Autour de Jean-François Achilli et de Bérengère Bonte, les informés débattent de l'actualité du lundi 11 septembre 2023.
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00:00 ...
00:02 -20h, 21h, France Info, les informés.
00:06 Jean-François Aquilli, Bérangère Bonte.
00:09 -Bonsoir à tous. On est ensemble jusqu'à 21h.
00:11 -Bonsoir, Bérangère.
00:13 -Les informés autour de l'actualité,
00:15 dominée par les suites du séisme.
00:18 Trois jours après ce séisme,
00:19 l'urgence est à la recherche de derniers survivants
00:22 et au soutien humanitaire, avec des questions
00:25 sur le tri qu'opère le Maroc parmi les pays
00:28 qui proposent leur aide et sur les relations avec la France,
00:32 qui n'a pas reçu de réponse.
00:33 -Une future loi immigration
00:35 qui divise déjà des soutiens d'Emmanuel Macron,
00:38 s'associe avec des opposants de gauche,
00:41 dans une tribune que publie Libération
00:44 pour réclamer la régularisation des travailleurs sans papier,
00:48 un défi à Gérald Darmanin.
00:51 -Deux campagnes de prévention sur les dangers de l'alcool
00:54 retoquées par l'ancien ministre de la Santé,
00:57 son cabinet, l'information de la cellule,
00:59 l'investigation de Radio France.
01:01 On préférait cibler les jeunes, se défend le gouvernement,
01:05 les spécialistes des addictions,
01:07 un lobby de l'alcool.
01:08 On en parle avec les informés,
01:10 Corinne Laïc, journaliste politique à l'Opinion,
01:13 Jonathan Boucher-Peterson,
01:15 éditorialiste politique à l'IB
01:17 et Henri Vernet, rédacteur en chef adjoint
01:20 au Parisien. Bonsoir.
01:21 -Bonsoir.
01:23 -Ca fait presque trois jours que le Haut Atlas marocain
01:26 a été secoué par un tremblement de terre,
01:29 dont 2 700 morts, plus de 2 500 blessés.
01:31 C'est le bijan toujours provisoire.
01:33 Je salue Frédéric Saïs,
01:35 de la rédaction internationale de Radio France.
01:38 Merci d'être avec nous.
01:39 Vous serez notre expert sur cette partie marocaine.
01:42 On va tout de suite aller du côté de Marrakech,
01:45 au sud-ouest de Marrakech, à 70 km à peu près,
01:48 le secteur d'Amizmiz,
01:49 où se trouve l'envoyé spécial de France Info,
01:52 Sandrine Ettoa-Hendeg. Bonsoir à vous.
01:54 -Bonsoir, Bérangère. Bonsoir à tous.
01:57 -Dites-nous tout simplement peut-être ce que vous avez vu,
02:00 constaté, observé aujourd'hui, après trois jours.
02:04 -Eh bien, c'est une carte postale désolante, Bérangère.
02:09 Je suis dans une rue d'un quartier sur les hauteurs d'Amizmiz,
02:13 avec tout autour de moi des miettes,
02:16 des miettes de rue, des miettes de mur,
02:18 des miettes de maison, des miettes de chambre,
02:21 des miettes de salon, des miettes de cuisine.
02:24 Toutes ces maisons ici qui sont vides.
02:26 Les habitants sont partis depuis vendredi s'installer.
02:29 À quelques mètres, ils ont traversé la rue
02:31 pour essayer de continuer à vivre, tant bien que mal,
02:34 dans un campement de fortune avec plusieurs centaines de familles,
02:38 des femmes, des enfants en bas âge.
02:40 Tout le monde... C'est dangereux.
02:42 On craint de nouvelles secousses,
02:45 que la terre tremble ici à nouveau.
02:47 Et on peut voir vraiment à quel point cette rue est marquée.
02:50 On voit comme des guirlandes de parpaings
02:53 qui menacent de vous tomber sur la tête.
02:55 Une pierre en équilibre sur le bord d'un toit,
02:57 c'est un paysage de dévastation avec toutes ces demeures éventrées
03:01 qui montrent les intérieurs modestes.
03:03 C'est une région plutôt rurale,
03:05 beaucoup de gens pauvres qui s'interrogent sur leur avenir.
03:09 - Parlez-nous des secours, Sandrine.
03:11 Est-ce que c'est chaotique ? Est-ce que c'est organisé ?
03:14 - Alors, au niveau des secours, on voit encore des convois
03:19 avec des gros camions, des poids lourds.
03:22 On pouvait voir, par exemple, des matelas ficelés,
03:25 empilés, des couvertures,
03:28 des camions avec plusieurs palettes,
03:31 bondés avec des vivres, avec des packs d'eau.
03:34 Mais quand on arrive dans les quartiers,
03:37 quand on arrive dans les campements de fortune,
03:39 on voit surtout tous ces Marocains
03:42 qui, par solidarité, se mobilisent depuis vendredi soir
03:46 pour venir apporter ces vivres aussi,
03:49 tous ces produits de première nécessité.
03:51 Ce sont des initiatives personnelles.
03:53 Il y a aussi des ONG, des associations locales,
03:56 mais c'est beaucoup de Marocains comme cette famille.
04:00 Eux, ils sont venus avec 3000 tonnes...
04:04 Pardon, 3000 tonnes d'eau dans de grosses, grosses cuvettes
04:08 qu'ils sont venus distribuer dans ce campement.
04:11 Ça a d'ailleurs amené pas mal d'effervescence
04:14 parce que tout le monde essayait de remplir sa bouteille,
04:17 son seau ou encore sa bassine.
04:19 Et ça, c'était vraiment quelque chose de spontané.
04:22 Le jeune fils me disait "On ne peut qu'aider".
04:25 C'est évident, c'est aussi dans la tradition marocaine,
04:27 mais on montre bien à quel point on est solidaires.
04:30 Et donc c'est beaucoup d'initiatives privées.
04:32 Je discutais avec Saïda, une habitante du quartier
04:36 qui arrêtait pas de répéter "Grâce à Dieu, grâce à Dieu,
04:39 il n'y a pas de mort dans ma famille.
04:40 C'est vrai, je ne peux plus vivre dans ma maison."
04:43 Et elle était assez critique sur l'organisation des aides.
04:47 Elle dit "Ils sont énervés, on ne comprend pas pourquoi
04:50 dans un quartier, ils ont une distribution de vivres
04:52 et nous ici, on n'a rien."
04:53 Alors en fait, avec des voisins, ils se sont organisés,
04:56 ils ont collecté, chacun a donné un petit peu d'argent,
04:58 ils ont constitué des lots de denrées alimentaires
05:01 pour les familles, un litre d'huile,
05:03 deux, trois briques de lait, un paquet de sel
05:06 et ils ont été les distribuer eux-mêmes.
05:08 - Merci beaucoup, Sandrine et Thoa Hendegg,
05:10 avec les moyens techniques de Virginie.
05:13 L'or d'âge me tourne vers vous, Jean-François.
05:15 Ce séisme survient et ce sera l'objet de notre débat ce soir,
05:18 à un moment très particulier
05:20 des relations entre la France et le Maroc.
05:22 - Oui, oui, des relations particulièrement tendues.
05:25 Emmanuel Macron a eu beau jeu depuis Delhi
05:27 de proposer l'assistance de la France,
05:30 faut-il le rappeler, experte en matière de secours,
05:32 dans de telles situations.
05:34 Eh bien, rien n'a bougé, pas de déclaration, pas de feu vert,
05:37 comme si ces dissensions entre Rabat et Paris
05:40 étaient plus fortes que l'urgence à sauver des vies.
05:43 Alors, quelles sont les dissensions en question ?
05:44 On va les rappeler très rapidement.
05:46 Le Sahara occidental, le Maroc qui revendique sa souveraineté,
05:49 c'est une vieille histoire, contestée par l'Algérie,
05:51 qui soutient les indépendantistes du Front Polisario.
05:55 Or, Emmanuel Macron, ces derniers temps,
05:57 a multiplié les gestes de réconciliation envers l'Algérie,
06:01 semblant négliger le Maroc au passage.
06:03 Il y a depuis des mois,
06:04 il n'y a plus d'ambassadeur du Maroc en France.
06:06 Autre sujet de brouille, Rabat, obéseux de Paris,
06:09 ne respecte pas les accords de reconduite à la frontière.
06:12 Du coup, moins de visas sont délivrés aux ressortissants marocains.
06:16 Il y a eu cette affaire, ça a été rappelé également,
06:18 Pegasus, le Maroc soupçonné d'utiliser le logiciel israélien,
06:22 qui a fait couler beaucoup d'encre,
06:24 pour espionner notamment Emmanuel Macron.
06:27 Nous sommes passés de cette relation, souvenez-vous,
06:30 jadis chaleureuse, entre le président Jacques Chirac
06:33 et le roi Hassan II, disparu en 1999,
06:36 à une sorte de glaciation entre Emmanuel Macron et Mohamed VI,
06:41 et la diplomatie de la discorde,
06:42 qui devrait quand même s'effacer le temps des secours.
06:45 - Le décor est planté.
06:47 On va en parler avec nos informés, avec notre expert,
06:50 le temps de passer par le Fil-info,
06:52 puisqu'il est 20h10. Stéphane Milhomme.
06:54 - L'international français de la Juventus,
06:57 Paul Pogba, suspendu pour dopage à titre provisoire.
07:01 Le milieu de terrain a été contrôlé positif à la testostérone,
07:04 selon l'agence italienne anti-dopage.
07:06 Paul Pogba, contrôlé à l'issue du match de la première journée
07:09 du championnat d'Italie.
07:10 Il n'était pas entré en jeu.
07:11 Pas de réaction pour l'instant du joueur.
07:13 Pour maintenir en France la papeterie Conda d'Ordogne,
07:17 on a une grosse lueur d'espoir.
07:19 Un responsable CGT le confie à France Info
07:21 après la rencontre des syndicats avec le ministre de l'Industrie.
07:25 Roland Lescure promet de tout faire pour sauver le site.
07:27 Sinon, le plan social prévoit toujours 187 suppressions d'emplois.
07:31 Djamel Debbouze donne son sang depuis Marrakech.
07:34 Elie Semoun s'engage sur France Info,
07:36 aux côtés du Secours populaire, qui lance un appel au don.
07:39 48 heures après le séisme de Marrakech,
07:41 des célébrités se mobilisent,
07:42 alors que le bilan passe ce soir à près de 2700 morts et autant de blessés.
07:46 La présidente de l'Assemblée nationale,
07:48 Yael Braun-Pivet, porte plainte après un nouveau courrier antisémite
07:52 adressé à sa permanence.
07:53 Dans un tweet, elle affirme qu'elle entend ne rien laisser passer.
07:56 Le courrier injurieux est arrivé avec une étoile jaune sur l'enveloppe.
07:59 Yael Braun-Pivet reçoit le soutien d'élus de tous bords.
08:02 Et puis l'auteur des Football Leaks,
08:04 condamné par la justice portugaise, 4 ans de prison avec sursis,
08:07 la présidente du tribunal de Lisbonne, estime que la liberté d'informer
08:11 ne doit pas justifier la violation de la vie privée.
08:15 Le portugais, Ryu Pinto, est condamné notamment pour piratage.
08:19 Le jeune revendiquait le statut de lanceur d'alerte.
08:21 20h21, les informés.
08:29 Jean-François Aquilli, Bérangère Bonte.
08:31 On évoque la situation au Maroc, les suites du séisme
08:34 et cette relation très particulière entre la France et le Maroc,
08:37 mais peut-être avant d'y venir plus globalement,
08:39 Frédéric Saïz de la rédaction internationale de Radio France,
08:41 comment comprendre que le Maroc rechigne comme ça,
08:44 a accepté la main tendue par tellement de pays ?
08:47 C'est toujours un peu difficile de comprendre cette histoire de fierté
08:50 dans des moments aussi dramatiques.
08:52 Ce qu'explique Rabat, c'est que c'est une affaire
08:54 à la fois de souveraineté et d'organisation.
08:56 Souveraineté, nous décidons qui vient à l'intérieur de nos frontières,
09:00 surtout en temps de crise aussi aiguë,
09:02 et puis organisation, effectivement,
09:04 pour que tout le monde n'aille pas au même endroit
09:05 et qu'il y ait un semblant d'ordre face au désordre
09:08 qu'on voit là sur ces images terribles.
09:10 Ce sont les raisons officielles pour le Maroc.
09:13 Ensuite, alors, ce serait sans doute résumé à trop gros traits
09:17 que de dire que tout ça se passe sur fond de guerre secrète
09:20 entre la France et le Maroc, etc.
09:22 Ce ne sont pas uniquement ces circonstances-là.
09:24 D'ailleurs, des dizaines de pays ont proposé leur aide,
09:26 et à cette heure, seuls quatre pays ont vu leur proposition
09:29 acceptée par le Maroc, c'est-à-dire le Royaume-Uni, l'Espagne,
09:32 le Qatar et les Émirats Arabes Unis.
09:34 Ça fait donc beaucoup de pays qui sont laissés sur la touche
09:36 à cette heure, ce n'est donc pas juste entre Paris et Rabat.
09:39 Cela dit, c'est vrai que la relation est extrêmement tendue.
09:42 La France aurait pu prétendre...
09:43 -Une place privilégiée. -Voilà.
09:44 Du fait de son expertise, vous l'avez dit, dans ce domaine,
09:47 et puis simplement du fait qu'une équipe francophone,
09:50 c'est sans doute aussi plus facile au Maroc.
09:52 C'est vrai que la relation est tendue,
09:54 ça survient dans un contexte extrêmement difficile.
09:56 Moi, je parlais, ça fait plusieurs mois,
09:57 je parlais avec une source à l'Élysée, à l'exécutif,
10:01 qui ne voulait pas évidemment parler au micro,
10:04 ça montre à quel point, d'ailleurs, c'est très tendu,
10:06 et elle disait, parce qu'on l'a interrogée
10:08 sur une visite d'Emmanuel Macron au Maroc,
10:10 dont on parle depuis des mois et des mois,
10:11 une visite comme ça qui aurait permis
10:12 de resseler l'amitié entre les deux pays,
10:15 et elle disait, moi, là-dessus, je ne peux rien dire,
10:17 parce que chaque mot de trop ferait déborder le vase diplomatique,
10:21 laisser les diplomates travailler,
10:22 et c'était la seule chose que cette personne disait.
10:24 Henri Vernet, vous signez ce matin l'édito du Parisien,
10:27 vous parlez de solidarité et de gêne.
10:29 Oui, parce que clairement, il y a de la gêne,
10:33 il y a un malaise.
10:34 Tout ce que vient de dire Frédéric Saix est absolument juste.
10:36 Il y a bien sûr ces raisons-là.
10:38 Il y a aussi d'ailleurs le fait que le Maroc,
10:39 c'est quand même un État qui, depuis toujours,
10:41 est assez policier aussi,
10:42 et donc, il ne laisse pas entrer n'importe qui sur son territoire.
10:45 Et c'est vrai que quand vous avez comme ça des secours...
10:46 Même dans un moment comme ça, il y a ça.
10:47 Mais bien sûr, même dans un moment comme ça, oui, oui.
10:50 Parce qu'il faut montrer qu'on contrôle.
10:52 Néanmoins, il y a quand même une aide qui arrive
10:54 et qui est acceptée.
10:55 Mais c'est vrai qu'il y a un malaise
10:56 qui s'exprime là avec la France.
10:58 Alors, d'ailleurs, écoutez, si Catherine Colonna,
11:00 la patronne du Quai d'Orsay, ce matin,
11:02 a pris soin de bien spécifier "mais non, non,
11:04 c'est une mauvaise querelle, ce n'est pas là qu'est l'enjeu",
11:08 en général, quand un diplomate...
11:10 - C'est clairement une éprouvantion de déminage.
11:11 - En général, ça se lit un petit peu à l'envers,
11:12 ce genre de commentaire.
11:13 Donc oui, il y a un malaise.
11:14 Il est assez profond.
11:15 Il dure depuis plusieurs mois.
11:17 Il tient en effet essentiellement au Sahara occidental.
11:19 Mais les gestes d'agacement sont apparus des deux côtés.
11:22 Ce sont deux pays qui sont plutôt...
11:23 Enfin, en tout cas, deux régimes.
11:25 Parce que, attention, ce n'est pas le Maroc qui est la France,
11:27 ce ne sont pas les Marocains, les Français.
11:28 Ce sont vraiment les régimes, c'est-à-dire le président Macron.
11:31 - Le sommet de l'État. - Exactement.
11:32 C'est le sommet de l'État qui est en conservé.
11:34 - Jonathan Boucher-Pétersen, c'est quoi ?
11:36 C'est de la part annoyante, de la part du Maroc,
11:38 de ne pas vouloir...
11:39 Et encore une fois, on reviendra à la France dans un instant,
11:41 mais plus globalement.
11:42 - Non, mais je pense qu'on va tous être d'accord les uns avec les autres.
11:45 Donc ça va être très agréable.
11:46 Mais je suis d'accord avec ce qui a été dit
11:48 par mes deux confrères précédemment.
11:49 Moi, je suis quand même un peu gêné
11:50 que le sommet de la façon de traiter ce sujet-là
11:54 soit autour, quand même, de ce que Dominique de Villepin
11:56 a appelé ce matin une "susceptibilité française".
11:58 C'est-à-dire que si on dit "c'est un drame",
12:00 si on dit "c'est vrai", c'est-à-dire quand on voit le bilan,
12:02 quand on voit les habitations détruites,
12:05 la difficulté avec laquelle certains Marocains vivent ces jours-ci,
12:09 je me dis qu'il y a quand même quelque chose d'une fierté française
12:12 qui est un peu mal placée.
12:14 Parce qu'honnêtement, il y a beaucoup de pays
12:16 qui sont tout aussi légitimes que la France à aider,
12:17 au-delà de l'histoire commune entre les deux pays,
12:19 qui est plutôt source de complexification des relations
12:22 que de simplicité d'envoi d'aide.
12:24 Encore une fois, ça, moi, ça me gêne un tout petit peu.
12:27 Si vous voulez bien, on va poursuivre,
12:29 mais on va l'écouter, parce que tout le monde
12:31 n'a pas forcément en tête.
12:32 Et que tout est donc, c'était ce matin sur France Info.
12:36 Personnellement, je pense qu'il faut partir de cette réalité
12:40 pour dépasser effectivement les susceptibilités
12:44 qu'il pourrait s'exprimer et qu'il est important pour la France
12:47 de mettre son drapeau dans sa poche,
12:49 de mettre sa susceptibilité dans sa poche
12:51 et de faire en sorte que cette aide, l'aide française,
12:53 puisse être acheminée par tous les moyens possibles.
12:56 - Ça vous... - Oui, juste,
12:58 parce que ce que je voulais faire comme distinction,
12:59 c'est qu'il y a d'un côté l'aide, j'allais dire, du pays en tant que tel,
13:02 donc sécurité civile, donc pompiers, donc équipes cynophiles,
13:05 enfin tout ce qu'on voyait en Turquie
13:06 quand le sujet s'était posé ou ailleurs.
13:08 Et puis il y a les ONG,
13:10 qui sont quand même des entités indépendantes.
13:13 Certaines ONG françaises sont déjà présentes sur le terrain.
13:15 Il y a de l'aide qui arrive aussi de famille à famille,
13:17 parce que la diaspora marocaine est importante en France,
13:19 c'est la deuxième communauté du pays.
13:22 Donc voilà, je trouve qu'on ne peut pas non plus dire
13:24 que tous les ponts sont coupés,
13:26 simplement oui, il y a une difficulté qu'on ne découvre pas.
13:28 Jusqu'il y a encore quelques semaines,
13:30 Mohamed VI ne prenait même pas Emmanuel Macron au téléphone,
13:33 et inversement.
13:34 Donc voilà, il y a quand même, là, ça s'est un petit peu détendu,
13:36 Mohamed VI était à Paris pour des raisons médicales,
13:39 il y a eu un échange, mais voilà, on ne découvre pas,
13:42 il n'y a pas de raison que ce soit une source de simplification.
13:46 C'est complexe, et après je m'arrête,
13:48 c'est un jeu à trois avec le Maroc, la France et l'Algérie, évidemment.
13:51 - Alors Corine Lag, je viendrai vers vous dans un instant,
13:54 mais Frédéric Saïd, il faut effectivement expliquer ce jeu à trois
13:57 dont parle Jonathan Bush et Peter Sen,
14:01 et peut-être à plus que trois d'ailleurs,
14:03 parce qu'il y a aussi toute la Méditerranée,
14:05 et notamment l'Espagne, qui joue, alors là,
14:07 dans une lune de miel manifestement avec le Maroc.
14:10 Mais sur ce trio franco-marocain et algérien.
14:14 - Oui, c'est assez simple.
14:16 Le roi Mohamed VI, il y a un an, a eu cette phrase,
14:19 "Désormais, le Maroc voit les relations internationales
14:22 "au travers du prisme du Sahara occidental",
14:25 qui est donc, comme vous l'avez rappelé,
14:27 ce territoire au sud du Maroc que Rabat revendique,
14:30 et sur place, les indépendantistes bénéficient du soutien de l'Algérie.
14:34 Or, qu'est-ce qu'il s'est passé il y a maintenant trois ans ?
14:37 Les États-Unis ont dit, "Nous adoptons la vision marocaine,
14:40 "oui, c'est bien le Maroc, ce territoire."
14:42 Israël en a fait de même ce qu'on a appelé les accords d'Abraham.
14:45 Et sur cette lancée, Rabat aurait bien voulu
14:47 que davantage de partenaires rejoignent le regard marocain.
14:52 Ca a été le cas de l'Espagne, qui s'est alignée plus récemment,
14:55 mais ça n'a jamais été le cas de la France,
14:57 qui avait peur, entre autres, de vexer,
15:00 de se mettre à dos Alger, l'Algérie,
15:03 qui, comme on l'a dit, soutient les indépendantistes là-bas.
15:05 Donc la France a essayé de maintenir une position de l'entre-deux,
15:09 de ne fâcher personne, mais évidemment, ça a fâché...
15:11 -Ca a fâché tout le monde. -Tout le monde, et notamment Rabat,
15:14 qui ne tolère pas que Paris ne bouge pas sur ce dossier.
15:17 C'est effectivement l'un des nombreux contentieux qui existent.
15:20 Ce ne sont pas le seul. Il y a aussi des affaires de service.
15:23 On a parlé des écoutes du téléphone.
15:26 -Pégasius. -Ce que Rabat a nié.
15:28 Je le précise, il y a eu aussi un agent marocain
15:30 qui a été arrêté à l'aéroport d'Orly,
15:32 ou plus exactement, qui a été mis en cause
15:34 pour avoir tenté de soutirer des informations
15:35 sur des fichiers S qui passaient par cet aéroport.
15:38 Bref, on sent que les relations se sont détériorées,
15:40 même loin des caméras, loin des micros.
15:42 -Et puis, il y a cette question des accords de reconduite
15:45 à la frontière, sur lesquels la France accuse le Maroc
15:49 de ne pas jouer le jeu, on va dire,
15:50 et ce qui vaut d'ailleurs en retour des restrictions de visas.
15:54 Ca, pour le coup, c'est aussi un gros cahier d'argent.
15:56 -Ca joue beaucoup, car il y a de nombreux Marocains
15:58 qui ne sont pas parvenus à obtenir un visa
15:59 pour aller en France ces dernières années.
16:01 C'est Emmanuel Macron qui avait dit
16:02 qu'on réduisait de 50 % le nombre des visas,
16:05 jusqu'à ce que Rabat accueille davantage
16:07 ou accepte davantage de clandestins de retour de la France.
16:10 Et effectivement, en décembre dernier,
16:11 Catherine Colonna était allée sur place et avait dit
16:13 "Nous allons détendre cette restriction",
16:15 mais ça n'a visiblement pas amélioré les relations.
16:17 -Corinne Laïc, il y a sans doute aussi un aspect humain personnel
16:21 entre les deux chefs d'Etat.
16:24 Est-ce que vous confirmez ça ?
16:27 On a beaucoup souvent parlé des relations
16:29 entre Hassan II et Jacques Chirac,
16:30 et même après, avec François Hollande,
16:32 avec Nicolas Sarkozy.
16:33 -Les relations personnelles jouent énormément
16:35 de rôle politique, mais d'ailleurs,
16:36 elles commençaient un petit peu à se réchauffer.
16:37 Mon confrère Pascal Leroux de l'Opinion
16:38 en fait récemment un papier sur le sujet,
16:41 disant que Brigitte Macron jouait un rôle
16:43 en appelant elle-même la famille royale
16:45 pour souhaiter les fêtes.
16:46 Mais ce que je voudrais dire, c'est qu'il faudrait
16:48 qu'on essaie de cesser de s'intéresser à la France
16:51 et qu'on s'intéresse davantage au Maroc,
16:52 à la manière dont les secours sont faits ou pas faits.
16:56 Est-ce que les gens sont secourus en temps utile ?
16:59 Est-ce que l'aide est bien apportée ?
17:00 Qui que ce soit qui l'apporte,
17:02 que ce soit la France ou un autre pays ?
17:04 Est-ce que le roi assume actuellement
17:06 sa situation et sa position de roi ?
17:08 J'ai l'impression que ce n'était pas tout à fait le cas.
17:10 Donc au lieu de nous interroger sur nous-mêmes
17:12 et sur ce que nous faisons ou ne faisons pas au Maroc,
17:14 interrogeons-nous sur la manière dont le Maroc est secouru
17:17 et traité par ses dirigeants actuellement.
17:19 Il y a plusieurs facettes et vous avez raison,
17:20 on l'a évoqué tout à l'heure avec Sandrine Thauha-Hendegg
17:22 et on va y revenir après le fil info
17:24 puisqu'il est 20h20. Stéphane Milhomme.
17:26 Et avant l'examen de toute loi sur l'immigration,
17:30 cette alliance inédite de l'aile gauche de la majorité
17:33 jusqu'à la NUP, dans Libération, 35 signataires.
17:36 Le macroniste Sacha Houllier comme le socialiste Boris Vallaud
17:40 ou le communiste Fabien Roussel
17:42 appellent dans une tribune à l'adoption de mesures urgentes,
17:45 humanistes et concrètes pour l'accès des étrangers au travail,
17:48 leur régularisation dans le BTP
17:49 comme secteur de la restauration ou l'hôtellerie.
17:52 Au Maroc, le bilan grimpe à près de 2 700 morts
17:55 et presque autant de blessés, 48 heures,
17:57 après le séisme de Marrakech.
17:59 La Fondation de France dit avoir collecté
18:01 près d'un million d'euros de nombreux enfants de cette région.
18:03 Aujourd'hui, ils ne sont pas allés en classe.
18:05 Plus de 500 écoles restent endommagées.
18:08 La Croix-Rouge internationale se rajoute
18:09 à la liste des associations qui rencontrent
18:11 de gros soucis financiers, réduira l'an prochain son budget de 13%.
18:15 Ses donateurs sont moins généreux en tête, les Etats-Unis.
18:18 L'une des conséquences sera de nouvelles suppressions d'emplois,
18:20 270 au siège qui est basé à Genève.
18:24 Cette fois, c'est le Kremlin qui l'annonce.
18:26 Kim Jong-un est en visite officielle d'ici quelques heures
18:29 dans la Russie, visite officielle du dirigeant nord-coréen
18:34 ces prochains jours.
18:35 Des rumeurs circulaient depuis une semaine.
18:37 Les Etats-Unis soupçonnaient le régime russe
18:39 de chercher de nouveaux alliés pour le fournir en armes
18:42 dans sa guerre en Ukraine.
18:44 Après la canicule en septembre,
18:46 ce sont maintenant les orages qui menacent le Sud-Ouest.
18:48 Neuf départements des Pyrénées-Atlantiques
18:50 à la Dordogne et de la Gironde aux Gers
18:53 sont en vigilance orange.
18:54 Météo France redoute la pluie,
18:55 mais aussi la grêle et localement de fortes rafales de vent.
18:59 -France Info.
19:00 ...
19:02 -20h, 21h, les informés.
19:05 Jean-François Ackilly, Bérangère Bonte.
19:07 -Avec Corinne Laïc de l'Opinion,
19:09 Jonathan Boucher-Pétersen de Libération,
19:11 Henri Vernet du Parisien, aujourd'hui en France,
19:14 et Frédéric Seyss de la rédaction internationale
19:17 de Radio France.
19:19 Et Jean-François, je me tourne vers vous,
19:21 parce que si on a tout ce débat,
19:23 c'est aussi parce que la communauté marocaine
19:26 est très importante en France.
19:28 -Oui, c'est l'histoire de nos deux pays
19:30 quand même étroitement liés, il faut le rappeler,
19:32 ancienne colonie.
19:34 Le Maroc, d'ailleurs, reproche beaucoup à la France
19:37 de mal le traiter,
19:38 pour estimant qu'il a soutenu notre pays
19:42 dans les instances internationales,
19:44 notamment face à l'Algérie.
19:47 Pour les Marocains, il y a une sorte de 2 poids, 2 mesures
19:50 dans le traitement au niveau international.
19:52 Alors, qu'est-ce qu'il faut dire de la diaspora marocaine en France ?
19:55 1,5 million de personnes au minimum,
19:57 670 000 binationaux, c'est énorme.
20:01 Ce sont des chiffres de l'Observatoire
20:03 de l'Immigration et de la Démographie.
20:05 Le Maroc est la principale nationalité bénéficiaire
20:08 en titre de séjour depuis 5 ans à peu près,
20:11 30 000 octrois par an, ce qui est considérable.
20:15 Il faut rappeler qu'il y a 51 000 Français
20:19 qui sont inscrits sur les registres constulaires au Maroc.
20:22 C'est de loin la plus grande communauté étrangère
20:27 présente dans le Royaume, ce pourquoi,
20:29 vous voyez dans les reportages sur les secours apportés
20:32 dans les régions sinistrées,
20:33 de nombreux Français prêtent main-forte aux secours.
20:36 -Il y a ceux qui y vont comme ça, de leur propre initiative,
20:39 et puis il y a ceux qui en voient beaucoup.
20:41 Il y a eu un énorme élan de solidarité.
20:43 Vous en avez beaucoup parlé aussi dans le Parisien, Henri.
20:46 -Oui, absolument, parce que c'est vrai qu'il y a un gel
20:48 entre les puissances, c'est très clair,
20:50 mais au niveau des peuples, il y a une imbrication
20:52 qui est très réelle entre la France et le Maroc,
20:55 comme d'ailleurs, de fait,
20:56 même si ça ne correspond absolument pas à un climat politique
20:58 entre la France et l'Algérie, de fait, ces relations-là,
21:01 elles existent, ces liens existent.
21:03 Et donc, oui, il y a énormément d'initiatives spontanées.
21:05 En effet, on en parle.
21:06 Mais ce qu'il faut bien... Et là, par exemple,
21:08 Corinne Laïc disait, "Oui, mais alors intéresse-t-on nous
21:10 "aux situations au Maroc, etc."
21:11 Oui, mais dans ce cas-là, intéresse-t-on-nous aussi
21:13 à pourquoi d'autres aides ne sont pas acceptées ?
21:16 L'Algérie aussi a proposé son aide.
21:17 Elle a été également refusée.
21:19 C'est quand même assez extraordinaire de voir
21:21 que malheureusement, elle a ouvert son espace aérien.
21:23 Ça, c'est important.
21:24 Mais oui, ça, aller refuser l'ouverture d'un espace aérien,
21:27 là, ça devient un peu compliqué, à moins de donner la chasse aérienne.
21:31 Mais ce que je veux dire, c'est que là non plus,
21:33 la coopération, c'est un drame du Maghreb,
21:35 que les trois grands pays du Maghreb, Tunisie, Algérie et Maroc
21:39 ont des frontières fermées, qu'il n'y a pas de coopération.
21:41 Je veux dire que forcément, il y a de la politique qui se mêle,
21:45 qui apparaît au grand jour dans un drame comme celui-là.
21:47 Vous parliez des relations personnelles.
21:49 C'est vrai qu'elles n'ont jamais été bonnes,
21:51 en tout cas, disons, vraiment étroites,
21:54 entre le roi Mohamed VI et Emmanuel Macron.
21:57 C'est aussi cette attendance de génération.
21:58 Vous parlez des individus, là, à nouveau ?
22:00 Mais oui, mais oui, mais parce que ça a assez d'importance en politique.
22:03 Qu'est-ce qui ne marche pas ?
22:04 D'abord, ce qui ne marche pas, c'est que tout simplement,
22:06 Mohamed VI est le fils d'Assad II.
22:08 C'est-à-dire que ce lien presque tutélaire avec la France,
22:12 l'ancien colon avec l'Espagne, il a voulu le rompre.
22:14 C'est aussi une nouvelle génération.
22:16 Et au Maroc, vous avez toutes les nouvelles générations.
22:19 C'est extrêmement important.
22:19 Elles se sont beaucoup plus tournées vers d'autres pays que la France.
22:22 Il n'y a pas que la France sur la planète.
22:24 Donc, il y a ça.
22:25 Il y a le fait aussi que, oui, c'est vrai que ce qui ne marche pas,
22:28 essentiellement, c'est qu'en effet, Emmanuel Macron,
22:30 justement parce que lui aussi est une nouvelle génération,
22:32 a voulu se tourner vers l'Algérie pour tourner la page
22:35 de la guerre d'indépendance et de la guerre d'Algérie.
22:37 Et ça, évidemment, ça a froissé le Maroc.
22:39 Je vous l'ai dit, les relations diplomatiques
22:41 ne seront plus entre le Maroc et l'Algérie.
22:43 Donc, il y a en effet ce caillou algérien
22:46 dans la relation franco-marocaine.
22:48 C'est vrai que ça pèse énormément.
22:50 Frédéric Saïz, est-ce que les relations de Mohamed VI
22:52 avec les autres chefs d'État sont plus faciles ?
22:55 Agathe Lambret disait tout à l'heure sur France Info
22:57 qu'au dire de l'Élysée,
22:59 alors on peut dire que c'est l'opération de déminage de l'Élysée,
23:01 mais quand même, les relations, par exemple,
23:02 avec l'Espagnol Pedro Sánchez ne sont pas du tout meilleures.
23:05 C'est vrai que c'est...
23:06 Or, on nous vend la lune de miel avec l'Espagne.
23:09 Oui, c'est vrai.
23:10 Alors, il y a eu d'ailleurs des relations extrêmement tendues
23:12 avec l'Espagne ces dernières années.
23:13 Vous vous souvenez des drames autour de Ceuta et Melilla,
23:15 qui sont ces enclaves espagnoles au Maroc.
23:18 Où arrivaient les migrants.
23:20 Mais il y a eu une amélioration, justement,
23:22 sur la question du Sahara occidental.
23:24 C'est vrai que c'est un souverain
23:25 qui est très compliqué à décrypter politiquement,
23:28 puisque, comme la presse l'a montré dans de nombreux papiers,
23:32 portraits, il est très souvent à l'étranger,
23:33 il prend très peu la parole.
23:34 Il faut rappeler qu'il ne s'est pas exprimé jusqu'à présent
23:37 depuis le séisme.
23:38 Simplement, la télévision d'État l'a montré
23:39 en train de présider une réunion de travail,
23:42 mais sans aucun mot pour l'instant.
23:43 Donc, c'est extrêmement délicat.
23:45 Et puis, par ailleurs,
23:46 souvenez-vous de cette passe d'armes diplomatique.
23:48 C'était en février dernier.
23:49 Emmanuel Macron avait dit,
23:50 "Non, il n'y a pas vraiment de problème avec Mohamed VI.
23:53 Ne vous inquiétez pas, la relation est amicale."
23:55 Quelques jours plus tard, dans le magazine "Jeune Afrique",
23:58 une source officielle gouvernementale du régime marocain,
24:02 des autorités marocaines, avait dit,
24:03 "La relation avec Paris n'est ni bonne, ni amicale,
24:06 texto, ni entre les gouvernements,
24:08 ni même entre l'Elysée et le Palais-Royal."
24:11 Donc là, au moins, c'est franc, comme on dit,
24:12 en langage diplomatique, c'est très clair.
24:14 Et ça fait mal.
24:15 - Mais juste, peut-être...
24:16 - Je n'attends plus de chute personne.
24:17 - On ne voit plus l'Europe, c'est-à-dire qu'on s'interroge
24:19 sur la relation entre le Maroc et la France,
24:21 le Maroc et l'Espagne.
24:22 Il y a aussi ce qui a beaucoup été décrit ces dernières années,
24:24 c'est le changement de centre de gravité
24:26 des priorités marocaines.
24:27 C'est que c'est devenu un acteur aussi beaucoup plus important
24:29 sur la scène arabe, d'une manière générale,
24:31 où là, pour le coup, il a une position
24:33 qui est assez importante, assez centrale,
24:35 questionnée parfois, d'ailleurs,
24:36 dans son rapport avec l'islamisme.
24:38 C'est une figure, quand même, du monde islamique
24:40 qui est assez importante, qui dépasse...
24:42 - D'où le Qatar, d'où les Émirats arabes unis.
24:44 - D'où le Qatar et les Émirats arabes unis,
24:45 qui sont dans les deux pays.
24:46 - Qui sont parmi les quatre États arabes le plus...
24:48 - Tout ça, ça s'est fait quand même loin de l'Europe,
24:51 loin de l'Espagne, loin de la France.
24:53 Et ça projette, ou en tout cas, ça dessine plus
24:55 le présent et le futur que ça vient solder le passé.
24:58 Et dans le passé, effectivement, comme le rappelait Henri,
25:00 il y a un choix impossible pour la France
25:02 entre l'Algérie et le Maroc.
25:03 C'est un choix originel.
25:04 Quand le Sahara a été partagé,
25:06 si on dit que c'est le point de friction principal,
25:07 le Sahara, il a été partagé au profit massif de l'Algérie.
25:12 Et pour une très bonne raison,
25:14 c'est que l'Algérie était française à l'époque.
25:15 Donc cette espèce de nœud qui date des années...
25:17 Fin des années 50, début des années 60,
25:19 voilà, ça n'a pas été soldé, comme à peu près...
25:20 - Toujours là.
25:21 - ...toutes les questions qui concernent de près ou loin l'Algérie.
25:23 - Henri Verneuil ?
25:25 - Ça n'a pas été soldé, en effet,
25:26 mais si le roi, moi, Médicis actuel,
25:27 est aussi sensible sur les questions,
25:28 c'est que le Sahara, la question du Sahara,
25:30 en quelque sorte, a été fondatrice pour son père,
25:32 pour Hassan II.
25:34 Il a vraiment uni son royaume derrière lui
25:36 quand il y a eu cette fameuse marche verte.
25:38 Je crois que c'était en 76,
25:39 où réellement il y a eu cette revendication de marocanité.
25:41 Et c'est comme ça qu'il a tenu un royaume,
25:42 parce que quand même, le Maroc,
25:44 il faut se souvenir quand même de l'instabilité
25:46 de ce régime au début,
25:47 quand Français et Espagnols abandonnent leur protectorat,
25:50 que l'indépendance est gagnée.
25:51 Mais au début, ça a été extrêmement difficile,
25:53 l'installation de Hassan II.
25:56 Et c'est quand même un régime
25:57 qui n'a jamais respecté les droits de l'homme.
25:58 Là, on a l'air un petit peu d'idéaliser
26:00 la relation précédente.
26:01 Peut-être qu'avec Chirac, ça allait pas mal,
26:03 mais Chirac ne s'est jamais tellement préoccupé
26:04 du respect des droits de l'homme
26:06 en Afrique ou au Maghreb.
26:07 Ça n'a pas été sa boussole majeure.
26:09 Mais rappelez-vous, par exemple,
26:10 avec Mitterrand, il y a eu des batailles homériques,
26:12 quand Mme Daniel-Mitterrand, justement,
26:14 elle, s'intéressait au sort des libertés de la presse,
26:17 des libertés des droits de l'homme, etc.
26:18 Donc ça a toujours été passionnel, conflictuel.
26:20 Quand il y a eu la sortie du livre
26:22 « Notre ami le roi », etc.
26:23 Encore une fois, ce sont nos peuples,
26:26 nos pays sont assez mêlés, si je puis dire,
26:29 avec ces pays du Maghreb.
26:31 Et donc c'est vrai que c'est passionnel,
26:32 c'est vrai que c'est difficile,
26:33 il y faut un peu de rationalité.
26:34 - Vraiment, en deux mots, Frédéric Saïs,
26:36 est-ce qu'il faut y voir quelque chose
26:38 de l'ordre d'un symbole dans ce drame terrible ?
26:42 Mohamed VI fait de la politique aussi,
26:44 et son fils était là, pour le coup,
26:46 lui, très absent, mais il était là samedi
26:47 quand il a réuni son cabinet,
26:49 Hassan III, futur Hassan III, 20 ans.
26:51 Est-ce qu'il est en train de l'installer
26:53 petit à petit dans des occasions comme celle-là ?
26:55 - Oui, il apparaît dans de nombreux événements,
26:58 y compris la cérémonie où les dignitaires,
27:01 j'allais dire les plus haut gradés du régime,
27:03 viennent prêter allégeance au roi.
27:06 L'héritier est aussi là, et effectivement,
27:08 il y a une sorte de mise sur orbite
27:09 dans les images qui apparaît régulièrement.
27:12 - Voilà ce qu'on pouvait dire ce soir,
27:13 et évidemment, on y reviendra dans les prochaines
27:16 émissions désinformées également demain matin.
27:18 Merci beaucoup, Frédéric Saïs.
27:19 On va s'interrompre puisqu'il est 20h30 sur France Info.
27:22 (Générique)
27:28 - On parlera de ce début de fronde.
27:30 Point d'interrogation au sein de la majorité
27:32 dans un instant après le Point sur l'info.
27:35 Bonsoir, Édouard Marguer.
27:36 - Bonsoir, Bérangère. Bonsoir à tous.
27:38 2 700 morts, donc, désormais au Maroc
27:41 après le séisme de ce week-end
27:43 dans la région de Marrakech et dans l'Atlas,
27:45 dans la ville rouge.
27:46 Des milliers de personnes répondent à l'appel
27:49 du don du sang à l'image de Djamel Debeuse,
27:51 le franco-marocain créateur du festival d'humour de Marrakech.
27:55 Il est d'ailleurs sur place dans la ville sinistrée.
27:58 Vu l'état des sanctions contre la Russie
28:00 en raison de la guerre en Ukraine,
28:02 Vladimir Poutine en est réduit à quémander de l'aide
28:05 au dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.
28:08 C'est ce qu'estime ce soir la diplomatie américaine,
28:10 les États-Unis, qui répètent que toute vente d'armes
28:13 entre les deux pays déclenchera des nouvelles sanctions.
28:17 Sans doute la dernière victime collatérale
28:19 du trafic de drogue en France,
28:21 la jeune femme de 24 ans atteinte par des tirs chez elle à Marseille
28:25 hier soir est en état de mort cérébrale,
28:27 déclare la procureure de la République de la Ville.
28:30 Elle a reçu des tirs de Kalachnikov
28:31 qui visait vraisemblablement un lieu de deal.
28:35 Enquête pour viol ouverte à Bordeaux
28:37 suite aux accusations d'une supportrice de rugby irlandaise,
28:41 victime de trois hommes, dit-elle la nuit dernière
28:44 dans la ville de Gironde, où elle est venue
28:46 pour soutenir son équipe engagée
28:48 dans le mondial de rugby organisé en France.
28:51 Paul Pogba suspendu pour dopage en Italie.
28:54 Le footballeur de la Juventus turin international français
28:58 a été contrôlé positif à la testostérone.
29:01 C'est ce qu'annonce l'agence italienne anti-dopage.
29:03 Cela favorise notamment la formation des muscles contrôlés
29:07 après le match contre la ville d'Oudiné,
29:09 pendant lequel Paul Pogba n'est pourtant pas entré en jeu.
29:13 Les voleilleurs français tentent de se qualifier
29:15 pour les demi-finales de l'Euro.
29:17 Ils affrontent en ce moment même la Roumanie en quart de finale.
29:20 Nos champions olympiques en titre sont menés dans le premier set.
29:24 Ils avaient perdu d'ailleurs contre les Roumains en face de poule.
29:28 (Générique)
29:29 -France Info.
29:30 -20h, 21h, France Info, les informés.
29:35 Jean-François Ackilly, Béranger Bon.
29:37 -Toujours avec Henri Vernet, du Parisien,
29:39 aujourd'hui en France, Jonathan Boucher-Peterson,
29:42 de Libération, et Corine Laïc, journaliste politique à L'Opinion.
29:45 Jean-François, je me tourne vers vous.
29:47 Faut-il y voir un début de fronde
29:49 au sein de la majorité, ces députés Renaissance,
29:52 associés à des députés de plusieurs parties d'opposition
29:55 qui signent une tribune sur la loi immigration qui arrive ?
29:58 -C'est une tribune que publie Libération,
30:01 mon cher Jonathan Boucher-Peterson.
30:04 Effectivement, 35 députés et sénateurs,
30:06 des Renaissance parmi eux,
30:08 et des députés de la NUPES.
30:10 Pour dire quoi, au juste ? Que réclament ces signataires ?
30:13 Trois choses, trois mesures qu'ils estiment urgentes,
30:16 humanistes et concrètes. Je vais vous les résumer.
30:19 Tout d'abord, la régularisation des travailleurs sans papier
30:22 qui se lèvent tôt et contribuent, disent-ils,
30:25 à l'économie et à la vie sociale de ce pays.
30:28 Nous sommes dans le volet social connu,
30:30 porté par le ministre du Travail, Olivier Dussopt,
30:33 de la future loi immigration.
30:35 Deuxième mesure, elle concerne celles et ceux présents
30:39 sur le territoire national et empêchés de travailler,
30:42 faute de papier.
30:44 Les signataires dénoncent enfin ce qu'ils nomment
30:47 l'embolie des préfectures,
30:49 puisque chaque jour, de nouveau sans papier,
30:52 avec les demandeurs d'asile,
30:56 viennent demander une régularisation,
30:58 ne pouvant pas accéder au marché du travail.
31:01 Ce n'est pas anodin, vous avez six députés Renaissance,
31:05 six modems, des députés de gauche.
31:07 C'est assez inédit comme démarche.
31:09 C'est un pavé dans la mare pour Gérald Darmanin,
31:13 qui lui déroule son discours musclé.
31:16 Il l'a répété, être dur avec les méchants et gentil avec les gentils.
31:20 Le ministre de l'Intérieur, dans cette future loi,
31:22 va s'adresser à la droite républicaine de ce pays.
31:26 Et cette gauche-là veut faire entendre le son de sa voix
31:30 et réclame ces mesures tout de suite.
31:33 Il s'agit là peut-être d'un début de petite vibration
31:37 qui rappelle un peu les frondeurs du quinquennat François Hollande.
31:41 En tous les cas, c'est une tribune que publie Libération
31:46 et qui fait du bruit.
31:47 Jonathan Boucher-Péterson, donnez-nous les coulisses de cette tribune.
31:50 Qu'est-ce qu'on en sait ? D'où vient l'initiative ?
31:52 Ce qu'on en sait, c'est que c'est une initiative
31:56 côté aile gauche de la majorité.
31:59 On a toujours envie de se pincer quand on prononce cette expression.
32:02 On a du mal à donner de la consistance dans le bilan du premier quinquennat.
32:06 C'est là Dupont, soutienne Benoît Hamon en 2017.
32:09 Candidate PS aux législatives 2017.
32:11 Il était déjà assez critique sur la réforme des retraites.
32:13 Sacha Houllier, président de la commission des lois,
32:16 mais qui porte une voix sur la question des libertés publiques
32:19 ou sur le sujet d'une forme de justice sociale assez singulière dans son camp.
32:23 Comme Jean-François l'a rappelé, on est plus occupé à trouver les moyens
32:26 de faire un pas de deux avec LR sur l'immigration comme sur le budget.
32:30 Ça vient rejoindre des revendications plus classiques de la gauche,
32:33 donc le Parti communiste, Europe Écologie.
32:36 Il n'y a pas les Insoumis qui, à un moment,
32:38 ont participé à certaines réunions préparatoires,
32:40 mais qui n'ont pas voulu s'associer à même la jambe gauche de la majorité
32:43 ou pas voulu s'associer à la majorité de manière générale,
32:45 même s'ils partagent cette demande.
32:47 On voit qu'il y a beaucoup de membres de la société civile,
32:49 et je pense que ça va agréger assez largement.
32:52 Même certains soutiens d'Emmanuel Macron lors de son élection en 2017.
32:55 Je pense à Pierre-Henri de Froster d'Asile
32:57 ou à des gens un peu plus éloignés de la politique,
33:00 mais engagés sur les questions migratoires comme Najat Vallaud-Belkacem.
33:04 On sent qu'il y a quand même une forme de voir le MEDEF,
33:07 qui est quand même aussi très allant sur l'idée que dans les secteurs en tension,
33:10 il faut être réaliste et ne pas faire trop d'idéologie et régulariser les gens.
33:14 C'est se rapprocher de ce que fait l'Allemagne depuis un certain nombre de temps,
33:17 d'ouvrir la possibilité de travailler à des demandeurs d'asile
33:19 sans ajouter de la précarité à l'insécurité administrative.
33:23 Donc il y a d'une certaine manière une forme de mesure de bon sens.
33:25 Et si quelqu'un fait de la politique, petite politique dans cette histoire,
33:29 c'est plutôt le pouvoir qui cherche à séquencer les sujets,
33:32 à ne pas vouloir embrasser cette question autrement que dans une logique
33:35 de pure régulation de la submersion, si je reprends les termes d'Eric Ciotti.
33:40 Donc voilà, je trouve qu'il y a une occasion qui s'ouvre pour marcher sur ses deux jambes.
33:44 Sans être nostalgique de 2017, on se dit juste qu'il est temps.
33:47 Corinne Laïc fait le nom de la tête.
33:49 Non, je ne suis pas d'accord avec ce qui a été dit.
33:51 C'est même bien, débattons.
33:53 Elle vient de deux personnes de la société civile qui s'appellent Pascal Brice,
33:56 le patron de l'Ofpra, et Marilyn Poulain, ancienne militante cégétiste
34:00 qui s'occupait des travailleurs sans papiers à la CGT,
34:03 qui est aujourd'hui préfète à l'égalité des chances à Strasbourg.
34:05 Qu'est-ce que vous en déduisez ?
34:06 J'en déduis que ce sont deux personnes qui veulent que la jambe gauche
34:10 du projet de loi s'applique, c'est-à-dire tout ce qu'a dit Jean-François,
34:13 c'est exactement le contenu du volet dit "social".
34:17 Ils veulent tout simplement que ça s'applique.
34:19 Et ils sont là pour aider le Gérald Darmanin à faire passer sa loi
34:23 avec ses deux jambes, parce que Darmanin y tient.
34:26 Quand il dit "gentils avec les gentils",
34:28 les gentils, ce sont les travailleurs sans papiers
34:31 qui ont un mal de chien à se faire régulariser.
34:34 "Méchant avec les méchants",
34:35 c'est les gens qui commettent des crimes dans notre pays
34:38 et qu'on veut expulser plus vite, etc.
34:40 Je répète l'adoxe de Darmanin.
34:43 Il n'est pas acquis que les deux textes arrivent en même temps.
34:45 Et on peut dire qu'il y en a un qui est privilégié par rapport à l'autre.
34:47 Le projet de loi comporte ces deux gens.
34:50 C'est le signe qu'il y avait des gens qui étaient en train de disparaître.
34:53 À l'origine, ça fait deux ans que ça tourne.
34:55 On n'a pas de timing, on n'a pas de périmètre.
34:58 Donc moi, je veux bien qu'on soit très conscients.
34:59 Le texte date du mois de février.
35:01 Oui, mais ça fait depuis le Covid qu'on parle de la régularisation.
35:03 Il a été présenté avec ces deux aspects.
35:06 Il est toujours avec ces deux aspects.
35:07 Gérald Darmanin y tient.
35:09 Il a dit, quand il a vu les préfets avec Elisabeth Borne
35:13 en fin de semaine dernière,
35:14 il a dit qu'il voulait que les deux aspects y soient.
35:16 Je crois que Darmanin, effectivement,
35:18 est en train d'essayer de s'occuper actuellement de l'aile droite,
35:22 mais il n'est pas mécontent de cette initiative
35:24 qui permet de revenir à l'origine
35:29 de ce qu'il a voulu proposer.
35:31 Moi, je pense que la question,
35:33 elle se pose du côté d'Elisabeth Borne,
35:35 qui se serait très volontiers contentée sur cet aspect-là,
35:38 régularisation des travailleurs sans papier,
35:41 d'une amélioration de la circulaire VALS,
35:44 qui date du 28 novembre 2012,
35:46 qui prévoit justement une procédure de régularisation,
35:51 mais elle est à la main des préfets
35:53 et à la demande des employeurs.
35:55 Et le gros progrès que permet la loi Darmanin,
35:58 c'est justement que ce soit à l'initiative du salarié
36:01 et que les préfectures, à partir du moment
36:03 où la personne remplit les critères,
36:05 soient obligées de donner leur accord.
36:08 C'est ça, la grosse différence.
36:10 Les signataires veulent imposer un délai maximal
36:13 aux préfectures en question pour qu'elles accélèrent les dossiers.
36:15 Oui, parce que la situation varie énormément selon les préfectures.
36:18 Vous avez des préfectures qui sont très bien organisées
36:21 et où les préfets sont plutôt bénévolents sur ce sujet-là
36:24 et y vont franco,
36:27 et d'autres, au contraire, qui ont une attitude très réticente,
36:29 d'où la nécessité d'avoir un texte clair,
36:32 parce que les préfets aiment bien avoir les textes clairs.
36:35 On leur dit, voilà, si telle personne costelle et telle case,
36:38 vous devez le régulariser.
36:40 Henri Vernet, vous nous direz si vous êtes d'accord
36:41 et à qui ça profite, finalement, cette tribune.
36:44 En tout cas, si vous nous regardez sur le Canal 27,
36:46 vous pourrez suivre dans un instant une émission spéciale
36:49 qui reviendra sur la situation au Maroc après le séisme.
36:52 Pour les auditeurs de France Info Radio,
36:54 les informés, continue,
36:55 et ce sera juste après le Fil info de 20h.