Mettez vous d'accord avec Alexandre Malafaye, président du think tank Synopia, Pascal Bataille, animateur, producteur, chef d'entreprise, Régis de Castelnau, avocat (blog : « Vu du droit »), Auteur de « Une justice politique » (L'artilleur) et membre de la rédaction Front Populaire et Rhany Slimane, membre de La France Insoumise
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NewsTranscription
00:00 (Générique)
00:02 Sud Radio, le 10h midi, mettez-vous d'accord, Stéphanie Demuru.
00:06 (Générique)
00:08 On directe sur Sud Radio avec nos invités, Alexandre Malafey, président du...
00:13 Malafey, pardon.
00:15 Excusez-moi Alexandre, ça commence mal entre nous.
00:18 Non, tout va très bien.
00:19 Président du Think Tank, Synopia, Pascal Bataille également, animateur, producteur, chef d'entreprise.
00:27 Ça y est, j'ai bien dit votre nom, c'est un peu moins compliqué, merci.
00:30 Bonjour Pascal.
00:31 Bonjour.
00:32 Avec nous également, Régis De Castelnau, avocat, auteur de "Une justice politique" aux éditions L'Artilleur,
00:38 membre de la rédaction du Front Populaire. Bonjour Régis.
00:41 Et puis enfin, Rani Slimane, militant quartier populaire à Montpellier, cofondateur de l'association Force Populaire.
00:48 Bonjour Rani, merci d'être avec nous.
00:51 Et on commence avec vous Rani, justement. Coup de cœur, vous, pour Rémi Gaillard qui participe à la médiatisation de Myriam Sakri,
01:00 une gendarme retrouvée morte dans sa caserne.
01:02 Oui, bien sûr, le sujet ne prête pas un coup de cœur, mais c'est le fait que Rémi Gaillard, qui a Montpellier,
01:08 qui a une statue de saint de la ville, a eu quand même la bonne idée d'aider à la médiatisation de cette horrible affaire.
01:16 Il s'agit d'une gendarme qui est décédée le 24 septembre 2011 à Lyon dans sa caserne, retrouvée morte.
01:24 C'était une femme qui s'était engagée au sein de la gendarmerie, qui était sapeur-pompier également,
01:29 et qui se serait, en tout cas c'est ce que disent les autorités, suicidée. Une thèse que contredit la famille.
01:37 En effet, il y a plusieurs choses qui permettent de mettre en doute cela, dans le sens où elle se serait tirée une balle dans le foie,
01:45 sachant qu'elle connaissait les blessures, ce qui était létal ou pas, donc ça paraît un peu surprenant.
01:52 On a retrouvé aussi une deuxième douille sous le canapé, et tout le monde se dit "mais pourquoi ?"
01:58 et en fait il est vrai qu'elle subissait, et c'est censé être avéré, de nombreuses discriminations.
02:03 Des discriminations raciales notamment, se faisant traiter, je cite, de "boukak", de "bougnol", régulièrement,
02:10 avec un vrai racisme systémique au sein du service, et cet harcèlement qui était clair et prouvé,
02:17 interroge sur le fait que le colonel incriminé de ce service ait resté sur les lieux après la découverte du corps.
02:24 Donc beaucoup de zones d'ombre, la famille essaie de se battre, tout simplement, pour faire en sorte que la lumière écarte.
02:34 - On n'en parle pas beaucoup de cette affaire, c'est vrai ?
02:37 - Absolument, et moi ce qui m'interpelle c'est que ce n'est pas un fait divers pour moi.
02:42 Un fait divers, c'est quelque chose dont on tire peu d'enseignement.
02:45 Pour moi c'est un martyr, c'est une martyr de la République cette dame.
02:49 En effet, quand on s'apprête à dénoncer au sein de son institution des dysfonctionnements graves,
02:55 et qu'on reçoit colibés, injures et harcèlements, alors qu'on sait que c'est une personne qui est impliquée pour le bien de tous,
03:03 ça pose des vraies questions.
03:05 En effet, être seul contre tous, face à une machine qui broie ceux qui sont porteurs d'une certaine altérité,
03:10 alors qu'il incarne la France, la vraie, l'idéale, pas l'image rabougrie qu'on essaye de nous vendre,
03:16 ça tire des véritables enseignements.
03:20 Dans cette affaire, il y a quelque chose dont la famille souligne la chose qui paraît un peu invraisemblable,
03:28 c'est le fait que l'IGPN, enfin dans le cas de la gendarmerie, l'IGGN, mène l'enquête,
03:34 et elle a demandé à ce que l'IGGN soit "écartée" de l'enquête,
03:38 parce qu'il est vrai que les forces de l'ordre, que ce soit la police ou la gendarmerie,
03:41 sont les seules institutions qui sont contrôlées par elles-mêmes.
03:44 Et ça pose une véritable question.
03:48 C'est pas la question de jeter l'opprobre sur l'ensemble de la police ou des policiers,
03:51 j'ai même pas envie de rentrer dans ce genre de débat,
03:53 mais c'est tout simplement une question de conflit d'intérêts,
03:56 une question de logique saine en démocratie,
03:58 qu'une institution, qui plus est, avec des agents qui, quand même, ont des "droits" exceptionnels,
04:05 vous avez le droit d'arrêter des gens, vous portez une arme,
04:08 soit contrôlée par elle-même.
04:11 - L'usage légitime de la force, effectivement.
04:13 - Voilà, mais on peut en discuter, mais en tout cas, ce qui n'est pas discutable,
04:16 c'est le fait qu'elle se contrôle elle-même.
04:18 - Vous mettez en cause, vous, quand même, l'indépendance de cette institution ?
04:22 - Moi, je ne sais pas, je ne suis pas jury, je ne suis pas dans cette histoire,
04:25 mais en fait, il n'y a pas à remettre ou pas en cause la légitimité ou l'envie de bien ou de ne pas faire.
04:32 C'est tout simplement que vous n'avez pas à vous contrôler vous-même.
04:35 Une institution n'a pas à se contrôler elle-même, toute seule.
04:38 Il n'y a pas beaucoup d'institutions dans ce cas-là.
04:41 Et ensuite, ça pose aussi quand même une question qui est latente dans cette histoire,
04:46 c'est la question du racisme qui est présent dans notre société.
04:51 On ne va pas faire semblant que ça n'existe pas,
04:53 on ne va pas dire non plus que tout le monde est raciste,
04:56 mais en tout cas, dans ce cas-là, il y a quelque chose qui a amené à un drame,
05:01 franchement, qui noue le cœur.
05:03 Et dans une institution où on manie des armes à feu,
05:06 où on a un pouvoir, comme je le disais tout à l'heure,
05:09 je pense que c'est la première institution où il faut faire l'effort
05:12 de faire en sorte qu'il n'y ait pas, peu, pas du tout de racisme,
05:17 dans l'ensemble de la société, bien évidemment.
05:19 Mais là, c'est une institution qui est particulière
05:21 par les pouvoirs qui lui sont conférés.
05:23 Et je le rappelle à quiconque l'aurait oublié,
05:25 que le racisme n'est pas une opinion et que dans ce cas-là, il tue.
05:28 On va donner la parole au juriste Régis de Castelnau, que vous inspire ce coup de main.
05:34 Je vais exprimer trois désaccords avec ce que vient de dire Rani,
05:38 pas sur le fond, parce que je ne connais pas cette affaire.
05:42 Je ne connais pas cette affaire,
05:44 quelques entendus parler peut-être un petit peu.
05:46 L'enquête est en cours, manifestement.
05:48 Je ne la connais pas.
05:50 Mais premièrement, si Rani, le racisme est une opinion,
05:55 et l'article 10 de la Déclaration des droits de l'homme la protège.
06:00 On a le droit dans sa tête d'être raciste.
06:02 C'est l'expression de ce racisme qui est un délit.
06:06 Et c'est très bien, je suis pour.
06:09 Donc, l'espèce de concept "le racisme n'est pas une opinion",
06:14 je suis tout à fait désolé, en ces temps de manœuvre liberticide permanente,
06:19 d'atteinte à la liberté d'expression, etc.
06:21 Je crois qu'il faut qu'on revienne aux principes.
06:24 Je ne défends pas l'opinion du raciste.
06:27 - Aux yeux de la loi.
06:29 - Ma deuxième observation, au lieu de la Déclaration des droits de l'homme,
06:33 excusez-lui peu, ma deuxième observation,
06:35 ce n'est pas un fait divers.
06:37 Le fait divers, c'est quelque chose d'important.
06:40 C'est pour ça que la littérature policière a autant de succès,
06:42 c'est que ça raconte.
06:44 Ce n'est pas péjoratif, le fait divers, ça raconte une société.
06:47 Et ce que vous nous dites, Rani, c'est que ça raconte
06:50 un fonctionnement de la gendarmerie qui est particulier
06:56 et je ne suis personnellement pas sceptique.
06:59 Je pense qu'il y a des problèmes assez sérieux, des problèmes graves.
07:03 Mais voilà, c'est un fait divers qui raconte une société
07:08 et il faut le prendre très au sérieux.
07:10 Troisième observation, c'est sur ce qui concerne le contrôle.
07:16 Dans le système français, pas le seul d'ailleurs,
07:21 l'administration et la gendarmerie, la police, c'est une administration,
07:25 sont toutes contrôlées par elles-mêmes.
07:27 Il y a une inspection générale de contrôle à la mairie de Paris,
07:31 il y a une inspection générale de contrôle à la justice, etc.
07:35 C'est le dispositif prévu.
07:38 Or, effectivement, on peut se poser des questions
07:41 sur le fait que l'organisme s'autocontrôle,
07:45 sauf qu'on est en matière administrative
07:48 et que par conséquent, ces pouvoirs d'enquête
07:51 qui sont distincts de ceux de la justice,
07:55 ces pouvoirs d'enquête appartiennent au corps lui-même.
08:00 Ça ne veut pas dire qu'il ne soit pas objectif,
08:02 ça ne veut pas dire qu'il ne soit pas autonome.
08:04 Moi, j'ai eu pas mal dans ma carrière d'exemple
08:08 de fonctionnement des IGPN ou de l'inspection de la gendarmerie.
08:12 Je peux vous dire, rappelez-vous, les boeufs carottes,
08:15 c'était assez sévère, et tant mieux.
08:18 Mais ce que j'ajoute là, c'est que c'est la justice
08:21 qui fait le vrai contrôle final.
08:24 Elle a besoin, elle va s'appuyer éventuellement
08:26 sur l'inspection générale, mais pas nécessairement.
08:32 Elle peut parfaitement confier ça à d'autres services de police,
08:35 à d'autres services de gendarmerie.
08:37 C'est la justice qui contrôle.
08:39 Et donc, j'insiste, je ne connais pas cette affaire.
08:42 Ce que j'espère, c'est que la justice ait saisi,
08:45 qu'il y a une instruction, je ne sais pas, je ne suis pas sûr.
08:48 On est peut-être toujours en enquête préliminaire,
08:51 ce qui m'apparaîtrait un peu dément, 12 ans après.
08:55 Donc, c'est à la justice de faire ce travail
09:00 et qu'elle s'en donne les moyens.
09:03 Parce que cette affaire, semble quand même,
09:06 d'après ce que vous nous dites, et là je reçois,
09:09 j'ai analysé cette opinion, cette affaire pose de sérieux problèmes.
09:13 Ce que vous avez dit concernant la présence de son chef de corps,
09:18 le suicide par une balle dans le foie, excusez-moi, c'est épouvantable.
09:22 - On va donner la parole sur le studio à Alexandre Malafey.
09:25 - C'est pour compléter ce que vous disiez,
09:27 l'ensemble de ces services ont besoin à la base,
09:30 quand il y a un problème sur le terrain, un accident, un drame,
09:33 il y a un besoin d'expertise.
09:35 Donc l'expertise, pour l'appréciation et l'évaluation,
09:37 elle est quand même plus facile à apporter quand il s'agit de gens
09:39 qui ont fait le même métier.
09:40 Ce qui explique effectivement que la police, comme la gendarmerie,
09:43 est dans un premier temps ce type de saisine interne.
09:45 Mais effectivement, la justice vient très vite.
09:47 Quand ça devient une affaire sérieuse, normalement,
09:49 elle se mêle tout de suite de l'affaire.
09:50 Mais la justice et la police, ça a été dit par Régis,
09:52 ne sont pas les seuls à avoir leur propre dispositif de contrôle interne.
09:55 C'est la même chose dans l'ordre des avocats.
09:56 C'est la même chose chez les médecins.
09:57 À un moment donné, quand il y a une problématique,
09:59 un conflit entre un patient et son médecin,
10:01 un patient, un client et son notaire,
10:04 un client et son avocat,
10:05 c'est d'abord l'ordre en question qui va s'en mêler.
10:07 Et après, effectivement, si ça dépasse le cadre du règlement
10:09 dans le cadre de cette ordre, c'est la justice qui va venir.
10:11 Et rien n'en peut saisir la justice en parallèle.
10:13 C'est-à-dire que ce n'est pas absurde que la compétence
10:15 à chaque métier puisse justifier que des dispositifs comme ceux-là
10:19 soient d'abord et avant tout instruits par ceux
10:23 qui connaissent bien l'exécution du métier.
10:26 En particulier, la police, ce n'est pas un métier anonyme.
10:28 - Pascal Bataille, un petit mot peut-être ?
10:30 - Juste pour dire que dans ce qu'a dit Rani,
10:33 il y a une chose que j'entends aussi,
10:34 c'est la difficulté qu'on a malheureusement aujourd'hui
10:37 dans notre société à parler de sujets aussi importants
10:39 que le racisme en ayant une pensée un petit peu pointue
10:43 et dans le détail, sans faire de la globalisation
10:45 et de la généralisation polémique.
10:48 Oui, il y a du racisme dans l'armée.
10:50 Oui, il y a du racisme dans la gendarmerie.
10:52 Oui, il y en a dans la police.
10:53 Oui, il y en a chez les pompiers.
10:55 J'ai un fils qui est pompier, qui a vécu, qui a été choqué
10:58 quand il a découvert le niveau de racisme
11:00 qui existait chez certains pompiers.
11:02 Il faut pouvoir le dire sans pour autant
11:05 devoir globaliser ce discours en disant
11:08 "la police est raciste, la gendarmerie..."
11:10 Or, forcément, c'est en ce temps-ci, dans ce débat,
11:14 dans ce schisme qu'on est entraîné.
11:17 Donc, tant qu'on ne pourra pas avoir un discours un peu pesé
11:20 et un peu pointu en disant
11:22 "oui, il y a du racisme et il faut lutter contre"
11:25 mais ça ne veut pas dire que l'institution en elle-même l'ait.
11:27 On avance.
11:28 On se retrouve dans quelques instants.
11:30 Promettez-vous d'accord.
11:31 On marque une petite pause, on se retrouve dans quelques instants.
11:33 Mettez-vous d'accord avec nos invités.
11:43 Soyez les bienvenus, n'hésitez pas à réagir.
11:45 Alexandre Malafaille, j'ai appris que c'était un nom du sud-est.
11:48 C'est ça ? Ouest ! Ouh là là !
11:50 En plus, il y avait des cinémas !
11:52 Donc, il ne fallait pas se tromper sur la prononciation.
11:54 Pascal Bataille, animateur, producteur, chef d'entreprise,
11:58 régistre de Castelnau, avocat, auteur d'une justice politique
12:02 et membre de la rédaction Front Populaire.
12:04 Rani Slimane, militant, quartier populaire à Montpellier,
12:07 co-fondateur de l'association Force Populaire.
12:10 Pascal Bataille, je me tourne vers vous pour votre coup de gueule.
12:13 Macron, à la maise, alors on en a parlé hier,
12:16 mais entre-temps, l'Elysée a confirmé sa venue.
12:19 Sa présence, oui.
12:20 Alors, ce n'est pas un gros coup de gueule,
12:22 parce qu'il y a des choses plus graves et plus importantes,
12:24 effectivement, ces temps-ci.
12:26 Mais je trouve que c'est, une fois de plus,
12:30 un faux pas de la part du président de la République,
12:33 alors que le thème de la laïcité,
12:37 et on ne peut plus présent dans le débat de société,
12:41 qu'on a communiqué sur la rentrée des classes
12:46 au travers d'un vecteur essentiel,
12:48 qui était le port de la baïa.
12:50 Je trouve ça extrêmement déplacé de se rendre à cette messe.
12:56 - Déplacé ?
12:57 - Oui, déplacé, au sens fort du mot.
12:59 Le déplacement est déplacé.
13:02 Oui, c'est déplacé, c'est malvenu, c'est stupide.
13:06 Je trouve ça à la limite de la provocation.
13:11 Je me demande quel est le but caché de cette visite.
13:19 Est-ce que c'est vraiment pour essayer de voler la vedette au maire de Marseille ?
13:24 Je ne pense pas que ce soit un enjeu très important pour Emmanuel Macron.
13:28 Est-ce que c'est pour rassurer un électorat catholique
13:32 qui est peut-être un peu inquiet par certains aspects du projet de loi sur la fin de vie ?
13:37 Je ne sais pas, je ne comprends pas.
13:39 Mais je trouve ça totalement absurde d'aller là-bas alors que rien ne l'est obligé.
13:44 - Alexandre Malafaille, vous n'êtes pas d'accord, je crois.
13:46 - C'était plutôt mon coup de cœur.
13:48 Je crois qu'il faut d'abord partir de ce constat que la France est un pays très divisé,
13:53 y compris sur le sujet de la laïcité de son interprétation.
13:56 Moi, je reste convaincu que la laïcité s'applique à l'État,
13:59 qu'il doit rester évidemment dans cette posture-là,
14:02 que la société en revanche n'est pas laïque, et encore moins Marseille.
14:05 Ça c'est très clair, Marseille est une ville dans laquelle les religions jouent un rôle extrêmement important.
14:08 Je crois qu'effectivement, après, le chef de l'État, qui a vocation à être au-dessus,
14:12 je dirais, de toutes les querelles et toutes les divisions,
14:14 pour autant, ça veut dire qu'il faut qu'il soit nulle part.
14:16 Et que quand on va participer à un événement comme celui-là,
14:18 d'abord cet événement, il faut le remettre dans une espèce de profondeur.
14:21 Pourquoi est-ce que le Pape vient à Marseille ?
14:22 Le Pape vient à Marseille en fait pour clôturer une semaine de travail
14:25 entre 70 jeunes de toute la Méditerranée, de toutes les religions,
14:27 et 70 évêques de toute la chrétienté, pas que catholiques, de toute la chrétienté.
14:31 Et pendant une semaine, ils vont bosser ensemble pour régler un certain nombre de grandes problématiques,
14:34 enfin en tout cas, voir comment on peut les aider, les faire progresser,
14:36 notamment les questions migratoires, les questions sécuritaires, les questions politiques,
14:40 les questions qui divisent en fait, et sur lesquelles on peut peut-être essayer de trouver des chemins
14:43 pour relier un peu tout ça, éviter de se taper dessus.
14:45 Et le Pape vient clôturer ce travail-là.
14:47 Il y aura une grande séquence le matin au Palais du Pharaon,
14:50 et ensuite un entretien avec le Président de la République,
14:52 et le Président va assister à cette messe,
14:55 qui va aussi permettre au Pape François de boucler une boucle très importante pour lui.
14:58 Rappelez-vous, il a commencé, on va en parler tout à l'heure,
15:00 il a commencé en 2014, dès qu'il est devenu souverain pontife,
15:03 à aller sur l'île de Lampedusa, pour marquer sa préoccupation majeure et sa peine
15:07 par rapport au drame migratoire, 22 000 noyés en Méditerranée en 10 ans, ce qui n'est pas banal.
15:12 Il vient à Marseille pour clôturer aussi ce cycle, au travers de son engagement.
15:16 Il a 86 ans, on peut imaginer qu'il ne le fera pas.
15:18 - Je me permets, pardonnez-moi mes soucis.
15:21 - Je voudrais juste terminer pour dire, voilà, le Président de la République va participer à cette messe,
15:25 ça ne veut pas dire pour autant qu'il va faire une démonstration...
15:27 - Pas à l'eucharistie.
15:28 - Non, non, bien sûr, mais aucun chef de l'État n'a jamais fait la communion,
15:34 sauf une fois, le général de Gaulle, par erreur, il s'est retrouvé piégé dans une cérémonie,
15:38 mais sinon, ça ne s'est jamais produit.
15:40 Par contre, Emmanuel Macron est allé à la messe en hommage au Père Hamel,
15:43 il était à la messe pour le général Georges Lain,
15:45 il a déjà participé à un rupture de jeûne, à l'occasion effectivement de la rupture du jeûne,
15:50 il y va régulièrement dans le cadre des dîners annuels du CRIF,
15:53 le Conseil des représentatifs du Juillet de France.
15:56 - Ce ne sont pas des cérémonies religieuses.
15:57 - Non, enfin, ce sont des endroits, les messes, si bien sûr...
16:00 - Ce n'est pas la même chose.
16:01 - Mais tout ça, c'est partie de la société, et moi je pense que la société,
16:04 si on veut bien l'appréhender, et bien tout en gardant les distances qui vont bien,
16:08 il faut la comprendre, participer, s'inspirer, écouter,
16:12 et voir ce qui se passe dans un stade de vélodrome,
16:14 où vous avez 80 000 personnes autour d'un pape,
16:16 et cette espèce de ferveur qui va se dégager, qui sera évidemment...
16:18 - Par ailleurs, un chef d'État, quand même.
16:20 - Et puis, écoutez ce qui se passe, et le vivre et le ressentir,
16:22 je pense que pour un chef d'État, dans une ville comme Marseille,
16:25 c'est utile de se plonger là-dedans,
16:28 mais qu'il le fasse avec toutes les autres religions, ça me va très bien.
16:30 - Alors, nuançons juste d'un mot, Stéphanie,
16:32 moi je suis très favorable au déplacement du pape,
16:37 je trouve ça merveilleux, je trouve en plus que le travail
16:40 que vient de rappeler Alexandre, qui précédera cette cérémonie,
16:44 et effectivement est un travail plutôt communique, consensuel, etc.,
16:49 et plutôt important par les temps qui courent,
16:51 je trouve que la rencontre entre Emmanuel Macron et le pape
16:54 est tout à fait légitime et normale, c'est le fait qu'il aille assister
16:57 à cette messe, même s'il ne communie pas, effectivement,
17:00 qui me semble déplacée, et qui me semble le pas de trop,
17:04 parce que c'est pas la même chose d'assister à un enterrement
17:08 aux obstèques de quelqu'un, et d'aller dans...
17:11 assister au culte correspondant à sa religion,
17:14 à la cérémonie correspondant à sa religion,
17:17 qu'il soit juif, bouddhiste, musulman, catholique, ou autre,
17:21 c'est pas la même chose que d'aller assister avec
17:25 tous les catholiques de France et de Navarre
17:28 à une messe célébrée par le pape à Marseille.
17:30 - Et le fait que ça soit une présence, tout simplement,
17:33 pour des raisons privées, est-ce que ça, ça vous choque encore plus, peut-être ?
17:36 - Non, mais toi, il y a une chose qui est claire,
17:38 c'est que le pape, c'est un chef d'Etat,
17:40 qui rencontre le chef de l'Etat français,
17:42 comme on l'a dit, parce qu'il n'y a aucun souci,
17:45 mais là, on sait très bien la manœuvre,
17:47 c'est que d'aller à la messe,
17:49 moi, comme tu l'as dit tout à l'heure,
17:51 qu'est-ce qui se cache derrière ça, c'est quoi l'intention ?
17:54 Moi, je pense effectivement que c'est déplacé,
17:56 j'ai la même opinion, mais j'essaye vraiment de comprendre,
17:59 c'est quoi ? C'est de rappeler que la France a une histoire chrétienne ?
18:02 On n'a pas besoin de Macron pour le savoir,
18:04 il suffit de se promener dans Paris ou dans n'importe quelle ville
18:06 ou n'importe quelle église, on le sait.
18:08 Donc c'est quoi l'objectif ?
18:10 Là, moi, le sentiment que ça donne à beaucoup de nos compatriotes,
18:13 de diverses opinions, de diverses religions,
18:15 c'est qu'il y a un signe de laïcité à géométrie variable.
18:18 Et ça, c'est le pire du pire du pire.
18:21 Vous avez dit tout à l'heure, moi, si on pouvait faire pareil,
18:24 à la rigueur, bon, oui, mais le problème, c'est que
18:27 les choses sont claires, la laïcité, c'est simple,
18:30 l'État est neutre, et est indifférent
18:33 par rapport à tous les cultes,
18:36 donc il n'a pas allé à une messe, c'est pas compliqué.
18:39 Surtout le président, qui dans notre régime, est censé être
18:42 celui qui incarne et qui représente un peu toute la nation.
18:45 Toutes les autorités y sont, toutes les autorités politiques,
18:48 régionales, nationalisées, il faut juste le dire.
18:51 Il manquerait que le président en aurait fait toute la polémique inverse,
18:54 s'il n'y avait pas été.
18:56 Les élus n'ont pas assisté à des offices religieux, moi, c'est un quelque chose que,
18:59 à part bien sûr dans le cadre privé, tout le monde a...
19:02 Voilà, il le fait de manière privée, avec sa femme d'ailleurs.
19:05 - Non, c'est pas dans un cadre privé. - C'est difficile pour un président de la République
19:08 de dissocier le privé du public.
19:11 - C'est pas le maire d'une petite commune de la Néerlande. - On ne sera jamais d'accord dessus.
19:14 - Moi j'ai une enquête sur, c'est qui paye le coût de cette baisse,
19:17 il paraît que ça va coûter 800 000 euros, et que la quête
19:20 ne rapportera que 500 000, ça fait un petit déficit
19:23 de 300 000, je sais pas qui... - Rassurez-vous,
19:26 l'État n'y est pour rien. - Non, non, mais... - Les gens se cassent tellement,
19:29 qu'est-ce que vous en pensez, vous ? - Moi, alors écoutez, je pense qu'on va...
19:32 Si on fait un petit vote, on va...
19:35 être à 50-50. Pascal, c'est pas très
19:38 sympa de m'obliger à défendre Emmanuel Macron.
19:41 - Désolé, Régis.
19:44 - Ça aurait l'air d'être un vainqueur. - Bon,
19:47 Rani, je suis assez d'accord aussi
19:50 sur la manipulation, sur l'opération
19:53 clientéliste de communication. Oui, il y a un peu de ça.
19:56 Bon, je pense pas que ça aille très loin, parce qu'on va quand même
19:59 rappeler qu'en France, c'est 5%
20:02 des gens qui pratiquent
20:05 la religion catholique, c'est pas beaucoup.
20:08 C'est un effondrement, c'est très bien une déchristianisation
20:11 depuis la Deuxième Guerre mondiale. Bon, moi, l'argument
20:14 du chef d'État, qu'est le pape,
20:17 de l'autorité spirituelle, qu'il est aussi,
20:20 que je reconnais pas, moi c'est pas mon affaire, je suis athée,
20:23 mais c'est un personnage
20:26 d'envergure mondiale, qu'on le veuille ou non.
20:29 Et donc, faire acte de présence
20:32 à ce qui va constituer un élément
20:35 important, c'est-à-dire la messe, moi, franchement...
20:38 - Une première à Marseille depuis 500 ans qu'il y a un pape, une première. - Il n'y a pas de souci
20:41 qu'il vienne à Marseille faire sa messe. Je suis même content, je suis même d'accord avec les positions
20:44 du pape. Alors pour vous dire que j'ai pas de problème avec le pape. Simplement, il y a une règle.
20:47 La règle, elle est claire. Et là, pour effectivement
20:50 un coup d'effet électoral... - Mais quoi, Rannissimine ? Vous dénoncez
20:53 une sorte de favoritisme ? - Non, mais enfin...
20:56 C'est un vieux coup électoral pour essayer de ramasser quelques voix.
20:59 C'est ridicule, alors qu'on est à un moment où notre nation
21:02 ne fait pas bloc. Et il faut, le président, il devrait
21:05 justement aider à ce que tout le monde se sente tranquille avec ces questions
21:08 de religion. Surtout après la fausse polémique de la guerre.
21:11 - Moi je pense que ça ne va pas gêner grand monde.
21:14 - Moi déjà ça me gêne, ça fait beau.
21:17 Je n'ai connu dans ma longue vie qu'un seul
21:20 homme politique qui refusait
21:23 d'entrer dans les églises pour les enterrements, pour tout.
21:26 Comment est-ce qu'il s'appelait ? Il a été ministre du budget, c'est un socialiste
21:29 un petit peu... Ah ! Il était drôle, il l'insultait...
21:32 - André Léniel ? - Non, non, non.
21:35 - Ah, ça je l'ai vu. - Non, non, non. Il est mort il y a deux, trois ans.
21:38 - Leotard ? - Non, non, non, non.
21:41 - Leotard, peut-être ? - Non. - Bon, écoutez, bref.
21:44 - C'est mon Alzheimer qui me travaille. - Apparemment on a un Alzheimer collectif.
21:47 - Il restait à la porte des églises
21:50 tous les autres rentrés. - Charas, me dit
21:53 Juliette Ruffin, la petite fée de cette émission.
21:56 - Michel Charas, c'était drôle ça.
21:59 Non, non, je crois que c'est
22:02 une raison de plus
22:05 d'avoir des polémiques comme
22:08 on en a depuis la rentrée
22:11 sur différents sujets.
22:14 Alors ça peut être des polémiques provoquées par M. Attal
22:17 qui a lancé la provocation à Baya
22:20 pour masquer la catastrophe matérielle
22:23 et éducationnelle de la rentrée, ça c'est clair.
22:26 Et là, je pense que Macron
22:29 aussi, c'est une diversion, il occupe le terrain.
22:32 Bon, moi ça ne me gêne pas que le chef
22:35 de l'État français assiste à une messe
22:38 tant qu'il ne communie pas. C'est ce que disait De Gaulle
22:41 "la République ne communie pas". Là, j'aurais réagi.
22:44 Mais bon, pour le reste...
22:47 - Bon, il n'y a pas de soucis, si on considère que le président doit aller
22:50 dans des cultes, mais juste qu'au moment de la communion, la communion c'est quelque chose
22:53 de chrétien, qui fait partie du rite chrétien. - Bien sûr.
22:56 - Mais moi j'aimerais bien savoir si on serait d'accord de voir le président
22:59 dans une mosquée assister à une prière et juste à la fin de ne pas dire
23:02 la profession de foi. - Evidemment. - Si ça choque personne...
23:05 - Je pense qu'il y aurait quand même des débats. - On se retrouve dans quelques instants
23:08 pour la suite de "Mettez-vous d'accord" avec
23:11 Vogue Google d'ailleurs, Régis De Castelnau.
23:14 - Le 10h midi, "Mettez-vous d'accord", Stéphanie Demuru.
23:17 - "Mettez-vous d'accord", on se retrouve en direct sur Sud Radio
23:20 avec Alexandre Malafaille, président du Fintank Sinopia
23:23 Pascal Bataille, animateur, producteur, chef
23:26 d'entreprise, Rani Slimane, militant
23:29 quartier populaire à Montpellier, cofondateur de l'association
23:32 Populaire, et vous Régis De Castelnau, avocat
23:35 auteur d'une justice politique et membre de la
23:38 rédaction du Front Populaire. Justement Régis De Castelnau,
23:41 vous, votre coup de gueule aujourd'hui
23:44 c'est sur les visas des artistes au Niger.
23:47 - Alors coup de gueule, bon c'est pas
23:50 une colère qui ne peut pas s'éteindre, mais
23:53 j'ai appris que dans le contexte
23:56 politique géostratégique difficile
23:59 que sont nos rapports actuels
24:02 avec ces pays, certains nombres de pays
24:05 d'Afrique de l'Ouest, le ministère
24:08 de la Culture avait produit une note demandant
24:11 de ne plus délivrer des visas
24:14 à des artistes issus du Niger,
24:17 du Mali, du Burkina, et
24:20 de ne plus financer les projets culturels communs
24:23 que nous avions avec ces pays.
24:26 Je trouve ça assez stupéfiant.
24:29 Ça ressemble à une sanction,
24:32 je la vis d'autant plus mal que
24:35 j'ai une grande passion pour la musique de cette région
24:38 extraordinaire, qui est une des plus belles musiques du monde
24:41 pour moi, et donc avec des artistes
24:44 inouïs, des joueurs de chora,
24:47 des chanteurs et tout,
24:50 je vais les voir quand ils passent
24:53 en France, mais qu'est-ce que c'est que ce comportement ?
24:56 Qu'est-ce que c'est que cette attitude de mesquinerie ?
24:59 Alors, on ne veut pas retirer notre ambassadeur,
25:02 on lance une épreuve de force,
25:05 on parle de ces pays avec une désinvolture
25:08 et une arrogance qui, à mon avis,
25:11 confinent à certains moments au racisme, on l'a vu d'ailleurs
25:14 avec le Maroc, comment le Maroc ose ne pas accepter
25:17 les propositions d'aide de la France ?
25:20 Comment est-ce possible ?
25:23 - Comment le Maroc ose ne pas les demander ?
25:26 - Oui, voilà !
25:29 C'était encore pire. Donc je trouve ça détestable.
25:32 Je trouve ça détestable, pas seulement
25:35 parce que ça touche des artistes que j'aime beaucoup,
25:38 mais je trouve que cette façon de... - Qu'est-ce qui vous choque le plus,
25:41 Régis de Castelnau, qu'on mélange politique ? Parce qu'on rappelle ce coup d'État au Niger,
25:44 juillet 2023, le président Basoum est toujours séquestré
25:47 par des militaires de la garde présidentielle,
25:50 un profond désaccord évidemment entre la jeune
25:53 et le gouvernement français. On mélange politique
25:56 et on se sert de ça pour boycotter des artistes, même si, attention,
25:59 la ministre de la Culture met les choses au point ce matin,
26:02 elle dit qu'on ne boycotte personne et jamais les artistes.
26:05 Elle tient à clarifier les choses, Rima Abdel-Balak.
26:08 - Parce qu'elle est du poids dans le gouvernement. - C'est valid, j'ai écouté.
26:11 J'ai écouté, rétro-pédalage, à fond les manettes.
26:14 Attendez, c'est le ministère de la Culture qui a fait ça.
26:17 C'est pas le ministère des Affaires étrangères
26:20 sur la délivrance des visas, non, c'est le ministère de la Culture.
26:23 Je trouve que ça sent la mesquinerie,
26:26 ça sent l'aigreur. Et vous parlez du Niger,
26:29 oui, il y a eu un coup d'État. J'ai appris ce matin
26:32 qu'il y avait un lot de croissants
26:35 qui avaient été interceptés au moment où ils allaient arriver
26:38 aux malheureux qui occupent l'ambassade, malheureux diplomates français.
26:41 Non, le Burkina,
26:44 le Mali, le territoire,
26:47 ils ont des problèmes de terrorisme, mais
26:50 il n'y a rien d'anti-français là-dedans.
26:53 - Tout le monde n'est pas d'accord avec vous, Régis Castelnau.
26:56 Il y a eu quand même certaines banderoles.
26:59 Vous niez une forme de réalité, si je peux me permettre.
27:02 - Non, attendez, on en est dans l'expression. Il n'y a pas un français
27:05 qui a fait l'objet d'une attaque. J'ai pas dit que les rapports étaient bons.
27:08 J'ai pas dit qu'avec le jeune
27:11 capitaine Ibrahim Traoré,
27:14 le successeur et héritier de Thomas Sankara,
27:17 qui est quelqu'un qui me fait très plaisir, j'ai pas dit
27:20 que les rapports avec ces gens-là étaient bons. Mais
27:23 l'espèce de mesquinerie qui consiste à dire "on ne vous laissera pas venir
27:26 en France pour
27:29 exercer votre talent", ce sont des artistes.
27:32 - Alors la ministre de la Culture dit "la France réduit ses équipes dans les ambassades".
27:35 Il n'est donc matériellement pas possible
27:38 de délivrer des visas pour des artistes venant
27:41 en France.
27:44 Voilà, c'est l'argument, il fallait le porter.
27:47 Vous y croyez pas, c'est de la mauvaise foi ?
27:50 - Je pense que c'est du rétropédalage. Tant mieux.
27:53 - Non mais c'est peut-être du rétropédalage. Ce qui est certain,
27:56 ça n'en est peut-être pas, c'est que la note en question était particulièrement
27:59 mal rédigée. Parce que d'abord, il aurait peut-être été
28:02 intelligent de ne rien dire, parce que de manière pratico-pratique,
28:05 étant donné la situation, c'est-à-dire l'incapacité à délivrer
28:08 quoi que ce soit et à faire fonctionner les ambassades de manière normale en ce moment,
28:11 ça paraissait assez évident que de toute façon ça n'avancerait pas. Peut-être que la note aurait
28:14 pu rappeler le contexte, simplement pour dire "dans le contexte actuel,
28:17 il est difficile, donc ne soyez pas surpris", mais tout d'un coup,
28:20 je reconnais qu'effectivement, être obligé de refaire un contrepédalage après, c'est sûr
28:23 que c'est suspect. - En tout cas, il y a un véritable
28:26 souci avec cette administration,
28:29 c'est ce gouvernement qui décidément arrive
28:32 à se fâcher avec tous les pays du monde sur des questions de visas.
28:35 Je rappelle que la France,
28:38 techniquement, c'est une nation qui a vocation,
28:41 du moins, c'est ce que son histoire
28:44 a rayonné, comme on dit, dans le monde.
28:47 - A vocation à ? - A rayonner dans le monde !
28:50 Et donc, on ne rayonne pas en expliquant que des artistes
28:53 ne puissent pas venir parce qu'il y aurait
28:56 un fait. On n'est pas en guerre avec ces pays-là,
28:59 à ce que je sache, et on n'est pas en guerre. Il n'y a pas un conflit ouvert et armé.
29:02 On n'est pas belligérant.
29:05 Du coup, c'est vraiment surprenant. Je pense que c'est une véritable entorse
29:08 à la tradition diplomatique, et ce n'est pas la première fois de la part de ce gouvernement,
29:11 il n'y a qu'à voir comment
29:14 sont gérées les affaires diplomatiques,
29:17 le fait que le président Macron a décidé
29:20 de désinguer le corps diplomatique
29:23 qui était en place depuis Talleyrand.
29:26 C'est pas un petit truc. Et surtout, au-delà,
29:29 pour cette histoire en particulier, je ne sais pas quelle est
29:32 la motivation de la ministre, du président,
29:35 de penser que la culture serait
29:38 un objet politique, il n'y a pas de problème sur ça,
29:41 mais que ce soit un objet de rétorsion.
29:44 Moi, il y a un grand artiste malien que j'aime beaucoup
29:47 qui s'appelle Balakési Soko, qui dit que le mien n'est jamais doux
29:50 dans une seule bouche. Je vous laisse méditer ça.
29:53 - Pascal Bataille. - Rani,
29:56 Thaumani d'être diabatté est supérieur à mon avis.
29:59 - Lui, je ne l'ai pas vu en live.
30:02 J'ai vu que Balakési a montpelier cet été au festival Radio France.
30:05 - Pascal Bataille, vous en pensez quoi ?
30:08 Il y a un peu de mesquinerie de la part du gouvernement qui se laisse aller
30:11 à une petite facilité, ou vous croyez finalement la défense
30:14 de Rima Abdou-Lamala quand elle dit "on ne peut pas".
30:17 - Je souscris à ce qui a été dit auparavant
30:20 par Régis, Rani et Alexandre.
30:23 Je pense, pour essayer de faire court, qu'on est dans le contresens total.
30:26 Le contresens total, on se trompe
30:29 de cible, on se trompe de moment et on se trompe de moyen.
30:34 - Et c'est payé, bien sûr. - Régis,
30:37 un petit mot de la fin sur votre coup de cœur, ou on passe
30:40 à la suite, parce que justement la transition...
30:43 - Mon coup de gueule, pas mon coup de cœur !
30:46 - Il y a un consensus et qu'on s'est à peu près mis d'accord,
30:49 c'est magnifique. - C'est chouette.
30:52 - Alors ça nous amène à l'influx de 7000 personnes, soit l'équivalent
30:55 de la population locale de la petite ville de Lampedusa,
30:58 tous les journaux ont ouvert avec ça,
31:01 à flux de 7000 personnes, on en parle dans quelques instants
31:04 avec vous, les invités, sur Sud Radio en direct.
31:07 - Sud Radio, le 10h midi,
31:10 mettez-vous d'accord, Stéphanie Demerue.
31:13 - Mettez-vous d'accord, Alexandre Malafaille,
31:16 président du Cinetank Sinopia, Pascal Bataille,
31:19 animateur, producteur, chef d'entreprise, Régis De Castelnaud,
31:22 avocat, voteur d'une justice politique
31:25 chez l'Artilleur, membre de la rédaction du Front Populaire,
31:28 Rannis Limann, militant quartier populaire à Montpellier,
31:31 co-fondateur de l'association Force Populaire,
31:34 mes invités qui discutent, qui débattent
31:37 des thèmes de l'actualité, dont un qui a fait
31:40 les gros titres hier, donc l'afflux de 7000 personnes,
31:43 soit l'équivalent de la population locale de la petite ville italienne
31:46 de Lampedusa, donc autant de migrants
31:49 qui ont débarqué hier que le nombre d'habitants,
31:52 ça vous inspire quoi, Alexandre Malafaille ?
31:55 - Ça m'inspire que quand on gère les affaires du monde,
31:58 quand on prétend le faire, il faut faire attention à ce qu'on fait.
32:01 Il y a un certain nombre de pays, comme la France et les Etats-Unis,
32:04 qui ont fait des grosses bêtises depuis une vingtaine d'années.
32:07 La France était contre, et là on peut saluer cette position
32:10 courageuse de Jacques Chirac à l'époque et Dominique de Villepin à l'ONU.
32:13 Mais effectivement on a fait s'effondrer un pays
32:16 qui était certes dirigé par un dictateur, mais les conséquences depuis
32:19 ont été terrifiantes. Quand on a décidé de faire la guerre
32:22 en Libye pour faire tomber le Kadhafi, on a cassé
32:25 le verrou libyen qui tenait,
32:28 ce pays était tenu pour plein de raisons, et il était aussi tenu en matière sécuritaire.
32:31 Et donc on a ouvert toute une série de portes à la misère
32:34 qui s'est effectivement précipité vers chez nous.
32:37 Parce que de toute façon les évolutions en termes de mode de vie sur place,
32:40 plus les bouleversements climatiques qui sont à l'oeuvre, notamment en Afrique,
32:43 font que pour beaucoup de populations, il y a deux choix, c'est entre mourir chez eux
32:46 ou tenter de survivre ailleurs. Et le ailleurs, il est apparemment
32:49 un peu plus prospère chez nous. Donc les flux ne s'arrêteront pas, mais les chiffres
32:52 sont terrifiants. Parce que je vous ai évoqué hier ces 6 000 personnes
32:55 avec l'Italie qui fait ce qu'elle peut
32:58 pour accueillir, parce que l'Union Européenne n'est pas encore dans un mode totalement solidaire
33:01 sur ce sujet-là, ça aussi c'est un vrai gros sujet, parce qu'aucun pays
33:04 ne réglera ça tout seul. Mais par contre, les chiffres sont là.
33:07 On est à peu près 120, 130, 140 000 migrants
33:10 par an qui prennent effectivement simplement le couloir méditerranéen.
33:13 Je ne parle pas de ceux qui arrivent ou qui sont bloqués en Turquie.
33:16 En Turquie, ils sont plus de 4 millions dans les camps. Et là, avec un financement européen,
33:19 avec M. Erdogan qui joue une partie très importante
33:22 pour nous, dans des conditions parfois un peu étranges,
33:25 mais en tout cas qui bloque chez lui des millions de personnes de refugiés
33:28 dans des conditions qui sont... On ne regarde pas trop, et peut-être tant mieux
33:31 parce que sinon je pense qu'on serait choqués. Voilà, mais donc 120 000 par an
33:34 et depuis 10 ans, on ne regarde même pas beaucoup.
33:37 - Ça nous regarde ! - Ça nous regarde, clairement !
33:40 Ça nous regarde non seulement, parce qu'en plus on finance 3 milliards, donc bref.
33:43 Et puis pour la petite histoire, c'est pas une petite histoire, c'est ça qui est dramatique, et c'est aussi pour ça que beaucoup de gens
33:46 sont mobilisés, et comme on parlait du pape tout à l'heure, le nombre de noyades
33:49 en Méditerranée depuis 10 ans, c'est 22 000 comme à main.
33:52 22 000 personnes qui se sont noyées. Et c'est monstrueux.
33:55 On a affaire à un drame humain sous nos yeux, on a une problématique de fond
33:58 qui est le comment l'Afrique va se développer ou pas,
34:01 et tant qu'elle ne se développera pas, tant qu'on ne réglera pas le développement en Afrique,
34:04 même si effectivement on peut chez nous accueillir une partie de cette population
34:07 et lui donner un avenir, un travail, ça restera compliqué, ça pose plein de problèmes
34:10 en termes d'intégration, en termes d'assimilation, pour pouvoir passer en contre...
34:13 - Surtout qu'on voit que même l'Allemagne ferme ses portes, là, donc ça...
34:16 - Ah oui, parce qu'on touche des limites, à un moment donné on touche des limites à la capacité à faire.
34:19 Les Allemands, ils ont été plutôt très chouettes. Bon, la France
34:22 n'est pas non plus toujours à blâmer, on a aussi à avoir honte
34:25 de notre tradition migratoire, on n'est pas parfaits non plus, mais voilà,
34:28 c'est compliqué, surtout quand ça va très vite, aussi vite, avec des moyens qui sont comptés,
34:31 avec des difficultés multiples, dans un contexte, c'est celui de l'État de droit,
34:34 alors qu'il y a aussi quelques inconvénients, quand il y a des dérives, quand il se passe des choses graves,
34:37 d'ailleurs, les recours dans tous les sens, la justice est saturée,
34:40 c'est très compliqué de gérer ce sujet-là de manière objective.
34:43 - Et l'opinion publique... - Et l'opinion, parce que là, parce qu'en plus,
34:46 on est l'objet d'exploitation, par les uns, par les autres, parce que tout ça devient des sujets politiques.
34:49 Il n'y a pas de responsabilité politique sur ces sujets-là,
34:52 chacun pense que chaque sujet est l'occasion d'exister,
34:55 et donc ça nous divise, et ça favorise des camps contre un autre,
34:58 c'est évidemment assez triste. - Pascal Bataille. - J'aurais pu écrire
35:01 avec beaucoup moins de talent et d'éloquence ce que vient de dire Alexandre,
35:04 je souscris en tout point à ce qu'il dit,
35:07 c'est... il faut réfléchir
35:10 à deux niveaux, il faut réfléchir à comment on traite aujourd'hui
35:13 cette problématique des migrants,
35:16 et là-dessus, je voudrais signaler une chose, c'est que ça sert à rien
35:19 manifestement de faire confiance à l'extrême droite et de les lire
35:22 pour ça, la preuve c'est qu'en Italie,
35:25 ils n'y réussissent pas malgré ce gouvernement d'extrême droite, donc il faut le dire,
35:28 c'est pas une solution de lire l'extrême droite
35:31 pour résoudre les problèmes d'immigration. Deuxièmement,
35:34 effectivement, il y a un moment où il va falloir peut-être essayer
35:37 d'arrêter de mettre le merdier,
35:40 pardonnez-moi l'expression, partout dans le monde,
35:43 en n'imaginant en aucune façon les conséquences
35:46 de ce qu'on fait, et en s'en lavant les mains comme en Afghanistan,
35:49 mais Alexandre parlait
35:52 de la Libye, il y a l'Irak, effectivement, heureusement,
35:55 le magnifique discours de Dominique de Villepin et la décision
35:58 de Jacques Chirac nous a épargnés d'en être, mais il y a...
36:01 - Il n'empêche, ça a déstabilisé... - Mais ça a déstabilisé la région,
36:04 la Syrie, enfin, tout, même notre rôle
36:07 dans le fameux printemps arabe en Tunisie, etc.
36:10 - Enfin là, vous avez l'air de retirer des leçons,
36:13 mais les opinions qui osaient dire ça,
36:16 il y a quelques... voilà, en temps et en heure, étaient extrêmement critiquées.
36:19 - Mais bien sûr, c'est ce que je veux dire, c'est qu'il y a un moment où, effectivement,
36:22 il faut quand même imaginer que chaque... et on va s'en rendre compte
36:25 avec ce qui est en train de se passer en Afrique, les pays dont on
36:28 évoquait les problèmes il y a quelques instants,
36:31 voilà, il faut à un moment se demander
36:34 quelles sont les répercussions d'une décision politique,
36:37 d'une décision d'intervention, qu'elle soit militaire, qu'elle soit
36:40 diplomatique, etc., d'ingérence dans les affaires des autres pays
36:43 et que oui, les dictateurs, il faut lutter contre, mais
36:46 quand on se remplace un dictateur sans avoir en amont
36:49 la solution politique et sur les
36:52 20, 30, 50 prochaines années, eh bien, les conséquences
36:55 sont bien plus dramatiques encore que ce qu'on a
36:58 évité. - Rani Slimane ? - Bah, moi, je vais...
37:01 je suis souscrit, et je vais le dire avec encore moins de talent
37:04 que les deux ! Non, mais vraiment,
37:07 la déstabilisation de la Libye
37:10 est une catastrophe géopolitique, une catastrophe humaine,
37:13 en plus, nous avons vu l'horrible inondation
37:16 dont ont été victimes les Libyens et qui,
37:19 je le regrette, en France, a beaucoup moins d'écho que ce qui se passe
37:22 aussi dramatiquement au Maroc et préoccupe grandement
37:25 parce que la Libye est un pays
37:28 déjà fascinant, des gens comme partout dans le monde,
37:31 des gens extraordinaires, le nombre de morts est hallucinant
37:34 - C'est vrai qu'on en parle pas, enfin, on en parle,
37:37 mais c'est vrai que c'est ce que je disais hier, c'est assez
37:40 choquant de voir qu'on en parle pas plus que ça parce que ça aurait,
37:43 une partie aurait pu être évitée tout de même. - Tout à fait, mais oui !
37:46 Et moi, je l'affirme, et j'ai pas de soucis avec ça, c'est que
37:49 le barrage... - Dans la gestion, après, pas la tempête, évidemment, mais voilà. - Oui, mais le barrage qui a cédé n'était pas
37:52 entretenu depuis 2002, ah, tiens, ça me rappelle une date,
37:55 et moi je pense que M. Sarkozy et M. BHL
37:58 ont une responsabilité et sont... - Et l'OTAN
38:01 derrière eux, je vous rappelle quand même. - L'influence, alors, et j'allais revenir,
38:04 l'influence de l'OTAN est extrêmement problématique sur les
38:07 marches, sur la marge de la politique
38:10 française. Nous sommes un pays qui, depuis la 5ème République,
38:13 depuis Général De Gaulle, est non-aligné, il faut
38:16 y revenir. Moi, j'apprécie de voir des consensus sur ces
38:19 sujets de M. De Villepin, qui est pas dans
38:22 le Marathe Magazine chaque semaine, et M. Mélenchon,
38:25 qui disent à peu près la même chose, avec bien sûr des nuances
38:28 sur les diverses situations, mais il y a quand même une tradition
38:31 qui est ancrée et avec laquelle on a un gouvernement
38:34 et au préalable M. Sarkozy
38:37 et aussi d'une certaine mesure M. Hollande
38:40 ont quand même rompu. Ce que je tiens à dire aussi, c'est quand même
38:43 qu'en Europe, nous sommes 447 millions
38:46 de personnes. Je ne m'immisce
38:49 pas le nombre de personnes qui arrivent qui est
38:52 important d'un coup, mais je pense que beaucoup, beaucoup, beaucoup de pays
38:55 en Europe ne jouent pas le jeu. Et nous, nous, la France...
38:58 - Les pays de l'Est, les pays urbains ? - Beaucoup de pays
39:01 à l'Est, on peut les citer.
39:04 La Pologne, on peut le dire, la Hongrie
39:07 de M. Orban, qui...
39:10 - C'est un défaut d'humanité.
39:13 - Mais même les pays scandinaves, qui étaient traditionnellement
39:16 extrêmement accueillants, revoient leur politique. Il y a aussi la pression
39:19 des opinions publiques. Là, j'en profite pour placer un sondage
39:22 à l'Horodoxa, pour le Figaro. 74%
39:25 de l'opinion publique, c'est beaucoup, quand même, rejette l'action
39:28 actuelle de l'exécutif. Ils veulent plus de répression,
39:31 obligation de quitter le territoire, 82%, mise en place
39:34 de quotas, un référendum. Bref, on demande
39:37 plus de sévérité. Donc vous faites quoi avec ça ? - Est-ce que dans ce sondage
39:40 on a demandé "Est-ce que vous êtes d'accord pour voir des gens mourir en mer ?"
39:43 Non. Est-ce qu'on a demandé dans ce sondage... - Je crois que personne n'est d'accord,
39:46 bien évidemment. - Est-ce que vous aideriez quelqu'un couvert en face
39:49 de vous, qui dort dans la rue ? Les Français sont généreux, ils le feraient.
39:52 Moi, je ne veux pas faire partie du peuple français... - Mais il faut peut-être éviter ce genre de situation.
39:55 Effectivement, comment on fait ? - Eh bien, comment on fait ? Il faut une action
39:58 politique d'envergure au niveau international, au sein de l'Union
40:01 européenne. Il faut contraindre les pays de l'Union européenne, parce qu'on nous
40:04 a vendus l'Union européenne, je le rappelle, contre la volonté des
40:07 Français. Dans ce cas-là, et il y a des pays qui ne veulent pas
40:10 jouer leur part, à quel moment on fait de la pression sur ça ?
40:13 Et notamment, nous, les Français, on a aussi un passif,
40:17 parce que moi, j'étais à Gênes, une année où il y a eu une énorme
40:21 poussée migratoire. Sur le port de Gênes, les gens
40:24 dormaient à même le sol. La France a fermé les frontières, les Italiens
40:28 étaient fous. On les a laissés se débrouiller, tous seuls. Et si l'arrivée de
40:31 Mme Eloni a une raison, cette raison, en partie,
40:36 ça s'appelle M. Macron. - Juste réagir là-dessus,
40:39 je pense que, sur un point qui est forcément un point très clivant,
40:42 je pense qu'en fait, on ne peut obliger aucun pays
40:46 à accepter sur son territoire de "subir" des flux migratoires
40:51 s'il ne le souhaite pas. Si on décide effectivement d'accueillir
40:54 des populations immigrées, pour n'importe quel type de bonne raison,
40:57 il faut en être d'accord. Si pour des raisons qui sont propres à un pays,
41:00 à un moment donné, on ne souhaite pas le faire, je crois qu'il faut
41:03 éviter de donner des leçons de morale, parce que de toute façon, ça ne marchera pas
41:06 comme ça. Vous ne pourrez pas contraindre des pays qui ne veulent pas
41:09 ouvrir trop grand la porte de le faire. - On n'est pas en Union politique avec cette idée-là ?
41:12 Moi, je ne parle pas de la Colombie et d'Achineau. - Non mais, attendez, c'est pas une question d'Union politique, d'abord.
41:15 L'Union politique, elle ne permet pas tout, c'est pas une décision qui se prend
41:18 de brosser en disant "c'est comme ça que ça se passe". - En Europe, on ne ramasse que les
41:21 contraintes. - Je suis d'accord, mais l'Union européenne, d'abord, c'est quoi ?
41:24 - Elle ne permet pas grand-chose sur un plan politique. Aujourd'hui, la gouvernance de l'Union européenne est très défaillante, parce que, voilà, ce n'est pas un système de gouvernement fort. - Sauf quand il faut libéraliser le marché.
41:31 - Non, mais sur ce sujet-là, ils ont toujours été plutôt bons, c'est le seul point sur lequel il y a une vraie marge de manœuvre.
41:36 Mais pour le reste, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Moi, je suis allé en Hongrie, je suis allé rencontrer les Hongrois,
41:40 il y a quelques années, on a fait un voyage extrêmement intéressant là-bas, au niveau ministériel et autres.
41:44 Qu'est-ce qui nous renvoie comme image, en tout cas de ce qu'ils perçoivent de nous ?
41:47 Quand vous voyez dans le cadre de l'État de droit, comment vous êtes emprisonnés dans des difficultés insurmontables en matière de gestion de vos populations migratoires.
41:55 Quand vous voyez ce que sont devenus un certain nombre de vos quartiers, c'est ce qu'ils disent !
41:57 Quand vous voyez ce que sont devenus un certain nombre de vos quartiers, quand vous voyez comment la religion, les religions, se sont mêlées de la vie publique.
42:03 L'islam, bien sûr, mais pas... Et donc tout ça, ils disent, pourquoi vous voulez qu'on importe ça chez nous, dans un cadre qui est aussi l'État de droit, on ne va pas s'en sortir ?
42:10 On renvoie une image qui ne donne pas envie. Alors, quand je dis ça, je suis peut-être sur un propos qui peut faire peur, qui peut être choqué, mais c'est ça, la réalité.
42:16 Et donc tous ces pays qui ont une tradition, une culture, ne veulent pas trop se diluer à marche forcée.
42:21 Et donc, tant qu'on n'aura pas trouvé effectivement des vraies solutions pour faire en sorte que l'intégration et ce type de solidarité, ce mécanisme se passe mieux,
42:27 on aura des pays qui resteront difficiles, et peut-être qu'ils ne vont pas ressortir de l'Union européenne.
42:31 - Régis Ocaseno, sur la question de la souveraineté que soulève Alexandre Malafaille et de l'intégration, votre avis ?
42:39 - Elle est extrêmement importante. Alors, je ne vais pas partager le fatalisme, non pas que je veuille être optimiste, loin de là.
42:46 Le fatalisme, finalement, avec cette immigration, on paye les factures des erreurs qu'on a faits dans le passé. C'est vrai.
42:59 Mais le problème auquel je suis confronté, dans ce que je vois, c'est que cette arrivée massive de 7000 personnes, elle n'est pas tombée du ciel.
43:09 Lorsqu'on dit "la destruction de la Syrie a fait un appel d'air et maintenant l'immigration arrive", l'immigration n'arriverait pas s'il n'y avait pas des réseaux, s'il n'y avait pas des passeurs.
43:18 Et qu'on ne vienne pas me raconter que ce qui se passe à Lampedusa n'est pas le fruit d'une organisation.
43:24 Il y a eu 160 bateaux qui sont arrivés. Tout ça est organisé. Et quand on voit qui est-ce qui est à la manœuvre,
43:30 Mme Raqueté, la fille du marchand d'armes, financée par son père d'ailleurs, qui est en permanence à patrouiller, à passer des accords avec les passeurs libyens, etc.
43:40 Ou un autre affrêteur d'un bateau qui était un des dirigeants de Blackwater, qui était l'équivalent de Wagner chez les Américains, qui a changé de nom depuis.
43:48 Tout ça est organisé aussi. Il y a des trafics. Et moi je rappelle quand même qu'il y a un certain nombre de grands intérêts qui attendent avec impatience une main d'œuvre exploitable facilement,
44:06 une main d'œuvre qui aspire à une forme de prospérité, parce que justement en Occident, il y a un problème maintenant de main d'œuvre.
44:16 - Très rapidement, parce que là on arrive à la fin, mais c'est vrai que c'est une opinion qui n'engage que le régime de KCN.
44:23 - Oui, et que je ne répondrai pas, mais il y a quelque chose qui est important. Les gens qui arrivent sur ces plages sont des gens, sont des êtres humains, des pères, des mères, des enfants.
44:32 Ils ne sont pas porteurs de la peste. Ils n'ont pas un projet d'envahis ou quoi que ce soit. Ce sont des gens. Ça aurait pu être nous si nous étions nés ailleurs.
44:40 Et ça, on ne le dit pas assez souvent, parce que quand on parle des flux migratoires, on a l'impression qu'on parle de nuisibles, de cafards.
44:49 Ce sont des êtres humains. Ce sont nos frères et nos sœurs en humanité. Et il y a un moment, il faut s'en souvenir, parce que ce qui leur arrive, ça peut nous arriver peut-être un jour.
44:57 - On se retrouve dans quelques instants pour Mettez-vous d'accord.
44:59 - Sud Radio, le 10h midi, Mettez-vous d'accord, Stéphanie Demuru.
45:05 - Mettez-vous d'accord en direction Sud Radio avec mes invités aujourd'hui.
45:08 Alexandre Malafaille, président du think tank Sinopia. Pascal Bataille, animateur, producteur et chef d'entreprise.
45:14 Régis De Castelnaud, avocat, auteur d'une justice politique chez l'artilleur, membre de la rédaction du Front Populaire.
45:21 Et puis, Rani Slimane, militant, quartier populaire à Montpellier, cofondateur de l'association Force Populaire.
45:27 On continue avec vous de parler des grands sujets du jour. Et l'un d'eux, évidemment, qui est omniprésent, c'est l'une des préoccupations, voire la préoccupation numéro un des français.
45:37 Le pouvoir d'achat, l'inflation. Alors, pas des bonnes nouvelles, puisque les chiffres sont extrêmement mauvais.
45:43 Aujourd'hui, 4,3% sur un an, enregistré en juillet. Une inflation nourrie par les prix d'énergie, qui ont augmenté de 6,8% sur un an.
45:52 Notamment en août, ça ne vous a pas échappé sur vos factures. 10% dans la tronche, en plein mois d'août.
45:58 Et là, ça va, pardon d'être un peu familière, mais c'est vrai que ça fait mal quand on voit la facture.
46:04 Fabien Roussel, lui, il appelle à envoyer les stations-service après les préfectures.
46:10 Vous allez le suivre, Rani Slimane, Fabien Roussel, dans ses manifestations dans les grandes surfaces des stations ?
46:18 Alors, s'il faut manifester pour le pouvoir d'achat, moi, je ne suis pas très le pavé, je n'ai pas de soucis.
46:23 Je pense que M. Roussel, là, sur ce coup-là, il a perdu une occasion de se taire, parce que parler, franchement, c'est un appel à la violence assez inouï de sa part.
46:32 Moi, je vois qu'on tape souvent sur certains dirigeants politiques, quand on regarde ce qu'ils disent, parce qu'ils ont un verbe haut,
46:39 et quand on regarde ce qu'ils disent, on se rend compte qu'en fait, il n'a jamais d'appel à la violence.
46:43 Il y a une contestation forte, une remise en question d'un système, ça, il n'y a pas de problème,
46:48 mais aller dans des préfectures, prendre d'assaut des préfectures, je ne pense pas que ce soit un moyen d'action qui fasse avancer la cause des travailleurs.
46:56 Pascal Bataille, en tout cas, c'est à noter aujourd'hui.
46:59 Je sais que vous n'aimez pas toujours les sondages, mais enfin, il y en a quand même riches en enseignement.
47:04 Ifop, Fille de Ciel, en plus, c'est pour Sud Radio, montre que les Français ne sont pas dupes.
47:09 Pour 84%, elle est structurelle et durable, elle a évidemment un impact sur le pouvoir d'achat, 92% d'entre eux,
47:15 et surtout, pour 81% des personnes interrogées, le gouvernement n'en fait pas du tout assez pour agir contre l'inflation, Pascal.
47:23 Oui, je suis assez d'accord avec ça. Il faut regarder, quand on regarde un peu plus en détail,
47:29 effectivement, l'inflation est en hausse, l'augmentation des prix s'accroît, mais elle est essentiellement due, cette hausse,
47:41 aux prix alimentaires et à l'énergie. Sur d'autres secteurs, heureusement, on a une petite baisse en août, et il faut le signaler aussi.
47:53 Ça veut dire qu'effectivement, on sait quand même où on peut focaliser une action. L'énergie, l'alimentaire,
48:01 c'est évidemment des points qui impactent énormément le quotidien de nos compatriotes, et je pense que,
48:09 alors je ne suis pas économiste, donc je vais parler très modestement, mais je pense effectivement qu'il y a un moyen d'agir plus efficacement sur ces deux secteurs.
48:17 Alexandre Malafé, on rappelle quand même que le gouvernement a mis 110 milliards d'euros sur la table depuis 2021 pour faire face aux effets de l'inflation,
48:25 une facture d'ailleurs qui pourrait monter selon certains à 170 milliards en cumulé, selon certains documents budgétaires, d'ici à 2027.
48:33 On n'en fait pas assez.
48:35 C'est beaucoup d'argent. En fait, ça c'est amusant, les Français disent "il n'en fait pas assez", c'est vrai qu'il en fait beaucoup,
48:40 mais c'est un peu coter sur jambe de bois dans beaucoup de domaines, malgré tout, mais surtout, en fait, il a fait tout ce qu'il fallait pour qu'on en arrive là.
48:46 C'est-à-dire que là encore, il faut voir d'où on part.
48:49 On a quand même traversé deux années Covid qui ont été lourdes de conséquences dans plein de domaines qui ont eu des impacts sur l'économie mondiale monstrueux.
48:56 Le transport maritime, par exemple, n'a jamais coûté aussi cher que depuis que le Covid est arrivé.
49:00 Les mesures qui ont été prises et qui ont été prises par des gouvernements, bonnes peut-être, mais enfin, les conséquences, il faut les assumer.
49:04 Ensuite, la guerre avec l'Ukraine et la Russie, on a décidé de faire front commun, de déclarer quasiment la guerre à la Russie,
49:10 dans une logique de surenchère, ça a fait flamber les marchés de l'énergie, tout ça, il faut l'assumer.
49:14 Ensuite, on a décidé d'un marché européen de l'énergie et on a mis l'EDF dans une situation insupportable.
49:19 L'EDF perd des dizaines de milliards d'euros, est en charge d'aménager notre réseau, de l'entretenir, de développer les centrales nucléaires, etc.
49:26 Les factures sont monstrueuses, ils ont perdu 20 milliards l'année dernière, il faut bien se retrouver sur le prix de vente quelque part.
49:31 C'est qui paye, c'est pas l'État qui peut rempouiller l'EDF, il le fait déjà assez.
49:34 Ensuite, on a une dépense publique qui n'est pas maîtrisée, on a un coût de services publics qui n'est pas très performant,
49:39 au regard de ce qu'il coûte, on pourrait en débattre longuement.
49:41 On parle de transition écologique, dont on dit tout de suite qu'il faut y aller, alors on y va, on investit, il y a tous azimuts.
49:45 On parle de centaines de milliards d'euros quasiment par an d'investissement à faire pour être d'un coup à zéro carbone dans quelques années.
49:51 Tout ça a un prix, donc tout ça a un prix et ça se traduit sur les coûts.
49:53 Et à côté de ça, on a des indices qui disent pas la vérité.
49:55 Parce que la réalité des 4-3 dont vous parlez, pardon, quand on fait ses courses, quand on regarde sa facture énergétique, c'est très biaisé.
50:02 Et donc de fait, effectivement, après, on n'en arrive non pas à la fracture sociale de Jacques Chirac,
50:05 on en arrive à des arrachements, à des ruptures sociales.
50:08 On a une partie de la population qui ne sait plus vivre, qui ne sait plus comment vivre.
50:11 Et en effet, on a une population qui est dans certains partis politiques où on peut appeler, les gens disent "maintenant ça suffit, on va se révolter".
50:17 Parce que c'est plus possible. Parce qu'on arrive à un degré de... On parle plus de pouvoir d'achat.
50:21 Alors le pouvoir d'achat, c'est si j'ai encore le pouvoir d'acheter. Non, c'est le reste à vivre.
50:24 Et pour beaucoup de gens, il n'y a plus de reste à vivre. Le 10, le 15, le 20 du mois, même parfois le 1er du mois.
50:28 Et ça, c'est en train de se creuser. Ça s'amplifie de plus en plus.
50:31 Alors rappelez-vous, pendant la crise sanitaire, toutes ces centaines de jeunes qui étaient obligés d'aller faire la queue pour aller chercher de l'aide alimentaire,
50:37 maintenant c'est les restos du cœur qui ont plus assez de pognon pour faire le job, alors ils appellent au secours.
50:40 - Alors ici on est critiqués quand on les aide.
50:42 - Ça part dans tous les sens. Il y a un problème de fonds qui est en train de se construire ou de se déconstruire dans la société,
50:46 parce qu'effectivement il n'y a plus assez d'argent pour vivre au quotidien.
50:49 Ça c'est un problème monstrueux et ce n'est pas qu'une question de conférence sociale sur les salaires qui va régler la question.
50:53 Je ne sais pas comment on fait. Mais par contre, il y a vraiment le feu.
50:55 Et le fait de faire semblant en disant "tout va très bien madame la marquise", ce n'est pas une bonne solution non plus.
50:59 - Régis Ocastelnau ?
51:00 - Écoutez, "tout va très bien madame la marquise", on a toujours un ministre de l'économie, celui qui a détruit l'économie russe,
51:08 qui continue à dire qu'il n'y a pas d'inflation.
51:10 - Il avait promis que les russes mettraient l'économie russe à genoux.
51:13 - Oui, choix des termes.
51:17 - Alors Alexandre, merci de ce diagnostic. Vous me fermez la lumière en sortant.
51:24 Parce que ce que vous venez de décrire, c'est catastrophique.
51:27 Et je suis d'accord.
51:29 Parce que, viens s'ajouter à ça, on a déjà oublié, parce que derrière il y a eu la polémique, astucieusement, lancée par M. Bernard Arnault,
51:37 qu'il n'est que la première fortune mondiale, que parce que justement, il dépend d'un système qui produit cette pauvreté, je suis désolé de le dire.
51:45 Et on a oublié ce que disaient les Restos du Coeur, ce que disaient le Secours Populaire et ce que disait la Croix-Rouge.
51:53 On n'a plus d'argent.
51:55 J'ai vu une émission à la télévision où vous aviez des spécialistes de la consommation qui disaient que les gens avaient diminué leur consommation, c'est-à-dire de 20%.
52:06 J'entendais hier un parlementaire belge au Parlement européen dire que, je ne sais pas d'où sortaient les chiffres, je ne les garantis pas,
52:14 que 30% de la population européenne commençait à sauter un repas par jour.
52:21 On est dans une situation qui est une situation passablement dramatique quand même, de ce point de vue-là, social.
52:27 Parce que les postes où l'inflation est forte, désolé, énergie, c'est indispensable, énergie pour tout.
52:35 Et deuxièmement, l'alimentaire, c'est la vie des gens ça.
52:39 - Sur le générosmique on est tous d'accord, mais est-ce que l'État en fait suffisamment et que peut-il faire surtout ?
52:45 - Ça il peut faire des choses.
52:46 - Il fait fonctionner la planche à billets, ce qui va nourrir l'inflation, moi je veux bien.
52:50 - Rani Slimane.
52:51 - Moi ce que je vois, il y a les chiffres et il y a les humains.
52:55 Moi j'habite dans un quartier où, c'est un quartier où j'ai grandi, où il y a un secours populaire qui est une antenne.
53:04 C'est très compliqué, c'est très compliqué et il y a des voisins à moi, des gens que je connais tous les jours,
53:11 qui là vont demander pour la première fois, et des gens qui ont un travail.
53:17 Des gens qui ont un travail, des couples qui ont le travail.
53:22 Donc qu'est-ce qui se passe ?
53:24 En fait quand on regarde bien le gouvernement, l'inflation en économie c'est pas forcément trop une mauvaise chose
53:30 si jamais il n'y a pas d'intextation, qu'on n'augmente pas les salaires.
53:35 Il faut augmenter les salaires.
53:37 En Espagne, la ministre Yolanda Dias, la ministre du Travail, elle a augmenté le SMIC de 47% en 5 ans.
53:44 Comme par hasard, en Espagne, en juin l'inflation c'était 2%, la moitié de la zone euro.
53:49 - Merci messieurs Alexandre Malafaille, Pascal Bataille, Régis De Castelnau et Rani Slimane d'avoir été avec nous.
53:55 Mettez-vous d'accord aujourd'hui.
53:56 - Merci.
53:57 - Et tout de suite c'est André Bercoff, merci à vous.