Avec Caroline Delage, journaliste productrice et animatrice.
"Destins de Femmes" nous raconte les parcours des femmes extraordinaires qui tissent le lien de notre République.
Nous explorons des thèmes universels tels que la lutte pour l’Egalité des genres, la liberté d’expression, la diversité culturelle, le droit à disposer de son corps.
Emission tirée du livre de Valérie Perez-Ennouchi, "Destins de Femmes", sorti chez Ramsay, prix Edgard Faure 2021.
Une émission de Judith Beller.
Merci au Groupe Connect Travail Temporaire !
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##DESTINS_DE_FEMMES-2023-09-23##
"Destins de Femmes" nous raconte les parcours des femmes extraordinaires qui tissent le lien de notre République.
Nous explorons des thèmes universels tels que la lutte pour l’Egalité des genres, la liberté d’expression, la diversité culturelle, le droit à disposer de son corps.
Emission tirée du livre de Valérie Perez-Ennouchi, "Destins de Femmes", sorti chez Ramsay, prix Edgard Faure 2021.
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00:00 Le groupe Connect vous présente Destin de Femmes sur Sud Radio. Parlons vrai !
00:06 Le groupe Connect, expert en recrutement intérimaire. Rejoignez les 35 agences du groupe Connect pour des opportunités de carrière partout en France.
00:16 Le groupe Connect présente Sud Radio, Destin de Femmes, Judith Beller.
00:21 Bonjour à toutes et à tous, bienvenue Destin de Femmes sur Sud Radio, c'est votre rendez-vous du samedi à 14h dédié aux femmes françaises hors du commun, connues ou pas, tous-tils confondues, celles qui tissent en tout cas le lien républicain.
00:32 C'est une émission tirée du livre au même titre de Valérie Pérez-Enochy, sortie chez Ramsey et prix Edgar Ford 2021.
00:39 Pour cette quatrième de la saison 1 de Destin de Femmes, vous allez découvrir aujourd'hui la journaliste, productrice et animatrice Caroline Delage.
00:45 Caroline, on peut vous voir en ce moment notamment sur C8, dans l'émission de William Lémergie, William à midi, où vous assurez entre autres la présentation de le journal de la mi-journée.
00:53 Mais votre destin est incarné et multiple et c'est ce qui nous intéresse dans Destin de Femmes évidemment.
00:57 Bienvenue sur Sud Radio Caroline Delage. - Merci beaucoup. - Avec plaisir, c'est parti.
01:01 Sud Radio, Destin de Femmes, Judith Beller.
01:04 Alors Caroline Delage, on va commencer par les quatre questions que j'aurais le plaisir à poser à toutes les invitées de Destin de Femmes.
01:10 On commence par la première, quel destin de quelle femme vous inspire le plus ?
01:14 Waouh, on commence fort ! Il faut en choisir une seule.
01:17 Vous pouvez en choisir plusieurs si vous avez envie.
01:20 En ce moment, je travaille sur un personnage féminin et féministe, donc c'est pas forcément celui qui m'inspire le plus,
01:26 mais c'est celui sur lequel je travaille en ce moment pour un projet de documentaire.
01:29 Elle s'appelle Germaine Le Goff, c'est une institutrice bretonne qui est décédée aujourd'hui et qui est partie en Afrique de l'Ouest,
01:35 du temps encore de la colonisation, ouvrir la première école pour filles, pour femmes, pour former des institutrices.
01:43 Elle a formé toute une génération d'Africaines qui ensuite sont devenues ministres, écrivaines, professeurs, etc.
01:50 qui ont joué un rôle très important dans les indépendances.
01:53 Voilà un exemple de femme féministe, féminine, pionnière, engagée, qui m'inspire beaucoup parce que je travaille beaucoup sur elle en ce moment.
02:02 C'est le premier qui m'est venu à l'estime.
02:04 C'est un documentaire en fait que vous êtes en train de produire ?
02:06 Absolument, qui est réalisé par François-Xavier Frelon.
02:10 Quel a été votre plus grand succès, Caroline Delage ?
02:14 Je pense que je vais vous dire au tableau parce que je pense que c'est...
02:18 L'émission qui vous a fait connaître du grand public, effectivement.
02:21 Je refais un petit point pour les auditeurs, c'était une émission politique au départ dans laquelle les personnalités étaient interrogées par des enfants de 8 à 12 ans.
02:29 Alors il y a eu Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, François Fillon, il y a eu Benoît Hamon.
02:33 Puis la saison d'après, il y a eu des personnalités comme Kylian Mbappé, Xavier Niel.
02:37 Bref, un énorme succès. C'est vous qui avez créé aussi ce concept.
02:40 Vous l'avez écrit de A à Z.
02:42 Exactement, c'est vraiment mon bébé.
02:44 C'est l'émission que j'avais en tête, que j'ai imaginée, qui a mis du temps à avoir le jour,
02:48 mais qui après est devenue une très très jolie histoire que j'ai faite pendant de longues années avec Mélissa Thériault.
02:56 Vous vous avez co-produit ensemble. Elle était en France, c'est ça ?
02:59 Et vous vous produisez à l'international ?
03:01 Voilà, c'est un concept qui est exporté, qui a été adapté dans 12 pays en tout.
03:05 Donc j'ai le plaisir d'accompagner à chaque fois, pour accompagner les productions locales
03:09 pour qu'elles puissent l'adapter de la bonne façon, en respectant le format.
03:14 Et c'est passionnant de voir, quand on donne le pouvoir aux enfants comme ça, ce qu'il en ressort.
03:19 Et il y a évidemment des points communs partout, il y a un esprit, et puis des particularités dans chaque pays.
03:24 Donc ça c'est une aventure qui continue.
03:26 Par exemple, les points communs entre les différents pays, les questions qui reviennent le plus, par exemple, des enfants, vous en avez eu une en tête ?
03:32 Non, c'est pas forcément les questions, mais c'est déjà ce bonheur de voir les enfants qu'on leur laisse parce qu'eux ils participent.
03:37 À la base, en effet, vous l'avez dit, c'est une émission politique.
03:40 Eux, ils sont pas électeurs, ils ont pas l'âge de voter, mais ils ont pour moi un rôle à jouer dans la démocratie.
03:45 Malgré tout, à chaque âge, on a quelque chose à jouer dans la démocratie.
03:49 Et de voir que, je leur dis à chaque fois, c'est vous qui avez le pouvoir, profitez-en.
03:53 Et de voir qu'ils peuvent participer, et à chaque campagne présidentielle française, l'émission a joué un rôle très important dans la campagne.
04:00 Elle a marqué la campagne.
04:03 Et ça permet de découvrir les candidats d'une autre façon.
04:07 Avec un autre langage aussi, effectivement.
04:09 Exactement, qui doit s'adapter à tout le monde.
04:12 Et on essaye de lutter contre la langue de bois grâce aux enfants.
04:15 Et donc voilà, ils sont très fiers et reconnaissants du pouvoir qu'on leur donne.
04:20 Quelle est votre plus grande déception, Caroline Tellage ?
04:22 Professionnelle ?
04:24 Ce que vous voulez.
04:25 Ce que je veux.
04:26 On essaie de ne pas rester là-dessus.
04:30 Des déceptions, je pense que, sans citer personne, c'est souvent des déceptions humaines.
04:34 Parce qu'on aime donner sa confiance, on aime être embarquée, avoir envie de partir avec des gens.
04:40 Et puis parfois on se rend compte que...
04:41 La trahison.
04:42 La trahison, oui. J'ai du mal à digérer la trahison, c'est vrai.
04:45 Et votre plus grande joie, alors ?
04:47 Mes filles, évidemment.
04:49 Mes filles qui m'inspirent au quotidien, elles ont 15 et 7 ans.
04:52 Donc deux âges complètement différents.
04:54 On vit des choses complètement différentes ensemble.
04:57 J'adore passer du temps avec elles en même temps.
04:59 Et bien sûr avec mon conjoint, pas sans homme.
05:02 Mais on est très girl power quand même à la maison.
05:05 Et avec chacune d'entre elles aussi, on vit des moments différents.
05:09 Et c'est mon bonheur quotidien.
05:11 Alors sur C8, dans l'émission de William Lémergie, William et Amélie, vous faites les news et chroniques.
05:16 Et puis vous en dites vous-même que c'est une histoire de famille.
05:19 C'est septième saison, là.
05:21 C'est aussi ça une émission qui marche finalement.
05:24 Et en général, les projets qui marchent, c'est des projets de cœur, en fait.
05:27 C'est des projets d'assemblage, de création de liens avec les collaborateurs aussi.
05:30 Oui, c'est vrai.
05:31 Et ça a été avec William Lémergie, une rencontre, quand il a quitté France 2 et quitte à arriver sur C8.
05:35 Donc dès le premier jour, je suis à ses côtés.
05:38 Depuis donc, c'est la septième saison qu'on a entamé.
05:40 J'ai l'habitude de dire qu'on a un vieux couple.
05:42 Oui, on a vu ça dans les médias.
05:44 Mais c'est vrai qu'on s'entend bien et qu'on a l'habitude de travailler ensemble.
05:47 Je présente le journal tous les jours à ses côtés.
05:50 C'est le seul journal de C8, le seul journal quotidien.
05:53 Donc c'est le rendez-vous info de la chaîne généraliste du groupe.
05:56 Il est important.
05:58 Voilà, on le dit à deux avec un ton qu'il a voulu lui, qu'on espère différent.
06:03 C'est le premier journal du PAF maintenant.
06:05 Il est à midi 30 parce que cette saison, on est un peu plus tôt que les saisons précédentes.
06:09 Pourquoi vous avez avancé là ?
06:11 Oh, ça c'est des questions de grilles. J'ignore la raison.
06:13 Mais l'émission est un petit peu plus tôt.
06:15 Peut-être que c'est plus écouter à midi ou plus regarder.
06:17 Pardon, j'en ai à la radio, donc j'y écoutais forcément.
06:19 Vous nous écoutez aussi, pas seulement vous nous regardez.
06:21 En tout cas, c'est le premier journal de la journée.
06:23 Donc si vous voulez être informé en télé sur une chaîne d'Attente,
06:26 c'est sur C8 que ça se passe à midi et nuit.
06:28 Alors Caroline Delage, vous êtes dans "Destin de Femme" aussi
06:30 parce que la diversité culturelle, c'est clairement un sujet chez vous.
06:33 Vous êtes notamment marraine d'honneur de l'association "Un Enfant par la Main"
06:35 qui oeuvre à la scolarisation des enfants dans le monde.
06:37 Parce que finalement, alors là on parle du rapport aux femmes évidemment dans cette émission,
06:40 mais le rapport à la société en général, ça passe par l'éducation.
06:43 Ah, ça pour moi, c'est vraiment le sujet fondamental, le sujet le plus important.
06:47 Celui sur lequel... Bon, je travaille beaucoup avec les enfants dans toutes mes productions.
06:50 Pas que, évidemment, mais l'éducation pour moi, il n'y a rien de plus important.
06:54 Et "Un Enfant par la Main", c'est un vrai coup de cœur.
06:57 J'adore cette association parce que c'est le principe du parrainage.
07:01 Donc vous ne vous contentez pas de donner de l'argent tous les mois
07:03 pour essayer d'aider à l'autre bout du monde,
07:05 mais vous avez une relation avec un enfant que vous parrainez.
07:08 Et j'ai eu l'immense bonheur cet été d'aller rencontrer ma filleule en famille.
07:12 On est allés à Madagascar, donc je suis marraine d'une petite fille,
07:15 enfin d'une petite fille qui a 13 ans, à Madagascar.
07:18 Ça faisait 4 ans qu'on s'écrivait et qu'on suivait l'évolution de sa scolarité, de sa vie.
07:24 Et donc là, on est allés la rencontrer, visiter son collège, rencontrer l'équipe pédagogique,
07:28 voir comment l'association et ses partenaires locaux œuvrent au quotidien
07:31 pour aider, bien sûr, à défendre les droits des enfants, mais aussi les familles.
07:35 Et c'était une émotion intense, immense.
07:38 - C'est comme ça que vous fonctionnez, Caroline Delage, c'est par l'émotion.
07:41 C'est comme ça que vous trouvez les projets qui vous inspirent, finalement.
07:43 Vous avez même les larmes aux yeux un petit peu.
07:45 - Oui, c'est vrai. J'ai souvent les larmes aux yeux quand je parle de choses qui me touchent.
07:49 Non pas parce que je suis triste, bien au contraire, mais...
07:52 - Ça fait battre votre cœur. - Exactement.
07:54 L'émotion, c'est important et c'est vrai qu'un film, documentaire,
07:58 l'image a une telle force, et notamment grâce à l'émotion,
08:02 que ça permet de faire passer des messages de façon tellement efficace.
08:05 - Vous le faites aussi, par exemple, dans quelque chose que vous avez notamment produit,
08:09 "Une vie d'écart", c'est une série de documentaires sur les bienfaits de l'inter-générationnel.
08:13 Donc finalement, pour sortir des clivages, c'est aussi ce qu'on dit dans "Destin de femme",
08:16 c'est que le féminisme, ça ne peut pas être que les femmes, ça doit être les femmes et les hommes.
08:20 Faire évoluer la société, c'est entre les vieux, les jeunes, les femmes, les hommes, tous les genres, etc.
08:24 C'est ça que vous nous dites aussi. - C'est le vivre ensemble.
08:26 C'est mon sujet quotidien, quel que soit le film qu'on fait.
08:29 "Une vie d'écart", en effet, on a emmené une classe de maternelle tous les jours à l'EHPAD.
08:33 Les enfants, au lieu d'aller à l'école, allaient à l'EHPAD, faire les mêmes activités.
08:37 Ça a été validé par l'Académie nationale et on a mesuré ce que ça a apporté comme progrès,
08:41 bien sûr aux personnes âgées, d'avoir ce rendez-vous quotidien avec des enfants, et aussi aux enfants.
08:46 Montrer à quel point c'était mutuel et réciproque.
08:49 C'est ça qui m'intéresse, c'est comment on met en commun deux groupes qui, a priori,
08:53 n'avaient rien à faire ensemble, et de voir comment chacun aide l'autre à progresser.
08:57 - Comment le lien se crée. - Exactement.
09:00 - Et ça fonctionne. - C'est incroyable.
09:03 La plus grande satisfaction que j'ai, c'est que cette série documentaire,
09:07 diffusée sur Canal+, qui était en 4 épisodes, a eu un impact dans la vie réelle,
09:11 puisqu'en la voyant, le maire d'une petite ville dans le nord de la France,
09:15 qui s'appelle Barlin, près de Damien, a eu un déclic,
09:20 et s'est dit "En fait, c'est ça, bien grandir, ça va bien vieillir",
09:23 et donc il a déménagé une école maternelle de sa ville pour la mettre dans un EHPAD.
09:27 C'est une première en France, directement inspirée d'une vie d'écart,
09:31 je ne pouvais pas rêver de plus belle satisfaction.
09:34 - C'est des projets sociétaux, vos documentaires. - C'est ça, c'est mettre en lumière des solutions,
09:37 c'est tester des dispositifs. - C'est du positif aussi, un peu.
09:40 - Oui, c'est ça, il faut des gens qui dénoncent, il faut des gens qui tirent des sonnettes d'alarme,
09:44 je les admire beaucoup, ils sont nécessaires, c'est pas du tout mon positionnement.
09:48 Moi j'ai envie de construire, j'ai envie d'imaginer une société différente,
09:51 je pense qu'on peut tous ensemble, chacun à son niveau,
09:55 construire une société meilleure, plus inclusive, plus tolérante, plus ouverte,
09:59 et j'essaye, petite pierre par petite pierre, d'y participer.
10:02 - Bravo. Où que vous soyez, vous le savez, Sud Radio, c'est votre radio, chers auditeurs.
10:06 Restez avec nous, Destins de Femmes, on est avec la journaliste, productrice et animatrice,
10:10 Caroline Delas, surtout ne bougez pas, on vient tout de suite évidemment.
10:15 - Le groupe Connect, expert en recrutement impérimaire.
10:18 Rejoignez les 35 agences du groupe Connect pour des opportunités de carrière partout en France.
10:23 Le groupe Connect présente...
10:25 - Sud Radio, Destins de Femmes, Judith Beller.
10:28 - Bienvenue sur Sud Radio, si vous nous rejoignez, Destins de Femmes,
10:31 c'est l'émission consacrée aux femmes extraordinaires qui font notre République française,
10:35 avec aujourd'hui pour vous la productrice, journaliste et animatrice, Caroline Delas.
10:39 Alors Caroline Delas, si vous en avez rencontré,
10:42 quelles sont les principales difficultés que vous avez connues en tant que femme
10:45 dans l'industrie des médias, de la télé, et comment est-ce que vous avez pu les surmonter,
10:48 si vous y avez été confrontée ? Parce que des fois, on y est confrontée, on ne s'en rend pas toujours compte.
10:52 - Oui, c'est vrai, parce que c'est un peu finalement des automatismes
10:56 ou quelque chose qui est inscrit dans les mœurs et dans les pratiques.
11:00 C'est vrai que c'est toujours plus difficile d'avoir une égalité de salaire,
11:03 j'ai l'impression qu'il faut faire trois fois plus ses preuves,
11:06 qu'on nous fasse confiance, qu'on nous confie le rôle qu'on confiera beaucoup plus facilement à un homme.
11:11 Et ça, c'est ce genre de comportement sexiste qui perdure.
11:14 - C'est un fonds de patriarcat latin, oui.
11:16 - Oui, c'est toujours le cas dans les médias, il faut le dire.
11:20 Après, c'est aussi parfois un atout d'être une femme.
11:23 Quand j'étais correspondante à Jérusalem, j'avais l'impression qu'être une femme,
11:27 ça rendait les choses parfois plus faciles.
11:30 - Dans quel genre de situation, par exemple ?
11:32 - Le contact, se foufiler dans des endroits où c'est pas si facile de se foufiler,
11:36 aller parler à toutes sortes d'interlocuteurs.
11:39 J'avais l'impression qu'être une femme, c'était un atout.
11:43 - Mais dans les médias en général, est-ce qu'on approche de la parité ?
11:46 Est-ce que vous pensez qu'il y a encore beaucoup de progrès à faire ?
11:48 - Je pense qu'il y a du mieux, mais qu'il y a encore beaucoup de chemin à faire.
11:52 - Alors justement, d'un point de vue plus positif,
11:56 les défis les plus stimulants finalement aussi que vous avez dû affronter,
12:00 encore une fois, en tant que femme,
12:01 qu'est-ce qui vous a boosté, qu'est-ce qui vous a donné envie d'y aller encore plus fort ?
12:05 - C'est vrai que, déjà, être grand reporter ou correspondante à Jérusalem,
12:09 alors il y a de plus en plus un métier qui se féminise de plus en plus,
12:11 et les journalistes grands porters, il y en a, femmes, il y en a énormément et de plus en plus.
12:15 Bon, moi, être correspondante à Jérusalem en tant que femme,
12:18 ça me mettait une petite pression supplémentaire.
12:21 Être productrice aussi, c'est une pression, c'est un métier qui est hyper difficile.
12:24 - C'est un choix qui vous est venu après, ça ?
12:26 - Oui. Quand je suis rentrée de Jérusalem,
12:28 c'est là où j'ai eu cette idée, cette envie de l'émission au tableau.
12:32 Donc, au départ, c'était plus de la création, j'étais plus auteur,
12:35 et puis, finalement, est venue la production avec tout ça,
12:38 et maintenant, je produis tout un tas de programmes différents les uns des autres,
12:41 beaucoup de documentaires, mais pas que.
12:43 - Qu'est-ce que vous faites d'autre ?
12:45 - Des magazines, des web-séries, des podcasts,
12:48 toutes sortes de contenus audiovisuels, avec toujours l'idée d'avoir un impact.
12:53 - Bien sûr. Impact sociétal, c'est ça.
12:55 C'est faire passer un message à chaque fois, essayer de faire bouger les choses.
12:58 Ça, c'est une mission que vous vous êtes donnée, finalement, en période de l'âge.
13:00 - Le dernier documentaire qu'on a fait, "Onze de légende",
13:03 qui nous a pris toute une année, où on a mis en place un entraînement de foot,
13:07 avec le concours, l'aide, la complicité de la Fondation Paris Saint-Germain,
13:12 un entraînement qui s'adresse à des enfants de 9 à 11 ans,
13:14 la moitié sont autistes, la moitié ne sont pas autistes,
13:17 donc on dit "neurotypiques".
13:19 On les a suivis pendant six mois. C'était un pari un peu dingue,
13:22 déjà de faire jouer au foot des enfants autistes,
13:24 c'est un peu contre-intuitif, et puis de les faire jouer à parité
13:26 avec des enfants pas autistes, et on les a suivis.
13:29 - C'est devenu, maintenant, je crois, le programme phare de la Fondation Paris Saint-Germain.
13:33 Ça perdure, évidemment, depuis que les caméras sont parties.
13:36 Tous les ministres concernés sont venus nous voir,
13:39 le président de la République est venu voir le dispositif,
13:41 qui est en train d'être dupliqué dans d'autres villes, par d'autres clubs.
13:44 - Et dans des écoles, bientôt peut-être ?
13:46 - On l'espère, moi j'espère qu'il y aura "Onze de légende" partout sur le territoire.
13:48 En tout cas, voilà, c'est ça l'objectif.
13:50 - Donc c'est créer le lien, encore une fois.
13:52 - Oui, inspirer, donner des outils.
13:54 On a fait un documentaire sur le harcèlement scolaire, réalisé par Chloé Guérel,
13:58 le film, je le vois comme une sorte de boîte à outils.
14:01 On est allé tester des méthodes de lutte contre le harcèlement,
14:04 et puis, voilà, maintenant, on le diffuse dans toutes les écoles,
14:06 en disant "Servez-vous, prenez ce que vous voulez prendre, ne prenez pas ce que vous n'avez pas".
14:11 - Donc c'est donner des solutions aussi, d'ouverture, en fait, vers autre chose.
14:14 Parce qu'on connaît, c'est vrai que peut-être les professeurs,
14:16 parfois, ils sont même enfarmés eux-mêmes dans leur classe,
14:18 sans forcément voir la totalité des choses qui se passent,
14:21 ou trouver des solutions par eux-mêmes.
14:23 Donc en fait, le but, c'est de leur apporter de l'ouverture.
14:25 - C'est un programme d'enfants, donc c'est plus aux jeunes qu'on s'adresse.
14:28 C'est vrai que c'est un programme qui doit être pris en charge par les adultes, les enfants,
14:32 toute la communauté. - Par l'ensemble des équipes encadrantes aussi, bien sûr.
14:34 - Exactement. Et chacun a prêt de se l'approprier.
14:38 - Alors, justement, quel message, si vous aviez à transmettre à des jeunes,
14:42 alors jeunes femmes, évidemment, en premier, mais bon, tout, quel que soit le genre, d'ailleurs,
14:46 qui suivent un parcours similaire au vôtre, qui ont envie de devenir journalistes, productrices, animatrices,
14:51 qu'est-ce que vous auriez à leur dire ? Par où il faut commencer, selon vous ?
14:53 - Par ce qui nous fait vibrer, par ce qui nous motive.
14:57 Moi, j'ai énormément d'admiration pour les personnes qui croient tellement fort en leurs projets
15:02 que rien ne peut les arrêter, pas même le fait que ce soit impossible
15:06 et qu'elles embarquent tout le monde derrière elles.
15:08 Et j'essaye de mettre cette énergie dans chacun des projets.
15:11 C'est pas facile, il faut le dire. Alors, être journaliste, voilà, c'est un métier précaire.
15:15 Il y a beaucoup de candidats, pas beaucoup de places.
15:17 - Les places sont chères. - Les places sont chères.
15:19 Les places productrices, on fait que gérer des problèmes toute la journée.
15:23 Il faut s'accrocher. - Qu'est-ce qui motive dans ces cas-là ?
15:25 C'est la passion, en fait, c'est ça ? - Oui.
15:27 - Dans les trois étiquettes que vous avez, parce que journaliste, c'est pas la même chose que productrice,
15:30 qui n'est pas la même chose qu'animatrice. - Pour moi, c'est une autre façon d'être journaliste,
15:32 de produire ou d'animer une émission.
15:35 - C'est une histoire de passion, quoi. - De passion, et pour moi, personnellement,
15:39 c'est le besoin d'avoir un sentiment d'utilité.
15:42 C'est de faire des choses qui me semblent un petit peu utiles,
15:44 et je crois que c'est important pour l'estime de soi, pour l'épanouissement,
15:48 arriver surtout à un certain âge où on a besoin d'un sens,
15:51 de mettre du sens dans ce qu'on fait, et voilà.
15:53 C'est de se sentir un petit peu utile, c'est ça la motivation première.
15:57 - Est-ce que vous vous sentez utile aujourd'hui, Caroline Benach ?
15:59 - J'essaye à travers les projets, et quand je vois qu'ils sont repris par un maire,
16:02 - Oui, ça marche, quoi. - Je me dis, bon, ça a servi.
16:06 - Vous le faites pour vos filles aussi, tout ça, j'imagine.
16:08 - Exactement, pour mes filles, qui à la fois inspirent les projets,
16:12 et en même temps, ils sont aussi pour elles, et pour les autres enfants.
16:16 Pas que pour elles, et pas que pour les enfants d'ailleurs.
16:18 Mais oui, avoir l'impression que ce qu'on fait participe à ces collectifs, évidemment,
16:24 et puis je ferais rien sans mes équipes.
16:26 Et on... Enfin, à échelle individuelle, c'est rien, c'est une goutte d'eau,
16:31 mais si chacun met sa goutte d'eau, je me dis qu'on peut essayer de...
16:33 - C'est la théorie du colibri. - Oui, c'est ça.
16:35 - C'est un océan. - Exactement.
16:37 - Alors, en regardant l'avenir, qu'est-ce que c'est ?
16:40 On va commencer par les aspirations personnelles.
16:42 Qu'est-ce que vous auriez envie...
16:44 Où vous auriez envie d'être dans un an, dans deux ans, Caroline Delage ?
16:48 - Alors, c'est vrai que les rêves évoluent.
16:51 Quand j'étais petite, je rêvais de présenter le 20h,
16:54 donc mon idole, c'était Claire Chazal.
16:56 - Tu en es pas trop loin, a priori, ça va.
16:58 - Oui, alors je fais le 12h30 sur C8, on y est presque.
17:01 Il n'y a pas de 20h, donc voilà.
17:04 - C'est très bien, le 12h30 sur C8. - C'est parfait.
17:06 - C'est super. Non, non, présenter le journal, je fais ça depuis de longues années.
17:10 - Alors ça, c'est pro, on parle du pro, là.
17:12 Mais vos aspirations personnelles, d'abord.
17:14 Après, on passe au pro. Personnellement.
17:16 - Personnellement, d'être un peu moins insatisfaite, peut-être.
17:19 - Vous êtes insatisfaite ? - Je suis une éternelle insatisfaite.
17:21 - Mais est-ce que c'est pas ça le moteur, finalement ?
17:23 - C'est aussi ça le moteur, mais ça empêche un peu d'être heureux quand même au quotidien.
17:26 - D'accord. Est-ce que vous avez le syndrome de l'imposteur,
17:29 propre à certaines femmes, d'ailleurs en majorité ?
17:31 - De moins en moins. - Oui.
17:33 - Mais ça met du temps à partir, ça. - Mais oui, ça met un peu de temps, c'est vrai.
17:37 Et puis, en fait, chaque fois, quand on monte une petite marche,
17:41 on a de nouveau ce sentiment, et donc à chaque fois, il faut le faire, le chasser.
17:46 - Comment vous faites, alors, pour le chasser, ce sentiment ?
17:48 Je vous demande, parce que c'est des clés pour nos auditrices aussi.
17:51 - Bien sûr. Je fais un truc avec mes filles que je devrais m'appliquer à moi-même,
17:54 c'est que tous les soirs, on recense un peu les trois trucs bien.
17:57 On a appelé ça les trois trucs bien de la journée.
17:59 Alors, ça peut être un arc-en-ciel, une rencontre, un moment avec une personne,
18:03 quelque chose qu'on a mangé. Enfin, c'est assez variable,
18:05 suivant les aspirations et suivant les âges.
18:08 Mais j'essaye, moi aussi, de recenser, finalement,
18:12 aussi la reconnaissance, les signes de reconnaissance qu'on peut recevoir.
18:16 - Qu'on vous envoie.
18:17 - Les moments où on a l'impression que ce qu'on a fait, c'est pas mal.
18:20 - Et ça vous aide à avancer professionnellement, du coup, aussi.
18:23 - Oui, parce qu'il y a des moments un peu de découragement, parfois c'est difficile.
18:26 On a tellement de projets et tellement peu qui aboutissent.
18:30 - C'est ça, on en fait beaucoup des projets avant que ça marche.
18:32 - Oui, c'est ça, il faut lutter, il faut s'accrocher.
18:35 Parfois, j'ai l'impression d'être en guerre contre le monde entier,
18:37 d'avoir mon bouclier et mes armes.
18:42 - Il faut être un peu guerrière, c'est ça que vous dites.
18:45 - Je me sens un peu guerrière, parfois.
18:47 - Un peu Amazon, un peu guerrière.
18:48 - Mais il faut qu'on en soit un peu.
18:49 Et puis, la solidarité entre nous, c'est important aussi.
18:52 C'est bien de s'appuyer sur des femmes, notamment...
18:56 - Don Mélissa Torrio, par exemple.
18:58 - Don Valérie Pérez, qui est une amie.
19:00 Tellement de femmes qu'on rencontre aussi sur sa route.
19:04 Alors la sororité, elle n'est pas partout.
19:07 - C'est un mot un peu galvaudé, quand même.
19:08 - Oui, et puis on en revient un peu.
19:10 Mais elle existe quand même.
19:11 - Bien sûr.
19:12 - Et puis, il y a plein d'autres femmes qui ne font pas ce métier,
19:14 qui m'inspirent et qui m'aident.
19:16 J'ai une de mes amies très proche qui est maman d'un enfant handicapé
19:19 pour laquelle j'ai tellement d'admiration.
19:22 L'amour et la force avec laquelle elle accompagne son fils,
19:25 tout en menant, évidemment, son job.
19:27 Elle est directrice RSE d'une marque de luxe.
19:30 - Une sacrée nana, comme on dirait.
19:32 - Exactement.
19:33 Et tout ça, ce sont aussi des choses qui vous donnent de la force
19:37 et qui vous motivent.
19:38 - Est-ce que vous êtes motivée par les hommes aussi, Caroline Deleuze ?
19:40 - Bien sûr.
19:41 Alors là, on est là pour parler de femmes.
19:42 Mais évidemment, il y a énormément d'hommes que j'admire
19:45 qui m'ont aidée et qui continuent à m'aider
19:48 et on a besoin des hommes, évidemment.
19:51 - Et alors, vos aspirations pro, donc 20h TF1, c'est ça ?
19:54 - Non, ça c'était quand j'étais jeune.
19:56 - C'est quoi alors maintenant ?
19:57 - J'ai plus envie d'aller vers l'infotainment.
20:00 J'ai beaucoup d'admiration pour...
20:01 - Infotainment ?
20:02 - Oui.
20:03 - J'aurais appris un terme aujourd'hui.
20:04 Expliquez-moi.
20:05 - C'est quand on fait de l'info, mais un peu moins sérieux que le journal.
20:08 Peut-être plus dans une émission.
20:10 - C'est ça, une nouvelle manière de faire de l'info.
20:12 Et finalement, c'est une bonne manière de donner de l'info aussi aux gens
20:15 parce que ça les captue.
20:16 - On est un peu plus léger, tout en étant sérieux,
20:18 mais on est moins dans le cadre très strict d'un journal télévisé
20:21 où les codes sont assez...
20:23 Bon voilà, on ne peut pas faire n'importe quoi dans un journal télévisé.
20:26 J'ai beaucoup d'admiration, par exemple, pour la carrière de Léa Salamé
20:31 qui en plus est une copine.
20:33 On a commencé ensemble, on a fait un bout de chemin ensemble
20:36 sur Public Sénat puis sur E-Télé.
20:38 Je suis très très admirative de là où elle est arrivée.
20:42 J'ai toujours beaucoup admiré son culot, son talent évidemment.
20:45 - Parce qu'il faut une sacrée dose de culot aussi pour y arriver.
20:47 - Et elle a toujours cru en elle.
20:49 J'ai toujours beaucoup admiré ça et elle avait des raisons de le faire.
20:52 - A priori, vous aussi, Caroline Delage, vous avez des raisons de croire en vous.
20:55 - Oui, vous savez, c'est...
20:57 - C'est un souhait ça, de vous aimer ?
20:59 - Oui, j'en parle beaucoup avec ma petite fille.
21:01 - Non, mais c'est bien.
21:03 - C'est pas la première fois qu'on me dit qu'on me parle de la petite fille dans mes émissions.
21:07 Je tiens à le dire quand même. Allez-y.
21:09 - On a tous besoin, je crois, d'apprendre à s'aimer un petit peu.
21:12 Christine Coquelin, qui dirige les documentaires dans le groupe Canal+,
21:16 elle dit un jour en me présentant à une avant-première,
21:19 "Caroline, c'est quelqu'un qui croit très fort en ses rêves".
21:22 Et ça m'est restée parce que finalement, je me suis dit,
21:25 elle a vu juste et c'est assez vrai.
21:27 - Croire en soi, c'est important, mais croire en ses rêves, c'est bien aussi.
21:30 - Il faut croire en ses rêves.
21:32 Merci Caroline Delage pour ce beau partage.
21:34 On peut vous voir tous les jours à 12h45 sur C8.
21:37 - 12h30 !
21:38 - 12h30, pardon, c'est vrai, ça a changé.
21:40 Dans l'émission de William Lémergie, c'est William à midi.
21:43 N'oubliez pas, chers auditeurs et auditrices,
21:45 que "Destin de Femme", le spectacle mis en scène par Jérémie Lipman,
21:48 avec Nadia Fares, Audrey Dana ou encore Nicoletta, par exemple.
21:51 Un gros casting, c'est le 16 octobre au Théâtre du Rond-Point.
21:53 Les places sont disponibles à l'achat.
21:55 Billet web.fr/destin-2-femmes au pluriel 1 au prix de 55 euros.
22:00 Et nous, on a rendez-vous samedi prochain, évidemment,
22:02 pour un nouveau "Destin de Femme".
22:03 C'est excellent, c'est demain, n'oubliez pas.
22:06 Et puis merci à mon cher Maxime, qui réalise pour vous aujourd'hui.
22:09 Bisous les copains, à la semaine prochaine et à demain aussi.
22:13 Sud Radio, "Destin de Femme", Judith Beller.
22:16 Avec le Groupe Connect, experts en recrutement intérimaire.
22:21 Rejoignez les 35 agences du Groupe Connect
22:23 pour des opportunités de carrière partout en France.
22:26 Le Groupe Connect vous a présenté "Destin de Femme" sur Sud Radio.
22:32 Parlons vrai.
22:33 (Rires)