Les invités de Laurence Ferrari débattent de l'actualité dans #Punchline du lundi au jeudi.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00:00 Bonsoir à tous et bonsoir à toutes, bienvenue dans Punchline, ce soir sur CNews.
00:00:03 La République, je le disais, a un visage aujourd'hui, c'est celui de Vincent Jeanbrun, le maire de la Ile-et-Rose,
00:00:07 dont la famille a été attaquée par des émutiers dans la nuit de samedi à dimanche.
00:00:12 L'élu a donné des nouvelles de sa femme, blessée dans l'agression.
00:00:15 Il était entouré, vous le voyez, de nombreux élus qui sont venus lui témoigner leur soutien.
00:00:19 Des maires aussi se sont rassemblés un peu partout en France en signe de solidarité.
00:00:23 Ce qui est important, c'est que cet élu en appelle au sursaut républicain.
00:00:27 "Sinon c'est la chute", dit-il, on entendra ces mots pleins de bon sens.
00:00:31 Il sera mon invité d'ailleurs demain à 8h15 dans la matinale de CNews.
00:00:35 Du côté des violences, difficile de dire que le pire est passé.
00:00:38 Les affrontements avec les policiers se poursuivent sur le terrain.
00:00:41 Certains d'entre eux sont poursuivis jusqu'à chez eux alors qu'ils sont au repos.
00:00:46 On entendra le témoignage d'une femme de policier qui est au bout du rouleau.
00:00:49 Voilà pour les grandes lignes de Punchline ce soir.
00:00:52 Tout de suite, le rappel des titres de l'actualité.
00:00:53 Il est 17h et c'est Somaïa Labédi qui est là.
00:00:57 De nombreux élus et une foule dense pour la marche en soutien aux maires de Laïl et Rose.
00:01:05 Un millier d'habitants de la commune y ont participé.
00:01:08 L'Édil a pris la parole pour réclamer la fin de cette spirale de violence.
00:01:12 Et avant cette marche à la mi-journée, des rassemblements devant les mairies de France,
00:01:16 des rassemblements de Marseille à Paris,
00:01:18 pour dire stop aux agressions d'élus qui explosent ces derniers temps.
00:01:22 Ils étaient nombreux à avoir répondu à l'appel lancé par le président de l'Association des maires de France,
00:01:27 David Lissnar, et rendre hommage à Vincent Gembrun,
00:01:30 victime d'une agression violente à son domicile ce week-end.
00:01:33 Hommage également à l'Assemblée nationale en mémoire du jeune pompier décédé cette nuit.
00:01:38 Une minute de silence a été observée au sein de l'hémicycle.
00:01:41 Le soldat du feu luttait contre un incendie de véhicule dans un parking souterrain en Seine-Saint-Denis.
00:01:47 Une mission qui n'avait aucun lien avec les violences urbaines précise Gérald Darmanin.
00:01:52 Merci beaucoup Osama Yalabidi pour ce rappel des titres de l'actualité.
00:01:56 Avec nous en plateau Gauthier Lebret, journaliste politique.
00:01:58 C'est nous, bonsoir Gauthier.
00:01:59 Bonsoir Laurence.
00:02:00 Jean-Michel Fauvergue, ancien patron du RET.
00:02:01 Bonsoir Laurence.
00:02:02 Bonsoir à vous, Jean-Christophe Covid, secrétaire national, Unité SGP, policier bien sûr.
00:02:05 Bonsoir Laurence.
00:02:06 Nous sommes avec Amine Elbaïe, juriste.
00:02:07 Bonsoir et bienvenue Amine.
00:02:08 Bonsoir Laurence.
00:02:09 Eric Reuvel, journaliste.
00:02:10 Bonsoir Laurence.
00:02:11 Et on va partir à l'aile et rose si vous le permettez.
00:02:13 Rejoindre Mickaël Dos Santos avec NKibert.
00:02:15 Vous avez écouté ce qu'a dit Vincent Gembrun.
00:02:18 Il a employé des mots que chacun peut comprendre et qui raisonnent plein de bon sens.
00:02:23 C'est bien cela ?
00:02:24 Oui, pour le maire de l'aile et rose, la République et la démocratie sont clairement menacées.
00:02:33 Ça ne peut plus durer.
00:02:34 La majorité silencieuse doit lever la tête face aux voyous.
00:02:37 A-t-il scandé un discours interrompu par des "ça suffit, ça suffit" qui ont duré
00:02:43 plusieurs secondes de la part des personnes présentes ?
00:02:46 Vincent Gembrun a repris son discours en appelant aux sursauts républicains.
00:02:50 Nous avons de la chance de pouvoir redresser notre si beau pays.
00:02:54 Il n'était que 200 émeutiers ici.
00:02:56 Nous sommes des milliers, des millions en France.
00:02:59 Le maire est ensuite revenu sur son cas personnel.
00:03:02 D'abord lors de l'attaque à la mairie où sept policiers ont fait face à 100 émeutiers
00:03:08 avec des barbelés.
00:03:09 On rappelle que la mairie, l'hôtel de ville de l'aile et rose est barricadée.
00:03:13 Et puis il est revenu sur l'attaque qui a eu lieu à son domicile, là où se trouvaient
00:03:18 sa femme et ses deux enfants.
00:03:20 Ils ont voulu les assassiner, les brûler vifs a-t-il prononcé avec beaucoup d'émotion.
00:03:26 Un discours d'une quinzaine de minutes qui s'est conclu avec un "Vive la France, vive
00:03:30 la République" et une marseillaise entonnée par les personnes présentes.
00:03:34 Merci beaucoup Michael Dos Santos avec Inkyverse à la île et rose.
00:03:37 On va tout de suite écouter les mots de Vincent Jambrin et puis ensuite on rejoindra Latifa
00:03:41 Imzaten qui était dans cette manifestation.
00:03:43 Permettez-moi un mot personnel car le plus grand acte de bravoure ce soir-là a été
00:03:51 à mes yeux réalisé par une mère en sauvant des flammes notre petit garçon et notre petite
00:03:57 fille, en fuyant avec eux, blessé au péril de sa vie, sa force et son courage a sauvé
00:04:05 toute notre famille et à cet instant précis, je crois que la République c'était aussi
00:04:11 elle.
00:04:12 Mélanie, Mélanie, Mélanie, Mélanie, Mélanie, Mélanie, Mélanie, Mélanie, Mélanie, Mélanie,
00:04:16 Mélanie, Mélanie, Mélanie, Mélanie, Mélanie, Mélanie, Mélanie, Mélanie, Mélanie, Mélanie,
00:04:18 Voilà Mélanie, le nom de la femme de Vincent Jambrin qui est scandé par ceux qui l'ont
00:04:22 entourée.
00:04:23 On est en duplex avec Régine Delfour et Laura Lestrade avec Latifa Ibziathène.
00:04:28 Bonsoir Madame, j'espère que vous m'entendez bien.
00:04:30 Vous étiez sur place pour soutenir le maire.
00:04:32 Vous dites il faut que ça cesse, on ne peut pas s'en prendre à un maire et à sa famille
00:04:36 comme ça.
00:04:37 Oui bien sûr, je suis là pour être à côté, pour le soutenir.
00:04:45 C'est vraiment courageux et il faut que ça cesse et il faut qu'on trouve l'apaisement
00:04:51 de cette violence et cette mère qui est courageuse, qui a sauvé ses enfants et qui a sauvé aussi
00:04:58 sa vie parce que de toucher une femme de mère et ses enfants c'est de toucher la République.
00:05:05 C'est pour ça qu'il faut vraiment qu'on soit tous la main dans la main, comme il a dit,
00:05:11 de rester debout et de garder ce pays aussi beau tous ensemble.
00:05:16 Vous dites que ce n'est pas la démocratie, ce n'est pas le vivre ensemble, ce qui se
00:05:19 passe dans notre pays depuis une semaine.
00:05:21 C'est compliqué, vous savez ça fait un petit moment que je signale que j'avais dit à
00:05:28 une cocotte, il faut faire attention à cette jeunesse, il y a un problème.
00:05:33 Il y a un problème d'éducation, il y a un problème aussi, certaines familles malheureusement
00:05:37 qu'ils ont baissé les bras, il y a des femmes qui vivent seules, il y a cette violence.
00:05:41 Ils ont dépassé la violence, moi je dis c'est de la haine.
00:05:45 Ce que j'ai vu moi quand j'étais à la marche le jeudi, pour être à côté de cette mère,
00:05:50 pour apaiser sa douleur, j'ai vu cette violence, je l'ai vécue.
00:05:54 J'ai demandé à Dieu qu'est-ce qui se passe en France, pourquoi on est arrivé là ?
00:05:57 C'est très dur.
00:05:59 Vous évoquez la marche en mémoire de Naël, sur laquelle il y a eu des violences,
00:06:04 vous avez été vous-même bousculé.
00:06:07 Vous lancez à la fois un appel aux jeunes, Latifa Imziaten, mais aussi aux parents,
00:06:11 aux papas et aux mamans, vous leur dites reprenez vos enfants en main ?
00:06:15 Bien sûr, j'ai fait même un vidéo, j'ai lancé, l'éducation est importante.
00:06:22 Normalement, on est, nos devoirs, c'est à nous de lever nos enfants, c'est à nous d'éduquer nos enfants.
00:06:28 C'est personne qui peut éduquer à la place, ni l'école, ni l'État, ni la rue, ni la société.
00:06:34 C'est aux parents, la mère et le père.
00:06:37 On est responsable de nos enfants.
00:06:40 Évidemment, ça résonne très fort en ce moment.
00:06:44 Les parents sont absents, les parents sont démissionnaires, ils sont abandonnés,
00:06:48 ils ont laissé ces jeunes pousser comme ça, sans éducation ?
00:06:51 Vous savez, il y a certains parents, malheureusement, qui ont baissé les bras,
00:06:57 il y a des parents qui sont dépassés, il y a des parents qui vivent seuls,
00:07:01 il y a une mère qui vit seule avec trois, quatre, cinq enfants,
00:07:04 qui leur a du mal à suivre, qui travaille le soir tard ou qui travaille le matin trop tôt.
00:07:08 Des enfants, ils sont livrés à eux-mêmes.
00:07:10 Moi, je pense aux vacances, là. Qu'est-ce qu'ils vont devenir si jeunes ?
00:07:13 Qu'est-ce qu'ils vont faire ? Qu'est-ce qui va s'occuper d'eux ?
00:07:16 Il y a un gros, gros problème à réparer.
00:07:19 Ces cités, il faut faire le nécessaire dans les cités, dans les écoles,
00:07:23 dans certaines écoles, malheureusement.
00:07:25 Il y a un travail énorme à faire avec les jeunes.
00:07:27 Il y a certains jeunes qui sont livrés à eux-mêmes,
00:07:29 il y a certains jeunes qui sont perdus,
00:07:31 il y a certains jeunes qui ont besoin d'être éduqués.
00:07:33 C'est pour ça que je dis à l'État,
00:07:35 "Mettez marche arrière et prenez les services militaires."
00:07:39 Ça peut dresser cette jeunesse, ça peut sortir des citoyens,
00:07:42 ça peut sortir des hommes, c'est là où on apprend les valeurs,
00:07:45 le code et le respect.
00:07:47 – Vous êtes la maman, je le rappelle, d'Imad,
00:07:49 qui est mort en 2012 sous les balles de Mohamed Merah.
00:07:52 Il avait l'amour de la France chevillée au corps.
00:07:54 Qu'est-ce que vous dites à ces jeunes qui brûlent le drapeau français aujourd'hui ?
00:07:58 – Je trouve ça honteux, parce que, comment on peut brûler
00:08:03 le drapeau de pays où on vit, le pays qui nous partient ?
00:08:08 Qu'on brûle ce drapeau de la République ?
00:08:11 Ils méritent la punition.
00:08:13 Moi, je suis pour la punition, pour être jugé.
00:08:16 On n'a pas le droit de faire ça, on n'a pas le droit.
00:08:19 C'est de toucher la République, toucher un drapeau,
00:08:21 c'est de toucher la République.
00:08:23 C'est injuste.
00:08:24 Où est-ce qu'ils ont éduqué ces jeunes ?
00:08:26 Qu'est-ce qu'ils ont appris à l'école ?
00:08:28 Où il y a le respect ?
00:08:30 C'est un gros problème.
00:08:32 Aux parents, à l'école, à la société,
00:08:34 il y a l'État aussi qui doit prendre sa part de responsabilité.
00:08:37 – La Tifa Yves-Athènes, vous faites le tour des écoles très régulièrement,
00:08:41 des collèges, des lycées, pour parler, pour expliquer
00:08:44 à quel point il faut lutter contre le terrorisme, le communautarisme.
00:08:48 Est-ce que vous n'êtes pas découragée aujourd'hui ?
00:08:50 – Non, non, au contraire.
00:08:55 Là, je vais être encore plus forte, parce que là, il faut travailler.
00:08:57 Ça fait un petit moment que je le dis, il faut qu'on travaille avec les parents.
00:09:00 Et je pense que je vais être encore plus forte,
00:09:02 parce que ce que j'ai vu, moi, quand il y avait la marche,
00:09:05 j'étais choquée.
00:09:07 Des jeunes d'otages, c'était horrible ce que j'ai vu.
00:09:10 Et aujourd'hui, je vois ce maire humu, avec beaucoup d'émotion,
00:09:16 et il m'a donné encore plus de courage pour continuer mon combat.
00:09:19 Je dois être debout jusqu'à la fin de ma vie,
00:09:22 comme j'ai dit, du début jusqu'à aujourd'hui.
00:09:25 – En mémoire de votre fils, toujours.
00:09:28 – Oui, à chaque aide que je peux apporter, à chaque vie que je peux sauver,
00:09:33 je vois Aïmad agrandir à travers l'association Aïmad pour la jeunesse et la paix.
00:09:38 – Merci beaucoup Latifa Ibn Ziyad, d'avoir répondu à nos questions ce soir sur CNews.
00:09:42 Merci à Régine Delfour et Laura Lestrade,
00:09:44 qui étaient à côté de vous dans cette marche à l'Aïlée-Rose.
00:09:47 En soutien à Vincent Jambrin, le maire qui a été élu,
00:09:50 il sera mon invité demain matin.
00:09:52 Aminel Baïé, on est saisie par la force des propos de Latifa Ibn Ziyad,
00:09:56 et puis par la réalité de ce qui se passe sur le terrain.
00:09:59 Cette haine qui se développe comme ça, de la part de jeunes,
00:10:03 contre leur pays, les forces de l'ordre, les élus, les bâtiments publics.
00:10:08 – Oui, bien sûr, cette situation était prévisible.
00:10:11 La situation des banlieues et des quartiers populaires,
00:10:14 on en parle aujourd'hui parce qu'il y a eu des émeutes à la suite,
00:10:17 effectivement, de ce tragique drame à Nanterre,
00:10:20 avec la mort d'un enfant et l'incarcération aussi d'un policier.
00:10:23 Je trouve qu'on parle beaucoup des quartiers populaires,
00:10:25 mais le fait initial, n'oublions pas, c'est quand même la mise en cause d'un policier.
00:10:31 D'ailleurs aujourd'hui, et on le voit, j'aimerais qu'on parle aussi
00:10:35 de la situation des policiers qui se sentent complètement dégagés.
00:10:37 – Vous inquiétez pas, on va en parler, mais bien sûr.
00:10:39 – Mais sur la situation des quartiers populaires,
00:10:42 vous voyez que depuis 30 ans, on n'arrive pas à assimiler.
00:10:45 Vous voyez que depuis les années 1990, on a injecté 90 milliards d'euros
00:10:49 dans les quartiers populaires au titre de la politique de la ville.
00:10:52 On a arrosé des quartiers populaires à coup de subventions à GoGo,
00:10:56 et on n'arrive pas à assimiler.
00:10:58 – En fait, plus les générations passent et moins elles s'assimilent.
00:11:00 – Mais plus les générations passent et moins elles s'assimilent
00:11:02 parce qu'il n'y a pas d'autorité.
00:11:04 Pardonnez-moi, mais moi je suis un enfant d'immigré
00:11:06 et ma famille, lorsqu'elle est arrivée en France,
00:11:09 elle est arrivée en France pour travailler.
00:11:11 Et tout le monde s'est retrouvé d'ailleurs autour de la valeur travail,
00:11:13 dans le département du Nord, dans le Pas-de-Calais,
00:11:15 autour des mines de charbon, dans les industries textiles.
00:11:18 Aujourd'hui, l'immigration dont nous avons à faire face
00:11:21 est une immigration essentiellement liée au regroupement familial,
00:11:23 une immigration essentiellement économique.
00:11:25 Et j'ai l'impression que l'on veut parler de tout.
00:11:27 Il y aura 220 maires qui vont être reçus par Emmanuel Macron.
00:11:30 Qu'est-ce qu'on va leur dire ?
00:11:31 Est-ce qu'on va leur dire qu'on va leur donner plus d'argent
00:11:33 pour continuer à endiguer la cocotte minute sociale ?
00:11:36 Ou est-ce qu'on va vraiment mettre sur la table les vrais sujets ?
00:11:38 Et notamment la question de l'immigration incontrôlée,
00:11:40 qui est un vrai sujet, un vrai sujet, un enjeu majeur.
00:11:43 – Bien entendu.
00:11:44 Mais vous pensez que là, par exemple,
00:11:46 on verra le profil des 3 400 interpellations,
00:11:49 un tiers sont des mineurs, la moyenne d'âge c'est 17 ans,
00:11:53 60% ne sont pas connus des services de police.
00:11:56 Je pense qu'ils sont absolument tous français.
00:12:00 – Bien sûr qu'ils sont français, ils sont français,
00:12:04 mais certains citoyens se sentent français entièrement à part
00:12:08 parce qu'on ne leur dit pas qu'ils sont français.
00:12:10 Parce qu'on se refuse nous-mêmes en France
00:12:12 d'imposer par exemple l'uniforme à l'école,
00:12:14 on se refuse par exemple d'envisager,
00:12:16 comme le disait si bien Madame Latifa Ibn Ziyatène,
00:12:18 le service militaire obligatoire.
00:12:22 Mais voyez-vous, aujourd'hui, la question,
00:12:25 la notion et le rapprochement avec la notion de République
00:12:28 est totalement étrangère dans les quartiers populaires,
00:12:30 totalement étranger.
00:12:31 Et ce que je souhaite vous dire, vraiment,
00:12:34 c'est qu'il faut aussi responsabiliser ces jeunes,
00:12:37 responsabiliser ses parents, et responsabiliser aussi les élus.
00:12:41 Et leur dire que dans les quartiers populaires,
00:12:44 on n'est pas moins lotis que dans les campagnes.
00:12:47 Dans les campagnes de la Creuse ou du Cantal,
00:12:50 là-bas où il n'y a pas de services publics.
00:12:52 Là-bas où il n'y a pas de transport public,
00:12:54 là-bas où il n'y a pas de bureaux de poste,
00:12:56 là-bas où des jeunes de mon âge peuvent se sentir totalement délaissés.
00:12:59 Et regardent la situation des quartiers populaires
00:13:02 comme un monde totalement parallèle.
00:13:05 Avec ses propres lois et ses propres règles.
00:13:07 Avec ses propres lois et avec ses propres règles.
00:13:10 Moi, je le dis très sincèrement,
00:13:12 le débat, aujourd'hui, il est tout autre.
00:13:14 Si on veut rétablir l'autorité,
00:13:16 il faut poser un certain nombre de sujets.
00:13:18 Certains maires, notamment l'Association des maires de France,
00:13:20 réclament plus de moyens.
00:13:21 D'autres réclament, par exemple,
00:13:23 la possibilité de suspendre les prestations familiales.
00:13:25 Et on va vous dire, comme chaque année,
00:13:27 à chaque fait divers,
00:13:28 mais ce n'est pas possible,
00:13:29 parce que c'est contraire aux droits de l'Union européenne.
00:13:32 En 2024, vous allez avoir des enjeux électoraux
00:13:34 qui vont être extrêmement importants.
00:13:36 Est-ce qu'on continue le regroupement familial ou pas ?
00:13:38 Est-ce qu'on dénonce les traités européens ou pas ?
00:13:40 Ça va être l'objet de la loi immigration, normalement.
00:13:42 Mais oui, mais c'est pas par dénouement.
00:13:44 Elle est reportée tous les trois mois.
00:13:46 On aimerait aujourd'hui qu'il y ait un vrai débat sur l'immigration.
00:13:48 Et moi, à titre personnel,
00:13:50 j'aimerais un référendum sur l'immigration.
00:13:52 Il y a de nombreux élus de droite qui le réclament.
00:13:54 Un tout petit mot, Jean-Christophe Couville,
00:13:55 de la situation que l'on évoquait,
00:13:57 avec des jeunes qui ne se sentent pas français,
00:14:00 qui brûlent le drapeau français,
00:14:02 pour qui les forces de l'ordre sont des ennemis.
00:14:04 Et c'est vraiment ce qu'on a vu,
00:14:06 depuis six jours, depuis le début de ces émeutes.
00:14:08 Tout à fait, c'est la bande d'en face, les policiers.
00:14:10 C'est la bande d'en face, en fait.
00:14:11 On a l'impression que c'est une police d'occupation.
00:14:13 Moi, quand je vois la propagande
00:14:15 qui est lancée dans ces quartiers,
00:14:17 de toute façon, c'est ça, c'est l'éducation.
00:14:19 Elle se fait dans le quartier.
00:14:20 C'est le quartier qui fait l'éducation des enfants.
00:14:22 Et en fait, on fait tout pour qu'ils pensent
00:14:24 que c'est, vous savez, le syndrome de la forteresse assiégée.
00:14:27 C'est-à-dire que dans le quartier, vous êtes sécurisés.
00:14:29 D'ailleurs, il y a des dealers,
00:14:31 on parle des religieux aussi, on en parle peut-être pas assez,
00:14:33 mais qui sont aussi en deuxième lame.
00:14:35 Dealers et imams, c'est eux qui vont résoudre le problème ?
00:14:38 Je ne suis pas sûr, moi, justement.
00:14:40 Justement, qu'on parle de ça aussi.
00:14:42 Mais je veux dire, les dealers aussi,
00:14:45 les dealers sont là en disant,
00:14:47 la preuve, on brûle les écoles.
00:14:48 Pourquoi est-ce qu'on brûle les écoles ?
00:14:49 C'est pour enclaver ces jeunes.
00:14:50 C'est pour pas qu'ils sortent des cités, des quartiers,
00:14:52 parce que ça va faire de la main d'œuvre.
00:14:53 Ça fait aussi des consommateurs.
00:14:54 Et les bibliothèques, tous les lieux de savoir.
00:14:56 Tout ce qui est culture, etc.
00:14:57 Vous cramez. Vous cramez pourquoi ?
00:14:58 Parce que c'est le savoir.
00:14:59 Et encore une fois, quand on a accès au savoir,
00:15:01 on peut s'affranchir d'une certaine, justement, lourdeur
00:15:05 de tout un quartier.
00:15:06 Et en fait, on peut réussir.
00:15:08 Et certains ne veulent pas qu'ils réussissent,
00:15:10 parce qu'ils veulent les garder dans leurs conditions.
00:15:12 Et donc ça, c'est très important.
00:15:14 Et il y a justement du monde politique aussi
00:15:16 qui leur met ça dans la tête,
00:15:17 que ce sont toujours des gens...
00:15:18 Vous parlez de la France insoumise.
00:15:19 Oui, clairement.
00:15:20 On dit les choses.
00:15:21 Et donc, en gros, vous, vous vivez la galère.
00:15:24 Et les gens dehors de la cité, eux, ils ont la belle vie.
00:15:27 Et là, ce qu'on a vu, c'est aller cramer,
00:15:29 aller piller des magasins.
00:15:31 On va chez les bourgeois.
00:15:33 On va se servir parce que nous, on est malheureux.
00:15:35 Mais les habitants sont aussi pris au piège de leur cité.
00:15:37 Mais bien sûr qu'ils sont malheureux.
00:15:38 C'est leur voiture qui brûle, évidemment.
00:15:40 Et ça, c'est absolument intolérable.
00:15:41 Gauthier Lebret.
00:15:42 Oui, alors, sur la France insoumise,
00:15:43 Vincent Jambrain, il a fait référence
00:15:45 de manière très subtile en disant,
00:15:47 sur ces agents municipaux qui ont barricadé la mairie,
00:15:50 "La République, c'est eux."
00:15:51 Sur sa femme, "La République, c'était elles."
00:15:53 Et à la fin de son discours, il a dit "La République, c'est nous."
00:15:55 Évidemment que c'était une référence à Jean-Luc Mélenchon
00:15:58 et à son fameux "La République, c'est moi"
00:15:59 lors de la perquisition au siège de la France insoumise.
00:16:01 Après, on sait qu'il a été condamné pour rébellion,
00:16:04 Jean-Luc Mélenchon.
00:16:05 Et c'est vrai qu'il a joué à un jeu dangereux.
00:16:07 Il y a plusieurs exemples.
00:16:08 Déjà, il a refusé d'appeler au calme.
00:16:09 Ensuite, dès le premier soir des émeutes,
00:16:11 vous avez une brochette de députés de la France insoumise.
00:16:13 Thomas Porte, Antoine Léaument, Louis Boyard
00:16:15 qui sont allés faire la tournée des commissariats de Nanterre.
00:16:17 Alors certes, c'est un droit...
00:16:19 À 3h du matin.
00:16:20 Exactement, à 3h du matin, c'est un droit des députés
00:16:22 d'aller visiter des commissariats et des prisons
00:16:24 pour voir, en ce qui concerne les commissariats,
00:16:26 comment sont incarcérés les gardés à vue.
00:16:27 Ils n'ont pas le droit de rentrer en contact avec eux,
00:16:29 selon les sources policières qui étaient présentes sur place.
00:16:31 Ils ont tenté, ils ont mis la pression
00:16:32 pour rentrer en contact avec les gardés à vue.
00:16:34 Ensuite, vous avez Carlos Martins Bilongo,
00:16:36 le même soir, député insoumis,
00:16:38 qui a essayé d'aller récupérer politiquement les émeutiers,
00:16:40 qui s'est fait agresser.
00:16:41 Et la France insoumise,
00:16:42 qui a refusé de condamner la propre agression de son député
00:16:45 de peur de se fâcher avec les émeutiers.
00:16:47 Et là où ils sont dans la confusion,
00:16:48 c'est qu'ils croient que les habitants de Nanterre,
00:16:50 puisque Jean-Luc Mélenchon a fait un très bon score à Nanterre,
00:16:52 quasiment 50% au premier tour,
00:16:53 ils croient que les habitants de Nanterre soutiennent les émeutiers.
00:16:56 Mais c'est un très mauvais calcul.
00:16:57 Les habitants de Nanterre, ils subissent les émeutiers.
00:16:59 Et il y a eu un sondage IFOP pour le Figaro
00:17:03 qui montre que les Français jugent très sévèrement
00:17:05 le comportement de Jean-Luc Mélenchon.
00:17:06 Il a 20% de satisfaction sur son comportement après les émeutes,
00:17:10 contre 39% pour Marine Le Pen.
00:17:12 Donc en plus, il sert de marche-pied à Marine Le Pen
00:17:14 puisqu'il rêve de l'affronter au second tour.
00:17:15 Mais quand vous superposez la carte des banlieues
00:17:18 et la carte des députés et les filles, vous voyez qu'elle coïncide.
00:17:20 Ah bien bien sûr.
00:17:21 Ils montrent parfaitement 12 sièges de députés
00:17:23 en Seine-Saint-Denis pour la France Insoumise.
00:17:25 Bien sûr.
00:17:26 Michel Fauvergue, on a entendu les paroles de ce maire,
00:17:29 victime d'une agression inouïe à son domicile.
00:17:31 Honnêtement, il avait l'intention de tuer.
00:17:33 C'est une tentative d'assassinat.
00:17:35 C'est-à-dire que la voiture Bélier qu'a été envoyée sur son domicile,
00:17:37 enflammée, puis les tirs de mortier sur sa femme et ses enfants
00:17:40 qui s'enfuyaient.
00:17:42 On est sur une volonté de tuer.
00:17:44 Oui, bien évidemment, on est dans une volonté de tuer
00:17:47 par des lâches qui s'attaquent à des femmes et des enfants.
00:17:50 Et des femmes et des enfants et toute une famille endormie.
00:17:53 Oui, on est sur une tentative d'assassinat.
00:17:56 Et le parquet ne s'y est pas trompé,
00:17:58 puisque l'ouverture a été faite dans ce sens-là.
00:18:01 L'ouverture de l'enquête judiciaire a été faite dans ce sens-là.
00:18:04 Mais moi, je voudrais revenir sur les mots,
00:18:07 sur le sang général de ce qu'a dit Vincent Jambouin,
00:18:10 qui est effectivement aujourd'hui le porte-parole de la République.
00:18:13 C'est le visage de la République aujourd'hui.
00:18:15 Il est derrière nous, on le voit, il est là.
00:18:17 Et lui et sa femme, on les salue.
00:18:19 Tout à fait.
00:18:20 Il a parlé d'un sursaut, il a demandé à ce que la France majoritaire se réveille.
00:18:28 Parce que ce dont on vient de parler jusqu'à présent,
00:18:31 c'est une infime minorité de la France, y compris d'ailleurs dans les banlieues.
00:18:35 Y compris dans les banlieues, tout le monde...
00:18:37 Y en a qui souffrent dans les banlieues, qui travaillent dans les banlieues.
00:18:40 Y en a qui voudraient partir des banlieues,
00:18:42 y en a qui voudraient vivre dans les banlieues,
00:18:44 parce que c'est là où ils sont nés.
00:18:46 Ils voudraient y rester.
00:18:47 Mais non, les modèles qu'ils ont en face d'eux,
00:18:49 c'est le modèle du caïd,
00:18:51 ou c'est le modèle effectivement de l'islam radical.
00:18:54 Et ils ne peuvent pas y vivre.
00:18:56 Donc c'est une minorité, y compris dans ces banlieues, répétons-le.
00:18:59 Donc il faut que...
00:19:00 Effectivement, moi je suis assez d'accord avec ça.
00:19:02 - C'est quoi, 1% ? 1% ? Même pas ?
00:19:04 - Je ne peux pas le situer, mais...
00:19:06 - C'est quelques dizaines d'individus par quartier ?
00:19:08 - Je ne peux pas le situer, mais si vous faites un rapprochement
00:19:10 entre des cagnottes qui ont été faites...
00:19:12 - Oui, alors, on parlera des cagnottes aussi.
00:19:14 - On en parlera peut-être tout à l'heure.
00:19:16 - Il y a 2 cagnottes.
00:19:18 - Cette cagnotte-là.
00:19:19 - Il y a une cagnotte pour la famille de Jeanne Nahel,
00:19:21 une cagnotte pour le policier qui a été tiré.
00:19:23 - Oui, mais si vous faites la comparaison avec la cagnotte de Christophe Détingé,
00:19:26 vous savez, le boxeur qui boxait les gendarmes,
00:19:29 eh bien vous apercevez que ces 95% de la population
00:19:32 donne à la cagnotte des policiers.
00:19:34 Donc on peut dire quand même qu'on est dans cet ordre d'idée-là.
00:19:38 Et cet appel à la population à se lever,
00:19:42 à la majorité à se lever, il est très très important,
00:19:45 parce que le jour où on va commencer à combattre,
00:19:48 par exemple, réellement les dealers...
00:19:51 - Mais ça, ça a commencé quand même !
00:19:53 - Le ministre de l'Intérieur le fait,
00:19:54 mais le jour où on va généraliser ça,
00:19:56 on aura ce type de violence.
00:19:57 Et il faudra être fort, et il faudra faire des sacrifices là-dessus.
00:20:00 - Mais bien sûr !
00:20:01 - C'est une violence trop viril.
00:20:02 - Mais on peut le dire là, Jean-Michel Faubergle,
00:20:03 on est tranquille sur nos plateaux.
00:20:04 Les habitants, eux, ils sont vraiment les otages de ces dealers.
00:20:08 Ils tiennent les cages d'escalier, ils terrorisent leurs enfants aussi.
00:20:11 Donc c'est beau de dire "nous, on appelle au sursaut",
00:20:14 mais nous, on n'est pas en première ligne.
00:20:16 - Mais Laurence, c'est pour ça qu'il faudra mener un combat.
00:20:18 On ne peut plus...
00:20:19 Si on met la poussière sous le tapis,
00:20:22 dans six mois, dans cinq ans, dans trois ans...
00:20:24 - Ah mais ça repète dans trois mois, pareil !
00:20:25 - Ça repète, et encore plus fort.
00:20:26 - Amine et ensuite Éric Revelle.
00:20:27 - Moi, madame Ferrer, je voudrais dire de manière très courte,
00:20:30 le communautarisme, on l'a créé,
00:20:32 et il s'est entretenu par voie d'inaction politique.
00:20:35 Moi, j'aimerais savoir qui est payé, tous les jours,
00:20:37 chez les bailleurs sociaux,
00:20:39 pour entasser des familles extrêmement pauvres,
00:20:42 et aujourd'hui, des familles issues de l'immigration,
00:20:44 dans des tours HLM.
00:20:46 La pauvreté, le communautarisme,
00:20:49 ne justifient absolument pas la violence,
00:20:51 et aujourd'hui, il est complètement insupportable
00:20:53 d'entendre que les émeutes se justifient par la pauvreté.
00:20:56 En revanche, le communautarisme tel que nous voulons les démanteler,
00:20:59 ainsi que les cartels de drogue dans les quartiers,
00:21:02 il s'est entretenu parce que la République n'était pas là,
00:21:04 parce qu'on a fait des concessions,
00:21:05 d'abord en 2005 avec les grands frères,
00:21:07 aujourd'hui avec les caïds,
00:21:09 on a arrosé des associations de subvention,
00:21:11 on a acheté la paix sociale à coup de subvention
00:21:14 et à coup de contrat aidé.
00:21:15 Aujourd'hui, je pense qu'il est temps
00:21:17 de cifrer la fin de la récréation.
00:21:19 Je ne voudrais pas cibler quelqu'un en particulier,
00:21:21 mais quand même, Jean-Louis Borloo,
00:21:23 qui était quand même plutôt un bon ministre de la ville,
00:21:25 avait produit un rapport dont tout le monde partageait le constat.
00:21:28 On n'était pas d'accord sur les solutions.
00:21:29 Président Macron s'est assis dessus.
00:21:31 Mais le président Macron a jeté à la poubelle ce rapport.
00:21:33 Sur le constat, nous étions tous d'accord.
00:21:35 Sur les propositions, un peu moins.
00:21:37 Il s'agissait quand même d'injecter 10 milliards d'euros en plus
00:21:39 dans un contexte de réduction budgétaire.
00:21:41 Mais quand même, aujourd'hui,
00:21:43 vous avez des jeunes qui vous disent
00:21:45 "Vous vous intéressez aux quartiers populaires
00:21:47 parce qu'il y a des émeutes."
00:21:48 Moi, j'aimerais que demain, on puisse leur donner tort
00:21:50 et qu'on puisse rétablir l'ordre dans les quartiers populaires
00:21:53 sans les émeutes.
00:21:55 Est-ce que c'est parce qu'il y a des émeutes
00:21:56 qu'on s'intéresse aux quartiers ?
00:21:57 Non, absolument pas.
00:21:58 Est-ce que l'enjeu, c'est parce que là,
00:21:59 il y a eu des émeutes récemment ?
00:22:00 Non, absolument pas.
00:22:01 Est-ce que les milliards d'euros qui ont été déversés,
00:22:02 c'est parce qu'il y a eu des émeutes ?
00:22:03 On a déversé des milliards d'euros dans les quartiers populaires
00:22:06 et vous voyez que ça ne marche pas.
00:22:07 Pourquoi ? Parce que dans les quartiers populaires,
00:22:11 la figure d'exemple, c'est le rappeur, c'est le dealer,
00:22:14 et ce n'est jamais celui qui a envie de s'en sortir.
00:22:16 C'est jamais celui qui a envie de réussir.
00:22:18 On a supprimé les internats d'excellence.
00:22:20 On a fait en sorte que les jeunes qui travaillent dur
00:22:23 et qui veulent s'en sortir ne soient pas aidés.
00:22:25 On a dédoublé les classes de CP et de CE1 aussi.
00:22:27 On ne fait pas rien.
00:22:29 On ne fait pas rien, mais on doit aussi pouvoir mettre en avant
00:22:33 celles et ceux qui veulent s'en sortir.
00:22:35 S'en sortir, trouver le succès.
00:22:37 On le fait. Vous avez raison.
00:22:38 Éric Grevel, je ne vous ai pas entendu depuis le début de l'émission.
00:22:39 Non, je vais vous parler de Nanterre.
00:22:40 Allez-y.
00:22:41 Je vais vous parler de Nanterre parce que moi,
00:22:42 j'ai grandi à Nanterre.
00:22:43 Nanterre, c'est 7 ou 10 cités.
00:22:46 La cité des Fontenelles, la cité du Vieux-Pont,
00:22:48 l'Echammel, Pablo Picasso, la cité Pessaro.
00:22:52 C'est beaucoup de cités HLM.
00:22:54 Mais aussi des quartiers résidentiels.
00:22:55 Bien sûr. Le centre de Nanterre sont des quartiers résidentiels.
00:22:58 Ce que je veux dire par là, c'est que pour moi,
00:22:59 je vais vous dire, l'excuse de pauvreté ne tient pas.
00:23:01 Pour une raison très simple.
00:23:02 C'est que quand j'habitais la cité des Fontenelles, à Nanterre,
00:23:05 si on habitait la cité des Fontenelles à Nanterre,
00:23:07 c'est qu'on ne pouvait pas habiter ailleurs.
00:23:09 Il y avait une mixité, pas ethnique,
00:23:12 mais il y avait une mixité sociale.
00:23:14 Il y avait des petits employés, des fils d'ouvriers,
00:23:17 ce qui était mon cas, etc.
00:23:18 Et ces gens vivaient sans beaucoup d'argent.
00:23:21 Ils vivaient d'ailleurs d'une manière assez solidaire,
00:23:24 parce qu'il y avait une certaine entraide
00:23:25 de tour à tour cité des Fontenelles.
00:23:27 Ce qui a changé, c'est effectivement, pardonnez-moi,
00:23:31 mais c'est le peuplement de ces cités.
00:23:32 C'est-à-dire que...
00:23:33 La communautarisation des communes.
00:23:34 Mais bien sûr.
00:23:35 Alors, il y a une raison aussi simple,
00:23:37 c'est qu'on sait comment la loi est détournée.
00:23:40 Les communes les plus riches préfèrent payer une amende
00:23:42 que de construire, évidemment, des HLM.
00:23:44 Mais ce que je veux dire, c'est que ces cités
00:23:46 se sont transformées en véritables ghettos.
00:23:48 Ce n'est pas une excuse.
00:23:49 Je finis juste mon raisonnement.
00:23:50 Après, on sait que les immigrés sont toujours regroupés.
00:23:52 Moi, je suis italienne.
00:23:53 Les immigrés étaient toujours dans les mêmes endroits.
00:23:55 Les portugais, ils vont à d'autres.
00:23:56 Les espagnols, à d'autres.
00:23:57 Moi, je vous dis l'exemple de mon lycée.
00:23:58 Le lycée Jolout-Curie de Nanterre.
00:24:00 Le lycée Jolout-Curie de Nanterre,
00:24:01 qui fait 1800 élèves, etc.
00:24:03 Moi, j'ai été scolarisé de la 6e à la terminale.
00:24:06 Et on retrouvait ceux qui étaient dans les cités HLM de Nanterre.
00:24:09 Donc, avec cette mixité sociale,
00:24:11 il y avait des maghrébins, il y avait des italiens,
00:24:14 il y avait des français, etc.
00:24:15 Je suis retourné dans ce lycée il y a quelques années.
00:24:18 Et en fait, c'est devenu, à l'image même des cités de Nanterre,
00:24:21 un ghetto noir et un ghetto maghrébin, en réalité,
00:24:25 le lycée Jolout-Curie de Nanterre.
00:24:26 Bon, pourquoi je dis ça ?
00:24:28 Parce qu'en réalité, on fait mine de s'apercevoir
00:24:31 qu'il y a une communautarisation de ces cités HLM.
00:24:34 On fait mine de s'apercevoir que dans ces cités,
00:24:38 le trafic de drogue, et même en pleine journée,
00:24:42 baladez-vous, vous verrez, c'est absolument sidérant.
00:24:46 Et je termine juste, Laurence, en disant que
00:24:49 la question des milliards qui ont été déversés,
00:24:53 c'est pas cette question-là qui est au centre.
00:24:56 La question qui est au centre pour moi,
00:24:58 c'est la question de la scolarité, de l'avenir scolaire,
00:25:03 et aussi, parce que là, il faudrait peut-être prendre
00:25:06 avec l'actualité, les rapports aussi,
00:25:09 il faut en parler, de la police et de cette jeunesse
00:25:11 qui s'est construite dans une contre-société.
00:25:13 Vous avez raison. Petite pause, je vous passe la parole dans un instant,
00:25:15 on reviendra sur les rapports entre la police et les jeunes.
00:25:18 On verra aussi que les violences, c'est pas terminé.
00:25:20 On dit "ça a baissé", mais vous, les policiers,
00:25:23 vous savez bien que sur le terrain, c'est pas du tout terminé.
00:25:25 A tout de suite dans Punchline.
00:25:28 17h30, l'heure du rappel des titres de l'actualité sur CNews,
00:25:31 on va y aller à la bidule.
00:25:33 De nombreux élus et une foule dense pour la marche en soutien
00:25:39 aux mers de Lailerose.
00:25:41 Un millier d'habitants de la commune y ont participé.
00:25:43 L'édil a pris la parole à la fin de la marche
00:25:46 pour réclamer la fin de cette spirale de violence.
00:25:49 Au lendemain de cette sixième nuit de heure,
00:25:51 Gérald Darmanin sur le terrain.
00:25:53 Il était en déplacement à Reims,
00:25:55 ville particulièrement ciblée par les émeutiers la nuit dernière.
00:25:58 Après avoir fait le bilan des violences,
00:26:00 le ministre de l'Intérieur a déclaré vouloir parler au quartier.
00:26:04 Et puis, mort de Léon Gauthier,
00:26:06 dernier survivant du débarquement normandie en 1944.
00:26:09 L'homme s'est éteint aujourd'hui à l'âge de 100 ans.
00:26:12 Il était le dernier membre du commando Kieffer,
00:26:15 un bataillon de 177 fusillés marins
00:26:18 qui avait débarqué sur les côtes normandes.
00:26:20 Un hommage national devrait lui être rendu.
00:26:23 Voilà pour le rappel des titres de l'actualité.
00:26:25 On se retrouve sur le plateau de Punchline.
00:26:27 On évoquait le maire de La Hillerose,
00:26:29 dont la famille a été agressée.
00:26:31 J'aimerais qu'on écoute le maire de Neuilly-sur-Marne,
00:26:33 Zartosch Bakhtiari, qui dit que la situation ne s'est pas calmée,
00:26:36 que c'est toujours l'enfer sur le terrain. Écoutez-le.
00:26:39 J'aimerais quand même dire une chose,
00:26:41 c'est que la première ministre n'a pas le droit de dire
00:26:43 que c'était une nuit plus calme.
00:26:44 Aujourd'hui, on vit un enfer.
00:26:46 Et que dans cet enfer, il fasse 1000 degrés ou 900 degrés,
00:26:48 on est en enfer. Il faut en sortir.
00:26:50 Et donc un responsable politique n'a pas le droit de dire
00:26:53 qu'on est dans une période un peu plus calme que la veille.
00:26:56 Aujourd'hui, on est effectivement, je pense,
00:26:59 dans un déchaînement qui va durer.
00:27:01 On va peut-être avoir un peu moins de tensions accrues,
00:27:06 un peu moins de faits de cette nature-là,
00:27:09 mais il en restera quand même quelque chose.
00:27:11 Et comment est-ce qu'on règle ce problème de fond qui va perdurer ?
00:27:15 Ces gens-là qui vont rentrer peut-être chez eux
00:27:17 demain, après-demain, dans 10 jours.
00:27:19 On va les retrouver. Ils ne vont pas disparaître de la circulation.
00:27:22 Effectivement, il y aura la réponse pénale dans un premier temps.
00:27:24 Mais après, qu'est-ce qu'on va faire ?
00:27:25 On est en ligne avec le général Emmanuel Le Ruchauf,
00:27:28 éducateur en banlieue.
00:27:29 Bonsoir, monsieur.
00:27:30 Comment on va faire demain quand on va se retrouver
00:27:32 avec ces jeunes qui ont tout dévasté ?
00:27:35 Qu'est-ce qu'il faut faire ?
00:27:36 Je n'ai pas entendu le début de votre question.
00:27:40 Qu'est-ce qu'on va faire avec tous ces jeunes-là
00:27:43 qui sont actuellement 3 400 interpellations ?
00:27:46 Un tiers d'entre eux sont mineurs.
00:27:48 Qu'est-ce qu'on va faire quand ils vont se retrouver
00:27:49 dans la rue demain ?
00:27:50 Si vous voulez, je pense que votre équipe autour de la table
00:27:57 a certainement la solution qui passe par la justice,
00:28:00 par les parents, par que sais-je encore.
00:28:02 Moi, je suis surtout axé sur le faire aimer la France.
00:28:09 Je crois qu'on a raté complètement dans notre système français
00:28:14 d'insertion, d'intégration, d'assimilation,
00:28:18 le souvenir de la France.
00:28:21 Il faut vivre entièrement, il faut vivre au travers
00:28:24 de son histoire, de sa culture, de sa langue.
00:28:26 Et à partir de là, vous avez des gens qui ne sont plus étrangers,
00:28:30 qui ne seront plus étrangers.
00:28:31 Et donc, c'est un petit peu ce que j'ai fait avec mes équipes
00:28:34 un peu partout en France depuis toutes ces années.
00:28:36 Et je peux vous dire que ça fonctionne bien.
00:28:38 C'est-à-dire qu'à partir du moment où des jeunes en déshérence,
00:28:40 en difficulté, qui se sentent méprisés,
00:28:43 qui n'ont pas d'objectif, qui n'ont pas de but dans la vie,
00:28:47 à partir du moment où vous leur donnez confiance en eux,
00:28:49 vous leur donnez un objectif crédible,
00:28:53 les gens vous suivent.
00:28:55 Donc, je crois que c'est ça qu'il va falloir faire.
00:28:57 Mais il va falloir faire ça au plan national,
00:28:58 c'est-à-dire pas avec le général de Richouf,
00:29:00 comme le général de Richouf avec des petites équipes
00:29:02 d'une centaine ou de cent cinquante jeunes par promotion,
00:29:05 mais qu'on augmente véritablement le volume de manière à montrer
00:29:08 que l'État a compris le signal, a compris la déshérence
00:29:12 dans laquelle nous étions, le pays était.
00:29:14 On a perdu une guerre, on a perdu une bataille,
00:29:17 qui est la bataille d'aujourd'hui.
00:29:19 On n'a pas eu le réflexe de penser à ce qu'on avait fait,
00:29:22 ce qui avait été fait en 2005.
00:29:24 Et maintenant, il faut gagner la guerre.
00:29:26 Et pour gagner la guerre, il faut faire un certain nombre de choumis de 23.
00:29:29 Que font les parents ?
00:29:30 Moi, j'allais dire, qu'est-ce que vous avez fait depuis dix ans ?
00:29:32 C'est-à-dire que depuis dix ans, vous dites, la famille n'existe plus,
00:29:34 les pères et les mères, il n'y en a pas, c'est genré, etc.
00:29:38 Donc, vous avez quand même des cellules familiales fortes
00:29:40 qui sont avec des pays africains, du Maghreb, etc.
00:29:44 pour lesquels le père est très important, la mère est très importante.
00:29:48 À partir du moment où vous fragilisez ce duopole, en quelque sorte,
00:29:52 vous fragilisez la famille.
00:29:54 Et à ce moment-là, la famille, vous leur dites maintenant,
00:29:56 qu'est-ce que vous faites ? Ils ne font plus rien,
00:29:58 parce qu'on leur dit que ce n'était pas bien.
00:30:01 Voilà, c'est la famille, l'éducation, etc.
00:30:05 D'accord. Une petite question d'Éric Revelle, Général.
00:30:07 En général, ce que vous dites, aimer la France,
00:30:09 parce que pour l'instant, on assiste, comme Laurence Ferrari le disait tout à l'heure,
00:30:11 à des gens qui brûlent le drapeau français,
00:30:13 donc qui ont une haine, globalement, pour ces minorités du pays.
00:30:16 Et je vais faire un parallèle sur lequel j'aimerais vous interroger.
00:30:19 Aux États-Unis, Dieu sait qu'il y a des émeutes dans ce pays,
00:30:23 avec des périodes assez rapides et peu espacées.
00:30:27 Mais dans ce pays, aux États-Unis, qu'on soit noir,
00:30:31 qu'on soit migrant de la première génération,
00:30:34 personne ne brûlerait le drapeau américain.
00:30:36 Au contraire, on le met devant sa maison.
00:30:38 Ça veut dire qu'en dépit des différences,
00:30:40 ethniques, communautaires,
00:30:42 dans un pays comme les États-Unis,
00:30:44 on ne brûle pas le drapeau, en France, on le brûle.
00:30:47 Donc, est-ce que, pour vous, c'est une différence qui vous saute aux yeux également ?
00:30:52 Ah ben oui !
00:30:54 Vous m'entendez, là ?
00:30:56 Bien évidemment, les États-Unis,
00:30:58 vous le savez très bien,
00:31:00 tous les Américains mènent leur drapeau trop devant chez eux,
00:31:03 et ils sont très fiers d'être américains.
00:31:05 La différence avec la France, mais,
00:31:07 si vous voulez, notre histoire,
00:31:09 on la méprise depuis 40 ans.
00:31:11 Moi, qui étais sous l'uniforme, je peux vous dire,
00:31:14 c'est quelque chose que je portais en moi,
00:31:17 dans mes veines, pour entraîner mes soldats.
00:31:19 Il ne s'agissait pas d'avoir de la repentance en permanence,
00:31:22 en disant "on a fait ceci, c'est mal, c'est pas bien, etc."
00:31:24 Vous avez les Américains, ils sont extrêmement fiers,
00:31:26 ils ont des héros,
00:31:28 donc ça se traduit dans la population.
00:31:31 Et je crois qu'il faut arrêter, là encore,
00:31:34 d'être un peu les pourfondeurs
00:31:37 d'une histoire brillante de 15 siècles.
00:31:40 L'histoire de France ne commence pas en 1789.
00:31:44 L'histoire de France, elle commence avec Clovis,
00:31:46 et même avant,
00:31:48 et je pense que tous nos ressortissants,
00:31:51 d'où qu'ils viennent, doivent véritablement
00:31:53 appréhender cette vérité.
00:31:55 Merci beaucoup, Général.
00:31:57 Venez en plateau la prochaine fois, la liaison sera meilleure,
00:31:59 et puis on aura l'occasion de voir comment vous faites,
00:32:01 vous, concrètement, sur le terrain.
00:32:02 Vous voulez dire quelque chose à Minel Bailly, au Général ?
00:32:04 Non, simplement rebondir sur les propos du Général,
00:32:07 qui sont parfaitement cohérents.
00:32:09 On décrit ici l'état d'enfants de mineurs qui sont suiveurs.
00:32:12 Mais on appelle à responsabiliser les parents.
00:32:15 Je crois que certains parents, quand même, dans les quartiers,
00:32:17 sont assez démissionnaires, avec les cartels de drogue,
00:32:19 certains parents qui acceptent un petit peu l'argent sale
00:32:22 pour payer un certain nombre de loyers.
00:32:24 Je crois qu'il faut aussi responsabiliser les enfants.
00:32:26 On peut, par exemple, ouvrir le débat
00:32:28 sur l'abaissement de la majorité pénale à 16 ans,
00:32:30 on peut ouvrir un certain nombre de débats sur le plan judiciaire,
00:32:34 et on peut aussi, et surtout, peut-être,
00:32:36 je crois que c'est quand même important,
00:32:38 cesser de payer l'ennemi.
00:32:39 On le nourrit, l'ennemi.
00:32:40 L'ennemi, on le nourrit à coups de subventions
00:32:42 et à coups de prestations sociales.
00:32:44 Donc couper les prestations sociales ?
00:32:46 On peut les suspendre, oui, pour réparer ce qui est à réparer.
00:32:48 500 bâtiments publics qui ont été dégradés
00:32:50 à travers ces émeutes, c'est qui qui va travailler ?
00:32:52 Il y a quand même un principe fondamental dans notre pays,
00:32:54 c'est quand même le consentement à l'impôt.
00:32:56 Est-ce que celles et ceux qui travaillent
00:32:58 acceptent de payer plus d'impôts
00:33:00 pour réparer ce qui a été détruit
00:33:02 par toutes celles et ceux qui ne se reconnaissent pas dans la République ?
00:33:04 Voilà. Et ces jeunes-là, il faut le dire,
00:33:07 ces jeunes-là, on refuse,
00:33:09 et c'est quand même insupportable dans ce pays,
00:33:12 de ne pas ouvrir le débat sur l'identité.
00:33:14 C'est une crise d'identité.
00:33:16 Ni plus ni moins.
00:33:18 Il faut arrêter de trouver des grandes solutions
00:33:20 avec les sociologues, ça ne marche pas, on le fait depuis 40 ans.
00:33:22 Il y a une crise d'identité,
00:33:24 il y a une crise d'assimilation,
00:33:26 il y a une crise même, j'ai envie de dire, de civilisation,
00:33:28 parce que je crois très sincèrement,
00:33:31 je vous le dis, c'est un regard extérieur,
00:33:33 mais qui vient quand même depuis Roubaix,
00:33:35 les premiers interlocuteurs qui ont parlé
00:33:37 pour appeler les jeunes à se calmer, c'est les mosquées.
00:33:39 Il y a une mosquée qui s'appelle la Mosquée à Boubacar
00:33:41 qui a fait un communiqué et qui malheureusement
00:33:43 n'a pas été entendu, c'était les anciens grands frères.
00:33:45 Croyez-moi, aujourd'hui, dans les quartiers,
00:33:47 on n'a plus aucun interlocuteur.
00:33:49 Rétablir l'ordre d'une part,
00:33:51 reconnaître ce que nous sommes,
00:33:53 je vous le dis, on a perdu toute valeur
00:33:55 du sacré, du réel, dans notre société.
00:33:57 Et c'est d'ailleurs, j'ai envie de dire,
00:33:59 ce processus séculaire est d'autant plus marqué
00:34:02 par la déchristianisation de la société.
00:34:04 On a perdu toutes les valeurs de la société,
00:34:07 le respect de l'autorité, le respect de l'ordre,
00:34:10 le respect de l'uniforme, le respect du policier.
00:34:12 Moi, je crois qu'à chaque fois qu'on touche
00:34:14 à un uniforme de la République, le soir même,
00:34:16 l'enfant ou le majeur doit dormir en prison.
00:34:18 - Mais juste un moment, ça se... - L'enfant ?
00:34:20 - Oui, il faut arrêter aujourd'hui... - C'est quoi, enfant ?
00:34:22 Parce qu'à 17 ans, excusez-moi, on n'est pas un enfant.
00:34:24 - Bah oui, mais il y a quand même des centres éducatifs fermés.
00:34:26 - Donc à présent, on est... - Oui, mais attendez...
00:34:28 - Là, il y a même un jeune de 11 ans qui a été interpellé au Havre.
00:34:30 11 ans qui était en train de brûler un local au bas d'un immeuble.
00:34:32 - Ils sont pas pénalement responsables en dessous de 12 ans,
00:34:34 mais les parents sont civilement responsables.
00:34:35 Mais sur le plan pénal, qu'est-ce qu'on fait depuis 10 ans ?
00:34:37 - Allons en responsabiliser les parents.
00:34:38 - Depuis 10 ans, parce qu'il n'y a pas assez d'argent,
00:34:40 on demande à l'Aide sociale à l'enfance dans les départements
00:34:43 de bien vouloir conduire une mesure de responsabilisation.
00:34:46 Et ça marche pas. Non. Je crois qu'on peut aussi construire des centres éducatifs fermés,
00:34:50 que l'on peut... - Il y en a à peine une cinquantaine dans notre pays, on le rappelle.
00:34:53 - Mais oui, et qu'on devrait surtout, avec le service national universel,
00:34:55 rétablir un vrai service militaire.
00:34:57 - Il existe, mais... - Juste un petit mot, parce que c'est très important.
00:35:00 - Un tout petit mot, j'aimerais vous passer la parole, Jean-Christophe.
00:35:01 - Alors évidemment, ça va pas se résoudre sur un claquement de doigts,
00:35:02 mais ce que disait le général, j'aimerais rebondir.
00:35:04 La façon dont on enseigne l'histoire,
00:35:06 et là, je vais m'adresser aux éducateurs et aux professeurs,
00:35:09 elle est extrêmement tronquée.
00:35:10 Par exemple, on enseigne l'économie en France en disant
00:35:13 "l'entreprise est un lieu de coercition, l'analyse est marxiste".
00:35:18 L'histoire, mais oui, mais oui, l'histoire française, l'histoire de France,
00:35:21 elle est souvent d'abord enseignée sans date, etc.
00:35:25 - Et revisité, revisité. - Mais elle est extrêmement triturée, extrêmement triée.
00:35:28 Comme si, oui, le général a raison, on avait honte.
00:35:31 Et quand vous voyez la vague montante du tsunami de la cancel culture,
00:35:34 cette histoire nationale, elle va encore plus disparaître.
00:35:37 Regardez comment, par exemple, on traite les massacres vendéens
00:35:40 dans l'histoire qui est enseignée en France.
00:35:43 - Vous avez raison. - C'est absolument...
00:35:44 - Tout ça est un tout, en fait. - Mais oui, mais je pense que...
00:35:47 - Vous avez raison, c'est un tout.
00:35:48 - Les professeurs devraient se poser la question entre eux.
00:35:50 Pourquoi est-ce qu'on enseigne l'histoire en cachant de plus en plus...
00:35:53 - Parce qu'ils ont peur. J'ai la réponse, ils ont peur.
00:35:55 - Ils ont peur, oui, mais... - Mais ils ont peur, Eric.
00:35:57 - Après, il ne faut pas s'étonner que ces jeunes-là n'aient pas le sentiment...
00:36:00 - Vous dites le mot "choix", vous vous faites quasiment agresser.
00:36:02 - Mais pas la France ! - Mais non, mais ils ont peur.
00:36:03 - Il faut enseigner l'histoire. - Jean-Christophe Couvier.
00:36:05 - Je voulais en rebondir, j'ai écouté tout à l'heure Latifa Ibn Ziyadène,
00:36:09 c'est ça, je ne veux pas l'écorcher, désolé.
00:36:11 Mais je trouve que c'est une femme formidable,
00:36:13 parce qu'en fait, avec ses mots à elle, elle a tout résumé.
00:36:15 C'est-à-dire qu'effectivement, et ce n'est pas le général, je pense,
00:36:18 qui va me contredire, qu'est-ce qui unit aujourd'hui les Français
00:36:21 issus de l'immigration, les Français, j'allais dire,
00:36:24 de la ruralité, des agglomérations, etc.
00:36:27 Il n'y a plus rien, parce qu'on a une société qui est passée en silo.
00:36:29 Et en fait, avant, effectivement, on avait le service militaire.
00:36:31 Le service militaire, c'était une machine à mélanger la société.
00:36:36 On se retrouvait avec des gens qui arrivaient, qu'on n'aurait peut-être jamais rencontrés.
00:36:39 Et après, ce qui était bien, justement, c'est qu'on portait l'uniforme soi-même.
00:36:43 Et donc du coup, après, il y avait un respect de l'uniforme,
00:36:45 parce que soi-même, on l'avait porté.
00:36:46 Et donc, je trouve que c'est un vrai manque dans ce pays.
00:36:49 Avec tous ces relents colonialistes qui ne sont plus d'actualité.
00:36:52 C'est terminé, moi je n'ai pas connu la guerre d'Algérie.
00:36:54 Je suis là en 71, je n'ai pas connu d'autre guerre.
00:36:56 Et donc, en fait, aujourd'hui, il faut arrêter de mettre ça dans la tête des enfants.
00:36:59 Mais le problème, c'est que là déjà, le service national universel,
00:37:01 ils ont absolument du mal à le mettre en place.
00:37:04 Même pas obligatoire, parce que le lever de boucliers à gauche,
00:37:07 c'est un peu...
00:37:08 C'est un sérieux échec.
00:37:09 Si on enroule la jeunesse, oui, c'est quelques dizaines de...
00:37:12 Oui, non, mais l'idée au départ d'Emmanuel Macron, pour son second mandat,
00:37:14 c'était de le rendre obligatoire.
00:37:16 Même pas, ils vont aller oser le rendre obligatoire.
00:37:18 Jean-Michel Pauvre, ils ont fermé le banc.
00:37:19 Oui, mais c'est un échec de la population dans son entièreté.
00:37:22 Ce n'est pas un échec du politique,
00:37:24 de ne pas accepter que le service national universel soit rendu obligatoire.
00:37:28 C'est un échec de la société.
00:37:31 Je voulais dire, et j'ai bien écouté les propos du général,
00:37:35 et il a raison, moi je suis pour l'histoire de notre pays,
00:37:39 je suis pour la légende de notre pays, je suis pour les valeurs démocratiques,
00:37:43 je suis pour les valeurs de courage et des valeurs de travail.
00:37:47 C'est ça qu'ils font enseigner, bien évidemment.
00:37:49 Et il y a des centres qui font ça, mais malheureusement, ils ne sont pas assez nombreux.
00:37:52 Je veux citer les écoles de la deuxième chance,
00:37:54 je veux citer les régiments de services militaires adaptés en Outre-mer,
00:37:59 je veux citer les épides.
00:38:01 Et plutôt que de déverser à flot des milliards et des milliards sur les banlieues,
00:38:07 peut-être qu'en généralisant des choses de ce type-là,
00:38:11 ça aurait été important.
00:38:13 On parle d'Histoire de France, c'est bien, on parle d'éducation,
00:38:15 mais aujourd'hui la réalité c'est que les nounous de ces enfants-là,
00:38:18 c'est les réseaux sociaux, c'est TikTok, c'est Snapchat, c'est Youtube.
00:38:21 Donc le cerveau est complètement lavé.
00:38:23 On va juste se poser la question de comment agir aussi sur les réseaux sociaux,
00:38:26 et je vais vous passer la parole ensuite, Amine, avec Thomas Bonnet, et puis on en débat.
00:38:30 Lors de chaque nuit d'émeute, ces vidéos fleurissent sur les réseaux sociaux.
00:38:36 Une forme de compétition entre les villes ou les quartiers qui donne lieu à une surenchère.
00:38:43 Le rôle des plateformes dans la crise a été identifié par le gouvernement
00:38:47 qui veut faire montre de fermeté.
00:38:49 Ce week-end, le garde des Sceaux promettait des mesures
00:38:51 pour retrouver les auteurs de ces images violentes.
00:38:54 Que les gamins sachent clairement qu'on va péter les comptes.
00:38:58 L'autorité judiciaire peut, sur réquisition, évidemment,
00:39:02 demander aux opérateurs de livrer les adresses IP,
00:39:06 ce qui nous permet évidemment d'arriver à l'identité de ceux qui s'en servent
00:39:11 pour dire quand, où et comment on va les casser.
00:39:14 Le problème, c'est que sur Snapchat, les images sont éphémères.
00:39:17 Et c'est bien souvent par le système de géolocalisation en direct
00:39:21 que les utilisateurs peuvent accéder à certains contenus.
00:39:24 Il n'y a pas véritablement d'influenceurs qui participent à ces émeutes.
00:39:28 Il y a une multitude de participants et qu'on accède à leur Snap
00:39:31 par la proximité géographique, pas parce qu'ils sont particulièrement influents.
00:39:35 Du coup, ça fait une quantité faramineuse de gens à surveiller,
00:39:39 une quantité faramineuse de contenus à modérer.
00:39:42 Et il y a peu de chances que les équipes de modération soient suffisamment rapides
00:39:45 parce que le principe de Snapchat, c'est que les contenus sont temporaires.
00:39:48 Les plateformes ont beau promettre des efforts en termes de modération,
00:39:51 leurs moyens semblent aujourd'hui dérisoires face au torrent de vidéos violentes
00:39:55 qui affluent sur nos écrans portables.
00:39:57 Qu'est-ce qu'on fait à Minel Baye ? Ils sont collés à leurs écrans, tout le temps ?
00:40:01 Excusez-moi, mais c'est assez révoltant d'entendre que la faute,
00:40:04 c'est les réseaux sociaux et les jeux vidéo.
00:40:06 En 2005, il y avait 100 000 policiers mobilisés, c'est-à-dire deux fois plus qu'aujourd'hui.
00:40:10 Et il n'y avait pas Snapchat.
00:40:12 Moi, je crois qu'en réalité, il y a évidemment des émeutiers.
00:40:16 D'ailleurs, la plupart des émeutiers, quand on entend les témoignages
00:40:19 dans les comparutions immédiates, c'est souvent des enfants ou des jeunes majeurs
00:40:23 qui se disent "suiveurs". En réalité, il y a les suiveurs,
00:40:26 mais il y a aussi celles et ceux, et surtout ceux, qui entretiennent ce discours de haine.
00:40:30 Et celui qui entretient principalement ce discours de haine,
00:40:33 celui dont personne ne veut parler, il a déjà été condamné en décembre 2019
00:40:37 à trois mois de prison avec sursis pour provocation et rébellion,
00:40:41 c'est M. Jean-Luc Mélenchon.
00:40:43 M. Jean-Luc Mélenchon ne s'est pas comporté en responsable politique,
00:40:47 il s'est comporté comme un chef de gang, et moi, je crois qu'aujourd'hui,
00:40:51 Jean-Luc Mélenchon doit pouvoir faire l'objet de poursuites pénales,
00:40:54 de poursuites judiciaires.
00:40:55 Il est plus responsable que les réseaux sociaux ?
00:40:57 Jean-Luc Mélenchon est une personne qui est suivie par des millions de personnes,
00:41:00 y compris sur les réseaux sociaux.
00:41:02 Il est suivi par des millions de personnes.
00:41:04 Il a appelé à désarmer la police.
00:41:06 Il a insulté à de maintes et de moindres reprises les policiers.
00:41:10 Il a désigné les policiers avec ce fameux slogan "la police tue".
00:41:16 Il a par ailleurs demandé aux casseurs de ne pas s'attaquer à certains lieux,
00:41:20 pas plus qu'à d'autres.
00:41:21 Il avait oublié de citer de ne pas s'attaquer aux forces de l'ordre,
00:41:25 ainsi qu'aux élus de la République.
00:41:27 Un dernier point quand même.
00:41:29 Moi je crois que celui qui parle le mieux de Jean-Luc Mélenchon,
00:41:33 c'est Karl Marx.
00:41:34 Karl Marx parlait du "limpin prolétariat",
00:41:37 c'est-à-dire un sous-prolétariat qui ne se reconnaît pas dans une conscience de classe
00:41:43 et qui était issu de la bourgeoisie,
00:41:45 et qui participait d'ailleurs à la rébellion sans raison.
00:41:48 Je crois qu'on peut parfaitement comparer aujourd'hui
00:41:50 le comportement des leaders de la France insoumise
00:41:52 à ce qu'avait dit Karl Marx en 1848.
00:41:54 Jean-Michel Pauvre et Gauthier Lebrecht.
00:41:56 C'est un vrai problème avec les réseaux sociaux,
00:41:58 mais les réseaux sociaux c'est un moyen,
00:42:00 ça permet d'échanger des choses qui quelquefois sont formidables,
00:42:03 et quelquefois ça permet d'organiser les émeutes et les émeutiers,
00:42:07 de se donner rendez-vous pour être plus efficace
00:42:09 et pour bordéliser un peu l'ensemble des choses
00:42:12 et arriver à agresser les forces de l'ordre assez rapidement.
00:42:16 C'est le meilleur comme le pire.
00:42:18 La problématique c'est qu'à un certain moment,
00:42:20 il faut pouvoir travailler sur les réseaux sociaux.
00:42:22 Moi je me souviens en début de mon temps...
00:42:25 - C'est pas Internet, allez craque !
00:42:27 - En début de mon temps, je me souviens qu'il y avait une proposition de loi
00:42:31 de la majorité portée par Laetitia Avia.
00:42:34 Cette proposition de loi c'était d'enlever les insultes et les...
00:42:40 - Mais là le problème c'est même pas des insultes,
00:42:42 c'est des séquences vidéo.
00:42:43 - Oui, oui, d'enlever tout ça.
00:42:45 Le Conseil constitutionnel a retoqué cette loi.
00:42:50 Donc il faut savoir ce qu'on veut à un certain moment.
00:42:53 Il faut faire avec ce qu'on a.
00:42:55 - Alors Gauthier ?
00:42:56 - Non mais évidemment je suis d'accord avec Amine,
00:42:57 en 2005 les réseaux sociaux n'avaient pas le rôle qu'ils ont aujourd'hui.
00:43:00 - Ils existaient.
00:43:01 - Et ça n'a pas empêché les émeutes de proliférer pendant trois semaines.
00:43:05 Le problème c'est pas tant que ces vidéos soient partagées,
00:43:09 évidemment que c'est un problème.
00:43:10 Le problème c'est qu'elles existent, c'est que ces scènes existent.
00:43:12 Mais pourquoi Emmanuel Macron fait ça ?
00:43:13 Les réseaux sociaux, les jeux vidéo, les parents, évidemment...
00:43:16 - Il fait diversion ?
00:43:17 - Mais bien sûr qu'il fait diversion,
00:43:18 parce que le principal responsable quelque part c'est lui,
00:43:21 c'est son échec, c'est son impuissance.
00:43:23 On voit l'impuissance de l'État.
00:43:24 Je rappelle juste une phrase,
00:43:25 parce qu'on parle beaucoup de Gérald Darmanin,
00:43:27 je sais que les policiers l'aiment plutôt bien,
00:43:29 mais le premier jeudi des émeutes, il était à Tourcoing,
00:43:32 il fait un point presse par deux reprises pour dire
00:43:34 "Ne vous inquiétez pas, l'ordre républicain va revenir ce soir".
00:43:37 Il a dit ça jeudi.
00:43:38 Bon ben l'ordre républicain n'est pas vraiment revenu.
00:43:40 Et ensuite c'est vrai que dans la nuit de vendredi à samedi,
00:43:42 il a dit "On a vécu une nuit moins terrible que les précédentes".
00:43:46 Mais le problème c'est pas qu'elle soit moins terrible,
00:43:48 c'est que ces nuits existent encore.
00:43:50 Donc si vous voulez, la réponse n'était pas la bonne.
00:43:52 Quelques heures après la déclaration de Gérald Darmanin,
00:43:54 on apprend que pour la première fois,
00:43:55 des policiers sont victimes de tirs à voix envelin.
00:43:57 On nous dit que les nuits sont moins terribles.
00:43:59 On apprend ensuite qu'un maire s'est fait agresser à travers sa famille
00:44:02 qui a été victime d'une tentative d'assassinat.
00:44:05 Et là encore, on nous dit ce matin que la nuit a été moins terrible.
00:44:07 Il y a un pompier qui est mort.
00:44:08 On ne sait pas si c'est un lien encore avec les émeutes,
00:44:10 mais Gérald Darmanin en a tout de même parlé.
00:44:12 Donc le problème c'est pas que ça baisse en pression,
00:44:14 c'est que la pression est toujours là.
00:44:16 - Jean-Christophe Cuvie.
00:44:17 - Oui, pour rebondir, effectivement,
00:44:19 la semaine dernière, je vous donnais le moral de la police,
00:44:21 on a refait une réunion nous aussi avec nos délégués,
00:44:24 et franchement les collègues nous disent
00:44:26 qu'on s'est sentis lâchés par l'exécutif la semaine dernière.
00:44:29 - À cause d'Emmanuel Macron.
00:44:31 - Oui, en premier lieu, oui, et Isabeth Borne aussi.
00:44:34 Vraiment, ça s'est très mal perçu les discours.
00:44:36 En gros, il y a le fond, la forme.
00:44:38 Sur le fond, il fallait juste dire
00:44:40 qu'il y a la justice qui est là, on ne parle pas,
00:44:42 on attend d'avoir des premières impressions,
00:44:45 des premiers éléments, parce qu'en fait,
00:44:47 on voit en ce moment, au fur et à mesure de l'enquête,
00:44:49 qu'il y a beaucoup de choses qui sont fantasmées
00:44:51 et qu'ils étricotent, et après il y a la forme.
00:44:54 Et sur la forme, effectivement,
00:44:56 nous les policiers, si vous voulez,
00:44:58 on fait un métier particulier, on nous donne une arme,
00:45:00 la République nous donne une arme,
00:45:01 et en fait, sur une seconde, une petite fraction de seconde,
00:45:04 on doit avoir le discernement nécessaire pour prendre une décision.
00:45:06 Et cette décision, elle change le reste de votre vie et de votre famille.
00:45:09 Et en fait, ce qu'on demande, c'est pas d'être au-dessus des lois,
00:45:11 c'est juste d'être respecté.
00:45:13 Et surtout, c'est de prendre en compte ce métier particulier.
00:45:17 C'est pour ça qu'on demande, par exemple,
00:45:18 d'avoir des juridictions spécialisées,
00:45:20 qui sont en contact avec des juges spécialisés,
00:45:22 qui sont en contact de l'usage de l'arme des policiers
00:45:25 et comment on travaille.
00:45:26 C'est pour ça qu'aussi, on demande à être pris en compte différemment
00:45:29 quand on va directement en garde à vue et d'aller en dépôt.
00:45:31 C'est hyper choquant, et je veux vous dire que tous les policiers
00:45:34 sont très choqués, et cette séquence-là,
00:45:36 elle a marqué les esprits et la confiance des policiers envers l'exécutif.
00:45:39 On disait en début d'émission, c'est aussi le rapport
00:45:42 entre la police et la jeunesse de ces quartiers.
00:45:44 C'est quoi la réalité ?
00:45:45 Est-ce que vous vous faites cracher dessus ?
00:45:47 Est-ce que vous avez un dialogue avec ces jeunes ?
00:45:49 Est-ce qu'il y a des passerelles possibles ou pas ?
00:45:51 Qu'est-ce que c'est la réalité du terrain ?
00:45:53 En fait, aujourd'hui, on nous a cassé la police de proximité.
00:45:57 C'est ce qu'on appelle des fois la police à papa,
00:45:59 mais c'est vrai que c'est important.
00:46:00 C'est-à-dire que c'était des policiers qui avaient une certaine ancienneté,
00:46:05 qui étaient dans les îlotiers, on les appelait.
00:46:07 Ils étaient dans le quartier, ils connaissaient les gamins par leur prénom.
00:46:09 Des fois, ils les avaient vu naître, ils étaient invités dans les baptêmes,
00:46:11 les bar mitzvahs, etc.
00:46:13 Et je veux dire, ils étaient là et ils les accompagnaient.
00:46:15 Et quand ils faisaient des bêtises, ils les ramenaient par l'oreille aux parents,
00:46:19 ils leur mettaient un bon savon et ils arrivaient comme ça
00:46:22 à régler les petits problèmes dans les quartiers.
00:46:24 On a cassé cette police-là parce qu'on a estimé qu'il fallait une police
00:46:27 plus répressive, un peu à l'américaine, l'use d'uniforme,
00:46:30 il faut montrer les muscles et faire des statistiques.
00:46:32 Et du coup, il n'y a plus de relation avec les jeunes ?
00:46:33 Non, cette relation s'est cassée.
00:46:35 Et on a filé cette mission aux grands frères,
00:46:38 parce qu'il fallait subventionner à grands coups de millions
00:46:41 à y acheter la paix sociale, à des associations, des mairies,
00:46:44 des imams, des évangélistes, etc.
00:46:48 Police municipale, mais la police municipale, encore une fois,
00:46:51 on a donné le pouvoir au maire.
00:46:53 Attention, ce n'est pas le pouvoir régalien, c'est le pouvoir du maire.
00:46:56 Donc le maire fait un peu ce qu'il veut chez lui.
00:46:58 Oui, mais du coup, le policier, lui, il est coupé de tout ça.
00:47:02 Et le policier municipal qui fait la police de proximité, c'est pas normal.
00:47:05 Un tout dernier mot à Minelbag.
00:47:07 Est-ce qu'on peut rappeler quand même que chez les policiers,
00:47:10 il y a quand même des beaux visages de la République.
00:47:12 Il y a quand même dans ces policiers des enfants issus des quartiers populaires.
00:47:16 Moi, je prends par exemple l'exemple d'Abdoulaye Kanté,
00:47:19 qui est un excellent policier, qui est d'ailleurs très souvent insulté
00:47:22 parce qu'il est noir et parce qu'il est issu des quartiers populaires.
00:47:24 La République qui reconnaît la valeur d'Abdelkader Haroun,
00:47:28 commissaire de Roubaix, qui permet d'ailleurs,
00:47:31 il se bat dans son association, les chemins de la réussite,
00:47:33 pour l'égalité des chances.
00:47:35 Voilà, c'est ça aussi la police de la République.
00:47:37 On leur tire notre chapeau, vous avez raison.
00:47:39 Vous savez comment les gens dans les banlieues l'appellent,
00:47:41 enfin pas que dans les banlieues, mais j'ai beaucoup de gens qui l'insultent,
00:47:44 le nègre de maison.
00:47:45 Vous imaginez un petit peu la violence des mots.
00:47:47 Et ça vient pas des propres personnels de police.
00:47:51 C'est terrible.
00:47:53 Absolument.
00:47:55 Elle a gagné son procès.
00:47:57 Petite pause, on se retrouve dans un instant,
00:47:59 on évoquera la sévérité de la justice à l'égard des personnes,
00:48:01 des jeunes notamment qui sont interpellés.
00:48:03 A tout de suite dans Punchline sur CNews et sur Europe.
00:48:05 Bonsoir à tous et bonsoir à toutes.
00:48:08 Bienvenue dans Punchline ce soir sur CNews et sur Europe.
00:48:10 Alors que les émeutes semblent baisser en intensité,
00:48:14 je dis bien semblent, chacun cherche aujourd'hui des responsables.
00:48:17 Pour la France insoumise, ce sont les policiers les responsables.
00:48:20 Ben voyons.
00:48:21 Pour la droite, c'est la France insoumise qui a mis de l'huile sur le feu
00:48:23 et la réponse est forcément sécuritaire.
00:48:25 Mais il est temps de parler d'éducation.
00:48:27 Des parents qui sont aussi responsables de leurs enfants ont-ils démissionné ?
00:48:30 Où sont-ils ces parents dont certains, trop peu nombreux,
00:48:33 sont descendus dans la rue récupérer leur rejeton
00:48:36 en pleine séance de tir de mortier d'artifice ?
00:48:38 Oui, il faut se poser la question de cette jeunesse
00:48:41 qui pousse sans férule parentale et donc sans notion de l'autorité,
00:48:44 sans crainte de la sanction.
00:48:46 Ce n'est pas seulement un problème de maintien de l'ordre
00:48:48 mais un phénomène de société que nous avons à affronter.
00:48:51 Où TikTok et Youtube sont des nounous faciles,
00:48:54 toujours disponibles et prêtes à biberonner des générations entières
00:48:57 d'enfants de plus en plus jeunes,
00:48:59 aux images les plus violentes, aux récadements les plus abjects.
00:49:02 À l'heure où l'on brûle les bibliothèques et les écoles,
00:49:05 lieux de savoir et d'apprentissage,
00:49:07 où l'on attaque la femme et les enfants d'un mère,
00:49:09 il serait insensé de ne pas réaliser que le temps de cerveau disponible
00:49:12 de nos enfants a basculé dans un cauchemar
00:49:15 digne d'oranges mécaniques.
00:49:17 On va en débattre ce soir, mais tout de suite,
00:49:19 c'est l'heure du rappel des titres de l'actualité
00:49:21 dans Punchline, sur CNews et sur Europe.
00:49:23 [Musique]
00:49:34 Il est 18h01, bienvenue à Ciboune,
00:49:36 rejoignez à l'instant sur Europe 1 et sur CNews,
00:49:38 des rassemblements devant les mairies de France
00:49:40 à la mi-journée de Marseille à Paris,
00:49:42 en réaction à l'agression violente de Vincent Jambrin
00:49:45 et surtout de sa famille ce week-end.
00:49:47 Ils étaient nombreux à avoir répondu à l'appel lancé
00:49:50 par le président de l'Association des maires de France,
00:49:52 David Glissnard.
00:49:54 Pour cette marche en soutien aux maires de Laille et Rose,
00:49:56 il y avait aussi beaucoup de monde sur place,
00:49:59 un millier d'habitants de la commune ont participé.
00:50:02 L'élu encore choqué a pris la parole pour remercier la foule
00:50:05 et réclamer la fin de cette spirale de violence.
00:50:07 On va l'entendre dans un instant.
00:50:09 Face aux émeutes, l'exécutif continue d'être mobilisé.
00:50:13 Elisabeth Borne reçoit les représentants
00:50:15 de l'ensemble des groupes politiques au Parlement.
00:50:17 On continue au menu des tensions, bien sûr, et les émeutes.
00:50:21 La première ministre s'exprimera lors d'un point presse
00:50:23 à l'issue de cette réunion qui devrait durer encore quelques instants.
00:50:27 Enfin, un hommage à l'Assemblée nationale,
00:50:29 en mémoire du jeune pompier décédé cette nuit.
00:50:31 Une minute de silence a été observée au sein de l'hémicycle
00:50:33 cet après-midi.
00:50:34 Le pompier luttait contre un incendie de véhicules
00:50:36 dans un parking souterrain en Seine-Saint-Denis.
00:50:39 Une mission qui n'avait a priori pas de lien
00:50:42 avec les violences urbaines, selon Gérald Darmanin.
00:50:45 Enfin, on va évoquer la mort de Léon Gauthier,
00:50:47 dernier survivant du débarquement de Normandie en 1944.
00:50:51 Il s'est éteint aujourd'hui à l'âge de 100 ans.
00:50:53 Il était le dernier membre du commando Kieffer,
00:50:55 un bataillon de 177 fusillés marins
00:50:58 qui avait débarqué, bien sûr, sur les côtes normandes.
00:51:00 Un hommage national lui sera rendu dans les prochaines semaines.
00:51:03 Voilà, pour les titres de l'actualité, 18h02 et 40 secondes.
00:51:06 Nous sommes en plateau avec le commissaire David Lebars.
00:51:08 Bonsoir, commissaire. Merci d'être avec nous.
00:51:10 François Puponi, ancien député. Bonsoir.
00:51:12 Noémie Schultz, du service police-justice de CNews. Bonsoir.
00:51:15 On va voir avec vous la sévérité de la réponse judiciaire.
00:51:18 Nous sommes avec un avocat, maître Pierre-Henri Mauvis. Bonsoir, maître.
00:51:21 Et Éric Revelle, journaliste. Bonsoir, Éric.
00:51:23 Tout de suite, l'ail est rose.
00:51:25 On va faire le point sur ce qu'a dit le maire Vincent Jambrin.
00:51:28 Il s'est exprimé avec beaucoup d'émotion dans la voix.
00:51:31 Des applaudissements et des remerciements.
00:51:37 Derrière les banderoles, en tête de cortège,
00:51:39 Vincent Jambrin mène la marche.
00:51:42 Avec lui, Valérie Pécresse, Gérard Larcher ou encore Éric Ciotti
00:51:45 ont fait le déplacement pour le soutenir.
00:51:48 Cet après-midi, ils ont marché avec une banderole qui avait pour slogan
00:51:51 "Ensemble pour la République"
00:51:54 avant que le maire ne prononce un discours qui sonne comme un cri d'alarme.
00:51:57 Nos mairies sont attaquées.
00:52:00 Les élus, les professeurs sont agressés.
00:52:03 Nos forces de l'ordre et de secours sont prises pour cible quotidiennement.
00:52:08 Même nos médecins, même nos postiers ne rentrent plus dans certains quartiers.
00:52:14 Ça ne peut plus durer.
00:52:17 Après la violente attaque à la voiture-bélier contre le domicile du maire,
00:52:20 les habitants de la commune sont plus d'un millier à venir témoigner leur soutien.
00:52:24 Une Marseillaise a même retenti.
00:52:27 C'est important de l'aider dans sa démarche et ce qu'il subit.
00:52:37 Lui et sa famille, surtout pour les enfants.
00:52:40 Je suis entièrement de son côté.
00:52:43 Montrer en tant que citoyen qu'on est là, qu'on est derrière lui, qu'on le soutient
00:52:52 et qu'il ne faut pas qu'il baisse les bras.
00:52:55 Comme les 219 autres maires ciblés par des violences,
00:52:58 Vincent Jeanbrun a été invité par Emmanuel Macron à l'Elysée ce mardi.
00:53:02 Voilà pour ces réactions d'habitants de la ville.
00:53:05 Commissaire Lebars, on a assisté à une véritable tentative d'assassinat
00:53:08 contre la famille de cet élu.
00:53:10 Une voiture enflammée qui tente de percuter la voiture,
00:53:13 puis des individus qui tirent un mortier d'artifice sur la femme
00:53:16 et les enfants qui tentent de fuir.
00:53:18 C'était criminel, il faut le dire.
00:53:20 C'est qualifié comme tel par le parquet, donc il n'y a pas à tourner autour du pot.
00:53:23 Ça l'est sur le plan juridique.
00:53:24 Sur le plan des faits, vous lancez une voiture à pleine vitesse
00:53:27 avec le plein d'essence dans la façade d'une maison,
00:53:29 il suffit d'imaginer ce que ça donne si les gens sont du côté de la façade
00:53:33 et à proximité immédiate du point d'impact.
00:53:36 Il y a tout l'aspect embrasement, mise en incendie volontaire, etc.
00:53:39 Donc tous les éléments du crime et de la préméditation y sont.
00:53:42 Moi j'ai beaucoup aimé aussi les précisions de Frédéric Pechnard,
00:53:45 l'ancien directeur général de la police, matin sur l'antenne d'Europe 1,
00:53:48 qui disait que la police judiciaire se fera un devoir,
00:53:51 j'irais même un plaisir, parce que dans des affaires comme ça,
00:53:53 d'aller chercher le moindre petit bout d'ADN pour identifier ceux qui ont fait ça,
00:53:57 parce que ceux qui ont fait ça sont fous, sont criminels,
00:54:00 et doivent être enfermés à vie.
00:54:02 Exposer une famille au crime le plus atroce,
00:54:04 avec surtout des gens qui n'ont rien demandé,
00:54:06 parce que c'est des gens qui servent en plus la République,
00:54:08 encore moins les enfants et la femme, parce qu'eux sont juste la famille du maire.
00:54:11 Et moi je trouve que le maire a un comportement d'une exemplarité,
00:54:14 parce qu'en plus il est encore là, on a l'impression qu'il est encore plus déterminé.
00:54:17 Donc c'est un message pour la suite,
00:54:19 parce que maintenant on va se projeter, peut-être pas trop tôt,
00:54:22 parce qu'il ne faut pas non plus s'imaginer que c'est encore fini,
00:54:24 mais la suite c'est avec des élus comme ça,
00:54:26 qu'on va je pense avoir un dialogue qui sera un dialogue raisonnable et courageux.
00:54:30 Il y a un cap qui a été franchi avec cette agression contre la famille d'un élu,
00:54:33 il y en avait beaucoup qui avaient été déjà franchis avec les forces de l'ordre,
00:54:36 mais là on parle d'une femme et des enfants.
00:54:39 Mais encore une fois, à chaque fois, j'ai l'impression d'être le policier qui n'est pas surpris.
00:54:43 Alors évidemment le mode opératoire est monumental,
00:54:45 projeter une voiture dans la façade de la maison d'un maire,
00:54:48 oui il y a un cap franchi, parce que fort heureusement on ne voit pas ça souvent,
00:54:51 mais les signaux ils étaient là avant, agresser des élus, agresser des policiers,
00:54:55 et puis après agresser des pompiers qui ne font qu'éteindre le feu,
00:54:57 et puis ça a été dit, des postiers, des médecins, des infirmières, des chauffeurs de bus,
00:55:01 mais pourquoi tout ça ?
00:55:02 Alors ceux qui cherchent un message politique à ça, ils peuvent le chercher longtemps,
00:55:05 on a simplement face à nous une petite frange de gens qui n'ont strictement rien dans la tête,
00:55:09 qui sont là pour faire le crime, pour transformer l'oisiveté en un terrain de jeu,
00:55:13 et le terrain de jeu c'est de s'en prendre au bien des autres et aux autres,
00:55:15 c'est juste pas supportable,
00:55:16 et c'est certainement pas un débat qu'on va résoudre en une semaine,
00:55:18 parce qu'on a ça sous les yeux depuis longtemps nous policiers,
00:55:21 et on a peut-être trop cru pendant trop longtemps que c'est les policiers qui régleraient ça,
00:55:24 mais le problème est largement plus vaste.
00:55:25 - Eh oui, c'est un problème d'éducation et on en reviendra au rôle des parents.
00:55:27 François Buponi, vous êtes ancien maire, ce qu'a subi Vincent Gembrin,
00:55:31 c'est vraiment un cap dans l'horreur qui a été franchi.
00:55:33 - C'est un cap dans l'horreur parce que sinon on s'attaque à la famille.
00:55:35 Les élus, on a tous été un jour sur son banlieue insultés, menacés,
00:55:39 on a brûlé deux voitures, ça fait partie quotidienne de l'élu,
00:55:42 mais jusqu'à présent les familles étaient plus menacées.
00:55:44 Il y a peut-être juste la famille du maire de Xavier-le-Moine,
00:55:48 qui est le maire de Montfermais, qui avait été mis en cause à l'époque,
00:55:50 qui avait dû sortir ses enfants de l'école parce que ses enfants étaient menacés dans leur collège.
00:55:55 Mais sinon là, c'est la première fois qu'on a...
00:55:57 Mais hier, on le sentait venir, on sait très bien que ça arrivait,
00:55:59 et j'allais dire qu'on n'est qu'au début.
00:56:01 Parce que la stratégie de certains, c'est faire régner la terreur
00:56:04 pour faire partir les élus, pour prendre la place.
00:56:06 Il y a des voyous...
00:56:08 - Donc chasser la République, on est très clair.
00:56:10 - Chasser ceux qui reprennent la République pour prendre la place.
00:56:13 C'est pas tellement chasser la République, c'est...
00:56:15 Alors, il faut partir. Combien de fois on m'a dit "il faut partir",
00:56:18 c'est à nous maintenant, on est chez nous, il faut laisser la place.
00:56:22 Et ils savent très bien que la terreur peut être un moyen de prendre la place.
00:56:25 Ils n'ont peur de rien, ils ne reculeront devant aucun moyen
00:56:28 pour faire partir ceux qui les gênent dans leur volonté,
00:56:32 soit de délinquance, soit purement de prise de pouvoir.
00:56:35 - Et Vincent Jambrin dit qu'évidemment, il n'est pas question de céder.
00:56:38 Maître Pierre-Henri Bovis.
00:56:39 - Moi j'ai été extrêmement sensible au discours de Vincent Jambrin,
00:56:41 mais j'ai peur que ce discours, malheureusement, ne serve pas à grand-chose,
00:56:45 ou du moins qu'il n'y ait pas de conséquences derrière.
00:56:47 Et qu'on s'habitue de plus en plus à une violence qui est exponentielle.
00:56:50 D'ailleurs, vous l'avez rappelé, c'est un nouveau cap franchi dans l'horreur,
00:56:54 mais à chaque cap que nous franchissons, nous disons "plus jamais ça",
00:56:57 nous faisons des rassemblements avec des banderoles, des slogans,
00:57:00 mais on continue. Et c'est exactement ce que vous disiez,
00:57:02 c'est qu'on a bien peur d'être qu'au début, justement,
00:57:05 de toute cette violence que peuvent subir les élus.
00:57:08 Donc, moi, ma plus grande crainte, c'est que ce rassemblement,
00:57:13 très bien, il y ait une cohésion autour des élus, et c'est important de le souligner,
00:57:17 mais que cette cohésion ne serve pas à grand-chose s'il n'y a pas d'acte derrière.
00:57:20 - On va juste réécouter Vincent Jambrin, et je vous passe la parole ensuite.
00:57:24 - J'admire le courage de Jambrin, mais vous savez,
00:57:29 quand vous rentrez tous les soirs à la maison,
00:57:31 et que votre femme et vos enfants vous disent "on en peut, arrête, tu vas nous mettre en...
00:57:35 Moi je l'ai vécu, à un moment, vous lâchez, vous ne pouvez pas mettre votre famille en danger,
00:57:39 au nom de quoi ? " Lui, il a le courage, il a raison,
00:57:42 vous savez, quand tous les soirs on vous dit "mais attends, mais prends conscience,
00:57:45 mais tu vas nous faire tuer", à un moment, vous cédez aussi à la pression familiale,
00:57:48 à juste titre, parce que vous voulez protéger votre famille.
00:57:50 Donc, je pense qu'il a le courage, jusqu'à quand y en aura-t-il, je ne sais pas.
00:57:53 - Sauf que ce sont les derniers piliers de la République, les maires,
00:57:55 ce sont ceux qui tiennent aussi la République au niveau local.
00:57:57 - Est-ce que vous avez le droit de mettre en danger vos enfants pour votre propre conscience ?
00:58:01 - Non, bien sûr que non.
00:58:02 - On va écouter juste Vincent Jambrin, justement sur sa femme,
00:58:04 il dit qu'elle l'encourage à continuer, alors qu'elle vient d'être opérée,
00:58:08 qu'elle a été blessée gravement dans cette fuite, lorsque les émutiers les ont pris pour cibles.
00:58:13 Écoutez Vincent Jambrin.
00:58:15 "Permettez-moi un mot personnel, car le plus grand acte de bravoure ce soir-là
00:58:21 a été à mes yeux réalisé par une mère, en sauvant des flammes notre petit garçon
00:58:27 et notre petite fille, en fuyant avec eux, blessé au péril de sa vie,
00:58:34 sa force et son courage à sauver toute notre famille,
00:58:38 et à cet instant précis, je crois que la République c'était aussi elle."
00:58:43 - Mélanie ! Mélanie ! Mélanie !
00:58:47 - Mélanie, c'est le nom de cette épouse, Éric Revelle, admirable évidemment,
00:58:52 qui a été menacée de mort, qui a failli laisser la vie avec ses enfants à cause d'émutiers.
00:58:59 - Oui, je partage aussi... - Des délinquants, des récidivistes.
00:59:02 - Mais mon autre idée, maître, c'est que au-delà...
00:59:05 Parce que là il est dans une espèce de... J'aime pas le mot, mais une espèce d'euphorie,
00:59:09 c'est-à-dire les médias sont sur lui, son visage devient national...
00:59:14 - Le visage de la République. - Son visage devient le visage de la République,
00:59:17 mais quand tout cela va redescendre un peu en pression, peut-être, peut-être,
00:59:22 qu'il va s'interroger sur le sens de son devoir républicain,
00:59:25 sur le sens de son mandat de maire.
00:59:28 - Si il baisse les bras, tout le monde baisse les bras.
00:59:30 - Mais je suis d'accord, mais ce que je veux dire, c'est que...
00:59:33 - On arrête tous. - Dans ce genre de traumatisme absolu,
00:59:36 quand vous avez failli perdre votre femme et vos enfants,
00:59:40 il y a ce moment, je pense, où vous êtes porté par tous ces gens,
00:59:44 ces ministres qui sont venus les voir.
00:59:46 Moi, je veux dire, on en discutait tout à l'heure avec l'un des collègues du commissaire Lebars,
00:59:51 mais Mme Borne se déplace pour voir le maire.
00:59:56 Elle vient avec Gérald Darmanin, avec deux autres ministres.
01:00:01 M. Jambrain est derrière elle.
01:00:03 Elle s'adresse aux journalistes et ce jour-là, elle dit "non, non, les choses se calment",
01:00:07 alors qu'elle vient voir M. Jambrain, qui lui, vient d'être agressé,
01:00:11 comme jamais sans doute, aucun maire.
01:00:13 Il y a un décalage total. - Les choses ne sont pas terminées, vous avez raison.
01:00:16 - On fait une petite pause, on se retrouve dans un instant dans le punchline.
01:00:18 On aura en ligne une femme de policier, en colère, qui dit "il y en a ras-le-bol".
01:00:22 Au bout du rouleau, parce que les femmes de policiers aussi se font suivre maintenant,
01:00:26 dans leur voiture, avec leurs enfants dans la voiture.
01:00:28 A tout de suite dans le punchline sur CNews et Europe 1.
01:00:30 18h17, on se retrouve en direct dans le punchline sur CNews et sur Europe 1.
01:00:37 On a en ligne Aurélie Laroussi.
01:00:39 Bonsoir, vous êtes la présidente des femmes de force de l'ordre en colère.
01:00:42 Vous avez accepté de témoigner sur notre antenne pour dire l'état d'esprit
01:00:45 dans lequel se trouvent les familles des policiers.
01:00:47 Parce que les policiers sont visés tous les jours sur le terrain, on le sait,
01:00:50 leurs familles sont prises à partie.
01:00:52 Les enfants, les femmes sont suivies désormais jusqu'à leur domicile.
01:00:56 On dit "mais on sait que tu es de la famille d'un policier, on va venir te faire du mal".
01:01:00 C'est bien cela Aurélie ?
01:01:02 - Oui, c'est exactement ça.
01:01:04 Ça a toujours été un métier difficile pour les familles, selon l'emploi.
01:01:10 Un métier où on a toujours craint, où on dit de moins en moins,
01:01:16 disons que notre compagnon, notre fils, parce qu'il y a des parents,
01:01:21 il y a des familles entières, la fonction de nos maris, on le cache de plus en plus.
01:01:26 Là, je dirais que depuis une semaine, on le dit mais vraiment plus du tout.
01:01:31 On est vraiment apeurés.
01:01:33 On craignait jusqu'à présent pour nos maris en service,
01:01:36 pour nos maris et pour nos femmes en service.
01:01:38 Aujourd'hui, on craint vraiment pour nos domiciles,
01:01:41 pour notre sécurité à la maison, pour nos enfants.
01:01:44 Il y a de plus en plus de familles menacées.
01:01:46 Il y a des salles de sport, il y a quelques jours,
01:01:49 qui ont eu la bonne idée de balancer des informations
01:01:53 sur les policiers inscrits dans ces salles.
01:01:56 Ce sont des choses qui commencent vraiment à nous faire très très peur.
01:02:01 On essaye d'alerter le gouvernement, on essaye d'alerter l'opinion publique,
01:02:05 on essaye d'alerter tous les élus qu'on peut, tous les députés,
01:02:10 tous ceux du gouvernement qui veulent bien nous écouter
01:02:12 et vraiment prendre les choses en main et nous mettre en sécurité, je dirais.
01:02:18 Vous dites que vous êtes au bout du relou,
01:02:20 que toutes les familles qui entourent les policiers paraissent
01:02:23 parce qu'elles sentent que le drame peut arriver,
01:02:25 qu'on a évité de peu à Laïla et Rose avec la femme du maire,
01:02:28 mais ça peut être vous demain ?
01:02:30 Là, depuis quelques jours, on a vraiment peur d'un drame.
01:02:33 Moi, je me dis à ce rythme-là, si ça continue,
01:02:36 si nos politiques ne prennent pas les décisions nécessaires,
01:02:38 j'ai vraiment vraiment très très peur d'un drame.
01:02:41 Il y a encore eu des choses que vous ne savez pas,
01:02:45 mais un exemple, dans un hôtel à Marseille,
01:02:49 il y a deux jours où des CRS sont logés lors de leur déplacement,
01:02:53 leurs chambres ont été visitées, il y a eu des vols dans les chambres,
01:02:58 dont un fonctionnaire de police qui s'est fait voler son ordinateur
01:03:01 avec toutes les informations privées dedans, évidemment.
01:03:04 Donc, c'est des choses qui nous font vraiment de plus en plus peur.
01:03:09 Il y a eu une maman aussi, avec ses deux enfants,
01:03:11 une policière hors service qui était en voiture avec ses enfants,
01:03:16 qui a été rattrapée par une voiture, et ils lui ont dit
01:03:18 "on sait où tu es, où tu habites".
01:03:21 Oui, mais c'est ça. Nous, quelque part, c'est pas que ça ne nous choque pas,
01:03:26 mais on est tellement habitués à vivre avec cette crainte-là
01:03:31 qu'on se doutait que ça allait arriver.
01:03:34 Maintenant, imaginez aussi les enfants,
01:03:37 parce qu'on parle beaucoup du policier et de la policière en service,
01:03:40 mais il y a toute une famille derrière, on a des enfants comme tout le monde,
01:03:43 donc imaginez ces trois enfants-là.
01:03:45 Là, quand je vois encore hier devant un commissariat
01:03:48 qui a été interpellé trois individus dans un véhicule
01:03:51 où il a été retrouvé à l'intérieur un bidon d'essence,
01:03:54 un tournevis, une batte de baseball,
01:03:56 que les fonctionnaires de police les ont arrêtés,
01:03:58 que quelques heures après, ils étaient déjà relâchés.
01:04:01 Et qu'est-ce qu'ils faisaient ?
01:04:02 Ils relevaient les plaques d'immatriculation,
01:04:04 ils suivaient les fonctionnaires de police qui terminaient leur service,
01:04:07 enfin c'est ça.
01:04:08 Et il y a une impunité aujourd'hui.
01:04:10 Alors on vous parle de circonstances aggravantes
01:04:12 quand ça touche une personne dépositaire de l'autorité publique,
01:04:15 mais nous, aujourd'hui, ça, on ne le voit pas.
01:04:17 Dans les comptes de la nation, si peu qu'il y en ait,
01:04:19 on ne le voit jamais.
01:04:21 Et là, c'est nos vies privées qui sont vraiment en danger.
01:04:27 Merci de ce témoignage.
01:04:29 Évidemment, et on pense à vous, évidemment, Aurélie Laroussi.
01:04:33 Merci d'avoir pris le temps de témoigner.
01:04:35 Je sais très bien qu'aujourd'hui, en le témoignant,
01:04:37 je sais très bien que dans les jours à venir,
01:04:39 je vais avoir des menaces, je vais avoir des insultes.
01:04:42 Personnellement, de par ma fonction,
01:04:45 ou comme ma porte-parole Perrine Sallé est particulièrement exposée,
01:04:50 on porte plainte, il n'y a jamais aucune suite non plus.
01:04:54 Donc impunité totale.
01:04:57 Impunité totale, mais totale.
01:05:00 Et puis, nous, on a vraiment un message à faire passer,
01:05:02 c'est que dans ce climat, dans toutes les décisions politiques,
01:05:05 dans tout ce qui se passe dans ce pays, on n'y est pour rien.
01:05:08 On n'y est clairement pour rien.
01:05:09 Nos maris n'y sont pour rien.
01:05:11 Nos maris sont responsables aujourd'hui de tous les maux de cette société.
01:05:15 On s'en prend forcément aux flics.
01:05:17 Pour tout et n'importe quoi, c'est le flic qui est incriminé,
01:05:20 c'est le flic qui est agressé.
01:05:22 On n'en peut vraiment, mais vraiment plus de cette situation.
01:05:26 Merci de ce témoignage.
01:05:28 Vraiment tout notre soutien à vous et à toutes les familles des forces de l'ordre.
01:05:31 Commissaire Lebar, j'imagine que ce que nous raconte Aurélie,
01:05:34 c'est ce que vivent, et ce que vous vivez,
01:05:36 et ce que vivent tous les policiers aujourd'hui,
01:05:38 et gendarmes, évidemment, pompiers aussi.
01:05:40 Le message que portent Aurélie Laroussi et Perrine Sallé,
01:05:42 que je connais, que j'ai croisé, est salutaire.
01:05:44 Parce que par la voix des femmes, des épouses,
01:05:47 et puis il y a aussi des femmes policiers,
01:05:49 dont les épouses ne sont pas forcément policiers,
01:05:51 mais on peut peut-être mieux entendre et mieux comprendre
01:05:53 ce qu'elles dénoncent quand on le dénonce nous-mêmes,
01:05:55 même en tant que chef de service.
01:05:56 J'ai raconté des histoires sur ce plateau,
01:05:58 où, comme tout chef de service, j'ai dû aider, contribuer,
01:06:01 à essayer de faire déménager en urgence une famille de policiers,
01:06:04 dont les noms et l'adresse avaient été placardés dans des cités,
01:06:07 parce qu'ils avaient eu le malheur de faire une affaire
01:06:10 et d'interpeller des bandits.
01:06:12 La limite de ce message-là, c'est qu'aujourd'hui,
01:06:16 dans une période de crise où on interpelle
01:06:18 à coups de 600 ou 700 émeutiers la nuit,
01:06:21 ce n'est pas demain qu'on va espérer une réponse pénale,
01:06:23 vu que la chaîne pénale, dont on parle souvent au calme,
01:06:25 est saturée.
01:06:26 Alors, il faut être lucide.
01:06:28 On sait très bien que la réponse, aujourd'hui,
01:06:30 est sécuritaire et sur le terrain,
01:06:32 et que la chaîne pénale n'est pas en capacité d'absorber.
01:06:34 Ce n'est même pas un procès que je fais à la justice.
01:06:36 Sinon, ce serait naïf de le faire croire.
01:06:37 Évidemment que les faits les plus graves,
01:06:39 il va y avoir des déferments, des comparutions,
01:06:41 mais ce que décrit Aurélie Laroussi, ce quotidien-là,
01:06:43 qui ne devrait même pas exister une seconde,
01:06:45 les faits prennent de l'ampleur,
01:06:47 mais la réponse pénale ne peut pas être au rendez-vous
01:06:49 tant qu'on ne donne pas à la justice de ce pays
01:06:51 une infrastructure globale qui permet
01:06:54 de traiter le problème.
01:06:56 Et quand on voit le niveau lamentable
01:06:58 dans la classe politique sur les causes
01:07:00 ou l'état des lieux de pourquoi les violences urbaines,
01:07:03 et que certains se permettent de dire que c'est parce que
01:07:05 les policiers parlent mal aux jeunes dans les banlieues,
01:07:07 excusez-moi, mais depuis 45 ans...
01:07:08 - Et là, vous parlez de la France insoumise.
01:07:09 - Mais comme d'habitude.
01:07:10 - Nous, on dit les choses.
01:07:11 - Et on n'appelle pas au calme, en plus.
01:07:12 - Jamais.
01:07:13 - Non seulement c'est les faussettes des policiers,
01:07:14 on n'appelle pas au calme,
01:07:15 on est solidaires de Vincent Jambrin,
01:07:17 parce que là, ça va un peu loin,
01:07:18 puis c'est un élu, il faut faire attention,
01:07:19 mais bon, une fois de plus,
01:07:20 l'appel de Jean-Luc Mélenchon, il est très clair,
01:07:22 on ne touche pas aux écoles et aux bibliothèques.
01:07:23 Ça sous-entend quoi ?
01:07:24 On peut toucher au commissariat ?
01:07:25 Aux flics ?
01:07:26 A la justice ?
01:07:27 - C'est pas précisé.
01:07:28 - On peut toucher à qui, en fait ?
01:07:29 Si on fait la liste de ceux à quoi il ne faut pas toucher,
01:07:31 on ne touche à rien.
01:07:32 - Alors attendez.
01:07:33 - Qui est le dix mots qu'on sent ?
01:07:34 - Oui, Maître Pierre-Henri Bovid.
01:07:35 J'aimerais me tourner vers Noémie Schultz,
01:07:36 parce qu'on parle de l'impunité,
01:07:37 on parle de la réponse pénale.
01:07:38 Est-ce qu'on a déjà des résultats, des comparutions immédiates ?
01:07:41 On parle de 3400 interpellations, ce qui est gigantesque.
01:07:44 Quelle est la réponse de la justice, Noémie ?
01:07:46 - Oui, il y a même les derniers chiffres,
01:07:48 qui sont de 3900, plus de 3900 gardes à vue,
01:07:50 depuis le début des violences,
01:07:53 plus de 600 déferments et 360 personnes
01:07:56 qui ont déjà été jugées en comparution immédiate.
01:07:58 Alors c'est un chiffre qui va évoluer,
01:08:00 il y a des gardes à vue qui sont toujours en cours,
01:08:02 des personnes qui vont être renvoyées.
01:08:04 Et sur ces 360 comparutions immédiates,
01:08:07 vous avez un peu moins de 100 condamnations
01:08:10 avec mandat de dépôt.
01:08:11 Et c'est à ça qu'on mesure quand même
01:08:13 une relative fermeté des magistrats
01:08:16 face à ces violences.
01:08:18 C'est effectivement des chiffres d'incarcération
01:08:21 à l'issue de l'audience assez importants.
01:08:23 Par exemple, je vais vous donner quelques exemples.
01:08:25 A Bobigny, samedi, il y a eu
01:08:27 5 dossiers de violences urbaines pour 10 prévenus,
01:08:31 8 ont été condamnés avec mandat de dépôt.
01:08:33 Ça veut dire qu'on reste incarcéré
01:08:35 à l'issue de l'audience.
01:08:37 Pontoise, 14 personnes sur 16 condamnées,
01:08:41 mandat de dépôt, Versailles 9 sur 9.
01:08:43 Donc il y a effectivement une fermeté assez visible.
01:08:47 Alors on est bien sûr sur des faits,
01:08:49 sans doute plutôt des pillages,
01:08:51 en tout cas sur les faits les plus simples à prouver,
01:08:55 à traiter, c'est-à-dire qu'on est sur
01:08:58 les enquêtes de flagrance
01:09:00 et les affaires de personnes qui sont poursuivies
01:09:03 ou recherchées pour s'en être pris
01:09:05 à des forces de l'ordre,
01:09:07 ou bien sûr les personnes qui s'en sont prises
01:09:09 au maire de la Ile-et-Rose.
01:09:10 Là, ce sont des enquêtes qui vont être plus longues
01:09:12 et on n'est pas sur de la comparution immédiate.
01:09:14 Et puis l'autre point qu'il est important de préciser,
01:09:16 c'est qu'on parle là uniquement des majeurs,
01:09:18 puisqu'on le rappelle, les mineurs ne peuvent pas
01:09:20 être jugés en comparution immédiate.
01:09:22 Donc il y a tous les mineurs,
01:09:24 on sait qu'il y a à peu près 30%,
01:09:26 un tiers des personnes interpellées
01:09:28 qui sont des mineurs avec une moyenne d'âge de 17 ans.
01:09:30 Et eux, certains sont présentés,
01:09:32 comme les enfants, mais ils ne sont pas jugés immédiatement.
01:09:34 Donc ça veut dire qu'il peut se passer
01:09:36 entre la commission de l'acte,
01:09:38 les émeutes, et la sanction des mineurs
01:09:40 pendant des années ?
01:09:42 Non, non, enfin, normalement non.
01:09:44 Il y a d'abord une réforme de la justice des mineurs
01:09:46 qui est passée pour que les choses arrivent plus vite,
01:09:48 parce que justement les délais étaient trop longs.
01:09:50 Donc là, normalement, dans un délai d'un mois,
01:09:52 ils vont être présentés à un juge
01:09:54 qui va statuer sur leur culpabilité ou pas.
01:09:56 Donc normalement, dans le courant du mois de juillet
01:09:58 ou encore début août, ils seront présentés à un juge
01:10:00 qui leur dira s'ils sont reconnus coupables ou pas.
01:10:02 Et ensuite, il y aura une audience
01:10:04 dans un délai de 6 à 9 mois.
01:10:06 Dans ce délai-là, on va observer aussi
01:10:08 leur comportement, voir si
01:10:10 on peut leur donner un certain nombre de règles à suivre,
01:10:12 voir s'ils les respectent.
01:10:14 Et au bout de 6 à 9 mois,
01:10:16 nouvelle audience, et là, on statue sur la peine.
01:10:18 Et donc on dit à quelle peine
01:10:20 ils sont condamnés.
01:10:22 Et en attendant, là, ces jeunes qui ont été arrêtés,
01:10:24 pas forcément.
01:10:26 Il peut y avoir un placement en foyer,
01:10:28 il peut y avoir un contrôle judiciaire.
01:10:30 Ça, c'est le juge qui décide, selon le profil du jeune,
01:10:32 les faits, bien sûr, qui lui sont reprochés,
01:10:34 son âge, le cadre familial,
01:10:36 s'il y a des parents derrière qui s'engagent un peu
01:10:38 à le surveiller, ou s'il apparaît que c'est un jeune
01:10:40 qui est complètement laissé
01:10:42 libre par ses parents.
01:10:44 Tout ça est bien sûr
01:10:46 observé par les magistrats.
01:10:48 On va se poser la question de la responsabilité des parents dans un instant,
01:10:50 mais François Puponi, là, sur la réponse pénale,
01:10:52 vous n'êtes pas convaincu ?
01:10:54 Non, mais visiblement,
01:10:56 ça va vite pour les majeurs, pour les décals les plus simples,
01:10:58 et c'est des messages qui sont passés très vite.
01:11:00 Et 3 900 gardes à vue,
01:11:02 je vais parler un peu crûment,
01:11:04 c'est 3 900 qui sont pas dans la rue.
01:11:06 Et la technique,
01:11:08 c'est celle de 2005, il faut interpeller au maximum,
01:11:10 faire des gardes à vue, vous limitez l'effort.
01:11:12 Vous les gardez dans les commissariats, dans ces cas-là ?
01:11:14 Alors, ils sont où ?
01:11:16 3 900, ça fait un peu du monde.
01:11:18 Ça, c'est toujours à l'appréciation des parquets,
01:11:20 mais on les garde au maximum le temps prévu
01:11:22 par le droit, c'est-à-dire 48 heures,
01:11:24 et on les garde à nouveau, pas plus.
01:11:26 Sur le terrain, ça se ressent, parce que tous ces 3 900 de moins...
01:11:28 Ça explique peut-être la petite baisse
01:11:30 qu'on a dans les émeutes.
01:11:32 Il y a deux choses, à la fois, il y a du monde
01:11:34 qui est en garde à vue, donc ça en fait moins sur le terrain,
01:11:36 et puis visiblement, tous les acteurs me disent
01:11:38 qu'ils ne sont plus alimentés en munitions.
01:11:40 En mortiers d'artifices.
01:11:42 Le stock a été dilapidé en 48 heures,
01:11:44 et donc il y a eu des arrêtés,
01:11:46 et puis il n'y en a plus où, il n'y en a plus trop.
01:11:48 Ce qui fait que ça se calme aussi,
01:11:50 et puis ils ont aussi peur pour certains des sanctions.
01:11:52 Après, la sanction, qu'elle soit exemplaire,
01:11:54 on verra bien pour les mineurs, mais effectivement,
01:11:56 ça prend toujours un peu plus de temps,
01:11:58 parce que la justice des mineurs, même si ça a été
01:12:00 raccourci en termes de délai, ça va prendre plusieurs mois.
01:12:02 Ce qui est terrible sur ces mineurs que vous évoquiez,
01:12:04 Noémie, un tiers qui sont mineurs, moyenne d'âge de 17 ans,
01:12:06 60% ne sont pas connus des services de police.
01:12:08 60% ne sont pas connus.
01:12:10 Il y a des récidivistes, c'est vrai,
01:12:12 mais 60% ne le sont pas.
01:12:14 On voit les premiers comptes rendus des audiences de comparution minette,
01:12:16 alors on a voulu en suivre aujourd'hui à Paris,
01:12:18 comme il y a une grève très importante de greffiers,
01:12:20 ces audiences ont été renvoyées,
01:12:22 mais il y a beaucoup de personnes,
01:12:24 notamment dans les pilleurs, qui expliquent
01:12:26 qu'au limit, ils passaient par là,
01:12:28 ils se sont laissés entraîner,
01:12:30 il y a eu vraiment une espèce d'opportunisme,
01:12:32 de défaites d'entraînement,
01:12:34 et de toute façon, il y a un certain nombre de ces personnes
01:12:36 qui n'ont pas de casier judiciaire
01:12:38 et qui n'avaient jamais été condamnées.
01:12:40 - Ça, c'est une nouveauté, commissaire Lebars ?
01:12:42 - Alors, en précisant, parce que dans le débat,
01:12:44 pas ici, mais dans le débat public,
01:12:46 il y a parfois confusion entre casier et antécédent judiciaire,
01:12:48 côté police, tâche.
01:12:50 Donc là, ce que dit Neumann et Schultz,
01:12:52 c'est que pas de casier veut dire pas de condamnation en justice,
01:12:54 mais parfois, ils ont des mentions tâches,
01:12:56 c'est-à-dire des traces de procédures dans lesquelles
01:12:58 ils ont été mis en cause par la police, et pour autant,
01:13:00 ils n'ont pas encore été condamnés, ou ils ne le seront pas,
01:13:02 parce qu'il n'y a pas eu de preuves suffisantes.
01:13:04 Mais c'est vrai que ça peut jouer aussi sur le profil,
01:13:06 on peut avoir des mentions tâches, y compris quand on est quelqu'un de bien,
01:13:08 parce qu'on est dans un dossier, et le dossier n'a pas eu d'issue.
01:13:10 - On a quand même des... Oivre, par exemple,
01:13:12 un enfant de 11 ans a été interpellé hier après-midi,
01:13:14 alors qu'il était en train de mettre le feu
01:13:16 à un local au pied d'un immeuble habité.
01:13:18 11 ans !
01:13:20 Et vous avez un autre record.
01:13:22 - J'ai pire que ça, à Roubaix, il n'y a pas de raison
01:13:24 de cacher la ville, je vais juste cacher l'identité.
01:13:26 J'ai la même chose avec un gamin de 9 ans,
01:13:28 qui met le feu à une poubelle dans un local d'habitation.
01:13:30 Donc voilà.
01:13:32 C'est pour ça que la déclaration du préfet de Montpellier
01:13:34 aujourd'hui, qui dit une phrase
01:13:36 que tout le monde peut comprendre
01:13:38 qui est le parent de Clac et Oli,
01:13:40 ceux qui n'ont pas d'humour ou qui veulent encore
01:13:42 faire de la polémique, et c'est encore une fois les mêmes
01:13:44 qui disent que c'est une honte, c'est une incitation aux violences des enfants,
01:13:46 non, c'est un message d'éducation.
01:13:48 À 9 ans, dans la rue, allumer une poubelle,
01:13:50 si on ne comprend pas que de Clac et Oli, c'est de le mettre au lit avec la force,
01:13:52 et que les vrais crimes, c'est de mettre le feu,
01:13:54 c'est vraiment affligeant.
01:13:56 En plus, un préfet ne peut pas se permettre de dire ça,
01:13:58 parce que c'est exactement le message
01:14:00 qu'il faut passer sur cette tranche d'âge-là, en tout cas.
01:14:02 - Il n'y a pas de condamnation. - Aucune possible.
01:14:04 - En plus, il ne peut pas y avoir de poursuite.
01:14:06 - Mais là, 9 ans et 11 ans, ça interpelle un tout petit peu.
01:14:08 On fait juste le rappel des titres de l'actualité,
01:14:10 on poursuit ce débat dans un instant, c'est au revoir.
01:14:12 - Merci beaucoup.
01:14:14 - De nombreux élus
01:14:16 et une foule dense pour la marche en soutien
01:14:18 au maire de Laïl-et-Rose,
01:14:20 un millier d'habitants de la commune y ont participé,
01:14:22 l'Édil a pris la parole pour réclamer
01:14:24 la fin de cette spirale de violence.
01:14:26 Et face à ce déferlement
01:14:28 de casses et de pillages depuis
01:14:30 près d'une semaine, le patronat réclame
01:14:32 des mesures de soutien.
01:14:34 Après les gilets jaunes et la réforme des retraites,
01:14:36 de nombreux commerçants étaient déjà à bout de souffle.
01:14:38 Avec ces émeutes, aujourd'hui,
01:14:40 beaucoup d'entre eux craignent de devoir mettre
01:14:42 la clé sous la porte.
01:14:44 Et puis le mercure grimpe outre-Manche.
01:14:46 Le Royaume-Uni a connu son mois de juin
01:14:48 le plus chaud jamais enregistré.
01:14:50 Un record de température qui soulève l'inquiétude
01:14:52 pour l'approvisionnement en eau.
01:14:54 La température moyenne a atteint
01:14:56 15,8 degrés, soit près d'un degré de plus
01:14:58 que le précédent record enregistré
01:15:00 en juin 40 et juin 76.
01:15:02 Merci Somaïa Labidi. Dans un instant,
01:15:04 on se retrouve dans Punchline, CNews et Europe 1.
01:15:06 Où sont passés les parents ?
01:15:08 Est-ce qu'il faut les responsabiliser encore plus ?
01:15:10 Comment faire pour qu'ils éduquent leurs enfants ?
01:15:12 On se pose ces questions dans un instant,
01:15:14 dans Punchline. A tout de suite.
01:15:16 18h34, on se retrouve en direct dans Punchline,
01:15:20 CNews, Europe 1. On parle de l'éducation
01:15:22 des parents. Où sont les parents ?
01:15:24 Est-ce qu'il faut qu'ils s'impliquent un peu plus
01:15:26 dans l'éducation de leurs enfants ? Qu'ils aillent peut-être les chercher
01:15:28 dans la rue ? Certains l'ont fait. On a vu
01:15:30 des images au cours de la semaine dernière
01:15:32 de parents qui allaient récupérer par l'oreille leurs enfants
01:15:34 qui tiraient des mortiers d'artifice. Il y en a un qui l'avait
01:15:36 même jeté dans un coffre. Bon, voilà.
01:15:38 De façon assez musclée.
01:15:40 - Il ouvre la porte pour s'échapper, il ouvre la portière.
01:15:42 - C'est la méthode
01:15:44 musclée. On va écouter le préfet de Leroux,
01:15:46 Hugues Moutou, qui estime qu'il faut faire
01:15:48 preuve de davantage de fermeté avec les enfants.
01:15:50 Écoutez-le.
01:15:52 - Une éducation, ça commence à la naissance.
01:15:54 - Je vais vous dire franchement.
01:15:56 Il n'y a pas de certains quartiers,
01:15:58 il n'y a pas d'effet culturel.
01:16:00 Quand on a des enfants, on met au monde des enfants,
01:16:02 on s'en occupe dès la naissance.
01:16:04 Si effectivement, dans les 12-13
01:16:06 premières années, ces enfants sont élevés
01:16:08 comme des herbes folles, il ne faut pas
01:16:10 s'étonner qu'à 12-13 ans, on les voit
01:16:12 caillasser des véhicules de police
01:16:14 ou piller des magasins.
01:16:16 Je sais qu'en
01:16:18 2019,
01:16:20 le Parlement a interdit la fessée.
01:16:22 Mais très franchement, de vous à moi,
01:16:24 si demain, vous attrapez votre gamin
01:16:26 qui descend dans la rue pour brûler
01:16:28 des véhicules de police ou les caillasser
01:16:30 des pompiers ou piller des magasins,
01:16:32 la méthode, c'est quoi ?
01:16:34 C'est deux claques et au lit.
01:16:36 C'est ce que faisaient nos grands-parents.
01:16:38 - Voilà, pour le préfet de Leroux, chez nos confrères de
01:16:40 France Bleu Héros, ça fait réagir,
01:16:42 évidemment, c'est la méthode à l'ancienne.
01:16:44 Évidemment, les associations
01:16:46 de lutte contre les violences faites aux enfants
01:16:48 ont réagi, François Pipponi.
01:16:50 Mais c'est ce retour à cette
01:16:52 autorité-là qu'il faut envisager ?
01:16:54 - Non, mais c'est du bon sens.
01:16:56 Alors, dans la bouche d'un préfet, ça peut jouer,
01:16:58 mais vous savez, moi, ces discussions que j'ai
01:17:00 beaucoup eues avec des pères africains
01:17:02 qui considèrent, eux,
01:17:04 que justement, quand un enfant dérape, il faut le frapper.
01:17:06 Et ils m'ont dit un jour,
01:17:08 j'étais stupéfait, ils m'ont dit
01:17:10 "Monsieur Pipponi, c'est la faute à la France
01:17:12 si on peut pas les..."
01:17:14 Et ils ont tous le numéro, là, le 119, là,
01:17:16 dès qu'on les touche, ils appellent. Et c'est les gamins
01:17:18 qui appellent. Après, je l'ai parlé au commissaire,
01:17:20 il m'a dit "Oui, mais effectivement, un jour, je suis arrivé..."
01:17:22 Bon, effectivement,
01:17:24 il y a des parents qui tiennent leurs gosses
01:17:26 et qui les tiennent en les frappant.
01:17:28 - On peut ne pas les frapper, mais aussi en les frappant quand même.
01:17:30 - Tout à fait.
01:17:32 - On met des vies au centre du village.
01:17:34 - Mais parfois, il y a des pères qui m'ont dit
01:17:36 "Je n'arrive pas à faire autrement,
01:17:38 c'est-à-dire que je n'arrive pas à le tenir, il faut que je l'enferme."
01:17:40 Donc, on a aussi des enfants qui sont dans des
01:17:42 comportements extrêmement problématiques,
01:17:44 qui ont des troubles du comportement très fort,
01:17:46 des parents qui sont démunis,
01:17:48 et effectivement, certains
01:17:50 passent à la violence. Mais effectivement,
01:17:52 il faut qu'on les aide, il faut qu'on trouve une solution.
01:17:54 - Mais qu'il faut l'école les aider comment ?
01:17:56 - L'autorité, si vous l'avez, vous l'avez pas ?
01:17:58 - Quand je dis qu'il faut qu'on les aide, ce que dit le préfet,
01:18:00 un enfant qui dérape très tôt,
01:18:02 s'il n'est pas pris en charge par des pélo...
01:18:04 - Neuf ans. - Si cet enfant de neuf ans
01:18:06 n'est pas pris en charge dès demain,
01:18:08 pour éviter qu'il récidive,
01:18:10 parce que c'est ça aussi le sujet.
01:18:12 - On le sort de sa famille, on le met à l'aide sociale à l'enfance,
01:18:14 dit très clairement,
01:18:16 si les parents ne sont pas capables d'éduquer les enfants,
01:18:18 on leur enlève l'autorité parentale.
01:18:20 Les lois sont bien faites à ce niveau-là.
01:18:22 - Mais après, il faut des structures pour les prendre en charge.
01:18:26 Et c'est ce qui nous manque. - Ah, il en manque vraiment.
01:18:28 - Ah bah c'est dur. - Maître...
01:18:30 - Sur justement, ces enfants
01:18:32 qui se retrouvent dans le juge des enfants,
01:18:34 certains, je les entends, je les vois sur les réseaux sociaux,
01:18:36 certains disent qu'il faut que ces jeunes
01:18:38 soient jugés comme des adultes,
01:18:40 ou alors du moins qu'ils aillent en prison. Mais ce serait la pire erreur.
01:18:42 Parce que justement, ces enfants de 13-14 ans,
01:18:44 ils doivent être suivis par des pédopsychiatres, par exemple.
01:18:46 Mais en tout cas, ce n'est pas l'état de se substituer aux parents
01:18:50 et de leur donner une éducation.
01:18:52 - Vous laissez pas un rendez-vous chez un pédopsychiatre ?
01:18:54 - Non mais du coup, je rejoins les propos du préfet.
01:18:56 - Vous n'avez pas de rendez-vous ?
01:18:58 - C'est deux claques, c'est une éducation qu'il faut leur donner.
01:19:00 Il faut les encadrer, ces jeunes.
01:19:02 Il ne faut pas qu'ils finissent en prison pour demain que ce soit
01:19:04 des criminels en puissance. - Bon, Eric Renel.
01:19:06 - Bon, moi je vais être un peu plus modéré.
01:19:08 Je veux dire, bon,
01:19:10 je pense que le recours à la violence, il n'est jamais bon.
01:19:14 Parce que le recours à la violence sur un enfant,
01:19:16 c'est aussi le recours à la violence sur un adulte.
01:19:18 Maintenant, ça traduit quoi, cette sortie du préfet ?
01:19:22 Alors peut-être que c'est juste une espèce de métaphore.
01:19:24 C'est-à-dire, je le prends par l'oreille et je le mets dans sa chambre.
01:19:26 C'est peut-être ce qu'il a voulu dire, je n'en sais rien.
01:19:28 Mais à une autre époque,
01:19:30 vous voyez ce que je veux dire ?
01:19:32 Quand mon père m'engueulait, je peux vous dire qu'il n'avait pas besoin de me mettre des claques.
01:19:34 - C'est ça. - Moi non plus.
01:19:36 - Il a aussi le ton de la voix et on filait de l'eau.
01:19:38 - Voilà, l'autorité était incarnée par le père ou par la mère,
01:19:42 ou par les deux.
01:19:44 Et le petit coup de Martinet sur les cuisses,
01:19:46 c'était vraiment en dernier recours.
01:19:48 Bon, ce que je veux dire par là, c'est qu'on devrait s'interroger
01:19:50 sur le fait de savoir aussi pourquoi
01:19:52 il y a autant de parents,
01:19:54 famille monoparentale ou pas,
01:19:56 qui n'ont plus le contrôle
01:19:58 de leurs enfants et depuis longtemps.
01:20:00 Enfin, à 9 ans à Roubaix,
01:20:02 on se fait interpeller
01:20:04 parce qu'on est en train de mettre des feux
01:20:06 à la poubelle. - À 11 ans ?
01:20:08 - Mais qu'est-ce qu'on fait à 9 ans ?
01:20:10 Dehors ?
01:20:12 Je ne sais pas quelle heure il était.
01:20:14 - On va écouter Alain Bauer.
01:20:16 - Peut-être que c'est un cas spécial, peut-être qu'il n'a pas de parents,
01:20:18 j'en sais rien, mais ses parents savent
01:20:20 qu'il y a des émeutes.
01:20:22 - Il faut mettre en cause les parents pénalement.
01:20:24 - La question,
01:20:26 je crois que ça a été suprimé
01:20:28 par François Hollande,
01:20:30 mais je crois que c'était une loi qui avait été mise en place
01:20:32 sous Sarkozy, de lier
01:20:34 le paiement des allocations
01:20:36 familiales ou de les suspendre
01:20:38 temporairement. - Mais il faut quand même
01:20:40 un moment donné,
01:20:42 que si les parents n'ont plus le contrôle
01:20:44 de leurs enfants, l'État,
01:20:46 si l'autorité encore de l'État,
01:20:48 contrôle la cellule familiale.
01:20:50 - Il y a un article du Code pénal qui le prévoit.
01:20:52 - Alors, attendez, terminez, maître.
01:20:54 - Il y a un article du Code pénal qui le prévoit,
01:20:56 que dès lors que les parents se soustraient à leur obligation légale
01:20:58 de parent, ils engagent leur responsabilité pénale.
01:21:00 Et c'est tout à fait normal.
01:21:02 Mais cet article, il faut, à mon avis, le creuser davantage
01:21:04 et surtout lui donner corps,
01:21:06 parce qu'aujourd'hui, cet article n'est quasiment jamais appliqué.
01:21:08 - Je me souviens juste qu'on écoutait Alain Baubert, professeur de Criminologie,
01:21:10 qui était mon invité ce matin, sur le rôle des parents
01:21:12 et le fait qu'il faut remettre les parents au centre du dispositif.
01:21:14 - Il y a des enjeux majeurs,
01:21:18 aujourd'hui, de réhabilitation,
01:21:20 de responsabilisation
01:21:22 et surtout de désinfantilisation
01:21:24 des familles et notamment des mères
01:21:26 de famille. Il y a un enjeu qui est
01:21:28 que l'État considère que ce sont des partenaires,
01:21:30 pas des emmerdeurs, que ce sont des partenaires,
01:21:32 pas des assistés, que ce sont des partenaires
01:21:34 parce que c'est le dernier
01:21:36 lien,
01:21:38 la dernière capacité
01:21:40 qu'on a de récupérer une partie importante,
01:21:42 notamment des très jeunes, qui sont encore
01:21:44 sensibles à l'action et à la possibilité
01:21:46 de leurs parents.
01:21:48 - Alors, vous confirmez, commissaire Lebrasse,
01:21:50 le dialogue avec les parents, il est possible dans certains cas,
01:21:52 pour vous les policiers, on peut récupérer des gamins comme ça ou pas ?
01:21:54 - Moi, je crois toujours au dialogue.
01:21:56 On l'a souvent dit, dans les quartiers
01:21:58 soi-disant les plus difficiles, le commissaire se déplace
01:22:00 avec le maire, le maire adjoint, on fait une réunion de quartier,
01:22:02 les parents et même les jeunes viennent.
01:22:04 Il faut toujours quand même rappeler que ce débat-là,
01:22:06 on l'a vis-à-vis d'une petite frange de population
01:22:08 qui est complètement en marge, qui est dans la criminalité,
01:22:10 qui est dans l'errance, qui est dans la déserrance,
01:22:12 mais c'est pas l'intégralité des populations
01:22:14 des quartiers. Il y a des parents qui ont besoin d'aide aussi.
01:22:16 Alors, c'est pas à la police d'apporter
01:22:18 cette aide-là parce que malheureusement, c'est ni notre rôle
01:22:20 ni nos moyens, même si on doit aller dans les écoles,
01:22:22 on doit faire de la pédagogie, mais le sujet
01:22:24 des parents qui ont besoin d'aide, il existe.
01:22:26 On le voit. On voit aussi le comportement
01:22:28 des parents qui viennent chercher les mineurs en garde à vue.
01:22:30 On voit très bien le mineur qui est complètement lâché
01:22:32 par l'autorité parentale, où personne
01:22:34 vient le chercher, ça intéresse personne.
01:22:36 Et puis ceux qui viennent, je peux vous dire qu'une fois
01:22:38 qu'ils sortent, il y a la rouste. Donc, c'est peut-être
01:22:40 pas bien, mais on le voit aussi. Donc,
01:22:42 tous les parents n'ont pas abandonné. Par contre,
01:22:44 le soir, ceux qui brûlent
01:22:46 et qui pillent, même s'il n'y a pas que des mineurs,
01:22:48 parce qu'il faut le rappeler non plus, c'est pas qu'un fait de mineurs,
01:22:50 on va pas tout mettre sur le dos des mineurs,
01:22:52 surtout que ce serait un peu... - Non mais c'est intéressant.
01:22:54 - C'est très intéressant, mais ça laissera
01:22:56 entendre que si avec des mineurs, on est encore moins
01:22:58 en capacité de faire, parce qu'il y a l'excuse de minorité,
01:23:00 il y a deux tiers de majeurs. Et puis il y a aussi
01:23:02 des profils ultra-gauches, j'en profite pour le dire,
01:23:04 parce que dans les séquences précédentes de violences urbaines,
01:23:06 ça n'existait pas, et là on a des profils ultra-gauches
01:23:08 qui viennent en plus en rajouter. - Vous leur des Black Bloc ?
01:23:10 - De ceux sans doute qui se mettent en noir dans des manifs
01:23:12 qui font du Black Bloc le samedi quand il y a une manif,
01:23:14 et qui sont venus piller ou casser
01:23:16 pendant les violences urbaines, parce qu'ils détestent
01:23:18 la France aussi pour d'autres raisons. Donc le problème
01:23:20 en fait, c'est que dans le cerveau
01:23:22 moyen de ceux qui sont interpellés,
01:23:24 c'est la détestation de tout, c'est-à-dire qu'il y a
01:23:26 un terrain de jeu qui ne devrait pas en être un,
01:23:28 qui fait que c'est l'espèce de...
01:23:30 Le seul point commun que je vois avec les politiques
01:23:32 qui ont parlé des jeux vidéo, c'est que finalement
01:23:34 dans la rue, c'est la réalité
01:23:36 de ce qu'on a derrière un écran, peut-être, c'est possible.
01:23:38 On casse, on brûle, on pille, surtout
01:23:40 on se met en scène avec les réseaux sociaux, c'est une espèce de compétition
01:23:42 malsaine, c'est pas très réfléchi, c'est pas très
01:23:44 intelligent, puis une fois qu'ils sont interpellés,
01:23:46 le discours c'est "pourquoi t'as fait ça ?"
01:23:48 - Le dialogue avec les parents, il est indispensable.
01:23:50 Moi je l'ai fait pendant
01:23:52 des années, on arrive
01:23:54 à les convaincre, mais parfois, on a
01:23:56 effectivement des cas, où moi j'avais une mère de famille
01:23:58 que j'essayais de convaincre que son fils était en train de déraper,
01:24:00 et où la mère devant moi
01:24:02 se faisait insulter par le fils.
01:24:04 Elle était la pauvre, elle se faisait traiter
01:24:06 de tous les noms, mais pour le coup
01:24:08 j'ai envie de le prendre et de lui mettre une gifle.
01:24:10 "Il traitait sa mère de tous les noms, et pourquoi tu parles ?
01:24:12 Qu'est-ce que tu racontes ?"
01:24:14 C'était horrible. Et cette mère-là,
01:24:16 elle était perdue. Mais par contre,
01:24:18 le dialogue, souvent on avait du mal à leur faire prendre
01:24:20 conscience que le gamin était dans une phase de délinquance.
01:24:22 C'est souvent les mères.
01:24:24 Mais on y arrivait. Et ça, pour le coup,
01:24:26 c'est le rôle du maire de la ville. On le faisait en accord
01:24:28 avec le procureur, avec le commissaire,
01:24:30 il faut bien qu'il y ait une autorité
01:24:32 qui promet ce dialogue. - Il y a question aussi,
01:24:34 la question de la suppression de l'excuse de minorité
01:24:36 pour les émeutiers. Ça c'est une proposition
01:24:38 qui a été mise sur la table
01:24:40 par la droite. 69% des Français
01:24:42 sont d'ailleurs favorables à cette suppression,
01:24:44 selon un sondage CSA pour CNews.
01:24:46 Est-ce que ça changerait quelque chose ou pas, Maître Bovis ?
01:24:48 - Ce qui est sûr, c'est que... - C'est-à-dire qu'on ne juge pas
01:24:50 les mineurs comme les majeurs, évidemment,
01:24:52 et si on supprime cette excuse
01:24:54 de minorité pour les émeutiers, ils seraient condamnés
01:24:56 plus lourdement. - Parce qu'on a tendance à considérer,
01:24:58 si vous voulez, qu'à un certain âge,
01:25:00 on n'est pas suffisamment conscients
01:25:02 de la portée de ces actes.
01:25:04 Pour autant, les Français
01:25:06 comprennent difficilement, par exemple,
01:25:08 comment le meurtrier de la petite Chayna
01:25:10 a pu bénéficier de l'excuse de minorité
01:25:12 lorsqu'il a prémédité, justement,
01:25:14 son meurtre. Je vous rappelle,
01:25:16 la petite Chayna qui était enceinte, qui a été tuée
01:25:18 de 17 coups de couteau, puis ensuite brûlée vive.
01:25:20 Puisqu'elle n'était pas encore morte
01:25:22 lorsqu'elle a eu ses coups de couteau,
01:25:24 il a ensuite brûlé vive. Donc il y a eu toute une mise en scène
01:25:26 macabre, il a bénéficié de l'excuse de minorité.
01:25:28 Cette grand-mère, dans le sud
01:25:30 de la France, je crois que c'était à Nice,
01:25:32 qui a été lourdement agressée, à Cannes,
01:25:34 par deux jeunes également,
01:25:36 pour lui dérober son sac.
01:25:38 Ces jeunes-là ont bénéficié, pareil,
01:25:40 de l'excuse de minorité.
01:25:42 Ils ont eu du sursis.
01:25:44 C'est de fait, en fait, quand on échoue à l'excuse de minorité,
01:25:46 elle peut être levée,
01:25:48 mais c'est rarissime.
01:25:50 En matière criminelle, c'est vrai,
01:25:52 c'est ce qui a absolument horrifié la famille de Chayna.
01:25:54 C'est pas tant la condamnation, il a été condamné à 18 ans
01:25:56 de prison, mais au fait que
01:25:58 l'excuse de minorité n'a pas été levée
01:26:00 alors qu'il avait 17 ans et quelques mois
01:26:02 au moment des faits. Mais il faut revenir
01:26:04 à l'esprit de la loi, en fait, quand on pose la question
01:26:06 à des professionnels sur pourquoi cette excuse de minorité
01:26:08 existe, c'est parce que,
01:26:10 en tout cas, le législateur est parti de l'idée qu'un mineur
01:26:12 ne résonne pas comme un adulte.
01:26:14 Le cerveau humain continue de se développer jusqu'à
01:26:16 25 voire 30 ans, et donc on présume
01:26:18 qu'un mineur ne mesure pas comme un adulte
01:26:20 les conséquences de son acte,
01:26:22 et qu'il n'a pas la même capacité d'appréciation
01:26:24 de la gravité de la transgression. C'est ça, en tout cas,
01:26:26 l'esprit de la loi. Alors après, on peut le contester,
01:26:28 mais en les cesse, c'est pour ça qu'il y a une excuse
01:26:30 de minorité. - Non, mais ça reste du coup très contestable,
01:26:32 puisque vous voyez, à 20 ans ou 22 ans, du coup, on n'est pas suffisamment
01:26:34 conscients mondialement qu'il y a un adulte de 30 ans ou 32 ans.
01:26:36 - À 18 ans ou un jour, oui, mais 18 ans ou un jour,
01:26:38 dire non. - Mais donc, pour l'excuse de minorité, je pense
01:26:40 que ça doit être l'inverse qui doit être mis en place,
01:26:42 c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'excuse de minorité pour certains
01:26:44 cas, alors, au cas par cas, évidemment,
01:26:46 puisque c'est l'individualisation des peines, il y a
01:26:48 une excuse de minorité. Mais je pense qu'on a pris
01:26:50 le problème à l'envers. - Commissaire Lebars,
01:26:52 sur ces histoires d'excuses de minorité, ça changerait votre travail ou pas ?
01:26:54 - Moi, je crois que l'axe de travail, il n'est pas là.
01:26:56 On a aussi souvent débattu sur votre plateau de sécurité.
01:26:58 On va reprendre à l'échelle d'une ville
01:27:00 qui est la poche de délinquance.
01:27:02 À Saint-Denis, c'est une ville
01:27:04 où j'ai travaillé, mais il y en a d'autres.
01:27:06 J'avais fait un palmarès des délinquants
01:27:08 les plus réitérants, qui sont ceux qui pourrissent
01:27:10 la vie du quotidien. Et on se rend compte qu'on a
01:27:12 une incapacité à traiter le problème. Je dis "on",
01:27:14 je suis assez poli, parce que...
01:27:16 - C'est quoi, c'est 1% ?
01:27:18 - Vous enlevez 50-60% des réitérants d'une circonscription
01:27:24 et vous réglez 50% des problèmes.
01:27:26 C'est-à-dire que pour moins de 1% de la population,
01:27:28 vous réglez 50% des problèmes.
01:27:30 Certes, on a des interpellés qui n'ont pas
01:27:32 d'antécédent judiciaire ou de casier.
01:27:34 Encore, il faut voir la nuance.
01:27:36 Mais de toute façon, ils ne viennent pas tout seuls.
01:27:38 Ils sont incités, ils sont poussés. Quand il y en a un de 9 ans, c'est qu'il y a un grand derrière.
01:27:40 Donc, de toute façon, derrière, il y a toujours
01:27:42 cette poche de délinquance et cette incapacité
01:27:44 pour nos pouvoirs publics,
01:27:46 parce que les citoyens ne comprennent pas,
01:27:48 de revoir toujours les mêmes dans la rue,
01:27:50 y compris pour les policiers, d'ailleurs.
01:27:52 Ce qui est affreux, c'est que ce n'est pas un magistrat qui se fait interpeller.
01:27:54 Comment ça se fait que vous ne l'avez pas mis en prison ?
01:27:56 C'est le policier à qui un riverain vient dire
01:27:58 "Mais monsieur, vous êtes inefficace, ce type-là,
01:28:00 il m'a déjà volé trois fois sur mon stand,
01:28:02 je vous passe le nombre d'histoires."
01:28:04 En fait, on est toujours face à un problème qu'on n'arrive pas à résoudre.
01:28:06 On sait le définir, on sait le montrer du doigt,
01:28:08 quand on est à peu près objectif.
01:28:10 Et finalement, on ne sait pas l'écarter ou l'isoler.
01:28:12 Il faut des infrastructures et de moyens pour arrêter le procès sur la justice,
01:28:15 en disant qu'elle est laxiste, parce qu'elle le sera,
01:28:17 si on constate qu'elle a les moyens et qu'elle ne le fait pas.
01:28:19 Le problème, c'est que le tube est trop petit.
01:28:21 Des magistrats, en comparution immédiate, le matin,
01:28:23 il n'y a pas les places de prison, les juges d'instruction et les JLD
01:28:25 pour faire le travail.
01:28:27 Mais c'est fini, quand vous ramassez 700 gardes à vue,
01:28:29 le matin, c'est une horreur totale.
01:28:31 À 10h du matin, il faut déjà trier.
01:28:33 C'est une gare d'aiguillage pour mettre dehors,
01:28:35 pour laisser de la place pour les faits les plus graves.
01:28:37 C'est ça, la réalité.
01:28:39 Pour donner un chiffre, la moyenne, au sein de l'Union européenne,
01:28:41 c'est 40 à 42 magistrats pour 100 000 habitants.
01:28:43 La France, c'est 11 magistrats.
01:28:45 C'est 4 fois moins.
01:28:47 Une fois qu'on a dit ça, on a tout dit.
01:28:49 Puisque les magistrats ne peuvent pas absorber
01:28:51 la quantité de dossiers qui leur est envoyé.
01:28:53 Donc on a des affaires pénales qui durent plusieurs mois,
01:28:55 voire plusieurs années.
01:28:56 Il y a aussi la question des réseaux sociaux.
01:28:57 C'est ce que je disais en début d'émission.
01:28:59 Parce que TikTok, Snapchat, Youtube,
01:29:01 ce sont des robinets, en fait,
01:29:03 qui lavent le cerveau des enfants de plus en plus jeunes,
01:29:05 qui assistent à des scènes de violence
01:29:07 terrible, des ricanements,
01:29:09 on se moque, on filme.
01:29:11 Ça change la face du maintien de l'ordre,
01:29:13 le fait que les réseaux sociaux soient
01:29:15 ultra-puissants aujourd'hui, comme le commissaire Le Mars.
01:29:17 Alors il y a deux impacts,
01:29:19 déjà vus et qui nous font
01:29:21 comprendre ce qui s'est passé sur les derniers jours.
01:29:23 Il y a deux impacts vraiment principaux.
01:29:25 En un, ça les organise.
01:29:27 C'est-à-dire qu'ils se donnent des rendez-vous,
01:29:29 ils se regroupent facilement, ils communiquent.
01:29:31 C'est un peu comme si maintenant les voyous avaient un système radio,
01:29:33 comme les policiers. C'est-à-dire qu'ils communiquent, ils sont reliés.
01:29:35 Ils se donnent rendez-vous. Le point de rendez-vous n'est pas bon.
01:29:37 Il y a deux compagnies de CRS. On annule,
01:29:39 on s'éparpille, on se redonne rendez-vous.
01:29:41 Ils ont un moyen de communication.
01:29:43 Ça, c'est le premier impact. C'est une évidence.
01:29:45 Et je dirais, ça rétrécit le temps et l'espace aussi.
01:29:47 C'est pour ça aussi qu'il y a de la contagion sans doute
01:29:49 peut-être jusqu'à la Suisse ou à la Belgique.
01:29:51 Mais pourquoi il y a des gens qui sont plus loin que leur lieu
01:29:53 de commission habituelle ? Parce que ce point
01:29:55 de rendez-vous, ça rassure, on sait qu'on ne va pas être seul.
01:29:57 Et ça leur donne aussi, peut-être, c'est très grave,
01:29:59 le sentiment qu'ils pourraient être en supériorité
01:30:01 et obtenir gain de cause. Et ça, il faudra l'analyser.
01:30:03 C'est très dangereux. Et le deuxième impact,
01:30:05 c'est sans doute le pire, c'est qu'on se met en scène.
01:30:07 C'est la compétition à celui qui en fera le plus.
01:30:09 Donc si vous en avez un qui a brûlé une école,
01:30:11 ça va être ensuite la piscine olympique.
01:30:13 Et c'est une sorte de compétition où celui qui fait
01:30:15 le plus de followers, c'est toujours le même système,
01:30:17 ou le plus de vues, etc., ça donne envie de recommencer
01:30:19 et d'être celui qui aura gagné la soirée.
01:30:21 Il y a ceux qui se filment en train d'agresser, qui ont une personne âgée,
01:30:23 qui ont un homme frappé à terre. C'est absolument abjecte.
01:30:25 - Ah, c'est abjecte. - Et ça, on ne peut pas le réguler.
01:30:27 - Si, le ministre a eu raison de le dire,
01:30:29 les plateformes doivent être responsabilisées
01:30:31 pour supprimer du contenu. C'est leur travail.
01:30:33 La mise en ligne de contenu de haine
01:30:35 est une infraction pénale. Il faut taper sur ces plateformes.
01:30:37 Alors après, il ne faut pas être naïf.
01:30:39 C'est souvent des sociétés qui sont très loin américaines.
01:30:41 Mais je veux dire, pour d'autres raisons,
01:30:43 ce week-end, Twitter, ils ont réduit le nombre de vues
01:30:45 pour les internautes normaux,
01:30:47 parce que le patron de Twitter a réduit.
01:30:49 Vous avez publié là-dessus, j'ai vu.
01:30:51 Je ne vois pas pourquoi on ne réduirait pas le robinet
01:30:53 à ceux qui publient des photos d'incendie
01:30:55 ou des agressions de personnes.
01:30:57 - Coupons, carrément, coupons, Éric Revelle.
01:30:59 - Je suis désolé, c'est faisable.
01:31:01 - Vous parliez du cerveau ramolli de cette génération.
01:31:03 - Le temps de cerveau disponible.
01:31:05 Le peu qu'on leur donne.
01:31:07 - Qui est bi-brûlé avec son téléphone
01:31:09 ou avec des séries. Mais en fait, j'ai le sentiment aussi
01:31:11 qu'il y a une espèce de jeu, vous avez employé le mot,
01:31:13 mais c'est vrai. C'est-à-dire qu'ils deviennent des acteurs
01:31:15 de leur propre série,
01:31:17 qu'ils mettent en scène, qu'ils scénarisent.
01:31:19 Et pour eux, c'est une sorte de jeu.
01:31:21 Alors, ils n'ont pas conscience, évidemment, que ça ne va pas aller
01:31:23 jusqu'à la mort, mais il y a un peu de ça.
01:31:25 C'est-à-dire qu'ils nourrissent un jeu vidéo dans lequel
01:31:27 ils sont les héros et les acteurs.
01:31:29 - Je ne sais même pas s'ils n'ont pas conscience
01:31:31 que ça ne va pas aller jusqu'à la mort.
01:31:33 Parce qu'ils ont tellement d'amis à eux qui sont morts à cause de vidéos
01:31:35 qu'ils savent très bien que ça peut finir avec la mort.
01:31:37 Mais ça ne les refroidit absolument pas.
01:31:39 - On se souvient bien de cette petite...
01:31:41 La mort tragique de cette petite
01:31:43 qui se suicide.
01:31:45 On se souvient bien de ces élèves qui
01:31:47 sont allés d'ailleurs à rire sur...
01:31:49 La petite lince.
01:31:51 À rire de ce drame.
01:31:53 - Ils n'ont plus aucune empathie pour personne.
01:31:55 Et le rapport à la mort est complètement désinhibé.
01:31:57 - Donc c'est une génération perdue ?
01:31:59 - De toute façon, Laurence Ferrari, quand vous avez
01:32:01 une équipée sauvage qui va jusqu'à
01:32:03 défoncer la maison d'un maire
01:32:05 et sa famille, ou des gens
01:32:07 qui s'en prennent directement à des policiers
01:32:09 pour aller les attraper et les tuer pour ce qu'ils sont,
01:32:11 je crois que le sentiment d'impunité,
01:32:13 on imagine où il est. Et le rapport à la mort,
01:32:15 il est pareil, puisque le policier est en mesure de riposter.
01:32:17 Donc ce rapport à la mort, il n'est pas le même.
01:32:19 Il ne faut pas qu'on raisonne avec des valeurs qui sont
01:32:21 celles de gens éduqués. - Ils veulent se traiter en martyr, c'est ça ?
01:32:23 - Non, même pas. Je vous assure, ça ne va pas plus loin.
01:32:25 - Tuer, c'est pas grave. - Voilà.
01:32:27 C'est juste que tuer, ça fait partie de la vie.
01:32:29 Parce que c'est vrai que, dans le virtuel,
01:32:31 finalement, tout le monde meurt, c'est pas choquant.
01:32:33 Et puis ils voient tellement, je veux dire, même entre eux,
01:32:35 quand ils font des rodéos, et que ça ne vient pas tuer un jeune,
01:32:37 ce qui est déjà bien, déjà ils se tuent entre eux, ils se retournent,
01:32:39 ils se mettent dans des états. Le rapport à la violence,
01:32:41 à la brutalité, il n'est pas du tout le même
01:32:43 sur ceux qui commettent ça. C'est vraiment
01:32:45 pas du tout le même angle de vue, et c'est là où, je pense,
01:32:47 on a une fracture de la société.
01:32:49 C'est que, ce qui est inquiétant, c'est même pas
01:32:51 qu'ils vont enfreindre la loi. Ils ne savent pas
01:32:53 ce que c'est que la loi. Alors, imaginez bien un discours politique,
01:32:55 ils ne savent même pas où c'est prononcé, puisqu'ils ne suivent
01:32:57 aucun média classique. Donc à partir du moment
01:32:59 où l'image, c'est celle qui est sur les plateformes
01:33:01 et les réseaux sociaux, et que c'est les leurs,
01:33:03 c'est fini, ils sont dans la sphère fermée.
01:33:05 - Qu'est-ce qui va se passer dans les prochains jours ? Est-ce que cette baisse relative,
01:33:07 attention, relative, de l'intensité des émeutes,
01:33:09 c'est pas ce retour au réel,
01:33:11 tout d'un coup ? Tiens,
01:33:13 on réalise qu'il n'y a plus de bus, qu'il n'y a plus de
01:33:15 voitures, qu'il n'y a plus de distributeurs,
01:33:17 on l'a brûlé, il n'y a plus de commerce.
01:33:19 C'est le retour au réel ?
01:33:21 C'est les familles aussi, peut-être, qui leur disent
01:33:23 "Attention, là, vous avez tout détruit, dans nos vies."
01:33:25 - Moi, je pense qu'il y aura un jour d'après,
01:33:27 parce qu'on vient de vivre une séquence d'émeutes
01:33:29 qui n'est pas terminée, vous l'avez dit, parce qu'on ne sait jamais
01:33:31 quand ça s'arrête. On ne peut que le constater
01:33:33 quand on a suffisamment de recul et on est encore dedans.
01:33:35 Il y aura un jour d'après, parce qu'il y a eu
01:33:37 une intensité dans la violence
01:33:39 et des faits d'une gravité tellement exceptionnelle
01:33:41 qu'il y aura des rancœurs
01:33:43 par rapport à ceux qui ont commis ce type
01:33:45 d'infraction. Et je rappelle encore une fois
01:33:47 qu'à six jours d'émeutes sous réserve,
01:33:49 que le bilan soit consolidé,
01:33:51 on a une police républicaine qui ne tire pas dans la foule.
01:33:53 C'est bien de le rappeler aussi, parce qu'il y a d'autres pays
01:33:55 où il y a eu des émeutes, où il y a eu 50 morts sur des séquences,
01:33:57 Los Angeles, dans les années 90.
01:33:59 Il y aura un jour d'après, parce que ça vient
01:34:01 refaire sortir la difficulté qu'on a
01:34:03 de travailler dans certains quartiers.
01:34:05 Et ce n'est pas le problème de la seule
01:34:07 relation police-population, que certains
01:34:09 voudraient réduire à ça. Il y aura un jour d'après,
01:34:11 il y a la ligne droite du 13 juillet,
01:34:13 avec toujours une soirée difficile et une soirée
01:34:15 qui n'est plus festive, mais qui est une soirée
01:34:17 de violence, parce que ça fait des années que ça dure.
01:34:19 On n'a pas redécouvert les violences urbaines. Elles duraient,
01:34:21 on en a trop parlé sur ce plateau, mais on a l'impression
01:34:23 que certains des gens ont cru que c'était fini
01:34:25 depuis 2005. C'est faux. C'est juste
01:34:27 des phases montantes et descendantes avec des éléments
01:34:29 déclencheurs. Je crois que le jour d'après va être difficile,
01:34:31 parce que je vois bien que la cohésion
01:34:33 sociale et le discours politique
01:34:35 ne... Alors peut-être que l'agression du maire
01:34:37 va contribuer à autre chose, ce sera peut-être
01:34:39 un mal pour un bien, mais je crains
01:34:41 que le jour d'après soit très difficile et qu'on soit
01:34:43 maintenant à nouveau dans une phase
01:34:45 encore plus difficile qu'avant, avec toujours pas d'outils.
01:34:47 En tout cas, les outils, c'est pas la police.
01:34:49 La police, elle est là pour arrêter le pire.
01:34:51 Si on arrête le pire, le jour d'après,
01:34:53 il va être très long, s'il n'y a pas un...
01:34:55 Je ne sais pas si ça doit s'appeler un plan banlieue ou une politique
01:34:57 de banlieue, mais pour le coup, il manque quelque chose.
01:34:59 - Alors, François Fiboyou... - Est-ce qu'il ne faut pas limiter la banlieue ?
01:35:01 Parce qu'on a vu qu'il y a des zones rurales et des
01:35:03 villes moyennes qui ont explosé.
01:35:05 - Montargis. - Montargis. Mais c'est un plan...
01:35:07 Enfin, allez, moi je vais dire un gros mot,
01:35:09 là. Il y a un terme qu'on n'emploie
01:35:11 plus depuis 10 ans, c'est prévention.
01:35:13 Si on ne remet pas en place des politiques de prévention,
01:35:15 d'éducation sociale,
01:35:17 culturelle, partout,
01:35:19 pas que dans les banlieues, mais aussi
01:35:21 dans les banlieues, on ne peut pas y arriver.
01:35:23 On n'en parle plus.
01:35:25 La politique de la ville, la prévention, ça n'existe plus.
01:35:27 Or, un gamin de 9 ans,
01:35:29 il va être... Il faut le prendre en charge
01:35:31 très tôt pour éviter qu'il bascule un moment.
01:35:33 Et comme on ne le fait plus,
01:35:35 il y a toute une génération qui a basculé.
01:35:37 Or, demain, c'est ça qu'il faut faire.
01:35:39 Il faut rétablir l'ordre républicain,
01:35:41 calmer les choses,
01:35:43 indispensable, et puis après, il faut imaginer
01:35:45 comment on récupère cette génération
01:35:47 et comment on fait que celle d'après ne bascule pas.
01:35:49 Parce qu'on constate qu'à chaque génération,
01:35:51 c'est encore plus prévalent.
01:35:53 - Comment sont les hommes sur le terrain ?
01:35:55 45 000 policiers encore mobilisés.
01:35:57 Jusqu'à quand on va tenir avec l'immensité
01:35:59 de ce dispositif ?
01:36:01 - C'est pour ça que je suis très intéressé, au titre de mes collègues,
01:36:03 à imaginer qu'on va pouvoir aussi faire une décrue
01:36:05 de la présence policière, mais tant que la décrue
01:36:07 réelle n'est pas face à nous,
01:36:09 on ne peut pas prendre le risque
01:36:11 de baisser le nombre de policiers et de gendarmes engagés.
01:36:13 Je leur adresse tout mon soutien.
01:36:15 Contrairement à ce qu'on croit,
01:36:17 la peur c'est sain, mais
01:36:19 ils ont de la résilience et ils ont été,
01:36:21 pour certains, sidérés de ce qui s'est passé,
01:36:23 parce que ça a été du frontal.
01:36:25 Je ne vais pas avoir le temps
01:36:27 de remultiplier les exemples.
01:36:29 Il s'est passé des exactions incroyables
01:36:31 et ça laissera aussi des traces. La responsable
01:36:33 de l'association des femmes de policiers l'a dit,
01:36:35 il y a aussi des familles de policiers qui ont été menacées,
01:36:37 mais ça a pris de l'ampleur.
01:36:39 Ça existait déjà avant. Ils tiennent bon,
01:36:41 ils sont dans la résilience, ils sont présents,
01:36:43 mais il ne faut pas que ça dure trop longtemps
01:36:45 parce qu'il y a un effet fatigue logique.
01:36:47 Et puis surtout, à leur honneur, je le redis,
01:36:49 le bilan humain est à l'honneur de la police
01:36:51 et de la gendarmerie qui a jugulé
01:36:53 le pire alors qu'en face, le pire, je crois,
01:36:55 atteint des sommets.
01:36:57 Merci beaucoup, commissaire Le Barth, François Puponi, Noémie Chou,
01:36:59 Maître Bovis et Éric Revelle.
01:37:01 Dans un instant, c'est Christine Kelly sur CNews
01:37:03 et tout de suite aussi sur Europe 1 soir.
01:37:05 Raphaël Devolve et Hélène Zellani.
01:37:07 Bonne soirée à vous sur nos deux antennes.
01:37:09 [Musique]