunes sont plus susceptibles de consommer avec excès ces
00:40:00 substances psychoactives.
00:40:03 Je suis très intéressée de savoir ce que vous en pensez. Oui, non, oui, ça vous va
00:40:07 cette campagne ? Rapidement ?
00:40:08 Je vais vous dire pourquoi.
00:40:09 On vous dit juste manger un peu avant comme ça ça passe crème.
00:40:13 Non, non, non, mais je vais pas arrêter ce slogan. Je vais vous dire, d'abord le dernier
00:40:18 chiffre qui est donné, 81% des jeunes de 17 ans ont déjà eu l'alcool. Mais non,
00:40:23 la jeunesse si vous la prenez à bras accourcis, si vous lui dites j'interdis, il faut interdire
00:40:28 parce que ça fonctionne pas, ça fait très longtemps que ça marche pas. Donc en fait
00:40:31 là c'est une façon à mon avis de parler "jeune" avec des messages jeunes qu'ils
00:40:38 peuvent comprendre. On dit pas que l'alcool c'est merveilleux.
00:40:40 On dit boire de l'eau avec l'alcool c'est de la merde, on vous dit pas de ne pas buver.
00:40:44 Si vous dites je vous interdis la réaction d'une jeunesse...
00:40:47 Alors on va leur dire fumez un petit peu mais pas trop.
00:40:49 Non, non, non, non, mais je partage tout à fait l'avis de Dr. Loewenstein.
00:40:52 Jean Croix, vous aurez tout sa parole.
00:40:53 Moi je suis comme vous Laurence, moi il n'y a aucun des messages qui me dérangent évidemment.
00:40:56 C'est le premier où ils disent manger avant de boire de l'alcool, c'est vraiment accepter
00:41:00 l'idée qu'en fait on ne peut rien faire contre le fait que les jeunes fassent ce qu'on appelle
00:41:03 du binge drinking, c'est-à-dire boire beaucoup trop dans des proportions hallucinantes.
00:41:06 Et à jeun évidemment. Je trouve que ça fait un peu abandon.
00:41:09 Ensuite moi j'ai un bémol sur la chose. Je me souviens que moi à l'époque où j'étais
00:41:14 la cible de ce genre de campagne, on inventait le capitaine de soirée.
00:41:17 Vous dites que vous êtes un peu plus vieux là, c'est ce que vous nous dites Jean Croix.
00:41:19 Pas du tout Laurence, comme vous êtes susceptible.
00:41:22 Non, vous êtes plus jeune. Moi je suis carnellement jeune mon ami.
00:41:26 Moi j'ai 15 ans de plus qu'eux. Et donc je crois qu'il y a 15 ans c'était l'invention du capitaine de soirée.
00:41:31 Et c'était le slogan...
00:41:32 "Un verre ça va, trois verres bonjour les dégâts".
00:41:36 Et voilà.
00:41:38 Je témoigne de cette époque en disant que ça nous faisait marrer, ça ne nous touchait absolument pas.
00:41:42 Et moi je pense que pour le coup, la jeunesse ne fonctionne que par la peur.
00:41:48 C'est-à-dire qu'en gros vous allez sensibiliser évidemment une petite partie des gens et c'est très bien,
00:41:52 il y a des gens raisonnables qui vont se laisser convaincre par le discours etc.
00:41:55 Je pense que l'immense majorité malheureusement pas parce que comme le disait le docteur,
00:41:57 ils se sentent invulnérables.
00:41:59 Immortels il a dit, totalement ça.
00:42:02 Immortels. En revanche, la perspective de la sanction, si par exemple on prend le volant,
00:42:05 moi je considère que ça c'est quelque chose vraiment pour le coup,
00:42:08 je me souviens très bien de mes copains qui partaient en boîte de nuit,
00:42:10 qui s'obligeaient à ne pas boire parce qu'ils avaient peur de perdre le permis qu'ils venaient d'avoir.
00:42:13 Et là pour le coup ça fonctionnait beaucoup plus.
00:42:14 Donc c'est la sanction.
00:42:15 Johan, vous êtes le seul jeune de ce plateau.
00:42:17 Oui.
00:42:19 Encore un peu.
00:42:20 Non Rachel pardon.
00:42:21 Je vous mets dans les jeunes.
00:42:23 J'ai failli mal le dire.
00:42:25 On voit bien que certaines campagnes de prévention "classiques"
00:42:29 ne fonctionnent pas auprès d'une certaine population, notamment auprès des jeunes.
00:42:33 À cet âge-là, quand on vous dit "ne buvez pas, c'est pas bon pour la santé",
00:42:37 votre santé ce n'est pas une préoccupation.
00:42:39 Vous êtes jeune, vous avez le sentiment que vous ne serez jamais malade,
00:42:41 que vous avez toute la vie devant vous.
00:42:43 Donc accompagner ces jeunes et leur dire de quelle manière
00:42:46 est-ce qu'il faut boire et consommer de l'alcool,
00:42:48 je trouve qu'effectivement c'est une bonne approche.
00:42:50 Donc il faut boire autant d'alcool et avoir l'estomac plein.
00:42:53 Oui, bien sûr.
00:42:54 Il y a eu Guy les bons tuyaux.
00:42:55 Mais c'est la même chose pour la drogue, pardon.
00:42:58 Mais vous savez que...
00:42:59 La drogue c'est...
00:43:00 On ne peut pas donner de conseils du consommation.
00:43:02 Mais ça existe, Laurence.
00:43:04 Vous savez que dans de plus en plus de soirées,
00:43:05 maintenant, on distribue à l'entrée de certaines boîtes de nuit
00:43:09 des petits dépliants pour expliquer comment consommer de la drogue.
00:43:12 Parce qu'on sait très bien que les jeunes, quoi que vous puissiez leur dire,
00:43:15 en consommeront.
00:43:16 Donc maintenant, il y a des guides pour expliquer.
00:43:18 C'est-à-dire on vous dit, je ne sais pas,
00:43:20 la cocaïne ça fait tel effet et ce n'est pas bon.
00:43:22 On vous dit effectivement ça fait tel effet.
00:43:24 Mais si vous dépassez telle quantité,
00:43:28 eh bien voilà quel est le risque immédiat pour votre santé.
00:43:31 Vous risquez effectivement de faire un arrêt cardiaque.
00:43:33 Donc ne consommez pas plus de telle quantité par soirée ou par heure, etc.
00:43:37 Ça, c'est quelque chose qui existe de plus en plus
00:43:39 parce que les spécialistes de la santé se sont rendus compte
00:43:42 qu'effectivement, il fallait accompagner les jeunes
00:43:45 qui de toute façon consommeront.
00:43:47 - Non mais c'est vrai, sur l'accompagnement, je suis plus...
00:43:50 Enfin, je suis d'accord avec vous.
00:43:52 Après, tout dépend du cahier des charges de cette campagne.
00:43:55 Est-ce que la campagne, c'était vraiment sur les dangers de l'alcool
00:43:58 ou est-ce que c'était l'accompagnement ?
00:44:00 Après, ce que ça montre, parce que là, il y a un langage un peu jeune,
00:44:04 c'est la base, c'est une manière de parler sur la forme,
00:44:08 qui montre aussi en creux en quoi les institutions
00:44:12 sont en décalage par rapport à la jeunesse.
00:44:15 Là, il y a quand même un gap et ça fait un peu ringard.
00:44:18 - Un petit gap, comme vous dites.
00:44:20 Karim ?
00:44:21 - Moi, je n'arrive pas à m'y retrouver, en fait.
00:44:23 Non, je n'arrive pas à m'y retrouver parce que je suis plus royaliste
00:44:26 que le roi, je pense qu'on pouvait faire passer les deux messages.
00:44:29 La base, ce n'est pas de boire de l'eau ou de manger,
00:44:31 c'est de ne pas boire. C'est ça, la base.
00:44:33 Ensuite, pour ceux qui boivent, on aurait pu effectivement
00:44:35 faire passer les messages suivants, disant
00:44:37 "Si vous décidez de boire, il est préférable de..."
00:44:39 Mais la base, c'est de ne pas boire.
00:44:41 Or, on a oublié la base.
00:44:43 On a intégré que la norme, c'était de boire.
00:44:46 Et moi, cette norme-là, j'ai du mal à l'intégrer.
00:44:48 Parce qu'il y a énormément de jeunes qui ne boivent pas.
00:44:50 Ça veut dire que cette campagne ne leur est pas destinée du tout.
00:44:53 Or, je pense que si on parle à la jeunesse,
00:44:55 on parle à la jeunesse dans son intégralité.
00:44:57 Et le message, aujourd'hui, il est d'entériner le fait
00:45:00 qu'on peut se droguer, qu'on peut boire.
00:45:02 Et par rapport à ce que disait tout à l'heure Yohan,
00:45:06 il y a une forme d'hypocrisie.
00:45:08 Légalisons la drogue, alors.
00:45:09 Parce qu'on leur dit comment consommer.
00:45:11 Mais si ça existe.
00:45:13 Mais puisqu'on va jusqu'à leur dire comment il faut la consommer.
00:45:16 Légalisons la drogue, alors arrêtons cette hypocrisie.
00:45:18 Soit c'est interdit, soit ça ne l'est pas.
00:45:20 - Si je peux me permettre, et je vais rajouter,
00:45:22 dans la défense de ce spot, je trouve très très habile, en réalité.
00:45:25 Parce que Geoffroy a dit un truc très important tout à l'heure.
00:45:27 Le binge drinking chez les jeunes, c'est un fléau total.
00:45:29 - On explique.
00:45:30 - C'est le fait de boire, par exemple, une bouteille de vodka.
00:45:32 - On a de quoi mourir, là.
00:45:34 - Alors justement, les combats épiques après le binge drinking,
00:45:37 ils sont très connus chez les jeunes.
00:45:39 Le fait de dire, l'air de rien, "mangez avant de boire",
00:45:42 c'est une façon détournée de dire
00:45:45 ce que vous faites en buvant à jeun
00:45:48 est terrible et peut entraîner la mort.
00:45:51 Et je trouve ça très habile.
00:45:52 Si vous aviez dit simplement, le binge drinking, vous allez mourir,
00:45:55 il y a ceux qui sont les tue-la-mort,
00:45:57 il y a ceux qui pensent, parmi notre jeunesse, qu'ils sont immortels,
00:45:59 et ils n'auraient pas tenu compte.
00:46:00 Le fait de dire ça, c'est une façon, à mon sens,
00:46:03 c'est une façon assez habile d'essayer de toucher cette jeunesse
00:46:07 qui malheureusement s'adonne à ce genre de trucs.
00:46:09 - On prend les paquets de tabac.
00:46:11 Il y a des images abominables sur chaque paquet de tabac,
00:46:13 des langues avec des cancers, etc.
00:46:15 Pourquoi on ne fait pas ça sans les bouteilles d'alcool alors ?
00:46:18 Ah bah non ? Le lobby a dit non, c'est ça ?
00:46:21 - C'est clair, vous avez raison.
00:46:23 - Si c'est un problème de santé publique...
00:46:25 - Ça va peut-être à l'encontre de ce que j'ai dit,
00:46:27 mais c'est vrai que ça n'a pas fait baisser la consommation de cigarettes.
00:46:30 Donc on a 15 millions de fumeurs dans le pays.
00:46:32 - C'est le prix qui a fait baisser la consommation de...
00:46:33 - Oui, non, non, mais même le prix, même le prix, non, non.
00:46:35 - La consommation baisse un peu.
00:46:37 - Et ceux qui fument le plus sont les groupes sociaux les plus défavorisés.
00:46:40 C'est prouvé.
00:46:41 Donc le prix, c'est ceux qui ont le plus de moyens qui fument le moins.
00:46:44 Donc c'est un désastre.
00:46:46 En fait, notre campagne contre la cigarette, c'est un échec total.
00:46:49 - Mais moi je comprends la comparaison cigarette-alcool.
00:46:52 Après, il faut me rappeler aussi,
00:46:54 la cigarette entraîne une accoutumance quasi systématique.
00:46:56 Au bout d'un moment, vous êtes dépendant
00:46:57 et c'est très compliqué d'arrêter de fumer.
00:46:59 - Vous en savez quelque chose ?
00:47:01 - J'en sais quelque chose.
00:47:02 C'est moins que de la drogue, mais ça reste quand même une drogue.
00:47:04 L'alcool, il est possible d'en consommer.
00:47:05 Il y a énormément de gens aussi, énormément de Français
00:47:07 qui en consomment de manière absolument modérée,
00:47:09 une fois par semaine, un verre ou deux.
00:47:11 On n'est pas automatiquement dans une dépendance dramatique
00:47:14 et qui entraîne des accidents de la route, etc.
00:47:16 Je parle juste pour l'étiquetage,
00:47:18 pour la manière de criminaliser la chose.
00:47:20 L'alcool, c'est possible de...
00:47:21 - D'aller à une bouteille de Bordeaux,
00:47:23 ça vous ferait bizarre de voir un message...
00:47:25 - Non, et en plus, vous avez raison de le souligner,
00:47:27 c'est quand même du patrimoine français,
00:47:29 quelque chose qu'on exporte,
00:47:30 quelque chose qui fait partie de la carte postale française.
00:47:32 - Ça, c'est typiquement français.
00:47:33 - C'est pareil pour la cigarette,
00:47:34 si tu fumes une cigarette par jour.
00:47:35 Pour moi, c'est pas le même phénomène que si tu fumes un paquet.
00:47:38 - La cigarette est moins défendable en tant que patrimoine français
00:47:40 que la bouteille de Bordeaux.
00:47:41 - Oui, c'est sûr qu'il n'y a pas beaucoup de production française.
00:47:43 - Le fond, c'est en fait une éducation.
00:47:46 C'est un problème d'éducation,
00:47:48 ce n'est pas un problème de campagne.
00:47:49 - C'est terrible.
00:47:50 Parce qu'on va enfin enseigner l'empathie à nos enfants à l'école.
00:47:52 Désormais, contre le harcèlement scolaire,
00:47:54 on va leur apprendre à ne pas trop se droguer,
00:47:56 à ne pas trop boire,
00:47:57 à ne pas être relé trop sur Internet pour voir du porno.
00:47:59 Mais quel monde on laisse à nos enfants.
00:48:01 Quel monde on les élève.
00:48:02 En tout cas, c'est effrayant.
00:48:03 - Vous avez raison, on en vient à dire que c'est l'excès qui pose problème.
00:48:07 Et pas tant la consommation en tant que telle.
00:48:09 C'est ça qu'on est en train d'intérimer dans la société.
00:48:12 - Ces campagnes de pub,
00:48:13 elles sont faites pour sauver des vies en réalité.
00:48:15 C'est-à-dire qu'il y a une grosse différence
00:48:17 entre la cigarette et l'alcool et la drogue.
00:48:19 C'est-à-dire que l'alcool et la drogue,
00:48:21 consommées en très grande quantité en un temps donné très restreint,
00:48:24 peut entraîner une mort imminente.
00:48:25 Ce qui n'est pas le cas avec la cigarette.
00:48:27 C'est pour ça qu'il y a des campagnes de prévention extrêmement ciblées
00:48:30 auprès d'un public dont on sait que quoi qu'il arrive,
00:48:32 il ne renoncera pas à boire en grande quantité en peu de temps
00:48:36 ou à consommer beaucoup de drogue en peu de temps.
00:48:38 Là, il y a un risque de mort imminente.
00:48:40 Donc, il est heureux, me semble-t-il, d'accompagner ce public-là
00:48:43 en leur disant "consommez plutôt de cette manière-là"
00:48:46 afin d'éviter d'avoir des graves problèmes
00:48:48 dans les heures qui suivent la consommation.
00:48:50 - La base, c'est de ne pas boire.
00:48:51 - Absolument.
00:48:52 - Pas de conduite à risque.
00:48:54 - Mais c'est pas le but.
00:48:55 - Un dernier mot pour vous, Rachel Kane.
00:48:57 Vous vouliez nous parler de l'ONU qui a réagi à l'interdiction
00:49:02 pour les attelles françaises de porter le hijab au JO de 2024.
00:49:05 L'ONU a estimé que dans la laïcité,
00:49:07 personne ne devait imposer à une femme ce qu'elle doit porter ou non.
00:49:10 On a peu de temps, mais j'avais envie de vous donner la parole sur ce sujet.
00:49:12 - Oui, donc c'est la haut-commissaire des Nations Unies au droit de l'homme.
00:49:16 Et je trouve vraiment que cette position m'interpelle énormément,
00:49:21 surtout à l'aube de 2024 et des JO qui se dérouleront en France.
00:49:26 Déjà parce que la mission de l'ONU, c'est de bâtir la paix
00:49:30 et qu'on aurait bien aimé avoir le positionnement de cette dame
00:49:32 sur des athlètes iraniennes, notamment.
00:49:35 Et puis on sent bien là le travail de lobby qui se passe au niveau de l'ONU,
00:49:41 au niveau des instances aussi européennes,
00:49:44 qui vont complètement à l'inverse de nos fondamentaux,
00:49:47 et notamment des fondamentaux que sont le sport
00:49:50 et notamment de la charte olympique écrite par Pierre de Coubertin,
00:49:54 où le sport est une liberté, une émancipation, un droit de l'homme même.
00:49:58 Le fondement de cette prise de position, c'est la non-discrimination,
00:50:04 par rapport à une culture.
00:50:06 Donc elle écarte le côté cultuel pour en faire du voile un côté culturel.
00:50:11 Sauf que dans notre culture, nous ne sommes pas un peuple ethnique,
00:50:15 nous ne sommes pas un peuple religieux, nous ne sommes pas un peuple racial,
00:50:18 nous avons la culture, un principe fondamental qui est la laïcité,
00:50:22 avec l'émancipation des femmes, et dans notre culture,
00:50:26 les femmes et l'ensemble des athlètes doivent porter le maillot tricolore.
00:50:31 Voilà, c'était ma réponse à cette question.
00:50:34 Et c'est tout, parce que la république est une, et donc on a un maillot.
00:50:39 Et donc c'est les droits de l'homme et de la femme qu'il faut respecter.
00:50:42 On est tous d'accord sur cette question, je pense,
00:50:44 à propos de ce qu'a dit cette dame de l'ONU.
00:50:47 Allez, on fait une petite pause, on se retrouve dans un instant
00:50:49 dans Punchline, sur CNews et sur Europe 1.
00:50:51 On reviendra sur ce plan contre le harcèlement scolaire
00:50:53 qui a été annoncé par Elisabeth Borne et Gabriel Attal,
00:50:56 avec notamment ces cours d'empathie qui seront désormais au programme
00:50:59 de nos enfants dans les collèges et les lycées.
00:51:01 A tout de suite dans Punchline.
00:51:03 Bonsoir à tous et bonsoir à toutes, bienvenue dans Punchline,
00:51:06 ce soir sur CNews et sur Europe 1.
00:51:08 La mobilisation générale contre le harcèlement scolaire,
00:51:11 cette fois-ci, ça suffit, cela doit s'arrêter,
00:51:14 a scandé Gabriel Attal, accompagné d'Elisabeth Borne,
00:51:16 le ministre de l'Education nationale, annonce que des cours d'empathie
00:51:20 seront désormais au programme des élèves à partir du collège.
00:51:24 Des cours d'empathie, des cours de tolérance.
00:51:27 Imaginez-vous ce que cela veut dire pour notre pays,
00:51:29 que l'on doit enseigner comment se mettre à la place de l'autre,
00:51:32 comment comprendre ses sentiments, comment imaginer sa peine ou sa douleur.
00:51:37 Sommes-nous arrivés à ce point d'inhumanité ou de décivilisation
00:51:41 pour que l'on doive inscrire cela dans nos programmes scolaires,
00:51:45 à côté des maths, des français ou de l'histoire,
00:51:48 ce que cela révèle de notre société, de nos défaillances
00:51:51 en tant que parents, adultes, citoyens et lourdes conséquences.
00:51:54 Une société sans empathie, où les écrans des téléphones portables
00:51:57 ont remplacé l'affection, l'écoute et le respect.
00:52:00 Espérons que cette France-là n'a pas disparu complètement,
00:52:03 celle de la solidarité et de la bienveillance,
00:52:06 qui sont, je l'espère encore, des valeurs de notre République.
00:52:09 On va en débattre, ce soir dans Punchline sur CNews et sur Europe.
00:52:13 (Générique)
00:52:16 ---
00:52:22 - Il est pile 18h, bienvenue sur Europe 1 et sur CNews.
00:52:28 D'abord, le rappel des titres de l'actualité.
00:52:31 Toujours aucune trace de Lina, disparue samedi dans le Barin.
00:52:34 Cette après-midi, une équipe de plongeurs de Strasbourg
00:52:37 a commencé à sonder deux étangs dans le secteur
00:52:40 où les plongeurs ont d'abord quadrillé les tendues breu,
00:52:43 au bord duquel passe une piste cyclable
00:52:46 que Lina aurait dû emprunter samedi entre sa maison et la gare.
00:52:49 L'animateur de radio Bruno Guillon a été séquestré la nuit dernière.
00:52:52 Quatre hommes ont pénétré à l'intérieur de son domicile
00:52:55 de Tessancourt-sur-Aubette, dans les Yvelines.
00:52:58 Un des quatre cambrioleurs l'a braqué à la tente.
00:53:01 Sa femme a été ligotée.
00:53:04 Une enquête pour vol à main-arme a été ouverte
00:53:07 par la police judiciaire.
00:53:10 La secrétaire d'Etat à la Citoyenneté a présenté sa démission aujourd'hui
00:53:13 après avoir été vaincue aux élections sénatoriales en Nouvelle-Calédonie.
00:53:16 C'était dimanche. C'était la seule membre du gouvernement
00:53:19 en lice au sénatorial. Elle a été battue par un candidat indépendantiste,
00:53:22 Robert Gzoui.
00:53:25 Enfin, la collection d'Olivier Rousteing, pour Balmain, dévoilée ce soir à Paris,
00:53:28 une dizaine de jours après le vol de 50 pièces de cette même collection.
00:53:31 Le monde de la mode a retenu son souple
00:53:34 et on a l'impression que l'équipe a travaillé jour et nuit
00:53:37 pour que le défilé puisse se tenir ce soir.
00:53:40 C'est ce qu'a confié le créateur Olivier Rousteing.
00:53:43 Voilà pour les grands titres de l'actualité.
00:53:46 On se retrouve sur CNews et sur Europe 1.
00:53:49 Il est 18h01 et une poignée de secondes avec Rachel Khan.
00:53:52 Bonsoir Rachel. Vous êtes essayiste avec Geoffroy Lejeune,
00:53:55 directeur de la rédaction de JDD. Bonsoir Geoffroy.
00:53:58 Karim Zerebi, ancien député européen. Bonsoir Karim.
00:54:01 On va revenir sur ces annonces concernant le harcèlement scolaire.
00:54:04 Un plan national de lutte contre le harcèlement a été annoncé par Gabriel Attal,
00:54:08 avec évidemment Elisabeth Borne.
00:54:11 Un certain nombre de mesures à la clé,
00:54:14 avec des brigades dédiées dans les académies,
00:54:17 avec des équipes sur le terrain.
00:54:20 Il faut savoir que deux élèves par classe au collège sont touchés par le harcèlement.
00:54:23 On va peut-être écouter, si vous le voulez bien,
00:54:26 Gabriel Attal sur le témoignage de la libération de la France.
00:54:29 Un témoignage de la libération de la parole des jeunes harcelés.
00:54:32 Nous assistons ces derniers jours et ces dernières semaines
00:54:38 à un tsunami de témoignages.
00:54:41 Les témoignages de harcèlement, les alertes venant du terrain
00:54:44 dans les établissements scolaires au 30... 18, au 30-20,
00:54:47 ont été multipliés par trois ces dernières semaines
00:54:50 par rapport à ce que nous connaissions en septembre de l'année 2022.
00:54:53 C'est dire combien la parole se libère
00:54:56 et je lance un appel à tous les jeunes, à tous leurs parents,
00:54:59 à tous leurs professeurs. Continuez à parler.
00:55:02 Appelez, écrivez. Car parler, c'est déjà résister.
00:55:05 L'outil essentiel que nous allons mobiliser,
00:55:08 la Première ministre l'a indiqué,
00:55:11 c'est le travail avec les élèves dès les petites classes.
00:55:14 Les cours d'empathie, les cours de respect de l'autre,
00:55:17 d'apprentissage du respect de soi et des autres,
00:55:20 les compétences psychosociales.
00:55:23 Nous avons déjà dans le cursus scolaire des cours d'empathie
00:55:26 sur le modèle de ce qui existe dans d'autres pays,
00:55:29 notamment au Danemark où je me suis rendu.
00:55:32 Ces compétences feront désormais partie officiellement
00:55:35 des savoirs fondamentaux de l'école.
00:55:38 Et nos professeurs des écoles le savent.
00:55:41 C'est un enjeu absolument essentiel. Ils le font déjà s'agissant
00:55:44 de la socialisation, de la découverte et de la gestion des émotions
00:55:47 qui s'apprend dès les plus petites classes.
00:55:50 - Pourquoi pas ? Il faut en passer par des cours d'empathie.
00:55:53 Mais ce que ça signifie pour notre société,
00:55:56 je trouve vertigineux. Est-ce que vous partagez ce sentiment ?
00:55:59 - Oui, absolument. Après, j'ai bien aimé les propos de Gabriel Attal
00:56:03 lorsqu'il parle de tsunami parce qu'en fait, il file la métaphore
00:56:06 sur le pas de vague, par ce flot de témoignages
00:56:09 qui sont éperduments importants pour mettre en place les choses.
00:56:12 Après, je suis juste un petit peu dérangée par le mot "empathie"
00:56:15 parce qu'en réalité, c'est apprendre la citoyenneté.
00:56:18 On oublie trop souvent le mot "fraternité".
00:56:21 Ce sont des cours de fraternité. Non seulement on doit voir l'autre
00:56:24 comme se mettre à la place de l'autre,
00:56:27 mais en plus, on est cette grande famille,
00:56:30 le peuple français, et donc on doit être un.
00:56:33 Donc en fait, revenir à l'éducation de cette famille républicaine.
00:56:36 - Mais ça veut dire aujourd'hui, je ne sais pas qui veut prendre la parole,
00:56:39 que nos enfants ne se mettent pas à la place des autres ?
00:56:42 Ce sont des individualistes forcenés ? On ne pense qu'à soi-même,
00:56:45 même quand on a 10 ans, 12 ans ?
00:56:48 - Les enfants ont toujours été, quelles que soient les générations,
00:56:51 quand même cruels entre eux. Si vous vous rappelez, ma chère Laurence,
00:56:54 je me souviens de mes cours de récréation,
00:56:57 ce n'était pas d'une docilité parfois...
00:57:00 - C'était la gare des moutons ? - Non, non, non, pas si loin.
00:57:03 Mais voilà, bon, c'était parfois un peu frictionnel.
00:57:06 Non, ce qui est essentiel, c'est que ça soit devenu une cause nationale
00:57:09 et qu'il y ait ce plan interministériel qui soit mis en place.
00:57:12 Parce que je pense que le harcèlement va crescendo
00:57:15 avec l'ensauvagement de la société, en fait. Les deux sont liés.
00:57:18 Moins il y a de citoyenneté chez les adultes,
00:57:21 chez des casseurs, chez des voyous, chez les racailles,
00:57:24 plus, finalement, cette violence, vous la retrouvez aussi
00:57:27 dans le berceau de l'éducation qu'est l'école.
00:57:30 Bon, maintenant, ce qui m'a fait un peu rire, je vous le dis franchement,
00:57:33 si on peut rire, c'est que la présentation qu'en a faite Elisabeth Borne
00:57:36 avec ce plan interministériel, très bien maillé, etc.,
00:57:39 c'est comme si l'État découvrait, alors que dans l'entreprise,
00:57:42 ça existe depuis tellement longtemps, qu'il ne faut pas travailler
00:57:45 en silo, mais de manière horizontale, vous voyez ?
00:57:48 C'est-à-dire faire travailler tous les ministères interrogés entre eux.
00:57:51 Bon, c'est une révélation importante. Maintenant, on est d'accord,
00:57:54 c'est important, ce qui vient de se passer, mais ce qui compte,
00:57:57 ce sont les faits et les actions concrètes.
00:58:00 Combien de jeunes seront moins harcelés ? Combien les harceleurs seront-ils punis ?
00:58:03 À quel moment ? Voilà, on veut voir maintenant ça sur le terrain.
00:58:06 Il y aura des choses concrètes, Geoffroy Lejeune, confiscation du téléphone portable,
00:58:09 interdiction de réseaux sociaux, bon, c'est pareil,
00:58:12 ce sont des mesures qui peuvent être contournées, évidemment, si on le veut,
00:58:15 mais ça va dans le bon sens pour vous ou pas ?
00:58:18 Oui, rien, en tout cas, il n'y a rien qui va dans le mauvais sens.
00:58:21 Ça me fait penser, vous savez, quand François Hollande, on se moquait beaucoup de lui à l'époque,
00:58:24 disait qu'il avait une boîte à outils pour résoudre le chômage.
00:58:27 Là, c'est un peu une boîte à outils, ce sont des petits outils, je ne dis pas
00:58:30 qu'il y en a un qui sera déterminant, je ne dis pas que même tous ensemble
00:58:33 ça va changer dans l'approche sur le sujet, et notamment, d'ailleurs,
00:58:36 moi je suis d'accord avec Eric, je pense qu'il y a de la cruauté entre les enfants de tout temps,
00:58:39 je pense que la différence peut-être avec la société d'aujourd'hui, c'est l'outil numérique,
00:58:42 c'est la possibilité de continuer le harcèlement le soir par les téléphones, etc.
00:58:45 Mais globalement, le moyen d'agir le plus facilement possible
00:58:48 et de contenir cette violence entre les enfants,
00:58:51 c'est les adultes, c'est le personnel éducatif,
00:58:54 et dans les dernières semaines, on en parle assez peu, ils en ont peu parlé dans la conférence de presse,
00:58:57 mais ce qui a pêché, c'est ça, en réalité, c'est-à-dire que dans le cas,
00:59:00 je reprends les exemples que vous avez cités tout à l'heure, l'INSEE, Nicolas,
00:59:03 les adultes étaient au courant, les parents essayaient, les parents écrivaient,
00:59:06 les parents allaient voir les professeurs, les parents essayaient d'alerter pour dire qu'il y avait un énorme problème,
00:59:09 et c'est l'éducation nationale qui a mal répondu, en tout cas c'est les proviseurs,
00:59:12 les rectorats, etc., qui n'ont pas répondu, qui n'ont pas agi.
00:59:15 Donc moi ce que je trouve formidable, avec la séquence qu'on vit, formidable si le mot peut être utilisé en l'espèce,
00:59:19 c'est que la médiatisation, donc ça c'est pas le gouvernement, c'est nous,
00:59:22 c'est tous les médias collectivement qui se sont emparés de ça,
00:59:26 a mis une pression sur les... en tout cas va donner envie...
00:59:29 - L'institution, oui. - L'institution va ouvrir les yeux,
00:59:31 et va être beaucoup plus vigilante, c'est sûr et certain,
00:59:33 et ensuite, une fois qu'ils seront saisis de cas,
00:59:35 il y aura un discernement qui, à mon avis, sera beaucoup plus aiguisé.
00:59:38 - Bien sûr. Karim Zaragui. - Non mais, quand on dit que les enfants ont toujours été durs entre eux, c'est vrai.
00:59:43 Mais je pense qu'on a franchi un palier, ça va au-delà, en réalité.
00:59:47 - Je suis d'accord avec vous. - Et je crois que les enfants reproduisent
00:59:50 ce que la société est devenue.
00:59:53 Parce que les adultes font et font de la société.
00:59:56 Je veux dire, il y a des gestes simples qu'on connaissait quand on était gamin,
01:00:00 même si dans les cours d'école, il y avait effectivement des moments difficiles pour les hommes et les autres.
01:00:05 Quand vous étiez dans un bus, vous voyez les adultes se lever pour laisser la personne âgée,
01:00:10 une femme enceinte, entre voisins, il y avait beaucoup plus de solidarité qu'il n'y en a aujourd'hui.
01:00:15 On était réprimandés parfois par le père d'un copain qui habitait le même quartier que nous.
01:00:21 Aujourd'hui, on tourne la tête.
01:00:23 Quand l'enseignant, le maître, le magistère à l'école vous punissait,
01:00:26 on reprenait une punition à la maison.
01:00:28 Aujourd'hui, vous avez des parents qui viennent et qui portent la main sur le maître.
01:00:31 Donc les enfants ont tendance aussi à reproduire, je dirais,
01:00:34 cette forme de déviance comportementale des adultes qui les entourent.
01:00:38 Il n'y a pas de hasard.
01:00:40 Et donc on est monté en puissance dans la cruauté des enfants entre eux.
01:00:44 Moi, je dirais ni plus ni moins que ces cours d'empathie,
01:00:47 c'est le retour de l'instruction civique versus le XXIe siècle.
01:00:50 Parce que c'est ça aussi que nous avions et qui a disparu très vite.
01:00:54 La citoyenneté, le vivre ensemble, le respect, le civisme,
01:00:57 tous les jours, on y avait droit.
01:00:59 On avait cette petite piqûre de rappel collective.
01:01:02 Tout ça a disparu et maintenant, on nous dit, par des cours d'empathie,
01:01:06 on va revenir à quoi ? À l'essentiel, à ce qui devrait être naturel,
01:01:11 mais qui ne l'est plus.
01:01:12 - Tu respectes l'autre. - Mais bien sûr.
01:01:13 - Évidemment. Tu ne l'insultes pas. - C'était tellement...
01:01:15 - Mais à l'évidence, je veux dire. - Mais est-ce que c'est à l'école de le faire ?
01:01:17 - Ça, ce n'est pas aux familles. - C'est aussi à l'école de le faire
01:01:20 quand on voit que la société, par mettez-moi l'expression un peu triviale,
01:01:23 part en viborine.
01:01:24 Donc je pense que c'est aussi à l'école, peut-être,
01:01:26 de remettre cette question au centre.
01:01:28 Maintenant, il va falloir que la communauté des adultes,
01:01:30 dans son ensemble, dans sa totalité, suive.
01:01:33 Il va falloir que les parents se remettent aussi en question.
01:01:35 Et ça, c'est une réalité qu'il faudra mettre...
01:01:39 - Il y aura des sanctions à la clé, parce qu'on évoque effectivement
01:01:42 des sanctions qui vont jusqu'à des peines d'emprisonnement.
01:01:44 Peut-être que ça fera réfléchir certains harceleurs
01:01:47 qui devront changer d'école et peut-être leurs parents, François Pépounie.
01:01:49 - Quel constat d'échec ? - Mais bien sûr.
01:01:52 - Que le ministre, effectivement, emploie les termes de tsunami,
01:01:54 de dénonciation par rapport à ce qu'on disait avant sur Pas-de-Vague,
01:01:57 c'est-à-dire que l'éducation nationale n'a rien vu venir.
01:01:59 Elle a essayé de cacher, cacher, on n'en sait pas.
01:02:01 Donc là, on dit, OK, il faut regarder la vérité en face.
01:02:04 2 millions d'enfants harcelés, il faut réagir.
01:02:07 Et on va essayer d'apprendre aux enfants à respecter les autres.
01:02:11 Moi, je pensais naïvement qu'à l'école, on leur apprenait aussi le respect de l'autre
01:02:15 de par la pédagogie qui était mise en œuvre.
01:02:17 Bon, il va falloir en faire plus.
01:02:18 Mettre ça dans le cursus, il y aura des cours dans le passé.
01:02:22 - Il faut supprimer des maths, il faut supprimer les français,
01:02:24 il faut enlever l'anglais, l'histoire.
01:02:26 - Il faut lutter contre le racisme, contre l'antisémitisme,
01:02:28 maintenant contre le harcèlement.
01:02:30 Et donc, on en rajoute tous les jours.
01:02:32 On crée des commissions partout.
01:02:33 L'éducation nationale, il y a des cellules pour chaque cas.
01:02:36 On commence à être dépassé par le phénomène.
01:02:38 Et donc, je pense qu'il faut repenser le modèle complet.
01:02:40 Mais après, les enfants, il n'y a pas de secret.
01:02:42 Ils reproduisent ce qu'ils voient à la maison.
01:02:44 - Ou sur leurs écrans.
01:02:46 - Ou des parents.
01:02:47 - Leur téléphone portable.
01:02:49 - Regardez aussi ce qui se passe en voiture.
01:02:52 Le nombre de gens que je vois conduire et qui insultent celui d'à côté
01:02:55 avec les enfants derrière, c'est tous les jours.
01:02:58 Et c'est vrai qu'effectivement, Karim le disait,
01:03:00 quand avant il y avait un problème avec les enseignants,
01:03:02 généralement, les parents venaient donner raison à l'enseignant.
01:03:05 Aujourd'hui, on vient frapper l'enseignant.
01:03:07 Donc, les enfants ne font que reproduire.
01:03:09 Donc, si on s'attaque aux enfants, c'est bien.
01:03:11 Mais il faut aussi s'attaquer aux parents.
01:03:12 - On est en ligne avec Hugo Martinez, qui est le président de l'association Hugo,
01:03:15 qui a été un des spectateurs de cette conférence de presse
01:03:19 donnée par Elisabeth Borne et un certain nombre de ministres, dont Gabriel Attal.
01:03:22 Est-ce que ce que vous avez entendu va dans le bon sens, Hugo ?
01:03:25 Vous qui avez été vous-même harcelé, des cours d'empathie, ça peut aider ?
01:03:30 - Oui, bonsoir, Laurence Ferrari.
01:03:33 En effet, nous avons un échange même avec la Première ministre
01:03:36 et le ministre Gabriel Attal, qui a été très fructueux avec l'ensemble des associations.
01:03:39 C'est une première qu'on a pu être réunis en tant qu'association,
01:03:42 tous autour de la Première ministre.
01:03:44 Et cette conférence de presse qui est inédite, c'est historique
01:03:46 pour la lutte contre le harcèlement scolaire.
01:03:48 Des moyens mis en œuvre sur la sensibilisation, sur la détection
01:03:51 et sur l'après-harcèlement scolaire, c'est historique.
01:03:53 Ça n'a jamais été vu en France.
01:03:55 Ce jour est historique pour la lutte contre le harcèlement scolaire.
01:03:57 Il faut le dire, il faut le souligner.
01:03:59 Des moyens sur la santé, des moyens sur la justice,
01:04:01 des moyens sur également le cyber.
01:04:03 Je crois qu'en fait, tout l'attirail est là.
01:04:06 Comme l'a dit le ministre de la Justice, il faut siffler la fin de la récré.
01:04:09 Et je crois que ça y est, le coup de sifflet a été donné.
01:04:11 - Hugo, quand on dit des cours d'empathie, qu'est-ce que ça veut dire ?
01:04:14 Qu'est-ce que vous pourriez nous dire, par exemple,
01:04:16 comment on enseigne l'empathie à d'autres élèves ?
01:04:18 - C'est apprendre à chaque élève de France
01:04:23 que quand il va avoir un mot, un acte, à l'intention d'un autre élève,
01:04:27 eh bien, il y a des conséquences sur cet élève.
01:04:29 Et donc, ça peut se passer en réel dans la cour de récréation,
01:04:32 mais aussi à distance sur le cyber.
01:04:34 Et bien, tout ça, ça a des conséquences.
01:04:36 L'empathie, c'est comme ça que ça s'apprend.
01:04:38 - À quel niveau, effectivement, de violence verbale,
01:04:42 de violence sur les réseaux sociaux, on peut craquer ?
01:04:45 Est-ce qu'il y a beaucoup de ceux que vous connaissez
01:04:48 qui viennent dans votre association, qui disent qu'ils sont vraiment
01:04:51 très, très, très déprimés, très atteints par ce qu'ils vivent ?
01:04:54 - En fait, ce que justement, on expliquait à la première ministre,
01:04:59 ce qu'on sensibilisait, c'était de dire
01:05:01 que les jeunes victimes de harcèlement scolaire
01:05:03 peuvent déployer des niveaux de tolérance très élevés, justement.
01:05:06 Mais non, ils n'ont pas à devoir attendre ce niveau de tolérance.
01:05:09 C'est dès les premières violences qu'il faut les prendre en charge.
01:05:11 Et ça a été le message qui a été envoyé par le gouvernement ce soir.
01:05:14 - Qu'est-ce qu'on dit à un enfant qui est harcelé, Hugo ?
01:05:17 - Eh bien, on dit qu'il faut qu'il croie en lui,
01:05:21 parce qu'on est là, déjà, pour l'aider.
01:05:23 Il y a des moyens qui sont mis en œuvre,
01:05:25 il y a des personnes-ressources.
01:05:27 Et surtout, c'est lui, la victime, c'est lui qui est,
01:05:29 finalement, la personne qui va être aidée.
01:05:31 Le problème, c'est pas lui, le problème, c'est en face,
01:05:33 c'est le harceleur.
01:05:35 Et on va l'aider, on est là pour justement
01:05:37 faire qu'il puisse venir à l'école avec le sourire.
01:05:40 - Vous pensez qu'on peut, comme le disait le ministre,
01:05:43 avoir le droit au bonheur quand on est en classe ?
01:05:45 C'est ça, le but ?
01:05:47 - C'est ça, c'est redonner de l'espérance
01:05:51 à ces victimes, à leur famille.
01:05:53 C'est vraiment pouvoir, justement, qu'à un moment,
01:05:55 ils puissent recroire à l'école,
01:05:57 recroire au collège et recroire au lycée.
01:05:59 - Et puis aussi, peut-être, s'appuyer sur d'autres camarades
01:06:02 qui, eux, sont plus dans la bienveillance, dans le respect,
01:06:04 ça existe quand même, j'imagine ?
01:06:06 - Ça existe, parfois, mais pas assez souvent, malheureusement.
01:06:11 Et c'est ça sur quoi on va travailler aussi,
01:06:13 avec le gouvernement et avec ce plan interministériel.
01:06:15 - Pourquoi ça n'existe pas ? Parce qu'il y a un effet de meute,
01:06:17 il y a un effet d'entraînement des harceleurs entre eux, c'est ça ?
01:06:20 - Oui. Il y a une pression médiatique tellement forte
01:06:24 que finalement, à bout d'un moment, cette pression,
01:06:26 elle rend l'entraide et le soutien et la solidarité impossibles.
01:06:29 - Merci beaucoup, Hugo Martinez, président de l'association.
01:06:33 Hugo, d'avoir pris du temps pour nous parler
01:06:35 de ce que vient d'annoncer le gouvernement,
01:06:37 ce grand plan de lutte contre le harcèlement scolaire.
01:06:39 Espérons que les choses changent, vous avez raison,
01:06:41 et que l'empathie, même que l'on doit inscrire à nos programmes scolaires,
01:06:45 fasse partie de la tirée de tout un chacun,
01:06:47 désormais, dans notre pays. Merci beaucoup.
01:06:49 On va faire une petite pause, on se retrouve dans un instant,
01:06:51 dans Punchline, sur CNews et sur Europe 1,
01:06:53 où on évoquera la disparition de la jeune Lina,
01:06:55 15 ans, les recherches se poursuivent, à tout de suite.
01:06:57 18h19, on se retrouve en direct dans Punchline,
01:07:00 sur Europe 1 et sur CNews.
01:07:02 On va faire un point sur les recherches
01:07:04 concernant la disparition de la jeune Lina,
01:07:06 cette jeune fille de 15 ans qui a disparu,
01:07:08 samedi, tout près de Strasbourg.
01:07:10 Nombreux enquêteurs des gendarmes sont à pied d'oeuvre.
01:07:13 On rejoint sur place nos équipes,
01:07:15 Augustin Donatio et Fabrice Elsner, bonsoir à tous les deux.
01:07:17 Aujourd'hui, Augustin, les enquêtes, les recherches
01:07:20 se sont concentrées sur deux plans d'eau, c'est bien cela ?
01:07:24 - Effectivement, les deux plans d'eau
01:07:26 qui se situaient à quelques centaines de mètres
01:07:28 de la gare où devait se rendre, samedi, Lina,
01:07:31 c'est ici, effectivement, près de ces deux plans d'eau,
01:07:33 que les chiens pisteurs ont perdu sa trace.
01:07:36 Il faut savoir que la brigade fluviale de Strasbourg
01:07:39 était mobilisée, sept plongeurs qui viennent de sortir
01:07:42 il y a à peu près 30 minutes de cet étang.
01:07:45 Les fouilles sont maintenant terminées,
01:07:47 pas de communication à ce stade sur d'éventuels objets retrouvés.
01:07:50 D'ailleurs, les journalistes étaient tenus à bonne distance,
01:07:52 pour le bon déroulement des opérations.
01:07:55 Cette vérification des étangs, elle rentrait véritablement
01:07:58 dans les priorités fixées par la procureure de la République de Saverne, hier.
01:08:03 Dorénavant, les enquêteurs vont se concentrer
01:08:05 sur les vidéos surveillance qui pourraient se trouver
01:08:09 sur la départementale qu'a emprunté Lina pour se rendre à la gare.
01:08:12 Il faut savoir que les bandes des commerces
01:08:15 de la petite commune de Sainte-Blaise-sous-Roche
01:08:17 ont déjà été saisies par les enquêteurs.
01:08:19 On imagine qu'elles sont en train d'être analysées
01:08:21 pour pourquoi pas tenter de distinguer Lina dans l'une des voitures
01:08:25 si jamais elle a été enlevée par un ravisseur.
01:08:28 Mais à ce stade, aucune piste n'est privilégiée.
01:08:31 Ce sont les mots de la procureure,
01:08:33 même si la thèse de la fugue à ce stade,
01:08:35 eh bien, semble s'écarter peu à peu.
01:08:37 C'est en tout cas ce que nous a dit sa mère ce matin.
01:08:40 Son profil psychologique était tout à fait normal.
01:08:43 Elle ne présentait pas Lina, à 15 ans, de signe inquiétant,
01:08:46 tant sur le plan professionnel, sentimental que familial.
01:08:50 - Merci beaucoup, Augustin Donat, du Fabrice Elsner, sur place.
01:08:53 Vous évoquez la maman de Lina. On va l'écouter.
01:08:56 Elle s'est à nouveau exprimée aujourd'hui à votre micro,
01:08:59 malgré le désespoir, évidemment, qui l'étreint.
01:09:01 Elle veut continuer à espérer,
01:09:03 et l'espérer de, évidemment, retrouver sa fille. On l'écoute.
01:09:06 - C'est très compliqué.
01:09:08 Euh...
01:09:10 Je ne vais pas bien, c'est une certitude.
01:09:13 J'essaye de garder le cap,
01:09:15 parce que c'est comme ça que je vais pouvoir aider Lina,
01:09:18 parce qu'elle a besoin que moi, je sois forte pour pouvoir l'aider, elle.
01:09:21 Voilà, j'en suis là, aujourd'hui.
01:09:23 Je me bats. Je lâcherai rien.
01:09:26 Et ça, c'est une certitude, jusqu'au bout.
01:09:29 Alors, oui, je remercie tous les gens qui sont venus
01:09:33 et qui ont été solidaires...
01:09:36 avec Lina et moi.
01:09:40 Euh...
01:09:42 Tous ces gens qui ont été bienveillants, je les remercie.
01:09:45 Ça... Oui, ça fait chaud au coeur
01:09:48 de voir qu'il y a des tas de bonnes personnes.
01:09:51 - Voilà. Pour le coup, là, il y a de la solidarité, car Mzérébi,
01:09:54 on est glacés, évidemment, par l'angoisse de cette maman,
01:09:57 et on ne peut qu'espérer que les recherches avancent
01:10:00 et qu'elles permettent de retrouver cette jeune fille.
01:10:03 - C'est ce à quoi se raccroche la maman. Elle n'a que ça,
01:10:06 à un moment où nous nous parlons, puisqu'elle est dans le désespoir le plus total.
01:10:09 Sa vie n'a plus de sens, et on peut le comprendre.
01:10:12 - C'est ça, c'est ça.
01:10:15 - Et puis, il y a aussi la solidarité,
01:10:18 la solidarité de la population. Néanmoins, la solidarité,
01:10:21 j'ai envie de dire, la porte qui lui permet d'être debout,
01:10:24 elle l'a dit, elle l'a utilisée, j'essaie de garder le cap.
01:10:27 Donc il y a cette solidarité des bénévoles,
01:10:30 et puis il y a le travail des enquêteurs,
01:10:33 un travail qui ne laisse aucune piste de côté.
01:10:36 On a des plongeurs qui sont à l'étang, on a des vidéoprotections,
01:10:39 et on a un travail de fourmi, les enquêteurs,
01:10:42 jusqu'au moment où ils vont peut-être détecter un élément
01:10:45 qui les mettra sur une piste, mais aujourd'hui, le spectre est très large.
01:10:48 Et la maman de Lina, elle ne peut, dans son désespoir, que se raccrocher à ça.
01:10:51 Donc, au plus le temps passe à l'évidence,
01:10:54 au plus c'est la désespérance qui prendra le pas,
01:10:57 parce que quand on abandonnera telle piste,
01:11:00 et puis telle piste, et puis telle piste, si Lina n'a pas été retrouvée,
01:11:03 c'est un cauchemar, c'est l'enfer sur terre
01:11:06 pour une maman dans cette situation.
01:11:09 - Rachel Kahn, sur le désespoir de cette maman,
01:11:12 et peut-être une lueur d'espoir concernant la solidarité, c'est ce qui vous a marquée.
01:11:15 - Oui, moi ce qui me touche, c'est vrai, parce que c'est un drame effroyable,
01:11:18 en plus on est dans une inconnue, elle est dans une inconnue,
01:11:21 et donc, quand elle est dans cette inconnue-là,
01:11:24 elle est dans une forme de solitude, et c'est vrai qu'elle le rappelle très bien,
01:11:27 en disant et en saluant cette solidarité autour d'elle,
01:11:30 cette fraternité, une nouvelle fois, autour d'elle,
01:11:33 et c'est vrai que ça lui redonne,
01:11:36 c'est ce qui transparait dans les images,
01:11:39 ça lui redonne de l'énergie pour tenir ce cap
01:11:42 qu'elle ne veut pas lâcher.
01:11:45 - Geoffroy Lejeune, c'est évidemment une douleur insondable,
01:11:48 et on ne peut même imaginer nous autres.
01:11:51 - C'est exactement, vous utilisez le terme parfait de "insondable",
01:11:54 c'est-à-dire que je pense, perdre un enfant,
01:11:57 alors là il est perdu au sens strict du terme,
01:12:00 c'est la situation la plus violente, la plus contre-nature,
01:12:03 je pense, c'est l'inverse de perdre ses parents,
01:12:06 et moi je vois ces images, et je pense à ce qu'on a vécu il y a quelques mois maintenant,
01:12:09 avec le petit Emile, c'est exactement la même situation,
01:12:12 et plus les jours passent, cette espèce de compte-arbours de l'enfer,
01:12:15 ou plus les jours passent, moins vous espérez pouvoir retrouver,
01:12:18 vous vous dites aussi, je voyais ces images des temps,
01:12:21 et je me dis, est-ce que quand vous êtes la maman, vous espérez retrouver le corps ?
01:12:24 Pas du tout, en réalité c'est horrible,
01:12:27 j'avais été frappé en lisant une interview des parents d'Emile,
01:12:30 qu'ils avaient accordé à Famille Chrétienne, ils sont très croyants,
01:12:33 et ils disaient que la prière, seule la prière,
01:12:36 alors ils avaient parlé aussi de la solidarité, dans la même proportion,
01:12:39 en disant que tout à coup voir un village se lever en entier pour venir faire des battues,
01:12:42 ça les avait beaucoup touchés, et puis cet élan de solidarité,
01:12:45 globalement, mais même nous, notre empathie, doit les toucher,
01:12:48 mais j'avais été frappé par le fait qu'ils disaient se raccrocher, eux,
01:12:51 uniquement à la prière, et à l'espérance, la transcendance en réalité,
01:12:54 c'est tellement inhumain, que je pense que si on n'a pas quelque chose qui nous tire,
01:12:57 c'est impossible de s'en sortir.
01:13:00 François Pippon, il y a un mot ?
01:13:03 Malheureusement, on espère qu'on va la retrouver, mais il y a aussi des cas où on ne retrouve pas,
01:13:06 même pas le corps, c'était le mousin, rappelez-vous,
01:13:09 le père a toute sa vie, se pose la question, tous les jours,
01:13:12 mais qu'est-ce qu'elle est devenue, où est-ce qu'elle est ?
01:13:15 Effectivement, beaucoup de ces familles, jettent dans la religion,
01:13:18 parce que c'est le seul moyen, je connais bien Eva Sandler,
01:13:21 qui a eu des enfants dans des conditions dramatiques à Toulouse,
01:13:24 tué par Mohamed Merah, donc à un moment, on essaie de se raccrocher à quelqu'autre,
01:13:27 c'est tellement insupportable, qu'il faut trouver le moyen de survivre,
01:13:30 parce qu'en fait, ces familles, on espère qu'on va retrouver la jeune Lila,
01:13:33 mais si on ne la retrouve pas, les parents vont devoir survivre tout le restant de leur vie.
01:13:36 Absolument, et c'est le mot, survivre,
01:13:39 ce n'est pas vivre, c'est survivre,
01:13:42 on pense à eux, on espère qu'ils vont retrouver cette jeune vie rapide.
01:13:45 On va passer maintenant à un autre sujet, si vous le voulez bien,
01:13:48 on a un sondage IFOP assez intéressant sur l'immigration dont on va parler,
01:13:51 mais d'abord, on va partir à Marseille,
01:13:54 puisque dans le département des Bûches du Rhône,
01:13:57 le nombre de mineurs migrants qui arrivent, fait que les services sociaux sont absolument débordés.
01:14:00 On va voir Stéphanie Rouquier et Michael Dos Santos sur le terrain,
01:14:03 on va écouter les témoignages qu'ils ont recueillis,
01:14:06 et puis on étudiera ce sondage IFOP.
01:14:09 Après des jours aérés dans les rues de Marseille,
01:14:14 66 mineurs non accompagnés sont hébergés depuis la semaine dernière
01:14:17 dans cet ancien centre médico-psychologique.
01:14:20 Le département prend en charge ces jeunes exilés,
01:14:23 mais fait face à une augmentation continue du nombre d'arrivés.
01:14:26 C'est ce que constate Martine Vassal, présidente du conseil départemental des Bûches du Rhône.
01:14:31 La France s'est faite de flux migratoires,
01:14:34 mais aujourd'hui je pense qu'il faut prendre nos responsabilités.
01:14:37 Le nombre, oui, est important. En 2015, on était à 200 mineurs non accompagnés,
01:14:40 aujourd'hui on est à 2000.
01:14:43 Chaque mineur non accompagné coûte 4000 euros par mois à la collectivité.
01:14:49 En 2015, le département avait alloué un budget de 8 millions d'euros pour leur prise en charge.
01:14:54 Cette année, le budget va dépasser 65 millions d'euros.
01:14:58 Ces dépenses divisent les Marseillais.
01:15:01 C'est trop, c'est trop.
01:15:03 C'est nous qui travaillons, on paie ça. C'est nous, c'est les Français qui paient ça.
01:15:07 On va finir comme un homme qui a 12 ans.
01:15:09 Moi, ça ne me dérange pas de payer mes impôts
01:15:11 de faire en sorte que des enfants puissent dormir au chaud,
01:15:14 de profiter d'une éducation comme j'ai pu avoir.
01:15:18 De nombreux élus du département demandent à présent au gouvernement
01:15:21 et à l'Union européenne de prendre leurs responsabilités
01:15:24 pour trouver des solutions pérennes.
01:15:26 François Pipponniou, les élus sont absolument débordés.
01:15:29 On parle de chiffres, mais ce sont des vies aussi, évidemment, et on le sait tous.
01:15:33 Ce qui est insupportable, c'est qu'on dit ce qu'est la compétence du Conseil départemental.
01:15:37 Le Conseil départemental à la bouche d'euro n'est pas le plus riche.
01:15:40 Il y a Sud-Saint-Denis qui est le plus pauvre et on leur dit "débrouillez-vous".
01:15:43 Ils ne peuvent pas, ça doit être une compétence de l'État.
01:15:47 L'État doit récupérer la compétence et gérer le problème universel
01:15:50 avec les collectivités territoriales, bien entendu.
01:15:53 Mais on ne peut pas dire aux départements qui sont déjà en grande difficulté financière
01:15:55 "faites bien et débrouillez-vous".
01:15:57 Ça, c'est insupportable parce que ces enfants qui arrivent,
01:16:00 qui sont mineurs pour certains,
01:16:02 en tout cas déclarés comme mineurs,
01:16:05 c'est bien un problème d'incompétence de l'État de gérer le flux mériatoire.
01:16:09 Puisque l'État n'y arrive pas, il doit au moins aider les collectivités.
01:16:12 Il ne doit pas dire "ce n'est plus mon problème, faites ce que vous avez à faire".
01:16:15 C'est un scandale qui existe depuis des années et personne ne veut régler le problème.
01:16:20 Tous les présidents de départements vont hurler en disant "on n'y arrive plus, on n'y arrive plus".
01:16:24 Ce qui est vrai.
01:16:25 Et les préfets disent "oui, mais c'est votre compétence, donc c'est à vous de faire".
01:16:28 Karim Zérébé, quand vous voyez effectivement ces Marseillais, votre ville,
01:16:32 qui disent "d'un côté il faut accueillir, mais d'autre côté non, on n'y arrive pas".
01:16:36 Non mais la situation est grave.
01:16:38 Je pense qu'on en a peut-être tous conscience, mais plus encore quand on est Marseillais
01:16:43 et qu'on arrive comme je le fais chaque semaine à la gare Saint-Charles
01:16:48 et qu'on voit que sur l'esplanade de la gare Saint-Charles,
01:16:51 vous avez des matelas à ciel ouvert, des tentes et des groupes de jeunes,
01:16:57 et de moins jeunes, parce qu'effectivement on ne sait pas s'ils sont mineurs tous ou une partie.
01:17:03 Mais en tout cas, on a à la vue, à la vision des choses, à la perception des choses,
01:17:10 on voit qu'effectivement il y a un afflux.
01:17:12 Et ça, personne ne peut le nier.
01:17:14 Il y a des statistiques, certes, mais après il y a la réalité de la vie quotidienne.
01:17:17 Et cet afflux-là, il ne pourra pas être, j'allais dire, indéterminé.
01:17:22 À un moment donné, il va falloir qu'on puisse parler aussi de la capacité de gestion,
01:17:30 d'accueil, d'intégration, et cette capacité d'accueil et de gestion,
01:17:36 je veux dire, à un moment donné, elle est limitée.
01:17:40 Alors ce n'est pas le plus pauvre département,
01:17:42 parce que c'est le deuxième plus gros, je vais dire, de Seine-Riche,
01:17:44 mais ce n'est même pas une question de richesse, c'est une question aussi,
01:17:47 je veux dire, il y a tellement de mots dans la société MAUX,
01:17:50 des SDF de plus en plus nombreux, des jeunes étudiants qui n'arrivent pas à manger,
01:17:55 des Français qui font un repas par jour,
01:17:57 je veux dire, les collectivités, elles n'ont beaucoup à gérer.
01:18:00 Si là, on a un afflux de pauvreté, de misère de gens qui se retrouvent à la rue,
01:18:06 non, il va falloir qu'on ait peut-être à la source,
01:18:08 on traite le problème à la source, parce que là, on le traite en bout de chaîne,
01:18:10 c'est compliqué en bout de chaîne.
01:18:11 On continue tout de suite ce débat, mais d'abord,
01:18:13 le rappel des titres de l'actualité à 18h30 avec Simon Guélin.
01:18:16 Emmanuel Macron est attendu d'une minute à l'autre en Corse
01:18:22 pour une visite de deux jours.
01:18:24 Sur place, le chef de l'État pourrait faire des annonces
01:18:26 sur une éventuelle autonomie de l'île.
01:18:28 Il sera accompagné du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
01:18:31 Cette visite commencera par un dîner républicain avec des élus locaux ajaxiaux
01:18:35 avant un discours prévu demain matin à l'Assemblée de Corse.
01:18:38 La secrétaire d'État à la Citoyenneté, Sonia Baquies, a présenté sa démission aujourd'hui
01:18:42 après avoir été battue aux élections sénatoriales en Nouvelle-Calédonie dimanche.
01:18:47 C'était la seule membre du gouvernement en lice au sénatorial.
01:18:50 Elle a été battue par un candidat indépendantiste, Robert Gzowi.
01:18:53 Gérald Darmanin a remercié Sonia Baquies pour son travail sur son compte Twitter.
01:18:57 Et puis la collection d'Olivier Rousteing pour Balmain dévoilée ce soir à Paris.
01:19:01 Une dizaine de jours après le vol de 50 pièces de sa collection,
01:19:05 le monde de la mode retient son souffle alors que son équipe a travaillé jour et nuit
01:19:08 pour que ce défilé puisse se tenir ce soir.
01:19:11 Merci beaucoup Simon Guillain.
01:19:13 J'évoquais son agi IFOP très intéressant sur l'immigration.
01:19:16 Faut-il mettre fin à la libre circulation dans l'espace Schengen des immigrés
01:19:19 qui se sont refusés leur demande de visa ?
01:19:21 Oui, à 74% répondent les Français.
01:19:24 Faut-il limiter la délivrance de visas aux pays qui ne récupèrent pas leurs citoyens sous EQTF ?
01:19:29 Oui, à 80%.
01:19:31 Faut-il expulser les délinquants étrangers à l'issue de leur peine de prison ?
01:19:34 Oui, à 86%.
01:19:36 On voit que les Français sont très clairs.
01:19:37 En revanche, faut-il régulariser les sans-papiers travaillant dans les secteurs
01:19:40 et pouvant des difficultés à recruter ?
01:19:42 Oui, à 68%.
01:19:44 Les Français sont très clairs sur fermeté.
01:19:47 On ne peut pas accueillir toute la misère du monde,
01:19:51 mais il y a certains cas où oui, il va falloir régulariser.
01:19:54 Geoffroy Lejeune.
01:19:55 C'est intéressant, c'est presque un sondage qui va valider toutes les options
01:19:58 prises par le gouvernement pour la future loi.
01:20:00 Si elle arrive un jour.
01:20:01 Si elle arrive un jour, en attendant, c'est exactement la ligne du gouvernement.
01:20:03 Pour eux, c'est plutôt une bonne nouvelle.
01:20:05 Comment vous dire, sur la fermeté, ça faisait assez peu de doute.
01:20:09 Tous les sondages, c'est intéressant.
01:20:11 D'ailleurs, c'est toujours entre 70 et 80%.
01:20:13 C'est vraiment une immense majorité sur ce sujet-là.
01:20:15 Moi, je suis un peu plus dubitatif sur la question,
01:20:17 non pas sur l'opinion que je mets en cause de la fiabilité scientifique du sondage.
01:20:21 En revanche, moi, je pense qu'on vient d'avoir le débat sur les mineurs isolés.
01:20:24 En fait, les mineurs isolés, à l'origine, tout part d'une très bonne intention,
01:20:26 c'est-à-dire un mineur qui, dans l'immigration, se retrouve isolé, tout seul, etc.
01:20:29 Qu'est-ce qu'on peut faire pour l'aider ?
01:20:30 Et évidemment, personne n'a envie.
01:20:32 La jeune fille qui était citée dans le sujet avait raison de dire
01:20:34 qu'on n'a pas envie qu'un enfant dorme dans la rue, etc.
01:20:36 C'est bien sûr.
01:20:37 Le problème, c'est que comme à peu près tous les domaines de l'immigration,
01:20:40 c'est devenu une pompe aspirante.
01:20:42 Les pays qui envoient des migrants savent qu'un mineur ne repartira jamais.
01:20:47 Donc, c'est une priorité, même pour les familles.
01:20:49 Moi, je trouve ça, comment dire, sordide que des familles,
01:20:51 enfin, je leur jette pas la pierre,
01:20:53 doivent à un moment donné faire le choix de qui va partir.
01:20:55 Tiens, lui, il va plus facilement rentrer parce qu'il est mineur,
01:20:57 il est juste à la limite d'où il sera passé pour mineur.
01:20:59 Donc, ça va être plus facile.
01:21:00 Et dans le cas des travailleurs clandestins, c'est un peu la même chose.
01:21:03 C'est-à-dire qu'en fait, on dit on va régulariser pour les métiers en tension.
01:21:06 En fait, je pense que ce sera un nouveau moyen d'entrée
01:21:08 pour des gens qui n'ont pas plus l'intention de travailler que ça.
01:21:10 C'est-à-dire que vous allez arriver en demandant un titre de travail,
01:21:12 en disant que vous êtes dans la restauration parce qu'on sait que c'est un métier en tension.
01:21:15 Et après, on ne vérifiera jamais si les gens travaillent, oui ou non.
01:21:17 En tout cas, je pense que c'est exactement dans ce genre de détail que le diable va se nicher.
01:21:21 Alors, Rachel Kahn, sur ce sondage ?
01:21:23 Oui, sur le sondage, c'est vrai que les questions sont posées.
01:21:27 Il y a toujours, est-ce que vous allez accepter des délinquants ?
01:21:30 Non. Est-ce que vous allez accepter des gens qui font des choses mauvaises ?
01:21:33 Forcément non.
01:21:34 Mais en tout cas, sur le sondage, on voit bien que les endroits où la France a besoin,
01:21:40 c'est-à-dire les métiers en tension, mais aussi, je suis certaine que si on posait la question
01:21:44 sur est-ce que vous accepteriez une partie des migrants qui épousent les valeurs républicaines,
01:21:50 qui épousent les principes républicains, qui sont là pour apporter leur pierre,
01:21:54 finalement, à l'humanisme universaliste, les Français seraient aussi d'accord en partie.
01:21:59 Après, je conjugue cela à ce qu'on vient de voir, et je vous rejoins, M. Pouponni,
01:22:04 sur les capacités d'accueil, ce millefeuille territorial,
01:22:08 et l'ensemble des élus, tous partis politiques, qui n'arrivent plus à gérer cette situation.
01:22:13 Eric Revel.
01:22:14 En fait, les Français sont de plein bon sens, on le voit dans ce sondage.
01:22:16 Ils vivent des situations quand même particulièrement difficiles,
01:22:19 tout ce qu'on dit tous les jours, question de pouvoir d'achat, d'insécurité.
01:22:22 Et ce qu'ils demandent aux politiques, c'est de prendre à bras le corps ce dossier.
01:22:29 Or, on parlait de volonté politique tout à l'heure dans l'éducation nationale
01:22:32 sur la question du harcèlement, là, il n'y en a pas vraiment.
01:22:34 Alors, le président de la République dit "c'est une question européenne".
01:22:37 Je rappelle que le président de la République avait dit qu'il s'occuperait de Schengen
01:22:40 et qu'il réformerait, et en fait, il ne se passe rien.
01:22:42 Il y a deux éléments fondamentaux, à mon avis, au niveau de l'Europe,
01:22:44 qui viennent de se produire.
01:22:45 Un, il y a l'Allemagne qui refuse d'accueillir des migrants.
01:22:48 Veux-tu en Italie ?
01:22:50 Et deux, je le disais tout à l'heure, il y a la déclaration du ministre d'Intérieur du Royaume-Uni
01:22:55 qui remet en cause la convention de 1951 sur le droit international et le droit d'asile.
01:23:01 Alors, ça soulève un tollé général, mais ça veut dire quoi ?
01:23:04 Ça veut dire que beaucoup d'États, en ce moment, et pas seulement parce qu'il y a la...
01:23:08 - Ils sont en train de se poser la question.
01:23:09 - Donc, peut-être que la volonté politique va resurgir, parce que c'est pas,
01:23:12 même s'il y en a un qui n'est plus dans l'Europe et l'autre qui est le maillon fort de l'Europe, l'Allemagne,
01:23:16 c'est pas anodin que deux pays comme le Royaume-Uni et l'Allemagne
01:23:20 prennent des positions extrêmement fortes sur le dossier de l'immigration.
01:23:23 - Allez, merci. On va faire une toute petite pause.
01:23:25 On se retrouve dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
01:23:27 On va parler du trafic de drogue, les règlements de compte
01:23:31 avec Frédéric Pleuquin qui est grand reporter spécialisé dans le grand banditisme
01:23:35 qui a passé des semaines à enquêter sur ce fléau du trafic de stupéfiants dans notre pays.
01:23:40 A tout de suite.
01:23:41 18h40, on se retrouve en direct dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
01:23:45 En accueil, Frédéric Pleuquin. Bonsoir Frédéric Pleuquin.
01:23:47 - Bonsoir.
01:23:48 - Vous êtes grand reporter spécialisé dans le banditisme.
01:23:51 Vous avez publié la semaine dernière dans le numéro de Paris Match
01:23:54 une enquête sur la drogue et dans le pré.
01:23:56 Ce sera aussi l'objet d'un documentaire qui sera diffusé, je pense, le 1er octobre sur France 5.
01:24:01 - Dimanche prochain.
01:24:02 - Voilà, dimanche prochain. Paris Match, c'était la semaine dernière.
01:24:05 La drogue et le dans le pré, c'est en fait le constat que les narcotrafiquants
01:24:08 se sont installés dans les zones rurales.
01:24:10 Expliquez-nous comment ça se fait, Frédéric Pleuquin.
01:24:13 Vous en trouvez là un nouveau marché, tout simplement ?
01:24:15 - Effectivement, c'est le travail que je fais là depuis deux ans pour ce documentaire.
01:24:19 Ça consistait à essayer de déterminer quels étaient les ressorts
01:24:22 de l'expansion du trafic de stupéfiants qui a longtemps été cantonné dans les grandes villes.
01:24:28 Lille-Roubaix, Paris, Marseille, Lyon, Grenoble aussi.
01:24:33 Et qui, ces dernières années, est parti à l'assaut des zones plus,
01:24:38 on va dire des villes moyennes d'abord, puis ensuite des zones rurales.
01:24:41 Et parmi les ressorts, il y a une chose qui est importante,
01:24:45 c'est que pendant le... En fait, les trafiquants de stupéfiants sont des businessmen,
01:24:49 un peu, je dirais, presque comme les autres.
01:24:51 Ce sont des bons hommes d'affaires. Ils ont des business plans.
01:24:54 Ils programment, ils gèrent leur budget, etc.
01:24:57 - Ils recrutent, ils font des offres d'emploi, ils font des primes.
01:24:59 - Et à un moment donné, ils se sont dit, ça c'est la première raison,
01:25:01 ils se sont dit, il faut qu'on gagne des parcs de marché.
01:25:04 En gros, il y a une certaine saturation dans les villes.
01:25:08 Il faut qu'on aille conquérir d'autres clients.
01:25:10 - Donc dans les campagnes.
01:25:12 - Et donc c'est là où ils sont partis à l'assaut, effectivement,
01:25:14 de cette France plus rurale.
01:25:16 Et ça, c'est aussi un des faits majeurs, je trouve, de ces dernières années.
01:25:20 La cocaïne, par exemple, était réservée un peu pendant des années à une élite un peu parisienne,
01:25:25 et puis aux jeunes qui font la fête le week-end, etc.
01:25:29 Et ils sont allés fidéliser un autre public qui est beaucoup plus intéressant économiquement pour eux.
01:25:33 - C'est-à-dire ? - Ce sont des travailleurs.
01:25:35 - Des travailleurs. - Qui prennent de la cocaïne pour tenir au boulot
01:25:38 et qui donc, on consomme beaucoup plus régulièrement finalement que le bobo le samedi soir.
01:25:42 - C'est-à-dire des ouvriers, des gens qui ont des métiers difficiles.
01:25:44 - Alors on ne va pas désigner des catégories.
01:25:46 Moi, j'ai rencontré des marins pêcheurs qui, pour tenir la nuit, prenaient de la cocaïne.
01:25:49 J'ai rencontré des boulangers qui, pour tenir, prenaient de la cocaïne.
01:25:53 J'ai rencontré des gens qui travaillent dans la restauration,
01:25:56 où c'est aussi des métiers sous tension, comme ça, qui prennent de ce produit.
01:26:00 Et pour les trafiquants, c'est pain béni, parce que le produit, ils l'ont.
01:26:04 Ils en ont, les pays producteurs en Amérique du Sud déversent en abondance le produit.
01:26:09 Donc à partir de là, il fallait l'acheminer.
01:26:11 Et c'est un peu quelque part, c'est aussi les années Covid, je trouve, qui ont modifié la donne.
01:26:15 C'est-à-dire que pendant les années Covid et les confinements ont fragilisé les points de deal.
01:26:19 Parce que les points de deal, c'était voyant, il fallait aller en ville,
01:26:21 il fallait aller faire la queue en ville.
01:26:24 Sauf que là, il n'y avait personne dans la rue.
01:26:26 Et donc à ce moment-là, comme les trafiquants sont des gens très adaptables et très réactifs,
01:26:31 ils se sont dit, puisqu'ils ne peuvent plus venir à nous, on va aller jusqu'à eux.
01:26:36 C'est-à-dire la livraison à domicile.
01:26:38 Ils ont commencé à travailler le système de la livraison. Ils l'ont fait en ville.
01:26:40 La livraison à la campagne, c'est l'idéal, parce que vous circulez en voiture de manière discrète.
01:26:46 Vous prenez peu de produits à bord, donc si vous vous faites arrêter, ça ne va pas trop, trop, trop loin.
01:26:51 Et vous amenez le produit jusqu'au consommateur.
01:26:54 Et en plus, vous le vendez un peu plus cher qu'en ville.
01:26:57 Donc pour ces businessmen que sont les trafiquants, c'est tout bénéfice.
01:27:01 On va écouter un extrait du documentaire que vous avez fait "La drogue dans le pré".
01:27:05 C'est une saisie de stupéfiants au Havre. Écoutez, c'est très intéressant.
01:27:08 Le travail de la police est difficile et dangereux.
01:27:13 Mais le tsunami est tel qu'il n'y a qu'à se baisser pour ramasser des pains de cocaïne.
01:27:17 On a une très grosse saisie par les douanes vendredi.
01:27:22 885 kilos. Une autre saisie lundi, plus une saisie aujourd'hui.
01:27:28 Donc ça fera presque une tonne cinq en l'espace de quelques jours seulement, ce qui est énorme.
01:27:33 Voilà, il y a 30 pains à l'intérieur. Donc un pain, c'est environ un kilo à peu près.
01:27:39 Et donc maintenant, on va les séparer, les compter.
01:27:43 Ce qu'on voit, c'est des logos qui, en principe, correspondent au client.
01:27:49 Le client peut reconnaître sa marchandise. Il a commandé du Bugatti, il aura du Bugatti.
01:27:54 Notre travail derrière, c'est d'identifier les équipes qui ont procédé au déchargement de cette marchandise.
01:28:01 Et puis aux équipes derrière, qui, évidemment, comme on dit, sont les clientes des organisations criminelles sud-américaines.
01:28:07 Donc c'est pas la fête.
01:28:09 Voilà pour cet extrait de "La drogue dans le pré". Qui est-ce qui parle, la Frédérique Ploca?
01:28:12 C'est le patron de la police judiciaire à Rouen.
01:28:15 Et donc, il gère le Havre, notamment. Mais je voudrais dire aux spectateurs et aux auditeurs que nous ne sommes pas allés là-bas parce qu'il y avait eu cette saisie.
01:28:24 Nous avons pris rendez-vous pour faire un reportage, pour faire un bout de ce film, là-bas dans le port du Havre,
01:28:29 qui est l'une des principales portes d'entrée de la cocaïne en France.
01:28:33 Et ce jour-là, plus que Marseille, au niveau de l'entrée.
01:28:37 Et ce jour-là, par hasard, la veille, il y avait eu autant de kilos.
01:28:40 L'avant-veille, encore. Donc on n'a pas choisi ce jour en fonction d'eux.
01:28:46 On est arrivé comme ça.
01:28:48 Et effectivement, ce que raconte le directeur de la police judiciaire localement,
01:28:52 c'est qu'à un moment donné, les grandes organisations criminelles ont considéré que le port de Rotterdam était un peu saturé.
01:28:59 Peut-être qu'il y avait un peu trop de contrôles. Ils ont basculé.
01:29:01 C'est quelques kilomètres plus bas, finalement. Ils ont basculé sur le Havre. Ils ont commencé à saturer.
01:29:07 Et là, évidemment, ça crée des dommages collatéraux colossaux.
01:29:13 Vous ne pouvez pas imaginer. Ça crée de la corruption.
01:29:16 Ça fait basculer des dockers qui sont contraints d'une certaine manière à suivre les trafiquants de stupéfiants
01:29:23 parce que sous la menace, ils craquent.
01:29:26 Ou bien il y a ceux aussi qui sont attirés par la patte du gain.
01:29:29 Et donc il y a toute une ville qui se modifie, toute une économie locale qui se modifie
01:29:33 à cause de l'arrivée massive de cette cocaïne.
01:29:36 Est-ce qu'on n'est pas loin de devenir un narco-État ?
01:29:38 Je vous pose la question dans un instant, mais j'aimerais aussi qu'on écoute le témoignage de la maman de Sokaina.
01:29:43 C'est une jeune fille d'une vingtaine d'années qui révisait tranquillement dans sa chambre à Marseille
01:29:48 et qui a été victime d'un règlement de compte entre dealers.
01:29:51 Rafale de Kalachnikov, Sokaina, absolument.
01:29:54 On va écouter sa maman parce qu'elle fait un constat. Elle dit qu'il n'y a plus d'État.
01:29:58 Il n'y a plus d'État aujourd'hui. Qu'est-ce qui a remplacé l'État ? Les dealers. On l'écoute.
01:30:02 La France, c'est fini la France. C'est fini la France. Il n'y a plus de règles.
01:30:07 Il n'y a plus de lois en France. Il n'y a plus rien en France.
01:30:11 Ça fait un moment que ça a duré quand même. Ça fait un moment.
01:30:16 Je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas les problèmes.
01:30:19 Je ne sais pas les problèmes si les parents, si l'État, je ne sais pas, si les politiciens, je ne sais pas.
01:30:25 Il n'y a pas de sécurité. On a peur. On a peur. Il n'y a plus de sécurité.
01:30:30 On vit dans le quartier. On a peur. 10 jeunes avec les kalachnikovs.
01:30:36 Voilà pour le témoignage de cette maman. Frédéric Ploquin, il n'y a plus de règles. Il n'y a plus de lois dans notre pays.
01:30:40 C'est la loi des dealers.
01:30:41 Là, on est à Marseille. Marseille, c'est le berceau du trafic international de stupéfiants, du trafic de stupéfiants en général.
01:30:47 Ça fait 40 ans, 50 ans que c'est installé là-bas depuis la French Connection.
01:30:50 Il y a des habitudes qui ont été prises. Les trafiquants marseillais sont vraiment, a priori, les plus virulents, les plus violents.
01:30:57 Ce qui s'entretient le plus en France. Le vrai problème, c'est que leurs méthodes aujourd'hui, par contagion, par pollinisation,
01:31:04 se sont répandues ailleurs dans le territoire, sur le territoire.
01:31:07 Et qu'on a des scènes comme celle qui vient de se produire à Marseille, qui pourraient demain se produire à Alençon, à Vierzon, à Cavaillon, à Vignon.
01:31:16 Et donc, c'est ça le grand problème. Après, je pense que pour revenir à cette maman, elle a perdu sa fille.
01:31:21 Sokhaina, elle avait strictement rien à voir avec le trafic de stupéfiants. Elle était en train d'étudier au moment où elle s'est pris une balle.
01:31:27 Là, quelque part, je pense qu'il y aura un après et un avant. D'ailleurs, Sokhaina, pourquoi ?
01:31:31 Parce qu'on est dans une forme de narco-banditisme qui bascule presque dans le narco-terrorisme.
01:31:37 À mesure où cette balle perdue tue quelqu'un qui n'a strictement... Voilà, c'est plus du règlement de compte entre trafiquants.
01:31:42 C'est en gros, on arrose et c'est quasiment un acte de terrorisme.
01:31:46 Donc, je pense qu'il y aura un après. Et donc, je comprends ce qu'elle dit. Après, dire qu'il n'y a pas d'État,
01:31:51 bon, elle est sous la douleur de maman qui vient de perdre sa fille.
01:31:54 Mais il y a une impuissance de l'État. Enfin, Frédéric Leclerc, on n'arrive pas à juguler les trafics.
01:31:58 On n'arrive pas à stopper les livraisons. On n'arrive pas à stopper le cannabis qui arrive, on le sait, on le dit assez souvent, du Maroc,
01:32:04 ni la cocaïne qui arrive d'Amérique du Sud.
01:32:06 Disons que si vous regardez les saisies, ça monte sans arrêt. Donc, des saisies, on en fait énormément.
01:32:12 En fait, on ne peut pas dire que l'État ne fait rien. On peut simplement dire que le pays est submergé et que pour l'instant,
01:32:18 le trafic international de stupéfiants est relativement hors de contrôle.
01:32:22 Récemment, vous avez eu une tribune dans la presse d'un certain nombre d'élus locaux, y compris des élus écologistes
01:32:29 qui jusque-là n'étaient pas du tout sur ces positions, ce qui signifie que ça bouge et qui ont réclamé, qui ont dit en gros,
01:32:35 la France toute seule ne peut pas faire ce travail. C'est un problème international.
01:32:38 Et ce n'est pas faux parce que derrière la drogue, je veux dire, si on ne s'entend pas avec les Belges, avec les Hollandais,
01:32:43 avec les Allemands, avec les Anglais, avec les Espagnols, si chacun joue dans son coin, on n'y arrivera pas
01:32:47 parce que la drogue, par définition, elle traverse les frontières en permanence.
01:32:50 Je veux dire, elle joue justement de l'ouverture de nos frontières en permanence, la drogue et l'argent aussi.
01:32:55 Et il faut être tapé au portefeuille. Une question peut-être de Geoffroy Lejeune.
01:32:58 J'ai une petite question. J'avoue, j'ai lu avec passion, mais aussi avec terreur, votre papier dans Paris Match la semaine dernière.
01:33:03 Je vais vous, en fait, vous décrivez quand même une avancée, une pieuvre qui avance et qui ne trouve quasiment rien sur son passage,
01:33:09 malgré tout ce que vous venez de dire sur les saisies, etc. Et donc, je vous repose la question de Laurence.
01:33:13 Qu'est-ce qui différencie aujourd'hui la France d'un narco-État, du coup ?
01:33:15 Un narco-État, est-ce qu'on… Disons que moi, j'ai beaucoup travaillé, par exemple, sur un département de la région parisienne,
01:33:22 qui est la Seine-Saint-Denis. Et j'ai eu un certain nombre de policiers, de témoins, d'acteurs locaux de l'économie locale en Seine-Saint-Denis
01:33:31 qui ont utilisé ce mot et qui ont dit que la Seine-Saint-Denis était aujourd'hui devenue un narco-département,
01:33:38 dans la mesure où, en gros, les espèces circulaient probablement plus que l'argent en carte ou en chèque, et que ce département, en tout cas,
01:33:49 était débordé par une économie souterraine qui avait pris le pas sur l'économie réelle. Ça, oui.
01:33:54 À l'échelle de la France, on n'en est pas encore là. En revanche, aux Pays-Bas, on peut se poser la question.
01:34:01 D'ailleurs, on a laissé… Les Pays-Bas ont été assez permissifs au niveau de la consommation, mais le résultat,
01:34:06 c'est qu'ils se retrouvent avec une des plus puissantes mafias européennes implantées sur leur territoire, qui menacent directement la Rennes
01:34:14 et également en Belgique, je le rappelle, où le ministre de la Justice a été ciblé justement par ces mafias de la drogue,
01:34:22 parce qu'à un moment donné, la police avait marqué des points, parce que c'est aussi ça. La police marque des points.
01:34:28 Pourquoi est-ce que les mafieux hollandais et belges ont voulu s'en prendre comme ça à l'État ?
01:34:33 C'est qu'ils ont été très ennuyés par une enquête qui a démarré en France, qui a permis de percer, et c'est là où on leur fait mal,
01:34:40 les messages récryptés sur lesquels échangeaient les trafiquants de stupéfiants.
01:34:43 Donc, il y a eu un certain nombre d'affaires qui ont été réalisées quand même, un certain nombre de barons qui ont été arrêtés,
01:34:48 et à partir de là, ils ont surréagi.
01:34:52 Et menacé les dirigeants de la politique. On n'y est pas encore.
01:34:56 De corruption, oui, un jour, peut-être.
01:34:58 François Buponi ?
01:34:59 Si on en est là, parce que c'est un sujet que j'étais maire de Sarcelles, que je connais, et je me posais la question, je demandais aux policiers,
01:35:04 et certains en offre me disaient, oui, mais c'est aussi lié à l'organisation de la PJ en charge de la lutte contre le trafic de stupéfiants,
01:35:12 c'est qu'elle s'était plutôt focalisée sur les grandes prises et que le petit trafic d'en bas, on le laissait faire,
01:35:17 parce que ça arrangeait un peu tout le monde, c'était compliqué, bon.
01:35:20 Sauf que le petit trafic d'en bas, il a pris une telle ampleur qu'il a submergé tout le monde.
01:35:25 Donc, est-ce qu'il n'y a pas aussi un problème d'organisation propre des services dédiés ?
01:35:28 Parce que là, il faut changer de braquet, j'allais dire.
01:35:31 Frédéric Locas ?
01:35:32 Si on prend un peu de recul, jusqu'en 2000, la France était très en retard et négligeait ce sujet.
01:35:38 Pourquoi ? Parce qu'il y avait des guerres intestines inouïes, aujourd'hui inadmissibles pour le public,
01:35:43 entre les douanes et la police judiciaire, entre la police judiciaire et la gendarmerie,
01:35:46 entre la police judiciaire et la sécurité publique.
01:35:50 Chacun travaillait dans son coin, chacun travaillait ses chiffres, chacun avait sa méthode.
01:35:54 Il y a eu un moment où l'État, quand même, en 2020, a pris une décision de taper un peu du poing sur la table
01:36:00 en disant "nous allons créer l'Office", qui est justement là pour faire en sorte que tout le monde bosse ensemble.
01:36:06 Donc déjà, on revient de loin.
01:36:08 En 2020, jusqu'en 2020, on peut dire que les plus grands services de l'État ne bossaient pas forcément main dans la main.
01:36:14 C'est-à-dire qu'ils ne croisaient pas les informations.
01:36:15 C'était pire que ça, ils se faisaient des croche-pieds, ils se jouaient des tours,
01:36:19 ils se mettaient des pots de bananes même sur leur passage.
01:36:24 Donc on vient de loin, en 2020 on a franchi cette étape.
01:36:28 Maintenant, effectivement, vous avez raison, pour le citoyen lambda,
01:36:33 c'est plus important de voir ce que son propre quartier est en train de basculer,
01:36:38 que l'espace public dans son quartier est en train de passer dans d'autres lignes,
01:36:44 c'est plus important que de savoir que les barons de la drogue sont installés à Dubaï.
01:36:48 Mais je pense qu'on ne peut pas faire ça l'un sans l'autre,
01:36:51 et que la police, effectivement, si elle ne traite pas, doit traiter, doit donner une réponse aux citoyens
01:36:55 qui, dans son quartier, disent "mais moi, je me sens mal,
01:36:58 mon bien immobilier perd de la valeur, mes enfants ne peuvent plus sortir, je ne veux plus aller à la boulangerie".
01:37:05 C'est aussi grave d'un point de vue citoyen finalement que le fait que Dubaï accueille nos barons de la drogue.
01:37:11 Ce qui est frappant, c'est que quand vous entendez le discours politique,
01:37:17 et quand vous parlez en off avec les fonctionnaires de police spécialisés sur cette lutte contre les stups,
01:37:22 ce n'est pas du tout la même approche.
01:37:24 Et pourtant, il y a une volonté, un engagement, un investissement de la part des fonctionnaires de police,
01:37:29 il y a des belles prises qui sont faites, le reportage le dit certainement,
01:37:32 mais il y a quand même un discours de vérité en off qui dit "on est dépassés".
01:37:37 Ça c'est une réalité.
01:37:39 On parlait souvent avec les fonctionnaires de police à Marseille, spécialistes sur les stups,
01:37:42 ils vous disent "là, le mal est profond, il s'est développé tel un cancer avec des métastases,
01:37:47 et on a aujourd'hui une forme d'impuissance de l'État face à la surpuissance de ces trafics en eau de drogue".
01:37:54 Il y a une solution, pas Frédéric Pouquin ?
01:37:56 En tout cas, je veux juste dire un mot sur les policiers qui sont effectivement sur le terrain.
01:38:00 Quand on dit ça, ce n'est pas eux qu'on vise, c'est l'État et eux sur le terrain.
01:38:05 Tous ceux que j'interroge, tous ceux qui sont dans le film, ils se battent comme des chiffonniers contre la drogue.
01:38:09 Et en fait, ils savent que la guerre sera difficile à gagner, mais ils livrent bataille tous les jours,
01:38:15 et ils gagnent des batailles tous les jours. Mais gagner une bataille, ça ne veut pas dire gagner la guerre.
01:38:18 Mais déjà, c'est un signe qu'on envoie.
01:38:21 Par exemple, le développement des saisies des avoirs criminels, c'est quelque chose qui peut leur faire plus mal.
01:38:26 Parce que les saisies de stupéfiants, de produits, ça ne les impacte pas, parce que ça n'a pas de valeur.
01:38:32 En fait, la cocaïne ou le cannabis n'a de valeur qu'à partir du moment où il est vendu au consommateur.
01:38:37 Avant, c'est une plante qui pousse et qui coûte 2 centimes le pied, c'est rien.
01:38:41 Donc ce qui leur fait réellement mal, effectivement, c'est quand on s'attaque à leur portefeuille.
01:38:45 Mais ce n'est pas si facile que ça.
01:38:47 Et en France, on n'a pas tant de spécialistes de l'argent sale que ça.
01:38:50 On doit avoir 5 ou 6 policiers qui s'y connaissent vraiment.
01:38:53 Et ils ont aussi à gérer les grandes escroqueries, donc ce n'est pas gagné.
01:38:56 Merci beaucoup Frédéric Ploquin d'être venu ce soir dans Punchline sur ces news sur Europe 1.
01:38:59 La drogue est dans le prix. C'est donc le 1er octobre sur France 5.
01:39:02 À 21h.
01:39:03 À 21h. Votre papier est à retrouver dans Paris Match de la semaine dernière ou sur le site internet de Paris Match.
01:39:08 Merci Karim Zérébi, Geoffroy Lejeune, François Pipponi. Dans un instant sur Europe 1, vous retrouvez Hélène Zellany pour l'information.
01:39:14 Et sur CNews, bien sûr, Christine Kelly pour Facein l'info avec ses débatteurs.
01:39:17 Bonne soirée sur nos deux antennes. À demain.